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 [TERMINÉ] Olympus Mons

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Haalysse
Mike001
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MessageSujet: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeVen 6 Juin - 5:24

Citation :
Nouvel AT en cours :
Thème : « Les volcans »
Contrainte : 35.000 caractères espaces comprises maximum
Date limite de rendu : 15 juin 2014


Voici ce que j'ai écris pour l'instant (6.8k caractères), ce n'est pas fini mais étant donné que je vais être absent ce week end car je serai chez Cassie, je prends de l'avance dans la soumission à la bêta-lecture.

Edit 12/07/14 : l'écran de mon ordi étant mort la veille de la date butoir de l'envoi de la nouvelle, je n'ai donc pas pu la retravailler et la soumettre. C'est pourquoi je passe ce topic en WIP, puisque je vais pouvoir enfin m'y atteler.

Edit 04/03/15 : vous pouvez sauter directement à la troisième page pour avoir la nouvelle retravaillée dans ce qui approche sa version finale.

première version :


Olympus Mons


Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques. Les cris sans âmes avançaient, implacables. Les deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à avancer. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les fondations et les restes de constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.
Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.
C'est ainsi que Cycnus et Évadné progressaient vers Olympus Mons.

Malgré tout, la fatigue venait toujours, irrémédiablement. Alors ils se mirent à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée touchait à sa fin. Les températures allaient chuter drastiquement et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.
— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.
— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Évadné.
— Je n'y arriverai pas.
— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.
— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.
— Tu étais d'accord je te signale.
— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.
— Ne dis pas ça, s'il te plaît.
— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Évadné ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!
— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra délicatement.

— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.
Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Évadné posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.
— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?
— Tu vois une autre solution ?

Il garda le silence.

— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, poursuivit-elle.
— C'est rassurant...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent diligemment leur tente hermétique et isolante qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Cycnus et Évadné prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployés la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en la captant dans l'air ambiant et de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin qu'elle reste en bon état. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les tubes et pompes et recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable. Ensuite, ils s'allongeaient, s'enlaçaient, et contemplaient la toile tristement. Ils n'avaient pas ris depuis des mois, la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir.

Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Évadné s'accrochait à la réminiscence de son existence post-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au doux vent chaleureux. Évadné choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, elle en inventait et elle commençait à ne plus différencier les créations du vécu.

Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avait convaincu d'emmener Évadné faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Ils se moquaient des personnes mal habillées, entraient et sortaient des magasins sans acheter quoi que ce soit, juste pour le plaisir de faire un tour, ils reniflaient les odeurs chimiques propagées par les diffuseurs des magasins et essayaient d'en deviner les arômes. Ils étaient ensemble, se dévoraient des yeux et s'embrassaient. Tout était simple et cela les contentait jusqu'à ce que le sol se mît à s'ébranler, ce qui surprit les passants en sus de les effrayer. Car si Mars avait été terraformée pour accueillir en masse les colons, son activité interne était demeurée quasi nulle et ce, depuis des milliards d'années lorsque des météorites se furent écrasées et eurent provoqué une ère d'éruptions volcaniques ainsi que la disparition des champs magnétiques de la planète et de ses océans. À l'arrivée des premiers humains sur Mars, les terrains n'étaient qu'une infinie de sablons et l'atmosphère renvoyait une unicité de beige grisâtre. Opiniâtrement, ils en firent un endroit habitable et désirable. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale de la Terre. La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, de familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint, ceux qui ne l'était pas avaient cherché, en vain, à se cacher et se protéger le plus efficacement possible. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva point. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, ne tenait debout que Cycnus et Évadné.
[...]


Dernière édition par Mike001 le Mer 22 Avr - 4:17, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeMer 11 Juin - 1:35

Deuxième version (10k caractères ) :

Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques. Les cris sans âmes avançaient, implacables. Les deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à avancer. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les fondations et les restes de constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.
Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.
C'est ainsi que Cycnus et Évadné progressaient vers Olympus Mons.

Malgré tout, la fatigue venait toujours, irrémédiablement. Alors ils se mirent à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée touchait à sa fin. Les températures allaient chuter drastiquement et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.

— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.
— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Évadné.
— Je n'y arriverai pas.
— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.
— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.
— Tu étais d'accord je te signale.
— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.
— Ne dis pas ça, s'il te plaît.
— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Évadné ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!
— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.
— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.

Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Évadné posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.
— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?
— Tu vois une autre solution ?

Il garda le silence.

— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, poursuivit-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.
— Trop génial...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent diligemment leur tente hermétique et isolante qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Cycnus et Évadné prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployés la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en la captant dans l'air ambiant et de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin qu'elle reste en bon état. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les tubes et pompes et recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable. Ensuite, ils s'allongeaient, s'enlaçaient, et contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière, la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir.

Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Évadné s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au doux vent chaleureux. Évadné choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, elle en inventait et elle commençait à ne plus différencier les créations du vécu.

Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avait convaincu d'emmener Évadné faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Ils se moquaient des personnes mal habillées, entraient et sortaient des magasins sans acheter quoi que ce soit, juste pour le plaisir de faire un tour, ils reniflaient les odeurs chimiques propagées par les diffuseurs des magasins et essayaient d'en deviner les arômes. Ils étaient ensemble, se dévoraient des yeux et s'embrassaient. Tout était simple et cela les contentait jusqu'à ce que le sol s'ébranlât, ce qui surprit les passants en sus de les effrayer. Car si Mars avait été terraformée pour accueillir en masse les colons, son activité interne était demeurée quasi nulle et ce, depuis des milliards d'années lorsque des météorites se furent écrasées et eurent provoqué une ère d'éruptions volcaniques ainsi que la disparition des champs magnétiques de la planète et de ses océans. À l'arrivée des premiers humains sur Mars, les terrains n'étaient que sablons et l'atmosphère renvoyait une unicité de beige grisâtre. Opiniâtrement, ils en firent un endroit habitable et désirable. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale de la Terre. La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, de familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint, ceux qui ne l'était pas avaient cherché, en vain, à se cacher et se protéger le plus efficacement possible. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva point. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Évadné.

Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un endroit du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était la plus douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cent kilomètre de large. Ils mirent six jours à atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud était éventré et gorgé de lave. Mais le plus impressionnant se trouvait à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la fumée et régurgitaient de la lave en concerts. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.
Évadné trouvait étrange que l'Olympus Mons ne se soit pas éveillé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément. Voilà ce qui avait poussé Évadné à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions.

Un soir, irritée par le manque d'intérêt de Cycnus, elle s'emporta :

— Tu ne trouves pas ça bizarre qu'un seul volcan soit inactif ? Ça ne te t’intrigue pas ?
— Bah non.
— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?
— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua sarcastiquement Cycnus.
— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.
— Bien sûr, ta solution nous a tellement sauvé. Merci !
— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.
— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.
— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit, cria Évadné, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.
— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.
— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.
— J'aurais préféré mourir là-bas, Évadné. Avec tous les autres.
— C'est ce que tu penses ?
— Oui.

Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux et le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus, ses cheveux étaient gras et collés à son front, ses yeux marrons cernés et il avait la bouche revêche. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu et dont elle était tombée amoureuse, ses traits approchaient celui d'un cadavre. Ce constat la choqua et Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible et semblait être un poids pour elle. Elle se maudit pour y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à plusieurs reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation stérile. Elle était trop éreintée pour le motiver et le pousser à se dépasser.

[...]
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 19:06

Un texte pour le moins intriguant. Il jongle (et c'est propre à ton écriture, j'ai l'impression) entre les dialogues familiers, de ceux qu'on pourrait avoir tous les jours, avec des descriptions détaillées au peigne fin, épurées et plus techniques, qu'elles parlent de sentiments ou de faits. Il jongle entre deux températures sensiblement différentes. Ça donne un aspect global au texte (et par conséquent, à la lecture) vraiment étrange. Je ne suis pas réfractaire pour autant, au contraire : Je trouve ça plutôt rafraîchissant, même si à mes yeux ça manque de couleur et de tripes, là on parle simplement de goût personnel. Ce que tu écris a de la qualité et un style bien particulier. Ta syntaxe, tout ça... Rien à redire. C'est tout ce qui me vient à l'esprit pour le moment, si tu as des questions, je reste dans le secteur.

Une petite cela dit, plus pour moi que pour toi : Ne pas utiliser les guillemets, c'est correct ? Jusqu'à présent je n'ai jamais lu le moindre roman sans guillemets pour les dialogues, donc ça m'intrigue. Quel poids est-il censé faire au final ?

Je vois qu'il te reste peu de temps. Je te souhaite bonne chance pour le finaliser, je lirai la suite si tu as le temps de la mettre en bêta-lecture.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 19:20

Concernant la dichotomie du langage et de la narration/description, il est possible que cela me gêne plus tard. C'est juste que pour le moment je n'ai pas assez de recul pour m'en rendre compte. Par ailleurs, les dialogues plus familiers viennent naturellement depuis que j'ai passé pas mal de mois à n'écrire que du théâtre – encore que dans ce texte ils ne sont pas trop vulgaires – et je trouve cela plus cohérent puisqu'en situation de crise ou de conversation verbale anodine, les gens font des phrases courtes et ne parlent pas de manière soutenue.
Après, c'est sûr que de passer d'un tel langage à du texte comportant un niveau plus élevé peut être un manque de cohérence préjudiciable. /:


En français, on peut ne pas utiliser les guillemets. Si je ne le fais pas ici, c'est que j'avais la flemme de devoir les rouvrir après chaque description intercalée entre les dialogues et que sur OpenOffice j'ai l'impression que mon retrait de première ligne pour les dialogues a un problème (en gros : j'ai mon tiret de dialogue à 1cm et après j'ai un énorme espace entre ledit tiret et la phrase de dialogue ; or, quand je mets des guillemets, il n'y a pas cet espace et je trouve que ça fait bizarre du coup).
Sinon, c'est 35k caractères max et j'en ferai dans les 20k ou moins je pense.


Normalement, je devrai avoir fini ce soir/nuit.

Merci pour le commentaire (:
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 19:36

Mike001 a écrit:
Après, c'est sûr que de passer d'un tel langage à du texte comportant un niveau plus élevé peut être un manque de cohérence préjudiciable. /:

Pas forcément, si c'est l'effet recherché (: C'est plus ou moins ta marque de fabrique, en tout cas dans les deux-trois textes que j'ai pu lire. Quand on lit les premiers paragraphes, on ne voit pas du tout le ton du dialogue venir. La surprise du décalage peut jouer en ta faveur. Et c'est drôle que tu dises ne pas t'en rendre compte parce que quand on te lit, ça parait clairement volontaire. Comme quoi.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 19:41

Ah mais c'est volontaire. C'est juste que je ne sais pas encore si dans un mois ce décalage me gênera ou non (a priori non, dans les autres textes jusqu'ici ça ne me le faisait pas).
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 19:48

Ah, je vois (: Et ben garde tes décalages si tu veux mon avis, des paroles guindées comme tu dis si bien, ça serait chiant.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 21:49

Nan j'ai pas encore lu ton texte, désolé, je le fais demain soir promis, j'aurai fini mes partiels pour cette semaine. Juste pour dire un truc à propos des guillemets.

Ca vient du monde de l'édition. En France, les éditeurs traditionnellement imposent les guillemets. Ce sont les éditeurs anglo-saxon qui ont popularisé les dialogues sans guillemet, seulement avec tirets. Mais étant donné que de plus en plus de livres nous viennent d'éditeurs anglo-saxons, de plus en plus de nos livres se font sans guillemet. Et, par conséquent, de plus en plus de nos textes. En tous cas, c'est ce que j'avais lu à ce sujet. ^^
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 23:21

Citation :
Troisième version (complète) :

Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques. Les cris sans âmes avançaient, implacables. Les deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à se mouvoir. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les fondations et les restes de constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.

Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.
C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.

La fatigue venait toujours, irrémédiablement, ils se mirent donc à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée se terminait. Les températures allaient chuter drastiquement et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.

— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.
— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Éris.
— Je n'y arriverai pas.
— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.
— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.
— Tu étais d'accord je te signale.
— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.
— Ne dis pas ça, s'il te plaît.
— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Éris ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!
— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.

— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.

Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Éris posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.
— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?
— Tu vois une autre solution ?
— Il garda le silence.
— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, enchaîna-t-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.
— Trop génial...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent diligemment leur tente hermétique et isolante qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Cycnus et Éris prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployés la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en la captant dans l'air ambiant et de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin qu'elle reste en bon état. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les tubes et pompes et recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable. Ensuite, ils s'allongeaient, s'enlaçaient, et contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière, la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir.

Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Éris s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au doux vent chaleureux. Éris choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, elle en inventait et elle commençait à ne plus différencier les créations du vécu.

Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avait convaincu d'emmener Éris faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Ils se moquaient des personnes mal habillées, entraient et sortaient des magasins sans acheter quoi que ce soit, juste pour le plaisir de faire un tour, ils reniflaient les odeurs chimiques propagées par les diffuseurs des magasins et essayaient d'en deviner les arômes. Ils étaient ensemble, se dévoraient des yeux et s'embrassaient. Tout était simple et cela les contentait jusqu'à ce que le sol s'ébranlât, ce qui surprit les passants en sus de les effrayer. Car si Mars avait été terraformée pour accueillir en masse les colons, son activité interne était demeurée quasi nulle et ce, depuis des milliards d'années lorsque des météorites se furent écrasées et eurent provoqué une ère d'éruptions volcaniques ainsi que la disparition des champs magnétiques de la planète et de ses océans. À l'arrivée des premiers humains sur Mars, les terrains n'étaient que sablons et l'atmosphère renvoyait une unicité de beige grisâtre. Opiniâtrement, ils en firent un endroit habitable et désirable. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale de la Terre. La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, de familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint ; ceux qui ne l'étaient pas avaient cherché, en vain, à se cacher et se protéger. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva point. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Éris.

Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un passage du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était la plus douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cent kilomètre de large. Ils mirent six jours à atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud était éventré et gorgé de lave. Mais le plus impressionnant était à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la fumée et régurgitaient de la lave en concerts. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.

Éris considérait cela étrange que l'Olympus Mons ne se soit pas ranimé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément. Voilà ce qui avait poussé Éris à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions.

Un soir, irritée par le manque d'intérêt de Cycnus, elle s'emporta :

— Tu ne trouves pas ça bizarre qu'un seul volcan soit inactif ? Ça ne te t’intrigue pas ?
— Bah non.
— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?
— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua sarcastiquement Cycnus.
— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.
— Bien sûr, tu nous a tellement sauvé. Merci !
— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.
— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.
— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit, cria Éris, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.
— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.
— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.
— J'aurais préféré mourir là-bas, Éris. Avec tous les autres.
— C'est ce que tu penses ?
— Oui.

Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux et le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus, ses cheveux étaient gras et collés à son front, ses yeux marrons cernés et il avait la bouche revêche. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu et dont elle était tombée amoureuse, ses traits approchaient celui d'un cadavre. Ce constat la choqua et Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible et semblait être un poids pour elle. Elle se maudit d'y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à différentes reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation stérile. Elle était trop éreintée pour le motiver et le pousser à se dépasser.

Malgré ses états d'âme, elle s'endormit facilement. Dans son premier mauvais rêve, elle montait à bord d'un vaisseau spatial et échappait au danger. Cycnus ne la suivait pas et l'appareil décollait. Éris réclamait qu'il fasse demi-tour mais l'équipage l'ignorait. La jeune femme voyait à travers un hublot la lave couler vers son ami, qui restait immobile. Elle frappait ses poings contre la cloison et l'intimait de courir en hurlant, mais il ne bougeait pas. Alors, la lave rejoignait Cycnus et elle l'observait se liquéfier. Ses ongles griffaient le revêtement de métal et quelqu'un tentait de la rassurer en lui disant que les secours atteindront Mars dans une dizaine d'années.

Son second rêve était moins réaliste, mais en même temps, elle se sentait plus actrice que spectatrice, comme si c'était son corps qui avait été projeté dans une dimension qu'elle ne connaissait pas. Une gigantesque caverne l'entourait, le plafond était si haut qu'il n'était pas visible. Aucune lumière artificielle ou naturelle n'éclairait ce lieu et pourtant il ne baignait pas dans la pénombre. Cette logique biaisée la perturbait. Du reste, elle se sentait épiée. Elle tourna sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accéléra, son cœur s'emballa. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.
— Rejoins-moi !


Éris se réveilla en sursaut. Après avoir reprit ses esprits, elle enfila sa combinaison, empaqueta ses affaires et prépara son sac à dos, le bruit attira Cycnus sur ses préparatifs.

— Que fais-tu ? demanda-t-il d'une voix pâteuse.
— Mets ta combinaison, je vais sortir, éluda Éris.
— Pourquoi ?
— Il faut que j'aille vérifier un truc.
— Quoi donc ?
— Mets ta combinaison et tu pourras me suivre.
— Ça ne répond pas à ma question.
— Oui, je suis au courant. Mais je n'ai pas de détails à te fournir. Soit tu me suis et tu te tais, soit tu restes là et tu peux parler autant que tu veux.
— Pourquoi tu es agressive ? riposta Cycnus.

Éris se mordilla la lèvre inférieure. Elle se montrait effectivement acerbe avec lui, ce qu'elle n'avait pas fait jusqu'ici.

— Tu te plaignais que je décide pour nous deux, là je te laisse le choix. Tu viens ou non ?
— Hmm, je viens.

Cycnus s'habilla, et ensemble, ils rangèrent la tente hermétique. Une fois l'opération terminée, Éris opta pour une direction au hasard et ils trottèrent dans la poussière et l'ombre d'Olympus Mons. Au bout de plusieurs heures de vagabondage aléatoire, ils repérèrent une ouverture dans la montagne. Les dimensions de l'entrée étaient de taille humaine mais ne possédaient aucune des particularités qui révélaient que la construction fût faite par cette espèce. Le tunnel ne disposait pas de porte qu'aurait pu installer des militaires ou des scientifiques, aucun panneau ne balisait un éventuel sentier de randonné et la voûte n'était pas étayée.
Le couple échangea un coup d'œil, sortit des torches et pénétra dans la galerie. Ils s'engagèrent dans le volcan assoupi sur des centaines de mètres. Le tunnel ne déviait pas, ni ne bifurquait, le chemin était plat tout du long. En s'enfonçant, une lueur tamisée rendit superflu l'usage des torches, elle venait de partout et de nul part simultanément. Éris s'arrêta.

— Attends.
— Quoi ?
— Quelque chose ne va pas.
— Comment ça ? pressa Cycnus.
— J'ai... Je crois qu'il y a une créature plus loin.
— Une créature ?!
— Oui. Je l'ai vue.
— Où ?
— En rêve.
— Ah, voilà qui explique tout...
— Exactement. Elle m'a dit de la rejoindre et on trouve une entrée le jour même nous menant au cœur d'Olympus Mons, l'unique volcan qui dort encore.
— Je pensais plutôt à : « elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.
— Depuis des semaines je n'ai qu'une volonté, celle de rejoindre cette satanée montagne.
— Et ?
— Et je crois que j'ai été manipulée.
— Par la créature ?

Éris acquiesça. Le jeune homme posa une main sur son épaule.

— Allons-nous-en alors.
— Tu penses que c'est la meilleure solution ?
— Non. Mais je ne jouerai pas à ce jeu – si créature mystérieuse il doit y avoir.

Cycnus se retourna et eut à peine le temps de faire quelques pas que le plafond s'effondra et bloqua le seul accès à l'extérieur. Résignés et contraints, les deux compagnons reprirent leur route. À la fin de leur périple souterrain ils découvrirent une caverne, une caverne immense. Éris s'agita, la peur affluait. Elle anticipait ce qui allait se produire et cela ne lui plaisait déjà pas. Les murmures se diffusèrent, tels des serpents sournois ; la brume se matérialisa. Elle dessina un corps en son entier cette fois-ci. L'être était un bipède de deux mètres ; sa peau glabre était épaisse et jaune safrané ; ses yeux topazes étaient difficiles à croiser car son regard semblait tout savoir. Il ne portait pas de vêtement mais la brume cachait son bas-ventre. Il avait un petit nez aquilin, des pommettes saillantes et une mâchoire carrée. Il fit un geste de la main et Cycnus s'effondra au sol. Éris sut qu'elle devait se jeter aux côtés de son compagnon mais elle ne put faire de geste. Elle était immobilisée par la peur, elle s'attendait à être éventrée ou transpercée dans les secondes à venir. Son étonnement fut grand quand il parla :

— Bonjour, dit l'être jaune avec un accent inconnu. Tu peux me répondre, je ne vais pas t'attaquer.
— Bon-bonjour, balbutia Éris.

Il sourit et dévoila des dents oranges.

— Ton camarade va bien, je l'ai simplement assommé.
— Pourquoi ? osa demander Éris.
— C'est avec toi que je veux avoir une conversation, pas lui.
— Qu'est-ce que vous êtes ?
— Un Martien. Enfin, c'est le nom que, vous, Terriens, donnez aux habitants de la quatrième planète. Mais pour plus de simplicité on en restera là. Vu qu'on est sous l'Olympus Mons, tu peux m'appeler Zeus, ça me plaît bien comme nom.
— D'ac-d'accord, réussit à articuler la jeune femme. Mais euh...
— Je vais couper court maintenant à tes questions futures qui seront toutes plus consternantes les unes que les autres, et te faire le topo : j'ai appris ta langue en vous surveillant, oui nous vivions sur Mars. Et en vrac : les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.
— Et le cataclysme ?
— Ça c'est moi, révéla Zeus.
— Et vous êtes fier de vous ? gronda Éris qui  avait repris des couleurs. Des millions de personnes sont mortes. Pourquoi vous l'avez fait ?
— Par cruauté et parce que je le pouvais, humaine maigrichonne. D'une part il s'agit de ma planète ici, vous n'en étiez que les locataires et le bail avait expiré. D'autre part je m'ennuyais. Avec le cataclysme j'ai pu assister à un exode plus prenant que celui de l'Énéide et à une histoire d'amour attendrissante – même si c'est vite devenu « plaintes et jérémiades entre Giselle et Robert ». Les histoires dramatiques m'émeuvent davantage quand elles sont vraies.

La terrible révélation laissa Éris sans voix, ses genoux tremblaient et menaçaient de ne plus supporter son poids à n'importe quel instant.

— Je suis un grand fan de Shakespeare, mais là je crois que j'ai dépassé le maître du tragique.
— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre espèce ?
— Si seulement. Moi je vous ai volé deux choses : le sens de l'humour et un goût prononcé pour les explosions. Mes compatriotes n'ont retenu qu'Einstein, ce qui est assez barbant. Ceci dit, peut-être que bientôt on pourra remonter le temps et que je m'éviterai de prononcer cette réplique.
— Vous êtes tout seul sur Mars en fait, c'est pour ça que vous êtes...
— Humanisé ? coupa Zeus. Oui, ça fait longtemps que je suis ici. Les autres sont dans les lunes joviennes.
— Pourquoi ?
— Parce-que-pas-tes-oignons, saleté d'extramartienne.
— Et quel est le rapport avec moi ?
— Tu l'as compris, je m'ennuie. Avoir passé des milliers d'années en solitaire m'a fait penser que j'aurai besoin d'un acolyte, d'un complice. Avec le cataclysme j'ai donné un coup de pied dans la fourmilière et j'ai observé ce qu'il en ressortait. Tu en es ressortie, Éris. Forte, vaillante, aimante. Cette histoire a deux fins possibles, ma grande. Tu ressors d'ici en compagnie de l'aimable Cycnus que tu n'aimes plus...
— Ou alors ? pressa Éris.
— Ou alors tu me suis dans les étoiles. Il y a énormément de beautés à contempler et je peux te garantir que nous réaliserons de grandes choses.
— Et Cycnus dans tout ça ?
— Il restera sur la planète.
— Il mourra...
— Vous mourrez dans tous les cas. Vous n'avez pas suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'à une éventuelle expédition de secours qui débarquerait dans des années.
— À cause de vous ! Donc je reste avec Cycnus et nous mourrons, ou je pars avec un assassin extraterrestre qui ravage un monde car il n'apprécie pas la solitude ?
— C'est cela, approuva Zeus avec un sourire. La mort sans espoir ou la vie avec promesses.

Éris se sentait piégée. Aucune décision ne lui semblait être la bonne. Elle ferma les yeux et refit le fil de sa vie. Puis elle s'imagina demeurer sur Mars, un vaisseau s'envolait en silence comme une comète, laissant derrière lui un couple d'humains abandonnés, au décès prémédité.
Elle s'imagina accepter l'offre de Zeus, monter dans son engin et partir dans l'espace. Être le premier humain à découvrir le système solaire.
Quand elle souleva ses paupières, son choix était fait.

Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. Mais même de l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu et ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.





Citation :
J'ai changé de nom à la fille, je pensais que « Évadné » était le nom d'une des filles de Mars, en fait c'est une de Neptune. Du coup, j'ai opté pour « Éris », déesse de la discorde. Dans l'Iliade, Homère fait d'elle la sœur d'Arès (Mars).
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 12 Juin - 23:56

Alors alors.

Mike001 a écrit:
Cycnus se retourna et eut à peine le temps de faire quelques pas que le plafond s'effondra et bloqua le seul accès à l'extérieur. Résignés et contraints, les deux compagnons reprirent leur route.

A partir de là, tout s'enchaîne extrêmement vite, tout se précipite vers la fin, et ça donne un effet bâclé. La créature, dont on n'a absolument aucun indice d'apparition depuis le début, prend une ampleur considérable dès le passage du rêve, et après, elle devient carrément essentielle au récit. Peut-être qu'une référence détournée à Zeus ou autre dans les débuts serait appréciable. Là j'ai l'impression qu'on cherche à me faire avaler d'un coup une explication que je n'ai pas du tout vu venir. J'aimerais bien savoir ce qu'en pense quelqu'un d'autre.

Mike001 a écrit:
Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.

Au premier abord ça sonne bizarre.

Mike001 a écrit:
— Je pensais plutôt à : « elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.

Ma phrase préférée. J'adore. Dommage pour Eris-Evadné. Le second avait plus de caractère.

Mike001 a écrit:
Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. Mais même de l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu et ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

Bien qu'efficace et parfaitement logique, ce paragraphe me laisse sur ma faim. Pas dans le bon sens du terme, plutôt comme s'il manquait quelque chose pour que ce soit complet. Remarque... Je ne suis pas sûre de mon coup en relisant plusieurs fois. Prends ça comme une impression instinctive.

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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeVen 13 Juin - 0:55

Anastasis a écrit:

Mike001 a écrit:
Cycnus se retourna et eut à peine le temps de faire quelques pas que le plafond s'effondra et bloqua le seul accès à l'extérieur. Résignés et contraints, les deux compagnons reprirent leur route.

A partir de là, tout s'enchaîne extrêmement vite, tout se précipite vers la fin, et ça donne un effet bâclé. La créature, dont on n'a absolument aucun indice d'apparition depuis le début, prend une ampleur considérable dès le passage du rêve, et après, elle devient carrément essentielle au récit. Peut-être qu'une référence détournée à Zeus ou autre dans les débuts serait appréciable. Là j'ai l'impression qu'on cherche à me faire avaler d'un coup une explication que je n'ai pas du tout vu venir. J'aimerais bien savoir ce qu'en pense quelqu'un d'autre.

Il est vrai que j'ai tendance à accélérer la fin de mes nouvelles, ce qui donne un effet bâclée (parfois elles le sont ^^,). Mais ici, la première moitié du récit se déroule sur plusieurs semaines et la seconde en une journée. La première traite de l'univers, des relations entre les personnages et de leur voyage jusqu'à Olympus Mons, et une fois qu'ils y sont arrivés, la conclusion vient. Car c'est ce que voulait Zeus, ils sont arrivés à la montagne donc ça peut enfin se finir.

Par ailleurs , j'ai glissé deux indices :


« Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. »

« Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Éris. »


Citation :
Mike001 a écrit:
Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. Mais même de l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu et ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

Bien qu'efficace et parfaitement logique, ce paragraphe me laisse sur ma faim. Pas dans le bon sens du terme, plutôt comme s'il manquait quelque chose pour que ce soit complet. Remarque... Je ne suis pas sûre de mon coup en relisant plusieurs fois. Prends ça comme une impression instinctive.

Un petit commentaire pour la chute ? Je suis partagée entre un "Quelle foutue garce" bien senti ou un "Elle a bien fait (cette sale garce)"

Je vois ce que tu veux dire, je rajouterai sûrement quelques lignes.

Une nouvelle fois merci (:
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeVen 13 Juin - 21:12

Mike001 a écrit:
Par ailleurs , j'ai glissé deux indices :

« Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. »

« Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Éris. »

Comme ma lecture a été coupée en deux j'ai du passer à côté, autant pour moi. Quand à l'accélération du récit, tant que c'est assumé et travaillé dans ce sens, j'imagine qu'il n'y a pas de mal (:

Bonne chance pour l'AT. Tu auras un premier retour à quelle date ?

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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeSam 14 Juin - 0:08

Mike001 a écrit:
Citation :
Troisième version (complète) :

Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques. Les cris sans âmes avançaient, implacables. Les deux silhouettes avançaient (moi ca m'a gêné), incertaines. Voûtées, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à se mouvoir. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les fondations et les restes de constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.

Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.
C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.

La fatigue venait toujours, irrémédiablement, ils se mirent donc à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée se terminait. Les températures allaient chuter drastiquement et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.

— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.
— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Éris.
— Je n'y arriverai pas.
— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.
— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.
— Tu étais d'accord je te signale.
— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.
— Ne dis pas ça, s'il te plaît.
— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Éris ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!
— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.

— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.

Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Éris posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.
— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?
— Tu vois une autre solution ?
— Il garda le silence.
— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, enchaîna-t-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.
— Trop génial...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent diligemment (avec diligence ne coûte rien, et est cent fois moins lourd) leur tente hermétique et isolante qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Cycnus et Éris prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployés la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en la captant dans l'air ambiant et de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin qu'elle reste en bon état. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les tubes et pompes et(deuxième fois de suite que tu fais un "et quelque chose et", c'est pas super super à l'oreille) recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable. Ensuite, ils s'allongeaient, s'enlaçaient, et (l'un ou l'autre en l'occurrence, tu utilises déjà beaucoup de "et", il n'est pas forcément nécessaire ici) contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière, la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir.
(ici, et juste en dessous, je ne pense pas que le saut de ligne soit justifié. Le paragraphe précédent est quand même très en relation avec le suivant. idem pour le suivant et celui d'après. Globalement on saute une ligne quand on change d'espace ou de temps)
Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Éris s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au doux vent chaleureux. Éris choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, elle en inventait et elle commençait à ne plus différencier les créations du vécu.
ici
Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avait convaincu d'emmener Éris faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Ils se moquaient des personnes mal habillées, entraient et sortaient des magasins sans acheter quoi que ce soit, juste pour le plaisir de faire un tour, ils reniflaient les odeurs chimiques propagées par les diffuseurs des magasins et essayaient d'en deviner les arômes. Ils étaient ensemble, se dévoraient des yeux et s'embrassaient. Tout était simple et cela les contentait jusqu'à ce que le sol s'ébranlât, ce qui surprit les passants en sus de les effrayer. Car si Mars avait été terraformée pour accueillir en masse les colons, son activité interne était demeurée quasi nulle et ce, depuis des milliards d'années(possibilité d'une virgule ici) lorsque des météorites se furent écrasées et eurent provoqué une ère d'éruptions volcaniques ainsi que la disparition des champs magnétiques de la planète et de ses océans. À l'arrivée des premiers humains sur Mars, les terrains n'étaient que sablons et l'atmosphère renvoyait une unicité de beige grisâtre. Opiniâtrement, ils en firent un endroit habitable et désirable. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale de la Terre. La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, de familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint ; ceux qui ne l'étaient pas avaient cherché, en vain, à se cacher et se protéger. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva point. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Éris.

Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un passage du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était la plus douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cent kilomètre de large. Ils mirent six jours à atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud était éventré et gorgé de lave. Mais le plus impressionnant était à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la fumée et régurgitaient de la lave en concerts. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.

Éris considérait(je comprends l'envie de ne pas utiliser "trouver étrange", mais considérer, c'est beaucoup trop distant, trop dans l'analyse, ca place le personnage trop au dessus de ses propres sentiments, ou alors dans le jugement négatif. Alors qu'elle s'interroge juste ensuite.) cela étrange que l'Olympus Mons ne se soit pas ranimé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément. Voilà ce qui avait poussé Éris à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions.

Un soir, irritée par le manque d'intérêt de Cycnus, elle s'emporta :

— Tu ne trouves pas ça bizarre qu'un seul volcan soit inactif ? Ça ne te t’intrigue pas ?
— Bah non.
— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?
— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua sarcastiquement (tu peux remplacer par "avec sarcasme")Cycnus.
— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.
— Bien sûr, tu nous a tellement sauvé. Merci !
— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.
— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.
— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit, cria Éris, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.
— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.
— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.
— J'aurais préféré mourir là-bas, Éris. Avec tous les autres.
— C'est ce que tu penses ?
— Oui.

Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux et le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus, ses cheveux étaient gras et collés à son front, ses yeux marrons cernés et il avait la bouche revêche. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu et dont elle était tombée amoureuse, ses traits approchaient celui d'un cadavre. Ce constat la choqua et Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible et semblait être un poids pour elle. Elle se maudit d'y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à différentes reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation stérile. Elle était trop éreintée pour le motiver et le pousser à se dépasser. Ces "et" c'est plus possible mec. Fais quelque chose. Il y en a un par phrase, voire deux ou trois parfois. Ce qui veut dire que toutes tes phrases sont construites de la même manière. Avec le même rythme, la même idée derrière, la même chute. A tel point que je ne vois plus que ça là. Il y a un problème dans la construction même de ton récit ici. Personnellement, le problème de ces "et", de ces énumérations à répétition et ce depuis environ 10K signes, c'est que j'ai strictement rien retenu du décor. Il y a tellement de trucs qu'au final rien n'est important. C'est comme si je te faisais un tableau avec 75 objets représentés, et que je te demandais quel objet j'ai voulu peindre. Et je parle même pas du fait que chaque chose soit accompagnée de pléthore et corolles d'adjectifs et autres qualificatifs, ce qui rend le tout encore plus lourd. S'il y a trop de "et", c'est parce qu'il y a trop de choses dites. Ou alors pas de la bonne manière. Si tu vois qu'il y a deux "et" dans une phrase, c'est déjà mauvais signe. Demande toi alors si tu pourrais pas la faire en deux. Qu'est ce que ca apporte que ce soit en une seule ? Et c'est vraiment important ce que tu voulais rajouter, ou ce ne serait pas superfétatoire ? En tous cas, apporte de la variété dans ta manière de dire les choses. Voilà, je ne reviendrai pas sur ces "et", je te les pointerai encore en orange si ca redevient trop abusif comme ici, mais c'est tout. Je crois que j'ai assez appuyé dessus.

Malgré ses états d'âme, elle s'endormit facilement. Dans son premier mauvais rêve, elle montait à bord d'un vaisseau spatial et échappait au danger. Cycnus ne la suivait pas et l'appareil décollait. Éris réclamait qu'il fasse demi-tour mais l'équipage l'ignorait.Juste vite fait sur les "et". Il y a ces "et", mais il y a aussi ce que tu dis. Pourquoi tu as besoin de "et" ? Parce que tu mets deux choses identiques l'une à côté de l'autre. Deux verbes, deux noms, deux adjectifs. Qu'en sais-je. En l'occurrence je voudrais porter ton attention sur la manière de dire les choses que tu emplois. Tu utilises toujours des verbes pour décrire. Souvent. Même lorsque ces verbes ne décrivent strictement aucune action. Eris réclamait qu'il fasse demi-tour mais l'équipage l'ignorait. Pourquoi ne pas juste dire "En vain." Et hop, t'enlèves "mais" que tu peux utiliser ailleurs, et tu enlèves un énième imparfait au "ait" plat et dégueulasse. Et comme ça, ben à ta phrase suivante tu peux réutiliser l'imparfait sans trop de problème. La phrase suivante, pourquoi il "restait immobile" plutôt que "tétanisé par la peur" ? Hop, au lieu d'utiliser un imparfait, tu utilises un participé passé. Et tu transformes le "è" en "é". Tu varies la forme, les sons. Tu rends les choses moins plates et moins lourdes La jeune femme voyait à travers un hublot la lave couler vers son ami, qui restait immobile. Elle frappait ses poings contre la cloison et l'intimait de courir en hurlant, mais il ne bougeait pas. Alors, la lave rejoignait Cycnus et elle l'observait se liquéfier. Ses ongles griffaient le revêtement de métal et quelqu'un tentait de la rassurer en lui disant que les secours atteindront Mars dans une dizaine d'années.

Son second rêve était moins réaliste, mais en même temps, elle se sentait plus actrice que spectatrice, comme si c'était son corps qui avait été projeté dans une dimension qu'elle ne connaissait pas. Une gigantesque caverne l'entourait, le plafond était si haut qu'il n'était pas visible. Aucune lumière artificielle ou naturelle n'éclairait ce lieu et pourtant il ne baignait pas dans la pénombre. Cette logique biaisée la perturbait. Du reste, elle se sentait épiée. Elle tourna sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accéléra, son cœur s'emballa. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.
— Rejoins-moi !


Éris se réveilla en sursaut. Après avoir reprit ses esprits, elle enfila sa combinaison, empaqueta ses affaires et prépara son sac à dos, Ici c'est un point virgule ou un point qu'il fautle bruit attira Cycnus sur ses préparatifs.

— Que fais-tu ? demanda-t-il d'une voix pâteuse.
— Mets ta combinaison, je vais sortir, éluda Éris.
— Pourquoi ?
— Il faut que j'aille vérifier un truc.
— Quoi donc ?
— Mets ta combinaison et tu pourras me suivre.
— Ça ne répond pas à ma question.
— Oui, je suis au courant. Mais je n'ai pas de détails à te fournir. Soit tu me suis et tu te tais, soit tu restes là et tu peux parler autant que tu veux.
— Pourquoi tu es agressive ? riposta Cycnus.

Éris se mordilla la lèvre inférieure. Elle se montrait effectivement acerbe avec lui, ce qu'elle n'avait pas fait jusqu'ici.

— Tu te plaignais que je décide pour nous deux, là je te laisse le choix. Tu viens ou non ?
— Hmm, je viens.

Cycnus s'habilla, et ensemble, ils rangèrent la tente hermétique. Une fois l'opération terminée, Éris opta pour une direction au hasard et ils trottèrent dans la poussière et l'ombre d'Olympus Mons. Au bout de plusieurs heures de vagabondage aléatoire, ils repérèrent une ouverture dans la montagne. Les dimensions de l'entrée étaient de taille humaine mais ne possédaient aucune des particularités qui révélaient que la construction fût faite par cette espèce. Le tunnel ne disposait pas de porte qu'aurait pu installer des militaires ou des scientifiques, aucun panneau ne balisait un éventuel sentier de randonné et la voûte n'était pas étayée.
Le couple échangea un coup d'œil, sortit des torches et pénétra dans la galerie. Ils s'engagèrent dans le volcan assoupi sur des centaines de mètres. Le tunnel ne déviait pas, ni ne bifurquait, le chemin était plat tout du long. En s'enfonçant, une lueur tamisée rendit superflu l'usage des torches, elle venait de partout et de nul part simultanément. Éris s'arrêta.

— Attends.
— Quoi ?
— Quelque chose ne va pas.
— Comment ça ? pressa Cycnus.
— J'ai... Je crois qu'il y a une créature plus loin.
— Une créature ?!
— Oui. Je l'ai vue.
— Où ?
— En rêve.
— Ah, voilà qui explique tout...
— Exactement. Elle m'a dit de la rejoindre et on trouve une entrée le jour même nous menant au cœur d'Olympus Mons, l'unique volcan qui dort encore.
— Je pensais plutôt à : « elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.
— Depuis des semaines je n'ai qu'une volonté, celle de rejoindre cette satanée montagne.
— Et ?
— Et je crois que j'ai été manipulée.
— Par la créature ?

Éris acquiesça. Le jeune homme posa une main sur son épaule.

— Allons-nous-en alors.
— Tu penses que c'est la meilleure solution ?
— Non. Mais je ne jouerai pas à ce jeu – si créature mystérieuse il doit y avoir.

Cycnus se retourna et eut à peine le temps de faire quelques pas que le plafond s'effondra et bloqua le seul accès à l'extérieur.Ouais enfin nan, là t'as pas le droit. C'est nul ça. On appelle ça de la paresse scénaristique Résignés et contraints,Oui moi aussi, après ce twist dégueulasse. Je charie les deux compagnons reprirent leur route. À la fin de leur périple souterrain ils découvrirent une caverne, une caverne immense. Éris s'agita, la peur affluait.tiens j'aime bien ce terme, la peur affluait. C'est sympa Elle anticipait ce qui allait se produire et cela ne lui plaisait déjà pas. Les murmures se diffusèrent, tels des serpents sournois ; la brume se matérialisa. Elle dessina un corps en son entier cette fois-ci. L'être était un bipède de deux mètres ; sa peau glabre était épaisse et jaune safrané ; ses yeux topazes étaient difficiles à croiser car son regard semblait tout savoir. Il ne portait pas de vêtement mais la brume cachait son bas-ventre. Il avait un petit nez aquilin, des pommettes saillantes et une mâchoire carrée. Il fit un geste de la main et Cycnus s'effondra au sol. Éris sut qu'elle devait se jeter aux côtés de son compagnon mais elle ne put faire de geste. Elle était immobilisée par la peur, elle s'attendait à être éventrée ou transpercée dans les secondes à venir. Son étonnement fut grand quand il parla :

— Bonjour, dit l'être jaune avec un accent inconnu. Tu peux me répondre, je ne vais pas t'attaquer.
— Bon-bonjour, balbutia Éris.

Il sourit et dévoila des dents oranges.

— Ton camarade va bien, je l'ai simplement assommé.
— Pourquoi ? osa demander Éris.
— C'est avec toi que je veux avoir une conversation, pas lui.
— Qu'est-ce que vous êtes ?
— Un Martien. Enfin, c'est le nom que, vous, Terriens, donnez aux habitants de la quatrième planète. Mais pour plus de simplicité on en restera là. Vu qu'on est sous l'Olympus Mons, tu peux m'appeler ZeusTu n'employais pas des termes romains plutôt que grecs pour les autres noms ? Pourquoi grec ici, alors qu'il pourrait s'appeler Jupiter ? Mais j'ai peut e^tre raté un train, et les autres sont grecs :/ I dunno , ça me plaît bien comme nom.
— D'ac-d'accord, réussit à articuler la jeune femme. Mais euh...
— Je vais couper court maintenant à tes questions futures qui seront toutes plus consternantes les unes que les autres, et te faire le topo : j'ai appris ta langue en vous surveillant,Ceci est un point oui nous vivions sur Mars. Et en vrac : les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.J'ai bien ri, honnêtement
— Et le cataclysme ?
— Ça c'est moi, révéla Zeus.
— Et vous êtes fier de vous ? grondaelle reprend bien vite des forces la petite. C'pas un peu exagéré de s'énerver ainsi ? Éris qui  avait repris des couleurs. Des millions de personnes sont mortes. Pourquoi vous l'avez fait ?
— Par cruauté et parce que je le pouvais, humaine maigrichonne. D'une part il s'agit de ma planète ici, vous n'en étiez que les locataires et le bail avait expiré. D'autre part je m'ennuyais. Avec le cataclysme j'ai pu assister à un exode plus prenant que celui de l'Énéide et à une histoire d'amour attendrissante – même si c'est vite devenu « plaintes et jérémiades entre Giselle et Robert ».I loled Les histoires dramatiques m'émeuvent davantage quand elles sont vraies.

La terrible révélation laissa Éris sans voix, ses genoux tremblaient et menaçaient de ne plus supporter son poids à n'importe quel instant.

— Je suis un grand fan de Shakespeare, mais là je crois que j'ai dépassé le maître du tragique.
— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre espèce ?
— Si seulement. Moi je vous ai volé deux choses : le sens de l'humour et un goût prononcé pour les explosions. Mes compatriotes n'ont retenu qu'Einstein, ce qui est assez barbant. Ceci dit, peut-être que bientôt on pourra remonter le temps et que je m'éviterai de prononcer cette réplique.
— Vous êtes tout seul sur Mars en fait, c'est pour ça que vous êtes...
— Humanisé ? coupa Zeus. Oui, ça fait longtemps que je suis ici. Les autres sont dans les lunes joviennes.
— Pourquoi ?
— Parce-que-pas-tes-oignons, saleté d'extramartienne.
— Et quel est le rapport avec moi ?
— Tu l'as compris, je m'ennuie. Avoir passé des milliers d'années en solitaire m'a fait penser que j'aurai besoin d'un acolyte, d'un complice. Avec le cataclysme j'ai donné un coup de pied dans la fourmilière et j'ai observé ce qu'il en ressortait. Tu en es ressortie, Éris. Forte, vaillante, aimante. Cette histoire a deux fins possibles, ma grande. Tu ressors d'ici en compagnie de l'aimable Cycnus que tu n'aimes plus...
— Ou alors ? pressa Éris.
— Ou alors tu me suis dans les étoiles. Il y a énormément de beautés à contempler et je peux te garantir que nous réaliserons de grandes choses.
— Et Cycnus dans tout ça ?
— Il restera sur la planète.
— Il mourra...
— Vous mourrez dans tous les cas. Vous n'avez pas suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'à une éventuelle expédition de secours qui débarquerait dans des années.
— À cause de vous ! Donc je reste avec Cycnus et nous mourrons, ou je pars avec un assassin extraterrestre qui ravage un monde car il n'apprécie pas la solitude ?
— C'est cela, approuva Zeus avec un sourire. La mort sans espoir ou la vie avec promesses.

Éris se sentait piégée. Aucune décision ne lui semblait être la bonne. Elle ferma les yeux et refit le fil de sa vie. Puis elle s'imagina demeurer sur Mars, un vaisseau s'envolait en silence comme une comète, laissant derrière lui un couple d'humains abandonnés, au décès prémédité.
Elle s'imagina accepter l'offre de Zeus, monter dans son engin et partir dans l'espace. Être le premier humain à découvrir le système solaire.
Quand elle souleva ses paupières, son choix était fait.

Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. Mais même de l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu et ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.




Alors. Globalement. Ce que j'en pense, c'est que toute la première partie n'a aucun intérêt. Ou la fin, au choix. En l'état. Je sais, c'est assez tranché comme jugement. Je m'explique : tu nous fais une shitstorm de description, et un vieux twist à deux balles pour ce qui est de la nouvelle en elle même. Non, ca ne va pas. Parce que là, en fait, t'as une intro de 20K, et une nouvelle de 1K. Grosso modo. Et ton argument de la temporalité ne tient pas. Pourquoi ? Parce que tu expédies cette "longueur" en une phrase : "leur marche pris 6 jours". Soit tu fais un voyage où il se passe des trucs. Soit après ce voyage, t'as intérêt à envoyer la sauce question intrigue. Là au final, je suis assez d'accord avec le goût d'inachevé. Toute la nouvelle les personnages se développent plutôt bien, leur relation se dégrade, elle a des remords, mais c'est plutôt bien fait. Certes. Mais juste pour dire un gros fuck you, sans même qu'il y ait de véritable raison à tout ça. Je veux dire, la première fois qu'on entend parler de l'intrigue, c'est à dire que le volcan est éteint, que c'est pas normal, et qu'il fascine Eris, c'est à cette phrase : "Éris considérait cela étrange que l'Olympus Mons ne se soit pas ranimé en compagnie de ses frères". Et encore, elle fait que considérer ca comme étrange, comme si c'était presque banal. Alors que putain, elle rêve qu'on l'appelle là bas. Tu vas pas me dire qu'elle fait six cent kilomètres parce que ca la fait marrer de faire de l'escalade pendant la fin du monde ! Autrement dit, la première apparition de l'intrigue, c'est à peine 5 paragraphes et 1 dialogue avant la chute. Il y a 70% de la nouvelle qui se trouve avant l'élément déclencheur de ta nouvelle.

Donc, ce que je te propose (parce que c'est bien de critiquer, mais donner des pistes de solution c'est mieux), c'est de faire des références (plus poussées) à ce qui se trame, et ce avant cette première occurrence. Le texte est trop axé sur la désolation des paysages et le côté Fraudon et Sam de tes deux personnages, et pas assez sur cette fascination qui semble habiter Eris, pourtant. Et si tu développes plus cet aspect là, à mon avis la fin fera moins baclée, moins rapide, moins twist dégueulasse. Et en plus, ca risque de t'obliger à aérer ton texte en y insérant divers éléments d'intrigue au milieu des éléments d'ambiance. Parce que certes la désolation en soit ca intrigue, mais pas tant que ca. On se doute que les trucs détruits vont pas avoir une grande importance dans l'histoire.
Comme ca tu obtiens ainsi trois trames parallèles à ton histoire : le passé, avec la désolation, le cataclysme, les regrets, qui posent l'ambiance, qui donnent toutes les couleurs et commencent à poser des questions. Le présent, avec le voyage, avec la relation des deux, qui posent à nouveau des questions, ancre ce paysage dans une sphère plus réelle, plus proche de nous, humains qui avons des dialogues aussi. Et le futur, avec leur destination, l'intrigue, cet "appel" inexorable vers Olympus Mons. Et au final, tu étoffes énormément ta nouvelle, tout en lui donnant énormément d'air, à mon avis. Et là, seulement, t'auras le droit de faire un gros twist dégueulasse à base de rocher qui tombe du ciel pour couper la sortie (nan je rigole, t'auras jamais le droit de faire ca). Parce que ce sera pas un twist. Ce sera la suite logique de ta nouvelle.

En rouge, les corrections orthographiques, notamment, en orange les trucs dérangeants, en cyan mes commentaires.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeSam 14 Juin - 14:10

Merci pour ce commentaire détaillé. Malheureusememt, l'écran de mon ordi est mort hier, je ne pourrai pas faire les corrections et envoyer la nouvelle /:
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeSam 14 Juin - 14:24

Oh merde c estcon! Et tu peux pas te servir d un écran télé / t'en faire prêter un ? Dommage, j aimais bien l idée de parler de mars pour parler volcans
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeMer 8 Oct - 22:53

Citation :
Voilà une nouvelle version retravaillée. Tout est loin d'être parfait, certaines phrases me titillent encore et je pense qu'à la fin Cycnus devrait parler plus. Le WIP continu (:

Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques. Les cris sans âme avançaient, implacables. Deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à se mouvoir. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les décombres des constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.

Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.

C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.

La fatigue venait toujours, irrémédiablement, ils se mirent donc à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée se terminait. Les températures allaient vite descendre et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.

— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.

— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Éris.

— Je n'y arriverai pas.

— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.

— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.

— Tu étais d'accord je te signale.

— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.

— Ne dis pas ça, s'il te plaît.

— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Éris ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!

— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.

— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.

Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Éris posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.

— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?

— Tu vois une autre solution ?

Il garda le silence.

— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, enchaîna-t-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.

— Trop génial...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent diligemment leur tente hermétique qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Cycnus et Éris prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployée la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin de conserver son bon fonctionnement. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les pompes et à recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable. Ensuite, allongés dans leur demeure de fortune ils s'enlaçaient et contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière, la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir.

Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Éris s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au doux vent chaleureux. Éris choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, des images sibyllines s'emparaient de ses songes : un géant de brume à la voix profonde crachait des volutes de fumée vers elle. La chose était couronnée d'une planète gazeuse autour de laquelle virevoltait des dizaines de lunes. S'il devait y avoir une signification à ces signes, elle échappait complètement à la jeune femme.

Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avaient convaincu d'emmener Éris faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Ils se moquaient des personnes mal habillées, entraient dans chaque magasin sans acheter quoi que ce soit, juste pour le plaisir de faire un tour, ils reniflaient les odeurs chimiques propagées par les diffuseurs des magasins et essayaient d'en deviner les arômes. Ils étaient ensemble, ils se dévoraient des yeux. Ils s'embrassaient. La simplicité les contentait, ils ne pouvaient imaginer que leur vie puisse leur être enlevé. Du moins, jusqu'à ce que le sol s'ébranlât quand le noyau de la planète sortit de sa léthargie.

Mars avait été terraformée pour accueillir en masse les colons, son activité interne était demeurée quasi nulle, et ce, depuis des milliards d'années lorsque des météorites se furent écrasées et eurent provoqué une ère d'éruptions volcaniques, ainsi que la disparition des champs magnétiques de la planète et de ses océans. À l'arrivée des premiers humains sur Mars, les terrains n'étaient que sablons et l'atmosphère renvoyait une unicité de beige grisâtre. Opiniâtrement, ils en firent un endroit habitable et désirable. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale de la Terre.

La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, de familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint ; ceux qui ne l'étaient pas avaient cherché, en vain, à se cacher et se protéger. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva pas. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Éris.


Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un passage du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était suffisamment douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cent kilomètre de large. Ils mirent six jours supplémentaires pour atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud était éventré et gorgé de lave. Mais le plus impressionnant était à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la fumée et régurgitaient de la lave en concerts. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.

Éris se heurtait au mystère de l'Olympus Mons, le volcan qui ne s'était pas ranimé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément. Cela avait en partie poussé Éris à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions. Mais la logique seule n'expliquait pas l'empressement qui l'incitait à avancer toujours plus vite. Quand elle tentait de ne plus penser au volcan son sommeil devenait agité, et lorsque Cycnus avait réussi à la convaincre de faire une pause de plusieurs jours, elle avait été prise d'une douleur aiguë au ventre qui s'était propagée le long de sa colonne vertébrale. Le mal n'était pas de ceux qui paralysent ou clouent au lit, plutôt de ceux qui empêchent au corps de se reposer. Il s'était dissipé peu de temps après que le couple eut repris la route.

Éris mettait régulièrement le sujet de l'inactivité de l'Olympus Mons sur le tapis, intimement convaincue que quelques secrets s'y cachaient. Le manque d'intérêt de Cycnus venait généralement à bout de sa patience et elle s'indignait, insatisfaite de son comportement apathique.

— Tu ne trouves pas ça bizarre  ? Ça ne te t’intrigue pas ?

— Bah non.

— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?

— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua Cycnus, avec sarcasme.

— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.

— Bien sûr, tu nous as tellement sauvés. Merci !

— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.

— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.

— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit ! cria Éris, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.

— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.

— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir elle. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.

— J'aurais préféré mourir là-bas, Éris. Avec tous les autres.

— C'est ce que tu penses ?

— Oui.

Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux, le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus. Ses cheveux étaient collés à son front du fait de leur saleté, il avait la bouche revêche et les yeux cernés. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu, celui dont elle était tombée amoureuse, il ressemblait à un cadavre. Ce constat la choqua, Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible, il était un poids pour elle. Elle se maudit d'y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à différentes reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus, qu'elle l'insultait en le traitant à demi-mots de lâche. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation stérile. Elle était trop éreintée pour le motiver ou le contraindre à se dépasser.

Malgré ses états d'âme, elle s'endormit facilement. Dans son premier mauvais rêve, elle montait à bord d'un vaisseau spatial et échappait au danger. Cycnus ne la suivait pas et l'appareil décollait. Éris réclamait qu'il rebrousse chemin, en vain.La jeune femme voyait à travers un hublot la lave couler vers son ami, immobile car frappé de stupeur. Elle martelait la cloison de ses poings, intimant Cycnus à la fuite. Alors, la lave le rejoignait, elle l'observait se liquéfier. Pendant que ses ongles griffaient le revêtement de métal et qu'elle s'époumonait à crier son nom, quelqu'un tentait de la rassurer en lui disant que les secours atteindront Mars seize mois plus tard.

Son second rêve différait totalement du précédent, comme soumis à des règles de la physique que son corps ne connaissait pas mais que son esprit avait déjà rencontré. Une gigantesque caverne l'entourait, le plafond était si haut qu'il n'était pas visible. Aucune lumière artificielle ou naturelle n'éclairait ce lieu et pourtant il ne baignait pas dans la pénombre. Cela la perturbait. Du reste, elle se sentait épiée. Elle tournait sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accélérait, son cœur s'emballait. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.

— Rejoins-moi !


Éris se réveilla en sursaut. Son corps l'élançait, il lui indiquait que le voyage n'était pas terminé. Elle entreprit tout de même de petit-déjeuner, plus par habitude que par réel envie. Cycnus ne tarda pas à faire de même ; ils mâchaient sans conviction leurs plaquettes enrichies en vitamines au goût de poussière, accroupis dans leur tente à peine visible à l'ombre de l'Olympus Mons.

— Alors ? grommela Cycnus.

— Alors quoi ?

— On fait quoi maintenant qu'on a atteint le Mont Olympe ? On attend que les dieux daignent nous sauver ?

— Je pense qu'il va falloir pénétrer dans le volcan...

— T'es sérieuse ? C'est encore plus insensé que de grimper dessus ! Il doit y avoir des tonnes de magma en fusion qui risquent de s'écouler à tout moment.

— Je croyais que tu voulais mourir ?

— Ouais, mais si possible comme une larve amorphe qui crève la dalle. Pas carbonisé parce qu'on aura été trop cons pour rentrer dans un putain de volcan géant !

— Je ne t'oblige pas à venir, Cycnus.

— Tu veux que je fasse quoi à la place ?

Elle haussa les épaules.

— Tu as changé, Éris.

— Toi aussi je te signale.

— Je sais. Je me suis transformé en geignard à mesure que je voyais notre planète se détruire. À mesure que notre stock de vivres s'épuisait et que l'espoir que j'avais en moi me fuyait. Mais toi, tu n'as rien abandonné. Tu as trouvé un endroit où on serait peut-être en sécurité et tu t'y es tenue. C'en est même devenu une obsession. Plus on s'approchait d'Olympus Mons et plus tu prenais tes distances, comme obnubilée. À un point tel que nous mettre à l'abri n'est plus ta priorité.

— C'est faux !

— Vraiment ? Que je ne crois pas que les secours arriveront avant que nous n'ayons plus de quoi manger est une chose, croire que notre salut réside en un volcan en est une autre. Si tu es tant préoccupée que cela par notre survie, pourquoi tu n'envisages pas que l'on tienne jusqu'à ce que la Terre envoie un vaisseau ?

— On va s'échanger des reproches toute la journée ou on avance ?! éluda Éris.

— Tu veux entrer dans le mont donc ? demanda Cycnus, d'un ton posé.

— Si possible, oui.

— Très bien. Allons-y.

Éris fut surprise d'avoir convaincu si aisément son ami, d'ordinaire cela devait passer par une dispute plus intense.

— Ne te méprends pas, avertit Cycnus, devinant ce qu'avait en tête Éris, si je suis partant c'est uniquement pour te surveiller.

— Parfait !

Ils enfilèrent leur combinaison et rangèrent leur barda ; la marche reprenait.

— Bon, moi je veux bien t'accompagner jusqu'au fin fond des Enfers ; braver monts, volcans, lave, tempêtes, vents, destruction d'une planète. Juste que ne pas trouver une foutue entrée c'est à la fois frustrant et tout à fait logique.

— Qu'est-ce que tu marmonnes encore, Cycnus ?

— On a réglé la question de l'insanité qu'est la volonté de s'introduire dans un volcan, mais pas celle qui est de savoir comment on irait à l'intérieur.

— Tu t'attendais à quoi ?

— Je ne sais pas. Qu'on atteigne la patera ou qu'on creuse.

— Tu tiens à creuser dans un volcan qui fait vingt kilomètres de haut ?

— Évidemment que non ! J'imaginais juste que tu avais un plan, ou ne serait-ce qu'une théorie farfelue.

— J'y crois, c'est tout.

— Tu devrais t'entendre parfois, Éris... Tu crois quoi, que les dieux vont te montrer la voie ? D'un côté, niveau farfelu nous sommes servis.

— Qui sait.


Au bout de plusieurs heures de vagabondage aléatoire, ils repérèrent une ouverture dans la montagne. Les dimensions de l'entrée étaient de taille humaine mais ne possédaient aucune des particularités qui révélaient que la construction fût faite par les leurs.

Éris en  profita immédiatement. Elle se tourna vers son compagnon, une expression de victoire moqueuse parfaitement visible derrière la visière de son casque.

— Ha ! Je te l'avais dit.

— On ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est étrange.

— Personne ne te l'enlèvera, Cycnus.

— Je n'arrive pas à me décider. Qu'est-ce qui est le plus fort comme sentiment : l'irritation que j'éprouve du fait que tu aies eu raison ou la torpeur du fait que tu aies eu raison ? Tu sèmes la discorde en moi, Éris.

— Tu parles trop. Tais-toi.

Le tunnel ne disposait pas de porte qu'auraient pu installer des militaires ou des scientifiques, aucun panneau ne balisait un éventuel sentier de randonné et la voûte n'était pas étayée.

Le couple échangea un coup d'œil, sortit des torches et pénétra dans la galerie. Ils s'engagèrent dans le volcan assoupi sur des centaines de mètres. Le tunnel ne déviait pas, ni ne bifurquait, le chemin était plat tout du long. En s'enfonçant, une lueur tamisée rendit superflu l'usage des torches, elle venait de partout et de nul part simultanément. Éris s'arrêta.

— Attends.

— Quoi ?

— Quelque chose ne va pas.

— Comment ça ? pressa Cycnus.

— J'ai... Je crois qu'il y a une créature plus loin.

— Une créature ?!

— Oui. Je l'ai vue.

Cycnus ralluma sa lampe, qu'il conservait en main en tant que matraque, et arrosa le tunnel d'une lumière superflue.

— Où ?

— En rêve.

— Ah, voilà qui explique tout...

— Exactement. Elle m'a dit de la rejoindre et on trouve une entrée le jour même nous menant au cœur d'Olympus Mons, l'unique volcan qui dort encore.

— Je pensais plutôt à : « elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.

— Depuis des semaines je n'ai qu'une volonté, celle de rejoindre cette satanée montagne.

— Et ?

— Et je crois que j'ai été manipulée.

— Par la créature ?

Éris acquiesça. Le jeune homme posa une main sur son épaule.

— Allons-nous-en alors.

— Tu penses que c'est la meilleure solution ?

— Non. Mais je ne jouerai pas à ce jeu – si créature mystérieuse il doit y avoir.

— Continuons plutôt.

— Hein ?! Vers une potentielle menace ? T'es de plus en plus tarée ma parole !

La fureur se propagea rapidement, elle emporta toute contenance. Éris voyait rouge. Elle serra ses poings, sa mâchoire et inspira profondément avant de cogner Cycnus à l'estomac de toute ses forces. Elle lui porta un seul coup qui le plia en deux.

— Tu ne l'as pas volée celle-ci ! Elle te pendait au nez depuis un moment.

Le pauvre Cycnus n'en revenait pas ; elle venait de le frapper ! Certes il n'avait pas été des plus courtois mais tout de même... La haine qu'il avait vu dans les yeux myosotis de la jeune femme le blessait davantage que l'attaque ; par son geste elle scellait leur séparation. La chute de Mars avait provoqué leur éloignement à long-terme, plus rien ne serait jamais comme avant. La planète, le quotidien. Leur couple. Tout avait été balayé, anéanti.

— Qu'est-ce qui t'as pris, Éris ?

— Désolé, mais ça soulage.

— Ah, c'est ça le nouveau stade ? On se tape dessus pour se sentir mieux ?

— Cesse donc de faire ta fillette, Cycnus, ça ne te réussit pas.

Éris n'attendit pas qu'il ait récupéré, tant son souffle que ses émotions. Sa route était toute tracée, encore quelques pas et tout finirait. Tandis qu'elle prenait les devants, Cycnus trottinait derrière, l'examinant d'un œil nouveau, presque suspicieux.

Au bout du périple souterrain ils découvrirent une caverne, une caverne immense. Éris s'agita : ce n'était pas sa première visite. Cycnus, lui, était médusé par cette excavation aux proportions extraordinaires.

Des murmures cabalistiques se diffusèrent, tels des serpents sournois. D'abord éloignés, ils semblaient se rapprocher, tourner autour d'eux. Les paroles incompréhensibles émanaient d'une unique voix ; elle parlait directement à leurs oreilles, directement dans leur esprit. Elle insinuait la peur. L'affliction s'engouffrait dans leur poitrine et la détresse troublait leur vision. Une brume se matérialisa. Elle dessina le monstre qui habitait dans cette tanière, le maître des lieux ; et d'insaisissable, elle s'offrit une consistance. L'être, un bipède de trois mètres aux membres filiformes, avait une peau jaune safran, épaisse et glabre ; ses yeux étaient d'une unicité de topaze, difficiles à croiser car ne possédant pas de pupille. Leur étonnement fut grand quand il leur adressa la parole :

— Bonjour, dit l'être jaune avec un accent inconnu. Ça boum ?

Les humains abasourdis conservèrent le silence. L'étranger eut un sourire identique à celui qu'aurait pu faire Éris ou Cycnus. Il le faisait naturellement, ce n'était pas un rictus travaillé pour les imiter. Le mouvement des lèvres dévoila des dents oranges.

— Vous pouvez me répondre, je ne vais pas vous manger. Alors, rien à dire ? C'est plutôt décevant. Votre race a enfin un contact avec un alien qui communique en utilisant une de vos langues et vous restez de marbre ? Vous voulez que vos noms deviennent une blague dans le système solaire ? Parce que c'est ainsi que vous l'obtiendrez. J'imagine que vous n'avez pas eu vent de Aqrxou Ednxou, prince Vénusien, et de Glokuss le Titanide – évidemment ce n'est pas comme ça que les autochtones appellent Vénus et Titan, je fais la traduction sinon vous serez largué – ? Pas étonnant, personne dans le système ne veut traiter avec les Terriens. Bref, le Vénusien et le Titanide se sont rencontrés par hasard, tandis qu'ils étaient tous deux en orbite au-dessus de Mercure. Pour leurs civilisations aussi c'était la petite mort. Aqrxou, qui était télépathe, réussit à établir une ébauche de communication avec Glokuss ; sauf que les gladiateurs de la lune de Saturne traitent les interventions psychiques comme des déclarations de guerre, ils sont puritains sur le sujet. Les Titanides ont ravagé Vénus, la rendant inhabitable. Voilà ce qui se passe quand un peuple de débiles brutaux ne sont pas surveillés et limités dans leurs déplacement.

— Je-je ne comprends pas, parvint à articuler Éris.

— Quoi donc ? demanda l'extraterrestre.

— Qu'est-ce que vous êtes ?

— Selon votre dénomination : un Martien. Puisqu'on est sous l'Olympus Mons, vous pouvez m'appeler Zeus, ça me plaît bien comme nom. Grandiloquent, certes, mais c'est l'occasion de faire peau neuve.Vous ne m'en voudrez pas.

— Mais euh...

— Je vais couper court maintenant aux questions futures qui seront toutes plus consternantes les unes que les autres, et vous faire le topo : j'ai appris votre langue en vous surveillant, oui Mars était habitée. Et en vrac : les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.

— Et le cataclysme ? osa Cycnus.

— Ça c'est moi, révéla Zeus.

— Pourquoi ? Comment ?

— On m'en a donné l'ordre, humaine maigrichonne. J'ai donc utilisé mes capacités. Quand le Conseil solarien a appris que vous l'aviez colonisée, une réunion extraordinaire a été exigée. Le Conseil a rendu son verdict il y a plusieurs mois : « les humains foulant Mars périront ». Le bail avait expiré, mes cocos.

— Mais...

— C'est un peu extrême comme solution, je le reconnais. Le Conseil préfère l'action au dialogue quand il doit s'occuper des espèces débiles. Ouais désolé, vous avez été catégorisés : « espèce à compréhension limitée, à tendance destructrice et auto-destructrice ». Par conséquent, vous n'êtes pas autorisés à quitter la Terre et son satellite. Dommage...

— Vous savez combien  de personnes vous avez tué ? Combien de familles et d'enfants ? Nos familles...

Par une remontrance à peine audible, Cycnus ne parvenait pas à exprimer son ressentiment. La révélation le choquait et Zeus l'effrayait.

— Je le sais, répondit Zeus. J'ai tué exactement cent-cinquante-trois millions deux-cent-quarante-quatre-mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux colons. Tu veux le décompte des animaux aussi ?

— Pourquoi avoir fait quelque chose de si horrible ?

— Je vous ai dit qu'on m'en avait donné l'ordre. Si ce n'avait pas été moi, ça aurait été un autre, pour un résultat similaire. Ou presque, étant donné que je vous ai sauvés. De rien. Grâce au cataclysme j'ai pu assister à un exode plus prenant que celui de l'Énéide. Au milieu des morts et de la panique, deux humains sont ressortis à mes yeux. Leur histoire d'amour m'a attendri – même si c'est vite devenu « plaintes et jérémiades entre Giselle et Robert ». Les récits dramatiques m'émeuvent davantage quand ils sont vrais. Celui-ci l'était particulièrement. Un pur condensé de l'histoire humaine en moins d'une période de révolution.

— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre genre ?

— Si seulement. Moi je vous ai volé deux choses : le sens de l'humour et un goût prononcé pour les explosions. Mes compatriotes n'ont retenu que vos physiciens, ce qui est assez barbant.

— Vous êtes tout seul sur Mars en fait, avança Éris, c'est pour ça que vous êtes...

— Humanisé ? coupa Zeus. Oui, ça fait longtemps que je suis ici. Les autres sont dans les lunes joviennes, pour m'occuper je capte toutes vos transmissions.

— Et quel est le rapport avec moi ?

— Tu te penses si importante, Éris ?

— Je dois bien l'être si vous avez pris le temps de nous sauver, de vous introduire dans mes rêves et d'utiliser Olympus Mons comme d'une balise.

— Exact, en effet. Après avoir passé des milliers d'années en solitaire j'ai besoin de me trouver un partenaire, un complice. Je t'ai choisi, Éris. Tu t'es montrée forte, vaillante, aimante ; tu seras parfaite dans le rôle.

— Attendez voir... Qu'est-ce que vous trafiquez ? exigea Cycnus.

— Tu n'as pas voix au chapitre, humain faiblard. Ton sort est décidé.

Zeus pointa du doigt Éris.

— Ce cauchemar a deux fins possibles, ma grande. Tu ressors d'ici en compagnie de l'aimable Cycnus que tu n'aimes plus...

— Ou alors ? pressa Éris, qui voulait passer cette vérité délicate.

— Ou alors tu me suis dans les étoiles. Il y a énormément de beautés à contempler et je peux te garantir que nous réaliserons de grandes choses.

— Et Cycnus dans tout ça ?

— Oui, et moi dans tout ça ?

— Il ne bougera pas de la planète.

— Il mourra...

— Vous mourrez dans tous les cas. Vous n'avez pas suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'à une éventuelle expédition de secours qui débarquerait dans une année.

— À cause de vous ! Donc je reste avec Cycnus et nous mourrons, ou je pars avec un assassin extraterrestre, ravageur de monde ?

— C'est cela, approuva Zeus en riant. La mort sans espoir ou la vie avec promesses.

Éris se sentait piégée. Aucune décision ne lui semblait être la bonne. Elle ferma les yeux et refit le fil de sa vie. Puis elle s'imagina demeurer sur Mars, un vaisseau s'envolait en silence comme une comète, laissant derrière lui un couple d'humains abandonnés, au décès prémédité.

Elle s'imagina accepter l'offre de Zeus, monter dans son engin et partir dans l'espace. Être le premier humain à découvrir le système solaire.

Quand elle souleva ses paupières, son choix était fait.

Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. De l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu, ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

— Au fait, comment se fait-il que vous étiez seul ?

— J'étais le gardien de Mars. Ainsi que son prisonnier. Condamné à y vivre éternellement pour avoir formé à la télépathie Aqrxou Ednxou et par ricochet, causé la destruction du peuple Vénusien. J'aurais pu me présenter en Prométhée.

— Vous pourriez me l'apprendre ?

— Je vais t'enseigner un tas de choses, Éris. Je vais faire de toi une déesse.



Dernière édition par Mike001 le Ven 14 Nov - 20:22, édité 12 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeMer 8 Oct - 23:52

Tu saurais me dire si tu avais modifié des choses vis à vis de la beta lecture, avant que je m'y replonge ?
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeMer 8 Oct - 23:56

J'ai viré le plus de « et » possible, la chute des rochers, des répétitions, phrases mal formulées ; et j'ai rallongé la fin, apporté plus de matière à Cycnus, rendu un peu moins excentrique Zeus.

Mais je n'ai pas encore touché dans le fond la première moitié du texte (jusqu'à ce qu'ils arrivent sur le volcan).
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 9 Oct - 0:09

D'accord je te redirai. C'était juste savoir si ma relecture était utile ou pas, du coup, vu que je t'en avais déjà fait une première.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 9 Oct - 0:14

Elle l'a été, de nouveau merci au passage (: (après, si j'ai bien appliqué les points sur lesquels j'étais d'accord avec toi, ça reste à voir).
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeJeu 9 Oct - 1:08

Je parlais de celle que je n'ai pas encore faite Très Heureux (et t'en fais pas, la tienne sur mon texte l'est aussi, il faut juste le temps que ca vienne ^^)
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[TERMINÉ] Olympus Mons Empty
MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeVen 14 Nov - 21:18

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En rose quelques modifications apportées.

Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques. Les cris sans âme avançaient, implacables. Deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à se mouvoir. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les décombres des constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.

Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.

C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.

La fatigue venait toujours, irrémédiablement ; ils se mirent donc à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée se terminait. Les températures allaient vite descendre et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.

— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.

— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Éris.

— Je n'y arriverai pas.

— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.

— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.

— Tu étais d'accord je te signale.

— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.

— Ne dis pas ça, s'il te plaît.

— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Éris ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!

— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.

— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.

Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Éris posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.

— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?

— Tu vois une autre solution ?

Il garda le silence.

— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, enchaîna-t-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.

— Trop génial...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent diligemment leur tente hermétique qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Cycnus et Éris prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployée la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin de conserver son bon fonctionnement. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les pompes et à recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable. Ensuite, allongés dans leur demeure de fortune ils s'enlaçaient et contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière, la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir.

Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Éris s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au doux vent chaleureux. Éris choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, des images sibyllines s'emparaient de ses songes : un géant de brume à la voix profonde crachait des volutes de fumée vers elle. La chose était couronnée d'une planète gazeuse autour de laquelle virevoltait des dizaines de lunes. S'il devait y avoir une signification à ces signes, elle échappait complètement à la jeune femme.

Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avaient convaincu d'emmener Éris faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Ils se moquaient des personnes mal habillées passants, entraient dans chaque magasin sans acheter quoi que ce soit, juste pour le plaisir de faire un tour, ils reniflaient les odeurs chimiques propagées par les diffuseurs des magasins et essayaient d'en deviner les arômes. Ils étaient ensemble, ils se dévoraient des yeux. Ils s'embrassaient. La simplicité les contentait, ils ne pouvaient imaginer que leur vie puisse leur être enlevé. Quand ils ne se dévoraient pas des yeux ou ne s'embrassaient, ils achetaient quelques petites babioles dans les magasins. La simplicité d'un amour exempt de responsabilité les contentait, ils ne pouvaient imaginer que leur vie puisse leur être enlevé. Du moins, jusqu'à ce que le sol s'ébranlât quand le noyau de la planète sortit de sa léthargie. Du moins, jusqu'à ce que le noyau de la planète sorte de sa léthargie et que le sol s'ébranlât.

Mars avait été terraformée pour accueillir en masse les colons, son activité interne était demeurée quasi nulle, et ce, depuis des milliards d'années lorsque des météorites se furent écrasées et eurent provoqué une ère d'éruptions volcaniques, ainsi que la disparition des champs magnétiques de la planète et de ses océans. À l'arrivée des premiers humains sur Mars, les terrains n'étaient que sablons et l'atmosphère renvoyait une unicité de beige grisâtre. Opiniâtrement, ils en firent un endroit habitable et désirable. L'activité interne de Mars était demeurée quasi nulle pendant des milliards d'années. Des astéroïdes avaient alors percuté la planète, provoquant une longue ère d'éruptions volcaniques, la disparition des champs magnétiques et des océans. Opiniâtrement, les colons en firent un endroit habitable et désirable, ils se débarrassèrent des sablons et de toute cette terre d'un beige stérile. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale de la Terre du berceau de l'humanité.

La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, des familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint ; ceux qui ne l'étaient pas avaient cherché, en vain, à se cacher et se protéger. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva pas. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Éris.


Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un passage du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était suffisamment douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cent kilomètre de large. Ils mirent six jours supplémentaires pour atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud était éventré et gorgé de lave éventré était en fusion. Mais le plus impressionnant était survenait à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la fumée et régurgitaient de la lave en concerts. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.

Éris se heurtait au mystère de l'Olympus Mons, le volcan qui ne s'était pas ranimé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément. Cela avait en partie poussé Éris à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions. Mais la logique seule n'expliquait pas l'empressement qui l'incitait à avancer toujours plus vite. Quand elle tentait de ne plus penser au volcan son sommeil devenait agité, et lorsque Cycnus avait réussi à la convaincre de faire une pause de plusieurs jours, elle avait été prise d'une douleur aiguë au ventre qui s'était propagée le long de sa colonne vertébrale. Le mal n'était pas de ceux qui paralysent ou clouent au lit, plutôt de ceux qui empêchent au corps de se reposer. Il s'était dissipé peu de temps après que le couple eut repris la route.

Éris mettait régulièrement le sujet de l'inactivité de l'Olympus Mons sur le tapis, intimement convaincue que quelques secrets s'y cachaient. Le manque d'intérêt de Cycnus venait généralement à bout de sa patience et elle s'indignait, insatisfaite de son comportement apathique.

— Tu ne trouves pas ça bizarre  ? Ça ne te t’intrigue pas ?

— Bah non.

— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?

— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua Cycnus, avec sarcasme.

— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.

— Bien sûr, tu nous as tellement sauvés. Merci !

— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.

— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.

— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit ! cria Éris, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.

— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.

— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir elle. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.

— J'aurais préféré mourir là-bas, Éris. Avec tous les autres.

— C'est ce que tu penses ?

— Oui.

Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux, le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus. Ses cheveux étaient collés à son front du fait de leur saleté, il avait la bouche revêche et les yeux cernés. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu, celui dont elle était tombée amoureuse, il ressemblait à un cadavre. Ce constat la choqua, Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible, il était un poids pour elle. Elle se maudit d'y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à différentes reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus, qu'elle l'insultait en le traitant à demi-mots de lâche. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation stérile. Elle était trop éreintée pour le motiver ou le contraindre à se dépasser.

Malgré ses états d'âme, elle s'endormit facilement. Dans son premier mauvais rêve, elle montait à bord d'un vaisseau spatial et échappait au danger. Cycnus ne la suivait pas et l'appareil décollait. Éris réclamait qu'il rebrousse chemin, en vain.La jeune femme voyait à travers un hublot la lave couler vers son ami, immobile car frappé de stupeur. Elle martelait la cloison de ses poings, intimant Cycnus à la fuite. Alors, la lave le rejoignait, elle l'observait se liquéfier. Pendant que ses ongles griffaient le revêtement de métal et qu'elle s'époumonait à crier son nom, quelqu'un tentait de la rassurer en lui disant que les secours atteindront Mars seize mois plus tard.

Son second rêve différait totalement du précédent, comme soumis à des règles de la physique que son corps ne connaissait pas mais que son esprit avait déjà rencontré. Une gigantesque caverne l'entourait, le plafond était si haut qu'il n'était pas visible. Aucune lumière artificielle ou naturelle n'éclairait ce lieu et pourtant il ne baignait pas dans la pénombre. Cela la perturbait. Du reste, elle se sentait épiée. Elle tournait sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accélérait, son cœur s'emballait. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.

— Rejoins-moi !


Éris se réveilla en sursaut. Son corps l'élançait, il lui indiquait que le voyage n'était pas terminé. Elle entreprit tout de même de petit-déjeuner, plus par habitude que par réel envie. Cycnus ne tarda pas à faire de même ; ils mâchaient sans conviction leurs plaquettes enrichies en vitamines au goût de poussière, accroupis dans leur tente à peine visible à l'ombre de l'Olympus Mons.

— Alors ? grommela Cycnus.

— Alors quoi ?

— On fait quoi maintenant qu'on a atteint le Mont Olympe ? On attend que les dieux daignent nous sauver ?

— Je pense qu'il va falloir pénétrer dans le volcan...

— T'es sérieuse ? C'est encore plus insensé que de grimper dessus ! Il doit y avoir des tonnes de magma en fusion qui risquent de s'écouler à tout moment.

— Je croyais que tu voulais mourir ?

— Ouais, mais si possible comme une larve amorphe qui crève la dalle. Pas carbonisé parce qu'on aura été trop cons pour rentrer dans un putain de volcan géant !

— Je ne t'oblige pas à venir, Cycnus.

— Tu veux que je fasse quoi à la place ?

Elle haussa les épaules.

— Tu as changé, Éris.

— Toi aussi je te signale.

— Je sais. Je me suis transformé en geignard à mesure que je voyais notre planète se détruire. À mesure que notre stock de vivres s'épuisait et que l'espoir que j'avais en moi me fuyait. Mais toi, tu n'as rien abandonné. Tu as trouvé un endroit où on serait peut-être en sécurité et tu t'y es tenue. C'en est même devenu une obsession. Plus on s'approchait d'Olympus Mons et plus tu prenais tes distances, comme obnubilée. À un point tel que nous mettre à l'abri n'est plus ta priorité.

— C'est faux !

— Vraiment ? Que je ne crois pas que les secours arriveront avant que nous n'ayons plus de quoi manger est une chose, croire que notre salut réside en un volcan en est une autre. Si tu es tant préoccupée que cela par notre survie, pourquoi tu n'envisages pas que l'on tienne jusqu'à ce que la Terre envoie un vaisseau ?

— On va s'échanger des reproches toute la journée ou on avance ?! éluda Éris.

— Tu veux entrer dans le mont donc ? demanda Cycnus, d'un ton posé.

— Si possible, oui.

— Très bien. Allons-y.

Éris fut surprise d'avoir convaincu si aisément son ami, d'ordinaire cela devait passer par une dispute plus intense.

— Ne te méprends pas, avertit Cycnus, devinant ce qu'avait en tête Éris, si je suis partant c'est uniquement pour te surveiller.

— Parfait !

Ils enfilèrent leur combinaison et rangèrent leur barda ; la marche reprenait.

— Bon, moi je veux bien t'accompagner jusqu'au fin fond des Enfers ; braver monts, volcans, lave, tempêtes, vents, destruction d'une planète. Juste que ne pas trouver une foutue entrée c'est à la fois frustrant et tout à fait logique.

— Qu'est-ce que tu marmonnes encore, Cycnus ?

— On a réglé la question de l'insanité qu'est la volonté de s'introduire dans un volcan, mais pas celle qui est de savoir comment on irait à l'intérieur.

— Tu t'attendais à quoi ?

— Je ne sais pas. Qu'on atteigne la patera ou qu'on creuse.

— Tu tiens à creuser dans un volcan qui fait vingt kilomètres de haut ?

— Évidemment que non ! J'imaginais juste que tu avais un plan, ou ne serait-ce qu'une théorie farfelue.

— J'y crois, c'est tout.

— Tu devrais t'entendre parfois, Éris... Tu crois quoi, que les dieux vont te montrer la voie ? D'un côté, niveau farfelu nous sommes servis.

— Qui sait.


Au bout de plusieurs heures de vagabondage aléatoire, ils repérèrent une ouverture dans la montagne. Les dimensions de l'entrée étaient de taille humaine mais ne possédaient aucune des particularités qui révélaient que la construction fût faite par les leurs.

Éris en  profita immédiatement. Elle se tourna vers son compagnon, une expression de victoire moqueuse parfaitement visible derrière la visière de son casque.

— Ha ! Je te l'avais dit.

— On ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est étrange.

— Personne ne te l'enlèvera, Cycnus.

— Je n'arrive pas à me décider. Qu'est-ce qui est le plus fort comme sentiment : l'irritation que j'éprouve du fait que tu aies eu raison ou la torpeur du fait que tu aies eu raison ? Tu sèmes la discorde en moi, Éris.

— Tu parles trop. Tais-toi.

Le tunnel ne disposait pas de porte qu'auraient pu installer des militaires ou des scientifiques, aucun panneau ne balisait un éventuel sentier de randonné et la voûte n'était pas étayée.

Le couple échangea un coup d'œil, sortit des torches et pénétra dans la galerie. Ils s'engagèrent dans le volcan assoupi sur des centaines de mètres. Le tunnel ne déviait pas, ni ne bifurquait, le chemin était plat tout du long. En s'enfonçant, une lueur tamisée rendit superflu l'usage des torches, elle venait de partout et de nul part simultanément. Éris s'arrêta.

— Attends.

— Quoi ?

— Quelque chose ne va pas.

— Comment ça ? pressa Cycnus.

— J'ai... Je crois qu'il y a une créature plus loin.

— Une créature ?!

— Oui. Je l'ai vue.

Cycnus ralluma sa lampe, qu'il conservait en main en tant que matraque, et arrosa le tunnel d'une lumière superflue.

— Où ?

— En rêve.

— Ah, voilà qui explique tout...

— Exactement. Elle m'a dit de la rejoindre et on trouve une entrée le jour même nous menant au cœur d'Olympus Mons, l'unique volcan qui dort encore.

— Je pensais plutôt à : « elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.

— Depuis des semaines je n'ai qu'une volonté, celle de rejoindre cette satanée montagne.

— Et ?

— Et je crois que j'ai été manipulée.

— Par la créature ?

Éris acquiesça. Le jeune homme posa une main sur son épaule.

— Allons-nous-en alors.

— Tu penses que c'est la meilleure solution ?

— Non. Mais je ne jouerai pas à ce jeu – si créature mystérieuse il doit y avoir.

— Continuons plutôt.

— Hein ?! Vers une potentielle menace ? T'es de plus en plus tarée ma parole !

La fureur se propagea rapidement, elle emporta toute contenance. Éris voyait rouge. Elle serra ses poings, sa mâchoire et inspira profondément avant de cogner Cycnus à l'estomac de toute ses forces. Elle lui porta un seul coup qui le plia en deux.

— Tu ne l'as pas volée celle-ci ! Elle te pendait au nez depuis un moment.

Le pauvre Cycnus n'en revenait pas ; elle venait de le frapper ! Certes il n'avait pas été des plus courtois mais tout de même... La haine qu'il avait vu dans les yeux myosotis de la jeune femme le blessait davantage que l'attaque ; par son geste elle scellait leur séparation. La chute de Mars avait provoqué leur éloignement à long-terme, plus rien ne serait jamais comme avant. La planète, le quotidien. Leur couple. Tout avait été balayé, anéanti.

— Qu'est-ce qui t'as pris, Éris ?

— Désolé, mais ça soulage.

— Ah, c'est ça le nouveau stade ? On se tape dessus pour se sentir mieux ?

— Cesse donc de faire ta fillette, Cycnus, ça ne te réussit pas.

Éris n'attendit pas qu'il ait récupéré, tant son souffle que ses émotions. Sa route était toute tracée, encore quelques pas et tout finirait. Tandis qu'elle prenait les devants, Cycnus trottinait derrière, l'examinant d'un œil nouveau, presque suspicieux.

Au bout du périple souterrain ils découvrirent une caverne, une caverne immense. Éris s'agita : ce n'était pas sa première visite. Cycnus, lui, était médusé par cette excavation aux proportions extraordinaires.

Des murmures cabalistiques se diffusèrent, tels des serpents sournois. D'abord éloignés, ils semblaient se rapprocher, tourner autour d'eux. Les paroles incompréhensibles émanaient d'une unique voix ; elle parlait directement à leurs oreilles, directement dans leur esprit. Elle insinuait la peur. L'affliction s'engouffrait dans leur poitrine et la détresse troublait leur vision. Une brume se matérialisa. Elle dessina le monstre qui habitait dans cette tanière, le maître des lieux ; et d'insaisissable, elle s'offrit une consistance. L'être, un bipède de trois mètres aux membres filiformes, avait une peau jaune safran, épaisse et glabre ; ses yeux étaient d'une unicité de topaze, difficiles à croiser car ne possédant pas de pupille. Leur étonnement fut grand quand il leur adressa la parole :

— Bonjour, dit l'être jaune avec un accent inconnu. Ça boum ?

Les humains abasourdis conservèrent le silence. L'étranger eut un sourire identique à celui qu'aurait pu faire Éris ou Cycnus. Il le faisait naturellement, ce n'était pas un rictus travaillé pour les imiter. Le mouvement des lèvres dévoila des dents oranges.

— Vous pouvez me répondre, je ne vais pas vous manger. Alors, rien à dire ? C'est plutôt décevant. Votre race a enfin un contact avec un alien qui communique en utilisant une de vos langues et vous restez de marbre ? Vous voulez que vos noms deviennent une blague dans le système solaire ? Parce que c'est ainsi que vous l'obtiendrez. J'imagine que vous n'avez pas eu vent de Aqrxou Ednxou, prince Vénusien, et de Glokuss le Titanide – évidemment ce n'est pas comme ça que les autochtones appellent Vénus et Titan, je fais la traduction sinon vous serez largué – ? Pas étonnant, personne dans le système ne veut traiter avec les Terriens. Bref, le Vénusien et le Titanide se sont rencontrés par hasard, tandis qu'ils étaient tous deux en orbite au-dessus de Mercure. Pour leurs civilisations aussi c'était la petite mort. Aqrxou, qui était télépathe, réussit à établir une ébauche de communication avec Glokuss ; sauf que les gladiateurs de la lune de Saturne traitent les interventions psychiques comme des déclarations de guerre, ils sont puritains sur le sujet. Les Titanides ont ravagé Vénus, la rendant inhabitable. Voilà ce qui se passe quand un peuple de débiles brutaux ne sont pas surveillés et limités dans leurs déplacement.

— Je-je ne comprends pas, parvint à articuler Éris.

— Quoi donc ? demanda l'extraterrestre.

— Qu'est-ce que vous êtes ?

— Selon votre dénomination : un Martien. Puisqu'on est sous l'Olympus Mons, vous pouvez m'appeler Zeus, ça me plaît bien comme nom. Grandiloquent, certes, mais c'est l'occasion de faire peau neuve.Vous ne m'en voudrez pas.

— Mais euh...

— Je vais couper court maintenant aux questions futures qui seront toutes plus consternantes les unes que les autres, et vous faire le topo : j'ai appris votre langue en vous surveillant, oui Mars était habitée. Et en vrac : les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.

— Et le cataclysme ? osa Cycnus.

— Ça c'est moi, révéla Zeus.

— Pourquoi ? Comment ?

— On m'en a donné l'ordre, humaine maigrichonne. J'ai donc utilisé mes capacités. Quand le Conseil solarien a appris que vous l'aviez colonisée, une réunion extraordinaire a été exigée. Le Conseil a rendu son verdict il y a plusieurs mois : « les humains foulant Mars périront ». Le bail avait expiré, mes cocos.

— Mais...

— C'est un peu extrême comme solution, je le reconnais. Le Conseil préfère l'action au dialogue quand il doit s'occuper des espèces débiles. Ouais désolé, vous avez été catégorisés : « espèce à compréhension limitée, à tendance destructrice et auto-destructrice ». Par conséquent, vous n'êtes pas autorisés à quitter la Terre et son satellite. Dommage...

— Vous savez combien  de personnes vous avez tué ? Combien de familles et d'enfants ? Nos familles...

Par une remontrance à peine audible, Cycnus ne parvenait pas à exprimer son ressentiment. La révélation le choquait et Zeus l'effrayait.

— Je le sais, répondit Zeus. J'ai tué exactement cent-cinquante-trois millions deux-cent-quarante-quatre-mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux colons. Tu veux le décompte des animaux aussi ?

— Pourquoi avoir fait quelque chose de si horrible ?

— Je vous ai dit qu'on m'en avait donné l'ordre. Si ce n'avait pas été moi, ça aurait été un autre, pour un résultat similaire. Ou presque, étant donné que je vous ai sauvés. De rien. Grâce au cataclysme j'ai pu assister à un exode plus prenant que celui de l'Énéide. Au milieu des morts et de la panique, deux humains sont ressortis à mes yeux. Leur histoire d'amour m'a attendri – même si c'est vite devenu « plaintes et jérémiades entre Giselle et Robert ». Les récits dramatiques m'émeuvent davantage quand ils sont vrais. Celui-ci l'était particulièrement. Un pur condensé de l'histoire humaine en moins d'une période de révolution.

— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre genre ?

— Si seulement. Moi je vous ai volé deux choses : le sens de l'humour et un goût prononcé pour les explosions. Mes compatriotes n'ont retenu que vos physiciens, ce qui est assez barbant.

— Vous êtes tout seul sur Mars en fait, avança Éris, c'est pour ça que vous êtes...

— Humanisé ? coupa Zeus. Oui, ça fait longtemps que je suis ici. Les autres sont dans les lunes joviennes, pour m'occuper je capte toutes vos transmissions.

— Et quel est le rapport avec moi ?

— Tu te penses si importante, Éris ?

— Je dois bien l'être si vous avez pris le temps de nous sauver, de vous introduire dans mes rêves et d'utiliser Olympus Mons comme d'une balise.

— Exact, en effet. Après avoir passé des milliers d'années en solitaire j'ai besoin de me trouver un partenaire, un complice. Je t'ai choisi, Éris. Tu t'es montrée forte, vaillante, aimante ; tu seras parfaite dans le rôle.

— Attendez voir... Qu'est-ce que vous trafiquez ? exigea Cycnus.

— Tu n'as pas voix au chapitre, humain faiblard. Ton sort est décidé.

Zeus pointa du doigt Éris.

— Ce cauchemar a deux fins possibles, ma grande. Tu ressors d'ici en compagnie de l'aimable Cycnus que tu n'aimes plus...

— Ou alors ? pressa Éris, qui voulait passer cette vérité délicate.

— Ou alors tu me suis dans les étoiles. Il y a énormément de beautés à contempler et je peux te garantir que nous réaliserons de grandes choses.

— Et Cycnus dans tout ça ?

— Oui, et moi dans tout ça ?

— Il ne bougera pas de la planète.

— Il mourra...

— Vous mourrez dans tous les cas. Vous n'avez pas suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'à une éventuelle expédition de secours qui débarquerait dans une année.

— À cause de vous ! Donc je reste avec Cycnus et nous mourrons, ou je pars avec un assassin extraterrestre, ravageur de monde ?

— C'est cela, approuva Zeus en riant. La mort sans espoir ou la vie avec promesses.

Éris se sentait piégée. Aucune décision ne lui semblait être la bonne. Elle ferma les yeux et refit le fil de sa vie. Puis elle s'imagina demeurer sur Mars, un vaisseau s'envolait en silence comme une comète, laissant derrière lui un couple d'humains abandonnés, au décès prémédité.

Elle s'imagina accepter l'offre de Zeus, monter dans son engin et partir dans l'espace. Être le premier humain à découvrir le système solaire.

Quand elle souleva ses paupières, son choix était fait.

Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. De l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu, ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

— Au fait, comment se fait-il que vous étiez seul ?

— J'étais le gardien de Mars. Ainsi que son prisonnier. Condamné à y vivre éternellement pour avoir formé à la télépathie Aqrxou Ednxou et par ricochet, causé la destruction du peuple Vénusien. J'aurais pu me présenter en Prométhée.

— Vous pourriez me l'apprendre ?

— Je vais t'enseigner un tas de choses, Éris. Je vais faire de toi une déesse.

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Haalysse
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Haalysse


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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeVen 5 Déc - 15:57

Salut Mike

J'ai adoré ta nouvelle :-) Dans les premières lignes, je croyais que tu parlais de l'ascension d'un quelconque volcan, mais quand j'ai compris que c'était sur Mars et dans un futur indéterminé, j'ai encore plus aimé !

L'alternance entre action et description du monde est très bien menée et l'on ne s'ennui pas. Je l'ai lu d'une traite :-)

Je trouve également que dès le début, on ressent très facilement le caractère de tes personnages dans les dialogues ! Chapeau ;-)

Pour faciliter la compréhension de mes commentaire, je vais maintenant te répondre au fil de ton texte. Mais n'espère pas des commentaires aussi poussés que ceux de Chikoun - que j'ai lu en diagonal :S, ou même des tiens ! :-p


Citation :
Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.

C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.


J'ai le sentiment qu'il y a une rupture de style entre la partie blablabla, ils persistaient et celle S'ils marchaient, blablabla. Je ne sais pas vraiment la caractériser, mais cela m'a un peu gênée à la lecture.


Citation :
Quand ils ne se dévoraient pas des yeux ou ne s'embrassaient, ils achetaient quelques petites babioles


Je manque-t-il pas un "pas" ? :-) Et je crois que je préférais l'ancienne version.


Citation :
Opiniâtrement, les colons en firent un endroit habitable et désirable,


C'est pas mal rédigé comme cela. La première version que j'ai lu (le post en haut de la page 2), j'avais bêtement imaginé une terra-formation rapide, un peu comme dans les films ou les séries. Là, on sent bien l'acharnement humain :-)


Citation :
depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien


ça ne fait pas un peu répétition ? C'est justement la catastrophe qui les a sorti de leur sommeil, sommeil qui datait forcément d'avant la catastrophe donc ...

(mais bon j'aime bien ce mot, alors ça veut pas dire qu'il faut le supprimer ^^)


Citation :
Elle tournait sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accélérait, son cœur s'emballait. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.


J'aime bien la description que tu fais de son rêve.


Citation :
Tu sèmes la discorde en moi, Éris.


Je ne suis pas sûre que ça face très oral, mais j'aime le clin d'œil :-p


Citation :
Le mouvement des lèvres dévoila des dents oranges.


Euh, quid de l'utilité de ce lien hypertexte ? ^^


Citation :
— Désolé, mais ça soulage.
[font=Trebuchet MS]

Je ne sais pas pourquoi mais je n'aime pas trop cette parole quand j'imagine la scène. je l'aurais plutôt vu ignorer son compagnon et le regarder de haut.

Citation :

[quote]Des murmures cabalistiques se diffusèrent, tels des serpents sournois.


:-)


Citation :
Tu veux le décompte des animaux aussi ?


Parce que pour lui les humains sont différents des autres animaux ? C'est étrange ...

Bon, ensuite, il y a deux trois trucs qui me dérange dans Zeus-Prométhée et aussi deux-trois trucs que j'adore. Il parle parfois de manière trop humaine. C'est assez déroutant. Par contre, sa vitesse de réflexion et le fait qu'il saute du coq à l'âne, j'adore...


Citation :
— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre genre ?


En tant que minuscule et stupide créature face à un géant orange et supérieur, j'aurais personnellement évité de dire cela ...

Et lorsque le soi-disant dieu fait la proposition à Eris de l'accompagner, Cycnus ne réagit pas ? Il accepte d'être abandonné ? Il a suffisamment confiance en cet être filiforme pour lui confier Eris ? Il ne tente pas de lui dire que ça peut être dangereux ? Dans ma tête, il a peur de la nouveauté, du changement, donc ça me paraitrait logique qu'il applique cette peur à sa compagne, même si leur relation est clairement finie. Il faudrait au moins qu'il la regarde s'éloigner impuissant mais terrorisé, ou quelque chose du genre. Que l'on voit un peu ses réactions à lui aussi.

Ensuite, j'aurais également trouvé intéressant que tu fasses un parallèle entre le rêve d'Eris (la mort de son compagnon dans la lave), et son départ. Peut être juste par un coup d'œil en arrière de celle-ci. Cela appuierait sur la complexité de son choix, même si elle aurait été franchement stupide de refuser ... Quel humain n'aurait pas fait le même choix qu'Eris ?


Haalysse Salut

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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeLun 15 Déc - 19:28

Haalysse a écrit:

Citation :
Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.

C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.



J'ai le sentiment qu'il y a une rupture de style entre la partie blablabla, ils persistaient et celle S'ils marchaient, blablabla. Je ne sais pas vraiment la caractériser, mais cela m'a un peu gênée à la lecture.

Ah, je n'en ai pas l'impression personnellement. Ça ne me choque pas.


Citation :
Citation :
Quand ils ne se dévoraient pas des yeux ou ne s'embrassaient, ils achetaient quelques petites babioles


Je manque-t-il pas un "pas" ? :-) Et je crois que je préférais l'ancienne version.


Non, le « pas » n'est pas nécessaire ici.


Citation :
Citation :
depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien


ça ne fait pas un peu répétition ? C'est justement la catastrophe qui les a sorti de leur sommeil, sommeil qui datait forcément d'avant la catastrophe donc ...

(mais bon j'aime bien ce mot, alors ça veut pas dire qu'il faut le supprimer ^^)

Encore une fois ça ne me dérange pas, donc pour le moment je vais laisser comme tel (:



Citation :
Citation :
Tu sèmes la discorde en moi, Éris.


Je ne suis pas sûre que ça face très oral, mais j'aime le clin d'œil :-
p

Là je conviens que ce n'est pas très beau. Puisqu'Éris est la déesse de la discorde je n'ai pas pu m'empêcher de placer cette réplique. Ceci étant, elle est sur la sellette.

Citation :
Citation :
Le mouvement des lèvres dévoila des dents oranges.


Euh, quid de l'utilité de ce lien hypertexte ? ^^


De quel lien parles-tu ? J'ai beau avoir cherché, je n'en ai trouvé aucun.


Citation :
Citation :
Tu veux le décompte des animaux aussi ?


Parce que pour lui les humains sont différents des autres animaux ? C'est étrange ...

Bon, ensuite, il y a deux trois trucs qui me dérange dans Zeus-Prométhée et aussi deux-trois trucs que j'adore. Il parle parfois de manière trop humaine. C'est assez déroutant. Par contre, sa vitesse de réflexion et le fait qu'il saute du coq à l'âne, j'adore...

Étant donné qu'il était connecté aux réseaux d'informations de la Terre et de Mars, je ne vois pas pourquoi il ne serait pas capable de faire la différence entre des humains et des animaux, ou même de comprendre la conception humaine qui en fait une distinction. Le mec martien il peut détruire sa planète natale à lui tout seul, je suis certain que reconnaître un humain parmi un troupeau de vaches est à sa portée.



Citation :


Et lorsque le soi-disant dieu fait la proposition à Eris de l'accompagner, Cycnus ne réagit pas ? Il accepte d'être abandonné ? Il a suffisamment confiance en cet être filiforme pour lui confier Eris ? Il ne tente pas de lui dire que ça peut être dangereux ? Dans ma tête, il a peur de la nouveauté, du changement, donc ça me paraitrait logique qu'il applique cette peur à sa compagne, même si leur relation est clairement finie. Il faudrait au moins qu'il la regarde s'éloigner impuissant mais terrorisé, ou quelque chose du genre. Que l'on voit un peu ses réactions à lui aussi.

Ensuite, j'aurais également trouvé intéressant que tu fasses un parallèle entre le rêve d'Eris (la mort de son compagnon dans la lave), et son départ. Peut être juste par un coup d'œil en arrière de celle-ci. Cela appuierait sur la complexité de son choix, même si elle aurait été franchement stupide de refuser ... Quel humain n'aurait pas fait le même choix qu'Eris ?

Tout ceci est prévu. C'est juste que je n'avais pas d'idée sur le moment de dialogues percutant pour Cycnus.


Lumière Merci pour ce commentaire, les critiques positives et négatives, cela va me faire avancer. J'essayerai de faire les ajouts au plus vite, bien que c'est temps-ci je bosse plus [i@Le chant des abricots[/i]
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitimeLun 15 Déc - 20:16

(pour le lien hypertexte, à mon avis Haalysse a le plaisir d'avoir un malware de pub qui sur certains mots met une pub, télécharge malwarebytes anti malware, et fais un cleanup de tout ca (: )
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons Icon_minitime

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