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 La vie est belle ... #Réaliste

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Mido
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Masculin Nombre de messages : 2373
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Date d'inscription : 22/11/2007

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MessageSujet: Re: La vie est belle ... #Réaliste   La vie est belle ... #Réaliste Icon_minitimeJeu 3 Jan - 16:33

La nuit tombait sur les rivages de la sombre ville d’Ignas. Sur les bords de cette mer polluée et puante, les marins ainsi que les diverses boutiques fermaient leurs établis et leurs rideaux de fers. Les quais n’étaient bientôt plus que peuplés par les rats et les mendiants. Plus loin, en s’enfonçant dans les grandes avenues désertées par les habitants, une tout autre activité se mettait en marche. Celle de la nuit, de la luxure et de la drogue, de la prostitution et des méfaits.

Dans un des immeubles crasseux qui bordaient un parc laissé à l’abandon depuis des années, où les plantes avaient pris le dessus sur les bancs et jeux, une jeune femme, revenant doucement de ses rêves colorés, se réveillait quand la pénombre fut totale à l’extérieur. Elle dormait sur un matelas sale, enroulée dans une couverture trouée qui aurait pu servir à un clochard. Ses yeux s’ouvrirent enfin quand un réveil datant du siècle dernier sonna ou plutôt s’évertua à sortir un son de crécelle de sa carcasse métallique. Ouvrait enfin ses yeux, la demoiselle regarda l’heure qu’indiquait la machine. On approchait déjà 21 heures. Elle était dans les temps.

Elle se leva avec difficulté, ses membres encore endormis et courbaturés de la soirée dernière. Elle n’avait eut que quelques heures agitées de sommeil. Un bâillement se décrocha de sa bouche. La nuit de travail commençait. L’appartement où elle vivait était composé de trois petites pièces. Une chambre, dont les murs étaient couvert de tentures rouges et d’affiches volées sur les vieux arrêt de bus, une petite cuisine qui n’avait que pour seul outil électronique une machine à café, et une salle d’eau de taille encore plus moindre que la pièce précédente. La jeune femme se dirigea vers cette dernière et ouvrit le robinet d’une douche dont les dalles au sol et aux murs étaient aussi soulevées qu’une foule en délire. Elle fit bien attention à ne pas s’égratigner contre un des coins coupants de ces carreaux en se glissant sous l’eau. Le liquide brûlant coulant sur sa peau fini de la réveiller. Elle sortait enfin de ses pensées et retombait lourdement dans la réalité qu’était son quotidien. Les marques de draps sur son torse s’estompaient au fur et à mesure. Elle s’empara d’une petite bouteille d’où sortit un gel douche jaunâtre. Elle s’en badigeonna le corps, puis, en attrapant une seconde, elle s’occupa de ses longs cheveux sombres. Quand elle fut propre, elle sortit de la salle, une serviette nouée autour de la poitrine et un torchon enroulé dans sa chevelure trempée. Elle prit dans un des placards bancals de la cuisine une tasse et un sachet de café. Elle versa la poudre avec de l’eau dans la machine et attendit, assise sur le bord de l’évier, qui ne manquerait pas de s’effondrer sous peu. Un bip sonore se fit entendre, au milieu de la rumeur qui s’échappait de tous les étages de l’immeuble. La jeune femme s’empara du récipient et se versa une tasse pleine du liquide chaud et nauséabond. Un rictus de dégoût se forma sur son visage quand elle bu la première rasade. Elle n’était définitivement pas douée pour la cuisine et tous ses dérivés.

Quand elle eut fini de se désaltérer, elle fouilla sur une étagère en métal, installée dans sa chambre depuis son arrivée. Elle n’avait pas été récupérée par la famille du locataire précédent qui avait été assassiné. S’il y a un meurtre, il vaut mieux ne pas trop en faire parler, sous peine de subir le même sort que la première victime. Sur les rangements, des tas de vêtements plus ou moins propres étaient emmêlés. La jeune femme sortit de cet enchevêtrement un bustier et des sous vêtements bordeaux, puis, se baissant un peu, saisit une paire de talons aiguilles noire. Elle laissa tomber sa serviette, dévoilant à quiconque regardait par sa fenêtre son corps voluptueux. Elle enfila doucement ses vêtements, puis, vérifiant que tout allait bien dans un bout de miroir brisé, elle retourna dans la salle de bain. Là, elle sortit une petite trousse, où elle prit ses diverses affaires de maquillage et de coiffure. Elle transforma son visage en quelques minutes. Etant d’une pâleur assez naturelle, elle raviva son teint jusqu’à avoir l’air de revenir d’un voyage aux Antilles. Ses yeux, d’un bleu gris cristallin, furent entourés par des couches et des couches de crayons. Ses lèvres subirent le même sort au rouge à lèvre pour finir de la même couleur que les sous vêtements qu’elle portait. Quand elle fut satisfaite du résultat, elle peigna ses cheveux jusqu’à ce qu’ils soient lisses et ordonnés. Elle s’en alla alors dans la pièce principale, vérifia l’heure puis, prit des clefs et un long manteau beige.

Elle sortit de son appartement, ferma la porte avec attention, les voleurs n’étaient pas rares, bien qu’il n’y avait pas grand-chose à prendre, et descendit en faisant claquer ses talons les cinq étages qui la séparaient du rez-de-chaussée. En bas, elle croisa son locataire qui la regarda d’un air méfiant, mêlé à un certains désir envers la jeune femme aux formes alléchantes. Elle n’y prêta pas attention et sortit dans le parc. Des animaux sauvages comme des chats, des renards trainaient ici. Elle pressa un peu le pas, en espérant ne pas en rencontrer. Dans la grande rue qu’elle prit, elle croisa quelques junkies qui sortaient leurs marchandises pour des prostituées, cherchant un moyen d’oublier leur métier. La vie la nuit à Ignas n’était vraiment pas à conseiller.

Les ruelles bordant l’avenue étaient peuplées par les rats, éventrant des poubelles renversées pour trouver de quoi se nourrir. La plupart avait la rage. Une épidémie avait été déclarée il y avait quelques mois, mais très vite éradiquée à coup de mise en quarantaine puis, d’exécutions, la réserve de vaccin étant épuisée, ou plutôt, limitée. Le gouvernement avait réussit à se débarrasser de poids qui le gênait dans sa bonne marche.

Après un bon quart d’heure de marche, la jeune femme tourna à gauche dans une des allées. Là, le sol était à peu près dégagé et peu de personnes y résidaient. Les bâtiments étaient plus propres qu’à l’accoutumée. Une petite porte noire, en métal, était entrouverte au bout du cul de sac. Elle y frappa en regardant le panneau au-dessus où était inscrit « entrée réservée aux artistes ». Un gros homme d’une trentaine d’année, la barbe sale et la bedaine pendante lui ouvrit et râla :


- T’es en retard Lisa, tu commences dans cinq minutes, bouge toi !
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Mido
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MessageSujet: Re: La vie est belle ... #Réaliste   La vie est belle ... #Réaliste Icon_minitimeVen 4 Jan - 17:41

Elle suivit le conseil du patron et se pressa pour se rendre dans une des pièces qui bordait celle où elle se trouvait, qui ne servait en réalité que de hall. Elle se retrouva au milieu d’une dizaine d’autres femmes, d’âge et de corpulences variées, de couleurs de peaux multiples, toutes enfilant divers sous vêtements ou costumes. Lisa en salua quelques unes d’une bise rapide puis posa son manteau sur une des chaises en plastique, sûrement piquée dans un jardin.

Une des collègues de travail de la jeune femme s’avança, s’appuya sur le mur où était resté debout Lisa puis, engagea la discutions.


- Alors toi, j’ai cru entendre que t’étais pas heureuse de travailler ici ?

La question était posée sur un ton sec et insistant. C’était Rita, une des anciennes dans la maison, qui était plus considérée comme une mégère sans talent que comme un employé. Elle ne servait plus qu’à servir des verres aux clients. D’ailleurs, approchant de la cinquantaine, plus personne n’aurait voulu d’elle autre part, elle ne se plaignait donc pas. Elle est Lisa avait toujours eut des différents sur des problèmes futiles.

- Lâche moi Rita, ou jbalance au patron que tu snif sa coke quand il est avec ses putes.

Elle se sépara de l’autre fille et se dirigea vers la porte. Une sonnerie puissante s’éleva d’un haut parleur presque neuf, fixé au dessus d’une fenêtre. Lisa sursauta et interrogea du regard une des femmes. Celle-ci, une petite brune rondouillarde lui répondit sur un ton railleur :

- C’est Boris, il a installé ça pour qu’on n’arrive pas en retard quand le club ouvre.

Elle grimaça. Les inventions du directeur étaient de plus en plus ridicules et dérangeantes. A la manière d’une basse cour, toutes les filles sortirent au pas de course pour rentrer dans la grande salle. Il y avait un bar, collé sur tous le long d’un des murs, avec derrière, un barman, nommé Luis, fraichement arrivé. Les lumières étaient tamisées à cet endroit, créant une ambiance tamisée et douce. Autour, quelques tables vides, les chaises disposées vers la scène. Cette dernière, qui prenait plus de la moitié de la pièce, était illuminée par les spots de multiples couleurs, tournés uniquement vers cet endroit. Sur l’estrade, des barres de fer étaient disséminées, chacune faisant face à un canapé arrondit où les clients pouvaient s’asseoir.

Lisa s’avança en première, et prit place à une place un peu reculée. Les autres se pressaient pour celles les plus avancées, là où ça rapportait plus. Elle, elle n’avait pas besoin de ça. Elle connaissait les habitués, ceux qui payaient bien. Les premiers hommes rentrèrent, tous avides de sensations et de chair fraiche. Ils payèrent le videur et s’installèrent pour la plupart au bar, où ils commandèrent de l’alcool fort. Pendant ce temps, les femmes commencèrent à danser langoureusement contre le métal, attendant qu’une âme charitable vienne les remercier.

Le club se remplissait rapidement. Depuis déjà une heure qu’elle dansait, Lisa s’était déjà fait quelques petits billets. Elle n’avait rien eut d’intéressant à faire, pas de show personnel. La soirée se voulait calme ce soir là. Alors qu’elle comptait faire une pause, histoire de boire un verre, elle vit la porte d’entrée s’ouvrir sur un homme, grand, musclé, un chapeau sombre cachant son visage. Elle le reconnu immédiatement.

C’était un homme de la milice, la police de la nuit. Cette dernière avait été instaurée quand une guerre entre les dealers et les prostituées avait commencée. Depuis des mois maintenant, elle sillonnait les bars, les clubs de strip-tease et les rues à la recherche de trouble-fêtes. Les types qui travaillent pour ce service mis en place par le gouvernement étaient généralement de grosses brutes, qui abusaient abondement de leurs pouvoirs pour violer, tabasser les gens. Lisa en avait une peur bleue. Ce mec là, elle y avait déjà eut affaire. Ce n’était pas la première fois qu’il venait ici. La dernière fois, elle se serait faite violée si Boris n’avait pas intervenu et négocié.

Elle le regardait en coin, en même temps qu’elle descendait de la scène pour danser près d’un client. Malheureusement, celui-ci se leva et partit voir quelqu’un d’autre. Ne sachant plus quoi faire, elle décida de remonter et de reprendre son activité, en priant pour que l’homme vienne la voir. Ce dernier, après avoir montré sa carte et rentrer gratuitement, s’installa à une table vide où il commanda une vodka. Il sirota sa boisson en lorgnant sur les filles du premier rang. A sa moue de dégoût, elles ne semblaient pas lui plaire. Il se leva nonchalamment et fit un tour dans la salle. Il s’approcha doucement de Lisa. Elle se tourna et se cola le dos contre la barre. L’homme de la milice s’assit confortablement, les jambes écartées, sur le canapé qui jouxtait l’estrade. La jeune femme avait signé un contrat. Elle était obligée de s’occuper de tous les clients, sans distinction. Elle se remit donc face au gêneur, et reprit des mouvements calmes. Le milicien ôta son chapeau et fit un signe à la jeune femme de s’approcher. Elle eut un moment d’hésitation puis, s’avança doucement. Il la tira par le bras, la forçant à s’asseoir sur ses genoux. Il lui attrapa la nuque et chuchota à son oreille. Son haleine putride puait l’alcool.


- Tu me ferais bien un ptit truc plus personnel hmm ? …

Un frisson parcouru l’échine de Lisa. Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas le choix. Elle s’écarta un peu et reprit ses mouvements de bassin. Un sourire carnassier se forma sur la bouche de l’homme. Il fit un petit signe de main pour qu’elle se rapproche. Elle ne put refuser, mais, observant une des horloges du club, ses épaules retombèrent, ainsi que ses bras.

- Désolée, t’arrives au mauvais moment, c’est ma pause.
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