La Fête des buveurs [RP public dirigé]

Le nain souriait, ne lâchant pas Kaenda des yeux. La pression entre les bras était semblable, variant tranquillement d'un côté vers l'autre.
La bataille était tendus, mais permettait un semblant de conversation.

Je ne suis pas natif de Ter Aelis. Quant à la signification de ces tatouages et leurs intérêt, qu'il vous suffisent de savoir, qu'ils désignent ma fonction et mon rôle.

Sur ces entrefaites, le nain commença à gonfler ces bras, forçant un peu plus. Les tatouages commencèrent à se mouvoir prenant leur place et formant les sigles définitif.

Et oui, ces derniers, bougent. Une tel signification ne peut rester dévoiler en continue.

La pression sur le bras de Kaenda commença à augmenter doucement, appuyant plus fortement, la forçant à réagir.

Olenwë ignorait comment s'en prendre à la bête... Il voyait Luthien en piteux état et ignorait si elle serait encore capable de combattre. De plus, le dragon qui était intervenu au cours du combat semblait plus décidé à admirer le spectacle qu'à choisir un camp. D'un côté, c'était peut-être préférable, ces créatures sont trop maladroites... Enfin, plutôt trop égoïstes pour faire attention aux autres.
Il lui restait donc deux choix : soit affronter la bête et laisser à Luthien le loisir d'intervenir si elle s'en sentait capable, soit la laisser s'enfuir...

* Que te dit ton instinct ? *

C'était Aenaril qui lui parlait... Ainsi donc, il était assez affaibli : l'autre maître de son corps était présent pour maintenir ses fonctions au maximum.

* Mon instinct ? Je suis un Loup, je suis un chasseur par naissance... *

* Alors, qu'attends-tu ?*

Olenwë sembla pousser un soupir, à moitié entre la plainte et l'exaspération. Il regarda Luthien, lècha avec douceur une de ses plaies et lui dit :

* Je vais devoir improviser quelque chose... C'est un peu dangereux, mais c'est aussi l'occasion d'essayer, depuis le temps que j'en rêvais ! Tu sais toujours te battre ? Si oui, aide-moi un peu *

Il avança de quelques pas, tourna la tête une fois en arrière pour adresser un "sourire" à la louve et puis fixa un regard déterminer sur la bête, tout en examinant le terrain. Il y avait plein de débris gelés qui pouvaient servir de tremplins. Parfait. La distance était moyenne, mais en dessinant des cordes dans le cercle de l'arène d'infortune il y avait moyen d'utiliser la force centrifuge et sa propre force physique pour se transformer en arme. Bien sûr, Olenwë n'était qu'un loup, il n'aurait jamais eu l'idée de le faire si Aenaril n'avait pas réfléchi en arrière. A moins qu'il l'eut su instinctivement. Quoiqu'il en soit, le Loup concentra leur magie, n'en ayant plus assez pour puiser dans ses uniques réserves. De la glace apparut progressivement sur son pelage. Il grondait et le son de sa gorge faisait vibrer de la violence dans l'air, quiconque était un minimum perceptif aurait senti le danger proche. La bête de Galvorn s'interrompit dans ses gestes pour se retourner vers le loup. Celui-ci était à présent un corps de piquant de glaces. Sa tête se recouvrit d'un casque de glace qui lui aussi partait en un énorme piquant. Seules les pattes du loup n'était que légèrement recouvertes de glaces, pour lui assurer une mouvance optimale.

* Cette fois-ci, bien plus que mes crocs, c'est tout mon corps que tu vas sentir passer... *

Il s'élança contre une planche qui pointait vers le ciel, prisonnière de la glace, rebondit dessus pour s'élancer vers une autre, puis une autre, puis encore une, etc. Il ne cessait de prendre de la vitesse, devenant peu à peu un éclair bleu. La bête le suivait plus à l'instinct que de ses yeux. Elle semblait moins sûre d'elle... Olenwë commença à s'en rapprocher. Plus il passait prêt plus la Bête se faisait heurter par ses piquants, des plaies plus ou moins profondes apparaissant sur son sillage. La bête émit des grondements fureur. Olenwë arrêta sa course lorsque la bête la repoussa d'une patte, ce qui endommagea considérablement celle-ci. Il se fracassa contre le sol et se releva péniblement. Ce qu'il faisait lui coûtait beaucoup d'énergie, et la glace qu'il utilisait comme une arme n'était rien d'autre qu'une arme à double tranchant. Chaque piquant qui entrait en contact avec la bête se renfonçait vers lui également, lui infligeant des plaies quelques fois, de simples coups d'autres, suivant l'intensité directe de l'attaque. Il jeta un oeil à Luthièn : la bête semblait l'avoir oublié pour l'instant.

Lùthien ne répondit pas à Olenwë si ce n'est par un léger mouvement de la tête. Alors que le loup se mettait en mouvement, l'elfe rentra en elle-même, paraissant comme inconsciente. En réalité, elle menait une conversation intérieure avec l'Autre. Elle répugnait à lui laisser autant de contrôle qu'elle allait le faire, mais c'était ça ou renoncer à finir la chasse. Or il était bien trop rare de trouver un adversaire aussi puissant et un compagnon si agréable. Alors la louve se retira, restant une simple spectatrice dans son propre corps, mais capable d'en reprendre la direction dès qu'elle le voudrait. Enfin, si elle ne s'affaiblissait pas trop.

Le changement ne se fit pas attendre et un hurlement féroce résonna subitement alors que le physique de la louve noire se transformait radicalement. De la taille d'un cheval maintenant, entourée d'une aura d'un rouge foncé tirant sur le violet, son odeur même changea tandis que le démon s'emparait du corps de l'elfe : piquante, chargée d'humus, terre corrompue. L'envie de tuer qui se dégageait était perceptible aux frémissements d'excitation qui parcouraient les poils noirs. Sans plus attendre, le démon bondit, découvrant sa mâchoire désormais ornée d'une double rangée de dents acérées. Elle se referma sur le bras gauche de la bête qui poussa un hurlement de douleur rageur. Se détournant d'Olenwë, la bête de Galvorn secoua son bras pour en déloger l'énorme loup qui ne bougea pas d'un pouce. Elle tenta alors de l'atteindre de son autre main griffue mais Lùthien, ou plutôt le démon se mit à tirer le bras vers l'arrière, entrainant la bête dans un mouvement tournant auquel elle n'arrivait à résister.






Dans la taverne, Kaenda sourit à Kordrok avant de reprendre son sérieux. La discussion était agréable mais les choses commençaient à demander de l'attention. La naine prit donc la décision d'une brusque poussée, de seulement quelques secondes, afin de grignoter de la distance. Ses muscles se gonflèrent, rappelant aux humains présents une plaisanterie qu'ils faisaient souvent au sujet de ce peuple « la seule différence entre un nain et une naine, c'est la barbe ». Et effectivement les bras de Kaenda n'avaient rien à envier à ceux de Kordrok.

Entre la douleur et le mouvement de rotation, la bête fut prise d'un vertige qui la fit chanceler un instant. Pourtant, elle était loin d'être battue et se redressa avec un hurlement de rage qui fit trembler les quais. Ignorant son bras, elle se retourna vers la louve en un mouvement rapide et partit à sa poursuite. Surprise, Lùthien se retrouva vite à portée des terribles griffes, mais l'énorme louve esquiva l'attaque en souplesse, se jetant sur le torse de la bête, cherchant à atteindre le cou. L'aura malveillante qui entourait l'elfe semblait s'étendre, ramper sur leur adversaire en direction des diverses blessures que lui avait infligées Olenwë.

Kordrok sentit la brusque poussée de Kaenda. Le nain garda son calme. L'adversaire était presque de son niveau en force brute. La bataille s'annonçait rude, et déjà l'alcool commençait à monter de nouveau.
Le nain se sentait quelque peu euphoriques. Sur de sa victoire, enfin en apparence.
Il força d''un coup, gonflant ses muscles à bloc, souriant largement repoussant avec force le bras de la pauvre Kaenda qui semblait surprise par cette attaque aussi forte qu'imprévisible.

Si Kaenda fut surprise de l'attaque de Kordrok, cela ne dura pas longtemps et ce fut bientôt au nain d'apprécier la force de son adversaire. Kaenda était très musclée pour une naine. Il faut dire que dans son clan, elle était connue pour la délicatesse de son travail des métaux. Et le métier de forgeron fait des muscles conséquents à l'endurance certaine. C'était sur cela qu'elle misait, contrant lentement la descente imposée par Kordrok. Elle restait sereine et calme, bloc de marbre, pierre se mouvant au rythme du temps.

Le loup n'en croyait pas ses sens ! L'aura qui se dégageait à présent de Luthien était très différente. S'il n'avait pas su qui elle était il l'aurait prise pour un autre animal. Il chassa son trouble d'un hochement de tête et repartir à l'assaut. La présence du dragon commençait à l'inquiéter mais il préféra se concentrer sur la proie pour l'instant.

Sa magie était considérablement épuisée aussi opta-t-il pour un combat au corps à corps avec les risques que cela encourait vu sa condition physique fortement diminuée depuis le début du combat. Le loup grondait de toute ses forces, comme si ce son glacial l'aidait à rassembler ses forces. Il luttait plus contre son propre corps que contre sa proie.

Proie... proie... ce mot unique s'imprimait dans son esprit. Alors que Luthièn déchiquettait son torse, Olenwe planta ses griffes dans le bras blessé de la bête, lui arrachant un grognement, pour s'élancer vers la gorge et finir par lui arracher la jugulaire. La bête hurla, le sang dégoulina à grands flots et la proie mit un genou en terre, avant de finir par s'effondrer.

Les deux loups, encore sous l'emprise de l'euphorie de la chasse, mirent un moment avant de s'apercevoir qu'ils n'avaient plus à lutter, qu'il leur restait uniquement à se régaler... Olenwë recula, dans un mouvement répulsif un peu trop humain, puis se rapprocha de nouveau, avant de se coucher, fatigué de la bataille.

- C'était un beau combat... Tu fais une bonne meute. Ce dragon aussi... en quelque sorte. Je n'ai jamais beaucoup aimé ce qui avait des ailes.

Il fallut quelques minutes à la louve pour s'apercevoir que leur proie ne se débattait plus. Relachant son emprise, l'aura disparut et Lùthien retrouva une taille normale. Vacillante de fatigue et de douleur, elle tituba jusqu'au loup et s'affala à ses côtés, haletante.

- C'était un beau combat... Tu fais une bonne meute. Ce dragon aussi... en quelque sorte. Je n'ai jamais beaucoup aimé ce qui avait des ailes.

La louve noire sourit et donna un coup de langue à Olenwë.

*Tu fais un bon compagnon de chasse.*

Jetant un regard au dragon encore en vol elle répondit à sa remarque.

*Ils font toujours beaucoup de bruit pour peu d'effets* Parcourant du regard le port, elle ajouta *Ou alors ils ne maîtrisent pas leur force. Du vent, voilà ce qu'ils sont.*

Le ton était ironique et légèrement moqueur, mais le dragon les avait aidés à sa manière.
Se relevant avec difficulté, manquant s'écrouler sans l'appui de sa quatrième patte, la louve s'approcha de la bête et la renifla prudemment.

*Il a l'air mangeable.*

Plongeant son museau dans la plaie béante du torse, elle commença à déchirer de longs lambeaux de chair, qu'elle engloutit prestement.

*Un peu dur, mais fort en goût. Tu devrais l'apprécier maintenant, ce n'est pas Aenaril qui le fera.*

Elle savait qu'il lui restait trop peu de forces pour maintenir encore longtemps sa forme lupine. Une fois redevenue pleinement elfe, le dégoût et la faiblesse seraient trop forts pour qu'elle avale encore un morceau de cette proie qu'ils avaient pourtant bien chassée. Aussi se remit-elle en devoir de manger pour regagner un peu de l'énergie dépensée lors du combat. Il ne lui fallut que quelques bouchées pour sentir qu'elle perdait le contrôle.

Revenant en boitillant vers le loup, elle s'allongea contre sa fourrure poisseuse de sang. Là, dans un hurlement de souffrance qui s'acheva dans un râle à peine audible, elle reprit sa forme d'elfe. Son corps, nu comme au jour de sa naissance, était pâle comme la mort et portait les nombreuses traces du combat contre la bête, et d'autres plus anciennes. Les blessures dues à l'écrasement étaient clairement visibles, colorant sa peau de larges tâches noires et l'os de sa jambe menaçait de traverser la chair. Ses yeux dorés rencontrèrent ceux d'Olenwë *Manger... Tanière.* avant de se révulser.

Le combat entre les deux nains s'éternisait toujours. Aucun des deux ne montrant de signe de fatigue.
Deux murs de pierre s'affrontant, le moins solide s'effritant doucement, par légère période Kaenda semblait devenir fébrile, mais on ne mettait cela que sur le relâchement de la concentration.
La foule s'était rassemblé pour observer ce match.
Kordrok attrapa sa pinte de bière, la vidant aux deux tiers, forçant toujours sur son bras.
Son unique œil lorgnait sur la naine, décidément celle-ci était pleine de ressource. Le nain cherchait un moyen de finir ce combat, il lança un râle puissant forçant un peu plus.
Kaenda subit l'a-coup et descendit brutalement, sa main se rapprochant dangereusement du bord de table. Kordrok la voyait suée avidement en tentant de revenir en haut. Dans un second hurlement tant de douleur que d'envie de vaincre il fracasse le bras de la naine sur la table.
Hurlant de joie, il finit sa pinte de bière, se retournant vers la victime il ajouta :

Merci pour ce match. Vous êtes une valeureuse adversaire.

Dans la taverne, la foule s'était raréfiée. Beaucoup étaient rentrés, d'autres s'étaient endormis sur place, ronflant doucement (ou pas) sur les tables ou encore à même le sol. Au cri de Kordrok, quelques uns sursautèrent avant de replonger dans leur béatitude alcoolique. Kaenda, elle, s'inclina devant le nain, but une choppe avec lui tout en massant son bras légèrement douloureux après l'assaut. Avec un sourire, elle complimenta son adversaire.

Merci. Il est rare que je me fasse battre à ce jeu dans mon clan. C'était très impressionnant et vous êtes un bon combattant.

Levant une nouvelle choppe, elle salua le nain avant de la boire.

Derrière son comptoir, Henry, en compagnie de l'organisateur, remettait les prix des différents concours. Sans grande surprise, Kordrok fut déclaré vainqueur du concours de bière, le jeune Tam n'ayant pu soutenir la comparaison face à un nain et Egorann ayant finalement succombé au sommeil, et aussi vainqueur du concours de bras de fer. Sa prestation avait impressionné la salle entière. Le trophée de miss cocktail fut finalement remis à Xupinette, les 3 concurrents les mieux placés ayant mystérieusement disparus au cours de la soirée.



Loin dehors, sur les quais, le calme revenait lentement. Au petit matin, on ne retrouverait que la carcasse à moitié dévorée de l'énorme bête. Personne ne se demanderait qui avait bien pu la tuer, ni pourquoi un bateau était complètement détruit...

Clôture du concours.