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| Gairwyn devoir N°2 [Nichiren] | |
| | Auteur | Message |
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Gairwyn
Nombre de messages : 21 Age : 36 Date d'inscription : 01/02/2008
| Sujet: Gairwyn devoir N°2 [Nichiren] Sam 12 Avr - 21:52 | |
| Sujet: Tu es un enquêteur, il y a eu un meurtre, tu devras décrire le crime, la victime et les trois suspects que tu devras décrire physiquement et psychologiquement, ainsi que les pièces à charge et les alibis.
La police de Greenhills avait fait appel à mes services cette année-là. Connaissant ma réticence à m’éloigner de Londres lors de la période estivale, les officiers m’avaient alors assuré que je recevrais des gages suffisants pour me faire changer d’avis. Vous connaissez ma situation, je ne pouvais refuser. Voici comment je me retrouvai dans ce petit manoir de campagne à trois heures de la capitale. Il était si tard lorsque je suis arrivée que la maisonnée ne fut pas là pour m’accueillir, ce qui remettait notre rencontre au lendemain. Soit, je profitai de ma soirée pour prendre connaissance des circonstances. Feu Sir Williams Andrew Beckett avait été retrouvé mort dans sa chambre deux jours auparavant, au matin, un serpent auprès de lui. Je demandai alors à voir immédiatement la scène. Le majordome me conduisit dans la chambre de son maître, qui s’y trouvait encore, le service funèbre venant le chercher le lendemain. La scène que je vis me glaça d’effroi. Feu Sir Beckett gisait là, dans grand lit défait. Ses yeux bleus étaient grands ouverts et reflétaient l’horreur qu’il avait dû subir. C’était un homme assez grand et bien portant. Il ne devait pas se tenir éloigné du monde car il portait ces favoris qui sont tant à la mode à Londres en ce moment. Ses cheveux grisonnaient et des rides, plus accentuées par l’expression de son visage qu’elles devaient l’être en d’autres circonstances, sillonnaient ses traits. Je remarquai un filet de bave séchée le long de sa joue et sur son oreiller. Il portait une chemise de nuit tout aussi froissée que ses draps, ce qui indiquait une agitation avant son trépas. Peut-être s’était-il débattu ? Son col ouvert me laissa apparaître, et ce qu’après un examen minutieux, une petite rougeur au niveau du cœur. Je ne remarquai cependant aucune marque de strangulation ni même de bleu ou de coup, si ce n’était deux points écarlates sur son avant-bras gauche, tels une marque de crochet. Aussi me tournai-je vers le serpent. Il gisait sur le sol, juste au pied du mur. Une marque de sang contre la tapisserie ainsi qu’une traînée de même nature jusqu’au sol, et enfin une flaque autour du reptile me firent penser que Feu Sir Beckett, sentant le serpent le mordre, l’avait violement jeté avec son autre bras contre le mur, où il était venu s’écraser. La présence du reptile m’intriguait particulièrement. Comment se procurer un tel animal ? Le policier m’apprit que Feu Sir Beckett affectionnait ces animaux ramenés d’Inde. Celui qui était mort était un cobra, dont le venin était un neuroleptique foudroyant. Rien dans le reste de la chambre ne semblait avoir été bousculé. De plus, mon expérience m’avait appris que si les secrets d’une femme se cachent dans une chambre, ceux d’un homme se trouvent plutôt dans son bureau. Une domestique me dit cependant que la porte-fenêtre du balcon était restée ouverte cette nuit-là, mais qu’il n’y avait rien d’anormal là dedans en raison de la température estivale. Durant la nuit, je fus réveillée par de l’agitation dans la chambre voisine. On secouait quelque chose et cherchait dans les tiroirs. Puis tout se calma soudainement. La visite du bureau le lendemain me prit toute la matinée, ce qui me retira le plaisir de rencontrer les proches de Feu Sir Beckett, mais m’apprit beaucoup sur la victime. Né à Londres dans une famille de l’aristocratie, le jeune William avait entrepris de brillantes études de médecine avec une spécialisation dans la biologie animale. Il avait un frère aîné qui lui, s’était tourné vers le droit puis les affaires. Lorsque celui-ci s’était rendu avec sa jeune épouse dans l’Inde coloniale afin de faire fortune, il proposa à William de le suivre. Celui-ci s’y plut immédiatement et épousa une jeune fille parente avec le gouverneur de la province, avec qui il eut un fils, Andrew Théodore Beckett. Hélas, une vilaine fièvre emporta la jeune mère cinq ans après la naissance de l’enfant. William se rendit alors à Londres, car il ne pouvait laisser un enfant de cet âge seul, ni sa maison sans maîtresse. Il épousa une femme pour qui le mariage devenait une nécessité par son âge. Hélèna Jamie Beckett suivit alors son époux en Inde. Mais le deuil frappa encore ce pauvre Lord qui vit son frère et son épouse terrassés par une fièvre pareille à celle qui avait emporté sa première épouse. Le couple laissait derrière eux une enfant de huit ans, Mary Elisabeth Beckett, dont la tutelle revenait à son oncle. Feu Sir Beckett décida alors de rentrer à Londres afin de mener à bien son objectif premier, la recherche. Il s’installa alors à la campagne, suffisamment loin de l’agitation londonienne. Mais la nostalgie du pays de sa jeunesse lui manquait visiblement et son bureau le reflétait par son agencement. Feu Sir Beckett était un homme ordonné, et le moindre dérangement le mettait dans une violente colère. Il avait d’ailleurs interdit l’accès à son cabinet à quiconque, hormis à la vieille bonne indienne à qui il s'était attaché. Elle seule le connaissait vraiment, à l’en croire, et elle m’apprit le principal sur sa personne. Depuis son retour en Angleterre, son maître se montrait plus irascible qu’auparavant. Jeune, il se montrait toujours doux et généreux avec ses employés comme avec ses proches. Cependant, la mort de sa femme avait causé en son caractère de nombreux changements. Il était devenu un homme froid et distant. Taciturne, il passait de nombreuses heures enfermé dans son bureau ou dans son immense serre. Il attachait une importance notoire aux bonnes manières et à la bonne conduite du monde, chose étrange car il ne le fréquentait pas. Il ne se rendait à la capitale que le troisième et le quatrième jour de chaque mois, et encore n’allait-il que chez son notaire et ami qui s’occupait pour lui de ses différentes propriétés anglaises et indiennes. Ses confrères de l’Université ne profitaient de sa compagnie qu’occasionnellement. Il était évidemment que Feu Sir Beckett souffrait de la perte de ses proches ainsi que de celle de cette chère Inde qu’il aimait tant. Pourquoi dans ces conditions l’avait-il quitté alors, demandai-je à la bonne. Elle m’expliqua alors que l’Inde lui avait ravi les êtres les plus chers et les plus doux à son cœur et qu’il était très en colère contre elle. Au bout d’un certain temps cependant, sa haine disparut et alors, la colonie lui manqua. Le soleil, les gens, la nature, en bref tout ce qui faisait de ce pays une contrée exceptionnelle. Alors peu à peu, il en voulut à tout ce qui l’en avait éloigné : une femme du monde, un fils voulant étudier à Londres, une nièce fragile nécessitant des soins particuliers et enfin lui-même et sa colère passée. Il en devint un homme aigri et renfermé. La bonne me confia que l’intransigeance de son maître provoquait de temps à autre de violentes disputes au sein de la famille. Alors que je fouinais dans le bureau en apparence parfaitement en rangé, je découvris qu’une personne avait mis en désordre tous les tiroirs. Les feuilles étaient froissées et sorties de leur chemise. Je passai un long moment à chercher ce qui avait pu intéresser l’intrus. Je trouvai les comptes, dont les dépenses me parurent largement convenables en vue des immenses recettes de Feu Sir Beckett. Il bénéficiait de plus de 500 000 livres de rentes. La somme qu’il possédait me parut suffisamment importante pour penser l’argent comme mobile de son assassinat. Alors que je m’apprêtais à partir, je remarquai des cendres dans la cheminée. La bonne ne se rappela pas avoir allumé un feu récemment. Je rencontrai la famille à l’occasion du déjeuner. Comme cela ne me suffit pas à comprendre le mystère frappant la maisonnée, je multipliai les entretiens durant les jours qui suivirent. J’écartai parmi les suspects principaux tous les domestiques car aucun d’entre eux ne s’était retrouvé seul ni n’avait de mobile. A part la vieille bonne indienne, aucun n’officiait depuis plus d’un an dans la maison, tant le maître se montrait exigeant avec eux. La police et moi-même conclûmes rapidement à seulement trois suspects, bien que certains ne me parurent pas immédiatement convaincants dans leur culpabilité. Ce fut le cas de la jeune nièce, Miss Mary Elisabeth Beckett. Je l’aperçus dans le jardin, assise sur un banc sous un chêne. Le cadre était des plus agréables. Derrière moi se trouvait le manoir, de son côté fleuri, à proximité du potager et de sa remise. Mary m’expliqua que le balcon auquel je tournais le dos était le sien. Elle appréciait donc tout particulièrement sa vue. D’ailleurs, seuls ses appartements donnaient sur ce côté. Je me tournai vers la jeune fille. Elle lisait un ensemble de pièces écrites par Shakespeare. Elle me confia qu’il s’agissait de son auteur préféré. Mary donnait dans la mesure, aussi bien physiquement que psychologiquement. Elle apparaissait modérée dans tout, y compris dans sa beauté. Ses traits n’avaient rien d’époustouflant, sans que je puisse la trouver laide pour autant. Je la trouvai mignonne, mais quelconque. Elle tirait ses cheveux en un simple chignon en haut de la tête, comme il l’était d’usage cette année-là, et je ne lui vis pas d’autres coiffures, pas même lors de l’enterrement. Aucun peigne de perle ni de ruban ne venait enjoliver sa chevelure. Ses vêtements affichaient la même sobriété. En les présentes circonstances, elle ne devait porter qu’une tenue noire, mais la visite de sa chambre m’appris qu’elle ne mettait guère de couleur claire. Comme toute jeune fille de seize ans, son armoire contenait quelques vêtements de bal, mais rien de vraiment joli hormis ceux-ci. J’appris plus tard qu’elle n’aimait pas le monde. Elle n’y trouvait guère sa place et préférait généralement tenir la conversation avec ces filles qui plaisent et divertissent les hommes par leurs connaissances mais qui, pour la plupart, ne connaîtront pas la joie d’un mariage. Cependant, Mary n’en était pas à cette extrémité là. Ce qui me frappa surtout chez cette jeune miss, ce fut sa pâleur et la finesse de sa silhouette, déjà serrée par son corset. Ses yeux rougis et gonflés m’indiquaient une réelle tristesse. On m’apprit sa maladie peu après. Mary avait été une enfant rieuse à qui la vie souriait. Sa mère l’entourait d’affection et son père raffolait de sa fille. En Inde, toute la maisonnée chérissait cette enfant. Mais lorsque la fièvre frappa les siens, elle commença par elle. Elle fut très gravement malade. Lorsque son état s’améliora, pour d’étranges raisons, Mary apprit la mort de ses parents. Dès lors, elle parut changée en profondeur. La joie la quitta pour toujours et la tristesse l’envahit. Le deuil de ses parents ne prit jamais vraiment fin. Lorsque je l’interrogeai sur la raison de la présence constante de sa femme de chambre dans la pièce voisine à la sienne, elle me répondit qu’elle était sujette à de violentes crises. Parfois, des cauchemars l’assaillaient et la mettaient en transe. Ses convulsions ne prenaient fin qu’avec l’injection d’un calmant.Je lui demandai si cela était la cause de l’agissement de la veille, elle me répondit que oui. Depuis la mort de son oncle, et tout le temps que je fus là, pas une nuit ne se passa sans qu’elle en fit une. Seule sa femme de chambre avait accès à ce remède. Je lui demandai alors si elle se rendait souvent dans la serre où se trouvaient les serpents. Elle me répondit qu’elle y allait tous les jours avant d’aller se coucher. Elle aimait visiter les plantes à la lumière de la lune car elles lui rappelaient son enfance. Mais elle ne se rendait jamais seule auprès des serpents. Son oncle l’accompagnait toujours. J’appris ainsi que c’était en sa compagnie que son oncle se montrait le plus agréable à vivre. Elle s’intéressait aux mêmes choses que lui et il se tournait toujours vers elle lorsqu’il ressentait le besoin de s’entretenir avec un être vivant qui ne soit pas l'un de ces incompétents domestiques. Mes dernières questions s’orientèrent sur son emploi du temps de la fatidique soirée. Sans me tenir rigueur de la suspecter, elle me répondit simplement qu’après son repas, elle était restée dans le salon pour coudre. Ensuite, elle s’était rendue dans la serre sans son oncle qui s’était retiré particulièrement en colère du dîner. Après sa petite promenade nocturne parmi les plantes, elle avait rejoint sa domestique pour monter se coucher. Celle-ci dormait dans une chambre voisine dont l’unique porte donnait sur celle Mary. Celle-ci restait entrouverte, pour que la servante entende le moindre signe d’agitation. Si Miss Beckett s’était relevée, elle l’aurait entendue. Or elle soutenait ne pas l’avoir entendue. A bout de force, et en proie à un profond chagrin, elle attrapa son panier à ouvrage dont elle ne se séparait jamais et quitta le jardin, laissant son livre sur le banc. Je le pris et remarqua la photo d’un beau jeune homme en guise de marque-page.
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| | | Gairwyn
Nombre de messages : 21 Age : 36 Date d'inscription : 01/02/2008
| Sujet: Re: Gairwyn devoir N°2 [Nichiren] Sam 12 Avr - 21:55 | |
| En sortant du salon je rencontrai le fils, lequel parut contrarié de ma présence. Il ne possédait aucune des manières douces et aimables de sa cousine. Il m’accorda un entretien, à la seule condition qu’il soit particulièrement rapide. Je lui assurai que je ne comptais aucunement abuser de son temps, aussi m’invita t-il dans la salle de musique. Il s’assit négligemment dans un des fauteuils sans même m’avoir invitée, moi une dame, à m’asseoir avant lui. Il me montra une marquise face à lui lorsqu’il prit conscience de sa bévue. Andrew Théodore Beckett était l’opposé de Mary, également au niveau de la beauté. Ses traits pouvaient aisément faire tourner la tête de quelques jeunes filles. Ses yeux d’un bleu intense me dévisageaient de façon soutenue. Une mèche brune tomba devant eux avant que sa main ne vienne la replacer d’un geste élégant dans le reste de sa chevelure gominée. Il portait une très fine moustache qui relevait son élégance. Celle-ci me paraissait tout à fait convenable pour un jeune homme de vingt ans de sa condition. Il se tenait négligemment sur le sofa et sa chemise se froissait sous son gilet noir. Je fus cependant surprise de noter qu’il ne portait ni bouton de manchette, ni montre à gousset, ni quoi que ce soit qui ait de la valeur. Je trouvai cela étrange pour un fils de Lord mais ne lui en fit point part et gardai pour moi cette observation. Il ne m’en apprit peu sur lui-même. Andrew respectait son père mais n’entretenait pas avec lui des relations très amicales. Feu Sir Beckett désapprouvait en grande partie le train de vie de fils. Il lui reprochait surtout son incapacité à gérer ses finances correctement. Le jeune homme m’expliqua qu’il trouvait que son père ne lui donnait pas une pension suffisante pour quelqu’un qui doit fréquenter le monde. Selon lui, son père souffrait d’avarice et n’accordait qu’une très faible somme à son fils et à sa femme, gardant le reste jalousement, pour une raison ignorée de tous. J’interrogeai Andrew sur ses dépenses et il me répondit que toutes les livres étaient utilisées à des fins honorables et que jamais il ne les perdait en boisson ou en futilités, encore de raisonnables frais pour son plaisir. Il m’apprit par la suite que ceux-ci consistaient à paraître tantôt à l’opéra et au théâtre, tantôt aux bals, afin de courtiser les jeunes filles. Il préférait cette dernière distraction de loin, car il n’appréciait que très peu la joie des livres ou de la musique, qu’il laissait à Mary. Il se rendait très souvent à des soirées organisées par son voisin et ami, Sir Legde. Andrew avait beaucoup d’amis et une ou deux jeunes filles qu’il aimait bien. Il souhaitait que son père accepte de vivre à Londres afin qu’il puisse fréquenter le monde encore davantage et il me confia être bien content d’avoir quitté cette Inde. Il ne me parla pas de sa mère et ne semblait pas souffrir de la même tristesse intarissable que sa cousine. Enfin, je le questionnai sur ses activités le soir de la mort de son père et il m’expliqua qu’à la fin de son repas, il était allé voir son père dans le bureau au sujet de sa pension et que la discussion avait tourné court. Le ton était monté et Andrew, en colère, était allé se coucher très tôt. La bonne l’avait vu à 22h et il n’était pas sorti de sa chambre, d’ailleurs, il ne mettait jamais les pieds dans la serre car il avait peur des serpents et craignait leurs morsures. Je le remerciai de ses informations fournies et le quittai.
Je dus attendre la fin d’après-midi pour rencontrer Lady Beckett qui prenait le thé sous la tonnelle. C’était une dame hautaine et fière de sa naissance. Lorsque je me présentai elle me demanda sans ménagement combien je touchais de rentes et parût choquée qu’une femme se mêle à des affaires aussi sombres. Je lui répliquai que j’aimais aider la police et que mon esprit de déduction avait permis l’arrestation de nombreux coupables. « Scotland Yard serait bien perdu avec des femmes ! » cingla t-elle. Je ne répondis pas, bien décidée à lui prouver que je trouverai le coupable. Elle ne répondit à aucune de mes questions tant que son thé ne fut pas entièrement bu, et les gâteaux mangés. Ce fut alors pour moi l’occasion de l’observer. Hélèna Jamie Beckett était une femme qui prenait soin de son apparence. Il flottait dans l’air un léger parfum de menthe. Sa robe noire la faisait paraître la plus élégante veuve que je n’avais jamais eu l’occasion de voir. Elle portait un très chic collier de perles blanches tombant de son haut col de dentelle sombre. Son corset resserrait sa taille déjà fine et mettait en valeur ses formes. J’admirai son très joli camée accroché à sa poitrine, ainsi que sa bague sertie de diamants et de rubis. De délicats peignes ornaient son chignon sophistiqué qui retenait sa blonde chevelure. Elle posa violemment sa tasse et détourna son visage de ma vue, sortant un mouchoir qu’elle tamponna sur ses yeux verts. Elle prit bien soin de ne pas ôter la moindre parcelle de fard. Puis elle remarqua que je la regardai et s’excusa en m’expliquant à quel point la perte de son époux l’affectait. Elle sembla se ressaisir dans un effort remarquable et me regarda. « Vous me trouvez bien habillée, n’est-ce pas ? demanda-elle. Je suis heureuse d’être enfin rentrée dans ce monde de civilisation. » Elle me décrivit alors ses longues années en Inde, loin du monde, loin de Londres et définitivement trop loin de ses amies. Elle les avait vécues comme un véritable enfer et s’était sentie être enterrée vivante. Elle me décrivit longuement les mœurs outrageantes de ces « sauvages ». Contrainte de vivre là-bas à cause d’un mari égoïste, elle m’avoua s’être longtemps battue pour un retour en Angleterre. Depuis son retour à la mère patrie, elle revivait, ne souffrant plus des fièvres intermittentes ou de maux de ventres atroces. Je m’intéressai alors aux finances de son mari notamment au testament. Elle m’avoua qu’il avait été contracté lorsque les enfants étaient encore très jeunes et qu’elle bénéficiait de la plus importante des trois parties. Andrew toucherait la sienne à ses vingt-et-un ans et Mary à son mariage. Elle n’avait aucune raison de tuer son mari car elle n’avait aucun droit sur la part des mineurs et qu’elle préférait que son mari fasse fructifier ses économies plutôt que de s’en occuper elle-même. Enfin, elle m’expliqua avoir grande satisfaction de la pension mensuelle versée par son époux. Elle ne dépensait pas excessivement, issue de moyenne condition. Je me renseignai sur la nature de ses fonctions comme maîtresse de maison. Lady Hélèna s’occupait d’organiser les frais hebdomadaires. Elle choisissait les repas qui se feraient, la décoration intérieure, avec bien sûr l’accord de son mari, payait les gages des domestiques, contrôlait et recevait les moindres courses, de nourriture, de médicaments ou à caractère plus futile et s’occupait des réceptions et de l’entretien des relations. En bref, tout ce qui touchait le bon fonctionnement de la maisonnée passait par elle. Enfin, elle me dit s’être effectivement disputée avec son mari à la suite d’Andrew et avoir quitté son époux en vie avant de monter elle-même se coucher. Elle n’entendit aucun bruit particulier venant du couloir. Sa chambre étant juste à côté de son mari. Lorsqu’elle mit fin à l’entretien et s’en alla, je notai son pas lourd et bruyant. Assurément, les domestiques l’auraient entendue. Je continuai mes recherches encore quelques temps. J’assistai aux soins quotidien des serpents par le jardinier, qui vivait dans la loge à l’entrée du manoir avec sa famille. Il me confia que Sir Beckett lui avait appris les gestes nécessaires mais que personne à part lui ne s’y intéressait dans la maison. Le vieil homme fut content de constater qu’une personne autre que son maître était présente lors son travail. Il tirait une certaine fierté de l’entretien de serpents aussi dangereux, cela faisait de lui un héros à ses yeux. Je souris à cette idée.
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| | | Gairwyn
Nombre de messages : 21 Age : 36 Date d'inscription : 01/02/2008
| Sujet: Re: Gairwyn devoir N°2 [Nichiren] Sam 12 Avr - 21:56 | |
| Une semaine après le meurtre de Feu Sir Beckett, l’officier de police convoqua tout le manoir, me demandant où en étaient mes recherches. J’annonçai alors que je pensais avoir tout ce qu’il me fallait. « Et bien je pense avoir tout les éléments nécessaires, commençais-je. Tout d’abord, je voudrais commencer par récapituler les faits. Ce 3 juillet, le maître de maison a été assassiné. On l’a retrouvé mort dans son lit mordu par un cobra. Le naja, mort à coté de lui, venait de son propre élevage. Alors qui, mesdames et messieurs, qui pouvait bien en vouloir assez à Sir William Beckett ? Etait-ce son fils ? Ce jeune homme aimant les plaisirs de la vie et s’étant disputé la veille avec son père pour quelques livres par mois en plus. Ou bien son épouse ? Cette femme avec qui il entretenait une relation conflictuelle et ce dès leur mariage, dont personne n'ignorait l’intérêt financier d'ailleurs. Ou bien serait-ce cette jeune fille, Mary ? Cette enfant, souffrant perpétuellement, notamment la nuit avec ses violentes crises qui nécessitent une faible injection de curare, afin de calmer ses convulsions. » « Miss Mary coupable ? répondit l’inspecteur ! C’est impossible ! Elle dort avec une bonne, elle l’aurait entendue se lever. Et puis pour quel motif ! C’est elle qui s’entendait le mieux avec son oncle. » « Quel motif ? J’y venais justement. Miss Mary dites-nous, qui est ce jeune homme ? Vous regardiez cette photographie l’autre jour n’est-ce pas ? Vous reconnaissez ce marque-page ? »
La jeune fille pâlit et cilla devant la photo. Les larmes lui venait et semblait souffrir extrêmement de la situation. « Il s’agit de votre fiancé n’est-ce pas ? Demandai-je d’un ton doux. Jillian Mark Longburn. Il est officier aujourd’hui. Il habite le petit manoir voisin et vous écrivait des lettres. Je les ai trouvées, très facilement je dois dire. Vous aimez Shakespeare m’avez-vous dit, elles étaient dans Songe d’une nuit d’été. Pourriez-vous nous dire ce qu’il est advenu de Jillian ? » L’assemblée semblait d’abord choquée d’apprendre que Mary avait eu un soupirant. La jeune fille ne bougea pas, devenant de plus en plus pâle. « Il venait vous faire la cour. Mais votre oncle l’a découvert. Cela l’a mis en rage. Comment sa nièce, la fille de son frère bien-aimé, celle qu’il adorait pour sa ressemblance avec lui-même, pouvait-elle s’abaisser à aimer un homme de si basse condition ? Vous méritiez un jeune homme du monde, pensait-il. Alors il vous a interdit de le revoir mais vous avez fait fi de son autorité. Il s’est alors arrangé pour éloigner Jillian de vous. Par ses relations avec les anciens gouverneurs, il l’a envoyé à la guerre. Le jour de la mort de votre oncle, on vous a renvoyé vos lettres. Nous savons tous ce que ça signifie. Le soir, lorsque votre cœur n’en pouvait plus, vous avez décidé d’ôter la vie à votre oncle… » « C’est impossible, rétorqua l’inspecteur, comment aurait-elle fait avec sa dame de chambre ? » « Je viens de vous le dire. Mary voyait Jillian en cachette. Je suppose qu’il devait poser l’échelle de la remise à votre balcon. Personne ne vous aurait vu de ce côté-ci de la maison. J’ignore quand avez-vous compris que vous pouviez marcher dans la maison sans que votre bonne ne se réveille. Peut-être étiez vous plutôt jeune, mais qu’importe, votre alibi ne tient plus Mary. Et tout concorde. Après votre soirée au salon, vous vous êtes rendue dans la serre, comme tout les soirs. Vous avez choisi un cobra, votre oncle vous a appris comment les prendre sans risque. Vous l’avez mis dans votre panier à ouvrage. Qui aurait pensé que vous transportiez un naja ? Puis vous vous êtes couchée et avez attendu. Vous avez entendu les deux disputes puis votre oncle monter se coucher. Peut-être avez-vous encore patienté encore un peu. Puis vous êtes sortie de votre chambre. Celle de votre oncle n’est pas loin de la votre. Vous avez ouvert la porte et glissé le serpent hors de son panier. » Mary sembla alors à court de souffle. Elle n’avait pas la force de répondre aux accusations. Elle resta là simplement à pleurer et à tenter de respirer tandis que les autres la regardaient avec effroi. Je ressentis alors pour elle une grande pitié. J’avais d’autres preuves à ajouter mais j’hésitais à accabler davantage la jeune fille. Finalement l’officier me demanda si cela était tout. « Non. J’ai remarqué que Mary souffre de ses crises lorsqu’elle est en proie à une forte culpabilité. Elles ont commencé lors de la mort de ses parents. Elle se considérait comme celle ayant apporté ce mal chez eux. Or depuis l’évènement qui m’a fait venir chez vous, elle en fait tous les soirs. Mary se sentirait-elle coupable de la mort de son oncle ? » « Ou de son fiancé ? » « Cela est bien possible. Mary ? Qu’avez-vous à nous dire ? » Mary releva la tête, comme si elle venait enfin de trouver la force. « Vous avez tout à fait raison. J’ai tué mon oncle. Tout s’est passé exactement comme vous l’avez décrit. J’ai tout perdu dans ma vie. Mes parents, le monde de mon enfance… J’avais trouvé Jillian mais mon oncle me l’a dérobé. Comment pouvais-je le laisser vivre ! Lui qui a tué Jillian, l’homme que j’aimais. Avec lui la vie me souriait, mes crises s’estompaient ! Il n’est plus, mon oncle non plus… Je suis sa meurtrière…Je n’ai plus rien. » Mary baissa les yeux vers le sol et laissa les policiers lui attraper les bras sans broncher, et commencer à l’emmener. Je posa précipitamment mon bras sur celui de l’agent le plus proche. « Que faites-vous ? » « Nous l’emmenons, me répondit l’inspecteur surpris. » « Vous faites erreur. Oui Mary a bien eu l’intention de tuer son oncle, oui elle a mis le serpent dans la chambre, mais Feu Sir Beckett, paix à son âme, n’a pas été tué par le serpent » « Pardon ? » « Oui. Tout d’abord, le poison d’un cobra peut mettre entre deux et dix heures pour agir. Si Sir William se savait mordu, il ne serait pas resté dans son lit sans avertir qui que ce soit. Tout en restant calme, il aurait su quoi faire, il aurait sans doute sonné. Votre vieille bonne indienne m’a dit que son maître conservait toujours des antipoisons et qu’elle connaissait, ainsi que Sir Beckett, les gestes d’urgence en cas d’accident. Ceux-ci étaient de plus limités avec les soins du matin, auquel personne n’assiste, ce qui est bien dommage. Si Mary l’avait fait, elle aurait su que régulièrement, on recueille le venin des serpents pour qu’ils ne mordent pas quelqu’un par inadvertance. Aussi la morsure reçue n’a eu aucun effet, à part la marque sur le bras. » « Mais de quoi est-il mort alors ? » « Il a été empoisonné. Je parlais de marque à l’instant. Avez-vous remarqué celle sur son torse monsieur l’inspecteur ? » « Oui en effet, j’ai supposé que le serpent l’avait blessé. » « Dans un tel cas, il y aurait eu une seconde juste à coté. Pour les deux crochets. Non, c’est une aiguille qui a fait une telle marque rouge. Sir Beckett a été empoisonné avec une seringue. » Il y eut un sursaut dans l’assemblée. Mais je ne remarquai pas de changement, mis à part chez Mary, dont les yeux ne se décrochaient pas de mon visage. Lady Hélèna continuait toujours à tamponner son mouchoir sur ses yeux et son beau-fils tirait nerveusement les fils du sofa. « A qui pensez-vous ? » « Commençons par le mobile. Commençons par Sir Andrew, le premier à s’être disputé avec son père. Pourquoi ? Ne trouvez-vous pas étrange qu’il ne porte rien de précieux sur lui ? Je pense Sir Andrew,que contrairement à ce que vous m’avez dit, la pension que vous verse votre père ne vous suffit pas. Je pense également que vous perdez tout à ces soirées où vous allez. Qu’y faites-vous d’ailleurs ? Vous aimez les plaisirs de la vie, mais celui qui vous plait le plus ne serait pas celui du jeu ? Je suppose que votre père l’avait découvert, et menaçait de cesser de vous donner votre pension. Alors vous l’avez tué… » L’accusé se leva brusquement et éleva sa voix. « Je n’ai tué personne. Oui j’ai des dettes de jeux ! Mais ce soir là, j’étais à la taverne du village ! Vous pouvez demander si vous voulez, on me connaît là-bas. Je cherchais à éponger ma dette, au lieu de ça, j’ai perdu ma montre. Tout cela à cause de mon égoïste de père ! Il ne m’est même pas venu en aide, avec tout l’argent qu’il a ! » « J’ai vérifié Sir Andrew, ce n’est pas vous… Vous étiez effectivement en train de dilapider votre argent au pub. Non, ce n’est pas vous… Il s’agit en réalité de votre belle-mère. » Lady Hélèna restât interdite. J’admirai sa maîtrise d’elle-même. « Pourquoi aurais-je tué mon époux ? Quelle lamentable erreur vous fait penser à moi ? » « Tout d’abord, le bureau a été fouillé. Pourquoi ? Quel dossier intéressait tant la personne qui l’a fait. Mary n’avait aucune raison, il s’agit donc des deux autres. Nous y reviendrons. Au bout d’un certain temps, j’ai compris que je ne trouverais pas la feuille. L’âtre contenait des cendres. N’est-ce pas étrange à cette époque ? Pourquoi faire un feu en plein été, si ce n’est pour faire disparaître quelque chose ? Alors j’ai pris le bloc de feuille de Sir Beckett et je l’ai frotté à du charbon. Et j’ai trouvé un testament. Alors je me suis rappelée la date de sa mort. Etrange également, que Sir Beckett soit mort précisément la veille de son rendez-vous mensuel chez le notaire, non ? Vous m’avez dit, Lady, que le testament avait été fait alors que les enfants étaient encore jeunes. Sans doute votre époux souhaitait-il le modifier. Ce qui était le cas. Il souhaitait réduire votre part et transférer la totalité des biens situés en Inde à votre nièce et les possessions d’Angleterre à son fils qui aurait dû vous verser une pension. Vous risquiez de perdre alors la principale source de vos revenus. Vous aimez les jolis bijoux Lady Hélèna, aussi cette situation vous était inacceptable. Vous m’aviez également dit que vous vérifiez attentivement la moindre dépense du foyer, allant jusqu’à recueillir vous-mêmes les courses faites, notamment celles des médicaments. Je vous accuse d’avoir subtilisé une seringue et un flacon du curare de Mary et de l’avoir injecté à votre mari ! Vous avez attendu que tout le monde soit couché pour le faire… » « Tout cela sans que personne ne m’entende ? » « Tout à fait, car vous êtes passée par le balcon que vous partagez avec votre mari. Quoi de plus facile, vous saviez que la fenêtre serait ouverte. Quelle surprise avez-vous dû avoir en voyant Mary déposer le serpent. Vous avez trouvez votre tache plus facile sans doute ! Vous avez dû vous dire que tout le monde croirait à la morsure mortelle, aussi n’avez-vous pas pris soin de camoufler la piqûre. Votre mari s’est débattu sans doute, alors vous avez planté la seringue en plein cœur et vidé le contenu d’un flacon entier de curare dans son sang. Il n’avait aucune chance de survivre. Le lendemain vous êtes tranquillement descendue dans le bureau pour brûler les papiers et briser la seringue dans le foyer. Tout s’est presque passé comme prévu. N’êtes-vous pas surprise de ce qu’un détective peut faire, une femme qui plus est ? Et pour l’amour du ciel, cessez avec ce mouchoir de menthol ! Vos larmes sont feintes ! Quand à vous Mary, vous n’êtes pas allée chercher très loin l’idée du cobra n’est-ce pas ? Il est riche de se servir de ses lectures. Saviez-vous que l’aspic des égyptiens est un des noms pour le cobra ou naja ? »
« Viens, mortel aspic, que ta dent aiguë tranche d'un seul coup ce noeud compliqué de la vie. Allons, pauvre animal venimeux, courrouce-toi et achève. » Shakespeare, Antoine et Cléopâtre, scène de la mort de Cléopâtre. | |
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