[Conf. Sang ]RP des Origines: l'Heritage [ Histoire du Sang ]

Issac se laissait porter par la chaleur mordante qui l’emportait lentement vers le Convent. Il laissait le courroux s’apaiser au contact rugueux de la roche.
Survolant la ligne de faîte soufflée par les amas volcaniques, il pouvait libérer la rage que lui procurait l’arrogance humaine autant que celle des anges. Autour de lui, la désolation d’un paysage ravagé par le feu de la Terre se muait en un nuage chargé de fumées et de scories rougeoyantes.

Le Garde-Vent dégagea un passage pour que les amas de cendres ne l’effleurent pas.
Son aspect avait pris la couleur mat de l’or sombre, forme draconique incertaine soutenue par les Vents. Mais son souffle puissant se redressa au moment de passer le seuil du Sanctuaire.

La roche sculptée par le feu des entrailles laissaient apercevoir de hautes silhouettes au travers du brouillard qui se faisait de plus en plus dense.
Chauffée par le sol, les figures aux couleurs de braises, semblaient se mouvoir et tendre leurs longs cous vers le nouveau venu.
Bientôt, Issac circula entre deux colonnes de gardiens de pierre dont la lave s’apprêtait à être crachée vers le visiteur. Mais le gardien des Vents ne les voyait pas. Ses pensées, entièrement tournées vers la sollicitation de l’Ange-Prophète ne prenaient garde à ce chemin déjà parcouru.

S’arrêtant devant une cloison rocheuse dont les sommets sans limite se perdaient dans les cieux, il prononça d’une voix sourde les mots qui déchirèrent la paroi pour libérer un flot lumineux.

Issac pénétra dans la faille ouverte. La lumière bleutée nimba immédiatement le Gardien-Vent.
Sous le masque rayonnant, sa silhouette affirma la taille de son cou et chaque écaille qui recouvrait sa peau. Il déploya d’un geste frondeur ses grandes ailes qui s’étaient teintées du bleu profond de la nuit.

Sous lui, jusqu’à des profondeurs insondables s’étendait le Convent, Sanctuaire du Sang.
Il plongea dans la colonne flamboyante dont le turquoise éclatant venait avec gloire s’unir au doré des feux. Se mêlant aux dragons qui venaient rejoindre leur niche, il admirait la couvée de Noz’Drem dont le renom et la réputation étaient en tout lieu reconnus avec Fierté pour son Excellence.

Les milliers de niches creusées à même la roche dans des enchevêtrements et des arabesques artistiques abritaient les couvées de Noz’Drem et les dragons allaient et venaient, s’activaient ainsi que dans une fourmilière.

Les ailes puissantes d’Issac le propulsaient vers le centre du Convent. Là, se dressait un palais immaculé, de marbre pur et velouté. Chacune des tours, aussi fine et ciselée qu’un bijou se tendait vers la lumière. Issac savait qu’il trouverait Noz’Drem dans le temple de son Dieu.
Lorsqu’il se posa enfin devant le majestueux fronton du sanctuaire, l'éclat de la roche polie déposa une lueur sur chacune de ses écailles, ciselant son corps de dragon ainsi qu'un saphir au bleu sans fond.
Mais il ne pénétra pas dans le lieu saint.
Il attendit.

Sous le couvert des affres brûlantes des sommets, couvait le domaine glacé de Noz’Drem et de la mémoire du Sang.
En pénétrant dans le sanctuaire, le gardien du Vent se glissait parmi le monde engourdi des traces d’une Harmonie condamnée au silence.
Cependant dans chaque œil entrouvert luisait le diamant vermeil et vif. Chaque paupière soulevée cinglait le visiteur d’un éclat cramoisi.
Le gardien du Vent éprouva pour le feu luisant une attirance vite stoppée par les roulements des yeux draconiens qui se perdaient au sein des songes.
Issac s’était approché de Noz’Drem tout en gardant ses distances afin de lui marquer le respect dû à un gardien dont la gloire n’avait pas d’égal.

Tisseur de Vents Harmoniques, Issac avait accepté de répondre à l’appel de Noz’Drem, mais il sentait dans ce Convent, une force inattendue. Elle couvait dans chaque niche et ses Vents cherchaient à se disperser sous l’attrait du Sang. Le Tisseur voyait croitre en lui une appétence qu’il n’avait pas soupçonnée.
Sous l’ombre sanglante du gardien, l’enfant aux ailes blanches et au front marqué du sacrifice attendait son aide.

-Hézeriel, Porteur des âmes, pourquoi donc le Rituel nécessiterait le Pouvoir des Essences. Ne suffis-tu plus à ton rôle ?

Dans un même ensemble, l’œil à demi fermé des douze dragons qui couvaient à courte distance levèrent lourdement une paupière fatiguée. Le temps de jeter leur feu écarlate vers Issac, ils la refermèrent brusquement.
Pourtant Issac avait ressenti la flamme qui grondait sous le blanc immaculé et la brume nébuleuse des limbes. La tentation confuse d’en savoir plus sur le Sang troubla sa silhouette venteuse.

Devant le feu qui avait embrasé le jeune prophète, Issac s’était coulé en une longue spirale d’un vent sombre et calculateur. Il contournait le porteur du Sang, traçant autour de l’ange une large crevasse remplie de noires pensées.

- A qui parles-tu donc Enfant, en brandissant tes feux comme s’ils étaient trop brûlants pour toi tout seul ? Parles-tu au Gardien que tu as appelé en ces lieux pour qu’il te soit utile ou au Gardien ton père qui ne sait plus se vêtir que de lambeaux de peaux et de sang desséché ?

Le Prince se tenait sur un piton blanc de nacre, les ailes encore fumantes dressées dans son dos alors que sa main semblait lever vers lui son arme menaçante.

Et que veux-tu réellement ? que te conviendrait donc le mieux pour calmer tes peurs? Devenir un être immuable, sur lequel le temps semble ne pas laisser de trace ou bien souhaites-tu pénétrer la complexité des âmes au point d’en déceler leurs pouvoirs sur toi ?
Si tu veux atteindre les essences pures, sache qu’elles se construisent et qu’étape par étape, grâce à une complexité croissante la vie apparaît. Mais ceci n’est pas de ton ressort. Ta matière est brute.
Seul le Sang m’intéresse, mais je n’en suis pas le Gardien. Je n’ai rien à faire ici.

Alors que le trait de feu s’élevait, le regard du Prince possédé perçait encore l’ombre d’Issac. Le Garde-Vent avait vu l’arme dans les yeux du prophète et la douleur de la faim hurlée par trois iris. Le Garde-Vent s’était tassé, condensant sa propre force pour étancher la violence de l’assaut du Sang. Il savait maintenant la tâche qui lui incombait s’il voulait que subsiste ce monde dans lequel il croyait.
Il était temps pour lui de quitter les ténèbres et d’approcher la lumière. Le Sang l’avait appelé comme jamais il n’avait entendu un cri retentir. Jamais l’Appel Sombre n’avait été si proche.

Noz’Drem l’avait dit : « Le vent a bien faibli depuis ta dernière visite…. ». Issac se rendait compte combien il avait laissé les Vents sans Volonté. Il était l’heure de sortir de la torpeur dans laquelle il se complaisait.

Malgré l’éloignement du Garde-Sang, l’orage continuait de gronder dans les Vents d’Issac. Dans l’ombre du Convent brillaient les yeux sanglants des dragons qui s’étaient tous tournés vers lui. Issac dirigea sa tourmente en direction des sommets, là où s’étaient à présent évanouis Noz’Drem et Hézeriel.

La piste était facile à suivre pour le Garde-Vent. La trace laissée par le Prince avait l’odeur âpre du sang des morts. Elle marquait l’horizon de l’empreinte de sa faim.

Issac avançait à la suite d’un objectif pointé par le souffle chaud d’un feu brûlant, sa Pensée tournée vers Noz’Drem.

- Non, Noz’Drem… Je perçois l’Appel Sombre. Mais il n’a pas le même écho en toi qu’en moi. Tu es Gardien du Sang et si vous avez faim, je t’apporterai mon aide, pour que cette faim ne nous dévore pas tous.

Palais du Seigneur Vampyre.
Temps immémoriaux, S-1 AG

La main toujours serrée autour du coup sanglant de la fillette, Lucen redressa la tête. Un mouvement lent et gracieux qui fit se dresser toutes les autres têtes autour de la table. L'homme se leva, abandonnant à terre le corps mou de sa victime. Ses yeux rubis balayèrent la salle avec l'amabilité d'un fauve en chasse. Tous autour de lui se tendirent dans l'expectative. Lucen porta une main à son front, balayant une meche rebelle, d'un blanc cendré et en un instant, se retrouva debout sur la grande table. Un murmure parcourut l'assemblée qui se serait accompagné d'un frémissement, si leurs corps glacés l'avaient permis.




Marchant d'un pas sur, sans avoir besoin de vraiment faire de bruit pour s'annoncer, Lucen se dirigeait vers la salle des Audiences. En tant que souverain des vampyres, il lui fallait subir leur jérémiades incessantes d'êtres éternels systématiquement insatisfaits. Lorsqu'il pénétra dans la salle, tous posèrent un genoux à terre baissant la tête en signe d'allégence, dévoilant leur nuque fragile à sa faim dévorante. Son regard se posa un instant sur une jeune femme aux iris plus rose que rouge et dont il perçut un sourire derrière le flot de ses cheveux bruns. Il émit un sifflement et s'assit dans le trone d'or et rubis.

La séance se déroula sous ses yeux comme un rêve éveillé. On lui présenta des princeses du Sang en mariage qu'il répudia d'un geste condescendant. Il préférait de loin leur colère sanguine à leurs minauderies ridicules. Qui se disputait pour la propriété d'un humain. Qui pour des terres. Futilités. Mais quel plaisir que l'ennui oisif de celui qui sait. Et attendre dans ce déballage de poitrine et de chair, de sang pur et vicié.
La tête enfouie entre les cuisses d'une jeune humaine qu'il vidait consciencieusement de son sang, il sentit plus qu'il ne vit la femme aux yeux clairs s'approcher. Récupérant d'un doigt une goutte échappée de la commissure de ses lèvres, il lui jeta un coup d'oeil.

Que voulez vous?

Vous Prévenir Seigneur.

Lucen partit d'un grand rire tout en canines pointues. Rapide comme l'éclair il bondit sur elle et la saisit à la gorge, ses crocs tout près de sa peau diaphane.

Me prévenir ? Et qui es tu donc pour penser qu'il est nécessaire de me prévenir ?

La jeune femme n'avait pas bougé pendant l'attaque de son maitre et roi. Sans frémir elle le regarda dans les yeux.

Sien, Seigneur.

Je t'écoute Sien.

Préparez vous, Sire, car Il arrive.

Spoiler:

Ce ne fut d'abord qu'un frémissement. Subtil et si lent. Si lent. Un esprit neuf et ancien remonta doucement vers la surface de la conscience, sortant péniblement d'un long sommeil. Un sommeil lourd et chargé de Mémoire.
Ce fut ensuite le son tenu d'une membrane que l'on repousse. Le suintement liquide du sang qui s'écoule librement. Puis dans une déchirure nette, le cocon tomba à terre. Une très jeune femme en sortie, couverte de sang. Elle passa sa langue sur ses lèvres écarlates et savoura la chaleur rouge. Quelle faim la tenaillait.
Elle s'extirpa entièrement de son oeuf et contempla ses mains, son corps. La longueur de ses cheveux noirs, son corps petit mais fin et bien formé et sa peau. Douce et fraiche. Si blanche. Plusieurs années, maintenue à l'abri de son cocon lui avait permis d'atteindre sa pleine maturité. Elle fit quelques mouvements et son corps répondit avec fluidité et force. Elle s'examina attentivement quand quelque chose vint effleurer son esprit. La Mémoire qui l'habitait comprenait ce qui lui arrivait et elle acceptait cette mémoire en elle. Elle tendit son esprit vers celui de Lucen qui l'appelait. Il était plein de joie et d'une tristesse infinie. Alors elle comprit. Son regard se posa vers les deux autres cocons présents dans la pièce. Ils étaient trois. Et ils étaient quatre. L'un des oeufs étaient prêt à libérer son fruit. L'autre était immobile et silencieux, comme s'il refusait de grandir.

Elle tourna à nouveau son esprit vers ce père qu'elle connaissait et dont elle ignorait tout.

Qui es-tu ma fille?

Elle fronça ses sourcils noirs à cette question incongrue. N'était ce pas une évidence?

Je suis Anwenn.

Le temps passa doucement. Lucen regardait son ainée grandir et évoluer au milieu des siens. Elle possédait cette autorité naturelle, ce charisme, cette force insoupçonnée pour un corps si frêle, qui portait au respect. Elle ferait une grande reine, si on la laissait accéder au pouvoir... Lucen n'était pas dupe. La venue de ces trois enfants précédant de si peu l'annonce de Sien était de mauvaise augure. Et ces sujets murmuraient dans les palais et les villes. Au loin une rumeur avait pris racine, qui se déversait lentement sur l'empire comme un filet de brume dans le couchant. Et Sien hantait les rêves de son époux. Cette rumeur, se transformerait en murmure, en ragot et racontars avant de devenir ce qu'elle avait préssentit. L'horreur.

Délaissant son repas de chair fraiche, Le roi s'enfonça profondément dans son fauteuil de marbre. Il scruta d'un oeil las, les courtisans et les conseillers qui festoyaient à ses cotés. Lequel d'entre eux trahirait le premier? Il porta son regard écarlate sur Anwenn, attablée juste au bas de l'estrade. La jeune femme leva les yeux vers lui, des prunelles aussi pales que celles de sa mère, qui le fixaient pleines de tendresse et de violence cachée. Elle lui sourit. Ce serait une grande reine.


Anwenn se déplaçait aussi vite que sa lourde robe de cérémonie le lui permettait. La plupart de son temps libre, elle le passait dans la nurserie, auprès de sa fratrie. Les deux oeufs accueillirent sa venue avec chaleur. Elle s'assit entre eux et lança son esprit vers les membranes sanglantes. Elle les connaissait bien, ils avaient partagé le même réseau, la même matrice. A sa droite un garçon viendrait au monde, il était doux et calme, Anwenn craignait beaucoup pour sa survit. Le cocon était gris et faible, il avait besoin d'aide. Il aurait besoin d'aide pour en sortir, bientot, encore quelques années. A sa gauche, une soeur, exhubérante, pleine de vie, combattive. Elle avait hate de sortir du cocon et sa grande soeur, hate de la découvrir enfin. Elle s'était fait un devoir de protéger ces deux êtres si proches d'elle.

Elle resta quelques heures avec eux avant que la soif ne revienne lui chatouiller la gorge. Alors qu'elle sortait de la nurserie, une ombre attira son attention. Rapide comme une ombre elle bondit vers l'angle du couloir, bloquant toute possibilité de retraite. Sa main jaillit, saisissant l'homme à la gorge et le soulevant du sol malgré sa petite taille. Reconnaissant un des conseillers de son père qu'elle ne portait pas dans son coeur, elle siffla toutes dents dehors.

Ne revient plus roder par ici, ordonna-t-elle dans une rage froide qui semblait couvrir de gel les murs autour d'eux.

L'homme soutient un instant son regard avant de baisser les yeux en gémissant.
Anwenn écarta simplement les doigts, le laissant tomber sur le sol. Et fit demi tour sans un mot.

Ce qui n'était qu'une rumeur, à peine plus qu'un murmure, enfla et grossit comme un poison qui se répand. Pour finalement atteindre de plein fouet la Cour des Vampyres.
Depuis plusieurs semaines déjà, les rescapés affluaient, arrivant de toutes les cours mineures, de tous les comtés et royaumes. Terrorisés, affaiblis et peu nombreux les survivants se muraient dans un silence morbide même pour le peuple vampyres. Les rares qui acceptaient de témoigner donnaient tous la même version. Une ombre et un rire avaient surgi du néant et fait tomber une nuit pourpre sur les villes. Puis le feu s'était déchainé. Et tout immortel qu'ils étaient ils n'avaient rien pu faire. Constatant que les combattants tombaient les uns après les autres, la cour avait pris la fuite, tenant de sauver le plus de monde possible... Très vite, tous retombaient dans un mutisme glacé.

Anwenn assistait à tous ces interrogatoires aux cotés de son père. Sa chambre avait été transformé en dortoir sur son ordre afin d'accueillir les réfugiés. Et la jeune femme avait établi ses quartiers dans la nurserie. Elle le sentait. En ses temps troublés un des cocons se déchirerait et donnerait naissance à un être qui jouerait un rôle capital. Aussi passait elle le plus de temps possible avec eux, évitant par la même que les conseillers ne viennent trop fouiner de leur coté.
Alors qu'elle etait assise entre les oeufs, une main sur chacun d'eux, celui de droite remua imperceptiblement. Elle fronça les sourcils en sentant une présence à l'orée de son esprit. C'était l'autre oeuf qui devait éclore bientot. Sans comprendre ce qu'il se passait, elle se laissa faire.

La vision prit forme dans son esprit, très doucement, comme si on lui racontait un souvenir. La présence sourit, c'était un souvenir. Elle lui montrait la vision d'une autre. LA vision de Sien. Anwenn regarda les ruines du palais, les vampyres tomber les uns après les autres et le chaos s'abbatre sur une civilisation entière. Dans le bruissement d'un rire d'enfant. Elle sentit la tristesse de celle qui lui transmettait ce souvenir.

Ma soeur...

L'autre sourit à nouveau et attira son attention sur l'autre oeuf. Ce dernier sembla réagir à ce contact et se projeta faiblement vers ses soeurs. Il mobilisait ses forces ailleurs. Alors que l'alarme résonna dans le palais, annonçant l'arrivée de nouveaux réfugiés, l'éclosion commença.

Les réfugiés affluaient en masse vers la Cour. Femmes, enfants, orphelins et blessés, se regroupaient misérablement la où ils trouvaient de la place. Le palais était plein et on installait les vampyres où l'on pouvait. La cour intérieur, les jardins, les couloirs.

Lucen, entouré de son conseil rapproché, faisait le point. Sa rage glaciale semblait proche du point de non retour tandis qu'il écoutait ses conseillers déblatérer futilement.
- Il faut évacuer Seigneur Lucen, vous devez partir d'ici. Le... La cour et le conseil doivent partir avant que la menace ne nous atteigne, lança un conseiller.
- mais enfin écoutez vous, répondit un autre. Vous voulez tout abandonner? Les bibliothèques? Vous les laisseriez aux mains de la mosntruosité qui essaie de nous réduire au néant?!!!

Les discussions stériles duraient depuis des jours. Lucen sentit sa raison céder.

- ASSEZ, tonna-t-il. Nous allons commencer les préparations pour l'évacuation des réfugiés. Arma, Jonas, occupez vous de compiler le plus de données possibles issues des bibliothèques, vous avez une semaine. faites au mieux. Anju, tu es le chef de ma garde personnelle, tu pars, sur l'instant. Prends la directiond e la montagne par les souterrains et trouves un moyen de mener tout le monde sain et sauf de l'autre coté. Tu dois etre revenu ou avoir transmis un message sous cinq jours. Ce délais passé, si tu ne donnes pas de nouvelles, nous devrons combattre et envoyer les vampyres à l'aveugle sous la terre.

Les personnes désignées par le Seigneur vampyres s'inclinèrent et sortir précipitamment. Un silence profond régnait sur la salle du conseil. Nobles et conseillers se taisaient dans un ensemble parfait. Respiration suspendue.

- Quant à vous, rendez vous utiles auprès des blessés avant le départ. Et préparez vous à combattre.

Le silence se poursuivit alors que chacun prenait la mesure des paroles prononcées par Lucen. La lourde porte choisit cet instant précis pour s'ouvrir et Anwenn entra. Les mains tendues en avant, paumes vers le ciel et couvertes de sang. Elle souriait. Elle s'avança jusqu'a son père offrant son poignet nu.

- Il est la. Il s'appelle Eesil.
De son ombre un jeune homme se détacha. Yeux rouges et meches brunes. Prince des vampyres.

Eesil suivait Anwenn comme une ombre. le prolongement même de son corps. Tout ce qu'elle savait, il le savait. Tout ce qu'elle sentait il le sentait. Et en bordure de leur conscience, une troisième ame savait ce qu'ils savaient et sentait ce qu'ils sentaient. Ils étaient deux et trois. Il étaient un. Peu à peu il prit plus d'indépendance, explorant le palais, parlant avec les vampyres qu'il rencontrait. Dans son esprit, elles n'étaient jamais loin.

Eesil prit l'habitude de passer du temps avec les réfugiés. Il se découvrit une passion pour la médecine et la guérison. Et, le temps qu'il ne passait pas à aider et rassurer le peuple vampyre qui se massait entre les murs du palais, il le passait dans les bibliothèques, à étudier. Anwenn gardait un oeil attendri sur ce petit frère, déjà un homme dont le calme et la paleur l'étonnait chaque jour un peu plus. On pouvait suivre le circuit bleuté sous la peau de son cou, ses bras et ses mains fines. Il était gracile, presque fragile mais une étrange sagesse planait au fond de ses yeux rouges. Alors c'est avce soulagement qu'elle le laissait avec les réfugiés quand elle même devait assister aux réunions du conseil.


Anwenn sortait de la salle du trone ou elle s'entretenait généralement avec son père. Quatre jours s'étaient écoulés depuis le départ d'Anju. Quatre jours. Quatre siècles. une éternité. Un terreau suffisant à la naissance d'une nouvelle rumeur. Un enfant étrange, un démon dans le palais. Eesil lui avait confirmé la veille que des murmures circulaient dans le camps. Se massant les tempes, Anwenn réfléchissait. Il fallait trouvé cet enfant étrange et en avoir le coeur net. S'il existait seulement.

La jeune femme déambulait dans les couloirs lorsque la vision la heurta. Violence et sang entremélés brouillèrent sa vision. Dans sa tête, la petite soeur hurlait. LA vision de Sien percuta son esprit. Les murs tombèrent et le feu ravagea les jardins. La mélancolie d'un rire s'éleva dans les airs. Une silhouette en haut d'une tour, les mains pleines de sang. Une autre silhouette encore, de longs cheveux bruns, et des yeux d'un rouge pale, délavé. Une voix connue, la voix d'une mère qui ne fut jamais entendu murmura à son oreille "Il est temps car il est enfin venu. Protège la".

La vision s'estompa et le silence tomba comme une chape de plomb sur les épaules d'Anwenn. Elle fouilla dans son esprit. Eesil travaillait seul à la bibliothèque. Elle le sentit redresser soudainement la tête. Elle ne la sentait plus. Il ne la sentait plus. La troisième d'entre eux était silencieuse. Absente. Dans un même élan, le frêre et la soeur poussèrent leur volonté à sa rencontre. Un sursaut de conscience bouscula leur concentration. "Aidez moi". Puis le silence à nouveau.

Dans un même élan, le frêre et la soeur s'élancèrent vers la nurserie. La troisième était en route et il était beaucoup trop tot.


Quelque part dans l'immémorial palais des vampyres, un enfant s'éveillait.