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Ils arrivent, ils sont là... Je me précipite sur les murs de la forteresse, la sueur au visage. A coté de moi, de pleines rangées de fiers guerriers montent avec célérité les marches qui mènent au rempart. Ca y'est, j'y suis. Mon souffle se fait rauque, mais mon cœur bat légèrement moins la chamade. Les officiers répartissent à la va-vite les hommes sur la muraille. Je me fraye un chemin jusqu'au parapet. Mon dieu...
Ils arrivent, ils sont là... Des centaines de milliers, venus ravager notre planète, piller nos fermes et nos cités. Il est impératif de les arrêter. Un capitaine prend la parole, brandissant bien haut son épée.

[color=royalblue]- Braves soldats ! Aujourd'hui est un jour décisif ! LE jour ou cette immonde vermine sera stoppée ! Que leur armée entière succombe devant les portes de notre ville fortifiée ![/color]

Presque aucun de nous ne croît à ce discours idéaliste. Je me remémore les légendes que me contaient mes parents : "Nul ne peut s'opposer à eux. Si tu veux garder ta tête sur tes deux épaules, fuis ! Nul ne peut s'opposer à un Keltoï." Mon pouls se fait lointain, mon souffle glacé. Ces barbares sont maintenant assez proches pour qu'on distingue leur peau tatouée de symboles impies, leurs canines taillées en pointe et leurs cheveux longs et noirs, volant derrière eux au rythme de leur marche saccadée.
Notre commandant monte sur le parapet pour être mieux vu. Il tente une ultime fois de galvaniser les troupes, je sais que c'est peine perdue.

[color=royalblue]- Mes frères ! Nous ne devons pas perdre, nous ne pouvons pas perdre ! JAMAIS CETTE FORTERESSE N'EST TOMBEE ! JAMAIS...[/color]

Mais ses paroles sont noyées par un flot de jurons qui se répand de l'ost d'en face. Cent mille guerriers hurlent à la mort de leur voix gutturales. Chacun d'eux arbore une hache ou un glaive. Plusieurs portent d'énormes boucliers ouvragés, et des muscles saillants se font entrevoir sous leur habits de fourrure. La plupart ont perdu quelques doigts, voir un membre ou un œil. Les plus grands et les plus forts sont recouverts de balafres qui attestent de blessures qui auraient eu raison d'hommes normaux. A ma droite, un de mes camarades prend la fuite. Ma rate se liquéfie et de nombreux tremblements m'agitent lorsque la terreur enivre mon âme tel du mauvais vin. Nos ennemis scandent un chant de gloire en agitant leur armes.

[b][color=darkred]"A MORT BANDE PORCS ! LES KELTOÏS SONT TELLES LES VALKYRIES ! LEUR SILLAGE EST EMPRUNT DE RAGE ! NOTRE CŒUR INSENSIBLE A LA PEUR ! SUR UNE PIQUE FINIRONT LES TÊTES DE NOS ENNEMIS !"[/color][/b]

Des cors sonnent. Ils s'élancent vers nous en rugissant. D'un même mouvement, j'encoche en même temps que les archers sur le mur une flèches à mon arc. Je tend la corde... Un claquement retentit lorsque la première salve part. Les traits s'enfoncent dans les crânes et les chairs, d'autres rebondissent sans effet sur les écus en bronze. La vague ne chancelle même pas. L'on décoche volée sur volée, mais rien n'y fait. Les échelles se dressent à l'assaut des remparts. Notre capitaine hurle quelque chose dans la cacophonie de hurlements, de pleurs, de cris. Il fend en deux le crâne d'un adversaire qui escalade le mur mais une javeline l'atteint en pleine poitrine. Du sang perle de son nez et de la commissure de ses lèvres. Puis le regard inerte, il tombe en contrebas où il est démembré promptement. Les premiers Keltoïs prennent pieds dans le bastion. De larges moulinets de haches tranchent les têtes, alors que d'énormes coups de boucliers brisent les jambes. Nous refluons lentement, avant que le repli ne se transforme en débâcle. De toutes part, nos hommes sont fauchés dans leur course.
Un barbare me fonce dessus en beuglant. Je m'empare de ma dernière flèche, bande et tire. La tige de bois s'encastre dans sa mâchoire et casse quelques dents car je vois plusieurs éclats d'ivoire voler en tout sens. Mais mon adversaire ne faiblit pas dans sa charge. Il arrache le trait et me frappe d'estoc avec sa lame barbelée. Un goût de cuivre m'emplit la bouche. L'autre me crache au visage, et me saisit à bras le corps, avant de me lancer par dessus le parapet. Le temps semble se ralentir. Ma chute se fait lente et sombre. Ma vision s'embrume. Les Keltoïs sont d'invincibles attaquants... Fou j'ai été de penser que notre forteresse pouvait leurs résister. Je regrette de ne pas avoir écouté les dires de mes parents... Je heurte quelque chose de dur : le sol... Un doux liquide s'écoule de ma tête... Je crois deviner qu'on me piétine, mais je ne sens plus rien... Mon souffle se fige... Nul ne peut s'opposer à eux...

[size=9]Œuvre rédigée par Teclis dans le cadre d'une commande passée sur [url=http://ter-aelis.1fr1.net/] Ter Aelis .