Haruki Murakami
Je viens juste de finir
Sommeil, une des nouvelles de Murakami qui vient d'être ré-édité en version De Luxe avec papier glacé et dessins.
J'ai lu beaucoup de ses oeuvres et je pense, comme beaucoup, qu'il est un des auteurs majeurs du Japon en ce qui concerne le XXeme et le XXIeme siècle.
Je voudrais vous parler de l'homme. L'homme qui a fait des études de cinéma et de théatre avant d'ouvrir un club de Jazz (genre musicale qui trouve aisément sa place dans ses livres). De l'homme qui s'est longtemps exilé et qui écrit aussi bien à partir du néant, qu'à partir de fait réel, comme le grand tremblement de terre de Kobe, la ville où il a grandit. Je pourrais vous dire qu'il est souvent favori pour le Prix Nobel de littérature, sans jamais l'avoir.
Mais je ne pourrais vous parler de l'homme sans vous parler des histoires qu'il raconte.
Souvent les personnages qu'il met en scène sont, ou paraissent bien ordinaires. Des femmes mariées (
Sommeil), des hommes tout à fait banals (
Les amants du Spoutnik,
Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil,
La fin des temps) ou encore de jeunes femmes désoeuvrées. Mais toujours, ces personnages ordinaires se retrouvent dans des situations qui doucement font basculer leur vie dans un mystère subtil et audacieux.
Je dirais qu'il cette capacité à rendre pour ses acteurs le tangible insaisissable. Ses univers traversent les frontières des pays et du réel, pour nous abandonner seul dans les ténèbres et la lumière.
La fin des temps, fut pour moi son oeuvre la plus complète et la plus compliquée. Très compliquée car profonde et méticuleuse. Dans ce roman, un homme tout a fait normal, avec une vie tout a fait normal, un informaticien, se rend compte qu'il est poursuivit par une étrange organisation qui en veut à son esprit, ou ce qu'il peut contenir. En parallèle, ce même homme se rend compte qu'il vit en même temps dans une ville onirique peuplée de licornes dorées, où les sentiments ont disparu et où il est le seul a les ressentir encore. Mais la fin des temps arrive et inéluctablement, malgrès toute son agitation réelle, les sentiments disparaissent.
Pour finir, je voudrais vous parler de
Sommeil, la nouvelle qui m'a poussé à écrire ici. Je la trouve très représentative du style de Murakami dans le sens ou tout commence normalement. Puis vient le rêve, litteralement et au second degré, qui chamboule tout sur son passage comme un mastodonte dans une maison de poupée.
Ici la femme raconte et elle n'a pas de nom. Ce qui est souvent le cas chez Murakami. Ses personnages pourraient être n'importe qui, et ils le sont. Sa vie est une succession sans fin de la même journée, à tel point qu'elle ne distingue plus les jours les uns des autres. Jusqu'à ce qu'une nuit elle fasse un rêve. Dès lors, elle ne dort plus.
" Dix-sept nuits sans sommeil". Ayant gagné 8h de vie en plus, sans fatigue, elle lit. Anna Karenine. Encore et encore. Avant que l'inévitable se produise.
Le rêve déclenche tout et souvent tout se finit comme dans un rêve. Murakami me laisse pantelante après chaque lecture, comme s'il était venu fouiller au fond de moi, de chacun, les plus sombre pour un faire sortir le plus improbable. Si vous n'avez jamais lu cet auteur, je vous conseil cette nouvelle, Sommeil, dans laquelle on retrouve beaucoup des sujets chers à l'auteur et son univers particulier. L'improbable et le quotidien, l'acceptation de la mort, le passage du temps et le corps et l'âme humaine....
Jouer avec les mots pour que le rêve de l'histoire de papier devienne réalité.
Mais en japonais, Kami signifie Dieu...
En gros: J'adore !