Une correction globale, au lu du niveau. Un peu court, ce texte, mais on en a déjà parlé.
Le ton est un peu juste à mon sens. La consigne était claire, mais je ne la trouve que moyennement suivie. Tu as fait montre d'un défaut que je te connais : la tiédeur. Nous sommes en présence d'un narrateur extrême et extrémiste. Je m'attendais donc dans le rythme à trouver soit de la logorrhée (comme "plante en tournant le fil de la vie dans les veines de l’allongée agitée qui pousse sur ses pieds de né...", qui est vraiment très bien, on sent la suture dans la forme), soit de la syncope permanente. Voire mieux, une alternance des deux, brutale et presqu'absurde. Mais tu ne t'es pas assez extraite. On voit la cohérence à la toute première lecture, quand j'aurais désiré ne la pas immédiatement percevoir. Il y a cependant un travail sur le rythme depuis le dernier devoir, mais qui n'est pas allé dans le sens du narrateur à mon sens.
La musicalité n'est pas la bonne non plus. Je n'entendais pas les bip bips des appareils, pas plus que le feutré des blouses, ni les sons métalliques de forceps sur l'inox des cuvettes, ni même les cris de la parturiente. Ce brouhaha est absent de ton texte si compassé, sur la mélodie duquel on pourrait presque danser une lente valse.
Le vocabulaire est globalement adapté, mais je voudrais qu'à l'avenir tu uses de davantage d'épithètes comme d'adverbes. Mais évite d'anaphoriser des mots avec trop d'écart dans un texte : "allongée", par exemple, (qui aurait pu être remplacée par "bruyante gisante"), ou "sortir". Use et abuse du dictionnaire des synonymes. L'intéressant eût été ici de combiner des mots qui n'ont de commun que ce que le narrateur imagine, qu'ils filent des métaphores tous seuls.
En parlant d'ailleurs des images, certaines sont adaptées et même maîtrisées, comme la métaphore du théâtre, mais d'autres tombent à plat. Les portes qui battent l'air de leurs ailes ne cadrent pas ici. Ça fait colombe quand on attend du sang et de la morve. Pourquoi tu n'as pas transformé les portes battantes et les étriers en éléments de saloon ? Ou un hublot de porte en décor de naufrage ? Cela manque d'hallucinations, avec des objets comme points d'ancrage entre le naturalisme et l'imagination débridée.
Dans l'absolu, c'est donc bon ; dans ce cas, c'est dommage. Dans les prochains travaux, je vais donc m'orienter davantage sur le lâcher-prise et la puissance intrinsèque du personnage. J'attendrai de toi que tu ne sois que chantre d'une entité qui existe déjà en idée, et surtout que tu oublies que tu es auteure.