Koran, again.

Ter Aelis. Un lieu où l'Homme terre à terre se voit offert un nouveau ciel, où l'on côtoie la pluralité de réalités à chaque instant. Koran visita jadis cet endroit, brièvement soit, mais assez pour connaître certains de ses habitants. Un passage rapide au milieu de la foule des consciences. Une estafilade sur la trame des voix. Mais qu'importe ce personnage qui, cathartique, s'en fut loin en lui.

Et bien cet homme, ou ce morceau d'âme - peu importe ce qu'il est – voit à nouveau le matin de ses jours se lever. Jusque là mises de côté, il remet aujourd'hui ses chausses de grand cavalier. Montant l'esprit comme tant d'autres avant lui, il marche pourtant avec l'aplomb de n'être qu'inexistant. Cet être ainsi s'éveille et, nul ennui en lui, s'émerveille.

Et bla et bla et bla. Des ronds de jambes que tout cela ! Grosso merdo son horloge a claqué, et de facto le voilà levé ! Pas si dur l'affabulation quand on sait s'en dépêtrer. Reste à savoir quelle action est à venir, quelles péripéties viendront à loisir ! Et pour ne point gâcher l'intrigue, s'il en est une, ce cher bonhomme attendra son prochain voyage sur ces terres pour nous dire enfin son but ou, le cas échéant, si oui ou non l'eau brûle ou mouille le feu.

Allez baste, place au public, que tous foulent les mots de leur plume ! Et en cœur ! S'il vous plaît.



Note : Ter Aelis => Réalités

La plume est sacrée. C'est un don de l'oiseau, du faucon, de l'épervier. Il faut s'en montrer digne. Dans la tourmente du sable, j'écrirai ton nom en lettres de sang pour te faire honneur. Les étoiles rougiront, les nuages s'inclineront à ton nom... Gloire éphémère. Dès ce soir, gloire perdue. A partir de demain, à toi de la retrouver.

Grendelor avait déjà croisé le morceau d'âme nommé Koran. Elle en avait apprécié les mots et la présence, bien qu'éphémère. C'était donc avec plaisir qu'elle avait son nom apparaître de nouveau en ces terres. Le sourire aux lèvres, la dame turquoise avait rejoint Koran et déposé un baiser sur sa joue.

Bienvenue à nouveau. Nous t'attendions. Puissent les mots couler à flots, en intrigues et récits de tous genres.

La rumeur du retour d'un aélissien discret c'était répandue jusqu'aux oreilles de Melaka. Ainsi elle alla donc à la rencontre de Koran, lui souriant chaleureusement.

Et bien, on ne t'avait pas vu depuis un moment par ici. Pose vite tes valises et viens faire un tour avec nous !

La jeune femme était toujours très enjouée concernant les retrouvailles et c'était un plaisir pour elle de retrouver un enfant de Ter Aelis.

Le golem avait suivi les voix qui raisonnaient dans sa tête. Son pauvre esprit bien malmené ces derniers jours avait complètement décroché. Mais il entendait cette phrase en lui. Résonnant au fond de lui, vibrant avec le Vif-sang qui l'animait. La suite Lehault ne s'en souviendra jamais, car Syhis le Vif-sang pris alors le contrôle. D'une voix caverneuse il dit alors la seule phrase que le golem pouvait aisément articuler.

- Lehault.

Mais c'est en esprit qu'il s'adressa à Koran.

- Slaür vieux frères.

Un cri venu du cœur.
C'est bon de se sentir le bienvenu ! Excusez mon absence, de menus problèmes accaparaient mon attention. Mais aujourd'hui je suis de retour, pour vous jouer un mauvais tour ! Yaha !

Sur un ton plus posé.
Merci de votre accueil, cela signifie beaucoup pour moi, même si je n'en montre que le quart de la moitié que j'éprouve.

Cassiopée se remémorait parfaitement Koran pour l’avoir vécu douloureusement à travers sa chair. Elle se souvenait de ce matin, comme Réminiscences.
Les souvenirs surgissaient avec autant d’énergie que celle dont Koran avait été maître lors de son arrivée sur la Digue de Saint Adobe où il venait chercher Sang Zoltan dit Sanz.

Citation :

Quelle merveilleuse expérience que la mort ! S'exclama l'aveugle grandiloquent.

Son visage se réanima, comme une poupée dont les fils se retendaient aléatoirement. Le spectacle était étrange, dérangeant, presque glauque. Ses mains vinrent s'accrocher le long de la lame, tirant sa figure atroce toujours plus près de celle de Sang.

Arrivé à la garde, il murmura à l'oreille de l'Ange, Ça fait un mal de chien, et ça me coûte beaucoup de faire ça, mais le jeu en vaut la chandelle.

Le torse de Koran se transforma alors en brouillard compacte et ses bras, deux énormes serpents grisonnants, vinrent s'enlacer autour du cou de Sang. L'Homme de Brume plaça son regard directement en face de celui de l'être ailé et prononça ces quelques mots tout en serrant de plus en plus fort, Je me présente, Koran le Brumeux. Humble défenseur de l'Homme et des ses droits, nuage autodidacte à temps partiel.

Ainsi, Koran venait défendre l’Homme à cette époque. Il venait se mettre en travers de la route de Sanz, convaincu, dans sa folie, de devoir l’arrêter. Mais rien n’arrête Sanz sinon lui-même. Et sa folie, au lieu de frapper son ennemi, avait meurtri Cassiopée.

Elle se souvenait …

Citation :

La folie reprend ses droits.

Disparues les brûlures, disparues les autres vies autour de lui, plus rien n’avait d’importance.

Koran se rua sur l’abomination qui venait de prendre place dans une nouvelle dépouille, dans ses yeux les micro-vaisseaux rompaient les uns après les autres, injectant le blanc de ses yeux d’un rouge vif, un rouge qui ne présageait rien de bon, un rouge Sang.

Sa main transperça violemment la chair, déchirant les muscles et autres organes au passage.

La folie reprend ses droits !

-Qu’est devenue ta folie aujourd’hui, Koran ?
Les siècles passés ont-ils eu raison de ta foi ? T’ont-ils permis de comprendre tes fautes ?

Ma folie... Quelle folie ? Qu'est-ce que la folie ? Est-ce effectuer une action déraisonnable ? Selon qui ? Est-ce un manque d'équilibre ? Dois-je comprendre que mon jugement est vicié ?

Koran était toujours aussi pâle. De figure comme de raison. Son corps était inerte, fiché comme un fanion sur une crête, ses frusques étant les seules preuves de l'écoulement du temps. Sa bouche entrouverte laissait s'échapper des mots aux consonances claires et concises que nul accent ou bruit guttural ne venait perturber, comme si sa diction mélangeait toutes les variations de la langue Ter Aelissienne sans en avoir l'identité propre.

Il reprit sans ciller.

Pourtant selon mon souvenir je n'ai fais que ce que me dictait mon instinct. Peut-être me suis-je trop emporté mais en rien je ne regrette cela. Les dommages que tu as subi n'étaient que collatéraux.

Koran examina longuement Cassiopée avant de reprendre la parole.

Et à ce que je constate bénins qui plus est. Je m'avance peut-être mais garderais-tu un quelconque ressentiment envers ma personne ? Si tel est le cas je te pris de comprendre que je n'avais nul grief contre toi. Attaquer ton corps était de fait mon seul moyen de l'atteindre.

Un simili de sourire naquit sur ses lèvres. D'une étrange façon il ressemblait ainsi à une célèbre toile appartenant à un autre monde où figurait le buste d'une jeune femme pour le moins énigmatique. L'effet était-il voulu ? Voulait-il engendrer un certain désarrois chez son auditrice ? Ou copiait-il un trait de visage maintes fois observé ?