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 Horreur de jeunesse

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dale cooper

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MessageSujet: Horreur de jeunesse   Horreur de jeunesse Icon_minitimeSam 24 Avr - 13:01


Je m’appelle Erwan Corre et je déteste Emilie Le Saout. Aujoud’hui le thème de « ça se discute » était « pour ou contre les implants mammaires sur les adolescentes ». Je pensais voir des coquines en fleurs, mais l’essentiel de l’émission montrait de grosses mémères tordues et frustrées de ne pas être adolescentes. Nul. Mon téléphone a sonné trois fois pendant que je regardais Delarue. Ca doit être Yoann Abiven (je sais que c’ets Yoann Abiven) qui m’appelle, on devait faire un « truc » cet après-midi. Juste pour l’emmerder, je ne réponds pas. Je le laisse tomber sur mon répondeur, juste pour qu’il entende encore et encore la voix d’Emilie Le Saout, qui parle sur mon annonce de messagerie. Je sais que ça le rend fou : ça l’oblige à repenser à cette soirée il y a quelques semaines, où elle avait pris l’initiative d’enregistrer elle-même le message. C’était au Kériel Bar, elle était complètement bourrée et elle se penchait à tout bout de champs au dessus de la table pour montrer à tout le monde qu’elle avait enfilée ses porte-jarretelles et tout l’attirail. Complètement chaudière, elle avait saisi mon portable et mimé une fellation goulue juste devant Yoann Abiven avant de modifier l’annonce en un ramassis de hululements aussi vulgaires qu’explicites. J’avais fait semblant de ne pas m’en apercevoir, mais depuis je m’appelle régulièrement juste pour entendre « ça ».

Au quatrième appel, je décide enfin de décrocher sans prendre la peine de vérifier qui m’appelle (je sais que c’est Yoann Abiven). Il commence par m’engueuler, me dit qu’il essaie de m’appeler depuis deux heures, que j’ai un répondeur de merde qu’il faut ABSOLUMENT que je change et que je ne suis qu’un sale branleur.

Quand c’est à mon tour de parler, je commence par me confondre en excuses, je lui dis que j’étais resté scotché sur un documentaire d’une qualité incroyable sur les camps de prisonniers japonais pendant les guerres du siècle dernier. Je lui annonce très solennellement que c’est fou qu’on n’ait pas encore eu l’idée d’appliquer les mêmes méthodes d’internement en Europe, comme quoi les Japonais sont un peuple en avance sur leur temps.

Il ne m’écoute même pas quand je tente de lui expliquer comment les bridés procédaient à la torture du casque (en faisant s’assoir cul nu un prisonnier sur un casque de l’armée avec un rat affamé à l’intérieur devant trouver le moyen de se frayer un chemin dans les viscères du type assis), il n’a qu’un mot à la bouche « pécho », « pécho », « pécho ».

Il doit pécho. Mon bras se tend vers le marocco à moitié consumé de hier soir. Je le rallume et tire dessus pour en avaler le THC, juste par pur mépris pour l’état de manque de Yoann Abiven. Je lui dis que je l’aurai bien dépanné, mais que je n’ai plus rien à lui proposer. Il me donne la liste de tous les chomedus du coin qui sont dispo cet après-midi. J’hésite entre manger un paquet de BN ou aller me masturber en mattant des photos enregistrées sur mon cellulaire.

Pus , avant que je ne m’en rende compte, Yoann Abiven, vient de prendre possession de mon avenir : il m’annonce qu’il arrive dans un quart d’heure et m’ordonne de me préparer. J’écrase le mégot dans la coquille saint jaques-cendrier et m’affale bien au fond du canapé. Un quart d’heure : ça me laisse le temps de faire une partie de call of duty sur la play, de bouffer un casse-dalle et même de prendre ma douche. D’un autre côté rien de tout ça n’est essentiel en prévision de l’après-midi glandouille qui s’annonce.

Pourvu qu’on n’aille pas chez les rasta, c’est tout ce que je demande. Pas les rasta !

Au bout d’un certain temps, je décide tout de même de me lever et de me changer.

A la maison, je porte souvent des vêtements de fonctions : confortables, solides et chauds. Le must est un pantalon de jogging Lotto avec un sweat Fila ; je l’avais payé une fortune à l’époque, maintenant ça fait dix ans que c’est passé de mode, et ma collection de fringue Fila, ne vaut plus rien, même sur le marché du vintage. N’empêche, que c’est le top du top en termes de glandage-canapage.

Par la fenêtre je regarde le bout de ciel d’à peine quinze mètres carrés, coincé entre les vieux immeubles de mon quartier. C’est gris mais ça va se lever.

Yoann Abiven tente de forcer la porte de l’appart. Je ne le supporte pas, il essaie à chaque fois de rentrer chez les gens sans frapper, sans s’annoncer. C’est d’un sans gêne… ahurissant. Pour l’emmerder, je décide d’aller m’enfermer aux chiottes à ce moment précis.

Je l’entends tambouriner impatiemment à la porte.

« Je suis aux chiottes, putain » je lui hurle.

Il arrête un moment.

J’ai un téléphone Nokia 6086, qui fait mp3, radio, télévision (de très mauvaise qualité), jeux, sms, mms et téléphone. Cachées au fond de la carte mémoire micro SD d’un gigaoctet, il y a un fichier exclusivement consacré à Emilie Le Saout. Je l’ouvre, et fait défiler les photos. Il y en a une qui me met la trique à chaque fois, sans que je ne puisse me l’expliquer. C’est celle où on la voit un verre à la main, les bretelles de son débardeur et de son soutien-gorge rabattues sur son bras droit. Elle veut se faire tatouer une fée sur le haut du sein. Si elle fait ça, il est hors de question que je continue à fantasmer sur une connasse qui n’a aucun respect pour le corps miraculeux dont elle a été dotée à la naissance. Il y en a qui tuerait pour posséder un corps comme celui-là. Yoann Abiven en fait partie.

J’entends les coups sourds d’une main agacée qui s’abattent sur ma porte. Je range mon érection dans un caleçon Dim et vais ouvrir à un Yoann Abiven qui se met immédiatement à me hurler dessus.

« putain ! tu foutais quoi là ? Encore à te toucher la nouille ! Qu’est-ce tu fous en caledé ? putain ! mais grouille toi un peu sac à foutre »

Yoann Abiven est un peu vulgaire ; souvent ça m’énerve et j’ai envie de lui foutre des gros pains dans la gueule jusqu’à ce qu’il se taise ou qu’il meure. Je suis à ça de le détester, et je pense qu’il va bientôt falloir que je change de meilleur ami, tant celui-ci est minable.
J’enfile un jean Kaporal (seulement 45 euros en solde) et un sweat Kanabeach (offert par une meuf qui bossait à l’usine). Je me glisse dans mes Vans ; il y a encore les taches de vomis de la dernière fois, il faudra que je pense à les brosser.

Au moment, où je vais pour fermer la porte à clé, on entend très distinctement une quinte de toux dans les parties communes. Ca vient de dessus.

« merde ! » me dit Yoann Abiven dans le creux de l’oreille. Un moment de doute, un instant de trop et ça peut être la catastrophe. Que faire ? Que faire ? Que faire ? Mon cerveau tourne en boucle autour de cette phrase.

« putain, c’est elle, elle descend ! » panique Yoann Abiven.

Que faire ? que faire ? que faire ?

« elle s’est arrêtée ». Yoann Abiven entrouvre la porte d’incendie du sas de sécurité, glisse sa tête dans l’entrebâillement et regarde vers les escaliers en colimaçon.

Que faire ? que faire ? ça fait combien de fois que j’ai répéter ces deux mots d’affilée dans ma tête au juste ? Au bout d’un certain nombre de répétitions mentales d’un mot ou d’une expression, il vient à en perdre son sens, et l’écho qui se forme autour de lui se vide peu à peu jusqu’à devenir un jouet, une coquille vide qu’on regarde tourner comme une toupie, dans un mouvement perpétuel sans qu’aucun feed back ne vienne vraiment…

Pourquoi je pense à ces conneries ?

« viens on se casse !
_ non putain ! elle est encore là haut !
_ j’en ai rien à foutre
_ on n’a pas le temps, putain ! on doit aller chez les rasta avant quatre heure.
_ alors là mon pote, tu peux toujours te brosser. Je ne VAIS PAS chez les rasta.
_ putain tu fais chier
_ putain arrête de dire putain ! »

Madame Scouarnec Jacqueline est veuve depuis maintenant très longtemps, depuis la guerre d’Algérie je crois, mais je ne suis pas sûr, elle serait bien plus vieille si c’était le cas. Madame Scouarnec Jacqueline est moins veille qu’elle voudrait le faire croire, mais elle est handicapée à 80 % comme toutes les grosses dondons flemmardes et sans-gêne dans son genre. Elle a mal au dos, habite au troisième étage et veut récupérer mon appartement, parce qu’il est situé au premier, parce qu’il est plus grand que le sien, parce que la télé par internet en 8 mégamax Orange marche parfaitement, parce qu’il est plus lumineux et surtout moins cher que le sien tout pourri.

Madame Scouarnec Jacqueline a un macaron d’handicapé sur sa Renault Megane diesel 2005, elle va faire ses courses au super U du quartier (distance : 650 mètres), en voiture, elle va acheter son pain à la boulangerie du quartier (distance : 280 mètres) en voiture et va chez sa fille de l’autre côté du pont en bus, parce qu’il n’y a pas de place de stationnement pour handicapé en bas de chez elle. Madame Scouarnec Jacqueline, me demande toujours un tas de services, comme descendre sa poubelle au local poubelle, comme sortir son chien moche quand il pleut, comme allez lui chercher les trois tablettes de chocolats et la demi-douzaine d’œufs qu’elle a oublié de prendre en faisant ses courses, mais qu’il lui faut absolument, mais qu’elle ne peut aller chercher elle-même parce qu’elle est fatiguée et ne peut pas sortir son gros cul de chez elle plus de deux fois dans la même journée, comme lui acheter des articles sur internet avec MES comptes et MA carte bancaire, parce que, elle, elle n’a pas confiance là dedans et elle n’y connait rien parce que ce n’est pas de son âge.

Un jour je vais précipiter Madame Scoaurnec Jacqueline du haut des escaliers. Je pense que c’est le seul service valable qu’on pourrait HUMAINEMENT lui rendre. Ca soulagerait ses souffrances et la dette de la sécu. Sans compter que ça me ferait un bien fou. J’imagine souvent son crâne fendu, à travers lequel glisserait lentement son encéphale que viendrait laper à petits coups de langue râpeuse et abrasive son petit chien moche. Peut être serait-elle encore un peu consciente à ce moment là et clignerait-elle spasmodiquement des yeux, une main tremblotante en direction de la télécommande de sécurité de son aide à domicile. Si jamais son sale cabot fait ça, je l’adopte après la mort de sa maîtresse.

« comment ça on va pas chez les rasta ? putain si !
_ ah Antoine, tu tombes bien. Ca va ? Bonjour Monsieur (sourire faux-cul à l’attention de Yoann Abiven)
_ non moi c’est Erwan. Ca fait vingt-sept ans que c’est Erwan et trois ans que j’habite ici que c’est Erwan.
_ ouiiii (sourire charmeur à mon encontre). Tu ne voudrais pas aller jusqu’à la pharmacie…
_ non ! pas aujourd’hui, désolé. On doit aller d’urgence chez des amis antillais, et vous savez ce que c’ets si on arrive avant l’heure de la sieste, c’est foutu pour la journée.
_ à la pharmacie Madame ? Si si. Ca dépend ce que vous avez sur l’ordonnance.
_ quoi ? t’as craqué ou bien ? t’as l’intention de faire quoi là ? lui piquer sa métadone ? elle a une tronche à prendre des antidépresseurs elle ? tu parles ! elle se gargarise au William Peel ! Viens on s’arrache. Aurevoir Madame Scouarnec. Une autre fois peut être.
_ putain ! comment tu l’as envoyé chier la vieille !
_ bah quoi ? tu voulais peut être aller prendre « le jus » chez elle après ? jouer au scrable, monter la vieille peau et te finir sur Julien Lepers ?
_ ouai t’as raison. Viens on va chez les rasta.
_ ok. Mais on reste pas longtemps hein. »

Car s’il y a bien un truc que je déteste, ce sont les blancs avec des dreads, qui écoutent de la musique de nègre, se la joue Bob Marley and the Allocations Familiales, fument, fument et refument et finissent toujours par tapoter sur un jambé à un moment ou l’autre. En plus leurs bens en toile de lin large, puent, leurs ponchos vert jaune rouge sont troués de boulettes et leurs meufs sont systématiquement de gros laiderons en surpoids qui s’obstinent à se mettre des faoulards dans les cheveux gras et des strings saucissonnants qui dépassent de leurs tailles basses taille 46. Je déteste aller chez les rasta ! D’ailleurs je veux pas y aller. Je crois que je vais rentrer chez moi. Je vais plaquer toutes ces conneries, larguer tous ces boulets qui me tirent vers le fond comme Yoann Abiven et ses potes à la con. Je vais passer à autre chose, je vais me taper Emilie Le Saout et tout ira mieux. Ou alors je cherche un taf.
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MessageSujet: éclaboussures violettes   Horreur de jeunesse Icon_minitimeSam 24 Avr - 21:16

La tache pourpre


J’ai chaud. Je suis bien. Je ne comprends plus rien. Où est Magali ?

Le type frisé me bouscule encore une fois. Il a un plat de macaroni sur la tête. J’aime pas les rouquins ; ça pue. Je regarde son crâne frisotant rouge et ça me donne faim. J’ai déjà vu ce petit roquet à une soirée, je sais plus où. En tout cas une chose est sûre

Stanislas est en train de danser un verre de whisky à la main, il est en phase beau gosse, pour pas changer.

J’ai soif. J’ai envie de serrer Magali. Je crois que j’ai toutes mes chances. Mais méfiance : l’ennemi guette. J’ai bien vu la bande de crève la dalle du fond qui, splif sur splif, s’enfonce dans la paranoïa active. J’aime pas les choukins ; ça craint. Je ne comprends pas comment on peut se croire beau quand on porte une casquette à motifs Dior posée de travers sur le sommet du crâne.

« Erwan ! Erwan ! ». On m’appelle. Je me retourne. Il y a désormais un mur devant moi. Alors que je cherche ce que me veut le mur, une main s’abat sur mon épaule. Puis un peu après je sursaute.

« alors Erwan ? ça va poto ? bien ou bien ?
_ ouaiii ! (sourire débile accroché à ma face)
_ tu t’amuses ? ça le fait vieux ? tu veux du vin ?
_ ouai ! (mon estomac désinhibé et sec a devancé ma volonté comateuse)
_ yo ma men ! c’est ça qui est bon ! toi-même tu sais ! »

Stanislas me verse un verre de rouge en vidant d’un trait son whisky et en souriant à une meuf qui passe. Tout ça en même temps. Je ne comprends pas. Il est quelle heure ?

« minuit mon pote ! »

Il arrive à lire dans mes pensées ?

« non mec ! c’ets toi qui est perché ! t’es en train de penser en parlant tout haut »

La galère ! Je n’arrive plus à situer la limite physique de mon esprit. D’habitude c’est aux alentours de ma boite crânienne. Tant pis. Il faut que je :
gère une clope à quelqu’un
retrouve Magali
arrête de picoler au moins pendant trois quart d’heure
mange un truc pour pas dégueuler
arrête de mater la brunasse à côté de la cheminée avant qu’elle se vénère
serre Magali avant qu’elle me prenne pour un tocard
arrête de faire des listes de choses à faire
pète la gueule à ce plat de macaroni s’il ME BOUSCULE ENCORE UNE FOIS
rentre pas trop tard si je veux aller à l’agence d’interim demain


Magali et moi on se connait depuis bientôt trois semaines, et je sens qu’il se passe un truc. Ca fait au moins deux soirées qu’on fait ensemble et je vois bien qu’elle est en chasse. Faut que je retrouve Ben pour qu’il nous présente.

Je l’ai de suite repérée parce qu’elle a presque mon âge, c'est-à-dire plus que la plupart de ces boulets autour de moi, à part Yoann Abiven et Damien Toullec et deux ou trois autres connards encore plus méprisables. En plus Magali boit du vin rouge comme une vrai dame, pas comme les pissouses de dix-sept ou dix-huit ans, elle a un diplôme de la fac, elle connait Motorhead et elle a un de ces culs. Bref, tout pour plaire.

« Erwan ! Erwan ! »

Je ne me retourne pas, sinon ils vont encore tous voir que j’essaie de parler au mur. Dans ce genre de soirée, j’ai toujours l’impression que tout le monde me voit, m’épie, m’observe, me regarde, m’espionne, me toise, me scrute, me surveille, me

« oh Erwan, t’es là. Dis donc, t’as pas des feuilles ?
_ euh…
_ vas-y fais pas le radin.
_ ouai ouai si si j'’en ai j'’en ai
_ t’es perché toi ?
_ j’ai faim.
_ on va au grec ?
_ pas de thunes ; ya rien à bouffer ici ?
_ les mecs au fond, ils ont commandé des pizzas je crois.
_ tu les connais ?
_ c’ets le frère de Ben et ses potes. Je les connais pas en fait.
_ j’aime pas les choukins
_ pardon...
_ PUTAIN ! T’ARRETES DE TE FROTTER A MOI CONNARD !
_ oh Erwan, vas-y c’est cool. Donne les feuilles.
_ il me fait chier ce rouquin depuis le début de la soirée. Je vais le tricard s’il me touche encore une fois. »

Je donne les feuilles à Damien Toullec, et reste bien à côté de lui pendant qu’il roule le joint. Je tiens pas à passer mon tour. Où est Ben ?

« je crois qu’il s’est barré à l’étage avec une meuf.
_ Il est monté la tirer ?
_ nan. Ils sont parti taper je crois. »

S’il y a une chose que je ne supporte pas, ce sont ces branle-couilles de mecs cool, qui pour se la raconter « open » s’enfile des traces. J’aime pas les produits ; c’ets bon pour les junkies.

« hey ça sent la skunk là ! C’est quoi ? c’est de la locale ? Tu fais tourner mec ? »

Je me marre d’avance. Le rouquin vient de revenir encore une fois dans mon champ de vision, et il vient de se planter DEVANT MOI, dans l’espoir de tirer sur le joint. D’ici à peu près quatre seconde, quand Damien Toullec aura fini de souffler toute la fumée de ses poumons bien ostensiblement vers le plafond, comme il a l’habitude de le faire, le rouquin va se prendre le vent de sa vie : Damien Toullec va me tendre le splif et je me ferai un malin plaisir de pousser à mon tour 'plat de macaroni' pour m’emparer de la beuh.

Je me marre d’avance.

« Tiens vas-y c’est de la bonne »

Le rouquin est tout joize ; il prend le deux feuilles et tire dessus comme un mal propre, avec le sourire enjoué d’un gosse à qui on viendrait d’offrir un camion de pompier.

Je vais les assassiner tous les deux : le roux et Damien Toullec. Cette ligue contre-nature me dégoûte profondément. J’ai envie de faire un amalgame entre leurs deux tête de cons, les fusionner l’une dans l’autre d’un coup sec. Je regarde dépité, la scène de trahison se dérouler devant moi, complètement offusqué par ce geste de pure convivialité malsaine. Ils ne respectent pas l’étiquette du joint. Les règles sont pourtant claires et établies depuis que le monde se drogue : qui paie pète, qui roule fume, qui fournit la feuille récupère de plein droit la suite ! merde quoi ! Ya plus personne pour respecter les règles du savoir vivre dans ce putain de pays ?

Je me rapproche bien pesamment de ces deux chameaux, pour me rappeler à leur bon souvenir. Et là y une connasse qui vient rouler un palot au rouquin et lui fait signe d’aller là bas sur le fauteuil qui vient de se libérer. Lui, tout joize comme un puceau à qui on promettrait un rencart avec une nympho pour son anniversaire, se barre et tend le joint au premier venu, qui s’en empare, le remercie et se barre dans la cuisine.

Le joint est parti en fumée. Et moi bordel de cul ?

Cette soirée me fais chier sévère.

Je NE SAIS PAS où est MON verre. Il me faut de l’alcool. Damien Toullec s’est barré dehors avec des potes au frère à Ben. Je choppe un verre sur le bord d’une table, vide les quelques gouttes qui restent à même le sol et cherche des yeux la direction de la cuisine. Il est hors de question que je boive dans un verre potentiellement contaminé par l’IST d’un parfait inconnu. Je vais pour me casser, et lorsque je me retourne, il y a là, plantée devant moi, la brunasse qui me matte méchamment depuis le début de la soirée. Je lui fais un sourire engageant, vu qu’elle est plus que mignonne, auquel elle refuse de répondre pas. Elle se tient devant moi du haut de son mètre-soixante, la hanche gondolée d’un côté façon mannequin à l’arrêt pendant deux secondes au bout du podium. Au bout quelques instants, durant lesquelles j’ai tenté de l’inviter à engager la conversation à petits coups de sourcils relevés, elle n’a toujours rien dit. Ca commence à devenir gênant, alors je vais pour prendre ma respiration et lui parler de vive voix, lorsqu’elle me crache : « Ca te prend souvent ? ».

De quoi elle me parle.

« ça va aller oui ? tu te crois où ? à vider les verres par terre ? C’est toi qui va nettoyer ? »

C’est marrant là façon dont elle bouge sa petite tête trop maquillée quand elle parle. On dirait qu’elle a étudié la posture pendant des années pour en arriver au même stade que les chanteuses de arenbi américaines, qui bougent la tête en tenant des propos outrés. Par moment, quand ses cheveux raidis par des heures de lissage, s’écartent un peu de son cou, je peu voir très nettement la frontière où s’arrête son fond de teint orange brique. C’est vraiment laid. D’ailleurs il y a la même démarcation dans son décolleté, maintenant que je le vois de près et d’en haut.

A ce moment précis de l’histoire, où elle enserre sa poitrine pleine de triche dans un mini gilet en fibres synthétiques, pour cacher des seins que je ne peux plus voir, je regarde où je suis.

Il s’agit d’une maison de plain pied construite sur plan assez récemment puisque nous sommes en périphérie, dans ce genre de quartiers résidentiels où on ne trouve généralement que deux types de maisons différentes le long de rues portants des noms de compositeurs célèbres ou d’oiseaux marins. En l’occurrence nous sommes dans la rue Florent Schmitt. Je ne connais pas d’oiseaux qui s’appellent Florent Schmitt, donc je suppose qu’il s’agit d’un musicien célèbre. Il y a une sono qui crache du PussyCat Dolls depuis maintenant trop longtemps, une grande table poussée contre l’un des murs, sur laquelle on trouve beaucoup de bouteilles de couleurs vives d’alcools de filles prémélangés, et des assiettes en carton presque entièrement vidées de leurs curly. Entre deux canapés de compétition, il y a une cheminée moderne qui pue le cube de barbecue ou je ne sais quel produit chimique. Le mobilier est du style suédois début vingt-et-unième, et les parents sont partis pour le week end. Je suis chez le beau-père de Ben, et devant moi c’est sa demi-sœur, qui devient une femme ce soir, puisqu’on fête ses seize ans.

« Oh c’est bon je suis désolé, je vais rincer ça et je reviens. »

Evidemment je mens. Je vois pas de quoi se mêle cette grognasse, un anniversaire c’est sale par principe : ça sent le vomis, la liche, la cigarette et des fois même le foutre et le dépucelage. Si elle voulait faire dans le propre et la dinette, elle n’avait qu’à avoir huit ans.

Dans la cuisine, je rince le verre patiemment en essayant de me rappeler pourquoi je suis dans cette maison de sales gosses de riches. Je crois que c’est la faute de Damien Toullec. Ca ne peut être que sa faute. Il voulait venir parce que Ben l’a à la bonne parait-il, du coup ça serait plein de meufs, d’alcool et de produit. Le bonheur du jeune quoi. Il est grave Damien Toullec ; à bientôt vingt sept ans, il court toujours après ce genre de soirées à la con. Moi je ne supporte pas, mais il m’a eu par les sentiments : Magali devait être là. La fille qu’on avait vu chez Yoann Abiven la dernière fois, le joli petit cul, tout ça tout ça.

N’empêche que la Magali, je la voyais plus depuis au moins une heure.

Je retourne dans le « linving room » et empoigne une bouteille de rouge, une boisson d’hommes, pas de gamins. Je fais semblant de m’y interesser un peu, je lis l’étiquette. Dessus c’est écrit « vin vieilli en fût de chêne aux arômes de sous bois, de vanille, de fruits mûrs et de gibier, issu de cépages locaux : le Duras, le Braucol et la Syrah. Bon compagnon d'une cuisine riche en saveurs. »

Ca se boit quoi. La meuf est toujours là, elle me dévisage tandis que je commence à vider confusément et convulsivement la bouteille de pif tout seul. Elle souffle et dit quelque chose à l’oreille de quelqu’un toujours en me toisant.

Va pas me faire chier longtemps cette petite salope. De toute façon c’est Ben qui nous a invités, et Ben est en train de se faire des lignes de blanche dans la chambre de ses parents. Alors pour la morale, elle repassera, la morveuse. N’empêche qu’elle est bonne.

« Qui ça est bonne ? »

Magali.

« Ouai ? on se connait ? »

Depuis quand elle est là ?

« t’es chelou toi ? ou alors complètement con, je sais pas encore. En tout cas c’est trop la classe de parler comme ça des filles. Allez bonne soirée, je pense pas qu’on se reparle un jour, alors Adieu pauv’ mec »


Putain qu’elle soirée de merde. Faut que j’aille pisser. Ou dégueuler je sais pas encore. Je crois que je marche droit, je crois que je vais aller prendre l’air, je crois que je vais éviter de penser au gros vase que je viens de voir, celui dans lequel il y a des parapluie dans le couloir de l’entrée. Je crois que je vais pas arriver jusqu’à la haie au fond du jardin.

C’est un très joli vase, en céramique jaune laquée, grand et profond. Le couloir est sombre et il n’y a personne à moins de deux mètres. Je crois que…


Non, j’en suis certain.
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MessageSujet: la nature fait bien les choses   Horreur de jeunesse Icon_minitimeDim 25 Avr - 13:27

Mon rapport à la nature est somme toute assez limité et urbanisé. Généralement il est de nature à concilier les besoins naturels de mon corps avec les possibilités offertes par l’exploitation de l’écosystème terrestre. Ainsi, je mange des mammifères transformés par macdo ou découpés dans les kebabs, je me torche le cul avec de la cellulose issue de la déforestation, je fume de la sensei estampillé agriculture alternative ; le round-up de Monsanto est plus efficace que le bio pour ce genre d’horticulture et je me demande si les effets nocifs se ressentent dans mon organisme après inhalation de l’herbe.

Voilà en gros. Parfois je donne à manger aux oiseaux des boulettes de pains avec des petits bouts de verre à l’intérieur, et après quand je croise des pigeons morts dans le quartier, je me pose toujours la question de savoir s’ils sont morts d’occlusion intestinale ou de mort naturelle. Par contre je vois jamais de goélands morts ; ils doivent bien digérer le verre ces enfoirés.

En fait, je ne mange pas bio parce que ça coute cher mais j’arrive quand même à cinq fruits et légumes par jour si on considère les frites, le jus d’orange concentré, les ognons rings, les chocapic et les cacahuètes grillées en tant que fruits et légumes. Les extraits de plantes contenues dans le coca, ça compte ou pas ?

En fait je chie sur la nature, mais moi au moins j’ai pas l’outrecuidance de mon voiler la face, en me cachant derrière des gestes simples qui nous sauverons pas de la noyade de merde qu’on déverse jour après jour sur la planète. S’il y a un truc que je ne supporte pas, ce sont les bobos qui se donnent bonne conscience en vidant leurs emballages de packaging superflus par kilos entiers dans des bennes à recyclage, parce que ça fait du bien à la nature. Des fois j’ai envie de leurs dires :

« hey bande de connard ! recycler vos saloperies de cartons d’emballage ça consomme bien plus d’énergie en camion poubelle et en usine, que si vous achetiez vos produits en vrac dans un petit magasin »

Mais ça ne sert à rien de leur dire ça ; les gens préfèrent avoir la conscience propre que les mains sales. Pourtant si le monde se salissait un peu plus les mains en tuant nous-mêmes nos vaches, en plumant nous même nos poulets et en ramassant nos selles pour les répandre dans la terre de nos jardins à mains nues, je pense que le rapport au monde serait plus vrai et plus honnête. Le monde irait mieux si les gens avaient les mains sales.

Alors vu que tout le monde se cache la face, moi je vois pas pourquoi je ferai d’effort. Dans vingt ou trente ans, quand l’atmosphère sera entièrement bouffée, quand les océans seront radioactifs et qu’on sera vingt ou trente milliards d’humains à crever la dalle sur terre, je serai bien content d’avoir un peu profité du temps où je pouvais manger à ma faim, où il y avait l’électricité et l’eau dans les maisons, des chiottes individuels et des feuilles de PQ à foison. Je vois pas pourquoi je vais commencer à me priver dès maintenant alors que le résultat sera de toute manière le même quoi qu’on fasse. Il est trop tard, et moi j’ai pas demandé à naître dans un monde pourri et foutu d’avance. On pendra nos parents soixante-huitards en leur montrant le désastre et en les accusant :

« voyez ce que vous nous avez faits, bande de sales gosses dégénérés ! »

Foutus pour foutus, autant y aller à fonds.

Je prends donc le bus pour aller acheter un billet de train, pour partir en week end chez un pote. Si je n’ai pas de bagnole, ce n’est pas par engagement écologique, c’est tout simplement parce que ça coute la peau du cul et que je n’ai pas d’ARGENT A GASPILLER pour une saloperie de bagnole. Or donc, disais-je, je prends le bus. Et dans le bus il y a toujours plein de cassos qui eux prennent le bus parce qu’ils sont réellement pauvres, pas comme moi qui fait des efforts pour ne pas dépenser à tort et à travers mon fric. Non, eux sont d’authentiques prolos à la limite de la cassocialisation, et parfois même on y trouve de purs clodos qui sont complètement bourrés à trois heures de l’après midi, s’endorment à côté de vous ou tentent d’engager la discussion par ronchonnement agressifs parfumés à la grappe fleurie. Quand ils font pas directement la mendicité dans le bus. Je supporte pas ; ça craint. Dans le bus, il y a aussi des vieux (ça pue), des branleurs qui chient dans leurs poussettes (ça pue), ou des branleurs un peu moins petits qui sont en « centre aéré » mais qui puent quand même, tant et si bien qu’on se demande ce qui est vraiment aéré dans cette tragédie de l’enfance.

Mais le pire dans les bus, ce sont sans doute les mecs qui sont en « milieu ouvert ». Le milieu ouvert c’ets la ville où tu habites, où tu vas au ciné et où tu piques-niques au jardin public. Mais c’est aussi l’endroit où les médecins, les associations familiales et les juges des tutelles, laissent déambuler tout un tas de tarés mentaux jugés aptes à la vie en société, parce qu’ils ont pas assez de pognons pour se payer un internement en HP. Résultat le milieu ouvert c’ets souvent aussi le bus dans lequel je me trouve, sorte de safari inversé, où les animaux psychotiques se retrouvent directement en contact avec moi-même. Et là c’ets vraiment n’importe quoi. Je déteste les fous. Je parle pas des mongoliens plus ou moins inoffensifs ou des alcooliques. Non là je parle des paranoïaques, maniaco-dépressifs, attardés pathologiques, mélancoliques, mythomanes, les hystériques, les La Tourette, les schizophrènes, les obsessionnels compulsifs. Ca c’ets vraiment pénible.

Ca et les contrôleurs de bus, ce qui revient à peu près au même.

Dans le bus, pour éviter toute cette faune ingrate, il faut se munir d’écouteurs et de musique un peu forte, genre motorhead, pour couvrir le bruit infâmes de tous ces dégénérés. Pour l’odeur, l’hiver une écharpe parfumé Hugo Boss, suffit généralement (quoi qu’une petite vieille pleine de pisse macérée depuis deux ou trois jours en vient facilement à bout). En été entre les sueurs et les coups de bambous, préférez la marche à pied.

Il faut aussi détourner le regard pour ne pas attirer ces gens là, ne pas leur laisser la moindre chance d’établir un seul contact avec vous, puisque dès lors que vous leur répondez, même en leur donnant l’heure, ou la direction de la ligne de bus, vous allez forcément devoir subir pendant tout le trajet un dialogue pénible avec ces créatures. Vous le savez, vous ne comprendrez absolument rien du tout à leur borborygme une phrases sur trois, vous devrez improviser des phrases bateaux en guise de réponse, et vous passerez de toute manière un moment fort désagréable, sous les yeux de parfaits inconnus qui vous scruteront en se disant que vous êtes vous-même un peu débile pour parler à un cassos. A partir de là vous serez forcément catégoriez « débiles latents » par les autres passagers de la ligne, si c’est un bus que vous prenez régulièrement.

Donc, il faut détourner les yeux. Quand on est assis à côté d’une vitre, c’est facile : regardez les affiches Aubade et Lise Charmel, défiler d’arrêt de bus en arrêt de bus, ça passe le temps de façon agréable. Si vous êtes au milieu du bus, ps de bol, mais il reste une solution : sortez votre téléphone et faites un jeu ou un sms, même si vous ne l’envoyez pas, il sera déjà prêt pour le jour où vous aurez un ami à qui l’envoyer. Evidemment vous pouvez aussi consulter vos mails sur vos iphone ou blueberry, mais si vous êtes assez riches pour avoir ce genre d’appareil, vous n’avez rien à foutre dans un bus, bande de sale rupins (ou alors c’est que vous êtes un cassos en surendettement et je cherche à vous fuir du regard en ce moment même).

Donc, je suis dans le bus, et je regarde les dernières photos que j’ai pompées par bluetooth sur le portable de Yoann Abiven : il y a des photos de décolletés ou de culottes de nana qu’il y a prises sous les tables des bars ou pendant le dernier concert gratuit sur le port, comme il est grand il arrive à avoir des photos plongeantes. Bref, la plupart sont floues, et pas intéressantes. Et au milieu de tout, sur mon écran de téléphone, il y a un truc qui tombe. On dirait une brindille, un petit bout de bois. Putain, une saloperie qui est tombé d’une des trappes d’aération du bus. Je vais pour la gicler d’une pichenette du doigt, quand je m’aperçois que la brindille ouvre ses élytres et étire ses deux paires d’ailes.

Non de Dieu ! Entre admiration et dégoût profond je regarde la bestiole marron glisser sur l’écran de mon portable. Qu’est-ce que c’est que ça. J’approche le téléphone de mes yeux, doucement de peur de voir l’insecte me sauter au visage, non pas que j’ai peur de me faire mordre, mais je crains plus le mépris dans le regard des gens si je fais un geste brusque et « déplacé » dans le bus. J’ai pas envie de passer pour un cassos.

Fasciné par l’animal, je le regarde sous tous les angles. C’est une mante religieuse. Je la reconnait à ses pattes antérieurs repliées et articulées. J’en ai jamais vu. Dans un bus en plus. C’est exceptionnel. Aussi soudainement qu’elle est tombée, elle s’envole. Je l’entends se fracasser contre la vitre. Elle s’acharne à vouloir traverser le verre, ne comprenant pas pourquoi elle ne peut rejoindre le ciel qu’elle voit défiler sous ses yeux à facettes.

Je la regarde un moment tenter de grimper le long de la fenêtre, pour tenter de rejoindre la trappe par où elle a sans doute été happée.

Personne d’autre ne s’est aperçu qu’il y avait cet animal fabuleux dans le bus. Je trouve ça incroyable. D’ailleurs si quelqu’un d’autre que moi l’avait vu, il aurait sans doute été pris de panique et l’aurait écrasé aussi sûrement. Quel gaspillage, ça doit être rarissime ce genre de truc en ville. C’est ptet même une espèce menacée. Je me souviens avoir vu à la télé un documentaire sur ces bestioles : quand ils s’accouplent, le mâle, plus petit, se fait sucer le cerveau par la femelle. Je trouve ça terriblement malsain et à la fois admirable. Si j’étais une meuf je ferai en sorte d’humilier les mecs à chaque fois qu’ils essaieraient de me monter. C’est un peu le même principe que les clubs SM en fait.

A chaque fois que la bête monte, elle finit par glisser et retomber contre le joint à la base de la vitre, où elle bourdonne bruyamment avant de recommencer son ascension. Elle fait ça trois ou quatre fois d’affilée. J’ai pitié d’elle. Je voudrai la mettre dans ma main et la lâcher par la fenêtre, mais je me dis qu’il y a trop de monde prêt à se moquer de moi dans ce fichu bus, et que si ça se trouve, dès que je la balancerai par la fenêtre, la vitesse du vent lui déchirerait les ailes, la plaquerait sur l’asphalte ou contre un pare-brise de bagnole où elle se ferait écraser d’un coup sec et giclant, s’incrustant dans le paysage en un trait irrégulier, mélange de chitine, de viscères et de pattes poilues. Ca serait dommage.

Du coup je me mets à élaborer un plan d’évasion pour ma petite protégée. Inventaire de ce qu’il y a dans mes poches :

le téléphone nokia 6086, désormais replié et rangé en position horizontale
le ticket de bus qui expire dans vingt-cinq minutes
le paquet de clopes presque vide (il reste deux ou trois cigarettes à tout casser)
soixante-sept centimes en monnaie
un truc mou, un peu gluant et recouvert de peluche de fond de poche
un carambar à la fraise

Très bien : lorsque le bus entamera le tour du rond point menant à la gare, je me lèverai pour me mettre à hauteur de la mante. Je n’aurai plus dès lors que quelques secondes pour plaquer mon paquet de cigarettes préalablement vidé contre la fenêtre à proximité de l’objectif. Avec le ticket je la rabats à l’intérieur du paquet que je referme instantanément. La mante sera prise au piège et je n’aurai plus qu’à sortir du bus et aller la libérer un peu plus loin dans un massif de fleurs.

Il faudra faire vite, car je n’aurai pas l’occasion pour exécuter plus de deux tentatives de ramassage.

La gare est en vue. Feu rouge. Je vide mes cigarettes dans ma poche. Feu vert, le bus démarre et s’engage sur le rond-point, je me lève et c’est parti.

Personne n’a vu ma manœuvre, je sens la petite boite en carton bourdonner dans ma main, je sors du bus, tout est parfait.

Une fois dehors je regarde autour et me dirige vers une haie fleurie au pied de laquelle s’étend une petite étendue d’herbe parsemée de compositions florales, pour l’essentiel, artichauts et tulipes.

J’ouvre délicatement le réceptacle, le renverse et tapote délicatement la base, pour en faire tomber la princesse prisonnière.

Elle tombe par terre sur le dos, mais très vite, elle réussit à se remettre sur ses pattes. Elle reste là un moment, à remettre ses ailes soigneusement en place sous les élytres. Elle est magnifique. Je la voit qui brosse ses longues antennes avec de grands gestes élégants de ses pinces. Sa tête articulée pivote d’un sens puis de l’autre pour étudier ce nouveau terrain qui va devenir son prochain habitat. Pour ne plus trop l’effrayer, je recule un pour aller m’assoir à un banc public, à quelques mètres d’elle. Elle est suffisamment grosse pour que je puisse toujours la voir d’ici. C’est dingue comme un simple insecte peut dégager comme charisme. Je reste un moment la regarder, en fait, je reste jusqu’à ce qu’un moineau vienne se poser à côté d’elle pour la cueillir dans son bec et l’avaler avant de repartir en piaillant.


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MessageSujet: Re: Horreur de jeunesse   Horreur de jeunesse Icon_minitimeVen 25 Juin - 18:08

Je m’appelle Erwan Corre et aujourd’hui je me fais chier. Je n’ai pas réussi à dormir à cause d’une foutue crise d’hémorroïde (mais ça va mieux maintenant). Résultat : je me suis levé trop tôt ce matin, à une heure où les honnêtes gens ne sont pas censés veiller. Après avoir passé la matinée à copier-coller des photos de mannequins russes et ukrainiennes sur mon PC dans le fichier « bonasses », j’ai eu envie de prendre l’air. Il fait « beau » comme on dit. Ca veut dire qu’il y a du soleil et qu’il fait trop chaud, bref, c’est une de ces journées à l’atmosphère intenable. Je n’aime pas le soleil ; je veux dire que je n’aime pas trop m’exposer en dehors de chez moi quand il fait chaud et qu’il n’y a pas de nuage dans le ciel, ça me file l’agoraphobie le ciel vide. Sinon je n’ai rien contre le soleil en tant qu’objet astronomique. La science je m’en fiche un peu à vrai dire.

Par contre, le seul avantage qu’il y a à sortir durant ce genre de journée, c’est qu’il y a plein de salopes en jupe et en short en ville. Les filles aiment bien se montrer. Par contre je n’ai jamais compris pourquoi elles avaient des regards méprisant à chaque fois qu’on admire ce qu’elles ont à montrer. C’est vrai ça : si elles n’apprécient pas qu’on les mate, rien ne les oblige à se foutre à moitié à poil dans les rues non plus. Faut être logique, non ?

De toute façon, je dois sortir. Je dois prendre l’air, je dois aller voir un pote de la fac. Il m’a donné rendez-vous à « l’aréna ».

L’aréna est un endroit cool pour peu qu’on aime les cendriers remplis à raz-bord, les empilements de canettes d’energy drink, et le ronronnement étouffant de quarante ordinateurs qui tournent en même temps.

J’ai jamais pu encadrer ni la clientèle, ni « l’équipe de gestionnaires et de managers » : des gros geeks, nerds, PGM et autres gamers à la manque. Tout ça c’est de la raclure de fonds de chiottes sèches, et ça sent comme dans un festival d’été où il y aurait Hugues Auffray en tête d’affiche. Aberrant.

Le type – Phil il s’appelle, pour Philippe – est un mec cool qui a toujours une bonne alternative à proposer pour éviter les soirées foireuses entre couilles dans les pubs trop chers où il ne se passe jamais rien entre deux litres de bière. Phil connait plein de meufs de tous âges et de tout style ; il a toujours une copine à présenter et j’aurai donc tort de ne pas profiter de son passage en ville aujourd’hui. Car Phil est souvent sur la route puisqu’il est commercial stagiaire chez Ricard (d’après ce que j’ai compris). Du coup il a plein de potes qui lui réclament toujours des échantillons gratuits de Ricard. C’est dégueulasse le Ricard, c’ets juste bon pour les vieux et les alcolos, ou alors les jeunes branleurs qui veulent se la jouer « distingués ». Moi je trouve que ça fait vraiment trop français pour être une boisson moralement acceptable. Je préfère la bière ou le vin.

Si Phil m’a donné rendez-vous à quinze heures à l’aréna, c’est très certainement parce qu’il a une quantité de mail à recevoir et auxquels répondre. C’est con, il aurait pu profiter de mon ordinateur à la maison si je le lui avais proposé. Mais je ne pouvais pas, comme j’ai pas eu le temps de passer l’aspirateur ces deux dernières semaines. En plus il aurait fallu que je nettoie les tâches de foutre sur le fauteuil du bureau et je n’avais vraiment pas envie de jouer à la Concetta aujourd’hui. Ma mère doit passer samedi, elle aura tout son temps pour nettoyer mon appart si ça lui chante.

Phil a un budget de stagiaire commercial, ce qui veut dire que je vais devoir choisir avec attention mes fringues avant de sortir si je ne veux pas avoir l’air d’un crève la dalle à côté de lui. C’est pas qu’il soit particulièrement friqué ou élégant, mais un stagiaire commercial se doit d’étaler le pognon qu’il n’a pas le plus possible, tant pendant ses heures de travail que pendant ses loisirs. J’opte donc pour un Jean Kaporal et un T-shirt Landers qui a des faux airs de Diesel. Je renonce à regret à mes Vans pour les Reebok que j’ai racketté à ma grande sœur pour Noël dernier (elle n’a qu’à pas être aussi riche si elle ne veut pas que je la taxe).

Dans un coin de mon bureau traîne une grosse montre bling-bling dans son étui, que mon père m’a offert à contrecœur pour mes vingt-cinq ans, à mi-chemin de la Rolex et de la réussite sociale. Je ne la mets jamais parce qu’elle est trop grosse et qu’elle me fait mal au poignet. On dirait un bracelet de menotte à vrai dire. Mais là, je pense que je vais faire l’effort juste pour être sûr que Phil comprenne l’allusion : prêt à chopper !

Putain ! Elle ne marche pas ! La montre est arrêtée. Forcément depuis trois ans qu’elle traine dans son carton, faut pas s’étonner. C’est vraiment de la merde. Mais ça implique surtout qu’il va falloir que J’ACHETE une pile. Et dans une bijouterie en plus ! Là où il faut payer, en plus d’une pile minuscule qui coûte une fortune, la main d’œuvre du foutu joailler pour qu’il fasse ça dans les règles de l’art ! Tu parles d’un cadeau empoisonné, je vais devoir cracher au moins dix ou douze euros je suis sûr.

Ce qui veut dire qu’il faut que je passe à la banque et que j’affronte le regard malsain de ma banquière lubrique. Non pas que le principe de devoir me taper une banquière me rebute, mais celle-ci est moche comme un cul et me fait toujours du rentre dedans depuis qu’elle sait qui sont mon père et ma sœur. Ca me file la gerbe. Elle a du se faire sa propre idée de ce que je suis, mais elle se fout complètement dedans : j’ai pas de fric, j’ai pas de situation et surtout j’ai pas envie d’entrer dans la danse à mon tour. J’en ai déjà assez pris dans la tronche comme ça de leurs petits fours et de leurs Sicav (pour mon quinzième anniversaire un collègue de mon père m’a offert un portefeuille d’actions Euro-Tunnel, je n’ai jamais rien compris à ce cadeau débile, mais en tout cas ça faisait beaucoup rire à la maison).

Mon téléphone sonne. Yoann Abiven essaie de me joindre. Il laisse un message sur mon répondeur. Il me dit qu’il a les couilles pleines et qu’il doit absolument trouver de la drogue pour aller à un concert d’ici vendredi soir. Je laisse couler. Je ne veux pas que ce tâcheron de Yoann Abiven me colle aux basques cet après-midi. Si il squatte avec moi, Phil va me prendre pour un pur toquard, et ce n’est sûrement pas comme ça que je risque de toucher du minou pour ce week end. Il ne faut pas tout confondre et ne jamais mélanger les tâcherons et les serviettes en cuir. Je vois aussi sur mon téléphone que Emilie Le Saout m’a envoyé un SMS ; elle veut que je passe la rejoindre avec le reste de sa bande au pub ce soir, voir le match de foot en direct. Je déteste le foot, mais j’hésite quand même : Emilie Le Saout est quand même une sacrée bombasse, et elle au moins, elle assume pleinement sa condition de salope. La preuve en est, j’ai passé le week end dernier à la peloter sans qu’elle fasse plus que glousser pour s’indigner un minimum et ensuite continuer à se laisser faire – Yoann Abiven était fou de voir ça.

Je lui réponds que je passerai peut être pour la deuxième mi-temps. Il faut que j’évite de la montrer à Phil. Je sais très bien qu’il n’aurait aucun scrupule à essayer de la tirer, et il y parviendrait très facilement si Emilie Le Saout est dans une de ses périodes de célibat. Il ne faut pas que ça arrive, sinon je n’arriverai jamais à rien avec elle, depuis le temps que j’attends mon tour avec elle.

Il est bientôt quinze heures et je n’ai pas le temps de me masturber avant de partir, tant pis, si ça se trouve d’ici la fin de ce week end, je ne …




Dès que j’arrive en ville, je commence à me sentir à l’étroit dans mon calebut : c’est vraiment pas possible, dès qu’elles voient un rayon de soleil elles se déshabillent toutes. Au bout de cinq cent mètres j’ai déjà vu défiler un tas de jambes nues, de décolletés plongeants, de strings émergeants. Ca bourgeonne et ça sent la phéromone. Je suis ravi du spectacle jusqu’à ce que je vois une bande de greluches à peine majeures piailler devant trois ou quatre mastards afro-antillais ou je ne sais quoi. Des cadors qui ne ressemblent à rien. On dirait des caricatures de rapers de clips américains avec toute la panoplie des lascars de bas étage : pantalons blancs larges remontés au dessous du genou, chaînes dorées, lunettes aviateur simili Ray Ban, t-shirt immaculés avec ros logo Dolce 1 Gabbana en strass argentés, casquette de base-ball assorties au petit sac à main en plastique à motif Dior et puis surtout des gueules pas possibles. Ils ont tous la même dégaine, on croirait un uniforme. Ils tirent tous la même tronche de cake renfrogné, leur chupa chups aux lèvres, en feignant le mépris le plus total envers leurs accompagnatrices bruyantes. D’ailleurs elles aussi sont en tenue standardisée : même top Guess (il n’y a que la couleur qui change : c’ets soit rose soit blanc, soit rose et blanc à rayures ou à losanges), même jean slim avec couronne impériale strassé sur les fesses, même maquillage de camion volé, et même rire agaçant. Elle ne suce pas de chupa chups par contre, elles fument des cigarettes pour bébé parfumées à la pêche ou au chocolat. J’ai un pincement au cœur en en voyant une qui se démarque du lot. Elle a un physique de rêve et n’a pas l’air trop idiote derrière ses lunettes carrées, façon secrétaire de porno-soft. Elle m’a vu l’observer. Me regarde un moment avant se faire tirer la main par un des wesh wesh qui lui roule une pelle en plein cagnard.

S’il y a une chose que je déteste, c’est de voir des filles magnifiques et élégantes perdre leur temps avec de gros lourdaux tout moches qui ne ressemblent à rien. Ca me met hors de moi, surtout quand je pense que se genre de filles ne reviennent sur le marché qu’une quinzaine d’années plus tard, divorcées et avec deux moutards entre les pattes. Ca me débecte tout ce gâchis. Elles seraient tellement bien avec des gars dans mon genre.

C’est pour ça que je veux me taper Emilie Le Saout, pour qu’au moins une fois dans sa vie elle sorte avec un type bien.

En ville il y a plein de petits mecs tous habillés en chemises G-Star Raw ou en Rivaldi : je déteste les fringues de manouches.

J’arrive enfin à l’aréna. Je salue vaguement le tenancier qui s’acharne sur un jeu pour débile profond et je monte immédiatement à l’étage où sont alignés les ordinateurs réservés à l’usage « normal », là où je devrai en toute logique y trouver Phil. Mais ce con n’y est pas. Il y a des vieux en train de googler, des petites filles en train de face-booker et des étudiants en train de fignoler leurs mémoires. Mais il n’y a pas de Phil en train de mailer.

Circonspect je vais voir dans la salle attenante. Il y a là dans vingt cinq mètres carrés un grand nombre d’ado dégénérés de douze à trente ans qui jouent à la petite guerre à grands coups de grenades virtuelles et de cris néandertaliens. Je reste un moment à les observer un à un. Ils ont soit des cheveux longs et sales assortis à leurs t-shirt Metallica crades et délavés, soit des lunettes et des tronches d’Harry Potter. Lamentable.

Dans une demi-fièvre pré-hallucinatoire je descends au rez de chaussée, là où se trouve la salle principale et découvre avec horreur Phil, casqué la souris à la main, le regard fou rivé à son écran. A côté il y a même Stanislas, un type en G-Star Raw qui a une tête de beau gosse que je connais vaguement. Ils sont là, parmi deux douzaines de nerds, et ils jouent à Warcraft !

Mon Dieu, c’est un cauchemar ? Je me dirige vers leurs postes pour vérifier mes craintes. Je regarde leurs écrans respectifs. Ils sont bien en train de jouer à World of Warcraft ces cons ! Je les vois qui chevauchent des espèces de tigres en armures dans une forêt tropicale aux couleurs criardes. Ils ne m’ont pas encore vu ; il n’est pas trop tard pour que je parte. Mais je suis déjà repéré par un type assis juste à côté d’eux.

« Yo ! Erwan ! ça farte ? »

Ce type porte un pull à capuche avec son pseudonyme écrit en lettre gothique dans le dos « Butcherdave ». Je l’ai déjà vu à des soirés chez Stanislas. D’ailleurs je les ai presque tous vus à des soirées chez Stanislas. D’ailleurs ils me connaissent tous.

Stanislas se retourne brièvement et me tend une main moite que j’ai à peine le temps de serrer avant qu’il ne la repose sur sa souris en hurlant dans son casque :

« Sheep le mago ! sheep le mago ! »

Comment ça chipe le magot ? Qu’est-ce qu’il essaie de dire ? Il doit voler le trésor du roi Arthur ou quoi ?

« Taunt-le ! je suis à point, vas-y craque une popo ! »

Hein ?

« Le fear pas putain ! agro merde ! putain mais tiens ton agro le tank ! »

Euh… un tank, où ça ? Je vois juste un espèce d’ours sur l’écran.

« Je vais au fly, j’afk bio et je go pex à Dun Goro »

Il faut un master de quoi pour apprendre cette langue ?

« Ding 70 »

« GG »

« GG »

« GG »

Gégé ?

« Quelqu’un a du minerai à crafter ? »

Phil repose son casque, boit une gorgée de Red Bull, tape une phrase dans le jeu, regarde une carte d’un pays qui n’existe pas et me tend la main.

« Yo Erwan ! ça farte ? bien ou bien ? T’as vu mon stuff de oufzor ! je suis révéré Alterac depuis hier soir. La classe hein !
_ altéré c’ets bien le mot.
_ tu joues aussi ?
_ euh non. J’ai laissé tombé les elfes et les nains depuis que j’ai cassé ma gameboy en cinquième.
_ lol
_ comment tu as dit ?
_ mdr
_ mais tu parles comme sur internet !
_ +1
_ t’en as pour longtemps là ?
_ bah je dois valider trois quête à la capitale et après j’ai un BG de prévu. Mais en attendant je dois farmer un peu pour mon alchi, comme ça je up ma compé enchante pour ma guilde.
_ ah ok. Et sinon, t’en as pour longtemps ?
_ lolilol
_ tu sais qu’il y a des cliniques spécialisées pour… ce genre de… comportement…
_ c’est cool que tu sois passé. Ca fait trop trop plaiz’ de te voir ici. Tu veux pas jouer un peu.
_ C'est-à-dire que… moi à part le golf sur la wii…
_ OMG ! mais laisse tomber la console quoi ! c’ets trop stefu la console, c’est pour les cazu la wii
_ ouai ça doit être ça : je suis un … « cazu ».
_ vas-y ya une place là, tu vas trop kiffé. Si tu veux je passe sur mon compte ad, comme ça on peut pex un peu tranquilou en zone noob tous les deux.
_ Ouai mais faut que je prenne un ticket pour jouer une heure au comptoir alors.
_ T’as pas de compte ?
_ ici ? si si j’en ai un qui doit traîner depuis quelques mois.
_ non un compte WoW
_ ah il faut un compte en plus.
_ bah ouai pour payer l’abonnement mensuel.
_ ah parce qu’en plus de payer le connexion et le jeu il faut EN PLUS PAYER UN ABONNEMENT ?!
_ yep !
_ payer pour jouer ?
_ yop !
_ et si on allait faire un tour dehors plutôt ça sent un peu le fennec en fin de vie ici.
_ Atta ! J’ai mon BG qui s’ouvre là.
_ Bon ben, j’attends quoi…
_ Tu vas voir ce que c’est un full T10 en action. Gros Bill powa ! »

Et là les minutes passent. Je bois un energy drink en observant les joueurs, partagé entre ma fascination pour la tendance naturelle de l’humain à l’autodestruction et une vague sensation de dégoût à chaque fois qu’un de ces gros porcs posent sa paluche adipeuse sur mon épaule dans l’espoir de me taper une clope.

A moindre courant d’air, ça sent la petite fille qui se néglige. Ces gens sont sublimes dans leurs atours virtuels, parés d’héroïsme et de courage pixélisé. Quand le jeu cesse et qu’ils n’ont plus d’argent pour se connecter, ils vont chiner deux ou trois euros à leurs potes afin de poursuivre leur épopée vers le néant. Souvent les copains les dépannent car chacun à besoin de l’autre, tantôt pour avoir l’aide d’un « craft HL » ou d’un « heal 80 » (je ne sais pas ce que c’est mais je suppose que ça doit bien valoir deux ou trois euros de l’heure), tantôt pour ne pas avoir à se retrouver seul face à l’écran, situation ô combien dangereuse lors de laquelle la conscience humaine peut refaire surface et venir faire entrevoir au gamer tout le ridicule de sa condition.

Je regarde ma montre qui ne marche toujours pas. Je me dis que j’ai épargné au moins dix euros en n’allant pas acheter de pile (j’ai tout de même dépensé deux euros pour un soda à la caféine dégueulasse). Je regarde mon portable. J’ai reçu un message de Emilie Le Saout ; elle me dit de faire un effort pour venir ce soir. Elle a envie de me présenter son nouveau copain. Je regarde Phil pester contre son écran, engueulant à travers son micro un autre geek avachi à des centaines de kilomètres de là. J’ai envie de pleurer.

C’est fou ça !
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