Freuzne VS Eolis

D'une rapidité déconcertante Eolis arriva près des portes de l'arène où elle allait disputer sa rencontre avec le maîtres au bagues. Elle venait de prévenir son maître, Essen ciel, de la nouvelle, bien entendu aussi pour avoir son avis et peut-être quelques petites paroles de dernières minutes. C'était la première fois qu'elle se sentait aussi stressé face à un adversaire.

Citation :

-El, c'est bien l'un des seuls êtres humains qui t'es donner le plus de fil à retorde pas vrai? cet question n'avait point besoin de réponse c'était clairement pour se donner au max et ne pas faire d'erreur qu'elle disait cela ...Et il m'a toujours impressionner. Il cache beaucoup de choses, comme toi, et je n'arrive pas à comprendre sa façon qu'il a de s'utiliser...
-Alors tu crois ne pas pouvoir comprendre toutes techniques c'est cela?
-En fait j'ai peur d'être surpassé par ses techniques...
-Je ne pense pas..
-Tu ne penses pas quoi?! Que je serais surpassé??
-Oui..
-Mais?... pourquoi?
-Tu as une rapidité d'action et de contrôle de tes techniques étonnante et même inimaginable pour quelqu'un de ton âge. Si tu penses comme je le crois à trouver la faille dans ses techniques pour l'avoir c'est la que tu te perdras... c'est en cela que tu crois être surpassé, c'est en cela que tu le seras alors.
-Hmmm... en gros, ne fait pas comme moi tu me diras?
-Oui en quelques sortes... En temps voulu, lorsque tu l'auras assez combattu, tu pourras te permettre de l'affronter.
-...Rien ne sert d'analyser un futur combat surtout comme celui-ci. Merci de vos mots maître, je me débrouillerais.

Sortie de ses rêves, elle entra sur le terrain qui se transforma aussitôt en une caverne gigantesque, sombre et froide. Les murs reflétaient la faible lumière qui arrivait en faisceaux sur ses parois gelées. Un courant d'air quasi ininterrompu chantait tout autour d'elle comme-ci c'étaient des fantômes qui ne pouvaient s'empêcher de la huer.

Devant se théâtre de l'effroi elle n'avait aucune émotion. Ce qui pouvait se trouver dans l'antre de la montagne ne lui faisait pas peur. Munie de son Zanbatou et habillée de sa longue robe blanche de cérémonie elle s'avança pour se poser sur un amas de glace. Partout il y avait des recoins pour se cacher, des zones d'ombre, des gouffre et des trous.. Un décor assez étrange pour une femme de l'air. Mais ce qu'elle savait avec Freuzne c'était qu'il pouvait trouver en chaque endroits quelques choses qui lui servirait et qu'il fallait y compris jouer sur cela à un niveaux de stratégies très élaborée.

*Aller approche je sais comment je vais devoir jouer.*

Soudain, elle sentit le sol se dérober en dessous de ses jambes. Eolis chuta sur une courte distance avant de retomber finalement sur ses pieds. En se redressant, elle s'aperçut de l'humidité ambiante fort prononcée, à sa surprise ; une moitié de sa robe était trempée.

Tu as fait un bon choix.

La phrase résonnait timidement dans l'immensité des lieux puis ce fut à nouveau le silence. La jeune femme le cherchait du regard.

*C'est bien sa voix... ça vient d'en face mais il n'y a rien!*

Pour débuter, il était d'usage de montrer son visage. Cependant Essen ciel l'avait prévenu qu'il ne fallait surtout pas compter sur ce qui était d'usage lorsque l'on affrontait quelqu'un qui était hors norme. Classiquement on s'annonçait visage découvert dès son arrivée. Aujourd'hui, l'humain qu'elle allait affronter avait jugé approprié de provoquer la fusion du bloc de glace sur lequel elle se tenait en eau. A vrai dire, ce qui inquiétait le plus Eolis était le fait qu'elle ne l'ait pas senti arriver et au delà qu'elle n'avait pas détecté la lueur bleuté qui émanait du saphir lorsqu'il utilisait son pouvoir.

La situation empira immédiatement lorsque la faible lumière qui parvenait à atteindre la grotte se mit à décliner de plus en plus jusqu'à l'obscurité quasi complète ; il ne restait plus à vrai dire qu'un seul et unique petit faisceau d'une lumière blanchâtre et froide qui venait s'échouer à une dizaine de mètres de hauteur. Mais personne ne s'y dévoila d'autre que le silence, puis encore cette voix.


Il y'a peu, Essen ciel mon grand ami a affronté Linae ici même. Sa voix était puissante, stable.
Il va sans dire qu'il n'a fait d'elle qu'une bouchée! Je ne l'ai moi-même jamais vaincu...


Le ton qu'il prit à se moment là laissa un instant Eolis imaginer de sa part un dessein de vengeance.


Et si l'amitié crée des liens forts entre les individus, elle n'est parfois pas à même d'en briser certains. La jalousie par exemple. Heureusement, ça ne sera jamais mon cas bien au contraire! dit-il d'une voix cette fois-ci enjouée.


Comme Essen ciel est mon ami, je veillerai sur toi comme je le ferai sur Linae, comme il l'a d'ailleurs fait pour elle. Mais ne te réjouit pas trop vite car les exigences de vieux croutons tels que nous sont bien pires que la soif de vaincre des jeunots de votre époque.


C'était le ton du combat qu'il venait de donner. Il ne tolérerait pas une erreur de sa part, sinon il appuierait dessus de toutes ses forces pour qu'elle s'y noie.


Enfin n'oublie pas : si tu veux abandonner, il me faudra te tuer.


Puis le silence se fit à nouveau, sans écho, tandis que la dernière source de lumière fut elle aussi supprimée, probablement en obstruant son passage en amont grâce à l'émeraude. Les deux adversaires étaient désormais dans l'obscurité la plus totale.


Eolis avait compris le double intérêt de cette manoeuvre : la rendre incapable de le voir alors que lui pouvait entendre la moindre de ses respirations de par son ouïe extra-ordinaire et surtout rendre la pièce étanche, donc priver Eolis de la possibilité d'amener de l'air depuis l'extérieur.


Et par dessus tout : la température baissait de plus en plus!

*Bon bah.. il a placé son jeu comme un génie à moi dans faire autant*

Eolis ferma les yeux, elle en avait pour le moment plus besoin. Elle se rappela d'une petite chose qui la fit sourire. Curieuse elle avait voulut étudier le combat du Freuzne et de son maître et avait remarqué certaines choses qui pouvaient l'aider.

*Si j'arrive à penser à cela c'est que je ne suis pas aussi stressé que cela enfin de compte*

Je pense que tu as omis quelques choses, j'ai tout de même choisit le terrain ne l'oublie pas! si tu pense que je vais être aussi handicapée que cela tu te trompes!

Sa chevelure s'ébouriffa d'un seul coup une bourrasque d'air s'éparpilla dans toute la caverne de partout et sur plusieurs endroits à la fois. Les esprits commencèrent à hurler violemment. La belle jeune femme glissa sur le sol comme sur des patins à glace et s'arrêta devant un couloir qui descendait. Elle se retourna et glissa de l'autre sens...

Ohhéééééé Freuzne!! où-es tu?!

BAAAMM... La pointe de son Zanbatou venait de briser un bloc de glace laissant un nouveau passage vers une galerie gelée.

oops

*A-t-elle su où je me trouvais ou étais-ce une coïncidence... En tout cas elle a raison. Sa bourrasque a du lui servir de détecteur. Les molécules d'air qu'elle éjecte frappe tout ce qui a autour d'elle et elle visualise en même temps. C'est comme Essen ciel avec ses ondes mais plus primaire.*

Les vrombissement fantomatique cessèrent peu à peu. Eolis se savait observer étant donné qu'il venait de confiner sa toile. Freuzne devait surement jeter un œil à son insecte captif. La jeune fille devait profiter de se premier tour décisif.

Tu as déjà utiliser ta magie pour pouvoir fermer comme il se doit cet endroit maintenant il faut que tu me captures n'est-ce pas?...*Zanide!*

Alcéphide qui était rester dans sa main mugit d'un seul coup, sa lame s'allongea comme propulser par une chaîne d'encrage ainsi que son pommeau. La puissance de l'arme se réveilla directement lorsque ses extrémités touchèrent en un rien de temps deux bords de la caverne.

Un craquement assourdissant se suivit de la chute de plusieurs blocs de glaces au niveau du pommeau mais la pointe s'était tout bonnement dirigé vers l'endroit ou se trouvait le Freuzne voiler par une colonne de pierre et de glace assez émincés. Il transperça le mur mais le maître s'échappa de justesse transformant grâce à sa bague les débris glacée en eau avant qu'il le touche. Mais ce n'était pas finis. Eolis l'avait débusqué et commença a faire tourner horizontalement son bâton au dessus de sa tête avec quelques petites variantes de niveaux. La lame et le pommeau fracassaient tous le bords de la surface de combats, un tourbillon de vent se mêlait à la puissance des chaînes de Zanide. La glace et la pierre se brisaient et tournoyaient avec sa technique. Sa vague de vent n'avait pas servit qu'a le localiser mais à évaluer la grandeur de la partie de grotte dans lequel ils se trouvaient et d'augmenter la longueur de son arme pour exactement toucher toutes les parties.

Freuzne se trouvait à l'une des extrémités de ce cyclone de coups et d'air. Il était pratiquement certains qu'il est reçu au moins un coup mais dans la foulée Eolis ne devait pas s'arréter de suite et augmentait même la longueur de son arme pour fracasser le plus possible les parois de la caverne. Elle termina sa technique par un magnifique pas de coté et un mouvement de poignée qui avala les maillons d'airs et replaça la lame et le pommeau à sa place. Droite comme une plante elle fermait toujours les yeux et se reconcentra vers le silence qui revenait à pas de loup...

Et très vite un bruit qui n'avait pas lieu d'être ici attira son attention, un bruit liquide. L'immense pièce devint rapidement une cathédrale humide et froide. A chaque seconde devait tomber au sol une centaine de gouttes d'eau, toutes plus clipotantes les unes que les autres et détrempant la surface. Aucun doute sur le fait que c'était l'homme en toge qui était à l'origine de ce concert, cependant Eolis ne comprenait pas vraiment pourquoi il faisait ça. En effet, étant immobile dans le silence, il pouvait en se concentrant entendre son adversaire de n'importe où mais maintenant qu'un bruit assourdissant s'était installé, il ne devait plus être en mesure de l'entendre. Sur ce point précis, la jeune femme avait raison.

Cependant, toujours plongée dans le noir, elle avait reperdu la trace de Freuzne et malgré sa relance de l'exploration, elle ne le retrouvait pas. En tout cas jusqu'à ce qu'elle l'entende élever sa voix mais pas du tout là où elle avait penser le trouver.

Pourquoi croire que je suis là alors que tu ne disposes plus de la vue pour t'en assurer?

A nouveau le silence. Mais quelque chose avait frappé la disciple de l'être blanc : sa voix sonnait comme s'il était enfermé quelque part, pas dans la même pièce qu'elle. Puis soudain elle le localisa, là, à seulement quelques pas!

Faisant mine de ne pas s'être aperçue de lui, elle poursuivit son silence, jusqu'à ce qu'elle envoie une très rapide mais peu puissante lame de vent droit sur lui. Un bruit d'éclat résonna suite à cela.


Pourquoi penses-tu être hors de danger vis-à-vis de mes illusions? Ce n'est pas parce que je ne te vois pas moi non plus que je ne peux pas t'ensorceler.

Là, il glissa une part de doute dans l'esprit de celle qui pour l'instant avait l'air d'être sa proie. Eolis ne voyait effectivement pas ce qui l'aurait empêché de faire ça dans le noir, il fallait juste qu'il se trouve ne serait-ce qu'une seconde dans son champ de vision. Et ses questions incessantes la mettait mal à l'aise.

*Je sens qu'il veut m'emmener quelque part, comme s'il voulait me tendre une perche. J'ai l'impression d'avoir commis une erreur quelque part et qu'il veut voir si je mérite de la clémence de sa part. C'est... insupportable!*

Très silencieuse, Eolis entreprit de se déplacer. Après tout, elle devait elle aussi trouver un moyen de tirer profit des techniques de son adversaire. Mais elle ne pouvait pas lever les pieds, ils étaient fixés au sol.

Gelés! laissa-t-elle s'échapper.
Freuzne avait fait fondre une bonne partie de la glace qui s'étendait jusqu'au plafond pour pouvoir s'en servir là où était sa cible, au sol donc. Mais là encore, ça n'avait pas grand sens puisque lui savait où elle se trouvait et elle ne connaissait pas sa position exacte.

*Ok, comme ce que je viens d'éclater, la mince colonne de glace, ça devait être une grossière statue à son effigie qu'il a monté à distance avec sa pierre. Mais je ne vois même pas cette satanée lumière!*

C'est à ce moment là qu'Eolis commença à se demander si effectivement Freuzne ne l'avait pas placée sous hypnose juste après avoir obstrué les quelques arrivées de lumières.

*Il doit être planqué... bien planqué même pour que je ne puisse pas détecter sa forme.*

Puis vint une troisième question, toujours énoncée par cette voix séquestrée.

Pourquoi ne te sers-tu pas de tes Oniros? Eux devraient pouvoir me trouver...

Même si celui qui était appelé de temps à autres "l'être de création" restait prudent avec Eolis, en connaissance des retournement de situation dont était capable celui qui l'avait formé, il devrait avouer si l'on le lui demandait qu'il s'amusait un peu pour l'instant. A vrai dire, il faisait comme s'il évaluait Linae, au temps où ce genre de chose avait encore lieu.

*Quelle idée a-t-elle eut de choisir une arène comme celle là! Même si dans une certaine mesure cet endroit peut être dangereux pour moi également, il l'est proportionnellement plus pour elle. Enfin ne nous emballons pas... elle peut utiliser plusieurs de ses techniques dès maintenant qui seraient tout de suite beaucoup plus handicapantes à mon égard.*

De son côté, Eolis approfondissait le pourquoi du comment.

*S'il cherche à me gêner sans m'attaquer, c'est probablement qu'il ne peut pas m'attaquer comme il le voudrait. Il cherche donc peut-être à me faire sortir de cette grotte, d'aller à l'air libre pour combattre. Mais ça n'a pas de sens, là haut j'ai tout l'air qu'il me faut!*

Et martelant encore la prêtresse des vents de ses lassantes interrogations, Freuzne apportait des éléments de confirmation de ses pensées.

Méfie toi de ce que tu pourras voir lorsque la lumière reviendra.

Ce qui inquiétait le plus Eolis dans l'hypothèse de plus en plus vraisemblable qui avançait l'illusion lancée par Freuzne dès le début du combat, c'était qu'il était fortement possible qu'il en ai profité pour établir sa technique dite de l'incantation verte. Ce serait très ennuyeux pour elle car dans un volume clos comme ici, lui serait parfaitement à l'abri et elle ne pourrait ni fuir ni se cacher!

L'air était humide et deux minutes s'était écoulées sans que personne ne disent un mot. Pendant ce temps elle avait penser à son état. Elle se sentait analysez alors elle devait se mettre à faire pareil mais pas encore. Les idées les plus banales en ressortaient être les plus concrètes. Qu'est ce qu'un maître de l'illusion ferait...

Elle s'était pencher la dessus bien avant que Freuzne ne lui pose toutes ses questions..

Citation :

*Je le sais, il commencera par m'analyser obligatoirement, je tomberais dans son piège...*

Je ne suis ni idiote ni maladroite pour autant.. Je supposais réellement que votre manière d'agir fut plus agressive que l'approche que vous aviez fait à mon maître vous êtes de ceux qui ont une stratégie... c'est fort bien... vos circonstances dominantes le permette.

pas un bruit mais Eolis n'était pas dupe il n'était pas loin... C'était obligatoire.

Pourquoi ne pas ré-ouvrir mes yeux? mais je ne peux pas voyons... vous saisissez. Admettons que je sois tombé dans votre piège d'Hypnose dés le début du combat ce qui serait une grave erreur et pas très gentleman. Dans ce cas je serais sous votre contrôle et ce que je fais n'a aucun sens... Par contre il me semble plus judicieux pour vous d'attendre car à un moment je quitterais votre hypnose. Plus elle à lieu tôt et sans connaître la personne sur laquelle on la lance plus il est improbable que je n'en sorte pas rapidement... Admettons maintenant que vous m'aillez pas encore hypnotisée il serait très maladroit d'ouvrir mes yeux surtout qu'ils me servent à rien dans le noir. Je n'ai donc aucune raison d'ouvrir les yeux que je sois hypnotisé ou pas. Mais vos doutes son des armes que je pourraient utiliser contre vous!

Voila que je croirais entendre ton maître..

J'en serais honorée, et je dois donc lui faire honneur et vaincre toutes méfiances!

Tout à coup Eolis se mit à chanter. Une mélodie d'une tendresse
harmonieuse. La voix fut puissante et finit par un aigu tel que la
caverne sembler vibrer de toute pars. Les échos interminable rendait
les sons quasi superposable... L'endroit semblait être creusé exprès pour raisonner..

Le silence fut long à reprendre Eolis ne s'était toujours pas extirpait de là. Elle avait toujours ses yeux fermés.
La jeune fille chuchota dans l'ombre glaciale de la grotte

Mon maître m'a appris que celui qui veut
contrôler quelqu'un.... cherche toujours un moyen de le mener à un but
précis... Il suffit alors d'attendre que ce but arrive... car j'ai tout
mon temps..

On entendit un flottement léger et deux pas qui se posait sur le sol. Eolis s'était extirpait et s'agenouilla sur le sol.

*L'état de la caverne était parfait pour la résonance de ma voix il doit s'être pris une quantité importantes d'ondes sonores même si il doit s'être protégé de plusieurs couches ou même parois gelées qu'il se serait construit comme cocon. Une chose surement bloquerait ce chant ca serait le cube vert mais il ne doit pas l'avoir utilisé maintenant ou pour cela plutôt... j'ai une chance de le trouver maintenant.*

L'air de tout la caverne s'engouffra dans la pièce ovale comme aspirait par la jeune femme. L'air autour d'elle semblait lui faire une seconde peau. Elle respira un bon coup puis relâcha une petite pression qui s'évacua dans toutes les directions. Elle se leva subitement puis glissa dans une direction fonçant droit vers une sortie. Un gros souffle émergea d'elle une seconde fois puis elle évita un mur comme-ci elle l'avait vu. elle s'engouffra dans une fente pour dévaler une petite pente gelée. Elle exécutait d'une rapidité étonnante son petit périple son Zanbatou en main. Si Freuzne somnolait elle pourrait avoir le temps de le trouver...

Mais l'obscurité était un bien bel handicap pour la jeune femme car elle avait beau chercher dans le moindre recoin de la grotte, s'aventurer dans des profondeurs adjacentes, le somnolent Freuzne était toujours dans la pièce principale, celle où s'était déroulé le début de l'affrontement.

Ce qui perturbait le plus Eolis, c'était que non seulement elle n'arrivait pas à le localiser, lui et pas ses moqueries de glace à sa grossière effigie, mais surtout qu'elle ne l'ai toujours pas trouvé avec son zanbatou alors qu'elle avait griffé, écorché voire endommagé tous les murs de la caverne ainsi que le plafond.

Pour Freuzne, tout était actuellement confortable : il était comme dans une robe de chambre, à l'horizontal comme dans un lit et bercé en plus de ça.

*Le pied!*

Mais dans cet état, il n'était plus disposé à se faire remarquer. Quoi que la chaleur qu'il dégageait commençait à faire fondre l'épaisse couverture de glace qu'il avait formé dans le but de se dissimuler et de disparaître du relief environnant. Peut-être celà allait il accélérer le processus de désenchantement, ce qui était espérable étant donné la bonne récéption du chant qu'il avait connu.

Un tel vacarme aida Freuzne à reprendre ses esprits et lui permit d'être suffisamment lucide pour sortir de sa cachette au dernier moment. Forcé d'admettre qu'il avait été imprudent à trop vouloir jouer avec Eolis, Freuzne se souvint amèrement qu'utiliser une protection qui nous immobilisait était une erreur classique de débutant. C'était bien là une preuve considérable du risque qu'elle représentait.

Dans tous les cas, Eolis avait bien joué et avait atteint son objectif, à savoir déterrer son adversaire. Malgré l'énergie mise en oeuvre pour y parvenir, l'homme en toge n'avait été blessé ni avant, ni pendant sa fuite. L'association du rubis et du diamant était appréciable dans de telles situations mais la nécessité d'utiliser cette technique soulignait l'inversion de la situation qui venait de se produire. En effet, c'était maintenant Freuzne qui était mis en défaut et contraint d'abandonner ses plans. En plus de ça, Eolis allait rapidement le localiser grâce à l'air alors que son ouïe était parasitée par l'écho de la détonation, du fracas et de toutes les pierres qui pouvaient rouler, glisser de ce tas de roche, à chaque instant. Et puis par dessus tout, il n'y avait quasiment plus de plafond!

*Une telle luminosité est favorable à la végétation. Elle doit le savoir.* se disait-il.

Très vite, il stabilisa l'impressionnante masse de roches écroulées non loin de lui en utilisant la pierre verte. Suffisamment de terre avait été emportée lors de la destruction de cette paroi pour servir de base aux plantes, surtout des hautes herbes, des ronces, des plantes grimpantes et d'autres curieuses plantes assez grandes qui ressemblaient à des masses d'armes molles. Ca ne servait apparemment pas à grand chose, sans doute à l'apaiser.

*Eolis descend plus en profondeur... il y'a de l'eau là dessous, une rivière souterraine probablement.*

Freuzne vit là une occasion à saisir et se dépêcha d'arriver à l'entrée de ce qui ressemblait à un couloir où il ressentait des traces de son aura. Après avoir sommairement inspecté les environs, il jugea qu'il n'y avait pas de danger immédiat et entreprit d'inonder l'endroit. Jusque là, on l'avait déjà vu utiliser ses bagues à des fins de créations, c'est-à-dire végétation, feu et glace mais rarement de l'eau liquide. Pourtant il devait s'agir de la pierre la plus puissante en ce terme, l'eau étant indispensable à la Vie.

La première chose qu'il fit fut de fermer le passage en formant une fine barrière de glace. Rapidement, après s'être assuré d'avoir le contrôle requis sur l'élément aqueux, il constitua grâce au saphir un imposant volume d'eau liquide maintenu contre la barrière de glace tout en la soulageant du poids considérable qui pesait dessus. Du saphir sortait à chaque seconde une quantité phénoménale d'eau, trois tonnes en moyenne selon Freuzne et ce sans le diamant, ni délivrance, ni Renaissance. L'explication qui lui semblait la plus logique était que l'esprit divin qui lui prêtait ce pouvoir avait dû par son passé emplir des océans ; il n'imaginait même pas avec quel débit cette déesse pouvait créer de l'eau. Après une dizaine de secondes, il arrêta cette production tout en la maintenant stable et repartit vers sa colline verte où les curieuses plantes en forme de masse d'arme fleurissaient : de longs pétales jaunes tâchés de pourpre au centre desquels on trouvait une boule surélevée de pollen blanc. Lorsqu'il arriva au niveau de ces plantes, il lâcha l'eau sur la fine barrière en glace qui céda comme si elle n'avait même pas exister. Un violent torrent dévalait alors à toute vitesse la pente rocheuse qui la menait droit à Eolis, la menaçant de violents chocs contre les parois.

Eolis était bien plus basse que lui dans la caverne comme il l'avait remarqué. Elle s'était enfoncé dans des gorges glacées qui se resserraient étroitement mais continuaient sur des centaines de mètres. la hauteur des glaciers devenaient époustouflante.

*Il semble n'avoir pas pris d'énorme dégât au cour de cette destruction. Et si j'ai percer la parois il à dut la recouvrir d'herbe pour m'emprisonner. C'est ce qu'il faisait au départ pour me forcer à utiliser mon énergie. Je sais ce qu'il mijote mais il doit se douter que je prépare quelque choses, il ne m'attaque pas réellement. En plus moi j'utilise beaucoup d'air environnant...alors que lui forge lui même...*

Eolis se retourna, l'air devenait plus pressant comme poussée par une autre force physique. Elle se retourna et entendit le son au loin d'une coulée dévaler les gorges dans lesquelles elles se trouvaient.

*Un tel raz de marrée ne peut pas être causé par la caverne elle même, il doit avoir utilisé une source beaucoup plus abondante comme son saphir. Excellent...je vais me servir de cette masse nouvelle pour utilisé plus facilement sa masse contraire d'air; étant dans une caverne l'air ne peut s'échapper facilement dans l'autre sens si je le contrôle avant!*

Eolis connaissait bien l'air et s'arrêta pour se concentrer Le flot de molécules qui dévalaient dans l'autre sens comme débusqué par un prédateur. D'un seul coup le son se coupa l'air se rangea comme sur un immense mur à quelques mètres d'Eolis. Les plusieurs tonnes d'eau déferlèrent avec rapidité sur la jeune fille qui projeta le mur d'air contre le sol d'un mouvement de bras circulaires où l'eau s'éjecta comme portait par une vague invisible puis atterrit derrière elle s'en la touchait. Eolis avait créer une sorte de pont d'air pressurisé plus dense que le sol de la caverne. L'eau n'avait plus qu'a couler au dessus comme ci de rien n'était. Après ce simple effort qui n'avait en elle qu'éveiller la maîtrise de son élément, elle décida de remonter doucement. Le jeu du chat et de la souris ne pouvait pas durer éternellement...

*Il à dut retourner dans la salle principal ou ce qui reste de ses ruines éffondraient plus profondément dans la caverne.. cet endroit est le point fixe du combat...*

Elle était remontée est arriva sur un sol ou le parterre était mêlé de vert et de bleu, de marron et de gris. Des blocs de glaces un peu partout est semis recouvert d'une pelouse dense avec des fleurs et herbes étranges. Eolis en décida autrement...

Tu ne mettras aucune touche de ta fantaisie la dedans je ne te permettrait pas...Un ton légèrement hautain se dégageait d'elle comme si elle savait ce qui pourrait lui arriver.

L'air autour d'elle se condensa, Freuzne ressentit que l'élément le plus diminué dans la pièce était entièrement en son contrôle et fusait autour d'elle. Des lames d'air s'éjectèrent de son aura et se dirigèrent vers les plantes étranges en forme de massues. Elles tombèrent toutes sur le sol dans un mouvement très lent comme flottant une dernière fois dans ce qui venait de les trancher...

Freuzne observa ses plantes atterrirent, sur le sol qu'il avait créé, sans un mot... Puis il la regarda d'un œil froid. Elle tenait son zanbatou dans une main est semblé concentrer, sa robe lui tombait sur les jambes on ne voyait que ses pieds nues...

*Nues sur la glace il me semble pas ceci très inteligent, elle ne doit pas craindre le froid autant que cela cette petite.. ceci étant, c'est assez étrange tout de même... Elle ne portait pas des bottes lors des autres combats, Je n'ai pas put voir si au dépard elle les portait ou non puisqu'il faisait noir.*

Elle ne bougeait plus figeait attendant la réponse de son adversaire...

Ton maître a pourtant déjà dû t'enseigner qu'il était malvenu de détruire certains éléments suspects, surtout quand on ignore ce pourquoi ils sont là, dit-il avec un air à la fois suffisant et fier.

Du haut de son promontoire improvisé, Freuzne prêtait attention à la constante brise qu'il ressentait effleurer son visage et ses mains. La plus grande arme d'Eolis était selon lui l'invisibilité de son arme principale, à savoir l'air. Et s'il avait eut l'idée saugrenue d'inonder complètement la caverne pour mieux percevoir ses attaques, le manque de temps et la perte d'énergie qui étaient inhérents à cette entreprise l'en avaient dissuadé. C'était pour ça qu'il y avait préféré la technique de la naissance de la flore maintenant favorisée par l'importante quantité de lumière qui se déversait sur eux et sur le sol de la grotte.

L'émeraude brillait toujours, ce qui signifiait qu'au moment même où il parlait, il déployait toujours plus de végétaux pour établir un parterre utile. Eolis ne pouvait que le constater ; lutter contre impliquerait une perte d'énergie beaucoup plus importante que lui sans compter qu'il profiterait de la multiplication de ses tâches pour la blesser d'une façon ou d'une autre.

*Je ne vois pour l'instant que des mousses, lichens ou autres hautes herbes inoffensives. Pas encore de quoi s'inquiéter donc.*

Le problème, c'était qu'en faisant ça, Freuzne créait une zone d'inconnu pour Eolis. En effet, la broussaille qu'il installait dissimulait le sol à leurs yeux. Mais si lui pouvait y cacher des pièges, elle pouvait s'en servir de la même façon, en y plaçant ses Oniros en embuscade par exemple.

D'autre part, la jeune femme avait remarqué le manque d'agressivité dans les offensives de son adversaire. Ce dernier jouait d'avantage sur ses fautes à elle et ne prenait pas de risque en se mettant à découvert.

*C'est logique, il assure d'abord sa protection et attend une ouverture de ma part pour piquer. Mais si moi aussi je faisais ça, on en finirait pas! Il va falloir le feinter, lui montrer un flanc où mordre pour que ce soit à son tour de créer une ouverture. Et à ce moment là, non seulement je pourrais esquiver son attaque mais en plus je pourrais contre-attaquer.*

A peine eut-elle achevé sa pensée qu'elle vu Freuzne lui lancer un regard défiant, comme s'il savait ce à quoi elle pensait. Pourtant sous ce stade, il n'avait d'aucune manière accès à une quelconque forme de télépathie et c'est bien ce qui perturbait Eolis.

*Son émeraude est bien à gauche, c'était pas une illusion!*

La lumière d'or et d'argent venant du ciel lui tombait dessus comme une bénédiction. Cette couleur inspira le combattant qui glissa sa main droit à hauteur de la ceinture pour y dégager un pan de sa robe. Le petit fourreau couleur ivoire était là, paisible et attendant d'être caressé jusqu'au manche de la dague qu'il accueillait. Ses doigts effleuraient à peine cette petite arme qu'Eolis ressentit d'étranges vibrations se propager dans l'air, des secousses certes petites mais suffisamment puissantes pour les ressentir jusque dans son ventre. Tout-à-coup, la pierre ornant la bague qu'il portait à son pouce droit s'illumina à son tour, témoignant de l'appel qu'il faisait à son pouvoir.

Du sommet du monticule verdoyant où il se tenait, Freuzne déclama d'une voix pleine et forte :
Toi et moi nous pouvons nous débrouiller dans des endroits comme celui-ci. Mais tu ne m'enlèveras pas de l'esprit que les grands espaces nous conviennent d'avantage.

Il ôta d'un lent mouvement magistral la dague de son fourreau. La pointe termina sa course à hauteur de ses hanches, pointant en bas à sa droite ; Eolis n'était donc pas menacée directement. Soudain la pierre jaune s'illumina. Freuzne faisait alors appel à trois de ses quatre pierres ce qui inquiétait la prêtresse des vents. Bien vite elle comprit pourquoi il l'avait sollicité : un arbre poussa sous ses pieds à une vitesse hallucinante, de l'ordre de deux mètres de hauteur par seconde! Très à l'aise au niveau de l'équilibre, Freuzne fonçait droit vers la surface et s'apprêtait à sortir de la caverne non pas par le bas comme Eolis l'avait tenté juste avant mais par le haut, vers les grands espaces.

Si tu n'es pas trop curieuse, je te conseille de quitter cet endroit.

Il marqua un court arrêt à une vingtaine de mètres du sol. La dague commençait à être recouverte de flammes aux mouvements voluptueux quand de nouvelles vibrations en émanèrent, beaucoup plus intenses que celles ressenties précédemment. Et alors qu'Eolis en avait pratiquement la nausée et des vertiges, ils disparurent comme ils étaient venus, laissant place à une longue et fine langue d'un feu très rouge qui alla frapper la toute jeune végétation. Eolis testa d'abord cette menace en y lançant une rapide lame de vent qui coupa en deux ce bras de feu avant qu'il ne se reforme dans la seconde. Mais lorsque Freuzne la visa, cette curieuse manifestation se mit à se mouvoir comme une tornade, très flexible et pourtant très rapide. La jeune femme n'avait pas grand mal à esquiver ces timides attaques à tel point qu'elle se demanda pourquoi il ne mettait pas plus de coeur à l'ouvrage. Très vite une deuxième langue similaire à la première en tout point émergea de la dague pour la prendre en étau., enflammant tout sur son passage. Eolis savait que l'air utilisable chauffait dangereusement autour d'elle et qu'il ne fallait pas qu'elle s'en entoure en guise de protection. Elle décida de s'enfermer dans une curieuse bulle qui résistait parfaitement aux multiples passages des langues de feu sur elle.

Lorsque le terrain était presque entièrement enflammé, Freuzne mit un terme à ce phénomène, observa un instant la curieuse protection d'Eolis et reprit son ascension vers la surface avant de disparaître sur le dos de la montagne, probablement entrain de réfléchir à une embuscade à tendre à son adversaire qui sortirait forcément par là.

*Quel bêta... il me sermonne et ne fait que m'observer, si il croit que je n'ai rien vu venir il se trompe. Il pense peut-être que je suis qu'une gamine qui ne s'est pas comment jouer avec lui!*

Eolis n'attendit pas une seconde sachant très bien qu'il fallait au plus vite le suivre; elle enfourcha son bâton et s'envola à sa poursuite. Comme une sorcière sur un balai elle déboula en un éclair sur le flanc de la montagne, de la neige recouvrait le sol et la roche un peu partout. Des gigantesques plateaux recouvert de bloc rocheux parcouraient la montagne créant des espaces de combats très mouvementé. Elle vit Freuzne qui se retourna comme un peu surpris d'un acharnement si rapide. Il cessa d'avancer et leva la tête pour la regardait. Elle était montée bien haut...

Tu viens de faire une grosse erreur, la montagne est un lieu ou la puissance du vent est très prononcée et ou l'air se trouve en grande quantité! Même si tu aimes les grands espaces ici je suis en avantage!

Eolis tendit ses deux bras en avant avec une force et une rigidité étonnante. Les mains l'une sur l'autre étendues, les doigts écartés comme pour s'étaler le plus possible dans l'air. Elle visait Freuzne... Les effets de la technique fut d'une rapidité déconcertante, Freuzne plaqua un genoux à terre sous le choc, le bruit fut sourd et la neige devint liquide presque immédiatement sur une zone de trois mètres autour de lui. Freuzne tomba ensuite au sol les mains plaqués contre la roche. Il était paralysé, tout son corps était sous une énorme pression. Le sol qu'on voyait maintenant en dessous commençait à s'affaisser.

*Je ne peux plus bouger... La différence
d'exécution et de puissance est nettement visible. Elle agit comme une
plante, plus il y a de soleil plus elle absorbera de lumière... Son
évolution est incroyable! Je ne vais pas pouvoir l'éviter cette
fois-ci!*

La jeune femme était toujours dans les airs et flottait maintenant toute seule dans la même position. Son Zanbatou fonçait droit sur l'homme aux bagues en prenant de plus en plus de vitesse..

Avec effort Freuzne put observer Alcéphide pointait le bout de sa lame vers lui. Rapidement il eut un flash, il avait déjà connu cela. Par expérience il savait que les techniques les plus faciles à créer avec son arme était forcément puissante et forcément les plus utilisées..

*Lui aussi semble gonflait d'énergie, à mon avis elle va utiliser son Atleride pour dé-mesurer sa technique c'est pas gagné! mais je peux diminuer la charge que je vais me prendre...*

Le saphir s'alluma rapidement, l'homme à la toge faisait appel à la création... Un flot d'eau commença à déborder de la bague comme-ci elle était un peu bouchée. Il ne s'étonna pas plus de ce manque de vigueur, il devait concentrer de la force pour l'ouvrage. Alors il alluma son diamant et la bague propulsa une cascade cristalline qui l'englobait peu à peu comme une bulle d'eau ou il pouvait se mouvoir plus facilement.

Il fut trop tard pour quoi que ce soit de plus, l'eau commençait à geler quand toute la puissance fut à son apogée, les deux techniques cumulées fient imploser le sol sur une quarantaine de mètres aux alentours. Le plateau s'effondra dans les gorges en dessous provoquant un éboulement monstrueux de plusieurs dizaine de mètres de profondeur.

Après le vacarme ahurissant qui retentissait encore en écho dans les landes à coté, Eolis vint se poser sur un rocher qui surplombait le flanc.

*Il a sut que d'être à l'air libre serait mieux pour moi et que c'est ce que j'attendais au final... Mais il à cru que je n'en profiterais pas de suite comme justement il me l'avait bien confirmé*

Citation :

Toi et moi nous
pouvons nous débrouiller dans des endroits comme celui-ci. Mais tu ne
m'enlèveras pas de l'esprit que les grands espaces nous conviennent
d'avantage.

*Par contre il me prépare quelques choses car il ne fait qu'attendre le bon moment pour jouer ses pions... Ici il à lui aussi plus de faciliter pour l'utilisation de ces bagues. Il va pouvoir recommencer.*

Le Zanbatou de la jeune prêtresse flotta jusqu'à sa main droite et s'engagea dans le creux de sa paume de main pour s'arrêter de voler.

Emporté à la suite des roches brisées sous la puissance de la technique d'Eolis, Freuzne sentait monter en lui une émotion forte, une émotion qu'il n'avait plus l'habitude de ressentir et qui ressemblait nettement à de l'appréhension. Alors qu'il chutait dangereusement dans une abysse aux fonds encore obscurs, un regain d'énergie remonta en lui depuis les confins de son être.

Pas question de finir comme ça!

Le diamant émit une lumière jaune pâle tellement plus puissante que d'habitude que les parois rocheuses du gouffre en étaient timidement éclairées. Cette manifestation d'apparente puissance était signe d'une Libération Partielle beaucoup plus importante que tout ce qu'il avait jusque là montré au cours d'un combat en arène. Ce fut avec un éclat similaire que l'émeraude déversa son pouvoir.

En une seconde, toutes les parois rocheuses de l'immense crevasse s'étaient vues être tapissées de plantes grimpantes adultes, solidement accrochées et denses. Des lianes tombaient d'au dessus et d'en dessous pour tisser sur plusieurs étages de gigantesques toiles destinées à freiner et à amortir sa chute. Mais au fur et à mesure de sa chute, Freuzne ne pouvait que constater, impuissant, que les roches qui le précédaient arrachaient tout sur leur
passage. Par chance, l'homme en toge pu s'écraser à plusieurs reprises sur des restes de ces toiles et attraper à la volée une liane suffisamment robuste pour supporter le choc de son arrêt. Il resta pendu dans le vide quelques secondes à attendre le bruit fracassant des rochers s'écrasant au fond du gouffre ; c'était dans de l'eau qu'ils tombèrent.

*Il faut absolument me dépêcher de remonter, le temps joue en sa faveur,* pensait-il, imaginant Eolis lui préparer une tempête digne de ce nom.
*Et pour ça, il n'y a pas trente-six solutions.*


Si sur certains points Freuzne n'était pas toujours prévisibles dans ses combats, il fallait admettre qu'à un moment ou un autre il se servait toujours du même genre de techniques, à savoir l'évolution. Il n'était pas le seul combattant à graduer ainsi ses ressources lors d'affrontement mais si ses semblables se servaient de cette capacité comme d'une technique supplémentaire, lui l'avait intégré dans un plan de bataille quasi caricatural et ponctuait tous ses combats sensiblement de la même façon. C'était "une sorte d'échelle" aurait-il dit, un outil qui permettait autant à lui qu'à son adversaire d'estimer l'avancement de la rencontre. Mais en plus de ça, et il se cachait plus volontier de cette partie de l'explication, Freuzne utilisait l'évolution à des fins stratégiques. En effet, il débutait toujours l'affrontement dans une forme que l'on pourrait qualifier de standard. Dans ce premier chapitre, son objectif principal était de tester, jauger et observer son adversaire tant sur la puissance, l'agilité que l'intelligence et la capacité à mettre en oeuvre des stratégies. Ainsi, si lui n'utilisait ses forces quasiment que pour esquiver et contrer les attaques adverses, l'autre combattant en utilisait en plus grande quantité dans ses offensives et si ce dernier avait le malheur de commettre une faute trop importante, Freuzne en profiterait pour le blesser sans trop d'effort. Et justement après que son adversaire se soit déjà un peu essoufflé à mettre en place une stratégie et, bien souvent, après l'avoir exécuter du moins en partie, l'être de création entrait dans une phase plus active qui suivait logiquement la collecte des informations préliminaire. C'était toujours à ce moment précis que Freuzne déclenchait sa première évolution.


La Délivrance était un outil formidable qui lui offrait non seulement une hausse significative de ses performances tant spirituelles que physiques mais elle lui ouvrait en plus de ça un éventail supplémentaire de techniques qualifiées de "diurnes" et de "nocturnes" en référence à l'apparence plus ou moins maléfique de celles-ci. Et si on le questionnait sur l'éventualité de l'existence d'autres avantages propres à l'évolution, il répondrait sûrement que de telles techniques heurtaient les ressources psychiques des adversaires en brisant d'une certaine façon les forces investies dans l'espoir de vaincre.


Mais Eolis était avertie et savait parfaitement à quoi s'attendre avec lui. Elle ne fut donc pas surprise de l'apercevoir sortir de ce gouffre tel une balle d'un fusil. Et comme toujours son habit s'était changé en un vêtement très complexe fait de milliers de draps de soie d'un blanc immaculé, flottant les uns contre les autres comme en apesanteur. Mais très vite la prêtresse des vents réagit en projetant depuis derrière elle d'immenses masses d'air droit vers cette menace qui se fondait dans le paysage enneigé et comme pour contre-attaquer, Freuzne utilisa le saphir pour prendre le contrôle sur toutes les molécules d'eau présentes dans les environs. Une violente tempête de neige s'élevant entre les deux adversaires les dissimulait l'un à l'autre mais avant même d'avoir pu envisager quelconque mouvement, Eolis se fit emporter vraisemblablement par une avalanche très certainement déclenchée par le maître des bagues. L'élément principal qui tendait à valider cette impression était cette sensation de s'être fait enrouler dans une couverture de neige dure au lieu d'être ensevelie. Ce n'était pas un mouvement naturel et Eolis pouvait affirmer qu'il s'agissait plus d'une technique de contention qu'autre chose. Concentrant ses forces, la jeune femme investit la totalité des molécules d'air présente avec elle et perdu dans la neige pour en provoquer une violente distorsion. Dans un bruit de tonnerre assourdissant, les restes de l'avalanche très ciblée furent éparpillés dans tous les sens, rendant libre Eolis de ce linceul. Malheureusement pour elle, les quelques secondes d'isolement avait utilisé par Freuzne non seulement pour établir son quadrillage vert sous ses pieds mais par dessus tout pour mettre en place la technique du manteau de la vierge.


Lorsque la jeune femme vit ce cube vert encore dénué de pieux acérés, elle comprit que la situation s'était passablement aggravée. Il allait lui falloir un minimum de temps pour se sortir de cette impasse car, si effectivement elle avait les moyens nécessaire pour s'en tirer, elle n'avait pas la puissance de son maître pour briser la puissance colossale, divine même, qui blindait ces parois. Or Freuzne le savait aussi bien qu'elle et ne lui accorda pas le bénéfice de la sympathie. En l'espace d'une seconde, il fit apparaître quelques uns seulement des tristement célèbres pieux verts et rapprocha violemment cinq des six parois emprisonnant sa détenue. C'était un combat après tout, aucun d'eux ne devait craindre de faire couler le sang.


Néanmoins Eolis aimait à penser que l'anciennement dénommé Aeshmadaeva n'avait laissé que peu sa marque lors de la réunion des deux âmes jumelles qui composaient jadis Freuzne, ce pourquoi il ne l'avait que blessé aujourd'hui alors qu'il aurait pu froidement la tuer. Blessée au thorax, elle avait faillit se faire percer le poumon droit. Une plaie assez longue s'étendait à hauteur de son mamelon sur son flanc et avait abimé deux de ses côtes. Les douleurs liées à la respiration étaient gênantes certes mais pas vraiment handicapantes. Puis le cube disparu avec les pieux.


Freuzne avait manifestement répondu à sa manière à l'offensive qu'il venait de subir, certainement pour se rassurer quant à ses capacités : il avait été pris de vitesse pour la première fois depuis bien longtemps et n'avait rien vu venir. Il en résulta une luxation de son épaule gauche sur laquelle Eolis allait devoir rapidement faire pression, sans quoi il allait certainement trouver le moyen de la réduire, ce qui reviendrait quasiment à nier l'utilité de ce qu'elle venait de lui faire.

Il y avait des jours avec et des jours sans... c'était comme ça et il n'y avait rien à y faire. Freuzne avait du mal à placer son rythme aujourd'hui et peinait à trouver de bonnes idées. Il avait eut pour intention d'empoisonner Eolis par les étranges plantes qu'il avait fait naître du pouvoir de l'émeraude. Lorsque celles-ci périssaient par quelque raison que ce soit, leur rapide décomposition relachait dans l'atmoshpère environnant d'impressionnantes quantités de molécules toxiques très volatiles. Mais juste après avoir vu la première partie de son plan se réaliser, à savoir la destruction de ces plantes par son adversaire lui-même, l'homme se dit qu'il était mal convenu de tenter d'utiliser l'air contre la jeune femme et décida d'y mettre le feu.

*L'avantage, c'est que je peux y retourner* se disait-il sans vraiment encore savoir pourquoi.

La chance était de son côté sur ce coup. Pour la deuxième fois il avait commis l'erreur de s'enfermer dans une protection qui ne lui laissait pas une liberté de mouvement suffisante et surtout qui ne lui laissait aucune visibilité, contrairement aux techniques de la pierre verte. Ce désavantage ne constituait pas pour autant un avantage pour le camp adverse puisqu'Eolis n'avait elle non plus aucune visibilité sur ce qui se passait à l'intérieur. C'était sans aucun doute pour cette unique raison que la tranche nette et puissante de son Zanide ne l'avait pas touché : sa frappe avait coupé en deux hémisphères sa protection et par chance il était collé au fond de l'une d'elle lors de la chute. A une demi-seconde près, la coupe l'aurait pourfendue. Mais s'il avait échappé au pire, il ne s'était pas tiré indemne de l'écrasement sur la montagne qui malgré son contrôle poussé sur l'élément aqueux ne lui avait pas permis d'amortir suffisamment son arrivée.

Sa dague était là, plantée à l'intérieur de sa cuisse droite. La violence de l'impact avait brisé le fourreau de sa lame qui était alors venue se réfugier là où elle le pouvait. Le sang coulait encore assez lentement le long de sa jambe et entâchait la neige sous ses pas. Le froid intense l'aida à supporter la douleur tellement minime qu'il se questionna sur d'éventuelles lésions nerveuses. Par ailleurs, son bras n'allait pas mieux et sa tête avait aussi violamment heurté le sol si bien que si certaines choses lui paraissaient encore claires, d'autres étaient confuses voire carrément oubliées.

Avant même de songer à soigner sa plaie, Freuzne chercha Eolis tout autour de lui mais personne ne semblait vivre à des kilomètres de là. Tant pis, très naturellement il laissa le pouvoir bleu prendre en charge sa blessure après avoir retiré cette fois-ci douloureusement de sa cuisse sa lame noircit par une substance pâteuse. Les chaires se reformèrent en quelques secondes ce qui stoppa l'hémorragie. Visiblement désorienté, ce fut avec le même air naturel qu'il modela sous ses pieds une planche de neige très compacte qu'il fit se déplacer rapidement à la surface du manteau blanc, comme en légère lévitation. Mais il ne se souvenait plus de quelle direction il venait, où avait-il été frappé.

Après une minute de rapide ascension il apperçut un gouffre assez étroit vers lequel il s'avança. C'était là où ils avaient commencé. La combustion de la végétation mise en place avait laissé place à un sol calciné et encore fumant.

*Ca va être parfait*Sa dague en main, Freuzne sauta dans la grotte et descendit là où il n'avait pas encore mis les pieds, là où il y avait de l'eau en abondance.

Eolis l'avait perdu de vue après sa contre-attaque car l'homme à la toge avait été emporté par un éboulement plus bas derrière des reliefs. Les mauvaises conditions de visibilité dues au climat de tempête en étaient responsable. C'était la logique qui avait poussé la jeune femme à revenir vers le point de départ et grâce à cela, elle arriva juste à temps pour voir sauter Freuzne dans le trou où elle le suivit. La chaleur qui règnait au fond de la grotte était agréable et Eolis se surprit à trainer un peu le pas pour en profiter un peu d'avantage avant d'entreprendre à son tour la descente vers les niveaux inférieurs.

A sa surprise, on voyait plus clair près de la rivière sous-terraine qui coulait une cinquantaine de mètres plus bas. C'était une lumière froide et il était difficile d'en localiser la source, si tenté qu'il n'y en ait qu'une. Cette curiosité attisait en elle la méfiance, ce phénomène n'était pas normal dans de telles circonstances.

*Puis avec lui, il y a souvent, en plus de ce qu'il planifie, des imprévus qui viennent compliquer la situation. Et je ne sais pas précisément dans quel état il est, à part qu'il marche encore et qu'il est entier...*

Ce que craignait le plus Eolis, ce n'était pas tant les techniques qu'elle connaissait de lui ni même celles que lui se connaissait mais bien ce qu'il ignorait encore sur lui et qu'il pouvait découvrir à n'importe quel moment. C'était déjà arrivé lors d'un affrontement contre son maître Essen ciel, à la suite d'un traumatisme, d'un choc important qui avait débloqué quelque chose en lui.

*Je ressens d'ici sa présence et si la nature de son aura traduit encore la délivrance, il y a un je-ne-sais-quoi de différent. C'est comme si elle était plus douce, qu'elle émanait plus calmement de lui.*

Après quelques secondes d'analyses et de réflexion Eolis se releva soudain, la lumière semblait prendre de l'ampleur mais l'intensité n'augmentait pas c'était en réalité son attention et sa perceptibilité qui avait changé de route. Son cheminement mental était d'une rapidité étonnante et s'intéressait à ce qui suscitait le plus d'interrogation. Elle regroupa toute ses pensées et songea à ce qui lui restait de sa stratégie. Elle savait que de retourner en profondeur à cet instant du combat ne serait pas en sa faveur mais ce qui était sur c'est qu'elle avait montré au grand maître qu'elle pouvait se défendre facilement.

Le calme se fit rapidement, autour d'elle il n'y avait qu'un afflux d'air constant provenant de la surface et d'un seul coup les courants s'interrompirent comme figé dans l'espace. Elle se servait enfin totalement de son énergie propre pour contrôler l'environnement. Son Zanbatou semblait, lui, être totalement chargé de puissance comme-ci cette petite sortie à l'air libre l'avait revigoré.

*A moi de jouer, si je descend près de la rivière sans aucunes branches à mes Oniros je vais me faire avoir en beauté. Il est plus sur... d'avoir une défense efficace maintenant...*

La jeune fille empoigna fortement son arme avant de glisser près du point d'eau. Son visage était devenu très serein presque impassible comme son maître. Une pression énorme tomba dans l'espèce de galerie dans laquelle elle se trouvait. Les deux combattants étaient tous les deux en train d'évoluer...

Elle avait fermé les yeux pour mieux se concentrer, songeant très bien qu'il ne servait à rien d'utiliser imprudemment son énergie pour le débusquer. Elle savait que de s'aventurer comme cela à sa poursuite était lui donner la main... mais avec quelles concessions lui avait-elle laisser ce choix?..

Tout en restant extrêmement méfiante, elle descendit donc au niveau de l'eau, sur les berges de cette rivière souterraine. Hors contexte, l'endroit était très agréable. On aurait pu jurer à la vue de la netteté des découpes dans la roche rouge-marron que le temps et l'érosion avaient creusés que c'était bel et bien là le fruit de l'Homme.

De véritables chambres étaient dessinés sur différents niveaux, toutes ouvertes sur le gouffre au fond duquel l'eau coulait paisiblement.

*Ca a tellement pas l'air naturel que je ne peux m'empêcher de penser à des catacombes... c'est pas très rassurant."

C'était effectivement le même genre d'architecture : tout était dans des proportions conservées d'un bout à l'autre du gouffre : régulier, propre, vide, sans vie.

Eolis chercha Freuzne physiquement ainsi que spirituellement tant sa planque semblait être parfaite mais rien n'y fit, c'était à croire qu'il n'était jamais descendu ici. La jeune femme eut alors un pressentiment.

*Je suis suivie. Ce n'est lui qui est descendu ici le premier, c'est moi et depuis une demi-heure il m'observe, me piste, me traque et n'attend plus que j'aille là où je dois aller pour refermer son piège sur moi!*

Quand soudain un vacarme phénoménal venant de la surface retentit. Eolis dut porter ses mains à ses oreilles tant le niveau sonore était puissant. Tout tremblait ici bas et alors qu'elle craignait plus que tout voir son adversaire profiter de cet évènement pour surgir de sa tanière et lui porter un sale coup, elle vit tout en haut une gigantesque masse de poussière, d'eau et quelques rochers dévaler l'accès par lequel elle venait d'arriver ici.

Aidée par les vents qu'elle sollicita instantanément, Eolis remonta d'un niveau, soit d'environ cinq mètres pour aller se réfugier le plus vite possible au fond d'une de ces curieuses chambres ouvertes, se mettant ainsi à peu près hors des violents mouvements d'eau qui allaient avoir lieu à la chute de ces débris dans la rivière. Et elle eut bien fait tant les éclaboussures montèrent haut et la rivière déborda de son lit pour inonder, certes modérément mais quand même, le niveau inférieur.

Trente secondes plus tard, tout redevenait normal : l'eau, même plus trouble reprenait sa paisible course et la poussière ambiante tombait très vite grâce à la pression augmenté qu'elle avait eut l'idée de déclencher en descendant ici. Eolis se demandait alors si ce n'était pas cet écart de pression qui avait engendré ces dégâts. Elle s'avança vers la rivière et prit la décision de redescendre au niveau le plus bas car ici elle ne se sentait en sécurité : elle était quasiment enfermée dans cette chambre et l'idée des catacombes était définitivement trop réaliste pour pouvoir être ignorée.

Elle grimaça lorsque ses pieds nus entrèrent dans l'eau qui restaient encore sur le sol du niveau inférieur tant elle était froide. Heureusement, il n'y en avait déjà plus beaucoup, quelques centimètres de haut tout au plus ; tout était déjà redescendu dans le cours d'eau.

Le bruit des gouttes qui tombaient d'une cinquantaine de mètre dans la rivière et sur le sol détrempé résonnait dans tout l'espace quand soudain Eolis fut aveuglée par un intense flash lumineux ; elle tomba face contre terre. Avant de se relever, elle se rendit compte qu'elle ne voyait presque plus rien, certainement à cause de ce curieux flash. Mais surtout avant de se relever et de se rendre compte que c'était bien là le signal de retour de Freuzne, elle s'aperçut qu'elle ne pouvait tout simplement pas bouger d'un cheveu, même pas parler. Ses yeux se fermèrent alors, elle écoutait.

Des pas lents, bien déroulés à entendre le peu de bruit qu'ils faisaient malgré la fine couche d'eau sur le sol signalaient qu'il vagabondait non loin d'elle, probablement dans la chambre d'à côté, puis plus rien. A ce moment là, Eolis ré-ouvrit les yeux et s'aperçut de deux choses : la luminosité ambiante avait fortement baissé et pas complètement disparue, mais selon elle, au delà du fait qu'elle avait été touchée par la technique des seize perles de lumière et qu'il en restait visiblement en attente pour dispenser leur lumière ici bas, le plus inquiétant était ce vert quasi électrique qu'elle voyait se refléter sur l'eau recouvrant le sol. Que pouvait-il bien faire dans cette autre pièce alors qu'il savait très certainement qu'elle était là, complètement vulnérable ou presque? Moins d'une minute plus tard, la lumière verte disparue et les pas entrèrent dans la chambre où elle était encore allongée. Tout était alors seulement sombre.

Aucune ombre ne pouvait l'aider à localiser son adversaire par rapport à elle et Eolis ne s'était rarement sentie plus vulnérable dans un combat. A ses pieds, Freuzne regardait sa belle silhouette allongée de tout son long devant lui, presque offerte.

Tu peux respirer? lui demanda-t-il, sans laisser à Eolis suffisamment d'éléments pour savoir s'il se moquait d'elle ou s'il avait oublié qu'elle ne pouvait pas parler. Il répondu lui-même à cette absence de réponse.

Ce n'est pas grave...Et juste après avoir dit ça, Eolis vit la luminosité descendre encore d'un niveau. Tout n'était alors distinguable qu'en nuance de gris, on ne voyait plus les couleurs tellement l'obscurité était poussée. Et très vite elle remarqua un nouveau problème : elle ne pouvait plus respirer!

... je connais maintenant ta réponse.

Presque sadique, Freuzne la regardait suffoquer en silence et sentant à quel moment elle allait basculer du côté de l'inconscience, il décida de mettre fin à cette épreuve, à cette correction aurait-il dit en référence à ce qu'il avait pu annoncer quant aux erreurs qu'Eolis n'aurait pas le droit de faire.

La jeune femme se sentit arrachée du sol, pourtant Freuzne n'avait pas bougé d'un pouce. Elle ne savait plus vraiment si elle était encore consciente ou non car elle avait l'impression de s'envoler de cet endroit, elle survolait alors la paisible rivière d'une vingtaine de mètre quand elle s'arrêta, en lévitation. Et c'est là qu'elle comprit d'où cet étrange sensation venait : Freuzne avait procédé à la Renaissance elle ne savait quand et c'était donc sous forme angélique qu'il allait la rejoindre.

D'envergure, il devait mesurer dans les sept ou huit mètres. Ses grandes ailes gris foncé le propulsèrent droit vers elle, toujours suspendue dans le vide par le puissant psychisme de l'ange. Eolis se tenait comme debout en face de lui battant des ailes pour se maintenir à son niveau quand le peu de lumière ambiante se concentra en un point lumineux bleu très clair positionné entre eux, suffisamment bas pour qu'ils puissent se regarder. Si derrière cette longue chevelure noire et ce visage concentré Eolis voyait un adversaire coriace contre qui son maître avait déjà mené de longs et beaux combats, Freuzne voyait à la lumière froide de la dernière perle de lumière le visage fatigué d'une jeune femme derrière lequel se cachait un énorme pouvoir. A cet instant, une intense sensation l'envahit. Il avait déjà connu cela dans des cas qui n'avaient rien de similaire à celui ci, dans des cas tels que lorsqu'il se tenait prêt à achever un être extrêmement puissant qu'il avait décidé de tuer.

Plusieurs siècles avant l'ère de la nouvelle technologie, les combattants tels que Essen Ciel, Nichiren, Masamune, Kratos ou Freuzne ne se rencontraient que peu souvent, à l'occasion par exemple de ce qui, dans le monde d'où il venait, s'appelait une conjonction. Une conjonction était un évènement surnaturel qui mettait en jeu différentes formes qualifiées de paranormales tant elles étaient rares et puissantes. Ces conjonctions étaient toujours liées à des esprits presque toujours malveillants à l'égard de la Vie qu'ils voulaient anéantir. Parmi toutes les conjonctions de l'histoire de son monde, seule trois étaient qualifiées de grande conjonction. Il s'agissait alors de la venue simultanée de plusieurs de ces esprits dont les pouvoirs fusionnaient pour ne former plus qu'une essence spirituelle considérablement plus puissante. L'immense pouvoir était alors toujours divisé en plusieurs émissaires pour conserver sa stabilité et permettre de répandre plus rapidement le chaos sur les terres.

Freuzne avait tué l'un de ces émissaires durant la dernière conjonction. Aujourd'hui, alors qu'il plongeait son regard dans celui de la jeune femme, aimée et protégée de son puissant ami Essen Ciel, il ressentait exactement la même chose, cette même sensation de détenir entre ses mains un grand pouvoir, d'être celui par qui tout pouvait s'éteindre à jamais s'il le souhaitait. Et lui qui tenait tant à être considéré comme un être causal, en dehors du circuit du bien et du mal, lui qui depuis plusieurs millénaires avait accepté de voir mourir des millions d'êtres humains, de voir des espèces végétales ou animales disparaître de son monde, lui qui n'avait pas empêché le fruit de certaines conjonctions de faire disparaître la Vie de plusieurs continents, il détestait cette situation car ici il était l'unique responsable de ce qui allait se passer par la suite. La Justice n'était plus là à le soutenir, plus de causes ni de conséquences ; seulement lui, son histoire, ses espoirs.
Sortant de ce flashback, son regard se raviva.

De la longue lame argentée dégoulinait la même boue noirâtre qu'Eolis avait vu quelques minutes plus tôt en pénétrant en ces lieux. Cette substance sinistre et menaçante semblait appeler quelque chose ou quelqu'un... elle semblait être autre chose que le simple poison qui la décrivait officiellement. Et bien que pratiquement inconsciente, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de repenser à Aeshmadaeva, à l'impression désagréable de respirer un air gras et poussiéreux en sa présence. Etait-ce là une trace de sa survie? Etait-ce lui qui appelait au meurtre et qui vomissait cette substance répugnante comme les animaux bavant devant de la nourriture?

Eolis ressentait une sensation progressive d'un envahissement par le froid tout au long du chemin emprunté par la lame à travers son thorax. Elle se sentait de moins en moins fatiguée et sans savoir comment, reprit une inspiration, expira lentement. C'était comme se réveiller après avoir somnolé. Freuzne était toujours là à la tenir empalée sur son épée, le regard parfaitement conscient du réveil qu'elle connaissait. Puis la lame glissa à nouveau, dans l'autre sens cette fois-ci pour ressortir sans laisser la moindre trace de son passage. Même ses vêtements étaient intacts.

Sa tête inclinée sur le côté, Eolis fronçait les sourcils en regardant cet ange battre des ailes si sûrement. Elle cherchait à comprendre tout ce qui se passait, ce qui lui échappait encore.

Pourquoi ça me brûle comme ça? demanda-t-elle d'une voix encore faible, perdue dans les brumes de la somnolence.

La boue noire avait disparue de la surface de l'épée et Freuzne inclina lui aussi la tête sur le côté, doucement, comme rêvant. Eolis reçut alors de lui un souvenir très récent.

Citation :

Méfie
toi de ce que tu pourras voir lorsque la lumière reviendra.

Eolis sentit son corps partir vers les bas-fond et dans sa chute, elle put apercevoir dans la chambre d'où était venue la lumière verte Alcéphide tout au long duquel étaient répandues des tâches de ce même vert.


*Le sceau vert...*


Du bruit, des éclaboussures, puis plus rien.