Je me force à écrire ces premiers mots.
Je voudrais que cette difficulté, cette aridité s'estompe à leur fil.
Je voudrais que se dissolve la crasse qui fait bouchon.
Je voudrais pouvoir dire plus tard que les écrire a été l'acte le plus décisif et le plus libérateur que j'aie accompli.
Je voudrais écrire, comme j'ai commencé à le faire avant, et poursuivre cet élan, en faire mon moteur et ma vie.
Je voudrais sortir cette matière calcifiée autour de mon cerveau hors de moi, laisser aller un flot qui va croissant, du magma au sirop, du sirop à l'eau claire.
Je voudrais exploiter cette source et qu'elle fasse fleurir en arabesques mes idées momifiées.
C'est un filon ; il n'est pas intarissable mais il pourrait faire ma prospérité et ma joie, en sultan qatari.
Mais pour ça, il va falloir forer ce crâne et donner des coups de pioche volontaires.
On ne sait pas quelle a été l'ampleur des éboulements, on ne sait pas ce que sont devenus celles et ceux qui vivaient là.
On sent la métaphore fébrile, les coups de hache sur son fil.
Ça s'éclaircira : il faudra épurer et amputer les tentacules morts.
Avant toute chose, dynamiter les mensonges.