Sujet Second [Kayae]

Kayae a écrit:

Dieu nous a enfantés pour vous autres guider
Vous débile troupeau à l'esprit hébété
Qui tout dans l'illusi//on croit pouvoir prétendre
De ses vaseux écrits du bien de nous entendre
Nous qui sommes à la// fois penseurs et écrivains (13 syllabes, on prononce "som/me/s à/ la / fois")
Poètes ou roman//ciers menant de notre main (13 po/e/te/s ou/ ro/man/cier)
Tous les petits esprits sur le vrai droit chemin

Rien ne sera assez bon pour notre clémence
Vos textes présenter est d'une impertinence !
Si toujours vous osez au jour vous exposer
Sachez donc qu'il n'est rien qui sache nous toucher
Sinon les traits géniaux de notre esprit fécond
Et sans ménagement nous vous écraserons
Sous nos puissants talons, vulgaires moucherons !

Mère nature nous a ainsi faits puissants (sauf erreur de ma part, la diérèse n'est pas possible sur "puissant", mais les poètes contemporains trichent couramment, alors soit, le tout est que tu te sois bien rendu compte qu'il faut une diérèse ici pour arriver à 12 syllabes)
Guides tout désignés de vous pauvres enfants
Vous devez obéir car nous sommes la loi
Qui pourra bien médire ou vous montrer du doigt
Les seuls génies présents sont juges parmi nous
Ceux qui tentent l'assaut sont tout simplement fous
Crédules ou d'eux im//bus et notre honneur bafouent (13 syllabes: cré/du/le/s ou/ d'eux)

Quelque chose m'a tout de suite marqué en lisant ce poème: pour une personne aussi jeune, le poème a un côté très vieillot, un peu comme si - tu me diras si je me trompe - tu associais dans ton esprit l'alexandrin à une certaine forme d'archaïsme - c'est ton droit. Je crois comprendre que tu as cherché dans le cadre de cet exercice à imiter le style de Molière: je le vois à la structure de tes phrases, au vocabulaire que tu emploies. L'imitation d'un style est un exercice compliqué, d'autant que Molière possède une écriture extrêmement virtuose: ce n'est pas sans raison que nous parlons de la "langue de Molière". Cette prise de risque est tout en ton honneur.
Pour rentrer dans le vif du sujet, tu as une tendance un peu dérangeante je trouve à jouer des anastrophes: l'anastrophe (ou hyperbate) consiste à renverser l'ordre logique d'une phrase, ainsi tu écries "Vos textes présenter est d'une impertinence" au lieu de "Présenter vos textes est d'une impertinence". Ca donne tout de suite un côté un peu guindé - qui va dans le sens de ton plaidoyer je veux bien le croire - mais pour le coup, c'est surtout lourd et artificiel: ton écriture a quelque chose d'alambiqué. L'anastrophe a pour but de mettre en valeur un mot ou un groupe de mots par rapport au reste de la phrase, la mauvaise anastrophe permet de tricher pour obtenir une rime. Ici, je ne crois pas me tromper en penchant pour la seconde solution.
Autre point qui me gêne: l'emphase. Pour se moquer de l'emphase du critique, il faut avoir assez de style pour s'approprier leur écriture et la retourner contre eux. Sans quoi, ton oeuvre se transforme en une suite de déclamations ridiculement enflammées, fausses, et par dessus tout, ennuyeuses. Tout cela manque de fluidité et de style.
Concernant la versification, j'ai vu assez peu de fautes. Toujours ce "e" muet qui pose problème: le "e" en fin de mot se prononce s'il est suivi d'une consonne (con/so/le/ moi) et ne se prononce pas (on dit qu'il s'élide) devant une voyelle (con/so/le et/ ras/sure). Les césures impropres sont marquées par le signe "//" (voir la correction d'Otalimar pour une explication sur ce qu'est la césure).

L'exercice est réussi: tu t'es lancé dans l'alexandrin et tu t'en est sorti très honorablement en dépit de la difficulté du challenge. Je te mets un 14/20.

Et bien... merci. Je ne m'attendais pas à un aussi bon résultat.

Il est vrai que j'ai tenté une imitation du style de Molière, et de toute façon j'ai réellement un esprit un peu vieillot. Cela se ressent en particulier dans mon écriture, mais pas seulement... mon style (look) aussi s'en ressent.


Merci pour les critiques, j'y ferai attention. J'ai un certain goût pour l'emphase et toute forme d'exagération -on pourrait presque me voir "me trouver mal" et m'évanouir au moindre choc émotionnel.

Enfin, je m'attendais à avoir produit quelque chose de mauvais (il faut dire que je l'ai bouclé en environ trente minutes sur plusieurs jours, car j'étais en plein dans une période de stress).

Merci

Pas de quoi.