|
|
| [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] | |
| | Auteur | Message |
---|
Sanz Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 1197 Age : 37 Date d'inscription : 26/08/2008
Personnages RP Pseudo: Hezeriel Shinobi ( I) Pseudo : Sanz Pseudo : Anwen
| Sujet: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Jeu 16 Sep - 21:28 | |
| _Voilà, nous sommes arrivés.
Sanz regardait les hautes murailles du Sang découper l'horizon des Hauteurs neigeuses. A coté de lui, Lys gisait inconscient sur un dragon de fret. La bête volait en stationnaire près du Prince, suivant pas à pas ses déplacement entre les Montagnes arides. Il posa sa main gauche sur le front du voleur afin de vérifier son état. Froid comme il était, la mort devait le serrer bien tendrement dans ses bras en priant pour qu'elle ne le perde pas. Retirant sa main il intima à son compagnon d'écailles de filer rapidement vers les Palais pour que les Invocateurs s'en occupent tandis qu'il restait immobile, Prince songeur d'un roc gardien des chemins difficiles qui menaient aux plus hauts de ces monts toujours enneigés, mordus par le froid et la solitude.
Ce fut pendant ses songeries que la pelisse blanche aux fines dorures éclaboussa le blanc Immaculé. Cassiopée arrivait. Il l'aborda avec une voix faible.
Si nous ne retrouvons pas rapidement cette Gardienne Lunaire, j'ai bien peur que l'harmonisation de mes âmes ne devienne délicate à mesure que nous perdrons du temps. Mon emprise s'est amoindrie. J'ai besoin d'humanité, tellement d'humanité... .
Ses yeux bleus s'allumèrent d'une larme sombre qui coula sur sa joue droite puis se cristallisant fut recueillie dans sa main. Un prisme se dessina aux étranges couleurs rayonnant au soleil tel l'aveuglement prophétique des pierres de vision. Et ce qui naissait dans sa paume en devenait une: une pierre de vision. L'offrant à la Protectrice, il se retourna pour contempler à nouveau les hautes murailles du Sang.
Dans cette pierre, il y a mon dernier rêve. Je suis dans Galvorn. Ce que tu vas ressentir au travers moi... représente l'exacte sensation des liens harmoniques qui se déchirent, et des âmes qui se divisent. Incapable de pouvoir contenir l'Equilibre je... je m'effondre...libérant les probabilités mises en cage... et Anwen... finit par te tuer. Le Sang aspire le Sang, quel qu'il soit. Ma première Âme m'est nécessaire Cassiopée. Chaque jour rend plus évident ce manque à mon Vent.
La pierre qu'elle tenait s'effrita brusquement et s'envola en poussière légère vers les pins verdoyants.
Sanz inspira lentement puis murmura :
Retrouve là moi... .
Et d'un bon discret, volant telle une bourrasque fuit rejoindre Lys qu'on avait du amener à l'infirmerie pour recevoir ses premiers soins avant que ne soient près les Invocateurs. Le Mouvement essentiel s'infiltra dans les palais comme une ombre et se recomposa dans une pièce mal éclairée. Sur une table, le jeune voleur continuait d'errer au fond des limbes. sanz fit un signe de tête à l'infirmier pour que l'opération destinée à lui retirer les corps étrangers commencent. Probablement que la douleur violente des incisions réveillera plus tôt que prévu Lys mais le Prince régnant n'en avait cure. Souffrir était le quotidien et souvent préférable au sentiment de mort imminente qu'il devait ressentir.
Dernière édition par .S. le Mar 29 Mar - 9:28, édité 2 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Sam 18 Sep - 15:18 | |
|
- Il ne réagit à aucun stimulus : ça s'annonce mal. Que fabrique le chirurgien en chef ? Il est plus lent à accourir que les Invocateurs eux-mêmes.- Me voilà ! Je suis venu dès que j'ai su. Vous feriez bien de garder pour vous vos remarques désobligeantes. Quel est le bilan ?- Il est dans un état léthargique si avancé que, cliniquement parlant, on peut dire qu'il est déjà mort. Il y a encore un maigre espoir qu'on puisse le sauver, mais cela relèverait presque du miracle.- Notre objectif est de préparer le terrain aux Invocateurs. Qu'il réémerge ou non durant notre intervention n'a pas d'importance. Poursuivez.- Il a reçu trois balles : dans l'épaule gauche, dans l'abdomen et dans l'avant-bras droit. Il a aussi la cheville gauche en charpie et de légères contusions au genou. Pour couronner le tout, son corps est transi par le froid. Sa température interne est critiquement basse. Ce voyage jusqu'à nos terres gelées n'a vraiment pas arrangé les choses.- Et pourtant il fallait bien l'amener jusqu'ici. Allons-y. On commence la première extraction : la balle dans l'abdomen.- Pas d'anesthésie ?- Pas le temps pour l'anesthésie, ça ne fera que l'enfoncer encore plus profondément dans les limbes de la mort. S'il se tord de douleur, ce sera plutôt bon signe. Il n'y a pas moyen d'avoir plus de lumière ici ?- Je crains que non. Vous devrez faire avec.Le chirurgien ne répondit pas, se plongeant dans une concentration qui ne devrait être brisée sous aucun prétexte. Puis après quelques instants de silence, il entonna une ode à la guérison. - Honneur :
Honnie sois-tu, engeance qui subsiste, Oublie peu à peu pourquoi tu résistes. N'es-tu rien d'autre, après tout, qu'une bille de métal ? N'es-tu rien d'autre, après tout, qu'une vulgaire balle ? Et sous l'incision de l'expert, Unique entaille dans la chair, Retire-toi, monstre de fer.
Cette première balle, tu la baptiseras Honneur. Tu graveras son nom pour lutter contre tes peurs Et tu la garderas enfoui au plus près de ton cœur.
Lys voguait à plusieurs éternités de ce monde, flottant au dessus du temps, tel un grain de poussière d'étoile suspendu dans l'éther. Dans ses songes d'une affligeante sérénité, bien loin des souffrances de la funèbre réalité, le soleil brillait de mille feux et caressait de sa douce chaleur les âmes esseulées qui erraient en ces lieux. La surface calme des eaux miroitait sous la lumière, propageant des reflets dansants sur les pierres blanches de la jetée. Assis sur le rebord, Lys attendait. Quoi ? Il n'aurait su le dire avec netteté. Son corps avait oublié toutes ses blessures. Ses jambes se balançaient lentement, effleurant les vaguelettes dont le clapotis apaisant le berçait. Une frêle silhouette se profila à l'horizon, avançant dans la baie au gré de la douce brise. Lys suivit son parcours du regard. Il s'agissait d'un petite barque au bois usé dans laquelle un homme à la stature brisée semblait l'observer, d'un air à la fois grave et épuisé. Lorsque dans un léger choc la barque heurta la jetée, l'homme s'approcha du voleur. Il se mouvait avec difficulté, s'aidant d'une cane d'ébène aux gravures alambiquées. Lys quant à lui était resté figé, tout son esprit était captivé par la simple présence de ce vieillard tremblant. - Je suis heureux de te voir, articula celui-ci d'une voix rauque et vacillante tandis qu'il parvenait enfin à la hauteur du jeune homme. - Qui êtes-vous ? lança Lys abruptement, intérieurement gêné par l'étrange aura que dégageait son interlocuteur. - La question serait plutôt de savoir qui tu es toi, Lys Medillian. Et même ce que tu es. Pourquoi es-tu ici ? Et d'ailleurs, qu'est-ce, ici ? Tant de vœux à peine formulés. Tant d'interrogations muettes qui pourtant te tiraillent, au plus profond de ton être.- Et si peu de réponses...- Tout se mêle. Les réponses sont l'essence même de tes questions. Et à ce titre, tu les détiens enfouies en toi. N'es-tu pas interpellé par ce monde qui t'entoure ? N'éveille-t-il pas d'anciens souvenirs que ton esprit a refoulés ?- Ce monde n'est pas la Réalité.- Il est pourtant bel est bien là, autour de toi. C'est ta bulle de protection, ton jardin secret. Il est bâti à ton image, très différent de ce qu'on aurait pu penser.- Expliquez-moi.- Le temps des explications n'est pas arrivé. Tout dépendra de la voie que tu désireras adopter. La route se sépare en deux sentiers distincts. Tu peux me suivre sur cette barque. Nous repartirons au large, là où les pensées fleurissent et où les peurs se fanent. Sans doute obtiendras-tu ce à quoi tu aspires. Mais saches que dès lors il n'y aura plus de retour possible.- Et quelle est l'autre option ?- La vie. Vois-tu ces nuages noires qui grossissent dans le ciel et accourent jusqu'ici ? Elle est là-bas la vie, cruelle, glacée, mais authentique. Pour l'heure, elle ne te réserve que la douleur. Le chemin jusqu'à elle est englouti sous des torrents ensanglantés. Ils appellent ça la Route du Sang. Mais après ? Qu'y a-t-il après ? Peut-être ce que tu cherches. Peut-être ce que tu redoutes. Qui sait ?- Je dois choisir maintenant ?- Tu as déjà choisi. Ta décision est ancré dans ton âme, que j'entends hurler à mes oreilles fatiguées.Dans un ample mouvement, le vieillard fit lentement volte-face. Il retourna d'un pas traînant jusqu'au bout de la jetée. - Alors qu'ai-je choisi ? le questionna Lys qui s'était levé pour l'accompagner. - Tu le sais très bien, Lys. Ressens-le.Et sur ses mots il grimpa dans son embarcation chancelante. Lys n'avait qu'un pas à faire pour monter à son tour, mais il comprenait peu à peu qu'il ne bougerait plus. Sa destinée était de rester là, debout sur la jetée. - Qui êtes-vous ? demanda-t-il une nouvelle fois au vieillard. - Tu le découvriras sans doute bientôt, répondit celui-ci tandis que la barque s'éloignait en glissant sur les flots. Recherche tes racines, Lys. Remonte au plus profond de tes origines.Au loin, les nuages sombres se rapprochaient inéluctablement. - Fierté :
Feu ardent de la douleur, Ignore le mal que provoque ta fureur Et n'hésite plus une seconde. Réveille cet être qui n'a pas encore sombré Tandis que je me bats pour le sauver Et que je le ramène vers notre monde.
Cette deuxième balle, tu l'appellera Fierté. A tout instant, elle ravivera dans tes pensées La douce senteur de tes gloires futures et passées.
Un cri déchirant retentit, s'engouffrant hors de l'infirmerie de fortune pour résonner avec puissance contre les immenses voûtes des Palais, avant d'expirer au loin, par-delà les versants enneigés des Hauteurs. Lys eut vaguement l'envie de se redresser, mais ses muscles étaient tétanisés, autant par le froid que par la souffrance. Il sentait son Sang brûlant, expulsé par un cœur qui luttait en vain, se faufiler dans ses veines pour jaillir hors de son corps, par ses plaies béantes. Autour de lui, des ombres s'agitaient, tel des spectres désincarnés dans la lueur blafarde d'une lampe vacillante. - Il se réveille, grogna une voix sèche. Maintenez-le. J'ai encore une troisième balle à retirer.Lys sentit des mains agressives l'empoigner, décuplant par ce contact l'atroce douleur qui parcourait la moindre parcelle de son corps. Il se débattit en vain, cela ne faisait qu'accroître cette insupportable souffrance. Son esprit embrumé peinait à comprendre ce qui se passait. Son dernier souvenir remontait à cet instant où il avait saisi la lame d'Anwen, dans cette ruelle humide et crasseuse de Galvorn. Après ça, le néant semblait l'avoir envahit. Seule une phrase résonnait encore dans son crâne, comme surgissant d'outre-tombe. - Recherche tes racines, Lys, remonte au plus profond de tes origines.Auprès de lui, le chirurgien entamait l'extraction de la balle mordante qui s'était logée dans son avant-bras. Il reprit son étrange litanie de plus belle. - Excellence :
Ecoute cette chanson qui cabriole et qui danse, Xylographie usée, leg oublié, ancienne croyance, Car elle est la voix de la guérison, Et si tu ne t'accordes pas à son diapason La mort t'enfermera dans ses dangereux arômes. Laisse pénétrer en toi l'âme de ce psaume. Entends ses notes bondissantes qui apaisent tes peurs. Ne prête plus attention à la douleur. Calme-toi, je t'en conjure, même si celle-ci te mord, Et je pourrai extraire l'ultime balle de ton corps.
Cette dernière balle, tu la nommeras Excellence. Elle trônera fidèlement sur le fer de ta lance. Elle sera ton unique devise, chaque fois que tu t'élances.
Tandis que d'un geste minutieux, le chirurgien posait Excellence auprès de ses deux sœurs, dans un petit baquet métallique, Lys sentit une nouvelle vague de douleur l'assaillir. Il avait perdu beaucoup trop de Sang. Son corps en était presque vidé. Et alors que les Invocateurs entraient enfin dans l'infirmerie, près à débuter leur rituel, Lys s'évanouit, rattrapé par l'étreinte glacée de la mort.
Dernière édition par Kosmos le Ven 22 Avr - 10:31, édité 6 fois |
| | | Cassiopée Héliaste
Nombre de messages : 9868 Age : 66 Localisation : Les pieds sous l'eau, la tête au delà des étoiles. Date d'inscription : 05/01/2008
Personnages RP Pseudo: Cassiopée Pseudo : Maelun Pseudo : Lucia
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Dim 19 Sep - 2:23 | |
| Cassiopée avait attendu avec tant d’impatience le retour de Sanz qu’elle avait senti sa présence bien avant son entrée dans les marches des forêts éternelles. Elle avait devancé le moment espéré en partant à sa rencontre. Comme prévu, il avait bien escorté le jeune Lys jusqu’à leur territoire. Sanz, les traits tirés semblait épuisé. Son visage était strié de longues rides qui lui crevaient les yeux. En la voyant, il s’était plongé en elle pour lui crier d’une voix si faible son appel à l’humanité.
A présent, Cassiopée avait refermé le poing sur le vide, incapable de bouger, gardant en mémoire la vision d’un Sang si clair, qu’on pouvait y distinguer les traits d’Anwenn déformés par une rage destructrice. Elle se tordait en tous sens pour s’arracher à une souffrance atroce. L’écrin de mémoire ouvert devant elle, elle tentait de déchirer de ses propres dents le cou de Shyon. Tout se diluait dans un torrent de cris stridents qui arrachait encore les tympans de Cassiopée. Et la Dame des étoiles laissait couler les larmes sur ses joues sans pouvoir bouger. Les yeux fermés sur un futur qui pouvait ne pas être, elle pleurait sur les âmes de Sanz alors que dans son cœur, Galvorn en flammes et dévastée se perdait dans le vide.
Cependant, Sanz s’était envolé depuis un long moment et Cassiopée commença à sentir le froid monter du sol pour envahir sa chair. Il réveillait le sang d’une femme qui avait oublié quelle n’était pas que vent.
-Je la retrouverai…
Il lui fallut peu de temps pour rejoindre les palais des Monts de l’Orgueil. Les lourdes portes du château s’ouvraient devant elle ne ralentissant pas sa marche en direction de l’infirmerie.
Alors qu’elle allait pénétrer dans la salle, un long hurlement creva l’espace. Le jeune Lys était encore en vie, mais pour combien de temps encore. Elle passa la porte presque en même temps que les invocateurs qui avaient été appelés à son chevet. Il jeta un regard sur le lit d’où sortait la tête du mourant. Il avait la pâleur de la lune qui se meurt dans l’ombre d’un nuage. Les chirurgiens achevaient leurs soins et le invocateurs s’apprêtaient à agir. Cassiopée s’approcha d’eux et dit d’une voix douce et assurée :
-Vous pouvez tous sortir, je m’occuperai de lui seule.
Comme les invocateurs la regardaient avec étonnement, elle répéta :
-Votre présence n’est pas souhaitable pour cet homme. Sortez.
Très vite, elle se retrouva seule au côté de Lys.
| |
| | | Sanz Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 1197 Age : 37 Date d'inscription : 26/08/2008
Personnages RP Pseudo: Hezeriel Shinobi ( I) Pseudo : Sanz Pseudo : Anwen
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Dim 19 Sep - 13:09 | |
| Sanz s'approcha lentement du corps étendu de Lys et déposant sa main sur son poignet il soupira.
Les invocateurs n'ont jamais été de trop. Je veux bien croire que leur science effraie, et qu'elle est un peu éloignée de la nôtre, mais enfin ils évitent bien des soucis comme de voir un idiot mourir à chaque fois qu'on le touche un peu. Tout en discutant il écarta le poignet de Lys pour l'approcher du bord du billard. Et puis leur apprentissage est suffisamment cher pour ne pas les amortir un jour où l'autre. Enfin..;visiblement il est décidé qu'on fasse autrement.
C'est au son de son dernier mot qu'il frappa brusquement l'homme évanoui d'un coup sec avec le pommeau de la dague. Un filet de sang s'écoula de son arcade brisée alors qu'un gémissement se fit entendre. Il reprenait légèrement conscience.
Tu loupes le plus beau moment de ta vie en gisant tel un mort. Réveille-toi...et écoute nous... . Ta vie d'humain et de voleur est terminée. Elle ne vaut rien sinon tous les charniers et tous les fossés portuaires de Galvorn. Nous aurions pu te laisser la bas à te vider de ton sang en attendant que le soleil se lève, nous aurions pu continuer nos chemins et te laisser crever, tu m'entends...? Tu me comprends, ce n'est plus l'heure de se plaindre, de s'évanouir, il va falloir tout comprendre, tout entendre, et voir surtout. Parce que c'est fini la vie simple d'escroc.
Un second coup vola qui lui frappa violemment la pommette droite. La voix du Prince s'accéléra
Réveille toi! Te rendors pas! Ecoute moi! Je vais te dire ce qu'il va se passer... . Tu vois cette dague, elle s'appelle Azräael ; dévoreuse de vie et d'âme elle déchire la matière, aspire le sang, ne laisse rien du vivant et cela fait horriblement mal, surtout si on ralentit le processus. Et le processus, je vais le ralentir... . Elle va lentement aspirer ton sang jusqu'à ta dernière goutte. Dans le même temps vidé, tes membres vont peu à peu se déchirer de l'intérieur, tout ton corps va se fissurer et tu ne ressentiras plus rien sinon une douleur insupportable dans laquelle tu ne pourras jamais... jamais t'en échapper. On ne s'évanouit pas, on ne meurt pas quand Azräael se nourrit. On subit seulement, et cela suffit. Efforce toi juste de ne pas terminer dingue. Cela peut arriver parfois... . Je sens déjà que tu me demandes ce que tu dois faire. Je ne sais pas moi...survivre? Ou mourir. Mourir vraiment en laissant ton corps se déchiqueter, éclater chaque organe et finir en poussière, en traînée de chair dans les rainures du billard. Tiens tu à ton corps?
ALors que sa voix s'étouffait dans un murmure, Sanz appliqua la lame au poignet et le lent processus d'absorption débuta. Tout en violant l'âme de Lys pour lui imprimer une dernière remarque le Prince déposa les trois balles extraites dans la main qu'Azräael dévorait.
Tu n'as pas le droit d'échouer.
Puis, se reculant il se retourna et prit le chemin de la sortie en claquant la porte derrière lui. Les invocateurs dans le couloir le regardèrent, mécontent d'avoir été appelés pour rien.
Messieurs, je suis navré, allons donc observer la mort de ce pauvre mortel dans vos sphèriers. Cela nous occupera le temps de son agonie. Je vous promet un beau et terrible spectacle.
Ensemble ils prirent le chemin des profondeurs, dans les appartement enterrés des Palais du Sang, où parfois s'échappait les hurlement des torturés et plus rarement des personnes enfermées dans les cellules, voisin des rats et des étranges monstres qui peuplaient les bas-fonds du Sang.
Dernière édition par Sanz le Lun 20 Sep - 18:58, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Dim 19 Sep - 17:31 | |
|
- Je sens déjà que tu me demandes ce que tu dois faire. Je ne sais pas moi... survivre ? Ou mourir. Mourir vraiment en laissant ton corps se déchiqueter, éclater chaque organe et finir en poussière, en traînée de chair dans les rainures du billard. Tiens-tu à ton corps ?
L'esprit de Lys avait été assez étriqué pour croire que la douleur qu'il subissait ne pouvait plus empirer. La morsure d'Azräael était si glaçée, en comparaison du feu déchaîné qui brûlait son corps, que Lys eut l'impression de ne plus sentir qu'elle, s'insinuant sournoisement dans son poignet.
La dague aspirait les forces vitales du jeune homme, son Sang. Le Prince régant avait exhorté Lys à rester éveillé, mais comment était-ce possible lorsqu'un tel monstre vous arrachait votre corps ? C'était une lutte perdue d'avance. Lys avait beau résister, il se sentait glisser vers Azräael, dont l'implacable froideur semblait inébranlable. Il avait franchi un seuil de douleur qui n'avait plus aucun sens, basculant au-delà de la souffrance elle-même. Et déjà le monde autour de lui tournoyait, se brouillant à mesure qu'il s'en éloignait.
Mais alors qu'il lâchait la dernière prise qui le maintenait à la réalité, un voix éraillée vint interrompre son naufrage, le retenant par un fil.
- Que fais-tu Lys ? Pourquoi continues-tu ainsi à t'enfoncer vers les ténèbres ? Cesse donc te contredire. Tu ne t'en souviens pas, mais je ne te demande pas de t'en souvenir, je te demande de savoir. Tu as fait ton choix, il te définit, il est irrévocable. Tu as décidé de préserver ton âme. de ne pas la laisser s'échapper vers la mort, où elle se serait définitivement évaporée, tu as décidé de la ramener vers le monde des vivants. La voie dans laquelle tu t'es engagé demande des sacrifices incommensurables, des choix cornéliens. Mais tu le sais, Lys, tu le sens, ce choix tu l'as déjà fait. Et tu étais pleinement conscient des conséquences qu'il entraînerait. Ne résiste pas à cette lame qui t'aspire inéluctablement. Laisse-toi aller. Elle est affamée et ne s'arrêtera qu'une fois que tu lui auras offert de quoi se rassasier. Tu veux protéger ton âme ? Alors offre ton corps à Azräael, c'est l'unique moyen de ne pas la laisser atteindre ton âme, qu'elle pervertirait à tout jamais, la souillant de son empreinte de mort.
Dernière édition par Kosmos le Lun 25 Oct - 0:06, édité 2 fois |
| | | Cassiopée Héliaste
Nombre de messages : 9868 Age : 66 Localisation : Les pieds sous l'eau, la tête au delà des étoiles. Date d'inscription : 05/01/2008
Personnages RP Pseudo: Cassiopée Pseudo : Maelun Pseudo : Lucia
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Lun 20 Sep - 22:03 | |
| Cassiopée restait seule dans l’infirmerie aux côtés de Lys qui pâlissait de seconde en seconde. Son corps arqué était tétanisé par la soif d’Azraëel qui absorbait lentement, si lentement sa vie. Elle posa un doigt léger sur la peau de l’homme et sentit le flux incessant du sang impur se diriger vers l’arme qui pompait a contrario du cœur. La peau commençait sa lente évolution, tableau de rainures parcheminées et racornies qui ne recouvrait plus qu’une chair à moitié sèche. Sa voix se fit douce et sucrée lorsqu’elle lui murmura à l’oreille :
- Laisse ta douleur te prendre. Ne lui résiste pas. Elle est le chemin qui te guidera vers l’oubli. Lui seul peut ouvrir la voie qui te mènera vers cet autre toi-même. Trouve celui que tu n’as jamais été. Libère ton âme du sang des impurs. Craquèle ce corps, cette inutile besace. Choisis ta voie, ne te trompe pas de route. L’excellence du Sang ne peut accepter l’impur. La seule pureté garantira l’équilibre des Forces.
Choisis ta voie, tu ne dois pas échouer.
Lys se ratatinait peu à peu, le corps à moitié déshydraté, il n’émettait plus un son. Il semblait pourtant tenir à sa jeune carcasse comme un nouveau né s’accroche au sein de sa mère. Le visage de Cassiopée s’illumina soudain ainsi qu’une étoile dans la nuit et dans sa main apparut une corne torsadée qu’elle s’apprêtait à enfoncer dans le cœur de l’homme pour lui vriller l’âme.
Mais son geste fut stoppé net par la voix d’Issac, contrebasse dans le noir.
-Attends !.... Il se passe quelque chose….
| |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Lun 20 Sep - 22:37 | |
|
Ce fut comme une libération. Comme si tous ses muscles, qu'il ne sentait pourtant plus depuis longtemps tant ils étaient noyés sous la douleur, se relâchaient au même moment, à l'unisson, s'abandonnant enfin à l'intrusion d'Azräael.
Qui de Lys, luttant pour protéger son corps, ou de Sanz, suivant la volonté du Sang, avait le plus ralenti le processus de nutrition de la dague ? Maintenant que le jeune homme avait lâché prise, laissant Azräel repartir de plus belle, sa souffrance s'était amoindrie. Mais guidée par sa faim vorace, la Dévoreuse jeta tout son dévolu sur le corps de Lys, qui était maintenant le seul à subir son courroux démentiel. Elle qui se nourrissait autant de vie que d'âme, cette fois, n'aurait en pâture que la chair du jeune homme, car son âme profita de ce bref répit pour se dégager, s'enfuyant vers un refuge d'où elle ne pourrait plus être délogée.
Dévoré par les crocs acérés d'Azraäel, le corps de Lys partait en lambeaux, brisé de part en part, déchiqueté sans merci. Il tombait en déliquescence, se renfermant sur lui même, tandis que la dague aspirait les dernières gouttes de Sang qui restaient en lui.
Durant tout le combat entre Azräael et Lys, celui-ci avait gardé le point fermé, comme si cela aurait pu l'aider à résister. Mais à présent que tout son corps s'effritait, ses doigts se déplièrent lentement, révélant les trois balles de métal qu'on lui avait retirées. Elles étaient devenues brûlantes. Elles fondaient dans sa paume et dissolvaient sa peau dans un léger sifflement. D'imperceptibles fumeroles se dégagèrent, et les balles semblèrent alors se désagréger pour s'élever dans les airs.
Il y eut soudain un déclic, dans le corps même de Lys qui commençait à disparaître, s'enfonçant dans le billard sur lequel il était allongé. Azräael senti cet infime soubresaut. Elle interrompit quelques secondes sa sanguinaire absorption et comprit ce qui se passait. La dissociation commençait. Ainsi une partie de son repas lui échappait.
Avec un incroyable lenteur, l'âme de Lys se détacha lentement de son enveloppe corporelle, qui n'était plus qu'un tas fumant et sanguinolent tant Azräael avait entamé sa chair. Les feux-follets tournoyants qu'étaient devenues Honneur, Fierté et Excellente s'élancèrent soudain dans une danse folle autour d'elle, cette sphère sans contenance qui diffusait une lumière éblouissante. Puis ils s'y mélèrent, se liant à elle et la guidant au travers de la voûte du plafond.
Dans la pièce, la pénombre retomba sur le visage de Cassiopée, qu'à présent seule la faible lueur émise par la lampe éclairait. Azräael avait achevé son repas. Sur le billard ne restait que des vêtements frippés et le pendentif d'ambre. Le corps de Lys s'était entièrement liquéfié, s'écoulant à terre et disparaissant dans les nervures du dallage.
Quant à son âme, elle poursuivait sa lente ascension, s'infiltrant dans les épaisses couches de granit et de glace de la montagne, pour émerger au-dessus des landes gelées qui miroitaient sous un astre rieur, et pour s'élever encore, plus haut que les pics enneigés, que les imposants remparts d'Echoriath se dessinant au loin, jusqu'à se marier avec les nuages cotonneux dans une parfaite symbiose.
Dernière édition par Kosmos le Lun 25 Oct - 0:06, édité 1 fois |
| | | Sanz Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 1197 Age : 37 Date d'inscription : 26/08/2008
Personnages RP Pseudo: Hezeriel Shinobi ( I) Pseudo : Sanz Pseudo : Anwen
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Lun 20 Sep - 23:54 | |
| Les Invocateurs regardaient avec envie la chair qui se consumait et l'abandon du corps. Addicts d'une faim qui les tiraillaient, ils auraient aimé être à la place d'Azräael. De leur sphérier le phénomène prenait des allures fantomatiques. Les étranges visions du corps qui se dissociaient laissaient paraître les complexes lien de l'âme et du corps, arrachées chacun par la faim dévorante de la lame. Et ces avec des yeux de vampires contemplateurs d'un miracle dont ils avaient pourtant occasionnellement l'habitude que les Invocateurs observait la scène. Sanz soupira. C'était pour ce genre de problème que ces techniciens du Sang, reconnu pour leur excellence dans les pratiques ritualites et les guérisons surprenantes étaient utile. Une âme sans corps devient un point de dispersion et si l'ancrage n'est pas fait rapidement, on peut dire adieu à deux semaines d'efforts et d'espoir : un investissement humain coûte toujours très cher. Il claqua ses bottes au sol pour activer tout le monde au travail.
Messieurs, c'est l'heure. Confinez son âme dans la cage.
Le tissage d'une cage essentielle était un long et douloureux travail. Il s'agissait de lier fil après fil une trame suffisamment dense pour contenir l'âme le temps qu'on lui retrouve un corps décent. Mais dans la globalité, le Prince était satisfait. Les rituels œuvraient sans accroc.
La porte qui s'ouvrit coupa court son analyse. Cassiopée lui ramenait sa lame avec précaution dans un drapé de pourpre. Il la reprit par la garde et ,invitant sa confrère à s'assoir quelque part, déposa l'arme au centre de la pièce sur le sol au sein d'un cercle gravé par des runes et des inscriptions ésotériques. Elevant les mains de la même façon que ses Invocateurs, tendant les paumes de ses mains vers le plafond, il ferma les yeux pour mieux sentir la chair consommée dans la lame ainsi que la moindre trace du Vivant. Ses membres se contractèrent et sur son visage les arabesques prirent une teinte rouge sombre. Lentement, d'une voix grave, il se mit a psalmodier ; dans l'air des sons lourds et obscurs résonnèrent autant que des multitudes, travaillant pour d'obscurs dessins durant de longues, longues heures. Sous le ciel froid et illuminé par la nuit pâle, des filament de lumière filaient comme des étoiles et étreignaient l'âme en fuite. Chaque film formait a mesure un cocon d'essence qui embrigadait la fugueuse et l'entraînait de nouveau dans les murs du Sang jusqu'à retrouver les sphériers brillants des Salles des Rituels. Dans l'ombre des murs, l'âme de Lys luttait contre la toile lumineuse comme pour s'envoler encore. Tout autour de Sanz, des étranges nuages écarlates se distinguaient de la chair qu'il extirpait d'Azräael.
Laissant échapper de ses lèvres un souffle lent, il murmura à l'âme affolée:
Je te rends ton corps, et je garde le sang. Que te servirait-il de tremper dans l'impureté malade des humains... ? N'est tu pas heureux de quitter un corps condamné, mortelle pensée d'un Dieu arrogant? Je te libère, Lys, et t'offre la plus pure des Existences. En notre Sang, reviens vers nous...
Et des longues trainées de sang s'infiltrèrent dans la bouche du Prince alors qu'il recomposait le corps de l'ancien voleur à ses pieds. De point en point il liait chaque poussière, suivant une hiérarchie complexe, étirant l'existant pour lui imprimer des formes ; il travaillait autant qu'un sculpteur, redéfinissant les courbures, arrachant à la lame avide le moindre degré de matière pour restituer dans les les flux de puissance un corps que l'on renommera Lys. Et durant d'interminable temps, l'oeuvre s'affinait, modelé par l'esprit et le Pouvoir du sang, contraint à des éreintantes métamorphoses jusqu'à retrouver enfin dans la tempête rageuse d'Azräel le corps retrouvé de l'Enfant . La finesse de ses traits renouvelés évoquait la lente résurrection de l'homme sous les signes d'une jeunesse immortelle. Se penchant vers Lys quand il eut enfin parachevé son travail en corrigeant quelque détails , il frôla la peau encore sèche pour en examiner la texte. Puis retirant les main, il tira de sa taille une dague si fine qu'elle semblait se confondre dans l'ombre. S'entaillant la paume d'un mouvement brusque, il versa une goutte de sang vers la gorge de Lys. Elle tomba lentement comme ralenti par quelque étrange courant avant de heurter les lèvres de l'Enfant et se répandit telle une semence contagieuse.
Une seule goutte. Reçois l'héritage de notre Sang et la Pureté de notre règne, jeune Enfant. Une seule goutte pour apprendre ce que tu dois comprendre des Langages du Sang. Plus te tuerait et moins ferait de toi un servile monstre assoiffé de chair et de sang... . Bientôt tes veines vont fleurir un nouveau flux, ton coeur va apprendre à battre et ton âme commandera à ton corps entier ta Puissance retrouvée. Mon Enfant... Retrouve le Vivant ; des Mondes décadents appelés à revivre, à respirer de nouveau l'air pur d'une Réalité... . Ecoute l'Harmonie...
Et ce fut sur la peau même de Lys que des arabesques se dessinaient, gravant la peau des symboles d'une Confrérie dévolue au Règne des Anciens Dieux, et que le Pouvoir du Sang venait irriguer, embrasant chaque fibre du Sang Pur. Même sans âme le corps semblait vivant, empreint, possédé par l'Appel qui noyait le corps dans sa course harmonique. La cage d'essence retenant son âme s'approcha du corps et le Prince Régnant souffla avec fatigue les derniers mots.
Retrouve le Vivant.
| |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Mar 21 Sep - 23:43 | |
|
Renaissance...
Avez-vous seulement idée de ce qu'un être éprouve lorsqu'il renaît, comme à l'aube de son existence ? La première bouffée d'air que Lys inspira lui brûla la gorge. Ses yeux mordorés qui ne s'étaient encore jamais ouverts furent éblouis par tant de lumière. Chaque pore de sa peau se dilatait au maximum pour s'ouvrir au monde. Et dans son corps, son coeur se mit lentement à battre, expulsant le flux de la vie dans ses artères, irriguant ses muscles sous l'impulsion de l'Harmonie. Le Vivant libérait une place en son sein pour un homme nouveau, une création créatrice qui déjà façonnait à sa manière la Réalité.
Tout en décrivant des gestes circulaires, Lys observa ses mains et ses bras marqués d'arabesques mystérieuses qu'à sa grande surprise il comprenait. Il ne restait plus aucune entaille, plus aucune blessure, tout avait disparu. Lys fit quelque pas, s'émerveillant devant la vigueur de son corps. Ses traits resplendissaient de jeunesse, comme lavés du poids des souffrances passées. Pourtant ses souvenirs étaient intacts. Ils se mêlaient à ceux des Anciens Dieux que le sang de Sanz avait introduits. D'un air soudain contrarié, Lys jeta tout autour de lui un regard que Cassiopée interpréta aussitôt. Elle lui tendit une petite lanière de cuir à laquelle était accrochée une pierre d'ambre.
- C'est ton pendentif que tu cherches ? lui dit-elle en souriant.
Lys s'en empara, la remerciant d'un légère inclinaison de la tête, puis le passa autour de son cou. Il ferma ses yeux afin d'invoquer Yuki à ses côtés. Mais tout à coup, il fut secoué d'un violent sursaut et plongea sa tête entre ses mains. Il se tortilla sur place, comme possédé, assailli de flashes dénués de sens. La nuit noire... Des murs recouverts de crasse... Galvorn... Et des éclats de voix résonnèrent dans son crâne, graves tout d'abord, puis plus distants, plus saccadés, des pleurs peut-être...
Sanz et Cassiopée observaient le jeune homme sans bouger, intrigués par ce qui se passait. Lorsque Lys rouvrit enfin les yeux, l'air étourdi, ses bribes de visions s'estompèrent. Et c'est presque un regard réprobateur qu'il jeta sur Sanz tout en prenant la parole, faisant vibrer pour la première fois ses nouvelles cordes vocales :
- Le lien qui m'unissait à mon pendentif s'est rompu maintenant que je suis devenu Enfant du Sang. Mon dernier héritage personnel s'est effacé au moment où la mémoire des Anciens Dieux m'a envahi.
- Ne réalises-tu donc pas que les horizons qui s'ouvrent à toi grâce au Sang sont infiniment plus vastes ? rétorqua la Prince d'un ton sec. Ressens son Pouvoir qui afflue dans tes veines. Ecoute l'Appel qui vibre dans ton être. Il est ton unique voie désormais.
- Là n'est pas la question. Je suis définitivement affilié au Sang, cela ne souffre aucune contradiction. Je suis fait de ses essences et l'Harmonie chante en moi. Mais Yuki n'était pas qu'une simple entité contenue dans un pendentif, destinée à m'aider quand je le réclamais. Lui et moi nous coexistons, l'un avec l'autre. Tant que je ne pourrai pas le libérer de sa prison d'ambre, il demeurera en moi une part de vide que rien ne saurait combler. Si l'un de nous deux ne peut vivre, l'autre est irrémédiablement affaibli, amputé.
- Et par quel moyen comptes-tu lier ce pendentif au nouvel être que tu es devenu ? intervint Cassiopée.
- La magie qui le compose est ancienne et j'ignore tout de son fonctionnement. Cependant il est mon héritage, une part de mon identité. Et il y a une chose que je dois inévitablement accomplir si je veux trouver mon équilibre intérieur : remonter mes origines. C'est parmi elles que se trouvent les réponses.
Dernière édition par Kosmos le Ven 22 Avr - 10:34, édité 3 fois |
| | | Cassiopée Héliaste
Nombre de messages : 9868 Age : 66 Localisation : Les pieds sous l'eau, la tête au delà des étoiles. Date d'inscription : 05/01/2008
Personnages RP Pseudo: Cassiopée Pseudo : Maelun Pseudo : Lucia
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Dim 26 Sep - 15:33 | |
| Cassiopée n’avait pas pu agir. Il était déjà trop tard. Les crocs acérés d’Azraaël s’étaient nourris jusqu’à plus soif du sang du jeune voleur et seule la décision d’abandonner son corps avait permis à Lys de sauver son âme. Cassiopée regardait avec effroi le corps étendu devant elle partir en déliquescence sans pouvoir arrêter le phénomène et sans être à même d’agir pour sauver cet être de la puissance de l’arme. Elle avait perçu l’extrême changement qui avait détaché l’âme de Lys de sa chair. Elle l’avait sentie s’élever lentement au-delà des tours, vers les cieux où sans doute elle se perdrait à tout jamais.
-Nous ne pouvons plus rien pour lui. Avait soupiré Issac. Seule une volonté dont la Force équivaudrait à des milliers pourrait le mener vers nous. Mais quel dieu pourrait porter son regard vers lui ?
-Il faut que Sanz agisse. Il est le seul capable de modifier ce qu’il a entrepris. Lui seul conserve en lui des milliers d’âmes.
Elle ramassa avec une infinie précaution Azraaël. Prenant soin de ne pas toucher le sang qui la recouvrait, elle l’enveloppa dans un linge qui s’empourpra à son contact. Puis, elle se glissa tel un fantôme airant vers les profondeurs où se tenait le prince régnant.
Alors que Cassiopée s’épuisait à appeler de l’aide, Sanz veillait au fond des palais.
Quand il reçut l’arme, Cassiopée sut qu’il connaissait ce qu’il avait à faire. Et Sanz agit. Il réussit l’exploit jamais encore égalé par un être vivant de modeler le corps de Lys telle qu’était son âme. Elle observait le moindre de ses gestes, mesurant tout sa puissance.
Mais soudain, elle porta les mains à son visage en retenant un cri d’effroi. Sanz s’apprêtait à verser une goutte de son propre sang sur le jeune modelé qu’il venait de ressusciter et elle savait que Lys ne pourrait jamais supporter le poids des Héritages, que son âme en deviendrait folle et pouvait fuir à tout jamais.
-Retrouve le Vivant.
Les mots avaient été dits et Cassiopée savait ce qu’il lui restait à faire. La fraîcheur de Lys ne survivrait pas longtemps à la pourriture des combats ancestraux. Elle était la protectrice du Sang, celle qui le nourrissait de son propre sang. Et si Sanz portait en lui ce même sang pur, il était aujourd’hui alourdi de trop de ravages pour qu’une âme fraîche comme celle de Lys puisse y survivre. Bien-sûr Lys n’avait pas fini son initiation, mais celle que prévoyait Sanz le tuerait. Si elle voulait qu’un jour ce jeune homme plein de promesses entre dans la confrérie, elle devait purifier le sang qui circulait à présent dans son corps. Les hommes capables de supporter leurs valeurs étaient devenus rares au moment crucial où l’Avenir du Vivant était en jeu.
-Tu n’aurais jamais dû faire cela Sanz… Jamais le Sang des Héritages ne doit se mêler au Sang pur sans posséder le pouvoir des âmes que tu portes en toi. Cette puissance le perdra.
Le Prince Régnant connaissait l’étendue de son pouvoir.
Aussi Cassiopée s’approcha du corps dont les lignes rappelaient celles de Lys, mais avec une vigueur marquée par les tensions des muscles et la perfection des traits. Sa beauté était incomparable.
Pour réussir à rendre le sang de Lys aussi pur que le sien, Cassiopée devait extraire son inverse Issac, afin de laisser apparaître Epoé la purificatrice. Epoé était cette autre partie d’elle-même, celle qui préservait à toutes fins la continuité du Sang, celle qui apparaissait aux yeux du monde sous le masque d’une licorne au sang si pur qu’elle en était la gardienne.
Cassiopée se constella d’une myriade d’étoiles qui se mirent à tournoyer, l’enveloppant d’une longue spirale dans laquelle, elle s’évanouit peu à peu pour disparaître complètement. L’une d’elle se mit à briller avec une telle force que son éclat baigna la pièce dans une lumière aveuglante jusqu’à envahir tout l’espace.
Le temps semblait s’être arrêté.
Seul était perceptible le corps d’un homme allongé dans un bain lumineux, immobile et figé.
Soudain, une forme argentée se matérialisa peu à peu dans ce décor extrait du temps. La grâce et l’envoûtement berçaient les traits de la silhouette équestre marquée d’une longue corne étincelante au sommet de son front.
Epoé toucha de sa corne le cœur de l’être allongé dans le plus complet abandon.
-Par mon sang je te touche lys, par mon sang qui est le Souffle du Sang, je te purifie et t’offre le choix de vivre.
Le sein de Lys se mit à luire, et là on battait son cœur, la lumière déversa de longs fils écarlates qui s’étendirent, s’allongèrent en multipliant les confluences pour former un vaste réseau luminescent qui parcourait son corps tout entier.
-Ton sang ne supportera plus le souvenir des ancêtres morts dans le plus grand des carnages. Mais en échange tu me devras une vie. Rappelle-toi de ceci.
Alors, le temps sembla faire marche arrière et la magie du moment se rétracta peu à peu, ne laissant dans la pièce que Cassiopée au pied du corps de Lys, entouré par des invocateurs et de Sanz qui recouvrait la scène de son regard sans fond.
-Ton sang est digne du Sang, Lys, mais toi, tu n’en es pas encore méritant. Il te faut encore trouver la voix qui te mènera vers nous.
Dernière édition par Cassiopée le Dim 26 Sep - 20:03, édité 3 fois | |
| | | Sanz Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 1197 Age : 37 Date d'inscription : 26/08/2008
Personnages RP Pseudo: Hezeriel Shinobi ( I) Pseudo : Sanz Pseudo : Anwen
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Dim 26 Sep - 15:56 | |
| Sanz restait immobile, le visage émacié par la fatigue. Accueillant d'un regard différent Epoé il ramassa son arme et la confina dans son fourreau puis demanda aux invocateurs de se disperser. Sa voix porta fragile mais certaine.
Au moins sait-il, mordu ne serait-ce qu'une seconde par l'Héritage, ce qui l'attend et ce pourquoi il a signé ici. Maintenant, il va devoir comprendre ce qu'il est devenu. Espérons qu'il survive. Er'shi, emmène le dans les geôles.
Un homme s'approcha le front marqué du Symbole de Shyon , ses maigres habits se bornaient à ressembler à des treilles qui le recouvrait serti d'un pendentif opalescent. Sur toute sa peau des signes rouges pulsaient en même temps que sa respiration donnant l'impression qu'il était recouvert de symboles grouillants comme une marée sur son corps. Il empoigne de ses bras puissants Lys pour le placer sur son dos et suivit lentement le Prince qui quittait la Salle des Invocations.
Dans les dédales menant toujours plus profond les pas de la procession étaient silencieux, évoluant dans l'ombre, éclairé parfois par des rares torches murales. Quand ils touchèrent les grilles des cachots, Sanz glissa une clef dans la serrure, la porte grinça légèrement en s'ouvrant. Il passa en ignorant l'ombre de la Myr toujours enfermée puis désigna une cellule ouverte. Er'shi déposa délicatement le corps puis sorti en refermant soigneusement derrière lui. Un clic résonna dans les bas fonds. Avant de se retirer Sanz murmura:
Qu'on le laisser jeuner pendant une semaine entière: ni eau ni pain, et qu'il ne reçoive aucune visite en dehors de celle de Cassiopée où de la mienne. Relevez simplement s'il crie, s'il se plaint ou tout autre réprobation. Il recevra autant de fouet qu'on l'entendra pendant cette semaine. Est-ce bien clair?
Des murmures d'assentiment se firent entendre puis les pas s'éloignèrent et le silence s'imposa lourdement. Dans les Montagnes blanches, le soleil se levait à peine. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Mar 28 Sep - 18:20 | |
|
Lys s'adossa contre le mur humide de la cellule, pestant intérieurement contre le Prince Régnant. Celui-ci avait vu tant d'horreurs, subi tant de revers, qu'il perdait de plus en plus la notion de la réalité. Il s'en détachait, s'éloignant de cette humanité qu'il aspirait pourtant tellement à retrouver. Le poids de l'héritage des Anciens Dieux qu'il portait sur ses épaules depuis si longtemps ne pouvait qu'empirer les choses. Une âme morcelée en plusieurs entités. Un corps torturé, rongé par le Sang, dans un esprit torturé.
Ainsi Sanz soumettait le jeune immortel au supplice de Tantale. Lys tenait à lui montrer qu'il était capable de souffrir sans se plaindre. Mais évidemment, une fois de plus naïf face à la complexité de cette magie ancestrale, il se trompait. Ce ne fut pas la soif ni la faim qui vinrent le harceler, mais le manque. Le manque de Sang. L'intervention d'Epoé avait permis de chasser toutes les images macabres qui commençaient à s'insinuer dans son esprit et qui, à long terme, l'auraient fait sombrer dans la folie. Mais le sang purifié n'avait n'avait pas les même caractéristiques que le Sang divin. La maigre goutte que Lys avait reçue se tarissait.
La première journée dans sa cellule exigüe passa sans encombre, uniquement rythmée par l'ennui et le va-et-vient continuel de ses pensées. Lys réalisait peu à peu que l'opposition de Cassiopée au Prince Régnant à travers Epoé ne serait pas sans contrepartie. Il avait contracté une dette éternelle que la dragonnière ne manquerait pas de lui rappeler, en temps voulu.
Ce fut le second jour que les premiers effets apparurent, diffus tout d'abord, puis de plus en plus intrusifs. C'était une sensation complètement inconnue pour le jeune homme. Son cerveau réclamait du Sang, comme il l'aurait fait pour de la nourriture ou de l'eau, mais d'un autre côté les signaux qu'ils émettait s'affaiblissaient, parvenant de moins en moins à circuler.
Lorsqu'au matin du troisième jour, son cerveau se décide à tirer la sellette d'alarme, propageant dans le moindre de ses membres une atroce douleur pour qu'il daigne se mettre en quête de la moindre trace de ce Sang, de cette présence vitale qui résidait en chaque être et sans laquelle il dépérissait. Sa volonté luttait contre cette dépendance qu'il ne pouvait assouvir. L'éternel affrontement de l'esprit contre le corps reprenait.
Lys craqua le quatrième jour. Il était épuisé de ce combat voué à l'échec et du manque de sommeil, qu'il était impossible de trouver dans ces geôles où de terribles cris retentissaient à longueur de temps. Amplifié par la faim et la soif, l'assèchement de son corps lui arracha des hurlements déchirants qui se mêlèrent en résonnant à la plainte bruyante et lancinante des torturés. Lys avait l'impression que ses cris émanaient d'un autre corps que le sien, poussés par une autre personne. Il se voyait gémir et se tordre de douleur comme s'il était témoin de la scène, distant, détaché, obnubilé par un unique besoin.
Le cinquième jour, Sanz vint lui rendre visite. C'est à peine si Lys le reconnut. Le Prince resta des heures durant, immobile, debout devant la grille, sans esquisser la plus infime des réactions devant le regard implorant du prisonnier. Il resta aussi silencieux qu'une pierre tombale et ce n'est qu'au moment où il se décida à partir qu'il lâcha d'un ton froid, las et dénué de toute émotion :
- Maintenant que tu en as tant besoin, peut-être comprends-tu véritablement ce que représente le Sang ? Ce qu'il est ?
Le sixième jour, Lys n'était plus que l'ombre de lui-même. Le visage si parfait qui lui avait été offert s'était affaissé et transpirait de souffrance. Partout sa peau s'était craquelée. Ses veines, ses artères et ses muscles étaient d'une sècheresse incomparable. Ne restait plus de lui qu'un être de porcelaine qu'une simple bourrasque pouvait renverser et briser en mille éclats. Et pourtant, au plus profond de lui, tout lui apparaissait désormais avec clairvoyance. Le Sang s'imprégnait peu à peu, l'Harmonie qu'il était imprimait son identité. Souffle du Vivant. Pilier de la Réalité. Spirale tournoyante que chacun percevait, ressentait et écoutait sans vraiment s'en rendre compte.
Dernière édition par Kosmos le Lun 25 Oct - 0:12, édité 3 fois |
| | | Sanz Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 1197 Age : 37 Date d'inscription : 26/08/2008
Personnages RP Pseudo: Hezeriel Shinobi ( I) Pseudo : Sanz Pseudo : Anwen
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Dim 10 Oct - 21:08 | |
| Les pas du Prince résonnaient dans les longs couloirs menant au cachot. Il prit le temps de venir, scrutant les cellules contenant chacune l'ombre d'un corps, le résultat de longues années sans voir le jour. Indifférent de l'air fétide et malade tant ses sens se taisaient au fur et à mesure il héla le gardien pour obtenir une opinion du dernier prisonnier. Une voix basse lui résuma l'inanité de Lys. Il était probablement à bout. Sanz secoua la tête puis s'approcha de l'espace ou l'ancien voleur gisait, le corps décharné et le souffle rauque. Un moment il l'observa comme s'il désirait retenir chaque détail de la scène qu'il connaissait pourtant. Puis sa main poussa la porte ouverte et il s'approcha de lui en s'agenouillant. Derrière lui dans son ombre, il sentait Cassiopée qui scrutait son attitude. Il commenta sa présence dans un murmure:
Un jour il faudra si oui où non ce sang doit être purifié. Visiblement l'acte en lui même ne l'empêche pas de se décomposer pitoyablement. Je suppose que tu sais ce que tu fais.
Il resta une journée entière a se tenir près du corps qu'il avait construit lui même le temps que Lys apprenne du Sang son rôle et son Histoire.
Puis, semblant comme satisfait, il soupira et commanda qu'on traîne le corps dans l'espace central des geôles ou se tenait des longues chaînes. On écarta les membres de Lys afin qu'il fut placé en étoile suspendu au milieu de la salle puis Sanz s'approcha sortant Azräael du fourreau. La lame du Prince s'affina peu à peu pour devenir dans sa main un long fouet nimbé de lumière. Au même moment, alors qu'il se plaçait dans son dos, les Hauts Membres de la Confrérie pénétrèrent dans l'espace et tirant leur arme de leur ceinture firent un cercle parfait autour de Lys. La voix du Prince résonna tel un sermon tandis que chacun armait son bras.
Un et Tous. Nous percevons l'autre, le connaissons et par son Sang nous le savons notre Frère et notre Puissance. Car chacun a goûté l'âme de chacun, et ensemble ils ont bu à la même source le Pouvoir qui nous protège et que nous servons. Nous versons chaque jour notre âme vers Tous, et Tous nous le rend en chacun. Si proche d'être tel que nous sommes, et pourtant encore seulement un corps vide... . Nous nous nourrirons de ta chair, de tes souvenirs, de ta mémoire jusqu'à ce que tu nous résistes chacun en trouvant enfin de quoi t'emplir.
Et pendant qu'il prédisait, les armes des Confrères se mirent en branle et chacune vint arracher des lambeaux à Lys. Dans le rythme des coups les paroles tonnaient et recueillaient l'effroyable scène dans un rituel sanguin. Sous les coups, le corps s'affaissait et lourd héritage de l'immortalité, la mort lui aurait semblait douce et apaisante. Sanz continuait inlassablement de faire claquer son fouet tout en continuant de réciter.
Puisse tu dans le martèlement de nos coups retrouver ce que tu as perdu. Dépossédé de ta chair, de ta conscience, crois tu pouvoir enfin comprendre et naître dans les flux de l'Harmonie. Tel que nous avons procédé, retrouve ton inverse, ce qui est au delà, en toi la vraie Puissance et le vrai Pouvoir et quand alors enfin tu l'auras touché, reviens nous pour nous le présenter. Nous ne sommes pas que des Humains mais héritons de plus encore, héritons d'Empires et de Pensées divines qu'en chacun de nous avons éprouvé pour être enfin Soi, complètement. Découvre dans le morcellement final de ton être, pendant que nous déchirons cette chair que j'ai formé autour de ton âme, le Néant et la vraie valeur du Vivant. Longtemps caché, ton Origine est au delà du réel.
Les lames semblèrent soudainement se taire au dernier mot. Celle du Prince se reforma tandis qu'il arma une dernière fois son bras et transperça d'un trait puissant le corps.
les Immortels ne savent pas mourir mais ils peuvent s'oublier au delà du réel, peuvent se perdre et ne jamais revenir ; les limbes sont la Mort de l'Immortel et cela arrive bien vite. Retrouve nous, ou disparais. Retrouve, une nouvelle fois, le Vivant.
| |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Mer 13 Oct - 0:50 | |
|
L'enveloppe de chair qui durant à peine une semaine avait fait office de corps à Lys n'était plus qu'une masse ensanglantée sur laquelle les Hauts Membres de la Confrérie s'acharnaient. Lys, lui, était reparti une fois de plus dans les Limbes. Il avançait tout droit dans les ténèbres, en quête de cette entité que les autres appelaient son Inverse. Il marchait sur un sol sans consistance nappé de brumes noires.
Quand il parvint enfin aux portes du Néant, le brouillard qui l'enveloppait se dissipa, révélant le paysage alentour. Il était juché sur un promontoire de roches sombres, perdu au milieu d'un lac de Sang. Au loin, des cataractes titanesques déversaient leurs flots pourpres en rugissant. Les vagues ensanglantées se brisaient sans relâche sur l'inviolable bastion rocheux.
Lys fut soudain happé par un tourbillon de vents obscurs. Il eut l'impression d'être tiré en avant alors qu'il ne bougeait plus, comme s'il était extrait de lui-même par une force inconnue. Après quelques instants passés à se débattre en vain, il se retourna et il se vit, loin derrière, dans son propre sillage, toujours debout au milieu du Sang. C'était comme dans un rêve où il se voyait penser et agir de l'extérieur. En s'aventurant dans les méandres du Néant, guidé par l'Harmonie, il avait acquis un point de vue absolu. Il pouvait désormais englober toute la complexité de l'être qu'il était. Il redécouvrait ses forces et ses faiblesses. Il discernait chacun des atomes qui le constituaient, vibrant à l'unisson.
Un geyser éclata soudain, projetant une fontaine de Sang jusque devant lui. Une pierre d'ambre en émergea, si grosse qu'elle obstruait complètement sa vue. A travers les alvéoves de la pierre, l'autre lui-même, toujours perché sur le rocher, apparut sous un nouveau jour. Il n'était plus qu'une ombre. Les atomes dont il était constitué continuaient à vibrer dans un rythme parfait, mais de façon différente, à l'encontre du chant de l'Harmonie. Ses forces et ses faiblesses s'étaient interchangées. Tout était contraire.
Prenant du recul, Lys observa avec attention le visage de son double négatif. Il le reconnut aussitôt. Plus aucun cheveu blanc, plus aucune ride, mais l'aura qu'il dégageait était beaucoup trop singulière pour qu'il ne s'en souvienne pas. Tout un pan de sa mémoire se débloqua. Cet être était déjà apparu dans ses songes, la première fois qu'il s'était enfoncé dans les limbes, sous la forme d'un vieillard, dans un cadre bien plus paisible. Cette fois, dans la lueur rougeoyante des cascades, il semblait beaucoup plus jeune.
- Encore vous...
- Ainsi tu es revenu me voir, Lys. Louable insistance. A moins que ce ne soit les gens qui t'accompagnent qui t'exhortent à chercher au plus profond de toi. Le Sang chante tout autour de nous. Le Prince Régnant et ses confères t'ont donc aidé à me retrouver.
- Vous êtes le dernier obstacle à mes réponses intérieures.
- Non, Lys, je ne suis pas un obstacle. Toutes les réponses que tu cherches sont contenues en moi. J'en suis l'essence même.
- Qui êtes-vous ?
- Eternelle question...
Sans ajouter un mot, il s'éleva lentement dans les airs. Il vint presque se coller à l'ambre, au travers de laquelle Lys continuait à le dévisager.
- Suis-moi, ajouta-t-il en tendant sa main.
Lys l'attrapa et tout vacilla. Des flashes étonnament connus lui revirent. La nuit noire... Des murs recouverts de crasse... Galvorn... Et des éclats de voix résonnèrent dans son crâne, graves tout d'abord, puis plus distants, plus saccadés, des pleurs peut-être... Il avait eu la même vision en saisissant son pendentif, quand il était revenu parmi les vivants, dans le corps de substitution que Sanz lui avait offert.
Cette fois, la vision était beaucoup plus précise. Sans y être physiquement, il assistait à une scène dont son double négatif était le principal acteur. Celui-ci était drappé d'un voile de soie noir, presque invisible au coeur de la nuit. Une femme gisait à ses pied, recroquevillée, terrifiée, l'implorant du regard. Mais il se moquait éperduement de ce quelle pouvait ressentir. Il se livrait à un étrange rituel, disposant méthodiquement des pétales noirs dans la pièce délabrée, allumant des cierges, traçant à la craie blanche de mystérieuses arabesques sur le plancher.
Une fois tout en place, il se plaça devant la femme et se concentra intensément. Les maigres flammes autour de lui vacillèrent. Les pétales virevoltèrent, soulevés par un souffle venu d'outre-tombe. L'homme s'agenouilla, dégaina une dague à la lame effilée et sans l'ombre d'une hésitation l'abattit sur l'abdomen de sa victime. Une intense lumière éclaira la scène, révélant le visage de la femme. Lys put ainsi la reconnaître. Il poussa un cri d'impuissance qui vint se mêler aux hurlements de celle-ci : c'était sa mère.
Tout devint flou. Le temps que Lys cligne des yeux et il était de retour au milieu des cascades de Sang. L'ambre avait disparu, pourtant il voyait son double comme s'il regardait à travers elle.
- Commences-tu à comprendre qui je suis ? lui demanda ce dernier.
- Vous étiez un être de chair et de sang. Et vous avez tué ma mère !
- Tu te trompes. Ce n'est pas ce soir là qu'elle est morte. La scène à laquelle tu viens d'assister est un de mes souvenirs les plus importants. Elle s'est déroulée neuf mois avant ta naissance.
- Vous voulez dire que...
- Oui. Ne te l'avais-je pas dit ? La réponse était dans tes origines, depuis le début. J'ai vécu dans la même Réalité que toi. Moi aussi je m'étais mis en quête de mon Inverse. J'avais d'ailleurs fini par le trouver.
- Grâce au Sang ?
- Non. Grâce à une autre Harmonie : la Connaissance. Seulement je ne me suis pas arrêté là, j'ai voulu aller encore plus loin. J'ai tenté de transcender mon Inverse. J'ai voulu le détacher de son plan d'existence et le ramener dans la Réalité, pour en faire un être indépendant. Le rituel que tu viens d'observer était destiné à ce but. Il est désormais temps de répondre à ta question. Je suis Yuki. Mon Inverse se manifestait sous la forme d'un singe, tantôt ouistiti, tantôt gorille. Il s'appelait Lys. Et lorsque tu es né, j'ai compris qu'enfin j'avais réussi. N'était-ce pas fabuleux ?
Lys mit du temps avant d'assimiler cette terrible révélation. Il n'arrivait même pas à s'imaginer qu'il avait été conçu au-delà de la Réalité.
- Que s'est-il passé ensuite ? articula-t-il finalement.
- Deux êtres indépendants parfaitement opposés. Des jumeaux en négatif. C'était une incohérence au sein même de la Réalité. La nature hait la perfection. Cette double existence provoquait un paradoxe qu'elle a aussitôt fait éclater. A mesure que tu grandissais, je dépérissais. Mon unique échappatoire était de te passer le flambeau. J'ai mis dix longue années pour fabriquer ce pendentif d'ambre que tu connais si bien. Je l'ai fait parvenir jusqu'à toi et j'ai enfermé mon être à l'intérieur, sous la forme d'un singe, comme l'était mon propre Inverse, toi, avant que te dénature.
- Donc aujourd'hui les rôles sont échangés.
- Je suis ton Inverse, Lys, comme tu as été le mien. Je suis là devant toi, flottant dans le Néant. Je te guiderai vers mon passé, qui sera désormais ton passé. Je t'apporterai l'équilibre auquel tu aspires.
- Yuki...
- Il est maintenant temps pour toi de renaître, enfin, sans artifice, tel que tu es, tel que j'ai été. Ecoute le Sang. Plonge dedans. Laisse-le s'infiltrer en toi, en nous. Il nous forgera un corps, un esprit et une âme. Nous serons de nouveau liés.
Lys se sentit tomber à la renverse. Il creva la surface du lac ensanglanté qui l'engloutit aussitôt. Le retour vers le Vivant dura l'espace d'un éclair.
Dans les geôles humides des Palais du Sang, Sanz et les Hauts Membres de la Confrérie purent assister à la résurrection de Lys. Une lumière aveuglante inonda la salle. Au milieu de la ronde, les lambeaux de chairs s'animaient. Sous des éclaboussures de sang, les tissus se raccordèrent, les os se reformèrent, la nerf se reconnectèrent. Et enfin Lys réapparut aux yeux de tous, en apparence tel qu'il avait toujours été, mais intérieurement complètement changé : il avait trouvé l'équilibre.
Le jeune homme saisit alors son pendentif, qui s'était rematérialisé comme par enchantement autour de son coup, et surgissant d'une volute de fumée brune, son singe apparut.
- Je vous présente mon Inverse, dit Lys. Yuki.
Dernière édition par Kosmos le Ven 22 Avr - 10:37, édité 4 fois |
| | | Cassiopée Héliaste
Nombre de messages : 9868 Age : 66 Localisation : Les pieds sous l'eau, la tête au delà des étoiles. Date d'inscription : 05/01/2008
Personnages RP Pseudo: Cassiopée Pseudo : Maelun Pseudo : Lucia
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Mar 19 Oct - 0:28 | |
| Les hauts seigneurs tailladaient le corps de Lys avec application. Ils le zébraient de mille entailles qui n’avaient d’autre but que de libérer le Sang afin que son flot guide l’initié dans les profondeurs de son être. Chacune des lames composait le trait de jonction qui les reliait en un même ensemble qui passait par la chair de Lys pour mieux toucher son âme. Cassiopée ne détenait pas d’arme pour percer l’individu au-delà de lui-même, mais son propre corps s’habillait du sang de l’homme. Il suintait de chacune de ses blessures ou jaillissait des artères tranchées en bouillonnant et se dirigeait irrémédiablement vers la Protectrice du Sang en un flot continu. Le sang lui revenait, la recouvrant d’un voile opaque est rouge qui la couvrait d’un masque rouge et teintait ses cheveux autant que sa peau avant de se verser dans la corne qu’elle tenait en main. La longue corne effilée reposait la pointe posée au sol et venait toucher son cœur. La course du sang de Lys venait se jeter dans ce cône d’abondance qui se remplissait sans fin. Lorsqu’il sembla être plein, Cassiopée y trempa ses lèvres et chacun des confrères vint satisfaire au besoin du Sang.
Ainsi que l’avait assuré Sanz, Cassiopée répéta ses paroles qui intronisait Lys dans l’Univers si exigeant des hauts Seigneurs de la Confrérie du Sang :
-Un et Tous. Nous percevons l'autre, le connaissons et par son Sang nous le savons notre Frère et notre Puissance.
La corne se mit alors à vibrer, assourdissant l’espace d’un son grave et sourd. Puis la corne sembla exploser, répandant dans la pièce une Lumière blanche et crue qui s’intensifia au point que tous durent fermer les yeux pour ne pas être aveuglés par son éclat trop violent pour l’humain. Quand Cassiopée put ouvrir à nouveau les yeux, Lys se tenait fier et droit au milieu d’un halo de clarté. Il paraissait demeurer debout sur une aube. A l’aurore d’une nouvelle vie, il leur présentait son inverse Yuki avec l’orgueil du Valeureux qui revient de ses combats, une immense victoire placardée à l’âme. Du rang des Hauts Seigneurs qui se tenaient en couronne autour de lui, s’éleva une clameur de joie et tous se précipitèrent sur lui pour le congratuler et le serrer dans leur bras.
| |
| | | Sanz Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 1197 Age : 37 Date d'inscription : 26/08/2008
Personnages RP Pseudo: Hezeriel Shinobi ( I) Pseudo : Sanz Pseudo : Anwen
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] Mar 26 Oct - 20:03 | |
| On congratulait, on félicitait, on reconnaissait. Et dans les grandes fastes qui nourrissaient le nouveau né de rêves, le visage impassible du Prince faisait figure de particularité neutre, sans vie, au sein du grand chaos. Il scinda la foule amassée autour du valeureux pour s'éloigner, remontant vers la surface. Dans son passage ses yeux sombres jetèrent un unique regard vers Cassiopée puis s'effacèrent au fond du remugle telle une parole silencieuse. Quand le bruit sec de ses pas se fut effacé de la scène, quand les portes se refermèrent lourdement derrière lui, cédant à l'ombre l'humidité des pierres pour retrouver le froid et la neige, les tentures gelées et les feux doux, quand l'atmosphère se métamorphosa, le Prince resta insensible et gagna les escaliers qui menaient à la Salle basse, celle réservée pour le Conseil et les convocations cérémonielles. Dans sa course, les étoiles se découvraient.
C'était la nuit déjà. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] | |
| |
| | | | [Conf. Sang ]l'Etranger Lys [ Histoire du Sang] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|