[Lunaires] La cour des miracles

Posée sur la statue d’un caveau Teysa lança un coup d’œil circulaire dans ce qui leur servait de pièce de réunion. Située dans les catacombes de Galvorn, elle était spacieuse, de grand pilier de pierre soutenaient le sol de la ville qu’on entendait gronder au dessus des têtes. Des flammes bleutées, flottaient dans l’air et éclairaient la pièce. Au centre un énorme puits ouvrait sa bouche béante sur la lune ronde. Teysa se leva et marcha doucement jusqu'à se placer sous l’ouverture. Là il contempla lentement le ciel et ses sombres couleurs, son visage baignait dans la lumière argentée de l’astre accentuant encore plus la pâleur de ses traits. Il prit une douce inspiration, tout en fermant les yeux pour mieux profiter du calme de la nuit, ses muscles se relâchèrent doucement tandis que lentement la folie montait en lui. Pleine de puissance prête à exploser. Elle enflait et gonflait prenant de l’ampleur emplissant sa gorge avant de sortir violemment dans un rire dément qui fut comme un crie de ralliement pour le phalène de la société. La cour des miracles était ouverte.

Une silhouette se découpa peu à peu dans la lumière astrale.
Un être filiforme s’approchait timidement de la cavité d’où émanait une étrange lueur bleutée. Elle s’accroupit, et jeta un coup d’œil à la fois intrigué et apeuré à la vue de l’insolite personnage qui se tenait debout au fond du puits. Envahie d'une curiosité nouvelle, elle s'était laissée guidée par le son singulier qu'il produisait, et qui lui évoquait l'union d’un raclement d'ongles sur la roche et d’un hurlement lupin.
Perdue dans les limbes depuis trop d’années, elle ignorait tout de la signification d’un tel cri. Etait-ce de la joie ? De la colère ? De la peur ? Elle doutait même de connaître encore la signification de ces mots.
Pourtant, le visage baigné de lumière d’argent, “l’être du fond du puits” ne semblait pas menaçant mais sa stature évoquait une profonde satisfaction.
Elle resta ainsi à le regarder se gorger de lumière, attendant qu'il daigne peut-être regarder dans sa direction.

Ses yeux se posèrent sur l’être qui le regardait du haut du puits, la lune l’empêchait de voire son visage, Mais il y reconnaissait un humanoïde à l’air perdu. Il explosa alors d’un autre rire strident avant de disparaître dans un nuage bleuté.

A travers le pays des rêves il regardait l’être le chercher. Teysa souriait de voir l’autre perturbé. Il laissa alors la douce brume envelopper l’étranger, mais cachant toujours le Drow déchu aux yeux du nouveau personnage.

Il éleva alors la voix des limbes brumeuses :

- Que nous veux-tu étranger ? Que vient donc faire ton être sur notre territoire, montre toi à moi…, puis dans un murmure, qui es-tu réellement, je veux le savoir.

Le murmure avait été posé sur l’oreille de l’être comme un avertissement. Au moment où les mots se terminèrent le monde commença à tourner de plus en plus vite engouffrant l’étrange personnage dans un tourbillon de pensées. Mais sur les murs de brumes seule une couleur apparaissait, une noirceur profonde et lourde de détresse et de désespoir. Puis tout se dissipa laissant les deux personnages aux cotés du puits.

Teysa avait le visage pétrifié, terrifié. Ses yeux regardaient en face de lui dans le néant de son esprit et deux uniques mots sortaient de sa bouche comme une litanie de désespoir.

« Les limbes, les limbes, les limbes, les limbes… »

Son corps tremblait de douleur, ses muscles se crispèrent et un râles sorti de sa gorge, si fort qu’il fit trembler le ciel, tandis que son dos se déchirait laissant d’immense ailes noires sortir.

Les intimidantes paroles résonnaient encore à ses oreilles lorsqu’elle se senti plonger tout à coup dans un lac d’une insondable noirceur.
Ce fut là qu’elle le …vit. Sachant alors qu’elle se devait de révéler son identité pour être considérée, elle se dévoila. Elle resta un instant interdite avant de s’insinuer à nouveau dans l’esprit tortueux et de glisser timidement :

«Nous connaissons nos identités respectives maintenant, mais qui sont tes compagnons que je perçois au fond des catacombes ? Où sommes-nous ? Est-ce cette lande stérile que tu nommes "votre territoire" ?»

Se produit soudain un phénomène étrange… l’enveloppe charnelle de Teysa – puisque tel semblait être son nom – prit son apparence.
S’agissait-il d’un Transfert ?

Se brisa alors la glace de l’amnésie qui la paralysait depuis si longtemps, et les mots résonnèrent alors comme sortis d’outre-tombe :

«Ressent ma souffrance et voit ma quête désespérée, je ne souhaite pas te tourmenter inutilement seulement te comprendre et trouver celui que je cherche. Serais-tu assez fort pour me céder une partie de ton âme ? Après un sondage plus profond que l'aperçu que tu as bien voulu me donner bien évidement. »

Elle se surprit à émettre un rire aussi fou que cristallin.

«Il semblerait que ton rire semi-démoniaque soit communicatif !»

Cordelia jouait avec les pierres et le feu bleu. Monstre de flammes et de terre, elle serpentait le long des murs de la Cour des Miracles, selon un chemin connu d'elle seule. Son immense corps de magma bleu électrique se contractait, ondulait, se déchirait et même explosait par endroit.

Lorsque Teysa le Sombre lassa éclater son rire, le ver informe qu'était alors Cordelia se secoua, produisant un son aigre de crécelle. Puis elle sentit une présence inconnue se pencher par dessus le puit lunaire. Elle s'immobilisa, se contentant de pulser d'une lumière bleu sombre, et observa avec attention l'intronisation de la nouvelle venue.

Cordelia suivit Teysa lorsqu'il éclata et fit un pas vers le monde des rêves. Là encore, elle resta discrète, légère brume irisée. Elle ne pouvait de toute manière pas intervenir plus avant : ce qui se jouait devant elle, entre Teysa et l'Autre, ne concernait que les âmes. C'était tout juste si elle pouvait ressentir leur présence.

Puis les brumes se dissipèrent. La métamorphe regarda avec fascination le dos de Teysa se déchirer, laissant apparaitre deux immenses ailes. Ainsi, les âmes aussi pouvaient changer d'apparence ? Elle mit cette pensée de côté et s'avança sous la lumière de la Lune, après avoir reprit forme humaine.

Elle avait maintenant l'apparence d'un jeune être asexué, à la peau si transparente qu'on pouvait lire le trajet complet de ses veines. Cordelia se tenait nue. Sous sa peau, ses vaisseaux dessinaient un complexe mandala bleu en constant changement.

Elle regarda les deux êtres face à elle et leur dit d'une voix basse et posée :
Je ne suis qu'enveloppe. Vous ne me verrez jamais nue. Je ne peux vous connaître qu'en m'habillant de vos gestes. Vous ne me verrez jamais nue. Suis-je pour autant en reste ?

Alors que tout son corps était encore secoué de spasmes, Fylgja perçu comme un chuchotement lointain. Quelqu'un s'était approché. Etait-ce un des compagnons ? Nébuleuse brume insondable, son corps revêtait à présent une apparence toute singulière. Impressionnée par le magnifique réseau entrelacé du corps diaphane, Fylgja se pencha un peu plus par dessus le rebord de pierre pour contempler cette autre créature étrange et resta interdite. Impossible. Seule la perception physique confirmait sa présence. Comment ? Et quelle bizarrerie que ce corps changeant !

Détournant son attention de Teysa, elle répondit à l'inconnu :

Petit être étrange, n'es-tu pas un des compagnons de Teysa ? J'aimerais comprendre par quel miracle ton corps peut être si mouvant sans une âme pour le guider et avec qui je puis converser.

Elle se demandait si l'être était digne de confiance. Parler était une perte d'énergie qu'elle ne pouvait se permettre inutilement. Son énergie la fuyait, drainée par son enveloppe charnelle. Devait-elle lui divulguer l'origine de son existence ?
Pendant ces réflexions son regard revint à Teysa qui s'était à présent tut mais semblait lui aussi en pleine activité neuronale. Elle sentait ses pensées s'infiltrer entre chaque parcelle d'elle-même. Sensation fort désagréable, mais elle choisit de le laisser à son examen et se pencha à nouveau sur l'asexué.

Elle attendit patiemment que l'autre lui réponde en pesant le pour et le contre d'une éventuelle révélation sur sa nature.

La sensation était bizarre, l'ambiance à la fois pleine de tension, mais aussi de curiosité.
C'est ainsi que l'elfe trouva deux de ses compères en compagnie d'une personne étrangère.
Ainsi donc, Teysa c'était plus dévoilé en partie. Cordélia, comme à son habitude, ne cessait de changer de forme. Sephi s'étonnait toujours de cette facilité, facilité qui l'avait à peine troublé sur le moment, la première fois qu'il l'avait rencontré.
Et pourtant, elle l'intriguait.

Perché au dessus des autres, l'elfe en avait assez entendue pour intervenir.

Une unique boule de jonglage vola en direction de Cordelia. L'effleurant dans le cou.

Elle est l'un des compagnons, si l'on veut. Comme j'en suis un.

La voix était douce, légère.

L'elfe lacha un regard vers Teysa.

La vérité sort parfois, apparemment.

Détournant son attention vers Cordélia, il sourit. Une légère lumière, brillante, traversa ses cheveux d'argent, émanent de la partie droite de son cou.

Et toi Cordelia, que dévoileras-tu de toi ce soir ? Qu'es-tu sous cette enveloppe ?

Quelques instants plus tard, l'elfe apparut à ses côtés, lui murmurant à l'oreille.

A moins, que vous ne vouliez répondre ? Dans ce cas jouons donc pour savoir qui d'entre nous devra céder.

Sephi s'avança de nouveau, flottant légèrement dans l'air, se posant de nouveau sur le mur, regard brillant, sourire aux lèvres.

Et toi Cordelia, que dévoileras-tu de toi ce soir ? Qu'es-tu sous cette enveloppe ?

La métamorphe se tourna vers l'elfe, tout en grandissant. Sa chair devint soie, ses bras, ses cheveux et ses jambes de grands pans de tissus mordorés qui s'enroulaient avec grâce en suivant le rythme de ses mots. Ses yeux étaient deux étoiles riantes, l'une dorée et l'autre bleu-nuit.

A moins, que vous ne vouliez répondre ? Dans ce cas jouons donc pour savoir qui d'entre nous devra céder.

L'elfe était maintenant aux côté de Cordelia et lui chuchotait dans le cou des mélodies de défis.

Toi, depuis le temps que tu me vois jongler avec les apparences, tu devrais savoir que sous cette enveloppe il y a encore une enveloppe, qui est tout en même temps autour et au dedans de la première. Je ne suis que subterfuges, fugues et changements. Voilà ce que je suis et par là, je suis peut-être la plus mise à nue de nous tous : c'est ma nature que vous avez sous les yeux. Tu crois que je mens ?

La métamorphe, créature de soie mouvante, fit apparaitre de ses plis une boule de jonglage brillante et transparente qu'elle lança en l'air d'un geste ample. Le tissu murmura. Au moment où la balle entama sa descente, elle se changea en chouette blanche tachetée de rouge. L'oiseau s'envola sans bruit par le puit, vers la Lune et la nuit.

Cordelia lança alors un regard brillant à l'elfe.

Tu veux jouer ? Tu es sûr ?

Encore étonnée par l'arrivée feutrée de l'elfe, Fylgja se demanda quelle attitude aborder à son égard. La métamorphe avait prit un bien curieux aspect, elle miroitait de couleurs somptueuses. Lorsqu'apparu la chouette, Fylgja eu un petit sursaut de surprise et contempla les deux êtres. Leurs regards brillaient de malice et d'humeur joueuse. Elle se permit alors de commenter la réponse de Cordélia, d'une voix légèrement rauque d'avoir si peu servi:

Tu es donc une métamorphe ? Cette nature que tu dévoiles aux yeux de tous n'est pas un grand secret, mais son origine ... TON origine, c'est cela que je souhaiterai connaitre puisque je ne peux converser avec ton âme.

Puis dans la seconde, elle détourna son regard emplit de curiosité vers l'elfe
Pardonne moi de pénétrer ainsi ton esprit, mais vois tu il m'est plus facile de converser ainsi.

Elle agita imperceptiblement ses main graciles et créa - dans l'espace qui liait in-temporellement leurs esprits - une réplique parfaite de la balle.
Si le rire de Teysa est communicatif, la malice de Cordélia l'est aussi. Moi aussi j'aimerai me joindre à ce jeu :

Grendelor suivait les mouvements et les pensées de ses compagnons de son regard turquoise, sans bouger un muscle, immobile dans son corps, virevoltant d'un esprit à l'autre. Un sourire chaleureux éclaira son visage pâle et elle souffla en direction de Fylgja.

Va, va jouer avec eux, tu apprendras la danse des corps, la folie de l'âme. Ou bien est-ce la folie des corps et la danse des âmes? L'un et l'autre, ensemble, s'assemblent, s'attirent, s'effritent.

Soulevée par une joie enfantine la guérisseuse déplia ses membres et leva un regard brillant vers Cordelia.

Jouons, métamorphe, jouons!

Teysa lui restait a l’écart, son visage pale affichait un gigantesque sourire qui traversait son visage de part en part, ses yeux pétillaient d’une malignité malsaine, tandis que ses poings marquaient la lutte qui se déroulait a l’intérieur de lui-même.

Les limbes, territoire chaotique des démons et autres créatures de pure noirceur, son esprit avait été marqué par les quelques trois cents ans de souffrance qu’il avait vécu dans l’antre du malin.

- YYYYAAAAHAHAHAHHHAAAAAAAAAAH !!!!!!!!!!

Le rire strident traversa les rues de la ville glaçant le sang des humains. Les nuages commencèrent à couvrir le ciel, entourant la lune d’une spirale bleue et rouge. Ses ailes noires déployées, des éclairs de la même couleur parcourant son corps pales, sa silhouette se découpant sur l’énorme cercle argenté qu’était la lune.
Comme pour compléter l’étrange avec l’horreur, une sombre
mélopée s’éleva autour deux, Le chant des anges, répondant à la souffrance de l’un d'eux. Le son magnifiquement triste emplissait les oreilles de ses amis.
Le rire de Teysa faisait écho au chant, tandis qu’autour de lui, noires auréolées de rouge commencèrent à apparaître les partitions d’une musique. Les premières notes se firent entendre quand celles-ci disparurent de la portée.
Les deux musiques s’affrontèrent alors, la complainte des anges, et le requiem mortuaire de la souffrance.

L'elfe s'apprêtait à répondre, quand Teysa fit de nouveau montre d'activité vivante.
Le rire lugubre ainsi que la complainte, d'une tristesse insoluble, ne firent qu'hausser les épaules de l'elfe.

Et quand Teysa se tut, la musique qui apparut devant lui s'affrontait, en une valse lugubre.
D'un ton mélodramatique Sephi ajouta:

Ah celui-là. Toujours obliger de se montrer dans toute sa tristesse. Ou d'étaler sa souffrance aux yeux de tous.

Comme si rien de ceci ne le touchait, l'elfe retrouva son sourire joueur, fixant une à une chacune des compagnes qu'il avait en face de lui. Ses yeux bleus sombre perçant les abysses de leur pensées.

Alors 3 contre 1, ceci s'annonce magnifique. Le spectacle sera de taille. Notre ami ici derrière ne pourra que sortir de sa sombre déprime.

Il éclata de rire, à la surprise de tous, alors que les mélodies emplissaient, ensevelissaient l'air de leur tonalités.

Cesse donc de te tourmenter, quelque soit ton passée, ne veut tu pas entrer dans le jeu ? Qu'a-t-on donc éveiller en toi, pour que tu t'obstines dans ce requiem. D'où te vient ce mal qui t'emplit?

Ce disant, l'elfe attrapa deux boules de jonglage dans sa tunique, l'une bleu et l'autre blanche, les deux commencèrent à s'entremêler vivement dans sa main, formant deux fines lignes de lumière s'entrecroisant. Fluide lumineux en mouvement attirant tout les yeux au milieu de cette noirceur rougeâtre que dégageait la lune.

Lorsque Teysa, ailes dressées, se mit à hurler à la Lune, Cordelia se tourna brutalement vers l'Ange, l'air émerveillé. Elle se recroquevilla sur le sol et se changea en boule de cristal, roulant de plus en plus vite vers Teysa. Le mouvement du cristal contre le sol faisait vibrer l'air, donnant naissance à une longue note stridente et claire à la fois qui se joignit au cri de Teysa le Sombre.

Arrivée aux pieds de l'Ange, la boule-métamorphe se mit à tourner autour de lui, accélérant encore jusqu'à n'être plus qu'une tâche floue et chantante.

Puis, petit à petit, Cordelia ralentit alors que le cri de douleur s'éteignait. Elle se redressa d'un bond, volant sans honte aucune l'apparence de l'elfe-jongleur.

Cesse donc de te tourmenter, quelque soit ton passé, ne veux-tu pas entrer dans le jeu ? Qu'a-t-on donc éveillé en toi, pour que tu t'obstines dans ce requiem ? D'où te vient ce mal qui t'emplit?

Cordelia, toujours avec l'apparence de l'elfe, se pencha à l'oreille de Teysa et lui souffla :

Oui, toi le torturé, toi l'hurleur, toi le triste amant frustré-désolé de la Lune... viens jouer avec nous !

Puis elle fit volte-face et embrassa du regard ses trois autres compagnons. Lorsqu'elle croisa l'expression étonnée de l'elfe, confronté à son double en chair et en os, Cordelia partit d'un petit rire.

Oh ! Oui, je sais ! C'est étrange, n'est-ce pas, de se voir soi-même, sans miroir pour mettre à distance son reflet !

Puis, subitement, elle pris tour à tour l'apparence des deux femmes de l'assemblée, riant à gorge déployée en lisant leurs visages. Finalement, Cordelia se calma et se changea en un jeune homme blond aux cheveux long, habillé d'un pourpoint vert et coiffé d'un chapeau décoré de trois plumes écarlates.

Nous jouons, donc ? Du moins, pour être plus exacte... quand allez-vous enfin VOUS amuser ?

Pas le moins du monde perturbée par le cri de Teysa, paraissant plus émerveillée que gênée par l'apparence de Cordelia, Grendelor entama un chant joyeux qu'elle répandit dans le coeur de ses compagnons. Déployant une joie enfantine, elle se mit à danser autour de la métamorphe, faisant apparaitre, une, deux, trois puis quatre boules de feu avec lesquelles elle jonglait follement. Le chant n'était plus qu'un air dans l'esprit des compagnons, image de farandoles, et impression de légèreté. Les entrainant irrisistiblement à se laisser aller.

La dernière réplique de Cordelia toucha l'elfe, juste avant que Grendelor ne se mette à envouter l'ensemble de sa légèreté habituel.
Toujours souriant l'elfe s'approcha de la métamorphe.

Quand allons nous nous amuser hein ?

Il éclata de rire lançant en l'air ces deux boules de jonglages, une jaune rejoignant rapidement les deux autres. Du bleu brillant au jaune en passant par le blanc. Les nuances de couleurs s'enchevêtraient.

Ne devrais tu pas apprendre à nous connaitre avant de dire ceci ? Je m'amuse toujours de te voir si changeante et espiègle, toujours à tenter de nous surprendre par des formes diverses.
Se voir est quelque peu surprenant, pour d'autres ...

Se disant, il commença lentement à jongler s'harmonisant doucement au chant de la jeune dame turquoise.
Ajoutant lentement de nouvelles boules à sa série, jusqu'à n'en plus finir.

Combien en voulez vous ? 9, 10 ou plus.
Et combien en maitriseras tu toi folle métamorphe avec seulement 2 bras.

L'elfe riait aux éclats. Il observait son confrère toujours un peu à l'écart, et Fylgia semblait hésiter quelque peu entre morosité et joie.

Teysa regardait ses compères hilares, lui triste, Le prince n’est jamais triste. S’il souffre c’est pour mieux profiter de la vie, s’il rit c’est pour exprimer sa joie et s’il chante, c’est pour partager ses ressentis. D’un pas léger il se laissa tomber dans le vide avant de disparaître dans un nuage bleuté, avant d’apparaître flottant la tête en bas, au dessus de ses collègues. Son sourire toujours béat ses yeux pétillant de malice. Il se laissa descendre lentement, de sorte à pouvoir regarder Seph dans les yeux et que leurs deux visages soient cote à cote. Il resta quelques secondes, silencieux, immobile, les yeux plantés dans ses yeux avant de lâcher brusquement un rire perçant à lui exploser les tympans. Toujours dans son fou rire, il s’éloigna et commença une étrange danse qu’il mêla au fil de plusieurs disparitions et apparitions au monde des rêves dans une brume multicolore, laissant les gens autour de lui dans des impressions confuses et contradictoires.

- Moi ! Mes amis je ne cesse de rire, jouer et m’amuser, car le fil même du destin est une corde d’instrument entre mes mains expertes, et ces notes méphitiques créeront la plus précieuse et turbulente des sarabandes, je suis la nouvelle et la pleine lune, une tache d’ombre qui éclaire la route et mon jeu sera le coup du sort de la roulette phalénique du battement d’ailes de vos misérables vies.

La fin de sa tirade se perdit alors dans la musique et le rire perçant du Drow.

En les voyant ainsi complices, Fylgja ressenti la froide carresse de la mélancolie. Cepandant, lorsque la métamorphe dans sa folie d'imitation, se changea en une personne qui n'était pas de l'assemblée, elle resta interloquée. Etait-ce son apparence qu'elle avait revêti ? Etait elle vraiment si chétive, si blême ?

L'intervention de Sephi capta soudain toute son attention. Les fillets de lueurs qui s'entre-melaient dans ses mains en un sublime tabeau étaient hypnotiques. Elle senti une pointe de curiosité la titiller. Elle aussi voulait jouer, et encore plus essayer de jongler.

C'est alors que la mélopée de Grendelor la berça et l'enveloppa d'un linceul de douceur. Elle n'avait pas vraiment prit garde à son arrivée. Mais sa présence réconfortante lui donna l'envie de poursuivre l'inquisition de la petite troupe. Au moment où fylgja focalisait son attention sur elle, Teysa lança brutalement son rire strident avant d'entamer une sorte de danse.
Elle fut alors irrésistiblement attirée dans le monde onirique et tenta de le suivre malgré ses disparitions incessantes.

Cependant, une lassitude croissante engourdissait ses membres. Matérialiser son corps était vraiment éprouvant.
Aucun orage à l'horizon, je puiserai donc mes forces dans un lit d'humus cette nuit.
Elle utilisa ses dernières forces pour former une légère dépression, et s'y allongea, avant de rabattre la terre à la façon d'une courverture. La Terre était chaude contre sa peau nue. Elle s'endormit aussitôt.

L'atmosphère ludique et onirique de la cour des Miracles était peu à peu retombée. Tous étaient plongés dans leurs rêves ou concentrés sur quelque tour de passe-passe à montrer aux foules... Et Cordelia commençait à sérieusement s'ennuyer !!

Elle se décolla de la paroi de pierre avec laquelle elle dansait depuis quelques minutes et sauta sur ses deux pieds de glaise molle.

Hey ! Vous les filles et fils de la Lune ! Vous ses amants ! Vous ses confidents ! Et si nous jouions pour de bon ?

Son corps de terre brune et argileuse commença à fondre et à bourgeonner, donnant naissance à des petits corps d'animaux et de créatures étranges qui avançaient à la surface de la métamorphe.

Le principe est simple : je vais me transformer en une chose, une idée, peut-être un sentiment qui sait ? Peut-être même un monde entier ! A vous de deviner ce que mon corps exprime !

Cordelia s'enroula jusqu'à devenir une simple boule sombre flottant au dessus du sol à hauteur d'homme. Une vague lueur pulsait en son centre. Soudain, elle explosa et des billes de mille couleurs, des petits cubes, des anneaux, des billes et d'autres formes géométriques se dispersèrent jusqu'à se stabiliser en suspension dans l'air. Puis ils se remirent en mouvement, entrant dans un ballet joyeux et bariolé. Dès que deux objets se rencontraient, ils se tournaient autour, puis s'ignoraient ou au contraire fusionnaient pour former une nouvelle entité. Et ainsi de suite jusqu'à ce que tous aient fusionné et que la métamorphe retrouve sa forme originelle de golem de glaise.

Alors mes loulous ? Une idée ?

Grendelor avait regardé les transformations de Cordelia avec intérêt. Comme toujours, la métamorphe était un spectacle extravagant. Elle applaudit à la fin et s'approcha avec un sourire.

Tiens, tu en as oublié un bout, fit-elle, taquine, en tendant un anneau de verre rouge qu'elle passa au poignet du golem. Un jour tu ne sauras plus te reconstituer.

Un léger rire s'échappa des lèvres de la dame turquoise.

Tu me fais penser à une naissance. Un rien qui se divise en presque rien qui se heurtent et forment un peu de chose. Serait-ce loin de la vérité?

Teysa entra dans les catacombes, et comme la première fois il se plaça sous le puits éclairé par la lune, d’un geste de la main il ouvrit une porte béante vers le monde immatériel des rêves. Il inspira profondément gonflant son poitrail et poussa un terrible cri qui raisonna dans l’esprit de toute la confrérie. Maintenant il n’avait plus qu’à attendre leurs venus à tous pour le conseil de guerre.

Cordelia connaissait ce rire : difficile de l'oublier une fois entendu. Elle fit donc une pichenette sur le nez du hérisson avec lequel elle jouait et s'élança dans les airs, curieuse de savoir ce qui pouvait bien justifier l'appel.

C'est une licorne ailée rose fushia qui se posa dans les catacombes de la cour des miracles. En apercevant Teysa, la licorne piaffa et hennit doucement.

Que nous veux-tu, camarade ?

L'elfe était rentré depuis peu en Aelis quand Teysa les appela.
Dans un profond soupir, déposant son pinceau sur le rebord du chevalet, il appela son phénix, disparaissant retrouver ses compagnons.

La lune noir ressortait pleinement dans son cou, ses yeux brillaient d'une étrange lueur.

L'elfe regarda ses deux confrères déjà présent, les fusillant presque du regard.

J'espère que c'est important, pour m'oter de ma peinture en cours.

Attendant ses camarades, Teysa était perché sur une gargouille de pierre noire quand ils entrèrent enfin.

- Que nous veux-tu, camarade ?

- J'espère que c'est important, pour m'ôter de ma peinture en cours.

Le primera souris a ses compatriotes, dans sa langueur habituelle il descendit de son perchoir pour se poster devant ses amis et confrères.

- mes amis leur est grave, je ne vous ai pas fait quérir pour le seul plaisir de vos compagnie, qui me son tout de même fort agréable. Au moment ou je vous adresse la parole des rumeurs nous arrive des autres grandes villes, nous sommes certain que les armée des seigneur du sang et des inquisiteur de l’unique se préparent dés à présent à marcher vers notre palais. J’ai mis au point un stratagème, qui réduirait nos pertes, évitant ainsi notre éradication certaine, et augmenterais massivement celles de l’ennemi. Nous viderons entièrement le palais de toute personne, laissant les portes grandes ouverte. Je resterais à l’intérieur avec Fylgja, qui est une traitresse a notre confrérie. Nos troupes s’éparpilleront dans le labyrinthe des sous sol de Galvorn où nous aurons l’avantage du terrain et où nous embourberons l’ennemi. Nous devrons piéger la ville entière je compte sur votre intelligence et vos idée fantasque pour dérouter l’ennemi… des questions ?

Après s'être enfuie discrètement des campements de la confrérie du Sang, Tàranis avança vers la lourde porte de bois qui définissait l'entrée du palais.
Elle appuya son épaule afin de faire bouger le panneau de chêne qui s'ouvrit alors légèrement. L'elfe se retrouva dans une grande pièce aux lueurs bleutées, des lumignons bleutés lévitaient entre les colonnes. Droit devant elle une silhouette sombre se dressait devant un escalier de marbre qui montait vers les hauteurs du palais. D'un simple geste la silhouette l'invita à monter avant de disparaitre dans un étrange sourire sans visage.
Elle commença alors l’ascension des marches, l'escalier s'arrêtait brusquement sur une pièce éclairée, un lourd rideau pendait nonchalamment découvrant une ouverture sur un gigantesque balcon. Lui tournant le dos, Teysa buvait tranquillement sa petite tisane.
Tàranis commença a balbutier :

Euh... excusez moi... j'aimerais vous entretenir a propos d'une importante question.

Sephi, comme à son habitude, observait l'extérieur des palais scrutant l'horizon s'attendant à toute heure à voir paraitre les armées du sang. Quel ne fut pas sa surprise quant à la place d'une armée, ce fut une unique silhouette qui s'avançait sous le clair de lune. Un émissaire du sang ? Pourquoi faire ?
Étonné l'elfe se dirigea vers le bureau de son confrère, se doutant qu'il y aurait mené l'invité. En arrivant il eut juste le temps d'entendre la voix de Taranis finir sa question, au moins connaissait-il l'identité de l'émissaire et sa question lui paraissait réellement étrange. Qu'avait-elle à demandé de si important à Teysa en pleine période de Guerre ...

Surgissant dans l'embrasure de la porte, l'elfe laissa paraitre un doux sourire sur son visage, puis posa la main sur l'épaule de Tarànis, geste chaleureux voué à la rendre moins nerveuse.

Et bien posez là, je suis sur que nous y trouverons réponse. Vraiment étrange qu'une folle du sang ose venir parmi nous ...

L'elfe s'arrêta de parler laissant planer un sourire énigmatique sur son visage. Il ne pouvait y avoir qu'une seule raison pour une telle présence, comment était-ce possible ? Il n'en savait rien, mais les réponses viendraient plus tard.

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