[Background] Le Vent du Nord.

Le Vent du Nord.

Le Sang sur La Neige.

Il existe, loin au sud d’Aelis, dans les contrés australes de notre monde, La Terre D'Ypernel. Des bois enchanteurs, peuplés d’êtres sylvains, à l’esprit tordu comme un vieux chêne, à l’humour semblable à celui d’un gnome, aussi agiles que des singes… En bref, des Elfes.

Ces lieux étaient alors le siège d’une paix globale, inégalable, quasiment constante.

Les Trolls jouaient de la guitare, les papillons dansaient sur cette douce mélopée, les habitants des arbres se spécialisaient dans la construction de chariots pour le Père Noël… Le paradis. Hélas, il arrivait qu'une brute, à l’aide de sa mandoline, écrase un insecte ou que ces derniers essaient de dévorer l’un des andouilles musiciennes… Et, pire encore, une fois l’an, les Elfes chassaient des rennes. Pour le traineau.
C’est donc la que commence notre histoire. Dans la neige…

*Blorf*

Foutu Renne !
Attends un peu que je te choppe, le cornu !
Tu vas sentir passer ma fureur.
J’essaie de te capturer pour faire plaisir aux morveux…

Là…
C’est une guerre ouverte entre toi et moi, sale bête.

Le Sylvain se releva. Couvert de neige… Et hors de lui. Il se secoua brutalement. Puis regarda le magnifique Renne, debout de l’autre coté de la clairière. L'animal avait la bouche légèrement entrouverte, émettant une sorte de râle, lequel ressemblait fortement à un… Rire.

Fu...
Non d’un Troll Écossais !
Oui c'est une insulte.

Je fais te transpercer, tu vas voir !
On ne se fout pas impunément de moi !
Tu vois cette flèche ?
Je te jure que je vais te la planter dans le crou…
…
Le con.

Oui, le con. L’on rappellera la particularité des Cerfs, des Rennes, et autres mammifères à cornes. Comme leur nom l’indique, ils possèdent des excroissances osseuses sur le haut du crâne, qui s’orientent souvent de manière perpendiculaire à la tête. Ce qui les oblige à revoir le plan de vol directement, en introduisant ces données extérieures dans leur axe de trajectoire. Ce que le Renne, sur le coup, avait complètement oublié, trop occupé à se rejouer la scène de la chute de l’homme. Il eut donc une TRÈS mauvaise surprise, lors qu’il tenta de passer entre deux troncs. Et effectua quelques tonneaux, pour finalement s’écraser, pattes en l’air, au bas de la pente.

Purée…
Joli looping.
Digne de figurer dans les annales de l’acrobatie animale…
Au moins, l’est calmé, la.
Bon. La question est, à présent…
Je le garde pour le chariot ou j’en fais un Méchoui ?
Vengeance ou pas vengeance ?

L’Elfe reprit la route, faisant attention à ne pas se coincer ses cheveux. Il se glissa habilement entre les pins, Sapins, et autres conifères qui se trouvaient plantés la. Pour finalement arriver au niveau du cerf. C’est alors qu’il regarda autour de lui… Et ce qui apparut à sa vue lui glaça le sang.
Déjà qu’il faisait froid…

Le terme exact pour définir ce qui se trouvait devant les yeux de l’Elfe serait… Hécatombe. Un joli petit bain de sang, couvert de cadavres, avec de belles flaques d’hémoglobine. Le Sylvain, qui, par le plus grand des hasards, se nommait d’ailleurs Sylvhain, avait entendu parler de la caravane manquante. L’un des clans occidentaux, qui n’était pas encore arrivé. Mais, dans cette forêt de paix, personne n’aurait songé à la mort. Au pire, ils s’étaient arrêtés pour se faire un petit frichti de myrtilles.
Eh bien non.

Ce n’est pas du vrai, tout ça ?
Elle est où la caméra cachée ?
Hého ! Vous pouvez arrêter la blague, je n’y crois pas !
…
Putain…
Non.
Ben si.
Comment ? Pourquoi ? Qui ?
Ça pourrait être des Myrtilles…
Oui. On a déjà vu des vilaines Myrtilles…

...
Non… Les fruits n’auraient jamais osés.

Reste.

Les Gobelins. Logique. Ces hideuses petites créatures vertes, à l’esprit couleur d’orage, cherchaient depuis toujours à s’introduire dans les bois.
Un conflit vieux comme le monde. Le père noël, à compter du jour où les peaux vertes tentèrent de lui dévorer ses Rennes, refusa catégoriquement d’apporter des cadeaux aux enfants des concernés.
Du coup, ces derniers voulurent, et veulent toujours, se venger.
En détruisant tous ses chariots du bonhomme en rouge. Et leurs constructeurs.
Ces réflexions furent soudainement interrompues. Un gémissement. Un sanglot. Un râle. Un souffle. Venant du tas de cadavre. Sylvhain n’hésita pas un instant. Il courut vers la source du son. Pour se retrouver face à une dame. Elle était superbe, couchée dans la neige, ses cheveux d’ébènes étalés en couronne autour d’elle. Dormait-elle ? Son regard vitreux disait le contraire. Elle observa l’elfe un instant, posa la main sur son ventre… Et mourut. Une suite logique d’événement quand l’on a une dague plongée dans le torse.
Malheureusement, il restait un problème. Le ventre, fort rond, bougeait… Surement un enfant. Vivant, qui plus est. Il fallait donc l’extraire, et vite.

Nooon !

Je n’ai pas de compétence en chirurgie moi !
J’arrête. Je me casse. Je démissionne.
Je ramène mon cerf et basta.
Comment ça, ce n’est pas dans le scénario ?
Je fais quoi alors ?

Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre. Il attrapa le couteau fixé à sa cheville, le dégaina, et d’un geste vif, ouvrit le corps de la femme. Ce ne fut pas un acte des plus aisés. Physiquement, comme mentalement. D’un coté, les tissus de l’abdomen se révélaient être plus solides que prévu... Puis, ça fait QUAND MÊME un choc de découper un être, fut-il mort !
Le placenta fut découpé en deux, ainsi que la chair. Un carnage. Mais finalement, il parvint à sortir le gosse. Vivant, qui plus est. Couvert de sang, de liquide amniotique et autres résidus d’utérus. Un travail d’artiste.

Sylvhain, dresseur de Rennes à l’égard du Père Noel, archer émérite, forgeron talentueux, réussit à préserver le petit de la mort. Et l’adopta. Il devint alors Henrhiv. Fils de l’Hiver.

La flèche fila droit vers son but. Elle transperça la cible des archers, traversa une outre de vin, deux bacs de pailles et finit dans le derrière du garde-chasse. Celui-ci se retourna, hurlant de douleur, pour apercevoir une bande de galopins en pleine fuite dans la forêt, l'un d'entre eux ayant un arc à la main. L'elfe, furieux, comme il se doit quand on a le fessier troué, attrapa la première chose qui lui tomba sous la main, c'est-à-dire un poisson et le lança sur les jeunes elfes courant au loin... Ceci fut peine perdue car ils avaient déjà disparus dans la foret...
Henrhîv arrêta sa course et observa ses compagnons avec un grand sourire. Ceux-ci retenaient difficilement leur rire. Ils étaient au nombre de sept, tous enfants du pays et assez jeunes, faisant partie de la bande des fauteurs de troubles de leur village. On les aimait bien car ils ne faisaient pas trop de mal même s'il fallait quand même s'en méfier. Mais pour l'heure, c'était le moment de la rigolade... Il allait s'en souvenir le garde-chasse, de la bande de galopins qui lui avait transpercé le derrière, pensait-il. Il ne croyait pas si bien faire lorsqu'il vit le saumon atterrir sur la tête de l'un d'entre eux, leur rappelant par la même occasion la fraicheur de leur récent méfait.
Le garde-chasse, malgré son postérieur défoncé, avait réussi à les suivre jusqu'ici, avec un sac plein de poissons pourris et malodorants, tachant les vêtements et puants à dix mètres à la ronde. De quoi bien courtiser les jeunes elfes, surtout durant les bals de la pleine lune, pleine lune qui arrivait justement le soir même. On peut dire que le garde-chasse avait bien calculé son coup.
Les jeunes hommes prirent la fuite, couverts de poissons avariés et poursuivis par le garde vociférant, criant que ce n'était que le début. Henrhîv avait effectué une roulade derrière la roche lors de la première attaque, aidé par un poisson pris en pleine figure. Il était resté là sans bouger, écoutant attentivement les pas du garde-chasse. Se sentant hors de portée, il se leva, puis marcha discrètement vers le lieu du tumulte. Il avança discrètement vers leur poursuivant assis sur un rocher, en train de masser son postérieur. Il se glissa d'arbre en arbre, jusqu'à se retrouver au plus près... Tel un fantôme il se positionna juste derrière lui, paré à frapper...
Henrhîv attrapa avec habileté le sac de poisson posé juste à coté du garde et l'envoya sur la tête de ce dernier. Avant même qu'il n'ait eu le temps de réagir, le jeune elfe était déjà loin, bondissant agilement de roc en roc. Il ne put que jurer sur le nom de quelques divinités, maudissant ce fils de forgeron espiègle...

La vie était belle dans ce petit village, se disait Henrhîv, contemplant le ciel d'un air absent. Il avait retrouvé ses amis et ils marchaient tous à présent d'un pas joyeux vers leur maisons respective... Ils devraient sans doute se préparer à un bon bain et quelques remontrances maternelles, mais qu'importe, l'important c'était de s'être amusé. Ils discutaient de tout et de rien, mais surtout, tels de vrais adolescents, de filles, du bal, d'histoires d'amour... De véritables petites commères, se racontant tous les ragots du village. Ils étaient encore tous célibataires et préféraient se moquer des amoureux plutôt que d'admettre qu'ils étaient incapables de se trouver une fille qui puisse les aimer... Mais enfin. Peut être que le bal de ce soir allait tout changer, bien qu'avec cette odeur de poisson il y aurait peu de chances. Ils pouvaient toujours espérer qu'une vague de rhume frapperait subitement toute la cité, inhibant l'odorat de ces demoiselles.
C'est sur cette note de joie que les amis se séparèrent, afin de retourner dans leur demeure. Il ne fallut que cinq minutes à Henrhîv pour rejoindre la forge de son paternel, située sous un immense arbre, sa demeure depuis dix-sept ans... Il regarda son père, occupé a forger une autre épée, encore une, comme il le faisait depuis si longtemps. Il entra dans la forge et s'inclina avec respect devant son père. Les flammes de la forge éclairaient son long visage, encadré par de longs cheveux bouclés. Deux grands yeux, couleur saphir illuminaient ses traits assombris. Le père l'observa longuement, l'air de lui reprocher quelque chose, puis soudainement se mit a renifler l'air, comme cherchant la source d'une odeur incommodante...

- C'est toi qui pue comme ça ? On dirait que quelqu'un s'est frotté à coup de poisson pourri...
-Euh, à vrai dire oui...
- Comment as-tu fais pour te retrouver avec du poisson pourri sur toi ? Vas-y je suis impatient de connaître ton histoire...
- Ben pour tout te dire...
- Laisse-moi deviner. Tu as transpercé le derrière du vieux Wilbrid avec une flèche, celui-ci vous a assommé à coup de poisson pourri et il se trouve à présent chez le druide, évanoui par cause d'asphyxie, car il a reçu un panier de poisson sur la tête ! Je me trompe ?
- Un sac, pas un panier...
- Je ne me trompe donc pas... Va te laver on te sent a quinze pas !
- Même pas de punition ?
- J'ai jamais pu blairer le garde-chasse...

Son père n'était pas vraiment comme les autres... Plus flexible, plus amical, plus sympathique. Peut-être que cela venait du fait qu'il n'était pas son vrai père. Il ne savait pas grand-chose de sa naissance, si ce n'est que son père l'avait trouvé abandonné dans un bois... Rien de plus. Il monta rapidement les marches de l'arbre, puis pénétra à l'intérieur, ou l'attendait une mère qui avait reniflé son odeur depuis près de cinq minutes. Elle le prit par l'oreille, le dévêtit, puis l'expédia dans son bain, afin qu'il empeste un peu moins...

- Et n'oublie pas de frotter derrière les oreilles !

Taaaaaaaaawaaaaa !

Dark bondit dans les escaliers, courant comme une fusée,à la différence qu'en ce temps elle n'existaient pas. Il effectua un superbe salto pour decendre plus vite les marches, Mais malheureusement pour lui, les descentes autour des arbres sont ronds, comme le tronc, alors que les Saltos sont droits.
Il atterrit donc en équilibre sur une marche, les 3/4 des pieds au dessus du vide. Le suspens. Il battit des bras, tentant de pousser un air impalpable afin d'éviter la douloureuse chute qui l'attendait. Peine perdue.

Aaaaaaaaaaaah !
Et vint le premier rebondissement.
Pong.
Puis le deuxième, sur la tête cette fois ci.
Toc.
Enuite fut le choc avec une planche en bois posée sur le sol
Stack.
Et l'envol de l'enclume posée de l'autre coté.
Tssssssssssssss
Mais malheureusement un pauvre chien se trouvait en dessous de sa zone de crash.
Kaaaaai !
Et le chient partit se réfugier dans un tas de foin.
Plof.

Nous pouvons aussi rappeler que notre cher Henrhîv avait mis son costume du dimanche, pour la fête du soir. Une belle tunique en lin, un pantalon de tissu, une chaîne d'argent sur laquelle était gravée des symboles runiques et des sandales en cuir. La classe. Malheureusement une descente de 15 mètres et un re-aterrisage dans de la boue n'avait pas fait de superbes effets sur le costar. Retour a la case départ. Sa mère le prit par les oreilles et le traina, se débrouillant pour que ses genoux heurtent bien chaques marches, jusqu'à la salle de bain, afin de le décrasser.

Il est solide le gamin
Tu m'étonnes. Il a fait une chute de 15 mètres et a remonté les escaliers en se faisant traîner par l'oreille.
Dur dur.
A ton avis c'est quoi le pire... Se faire traîner par l'oreille ou tomber de 15 mètres ?

Il m'avait promis qu'il serait la a l'heure pour une fois. Ah les garçons. ( Réaction féminine Typique )

La jeune elfe exaspérée était assise sur un tronc d'arbre attendant avec patience son compagnon de danse. Patience qui commençait légèrement a se fatiguer. Elle regardait avec un désespoir certain l'orée de la clairière par laquelle affluait des jeunes retardataires, espérant y reconnaître son cavalier de la soirée. Alors qu'elle n'y croyait plus apparut enfin l'illumination. Courant tel un éclair, ou a peu près, Henrhîv apparut dans des fringues de rechanges, l'épaule légèrement entaillée. Il bondit au dessus des derniers arbres qui la separait de sa douce et finit avec un superbe dérapage sur le genou, afin de se retrouver genou a terre devant sa dulcinée, un bouquet de fleur dans une main, le délicat poignet de sa douce dans l'autre. Ca ça fait craquer n'importe qui et ça permet de pas mal effacer toutes les mauvaises choses, comme les deux heures d'attente.

Première chanson de l'orchestre. Un gerne de rap elfique contant l'avènement des petits oiseaux psycophates et des platanes meurtriers. On laisse donc la demoiselle danser et on va négocier avec le groupe de musique pour qu'il fasse un Slow.
Deuxième chanson. Henrhîv se leva et tendit sa main a la demoiselle, afin qu'elle lui accorde cette danse. Un grande sourire s'afficha sur les lèvres de celle ci. Elle lui prit la main...
Le piste semblait vide, la liberté atteinte... Il dansait avec son amour, celle qui deviendrait peut être sa femme, Les yeux dans les yeux... Leurs lèvres se rapprochaient peu a peu, pas a pas... Leurs corps se seraient peu a peu... L'amour les rapprochait.

Retour a la réalitée.
Il sentit un piqure sur son ventre. Il baissa les yeux.
Le corps a présent sans vie de son amour lui avait servi de bouclier. Une flèche avait transpercée celle ci de part en part, s'arrêtant au niveau du bassin de Henrhîv...

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