Pour une poignée de clopes...

Je la vois qui monte, monte et s'efface, dans un air souillé. Je la vois qui scintille, scintille et se consume dans mes poumons salis. Je la vois mourir, mourir et me tuer en même temps.

J'aurais toujours dû écouter mes amis, j'aurais toujours dû écouter ma famille... Clope, clopinette, toi si fluette et pourtant si terrible, car même lorsque tu brille, je sens en moi ta marque. Tu m'emmène lentement vers la décadence, la dégénérescence et la jouissance. Tu es comme un esprit malin qui s'insinue en certain, pour ne jamais en sortir, que lorsque vient l'heure de mourir. On m'avertira de ton aura maléfique, mais pour rien je ne changerais mes pratiques, tu es telle la succube infernale, douce mais tellement fatale...

Pour une poignée de clopes...

Alors que tous vous me criez qu'elle me tuera, je vous réponds d'un signe de tête, et continue mon combat. J'ai bien failli mourir, de bien d'autres choses, alors son réconfort est propice, dans ces heures de supplice.

Elle est l'une des multiple clés du chemin de la vérité, un total don de soi-même, à la destruction lente et funeste, qui me mène encore et toujours vers un futur amène. Mais si joyeux semble-t-il, toujours j'ai peur et de sa consolation je me fais sœur. Miséricorde à ceux qui ne la connaissent pas, bonheur éphémère, à ceux qui la côtoient, elle guidera nos pas, vers ce que l'on appellera, une drôle de voie.

J'ai chanté amour, compassion et passion, le tout avec l'éloquence d'un marchand de poisson, mais aujourd'hui je fais l'apologie du mal, celui qui ronge l'être avant de vous rendre tombal. C'est avec joie que maintenant je vais conter les versets de la folie, celle qui me lie, toujours à la lie, qui fait de cette société une chienlit.

Lorsque cette belle princesse, malgré ses défauts, me soigne de mes maux, je me sens revivre, de cette volonté qui m'enivre. A tel point que j'en oublie, les raisons première de ma venue ici.

Pour une poignée de clopes...

On hurlera avec cadence, la violence d'une jeunesse en transe, et même si on nous dit qu'il faut arrêter, continuons l'autodestruction, de ce qui fut nous dans cette fiction. Douce beauté que la volupté changeante, qui envahit l'espace de mon air, transforme mon sang en venin, et ma langue en peau de chagrin. C'est par cette magique mutation que mon inspiration prend sa forme, ses dix formes difformes. Un cantique pour l'honneur de cette cruelle dame, qui nous regarde et se pâme de notre insouciance alors que nous vantons notre science.

Encore une nouvelle vision d'un manifeste contre ma ténébreuse beauté, qui par tant monde est usée mais dont si peu ne subtilisent l'utilité. Bêtes humains qui ne comprennent pas ce don divin que de dangereux trafiquants commercialisent en silence.

Dommage, je range mon paquet de toute manière, à faire ceci j'en ai eut pour...

Pour une poignée de clopes…

Très beau texte, très bien écrit pour parler d'un sujet si fâcheux qui est celui de la cigarette. Les sensations sont très bien retranscrites, tu as bien cerné la psychologie du fumeur. (Si on peut tous les mettes dans la même case se qui restent encore a prouver.) On sent le fumeur derrière se texte. Texte qui est d'ailleurs d'actualité avec la guerre anti/pro-tabac qui se livre depuis quelque mois déjà. Je connais plus d'une personne à qui sa ferrait le plus grand bien de lire se texte.

Invité

J'ai apprécié la lecture de ce texte en général. Cependant, l'utilisation de virgules m'a semblée à certains moments peu propice au rythme ou à l'appui d'un sens. Cassant un rythme très chanté et versifié (peut-on parler de prose?), je trouve l'utilisation de ces modalités phrastiques parfois hasardeuse, remplissant plutôt le rôle de ravin que de pont entre deux éléments.

L'utilisation de rimes est régulière, fréquente, mais parfois un peu lourde: on sent, et c'est là qu'est la maladresse, ta volonté de faire rimer plusieurs mots entre eux. Heureusement ce ne sont que des cas isolés et dans l'ensemble on ne remarque qu'inconsciemment la rime, pour notre plus grand plaisir.

En contraste avec la syntaxe de début du texte qui s'avère claire et judicieuse, celle des derniers paragraphes me semble alambiquée, lourde, catastrophique parfois même. Dommage, surtout que certaines phrases révèlent une véritable virtuosité syntaxique. Les temps se chevauchent aussi de façon assez impropres, obscènes, on se croirait dans un texte de l'OULIPO, l'humour en moins.

L'histoire en elle-même m'a un peu déroutée car l'on sentait trop, dès le départ, ton parti pris. L'argumentation est un peu absente, certaines pensées du personnage se répètent sans pour autant donner plus de sens ou insister sur une des notions évoquées dans ton texte.

Somme toute un texte qui pourrait être brillant mais qui voit ses ailes alourdies par une syntaxe, une versification, une argumentation, parfois trop pauvres ou trop lourdes, et qui ainsi se voit choir à l'étagère des bonnes nouvelles, au-dessus des Marc Levy mais loin en dessous des Maupassant.

Bravo tout de même
Heureux

» Pour la gloire.
» Pour Lui
» [kit] pour Nack
» Changer. Pour Toi.