petite déchirure motambule

Le Lecteur dit :

-Pouvoir écrire est un privilège que je ne maîtrise pas, jamais mes mots ne réussissent à évoquer ce qui m’habite. Est-ce dû à la complexité de mon âme qui se confond entre ombres et éclats ?
Quand un être s’enfuit dans le rêve au risque de s’y perdre, poursuit-il une réalité qu’il ne peut pas atteindre ? Tente-t-il de vivre malgré le poids des jours ?
Je ne sais quelle part octroyer à la puissance des rêves.
J’aimerais m’y noyer. Je voudrais m’en imprégner pour leur permettre d’être.
Mais, je les sens s’enfler et tremper ma raison. Alors, je mélange réalités et songes, êtres vivants et rêves ardents.
Mais qu’y puis-je si j’ai voulu jouer au jeu du rêveur ?

Et l’Auteur dit :

-Je ne suis qu’un auteur pour toi. Je ne suis que des mots, un poète. Ainsi serai-je donc.
Tu le dis, je le fais et tu n’auras rien d’autre. Je te violerai de mes mots. Tu souffriras par mes mots puisque par eux tu m’as aimé.

Alors, L’auteur est arrivé, armé jusqu’aux yeux, qu’il a plongé dans le bleu pour mieux l’empoisonner.
Il a sorti sa vie, chiffon de viol pour l’étourdir. Lié, le Lecteur a été. L’Auteur a pu, alors, le déchirer…

Ce n'est pas une construction commune.
J'aime beaucoup la partie du lecteur. En tant que lectrice, j'ai longtemps envié les auteurs qui arrivaient si bien à me faire voyager si loin de moi même.

Cette phrase est parfaite.

Citation :: Alors, je mélange réalités et songes, êtres vivants et rêves ardents.

Par contre celle la me gène un peu :

Citation :: Tente-t-il de vivre malgré le poids des jours ?

Je crois que je l'aurais tourner autrement.

La première partie résume bien les envies d'évasion étouffée du lecteur qui a besoin de l'autre pour leur donner vie.

La deuxième partie, celle de l'auteur, je trouve dommage que tu assimiles ce dernier à un violeur qui blesse par ces mots. L'auteur apporte aussi le repos et l'évasion. Il ne fait pas que transpercer notre âme de ses réalités.

La fin est cohérente avec la seconde partie. Et reprend bien le thème de l'auteur qui assassine de ces mots que le lecteur ne peut sortir de lui même.

Un joli texte, intriguant. Une autre vision de l'écrivain, peu banale sur une syntaxe peu conventionnel. Rafraichissant et intriguant donc. =)

Waow.

C'est d'abord par la forme du texte que j'ai été captivée. Un dialogue Lecteur-Auteur, avec une p'tite fin qui commence par "Alors", ça sonne un peu comme un conte pour enfant. En plus c'est aéré... Je suis sensible à la mise en forme. Ça m'attire, je me lance, et j'adore.

Des interrogations de lecteur et une vérité d'auteur qui se confrontent, c'est un thème peu ordinaire, et ça me parle absolument.
Je suis également admirative devant les tournures, plus légères, plus délicates, et aussi plus directes et plus pertinentes que je ne saurai jamais les faire ! ^^'

Un grand bravo pour ce texte hors pair.

Motambule ?

Difficile de commenter cette production. C'est musical, je dirais.
Tu évoques un décalage entre auteur et lecture (qui me rappelle un brin l'aparté de Jacques le fataliste ^^), d'une manière très violente et agressive. La lecteur serait alors du masochisme.
Plus généralement, le premier paragraphe est une question existentielle, rêve ou réalité, et quelles proportions mélanger pour avoir la meilleur recette (du bonheur, on présume). La dernière phrase est d'ailleurs très jolie. Finalement, en reconsidérant le texte, ces thèmes du jeu et du masochisme, ça devient très érotique tout ça. La lecture comme un érotisme. Mmm oui.

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