Les débats, ça sert à quoi ?

Tiens, je me disais que ça pourrait être rigolo de débattre sur l'utilité des débats. À quoi ça vous sert de balancer des tartines d'arguments/contre-argument sur le forum ? Sans vouloir être agressif, n'y a-t-il pas une petite jouissance personnelle à ça ? Ou bien c'est par altruisme convaincu que vous encensé le monde de votre vérité ?

Non, je crois que je pars d'un mauvais pied là. Les gens vont croire que je suis méchant et tout ça. Alors que c'est même pas vrai. J'aime bien les câlins aussi.

Mais sinon, est-ce que ces débats vous apportent quelque chose ? Et plus généralement, en dehors du web, à partir de quand une discussion/débat vous paraît elle intéressante ? Qu'en retirez vous ? Est-ce que vous vous sentez plus heureux le lendemain matin quand vous vous réveillez ?

Je lance se sujet comme amorce pour continuer l'édification de ma philosophie pragmatique (je pourrais en parler à ceux que ça intéresse). D'ailleurs, ça sert à quoi la philo ?

Il n'y a pas plus d'utilité à débattre qu'à écrire, grapher, ou perdre son temps sur les tchat de Ter Aelis. La vie est d'une confondante inutilité, l'on n'a jamais rien édifié qui nous rende la mort plus confortable, mais que veux-tu, on s'accomode de tout. Vanité des vanités, tout n'est que vanité et poursuite de vent.

Un débat ne m'a jamais rendue heureuse car j'argumente pour justifier de mes vues mais j'écoute intensément ce qui se dit, je l'oppose ou le juxtapose à mes idées, je mesure, je soupèse. Tout ça me prend un temps fou car ma réflexion a un murissement non instantané. Ainsi, le débat enrichit ma pensée par des biais parfois détournés. C'est fatiguant au final et pas toujours réjouissant.

Un débat.

Philosophiquement, le sophisme m'a donné le gout du débat comme exercice de style. Plier, déplier, tordre, préciser, généraliser, marginaliser, manipuler chaque argument que l'une ou l'autre des parties peut poser me fascine et m'amuse. Ce travail de l'esprit ne demande pas vraiment de connaitre le sujet, mais de connaitre le public. C'en est jouissif de voir des maitres à l'oeuvre.

"Dessine moi moi une forme géométrique qui n'a qu'un seul côté." - Descartes en intérim à la place du petit prince

De façon pragmatique, je vais rejoindre Goldmund. Le débat, à mon sens, n'est, dans un but premier, qu'une façon de s'affirmer au groupe, de démontrer une valeur supérieure pour gagner du prestige de façon reposante. (Car c'est quand même plus simple que d'obtenir un million à dépenser, pour le quidam).

Sinon, oui, selon moi il y a une certaine jouissance personnelle à croiser les mots et à gagner. Surtout quand on a pas la vérité de son côté.

Loin derrière cela, vient le fait que, de temps en temps, on débat pour prouver à quelqu'un qu'il a tort, mais franchement, qui se soucie réellement de la vérité des autres?



Au passage, je serais assez curieux d'entendre l'édification de ta philosophie pragmatique, Bonzeye (pour reprendre tes mots). Ça m'intéresse fortement.

l'homme n'ayant aucun but sur cette terre, c'est vrai que débattre ne sert à rien : on ferait mieux de tous crever.

Si on me laisse le choix, j'aime mieux faire des trucs inutiles que de crever. Superflu, dit Baudelaire, chose nécessaire.

Convaincre et imposer ma vision du monde.

C'est mon credo.

Évidemment.

Je compte même monter une secte dans l'avenir et vous êtes mes petits pantins inutiles. Quel épanouissement dans la subversion de vos âmes paumés qui ne savent pas quoi fout' de leur journée ! Non mais sans rire... A quoi sert-il de débattre à part d'imposer sa vision des choses à autrui ? Oh par divers moyens certes, en se targuant de modestie ou tout autre "bon" sentiment mais au final, c'est avoir raison et la domination de l'autre qui nous importent. C'est dans notre petit catalogue génétique, aussi bisounours soyez vous. La futilité n'étant qu'une excuse à l'instinct humain.

Bon, un point qui semble revenir, c'est l'histoire de l'utile. Qu'est-ce qu'on fait, pourquoi on le fait, voilà des questions que je trouve intéressantes. Quand je parlais de "philosophie pragmatique", c'est en quelque sorte la question que je me suis posé.

L'attribution du sens et de l'utilité aux choses, c'est nous qui le faisons. C'est une évidence, mais je le dis quand même : Chaque chose n'a pas le même sens et la même utilité pour chacun de nous. On se retrouve quand même sur certaines choses avec certaines personnes. Si on se retrouve là, à discuter et à "débattre", c'est que nous partageons des choses en commun. Enfin je crois ... (je sais, il y un peu de répétition du mot "choses", mais j'ai pas trouver mieux)

Parmi ce que j'ai put constater, non seulement par rapport à moi-même mais aussi par rapport aux autres, c'est de l'influence de nos pensées et sentiments sur ce que l'on est et ce que l'on fait. Bon, là encore je dis une évidences, mais je crois qu'il faut bien la dire à un moment.

Globalement, sur ma vie, j'essaie de faire des choses qui font que je me sente bien, que j'aille bien (c'est à dire qui me permette de prolonger ma vie). Quand je suis en galère, je fais ce que je peux pour m'en sortir. Bref, ce que tout le monde fait ou essaie de faire, je crois.

Souvent, je vais donner de l'utilité aux choses qui me permettent d'améliorer ma vie et la perpétuer. Je dis utile, mais ce n'est pas forcément le meilleur mot. Et ce n'est pas non plus une simple histoire de classification du monde en utile/inutile.

Ainsi, vu que je suis quelqu'un qui utilise un peu trop son cerveau, j'essaie au moins que mes pensées et mes réflexions servent à améliorer ma vie. Ces pensées et leurs conclusions ne concernent pour l'essentiel que moi. Chacun son chemin, ses pensées, sa vie. Mais j'apprécie de pouvoir partager ce qui m'a fait avancer. Cela peut aussi faire avancer d'autres personnes et leur vision critique m'aide à avancer sur ma route. Voilà d'ailleurs l'utilité la plus importante que je donne à un "débat".

Agir ses pensées et penser ses actes, voilà un bref résumé ce que j'appelle "philosophie pragmatique". L'étape suivante pour moi, c'est la compréhension du mouvement, mais ceci est une autre histoire ...

Citation :

Non
mais sans rire... A quoi sert-il de débattre à part d'imposer sa vision
des choses à autrui ? Oh par divers moyens certes, en se targuant de
modestie ou tout autre "bon" sentiment mais au final, c'est avoir
raison et la domination de l'autre qui nous importent. C'est dans notre
petit catalogue génétique, aussi bisounours soyez vous. La futilité
n'étant qu'une excuse à l'instinct humain

C'est vrai que dans débattre, il y a battre (et il y a aussi dé, mais on laissera ici les aspects ludiques de la question). Et c'est clair qu'il doit y avoir un petit quelque chose qui nous fait frissonner lorsque l'on réussi à battre / dominer / aliéner quelqu'un. La jouissance du pouvoir, ce que c'est bon. Mais bon, c'est justement parce que j'ai vu trop de discussions qui ne mènent à rien que je cherche à faire autre chose que "débattre". Refaire le monde ou se bouffer le nez pour savoir la couleur du ciel, ça m'emmerde toujours. C'est là que j'en vient. Je préfère une discussion qui se construit par la participation de chacun, et d'où il sort quelque chose. Que ce soit une partie de JdR ou une discussion sur le sens de la vie, l'univers et le reste. Personnellement, que quelqu'un soit d'accord ou non avec ce que je dis, je m'en contrefous. Chacun fait ce qu'il veut.

Débat-on seulement avec des idées arrêtées sur le sujet ? Pour ma part ce n'est pas le cas. J'émets une hypothèse et les autres m'aident à y réfléchir... Je dois être trop feignante pour avoir envie de rester à vie sur mes positions.

Je dirais que la fainéantise, c'est justement de rester campé sur ses positions.

Tu me permettras de résumer en deux phrases ta philosophie pragmatique ?
- Il faut chercher à être heureux, comme on le peut.
- Les échanges enrichissants sont préférables aux conversations stériles.

C'est formidable tout ça.

Ouais, c'est à peu près ça pour la surface que j'ai entamée ici.

Sauf que :
- ce n'est pas un "il faut chercher à être heureux". Pour le "il faut", moi je vois plutôt ça comme un "c'est ainsi que ça se passe". Et pour le "heureux", je suis pas sûr que ce soit trop ça. D'où, plutôt chercher à améliorer sa vie (ce qui est plus vaste que chercher à être heureux).

- quelle évidence, n'est-ce pas ? Encore que pour échange et partage, tu peux évidemment élargir ça à tous les évènements qui peuvent arriver. Mais je dirais plus simplement que tout ce qui t'arrives est une occasion d'apprendre (si ça, c'est pas une évidence !). Même une conversation stérile. Juste que les conversations stériles, comme tout le reste, quand t'as compris assez de trucs, tu peux passer à autre chose. Comme par exemple essayer qu'elles ne le soient plus.

Note : Dire autre chose que des évidences, c'est souvent dire des conneries.

Chercher à être heureux, c'est très clair, améliorer sa vie en revanche ça ne veut strictement rien dire: ce pourquoi, je suppose, l'expression se glisse si bien dans ta "philosophie pragmatique". Je connais cette rage d'aboutir à des idées profondes, au terme de réflexions alambiquées, je connais aussi la frustration du philosphe qui s'emmerde à se gratter le cornichon pour trois rondelles. Et parce que je connais tout ça, je peux me permettre de te donner un conseil: ménage ta peine. Laisse ces grands mots qui ne veulent pas dire grand chose. Il n'y a pas de solution, lapin, il n'y a que des partis pris.

Ce sujet a une dimension cynique qui m'a arraché le poil de cul de l'esquisse d'un sourire lubrique.

Il est très drôle qu'un individu prenne le temps de concocter puis d'écrire un texte pour...tenter de rendre ridicule le temps que prennent d'autres à concocter et à écrire des textes.

Ou alors c'est follement ironique et je m'en retourne dans ma basse grotte, à maugréer d'infâmes incantations Sataniques à l'envers de toutes ces puceaux et vermisseaux du "double syllogisme fallacieux" (TrOn).

Goldmund a écrit:

Laisse ces grands mots qui ne veulent pas dire grand chose. Il n'y a pas de solution, lapin, il n'y a que des partis pris.

Cool !

T'inquiète, mec, la réalité, j'ai compris comment ça marche. Et comme je l'évoquais dans le sujet, j'adore me la péter en disant des trucs qui me font paraître plus intelligent que je ne le suis. Et dire que les autres disent plus de merde que moi. J'y peux rien, c'est plus fort que moi.

D'ailleurs, un des petits trucs marrant dans la réalité, c'est les paradoxes, non ?

Ah oui, et je kiffe les grands mots (quand j'ai trouvé "philosophie pragmatique", je crois que j'ai eu la gaule). Mais t'inquiètes, je sais ce que c'est la branlette. Mais j'arrive pas à m'en passer, c'est trop bon.

Les mots sens qu'on leur donne. Je pourrais encore démonter point par point ce que tu dis parce que ça ne "colle pas" avec mes "définitions". Mais tout le monde s'en fout. Ça, c'est le genre de trucs qui servent à rien.

En fait, la seule chose que j'ai à dire, c'est que le fait de m'être gratté le cornichon pour trois rondelle, c'est ce qui m'a permis de ne pas moisir dans ma bouse, et d'aller en trouver une un peu plus puante et un peu plus loin. Ou pas.

Pour finir, je vais dire ce qui m'intéresse dans un débat. Autant, j'en ai en général rien à foutre du sujet, sur lequel je peux dire tout, n'importe quoi, et son contraire. Autant, ce qui m'intéresse c'est de comprendre les gens avec qui j'échange. C'est vrai qu'au final, j'en ai rien à battre des mots. Je les trouve marrants, mais je vais pas me bloquer dessus. Ça serait dommage.

Plumo a écrit:

Ce sujet a une dimension cynique qui m'a arraché le poil de cul de l'esquisse d'un sourire lubrique.

Il
est très drôle qu'un individu prenne le temps de concocter puis
d'écrire un texte pour...tenter de rendre ridicule le temps que
prennent d'autres à concocter et à écrire des textes.

Ou alors
c'est follement ironique et je m'en retourne dans ma basse grotte, à
maugréer d'infâmes incantations Sataniques à l'envers de toutes ces
puceaux et vermisseaux du "double syllogisme fallacieux" (TrOn).

C'est cool, t'as à la fois tout compris et rien du tout.

Cher ami,




Foutre la merde, être pédant, subordonner tout le monde, se faire admirer autant que conspuer, être le pire des salopards égocentriques dont l'essence semble profondément Schopenauerienne...

Tout cela, cela s'apprend. C'est le produit d'une longue expérience, d'une méthode rigoureuse, d'un sens de la répartie et d'un non-sens de la modestie extrêmement développé.


Je crois être capable de représenter, sans me vanter, la plus infâme sorte de trou-du-cul bourgeois sur ce forum lorsque l'humeur m'en prend. Je t'invite donc à méditer l'art et la manière, non pas d'être grand-père mais plutôt d'être un gros-con (j'invite le tiret à la fois pour le calembour, mais aussi pour le plaisir de définir la chose comme forcément indissociable: le gras de la bêtise).

Ceci étant je te souhaite bonne chance mais te préviens: être Prince n'est pas une mince affaire.



P.S:

Leçon I: Être concis.

Sur ce point, je ne peux qu'être d'accord avec Plumo : c'est lui le Roi.

Tu vois petit Bonzeye, lorsque les sujets de tes caprices passés raffolant de ton style sans pareil viendront saluer ton audace et conforter tes propos, tu seras devenu grand.

Néanmoins chère Dounette, je refuse ton offre: tu ne pourrais être ma Reine, quelle que soit l'admiration sans borne que tu m'adresses.


Car si tu accepterais d'être Reine, tu refuserais d'être l'ombre de ton Roi. Or la lourde cape du cynisme s'étend loin, et il faut plus qu'un peu de rancoeur pour briser son ombrage.

Plumo a écrit:

Je t'invite donc à méditer l'art et la manière, non pas d'être grand-père mais plutôt d'être un gros-con (j'invite le tiret à la fois pour le calembour, mais aussi pour le plaisir de définir la chose comme forcément indissociable: le gras de la bêtise).

C'est fort aimable à vous, mon cher, que de m'enjoindre à une subtile réflexion sur ce sujet? Néanmoins, je me permet de la décliner, ayant déjà fort à faire avec de nombreux autres sujets d'importance. Importance non pas capitale pour le royaume, que dis-je l'univers, mais simplement pour moi.

Je me permet également d'enchérir que je n'ai que faire de ces sottises. Ni prince ni manant, je ne cherche rien. Je m'amuse juste à poser des mots de ci, de là. J'égrène au hasard, sortant par monceaux les étranges coléoptères qui peuplent mon cerveau. Je vous saurais gré de ne donc pas me prêter des intentions que je n'ai pas.

Mais je tiens tout de même à vous remercier pour cette subtile joute écritoire.

Amicalement, Bonzeye

Ces doux mots me parcourent l'échine et je bande - mon dos- de plaisir tel un chat domestique.

En ce cas l'ami, mes excuses: j'ai pensé que cet éclair de stupidité qui te faisais si proche de moi allait durer. Ce sera donc une éclaircie paisible de propos sensés, parsemés par instants de gros nuages bouffons.

Tant pis, je rate là l'occasion de jouer en duo avec un clown burlesque; ceci n'étant pas l'insulte épiée, considérant personnellement le Bouffon comme l'être le plus libre du monde, et me considérant en outre comme tel. A la manière d'un Fantasio ! Ah...Fantasio.

"Quelle tristesse que tous ces corps humains: ils copulent mais ne fusionnent pas."

Plumo a écrit:

"Quelle tristesse que tous ces corps humains: ils copulent mais ne fusionnent pas."

Moi, je dirais quelle chance !

Tout se perd. Jadis, le Prince était un emmerdeur de la pire espèce, mais il le faisait avec classe. Aujourd'hui il ne sait plus conjuguer ses imparfaits de l'indicatif.

Plumo a écrit:

Car si tu accepterais d'être Reine

Si j'aurais su j'aurais pas venu: vous voyez le petit dans la Guerre des boutons ? Collez-lui un béret sur la tête: à qui il vous fait penser ?

Je suis plutôt pas mal sur la photo!