Maintenant, je sais.

Citation :: Bon, ça fait quelques temps que je me suis remise à ce que j'appelle "le bordel libre", c'est à dire écrire juste comme ça vient sur l'instant, avec peu de corrections derrière. Et c'est ici que j'ai toujours posté ces petits bouts de rien, de tout, de trucs. Alors Comme Juliette a posté un truc de la mort, je mets ma contribution aussi. Soyez l"indulgence et l'amour incarnés en lisant ça. Coeur sur vous.

D'abord, il y a le vide. Puis le sens du sentiment. Le temps comme une boucle d'infini qui s'enroule autour de l'absence.

D'abord il y a l'air, qui manque, qui suffoque l'esprit et la poitrine. Un espoir absurde qui s'accroche aux côtes et brule les lèvres. Une fantaisie avortée qui tire sur la peau fatiguée.

D'abord, il y a le silence soudain qui assourdit le monde, l'enveloppe et l'étouffe. Les mots murmurés dans le noir pour les absents épars.

Puis vient l'envie, teintée d'amertume. Le désir mort-né qui se débat doucement. Le ventre qui se tord et les larmes ratées. Les nerfs à vif qui excitent la peur, l'interdit, la délicieuse folie.

Alors je sors. Je valse de peine en joie floue. Je danse en cercles brisés autour de souvenirs éteins. Et j'ai mal. J'ai vide, j'ai silence et besoin. Je chante des cris muets, abime ma voix dans le vent furieux. Je me tais. Je souffle enfin. Le vide est rempli de trop plein qui s'enfuit, qui s'étale et me distant. Démesurée. Je rêve d'immense dans les replis de ma chair.

Enfin je sais. Maintenant, à l'heure bleue de la vie. Maintenant je sais. Tout passe. Et je suis libre.

Bon, je me suis dit que je commenterai, mais en fait c'est assez compliqué de donner un avis sur un tel texte, on sent que c'est très personnel. Une poésie intimiste qui nous fait rentrer un peu dans ta tête. Aussi, je vais me contenter d'apprécier d'un sourire et de souhaiter en lire d'autres à l'avenir.

I believe in you.
Si si.

Je rejoins Aillas sur le fait que c'est difficile de commenter une poésie aussi personnelle.

Mais merci d'avoir partagé ce tourbillon de mots. Je me suis sentie comme embarquée dans une carapace de tortue de l’attraction Némo de Disneyland Paris, mais dans ton organisme à toi. Dis comme ça, ça peut sembler barbare en réponse à ta poésie...
Mais ça suit le même schéma d'intensité.

D'abord on découvre l'univers petit peu par petit peu, puis l'excitation nous gagne lorsque l'on gravit la montée cliquetante, et enfin on est laché dans un grand tourbillon sombre et parcouru de lumières, la carapace tourne en tout sens et l'on est complètement submergé. Lorsque la vague nous relâche sur le rivage, l'on est vide et plein à la fois, mais l'on est bien.

Je rejoins Aillas moi aussi (on va être nombreux) : c'est écrit avec les tripes, et ça en fait quelque chose de plus fort que ce qu'on peut obtenir avec toutes les figures de style du monde.

Ben moi contrairement à mes camarades précédents, pour changer, je dirai que c'est moins les tripes que le style qui rendent le texte efficace. Il peut y avoir des textes éminemment personnels et totalement hermétiques aux autres. Ici, ce qui est fort, ce n'est pas qu'il y a un sentiment fort derrière, même si ca peut etre un très bon moteur.

Ce qu'il y a de vraiment fort, c'est ce rythme que tu insuffles. Ce sont tous ces choix conscients ou non de style. Ton texte est cadencé, au rythme d'une respiration parfois, les sons qui s'enchaînent et s'enlacent.

Vous voulez un exemple ?

Cette répétition, je ne vais pas sortir de nom de figure ça effraie certains (hihi), de "D'abord, il y a". Dans un premier temps, elle fracasse. "D'abord, il y a le vide." Point. Ensuite, elle martèle l'esprit, en se répétant, en faisant monter les battements de coeur. Une fois, deux fois, trois fois, et on relâche en changeant la forme.

Mais en plus de ça, attardez vous sur le choix de la ponctuation de ces premières phrases.

Un point. Le vide, on tombe. Puis des phrases longues, le silence et l'espace creux.

Une absence de virgule après d'abord, et c'est un souffle qui s'écoule. Une virgule, la suffocation. Le souffle court. Les phrases courtes et qui s'enchaînent.

Le tout au présent, pour vous fixer le coeur, le tout au présent, pour vous jeter dans le vide. Les phrases qui s'enchaînent à un rythme parfaitement mesuré entre respiration et battement de coeur frénétique.

Bref, en somme, un très beau texte. Pas tellement par ce qu'il entend nous dire, même si c'est bien évidemment très joli et personnel, mais parce qu'il nous le dit aussi très bien, et c'est important.

Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de figures de style, évidemment qu'il y en a, et de très belles. Mais ça peut venir du coeur, et le style renforce la puissance émotionnelle du texte, ou ça peut être un petit truc sympathique d'un auteur qui a du talent pour jouer avec les mots. J'aime bien les deux types de textes, mais j'ai une petite préférence pour les tripes.

Nombre de messages : 505 Age : 51 Date d'inscription : 14/08/2009

Bonjour Lilith,
Le temps qui s'enroule autour de l'absence et la danse en cercles brisés, sont deux images qui m'ont beaucoup touché. Heureux de te lire.

Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013

Lilith a écrit:: Les nerfs à vif qui excitent la peur, l'interdit, la délicieuse folie.

Alors je sors. Je valse de peine en joie floue. [...] Je rêve d'immense dans les replis de ma chair.

Ces passages sonnent fort et justes dans mes oreilles. L'ensemble est vraiment beau, je ne saurais quoi dire d'autre. Tu as bien fait de le montrer.

Je ne m'attendais pas à autant de commentaires, je suis toute contente Heureux

J'ai écris la première version de ce texte, dimanche à l'irl, sur un coin de table avec le crayon à papier d'Aikoh qui trainait par là. Ensuite je l'ai repris dans le train Paris-Toulouse, mais juste rapidement pour rajouter un mot ou deux. C'était l'instant. C'était le vide qui se comble dans la présence de vous tous, dans vos rires et vos silences. C'était bien Heureux

Aillas: I believe in you too.

Lyo: Ahaha, je me vois bien comme une tortue, j'ai fait la tortue pdt un long moment alors la comparaison me va (je vais devoir tester cette attraction du coup, on va à Disney? Heureux

). Je suis contente que tu te dépatouilles avec le bazar dans ma tête (et je regrette de ne pas avoir pu parler plus avec toi à l'irl j'étais trop timide, voila je le dis ici, mea culpa)

Gaba: Ouais ça vient des tripes, clairement! C'est la seule façon pour moi d'écrire ces choses la, en acceptant de les sortir telles qu'elles sont sans artifice (enfin j'essaie) mais je sais aussi que j'use bcp de figure de style sans y faire attention. J'ai une tendresse particulière pour les allitérations. Et la ponctuation. Fichtre, que j'aime la ponctuation. C'est tout, c'est la vie, c'est le souffle, le rythme. Tout ça quoi. Tu peux tout dire avec des virgules et des points et changer complètement le message. Donc j’ai fait particulièrement attention à la ponctuation pour transmettre ce que je ressentais Heureux

Chik: Merci ^^ La poésie vaincra!

Seb: Merci beaucoup (ça faisait lgt qu'on s'était pas croisé par ici). Les cercles brisés Coeur

Ana: Merci aussi (idem que pour Lyo, j'ai pas osé, su, venir, je me rattraperai). Je sais qu'on rêve d'immense Heureux

Un jour j'arriverai à prendre le recul suffisant pour commenter une oeuvre comme il se doit.
Un jour.
Je ne peux m'empêcher de vouloir faire parler mes tripes en premier, dire mon premier ressentit, du coup faut que je fasse mon post en deux fois, que je note tout dans un petit fichier texte... Mais si je fais ainsi aujourd'hui, je sais que je ne posterai jamais (ou presque) mon message (soit parce que je le trouve redondant avec d'autres, soit parce qu'à tout reformuler, ça n'aura plus rien de vrai, j'aurais jeté mes tripes et sans tripes ma foi ... on ne vit plus ^^)

A travailler donc.

Un jour.

En tout cas, merci Chikoun d'avoir relevé la structure qui fait que le texte, entre autres, nous prenne les tripes et nous renverse la tête.

J'ai manqué mon commentaire par manque de temps à passer sur le forum durant cette période d'activités denses.

Je te l'ai dit, mais tu mérites que ce soit écrit ici. Tu as une manière d'écrire qui donne de la force aux sentiments et lorsque je t'ai lu, je me suis sentie bouleversée. Ceci est dû aux choix de tes mots, à l'impact du rythme que tu choisis, au sens que tu veux leur donner et tu t'y prends à merveille.
Ce texte me donne une envie folle de t'aimer.

Lyo: garde tjs bien tes tripes pour écrire Heureux

Cassi: merci, j'essaie d'exorciser tout ça, ça ne me convient pas mais j'essaie encore Crédule

Le problème, me semble-t-il, n'est pas tellement de savoir si un texte est "personnel" ou non (cela regarde l'auteur) mais si les mots qu'il utilise nous permettent de sentir quelque chose. En d'autres termes, la spontanéité est une construction littéraire : elle a son histoire et son répertoire de figures de style.

J'ai été touché par cette phrase : "Maintenant, à l'heure bleue de la vie." Elle me fait penser à une strophe de Valéry :

Quand le ciel couleur d’une joue
Laisse enfin les yeux le chérir
Et qu’au point doré de périr
Dans les roses le temps se joue

Merci beaucoup Gold Heureux

Je suis allée chercher le reste du poème, il est très beau Gêné

» Sais-tu
» Et la vie, tu sais...
» [Je sais pas] Tearesque
» Les maux que je vous sais.