Journal de recherche sur TG !

Journal de recherche d'un S.

Je serai bref. Ces lignes relatent les recherches que j'ai mené durant la majeure partie de mon existence sur un des sujets métaphysiques les plus important que le monde scientifique ait eu à connaître de nos jours. Bien sûr, j'ai évolué petit à petit dans mes approches dudit sujet à mesure que j'atteignais une pleine et entière maturité intellectuelle, tout comme mes hypothèses grandissaient et se peaufinaient en tentant de trouver des solutions au problème majeur fondamental constitué par le dessin animé « Titi et Grosminet »... En effet, j'ai apporté la preuve que cette production revêtait un caractère explicatif, descriptif et justificatif de l'organisation de nos sociétés modernes contemporaines, ainsi que sur l'étude des plus grands phénomènes paranormaux encore inexpliqués. Ce qui suit reste donc l'exacte vérité sur mes longs travaux de recherche...

Étant jeune, au sortir de ma terminale S, j'étais un étudiant brillant, intelligent et motivé. Je m'appliquais à étudier la vie sous toutes ses formes, et à résoudre des problèmes physiques ou chimiques complexes. Mes professeurs m'admiraient, tout du moins dans les matières que je considérais -et que je considère toujours- comme fondamentales : Biologie, Mathématiques, Chimie... Évidemment, les enseignements aussi plats que le français, les langues étrangères, l'histoire ou l'économie ne méritaient en aucun cas l'attention d'un grand cerveau comme le mien. Rentrant en Fac de Pharmacie, je décidais de m'intéresser de très près au problème « Titi et Grosminet ». D'inspiration libéro-marxiste, politiquement correct, le jeune homme que j'étais ne mit pas très longtemps pour établir une première théorie explicative du « pourquoi-Grosminet-n'arrivait-jamais-à-manger-Titi ». En effet, ce cartoon n'était que le reflet évident du complot capitaliste hantant le monde actuel. Grosminet était la représentation du chômeur paresseux spolié et ridiculisé par un Titi courageux et imaginatif, vivant dans une cage dorée, faisant référence indéniablement aux parachutes dorés des grands chefs des firmes multinationales. De plus, il était certain que tous les chats un peu sensés qui regardaient ce dessin animé étaient littéralement morts de honte en voyant un canari ridiculiser un félidé. Depuis l'apparition du cartoon, il y eut une hausse importante des suicides des braves matous de quartiers. Les restaurants se servaient de leurs corps pour alimenter des garnitures de pizzas ou les resservir sous des tonnes de sauces thaïlandaises...
Ainsi donc, non seulement « Titi et Grosminet » permettait d'aliéner le travailleur lambda, mais relançait aussi à plein régime l'industrie restauratrice dans le monde.

Cependant, alors que j'entamais ma troisième deuxième année de Pharma, il m'apparut que le phénomène « Titi et Grosminet » avait sans doute des origines plus complexes que cela. Je fis comme à l'accoutumée appel à mes grandes facultés d'analyses pour déduire la source du problème : les chats étaient martyrisés depuis la nuit des temps par l'homme. Ce fut un grand bond dans ma thèse sur le sujet. J'appris qu'il existait un autre dessin animé du même genre : « Tom et Jerry ». Une souris aussi machiavélique que l'était Titi, se moquait d'un pauvre chat, Tom, semblable à Grosminet. Il s'agissait donc bien plus qu'un simple complot, mais d'un fait sociétaire ancré profondément dans les racines de nos civilisations. Il y a plusieurs milliers d'années, l'homme choisit pour animal de compagnie, fidèle, le chien qui se révéla par la suite le pire adversaire du chat. Pire encore, l'humain déclara implicitement la guerre aux chats sous l'Ancienne Égypte, où ces derniers n'incarnaient que des dieux mineurs. Au moyen-âge, on brulât les chats impitoyablement dans d'immenses brasiers : le début d'un terrible génocide.
Ainsi donc, j'en venais à comprendre que les chats étaient depuis très très très longtemps les victimes de l'homme, et de l'évolution des sociétés. « Titi et Grosminet » représentait invariablement l'apogée de ce comportement décadent vis à vis de la race féline.

Malheureusement, « Titi et Grosminet » me réservait bien d'autres surprises désagréables... Au bout de sept années d'études acharnées, j'obtenais brillamment ma licence de Pharma. Après quelques errances, on m'embauchait dans une entreprise pharmaceutique d'agroalimentaire. Grâce à cet emploi stable, je pouvais me consacrer corps et âme à mes recherches. Durant dix années, qui furent les plus sombres de mon incroyable existence, je ne faisais qu'aboutir à un monceau de théories plus ou moins efficaces. Je savais au fond de moi-même que chacune n'était qu'un amalgame de la vérité concernant le canari jaune et le chat zozoteur. « Misère et malheur » me répétais-je souvent à cette obscure époque. Mon inconscient visionnaire me soufflait qu'un subtil élément me manquait pour entériner complètement mes hypothèses, tel le créateur de parfum cherchant l'ultime ingrédient, rare, qui aboutira à créer un nectar suscitant l'envie et le désir.
La solution me vînt une nuit de noël, quelques treize ans après le début de mes recherches : la nature même était la solution ! « Titi et Grosminet » ne pouvait pas émaner de l'imaginaire collectif humain, ou d'un quelconque fait social, juridique ou économique ; le cartoon était bien l'aboutissement ultime de mère nature, de la normativité du fonctionnement de l'univers. C'est les travaux de Darwin qui m'aidèrent ensuite à monter une « échelle alimentaire du Titi et Grosminet ».
Après de longues nuits harassantes, j'incluais à ma théorie d'autres animaux pour parvenir à un arbre hiérarchique parfait, avec de multiples branches. Dans l'absolu, je vous donnerai la ligne directrice de cette magnifique création, apothéose du savoir inné qui caractérise ma personne :

Titi mange le ver. Ensuite, Jerry mange Titi. Par la suite, c'est Tom qui mange Jerry et enfin, c'est Grosminet qui mange Tom. Le canari mangé par la souris, mangée par le chat, lui-même mangé par un chat plus gros.

Vous en déduirez logiquement que Grosminet se trouve au sommet de la chaîne alimentaire. Toutefois, il ne peut pas manger Titi car ce dernier n'a pas été mangé par Jerry qui n'a pas été mangée par Tom. On en conclut donc que lorsque dans un quelconque cartoon futur, Jerry rencontrera Titi, un mécanisme implacable de survie des espèces et du comportement instinctif animal se mettra en marche et je pourrais contempler alors l'aboutissement et la vérification de ma théorie ! En attendant, je patiente jusqu'à ce moment, et publie ce que vous venez de lire, en espérant que vous pourrez vous en servir pour agrémenter ou valider vos divers travaux scientifiques, juridiques, économiques, sociaux, ethnologiques...







L'auteur précise qu'il n'a rien contre les S, encore moins contre les pharmas, et encore encore moins contre les cartoons.
... Ha, oui... Il faut bien que je m'occupe en droit civil...

A défaut de m'être étouffé de rire j'ai quand même levé un sourcil de curiosité amusée à la lecture de ton texte (bon ok : à la fin je me suis quand même permis un sourire !!).

Bon, j'ai quand même ragé à chaque superlatif employé à la description du personnage (d'autant qu'utilisé à la première personne on croirait entendre parler un dieu vivant, un alain delon ou pire encore un normalien...).

Je trouve aussi que pour quelqu'un qui récuse une matière comme l'économie, ton scientifique a plutôt l'oeil avertit lorsqu'il échafaude son théorème macro-économique concernant les incidences sur la consommation des Sylvestres à la sauce thaï !!

Mais tu as très intelligemment mis le doigt là où ça fait mal : la solitude du chercheur face à l'incompréhension !

Le ton pince sans rire est ici beaucoup plus percutant que dans tes précédents textes, car la phase de compréhension finale, avec ce constat navrant et totalement délirant, est vraiment drôle. J'adore le nonsense !!!

Ton texte a été un interlude des plus agréable dans ma looongue journée. Ramrod l'a choisi spécialement pour moi et me l'a envoyé par fax, pour me remonter le moral. Ca a bien marché !

Tr0n a écrit:

Ca c'est pas un commentaire Tr0n. Premier avertissement ...

Je déterre du Teclis aujourd'hui!
Alors plutôt malin, cette sorte de récit narratif absurde et burlesque.
Juste deux choses : le passage sur les restaurants : trop gros, pas assez fin dans l'idée, le côté comique m'échappe.
La référence historique de l'Egypte tu t'es planté mon gars, les chats y étaient vénérés ( bien que le Dieu Bastet est mineure).

Ps : ça donnera la possibilité à Tron de faire son commentaire