Elle dort. Si paisible.
Je l’observe et je me la rappelle parler, sourire et rire encore. L’idée me vient de crier « BOUH », de la faire sursauter, de lui faire peur et qu’elle se réveille le cœur battant la chamade. Elle se lèverait alors, les yeux affolés, en regardant autours d’elle et moi je rirai aux éclats. Me tenant le ventre devant son air ahuri, qu’elle remplacerait bien vite par autant d’éclats que moi.
Ah la bonne farce. Mais pour l’instant, rien de tout ça. Pour l’instant, je l’observe, empêtrée dans son sommeil.
Elle a quelques bijoux, ses préférés et ses croix. Elle aime son Dieu et suit sa Parole. Il faudrait que je l’accompagne un dimanche. Elle est pieuse, et je peux le comprendre, elle a été élevé comme ça. Il y a des rêves qu’on transforme en foi. Parce qu’on ne peut vivre sans rêves et qu’il faut bien se rendre compte un jour que certains rêves ne se réaliseront jamais.
Mais qu’importe, je ne rêve pas pour le moment. Ou peut-être bien que si. Elle aussi peut-être.
Crier, lui faire peur, et rompre ce silence obsédant. Mais je pourrai tout aussi bien juste lui toucher le bras, la secouer doucement peut-être pour qu’elle se réveille et qu’elle égaye à nouveau son monde. C’est bête, je reste plantée là à la regarder dormir et des larmes dévalent mes joues. Sans rîmes ni raison. Qu’il y a-t-il de mal à dormir après tout ? Et puis, elle a l’air si paisible.
Quelqu’un frappe à la porte. Il est l’heure de partir. Une dernière fois mes yeux se posent sur elle. Je me retourne et je sors.
Au fond, peu de chose change que l’on soit endormi ou simplement mort. Juste la possibilité de consoler ses proches. Mais elle est partie rejoindre son Dieu.