[WIP] Poésie - Propositions par Mike001

Tu as demandé de la poésie, tu vas en avoir ; deux sujets :

"La rosée du matin", en sonnet (ici se sera deux quatrains suivis de deux tercets, il n'y a pas d'exigence dans le placement des rimes)

"Le rose c'est camion", en poésie libre

Tu peux traiter les sujets dans l'ordre qui te conviens.

Edit : Sujet facultatif : introspection par la poésie du "moi".

Mike m'a permis de participer, je te donnerai aussi mon avis sur ce que tu feras. Le thème m'a inspiré... Donc ben j'ai écrit. Voilà voilà....

La rosée du matin

Souvenez-vous matin... Abandonnez, mon âme,
Au délice extatique où l'on me découvrit
Les lèvres empourprées à celles d'une femme,
Une putain infâme à la peau attendrie.

Partagez avec moi votre langue perlée,
Vos souffles délicats éteints contre ma joue.
Je saurai prendre soin de vos rêves ourlés,
Enfermant votre cœur dans un bel acajou.

Cette saveur exquise attise mes envies.
Du nectar délicat qui jaillit, se répand,
Je goûte la rosée, je jouis à vos dépends...
Ce festin continue où de vices en vits
J'exhibe ma ripaille et étend vos entrailles ;
Savez-vous votre chair a un goût de ferraille.

Ca faisait longtemps que je n'avais pas écrit en vers, je pensais avoir perdu, au final pas tant que ça. Par contre j'ai du mal à savoir si l'effet recherché est exactement celui qui est produit. Qu'avez vous ressenti ? Pensé ? Et au final ? Est ce que question fluidité du texte tout va bien ?

Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013

Des couleurs tirant dans les nuances rouges, cette fois. C'est sanguin, charnel.

Le premier paragraphe ne sonne pas bien à mon oreille. Je ne suis pas une référence en matière de poésie cela dit, mais ça dissone. Peut-être certains vers sont trop longs.
La fin, on sent que tu étais déjà plus lancée, plus dans le rythme, disons, c'est plus fluide, plus instinctif.

Avec une coupure, le dernier vers aurait sans doute plus d'impact si la poésie le permet (si tu comptes les syllabes, par exemple ?) : "Savez-vous : Votre chair a..."

Tous les vers sont des alexandrins, donc de longueur fixe de 12 syllabes. Ce qui n'empêche pas que l'effet puisse être trop long. Je réfléchis.

Tu as sans doutes raison sur la fluidité accrue sur la fin. Je reprenais le vers fixe, j'étais au téléphone, et je n'ai visiblement pas fait ca correctement.

Il y a tout d'abord ce premier vers qui a du mal à se lancer, plein de coupures, de pauses, et de mots qui ne vont pas ensemble. J'aimerais conserver cet "abandonnez, mon âme". Mais la première partie de vers est bancale. Après rien n'empêche fondamentalement de mettre une virgule à la fin du second pour raccourcir un peu.

Pour le dernier vers, ta remarque et solution est très intéressante. Elle améliorerait significativement cette phrase, en effet. Le seul obstacle serait la métrique classique qui voudrait que cette césure devienne bancale avec cet ajout. Mais après tout je m'en fous peu ou prou.

PS, je suis "lancé", même si internet dit le contraire. Très Heureux

mike001 a écrit:: "La rosée du matin", en sonnet (ici se sera deux quatrains suivis de deux tercets, il n'y a pas d'exigence dans le placement des rimes)

Anastasis a écrit:: Peut-être certains vers sont trop longs.
Avec une coupure, le dernier vers aurait sans doute plus d'impact si la poésie le permet (si tu comptes les syllabes, par exemple ?

Oui Anastasis, Chikoun a bien compté les syllabes, comme le prévoyait la contrainte.

Généralement lorsque Chikoun s'essaie à un nouveau sonnet, je ne vois pas le poème avant d'avoir compté les pieds, repéré les césures et m'être émerveillé de l'aspect purement technique, de l'habileté et de l'audace de la métrique ^^

Chikoun a écrit:: Cette saveur exquise attise mes envies.
Ce festin continue où de vices en vits

Oui ! audacieux (j'adore !)

Ta remarque est particulièrement intéressante, Anastasis, puisque grâce à ta lecture "brute" (c'est à dire dénuée de regard strictement technique), tu nous mets le doute quant à la longueur des vers ou leurs rythmes. J'ai envie de dire que le poème de Chikoun ne t'a donc pas paru étriqué ou figé dans une logique purement mathématique ^^ C'est plutôt un gage de réussite pour la forme de poésie métrique française par excellence :-)

Comme quoi, la poésie classique peut encore nous surprendre !

Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013

dvb, c'est bien tout ce dont je suis capable en matière de poésie, donner l'impression "brute" (: Je n'y connais strictement rien.

Le poème m'a paru quelque peu distendu, surtout le début, donc j'ai supposé qu'il comptait effectivement les syllabes. Sans contraintes, le texte aurait eu plus de portée. Quant bien même, ce sont les couleurs qui m'intéressent.

Ces deux vers, par exemple, ont un rythme superbe :

Chikoun a écrit:: "Du nectar délicat qui jaillit, se répand,
Je goûte la rosée, je jouis à vos dépends..."

Les italiens et les anglais te tomberont dessus pour avoir dit que le sonnet est français, dav ! Mais cette forme-ci l'est plutôt, certes.

Et justement, Anastasis, c'est bien de cela dont j'ai besoin pour travailler. La technique, je vois où sont les fautes pour faire une métrique presque parfaite ici. Les césures sont parfois discutable, les rimes du premier quatrain sont seulement convenables, même si à ma connaissance rien ne rime vraiment avec "n âme", comme "vri" qui rime avec très peu de choses qui ne soient pas de la même famille que "couvrir". (et un participe passé en dernier d'une quatrain c'est bof). Je n'ai pas non plus respecté les alternances féminines, masculines, et singuliers pluriels. Quant au format de rimes, je n'ai pas cherché à faire un sonnet régulier pour autant. D'habitude, c'est sensé être "ABBA ABBA CDE CDE" ou "CDC DCD" ou "CCD EED", et j'ai fait ABAB CDCD EFF EGG

Ce qu'il me manque, c'est les regards objectifs, les regards "bruts", qui me disent là où ça les gêne, qui me disent lorsque je suis trop flou ou quoique ce soit. Heureux

C'est pour ca que je vous remercie de votre aide... D'ailleurs je réfléchis toujours sur ce premier quatrain.

Juste.... Quand tu parles, de couleurs.... Pourquoi? Pourquoi cet intérêt pour les couleurs ? Et en quoi, à part "empourprées", celui-ci est il rouge ? Ca pique ma curiosité ^^

Je vais être bête : la contrainte n'était pas de 2 quatrains et 2 tercets? Je ne sais plus compter ou bien je vois 2 tercets et 1 quatrain?

Sinon, il est vrai que le premier vers est bizarre. Je n'arrive pas à savoir ce qui va avec quoi. Est-ce que tu dois abandonner ton âme au délice, ou est-ce ton âme qui doit abandonner? Et alors la suite ne veut plus rien dire. La logique voudrait que ce soit la première solution qui soit la bonne mais alors ce sont tes virgules qui me gênent, au moins celle après le "abandonnez".

Citation :: Les lèvres empourprées à celles d'une femme,
Une putain infâme à la peau attendrie.

J'aime beaucoup ces deux-là, la rime entre femme et infâme, j'adore.

Je suis comme Anastasis, pour le dernier vers, les deux points semblent marquer encore plus.

Il y a bien deux quatrains. Quant aux deux tercets, ils sont réunis en un sixain (à moins qu'une ligne ait sauté)

Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013

Quatrains, tercets, ABBA ABBA... Mon dieu, je suis paumée !

Pour les couleurs, je risque de le faire sans arrêt à l'avenir lors de commentaires ou de textes, je vois toujours des couleurs quand je lis.
Chair, cœur, langue, acajou, entrailles. Lèvres, joue. Jouissance, le goût à l'intérieur de la bouche, j'y ai vu du rouge partout.
Jusque récemment je pensais que tout le monde voyait, écoutait et lisait avec des couleurs dans la tête, mais ce doit être une de mes bizarreries (pourtant, ça a un nom) Heureux

La synesthésie je crois

Tout à fait, la synesthésie, et tout à fait, un sixain. J'ai préféré le sixain aux tercets séparés pour une question de sens.

Souvenez-vous matin... Abandonnez, mon âme, Au délice extatique où l'on me découvrit Les lèvres empourprées à celles d'une femme,

Il s'agit que la personne ou la chose désignée par "mon âme" s'abandonne aux délices en questions. En général, mon âme, signifie "femme" ou "amie". Abandonnez "vous", sous entendu.

Cela dit, on est tous d'accord, ce premier vers est moisi. Il faut que je change ce premier hémistiche.

quatrain = strophe de quatre vers, tercet = strophe de 3, ABBA etc ce sont les schéma de rime (une rime A est une rime de son A=âme par exemple ici. La rime B est la rime de sons B= ri, etc) C'est pour dire dans quel ordre se font les rimes.

La piste que tu donnes Grendy sur les virgules est intéressante... Il faudrait que je change le souvenez vous matin, ca fait trop d'impératif, et ensuite les virgules ne sont pas fondamentalement nécessaire en fait....

C'est de la synesthésie en effet.

Tout le monde ne possède pas ce don, et parfois il s'exprime par autre chose que des couleurs (bien que ça soit la forme la plus répandue). Il peut s'agir de liens entre images, sons, couleurs, parfums, goûts et des lettres, nombres ou musiques.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Synesth%C3%A9sie

Ca doit être étonnant de voir des couleurs dans les textes des autres Très Heureux

Si tu écrivais en violet ça donnerait quoi ?

Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013

Oui, la synesthésie, ou l'union des sens. C'est tellement naturel que j'aurais du mal à décrire justement le phénomène, j'ai beaucoup de difficulté à me représenter la façon dont les autres perçoivent les choses. Surtout que ça n'intervient pas qu'avec les couleurs, dans mon cas, beaucoup de mes sens se mélangent et s'associent ensemble. Mais par exemple, j'étais vraiment étonnée quand mes amis m'ont dit qu'ils étaient incapables de mettre des couleurs sur les chiffres, ou que tous étaient noirs à leurs yeux. Pour moi, chacun a la sienne.

Et oui, ça a beau être normal, c'est à chaque fois étonnant et différent. Je ne me lasse pas de ressentir ça. Mais ça n'est pas que dans les textes des autres, c'est ça la meilleure partie.

Si j'écrivais en violet, c'est à dire ? Si la couleur de la police était violette (dans ce cas ça me gênerait), ou si un texte était violet à mes yeux ?

Je pense qu'il voulait dire si le texte était violet à tes yeux, que comporterait-il?

Version 1.1

La rosée du matin

Laissez pulser vos sens ; abandonnez, mon âme,
Au délice extatique où l'on me découvrit,
Les lèvres empourprées à celles d'une femme,
Une putain infâme à la peau attendrie.

Partagez avec moi votre langue perlée,
Vos souffles délicats éteints contre ma joue.
Je saurai prendre soin de vos rêves ourlés,
Enfermant votre cœur dans un bel acajou.

Cette saveur exquise attise mes envies.
Du nectar délicat qui jaillit, se répand,
Je goûte la rosée, je jouis à vos dépends...
Ce festin continue où de vices en vits
J'exhibe ma ripaille et étend vos entrailles ;
Savez-vous : votre chair a un goût de ferraille.

Version 1.2 :

La rosée du matin

Laissez pulser mon sang ; m'abandonner mon âme
Au délice extatique où l'on me découvrit,
Les lèvres empourprées à celles d'une femme,
Une putain infâme à la peau attendrie.

Partagez avec moi votre langue perlée,
Vos souffles délicats éteints contre ma joue.
Je saurai prendre soin de vos rêves ourlés,
Enfermant votre cœur dans un bel acajou.

Cette saveur exquise attise mes envies.
Du nectar délicat qui jaillit, se répand,
Je goûte la rosée, je jouis à vos dépends...
Ce festin continue où de vices en vits
J'exhibe ma ripaille et étend vos entrailles ;
Savez-vous : votre chair a un goût de ferraille.

Je préfère clairement la première personnellement en fait. Il correspond mieux à ce que je souhaitais dire à l'origine. La seconde change légèrement le sens, et ça me plait moins. J'ai rajouté ces ":" finaux, et une virgule au deuxième vers qui permet de faire une pause, sans rien changer au sens.

Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013

Laissez pulser vos sens / Laissez pulser mon sang
Pourquoi ce changement ?

Le deuxième essai a clairement plus de rythme et de portée, reste à concilier tes désirs originels à la forme choisie, peut-être trop rigoureuse pour ce que tu voulais en faire. C'est aussi ça que je n'ai jamais compris dans la poésie, cette envie d'imposer des barrières. C'est comme serrer un corset à l'excès. Ça a beau être beau, ça étouffe à l'intérieur.

Une putain infâme à la peau attendrie.
Ce vers me dérange toujours autant, il casse le rythme de la première strophe. Je crois que c'est le Une qui gêne.

Parce que dans la première le abandonnez est destiné à "mon âme", c'est l'autre qui s'abandonne, alors que la seconde je demande à ce qu'il me laisse m'abandonner.

Quand tu dis deuxième essaie, c'est le 1.2, donc ? Je sais pas...

Je suis clairement pas d'accord avec toi pour Une putain infâme à la peau attendrie en fait. Et sur le une encore moins. Justement pour le "une" de "une" femme juste avant. Mais on est pas obligé d'être d'accord tout le temps ^^

Globalement, outre ces nouvelles question, ça va mieux sur cette voie ? Je trouve que oui personnellement.

Pour ce qui est de la versification en poésie, ça pourrait être très long... Disons que c'est comme dire "pourquoi un plan américain" dans un film ou "pourquoi cadrer aux tiers" en photographie. Ce sont des règles de forme qui ont été conçues comme la meta du beau. Qu'est ce qui est beau ? Quel est le rythme parfait ? En français, on distingue généralement deux rythmes : court puis long, ou long puis court. Des phrases ascendantes ou descendantes. On a donc dit "un décasyllabe pour qu'il soit beau doit être coupé à 4 ou à 6, permettant d'avoir ensuite 6 temps ou 4, et donc des phrases ascendantes ou descendantes". Idem pour tout le reste. Pourquoi de telles règles strictes ? Car ce sont les règles que la langue a elle même posée comme conditions de sa beauté. Ecrire en vers strictes, c'est écrire toujours sur un rythme précis, ça parait compliqué et restrictif, c'est en fait souvent plus simple sur de nombreux plans. La versification sert aussi l'oral, et surtout. A l'origine, une rime c'est un moyen mnémotechnique pour retenir les vers d'Ovide, par exemple. Un vers peut aussi être vu dans ce sens là. Ce ne sont pas des barrières, mais des chemins. On peut sortir du chemin, à ses risques et périls. Mais la forme doit servir le reste. Ici je devais écrire un sonnet, mais j'ai écrit quelque chose qui selon moi s'y prêtait. A savoir un poème à chute, où je veux jouer sur les sens et les imbrications, comme avec "envie/en vits" ou "entrailles/ferraille".
Les alexandrins, c'est la noblesse du verbe, la grandiloquence de la nature, tout ça tout ça.

Et il ne faut pas croire que parce que le vers est libre, il n'existe aucune règle. Elles sont tacites. Le rythme crée ses règles ineffables. Etc. C'en est d'autant plus difficile qu'il faut en plus de les connaître avoir une bonne oreille et un bon sens pour les déceler.

Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013

Nos perceptions ne peuvent pas toujours s'accorder, c'est normal. Je parlais bien de la version 1.2.
J'ai déjà lu de très belles poésies s'épanouir au sein de ces règles strictes, si tu sens que c'est comme ça que ça doit prendre forme, c'est que ça l'est. Et j'ai beau être assez hermétique à la poésie, celle-ci ma plu, comme quoi.

Est ce que vous voyez d'autres choses à changer dans ce texte, ou est ce que vous pensez qu'il est postable en bibliothèques en l'état ? J'entends la version 1, a priori.

Les propositions en questions ayant disparues du sujet : peut-on archiver le topic ?

» [Suivi] Go, ask Alice - Mentor Mike001