Rencontres à Atalantë

- Je ne les entends pas vraiment, je les...devine en quelque sorte. je ne peux pas vraiment pratiqué la télépathie comme vous l'entendez. C'est plus complexe que ça pour ma part. Je peux émettre, mais je ne peux pas percevoir, ou dans une certaine mesure, tout dépend des conditions. Si vous êtes ouverts, je peux facilement, sinon j'ai bien du mal. Ou alors si un lien est scellé, alors je peux quelque soit les conditions, mais c'est une entreprise que je ne fais pas à la légère. La télépathie c'est bien mais ça n'a pas que des avantages, croyez moi.

* C'est aussi une arme redoutable contre l'esprit *

L'ange n'avait aucune notion du cataclysme que la petite hybride évoquait, étonnant. Bien qu'il ne se soit pas spécialement penché sur l'histoire de Ter Aelis tel un historien acharné, il n'en avait jamais entendu parlé. Un tel événement laisse pourtant des traces pendant une longue période et marque les esprits. Il en prit note et se dit alors qu'il passerait à la bibliothèque pour s'y instruire un peu, il en avait besoin. Il connaissait essentiellement l'histoire de Wilwarin, d'Echoriath, de Galvorn et de leurs environs, mais pas les autres régions et grandes cités. Au final, il ne connaissait pas vraiment l'histoire globale, il l'avait progressivement oublié et ne savait que peut de chose des années précédent l'ère Aelis.

Ils se tournèrent ensuite vers Mike.

- Oh, fit l'ange en écoutant la jeune Melaka. Les racines sont importantes oui, mais il ne faut oublier le tronc qui vous unit et les branches, les embranchements et les feuillages qui font votre histoire et ce que vous êtes.

Lui ne venait pas d'ici mais d'ailleurs, peut être aussi loin que lui-même. Il prit conscience qu'il venait peut être de lui adresser un affront personnel, voir d'une insulte crue et cruel. Il espérait que ce n'était pas aussi grave, mais ses espoirs furent vin lorsque ce dernier lui fit part de sa révolte et de la colère qui bouillonnait en lui.

L'ange le regarda, mélangé entre l'évocation d'un affrontement aux dimensions intéressantes et un certain regret notable. Loin de lui d'avoir voulu provoquer une telle réaction chez cet homme à la combinaison forte intrigante. Et puis, ce n'était pas vraiment l'endroit. Il adressa un regard agacé au prince de Sang suite à son intervention, néanmoins, il était d'accord avec lui. Cette grâce l'énerva quelque peu. L'ambiance devenait plus pesant. Astriel s'adressa d'une voix calme et posée à Mike.

- Je ne pense pas être disposé à vous rendre de plates excuses, mon ignorance à votre égard envers votre histoire et vos coutumes l'a faite pour moi. Mais concédez vous réellement à me faire grâce de ce qui pourrait soulager l'affront que je vient de vous faire ? Cependant, un duel à mort ne me semble pas probant pour l'un comme pour l'autre. N'y aurait-il pas un autre moyen, quelque soit sa nature ? J'accepterais bien un duel, si l'on omet la mort, je n'ai pas que ça à faire, pardonnez moi. Mais si vous avez trop d'ego pour proposer autre chose, alors gardez votre rancune pour vous, ou lâcher la bride, mais ne restez dans cette impasse que je qualifierais d'inutile. Et c'est dans votre intérêt. Par la suite, nous pourrions partir sur de meilleurs bases, à vous de voir. C'est vous qui voyez, et avec le respect que je vous dois.

D'un manière ou d'une autre il était préférable de percé l'abcès maintenant que de laisser la gangrène achever leur relation. Quitte à ne plus en avoir avec lui, il préférait qu'elle se termine de manière moins empestée par une haine compréhensible mais stupidement égocentrique.

La plupart du temps, Gipsy pouvait entendre les humains qui dirigeaient leurs pensées vers lui. C'était le cas avec Astriel qui lui donnait sa vision personnelle de la télépathie. Il ne pouvait qu'acquiescer ses paroles, Melaka et lui étaient bien placés pour connaître les côtés négatifs de ce don. Il pensa alors que sa jeune sœur devrait prendre note des avertissements de l'ange.

Tu vois ! N'en fait pas trop s'il te plait ... Tu dois te ménager, savoir accepter tes limites.

T'inquiète, je gère !

Le loup au pelage ébène n'était pas convaincu par l'assurance de Melaka vis à vis de ses compétences. Non point qu'il doutait de ses capacités, il s'inquiétait juste pour sa santé. A cet instant, il aurait juré qu'un grognement heurtait son esprit. Alors que Melaka était en pleine discussion avec l'homme aux ailes majestueuses, il comprit que ce n'était pas seulement une impression. Faisant volte-face, il se retrouva à présent devant l'étrange animal blanc avec qui il avait déjà eu l'occasion d'échanger quelques mots. Gipsy n'appréciait guère qu'on le provoque de la sorte. Dans un grondement sourd, lui aussi envisagea de dévoiler ses crocs.

Qui es-tu vraiment ? Et que me veux-tu ? Je te préviens, un seul geste de travers, une seule menace à l'encontre de Melaka et je n'hésiterai pas à m'interposer !

De son côté, la jeune fille découvrit enfin la véritable identité de Mike. Dès l'instant où le fremen retira son capuchon elle comprit à quel point son origine était différente de la sienne. Tout à coup, elle regretta presque de lui avoir parlé de manière si ouverte. Sa souffrance personnelle lui semblait dérisoire. La simple vue de ce visage torturé par les épreuves et affligé par sa propre existence la rendait mal à l'aise. Incapable de répondre à sa remarque, elle se contenta d'un sincère regard compatissant.

Astriel en profita alors pour mettre au clair la situation embarrassante dans laquelle il se trouvait avec Mike. Pendant que les deux hommes semblaient régler leurs différents, Melaka qui venait de ressentir la tension qui régnait entre les loups, se retourna. Elle observa lentement l'homme aux cheveux de jais qui avait calmé les ardeurs du loup provocateur. Son esprit bloquait le passage du sien mais elle pu néanmoins entendre une information le concernant :

Prince du Sang

Les mots résonnaient dans sa tête. Son pouls s'accéléra, laissant danser le sang dans ses veines. Une course folle. Une sensation inconnue, indescriptible. La jeune fille complètement déphasée était sur le point de défaillir quant elle fut choquée par la réflexion qui suivit, à haute voix cette fois ci.

Le Prince du Sang ? D'autres vampires ? Tous morts ? Qu'est-ce que tu veux dire ... ?!

Bouleversée par des faits dont elle n'avait pas encore connaissance mais qui pouvaient s'apparenter à sa famille biologique, les pensées de Melaka se mélangeaient entre ses souvenirs et son désir de faire éclater la vérité. Surmontant la nausée qui commençait à lui brouiller la vue, elle se jeta sur l'occasion pour en savoir plus, bombardant à nouveau de questions le dit "Prince de Sang".

Est-ce que tu connais des vampires ? Comment peut-on vouloir les tuer ? Ils n'ont rien fait qui mérite d'être traité ainsi ... Mon père ... Mon père ...

Sa phrase se perdit dans l'air, étouffée par un sanglot. Gipsy s'imposait devant elle aux aguets, tandis que Melaka distinguait une ambiance de belligérance derrière elle. Décidément, des hostilités naissaient de toutes parts.

Mike resta muet. Evaluant le pour et le contre des paroles de l'Ange. La mort ne l'effrayait pas, mais il pourrait être utile à une tout autre tâche que celle de se battre à cause d'une ignorance notoire et explicable. Enfin, il parla, bien que le début de sa phrase fut commencée par un grognement.

- Je l'ai dit et je le répète, je fais grâce du duel. Voyez cet incident clos et n'y revenons plus.

Dans sa lancée, il délivra quelques mots à Sanz.

- L'esprit peut être bien plus actif et efficace qu'un corps "passif", comme vous le dites. Se précipiter est à la portée de tous tandis qu'évaluer appartient aux réfléchis.

Sans attendre la réponse de Sanz, Melaka fut interpellée par la dernière phrase de Mike. Reprenant peu à peu ses esprits, elle s'adressa à lui.

Oui, tu as raison. Il ne faut pas céder à la violence sans réfléchir. Parfois, on a pas le choix ... mais il est préférable de réfléchir avant d'agir.

Sur ces mots, elle s'éloigna tranquillement du groupe pour aller s'assoir au bord de l'eau. Gipsy vint se coucher contre la jeune femme tandis qu'elle quittait ses chaussures. Melaka finit par tremper ses pieds dans les petites vagues qui s'échouaient devant elle, la tête en arrière, les yeux fermés, elle profitait de la minute de calme qui s'était installée.

Smirtnoff marchait depuis une bonne demi-heure entouré seulement du grondement de l'océan et de son parapluie lorsque sa silhouette apparu, sortant des formes étranges et mobiles de l'air suffoquant de midi, à l'entrée des ruelles immergées.
Il était bien le seul à s'encombrer d'un parapluie, un bien épais et noir duquel il se couvre placidement la tête. La marche est longue des ruelles jusqu'à la terrasse désolée de l'île et même si sa peau de bâtard presque mate le protège plus qu'un autre vampire, il évite de s'irradier sous le soleil mordant des frontières d'Atalante. La tête à l'ombre, la marche raide étouffé sous sa veste de cuir qui n'a d'autre fonction que de ménager la peau de ses avant-bras, il concentre ses pensées sur le demi-litre d'eau qui l'attendra une fois retourné au couvert de Wilvarin.
Il y pense toujours lorsqu'un amas de silhouettes l'interpelle. Ralentissant, il parvient néanmoins jusqu'à distinguer les ailes blanches d'Astriel. Il renifle plus tôt qu'il ne le voit un loup d'un noir de jais, une jeune femme au senteurs familières et il décèle enfin un homme siestant contre un arbre, rendu presque invisible par son immobilité.
Smirtnoff salue l'ange-chat d'un geste qu'il voulait plus poli que ça mais que l'intense chaleur accumulée sous sa veste a lamentablement ramolli. Il observe ensuite le voyageur assoupi que ses yeux criblés de luminosité discernent mal et s'assure qu'il dorme avant de lancer pour rien une salutation à la pelouse. Il se tourne ensuite vers l'odeur qu'il reconnaît, celle de cette demi-vampire et demi-loup qu'il a croisé avant. Il se souvient de sa bonhommie et de son compagnon canin qu'il n'avait qu'entrevu.
Il s'approche de l'eau pour que la baigneuse l'entende sans qu'il n'ait à hausser la voix, en effet, l'espèce vampirique dont son sang est taché n'est pas douée de la transmission de pensée.
-Melaka!
Sa voix non plus ne porte pas, trop rauque et trop peu encline à parler. Il espère que la jeune fille l'entend du premier coup.

Melaka avait laissé ses pensées divaguer et son esprit s'était complètement détaché de la réalité environnante. A tel point que lorsque l'appel de son nom résonna faiblement jusqu'à ses oreilles, elle en fut surprise. Néanmoins elle ressentit une présence rassurante. Tournant légèrement la tête en direction de son interlocuteur elle aperçu le visage ruisselant de chaleur de Smirtnoff. Un sourire éclaira instantanément son visage et la seule vision de son ami suffit à éveiller ses sens.

- Smirtnoff ! Comme je suis heureuse de te voir enfin !

La jeune femme n'avait pas encore eu l'occasion de passer beaucoup de temps avec le vampire mais elle savait qu'ils n'en manqueraient plus à présent.

- Approche, viens t'assoir près de moi. Tu dois être épuisé et la fraîcheur de l'écume te revigorera sûrement.

Dans son enthousiasme habituel elle en avait oublié Gipsy qui s'était redressé, une once de méfiance traversant son regard vif.

Sais-tu au moins que c'est un vampire ?

Ne t'inquiète pas il ne me fera pas de mal, je te le promet.

Puis elle poursuivit à haute voix.

- Regarde comme c'est beau. Atalantë est vraiment une cité magnifique, la vue est imprenable d'ici !

Melaka observa un instant les îlots qui émergeaient d'une mer turquoise étincelante sous le soleil brûlant.

- Alors raconte-moi, d'où viens-tu pour paraître autant épuisé ?

- Alors raconte-moi, d'où viens-tu pour paraître autant épuisé ?
Smirtnoff enjambe les pierres et s'assied sur celle qu'il trouve la moins chaude. Il répond avec lenteur, épuisé rien que par cette entreprise, mais content de revoir la jeune enthousiaste:
-Eh bien...
En bas la brise est rafraîchissante, cela lui fait du bien.
-J'allais prendre la route pour Wilvarin. J'ai une lettre à poster à l'étranger.
Il coince le manche du parapluie entre deux roches serrées pour se délasser les bras sans le tenir. Il ajoute, souriant à Melaka au milieu de son visage renfrogné:
-Il fait vraiment très chaud à cette heure. Mais le bureau ferme à 16h... Et toi, tu as finalement trouvé Atalantë?

Alors que Smirtnoff s'installait aux côtés de Melaka, Gipsy se recoucha auprès de cette dernière car plus rien ne l'inquiétait à présent. De plus, la chaleur environnante le fatiguait lui aussi.

- Il fait vraiment très chaud à cette heure. Mais le bureau ferme à 16h... Et toi, tu as finalement trouvé Atalantë?

- C'est vrai, et je suis surprise que tu puisses tenir sous ce soleil étouffant !

D'un geste de la main elle écarta ses longs cheveux bruns ondulés avant de reprendre.

- Atalantë était simple à appréhender pour moi puisque je suis née ici. Et j'ai trouvé ma place naturellement car j'aime le calme et la beauté de ce lieu.

Elle poursuivit en pointant du doigt l'horizon.

- Tu vois cet îlot là-bas ? J'ai une maison à présent et j'en suis ravie. Peut-être pourrais-je en apprendre plus sur mes parents ...

Le vampire se demande intérieurement si effectivement il tient sous cette chaleur et se dit que c'est franchement limite. Il sourit pour lui-même.
- Atalantë était simple à appréhender pour moi puisque je suis née ici. Et j'ai trouvé ma place naturellement car j'aime le calme et la beauté de ce lieu.
-C'est... Oui... C'est beau.
ll aurait souhaité le dire avec plus de conviction et moins de platitude mais c'est tout ce que que sa canicule corporelle lui permet d'articuler. Il continue de sourire à la jeune fille malgré tout, gagné par sa flottante légèreté.
Elle montre l'horizon marin du doigt:
- Tu vois cet îlot là-bas ? J'ai une maison à présent et j'en suis ravie. Peut-être pourrais-je en apprendre plus sur mes parents ...
La connexion entre les deux lui échappe et il médite sur le sujet sans que son cerveau ne parvienne avec aucun indice sur la question. Prudent, il change de sujet:
-Ma demeure est au Collège d'Atalantë. L'as-tu déjà visité?

-Ma demeure est au Collège d'Atalantë. L'as-tu déjà visité?

Melaka sortit rapidement des songes du passé qui s'étaient à nouveau emparés d'elle pour répondre à son ami.

- Oui j'ai souvent eu l'occasion d'y aller ! Le collège est une mine d'informations qui m'aide sans cesse dans mon travail. Peut-être qu'un jour j'aurai la possibilité de m'engager plus sérieusement dans ce lieu.

De sa main droite, l'elfe-vampire caressa Gipsy qui avait posé son museau sur sa cuisse. L'animal semblait si calme que la jeune fille n'aurait su déterminer si cette attitude provenait d'un quelconque pouvoir de Smirtnoff ou si c'était seulement le cadre marin qui l'apaisait ainsi. En revanche le vampire semblait guère supporter l'effet du soleil et Melaka n'aimait vraiment pas voir le visage douloureux qu'arborait celui-ci.

- Une petite baignade te ferait sûrement du bien, non ? Je commence vraiment à m'inquiéter de ton état ...

Elle se sentait si inutile qu'elle en eu un pincement de cœur. Elle détestait assister à la souffrance de quiconque sans pouvoir lui porter secours. Pourtant Melaka avait eu beau ressasser dans sa tête d'éventuelles solutions,
rien d'autre ne lui paru plus réalisable que ce qu'elle avait déjà proposé.

- Une petite baignade te ferait sûrement du bien, non ? Je commence vraiment à m'inquiéter de ton état ...
-Me baigner? (petit rire d'effarement qu'il rattrape sur le ton de la conversation) Non, ça va aller.
Même s'il avait vécu près de l'eau pendant des années, les baignades au bord de la Ville d'Hiver n'étaient pas une partie de plaisir. Il pense aux quais ombrés d'un paquebot ou de deux et de quelques mâts immobiles, perdus. Ils étaient cloisonnés de containers brûnâtres que les grandes grues, maigres et sculpturales, montaient et descendaient une fois de temps en temps, quand la glace n'enserrait pas toutes les coques noires de sa poigne coléreuse et impitoyable. L'eau était noire aussi, comme la cagoule d'un bourreau. Les règlements de comptes s'y déroulaient. On y poussait le fautif, un pied sur le haut de sa tête lorsqu'il émergeait et il n'émergeait pas une seconde fois. La glace se chargeait du corps.
Le soleil filtrait rarement au travers du brouillard, tout était blanc même quand il était là, une pâle lueur un peu plus jaune que le reste.

Voyant la tête de Melaka il s'efforce d'avoir l'air en meilleur état:
-Ne t'en fais pas pour moi, j'ai l'habitude. D'ailleurs il vaut mieux que je reste à l'ombre, et je ne vais plus tarder, je dois poster cette lettre...
Il reste encore assis pour souffler, profitant de la brise fraîche pour se remettre en état avant de reprendre cette pénible route.

-Me baigner? Non, ça va aller.

La réponse de Smirtnoff surprit un peu Melaka. Elle estima néanmoins qu'il devait avoir ses propres raisons. Après tout chaque race étant différente, c'était sûrement normal pour lui que sa question soit négative. Elle n'insista donc pas.

-Ne t'en fais pas pour moi, j'ai l'habitude. D'ailleurs il vaut mieux que je reste à l'ombre, et je ne vais plus tarder, je dois poster cette lettre...

L'idée que Smirtnoff s'en aille déjà laissa échapper une certaine moue sur le visage de l'elfe-vampyre, surtout que Melaka tenait malgré tout à se baigner un peu car pour la jeune fille, le soleil devenait beaucoup trop assommant.

- Très bien, comme tu voudras ! Par contre si ça ne t'embête pas, moi je vais faire un petit plongeon parce que sinon je vais fondre sur place ! Mais attends-moi là un instant si tu veux, se serait dommage de partir maintenant.

La jeune fille lui sourit puis, captant l'esprit observateur d'Astriel, se retourna dans sa direction.

- Hey ! Rejoins-moi si tu veux, tu dois mourir de chaud toi aussi !

Dans un large sourire Melaka laissa glisser doucement son corps en sueur dans les eaux claires qui s'offraient à elle, accompagnée de Gipsy qui rêvait également d'un moment rafraichissant. Tous deux étaient habitués à la fraicheur des arbres forestiers donc le rayonnement direct du soleil devenait difficile à supporter.

Toujours adossé à son arbre, Mike profitait de ce bref moment de repos. Melaka barbottait dans l'eau avec son loup, le dernier vampire arrivé s'était assis et l'autre également accompagné d'un animal ne s'était plus manifesté depuis que le Fremen lui avait adressé la parole. Quant à l'Ange, il semblait tout comme les autres, divaguer dans ses pensées. Ainsi, toutes les personnes réunies se prélassaient soit au soleil, soit à l'eau en ne faisant plus attention à ceux les entourant.

Quel étrange rassemblement, se dit Mike.

Comme les lieux se peuplent petit à petit et que la chaleur toujours suffocante ne prête personne à conversation, Smirtnoff se lève et salue la jeune fille:
-Je te remercie pour l'invitation à trempète, mais je vais y aller. Il me tarde de poster cette lettre. Je te souhaite une bonne fin d'après-midi, Melaka. Au revoir Gipsy.
Il a remis son parapluie au-dessus de sa tête et s'éloigne rapidement sur le chemin désertique menant vers d'autres routes plus boisées. Il ne souhaite pas traîner plus longtemps en ces lieux trop chauds pour lui, mais salue en passant un drôle de géant qu'il n'a jamais vu avant et qui vient juste de s'asseoir à l'ombre avec les autres.
-ça frappe hein?
Bientôt sa silhouette courte a disparu dans l'air tremblant de la côte asséchée.

Après que Smirtnoff ait finalement pris congé, Melaka le suivit du regard. Elle lui faisait un dernier signe de la main accompagné d'un jappement bref de Gipsy, quand son ami croisa un nouvel arrivant. Décidément, beaucoup de monde se réunissait dans le coin. Cela plaisait à la jeune fille qui était toujours enjouée à l'idée de faire d'autres rencontres. Ayant du mal à identifier l'individu géant qui semblait l'observer, l'elfe-vampyre décida de se rapprocher de lui.

Viens Gipsy, allons voir cet inconnu ! dit-elle en sortant de l'eau précipitamment.

Je te suis, répondit l'animal en s'ébrouant.

Les deux acolytes rejoignirent d'abord Mike qui se reposait contre un arbre. Melaka en profita alors pour interpeller le fremen, jusqu'à présent resté discret.

Tu viens avec nous Mike ? Nous allons faire connaissance avec le nouveau visiteur.

Sur ces mots elle poursuivit sa route jusqu'à l'étrange personnage aux yeux bleus. L'air songeur, il la regardait nonchalamment s'approcher. Melaka vint s'asseoir à ses côtés et le gratifia de son large sourire franc.

Bonjour. Je m'appelle Melaka et voici mon ami Gipsy. Et toi, qui es-tu ?

- Tu viens avec nous Mike ? Nous allons faire connaissance avec le nouveau visiteur.

Sans attendre la réponse, la jeune femme s'en alla rencontrer le géant. Mike quant à lui, commençait à ne plus pouvoir supporter ce trop d'eau. Il quitta l'appui amical de l'arbre, replaça sa capuche sur la tête et partit comme il était venu. Silencieusement.

Bonjour, je suis Magel. Melaka ? Tu me rappelles quelqu'un que j'ai bien connu il y a longtemps... Enchanté.
Gipsy ... ? Ce loup ?

La jeune fille se demanda de qui il pouvait bien parler. Peut-être qu'il avait connu quelqu'un de sa famille. Peut-être même qu'il s'agissait d'elle étant petite. Melaka préférait écourter ses doutes impatients et questionna en retour le dénommé Magel.

Quelqu'un que je pourrais connaître ?

Avant de lui répondre, le grand homme resta dubitatif à la vue du quadrupède. Melaka profita de cet instant pour se retourner, mais Mike était déjà parti. Ce fremen était vraiment étrange ... Elle le recroiserait probablement plus tard.

Enchanté Gipsy...

Le loup redressa ses oreilles et reposa sa tête contre ses pattes.

Moi de même. Pensa-t-il.

L'elfe-vampyre ne savait pas si Magel disposait de capacités télépathiques. S'il n'avait aucun moyen d'entendre Gipsy, elle pourrait toujours être un intermédiaire à leur discussion.

Quelqu'un que je pourrais connaître ?

Hum... Peu de chance... C'était une personne dont je fut très proche... Elle n'est plus aujourd'hui... répondit-il.

Néhilis... murmura-il dans un souffle.

Reprenant sa contenance, il esquissa un sourire triste en regardant intensément Melaka de ses yeux bleus iceberg.

Mais je manque à tous mes devoirs ! Comme je te le disais, je m'appelle Magel. Je suis un guerrier itinérant. Je prête mon allégeance au plus offrant tant que sa cause est juste. J'arpente ce monde en quête d'une noble cause à défendre. Je cherche éventuellement des compagnons de routes pour m'accompagner même si ce n'est pas mon objectif principal. A vrai dire, le monde est vaste et j'aime à découvrir de nouveau lieu, de nouvelles personnes, de nouveaux horizons... Bref, découvrir les richesses infinies de la Création. Le Créateur a été tellement imaginatif dans ses oeuvres... raconta Magel.

Il s'appelait Magel et il semblait vouloir croquer le monde à pleines dents. Mais son discours enjoué cachait clairement une grande sensibilité et une profonde tristesse.

Néhilis

Le prénom résonnait encore étrangement dans l'esprit de Melaka. Son interlocuteur ne l'avait qu'à peine prononcé, mais il y avait mis tout son cœur. Elle ressentait des émotions fortes sortir de chaque lettre, des frissons particuliers émaner de chaque syllabe.

Elle était importante cette femme, n'est-ce pas ?

Les paroles de la jeune femme n'étaient que douceur. Elle les avait prononcé si fragilement qu'il était presque impossible de les entendre, comme si elle voulait à tout prix éviter de blesser le guerrier. Son regard était d'ailleurs empli de compassion, mais pas de pitié.

Les yeux de Melaka tournoyèrent avant qu'elle ne reprenne ses esprits. Magel lui avait montré des souvenirs profondément encrés en lui. Il se trouvait un peu plus loin à présent, reclus dans sa solitude et sa tristesse.

Ne sois pas désolé. Nous avons tous vécu des choses difficiles...

Son propre passé n'était guère mieux puisqu'elle était incapable de se souvenir de sa famille, n'ayant aucun indice fiable excepté ce lieu dans lequel ils se trouvaient. La jeune femme choisit alors de changer de sujet, pour ne pas laisser cette ambiance mélancolique s'installer.

Dis-moi, tu disais être en quête de découverte ? Serais-tu venu ici dans un but précis ? Peut-être pourrais-je t'accompagner dans tes projets ?

L'elfe-vampyre avait retrouvé son sourire significatif et se sentait prête à partir explorer les richesses renfermées d'Atalantë.