I Will Keep The Dream Alive - Valentine's Day

Comme j'ai malheureusement peu de temps, je me bornerais à quelques petits commentaires, et je ne serais pas tendre (sans doute levé du mauvais pied et pas d'bon pwal). Quand on observe en détail la structuration stylistique on peut percevoir le pourquoi de l'ordinaire, et de l'aspect sobre de ce texte mon cher Ramrod. Ce n'est pas "juste" l'originalité du fond qui manque, mais bien celle de la forme avant tout. Chaque impression n'est que la résultante des choix de l'auteur. Ici, malheureusement, bien que l'écriture soit maîtrisée, on ne peut sortir du vulgairement "bâteau".

Citation :

Tout en sachant que ce bonheur était factice et éphémère, je ne pouvais m'empêcher de m'abandonner toute entière à ce rêve que j'avais tant poursuivi.

Tout en sachant que ce bonheur était factice et éphèmère = Sachant ce bonheur factice, éphémère. Tiens rien qu'en modifiant légèrement la structure d'une phrase, on la rend plus douce, plus fluide. Je ne donne qu'un exemple très simple mais on se rend compte très rapidement que la structure du texte est un pur produit de l'éducation nationale. Kezako ? Sujet, verbe, complément, subordonné - vocabulaire conventionnel. Une certaine routine qui tourne sur elle-même. On dit souvent que c'est "arcadien". Que n'en ais-je lu des textes de la sorte... A ce rêve que j'avais tant poursuivi... Encore de la subordination longuette, qui dessert l'émotion, la transmission et l'oeil du lecteur. C'est subtil comme sensation mais c'est tellement carré qu'on en oublie la mosaïque de tripe si cher à Gargan (voir les cours de l'Académie).

Autre chose, "je ne pouvais m'empêcher de m'abandonner toute entière". Quelle lourdeur pour exprimer les caresses de l'abandon à la jouissance amoureuse... (ne, me, de, toute... irk!) C'est l'impuissance, l'invraisemblance, les songes et les chimères de l'amour. On se torture, on se tourmente, on assiège les forteresses de l'inconscient, on donne dans l'obsession. Le désir monomaniaque du Valentin. Enfin bref, le français est une mine d'or de vocabulaire et de simplicité. Ecrire c'est vivre la plume, même si elle s'égare dans des sommets fantasques, ou dans des idées qui ne sont déjà plus nôtres. Ecrire n'est pas un processus complexe qui viserait à "structurer" selon des principes axiomatiques. C'est aussi une réflexion sur les mots et les phrases, leur tournure, leur impact. La qualité "productive" en somme.

En ce qui concerne la qualité "créative", pourquoi pas, même si le sujet est maintes et maintes fois repris, il est toujours moyen à l'entourloupe intellectuelle, par la réflexion. Pour conclure, soyons simple, ce texte, et l'essentiel de tes textes sont par trop cadrées et carrées. L'équilibre entre un fond plutôt banal et une forme schématique rend la lecture tristounette, en dépit d'une certaine qualité et d'une maîtrise qui pourrait être intéressante (outre les fautes d'expression, et les non-sens qui ponctuent certains éléments que je ne listerai pas de façon exhaustive). On est, comme dirait Goldmund, dans un Plus belle la Vie, des façons romantico-adolescentes et rêveuses qui par une structure trop moyenne, n'apportent pas le petit plus nécessaire à ce que j'appelle "écrire". Il faut savoir sortir de ces carcans, et surtout écrire en réfléchissant. C'est sans doute ce qui fait l'extrême médiocrité d'une majorité de textes Aelissiens. Ce n'est pas en parlant d'une chose émotionnelle qu'on est capable de la faire ressentir. C'est en pensant sur son expression, ses causes, ses conséquences et en se détachant de sa propre plume, en y mettant les tripes, qu'on devient à même d'écrire.

Mais par pitié, méditez sur vos mots et vos phrases, sur le sens et le forme. Réfléchissez, cherchez, tatônnez, trouvez, et remodelez constamment vos phrases pour découvrir celle qui sera la meilleure. Sans ce travail, pas de qualité. Le talent et le génie, c'est justement d'être perfectible et de chercher à atteindre cette perfection.

Amicalement,