Sombre doucement

Envie de te dire plein de choses, de laisser s'échapper de mon cœur ces mots qui volent. Les laisser enfermés, les taire, pour notre bien. Ou seulement pour le mien? Ou le sien? Ou le tien? Ou pour notre malheur?
Rêve. Ne sais plus faire que ça, réalité trop peu conforme.
Encore en train de m'égarer. En toi. Encore. En moi. Egal. Ce lien qui me déchire, ce lien qui m’attire, ce lien de soie qui me retient à toi. Douleur douce, enivrante, chatoyante comme tes yeux. Qui me transpercent et me caressent. Joie teintée de noir. Joie teintée de gris. Joie teintée de regrets.
Noyade. Besoin d’une douche froide. Ou d’une couette chaude pour y sombrer. D’un bord, à l’autre. Tic, tac. Droite, gauche. Hésitation, frémissement, hurlement. Hurler cette hésitation qui se découpe dans mon paysage, qui me découpe ; coupe, immobilise, stabilise. Paradoxes, contraires nécessaires pour garder cet équilibre précaire qui ne demande qu’à s’effondrer, verser dans la déraison. Aucune raison, aucune, de rester ainsi. Seulement le cœur, qui prend, qui prend, s’enfle, se gonfle et menace d’exploser. Empli de sentiments, rempli d’égarement, balançant, cognant. Pour un. Pour deux. Pour trois. Pour eux. Pour moi. Pour nous. Pour rien.
Te prendre, te perdre. Te retenir, te laisser partir. Être à toi, rien qu’à moi. N’être rien qu’un espace où passe un peu de vie. Ta vie.
La peindre, me dépeindre en une myriade de couleurs, morceaux brisés d’un esprit fêlé. Une, deux, dix ou vingt, craquèlent mon âme d’un gémissement sans fin. Cric, crac. Celui-là est pour toi. Celui-là pour lui. Celui-là pour toi encore. Ma main est vide, il ne reste plus rien ; j’ai tout donné, plus rien ne m’appartient et pourtant je maintiens cette illusion, cette sensation, ce battement en mon sein. Ainsi éparpillé, il s’est déployé. Petits ou gros, ils brillent dans l’eau, étoiles qui éclairent mon océan. Petite goutte perdue, que fais-tu ici ? Je vais, je viens, cherche un endroit où me diluer pour m’oublier. L’océan toujours me refuse, rugit et gronde, tempête me ballottant d’un coin à l’autre. En suspension, lévitation, immobile dans mon mouvement, je me contemple et pleure.