Histoires de vieux

Jeu de mots à six clous suisses, ne me demandez pas pourquoi ce nom, je vous répondrais qu'il y a des choses dans la vie qui ne s'expliquent pas, elles s'imposent comme ça un peu comme la classe de george clooney.

Ce petit sujet vient d'une discussion entre Taranis et moi, et histoire d'enfoncer une lame de plus dans le sablier pour qu'il s'écoule plus vite, ("Tuer le temps" pour les deux qui dorment au fond), nous avons eut l'idée d'écrire une série de courts textes,dont le sujet est le suivant :

[sujet] Imaginez un puits à souhait intemporel, présent sur terre depuis la nuit des temps, se déplaçant à sa guise dans le monde. Les hommes, où tout autre créature de parole comprenant l'intérêt du puits, auront donc moult voeux à formuler au fil des siècles. Mais qu'auraient ils à souhaiter ? [/sujet]
Nous allons donc poster des petits textes de toutes époques et contextes, avec des personnages tout aussi différents. Voyons un peu ce que souhaite le coeur des créatures pensantes ...

Voici mon premier jet :

Je me souviens de mes débuts en tant que puits à souhait. On m'avait dit que les gens au coeur pur seuls avaient l'honneur de se voir accorder un voeu... J'ai vite compris que j'avais tout intérêt à élargir mon cercle de clients si je ne voulais pas faire faillite; Je décidais donc de rentabiliser les quelques malheureuses âmes qui passaient à la boutique, en leur proposant mes services. Les premiers temps furent très difficiles. Darwin avait raison, l'homme n'est pas sortit d'un kinder surprise (C)*, et il dut bien passer par le stade primate, ce qui fut ... quelque peu compliqué pour moi. Aussi, je me rendis vite compte que les premiers échelons de ma carrière se franchiraient de façon quelque peu dégradante.

Je me rappellerais toujours de mon premier client, qui pour moi résume assez bien l'ensemble de mon histoire. C'était quelques centaines de siècles avant l'arrivée du gus sur sa croix là, je sais plus comment il s'appelle.. Ramòn peut être ? Non José, voilà ! Enfin bref, à cette époque lointaine, en pleine forêt tropicale, bourrée d'insectes, de fauves et autres plantes gigantesques dépassant de très loin mon humble carrure de puits, je vis arriver une bestiole pleine de poils, l'air ahuri, la dentition en aussi bon état qu'un bosquet après le passage de quelques bon gros tricératops. Le bestiau me regardait avec des yeux vides de toute présence conitive, et s'approcha avec un cadavre de banane dans la main droite, sinistre preuve d'un méfait commit récemment.

Il n'avait pas spécialement un coeur pur... enfin disons que même pour lui la notion de coeur devait très certainement être assez floue... Mais le grand patron voulait des chiffres, et il me fallait bien, malgré ma déconfiture qui se serait sûrement vue flagrante si j'avais été pourvu d'un visage, me mettre à la tâche.

Toussotant pour m'éclaircir la voix, j'entamais donc pour la première fois et avec émotion, ce qui allait devenir mon speech habituel : Bonjour, noble âme, tu as le coeur pur, je le vois en toi, et pour cela je t'accorde un souhait que j'exaucerais. Parles, je t'écoute, que désires-tu ?

Effrayé par une voix intelligible sortie de nulle part, elle s'enfuit derrière les fagus sylvatica pour revenir quelques minutes après, m'inspectant de toute ma hauteur. Je me suis longtemps demandé comment la créature m'avait retrouvé après sa fuite, mais avec l'expérience, je compris que la colonne de lumière avait quelque chose de quelque peu « attirant » en pleine nuit préhistorique...

La créature revint donc à ma porte et me cria dessus après lui avoir répété une nouvelle fois ma réplique. Peut être avais je un mauvais accent ? Quoi qu'il en soit, il fallait bien que j'obtienne son vœu pour l'exaucer...

-Onk Onk INKKKKKK INKKKKKKKKKKKKK ONK ONK

…

Bon... et bien disons que c'était un voeu....

Me remémorant le cadavre de feu sa compagne banane gisant dans sa main encore malhabile, je pensais alors qu'un repas en ces temps de crise préhistorique serait certainement bienvenue.

-Accordé

Un tas de banane apparut après que, semble t il, une colonne de lumière d'une puissance similaire à un phare breton s'éleva dans le ciel. Le primate, tout heureux, dévora nonchalamment son nouveau trésor, me laissant dans une hésitation profonde qui allait me rester dans l'estomac une large partie de ma vie : Ai-je bien fais d'accepter ce job ?

* : Je ne veux aucun problème avec la justice, ni Darwin d'ailleurs !

Vous vous en doutez bien, il ne m'a pas fallu longtemps pour exploser au vu de la situation. A force d'enchaîner les cas sociaux, mes nerfs mis à rude épreuve finirent par craquer, et je me souviendrai toujours avec un intarissable plaisir de cette « première fois ».

C'était peu après ma rencontre avec Mr Banane. Lui et ses copains étaient revenus me voir pour me vénérer, sans doute m'ayant pris pour le dieu de ce fruit courbé jaunâtre, dont je déteste le goût soit dit en passant. Ils revinrent avec de nombreuses peaux, dansant une sorte de rituel primaire autour de moi. Je dois bien avouer que j'ai pris peur au début, mais même la fourche archaïque d'un paysan sud-mésopotamien aurait compris la demande de ces créatures, et de nouveaux tas de bananes apparurent. Déçus que le même scénario ne puisse s'accomplir le lendemain, ils repartirent donc, et tentèrent même de revenir m'en demander quelques fois...

Au bout de la 75 ème tentative (car oui, un primate, c'est buté), je sentais mes nerfs commencer à grincer, alimentés par la remarque acide de mon patron qui m'avait dit la veille « c'est le métier qui rentre ». Pensif quant aux mille et une façons de faire rentrer une grappe de bananes par tous les orifices d'un haut gradé, je remarquais que le discours des bêtes à poil avait changé, leur danse aussi.

Du feu, ils semblaient vouloir du feu... leur gourou, fourré de plumes de toutes sortes et de toutes les couleurs, me dessina un éclair sur le sol, et ce qui ressemblait vaguement à un arbre en feu. Me désignant le pitoyable dessin qui aurait pu passer pour du néo impressionnisme aux yeux des artistes de l'âge post 20ème siècle, je leur fis savoir comme je pus que le deal était d'un voeu par personne. Visiblement courroucés que leur dieu ne leur vienne pas en aide, ils me lancèrent leurs outils à la figure, bien décidés à me faire cracher au bassinet.

Mais les singes n'étaient pas les seuls butés, moi aussi je l'étais. La guerre psychologique dura deux bonnes heures, m'acharnant à leur répéter que « non » je ne leur accorderai pas le feu. Jusqu'à ce que l'un d'eux me lance sa peau de banane sur le rebord de la figure.

Certains confrères m'ont toujours dit que j'avais tendance à m'emporter facilement, pour un puits à souhaits... pauvres hommes …

-Accordé !

Je me rappelle encore l'odeur de brûlé qui planait des mois durant. Incinérer ces âmes n'était pas la meilleure idée que j'eusse eu durant ma courte existence... la forêt en avait prit un coup, mais au moins j'étais redevenu serein.

Il fallut une paire d'années avant d'exploser à nouveau de la sorte, je crois que c'était en 1666, à Londres. Très belle ville, mais qu'est-ce que le bois peut être inflammable …

La mer, belle invention n'est ce pas ? Des stocks d'eau incalculables à portée de main. On y prend son bain, on s'y brosse les dents, les poissons baisent dedans... enfin c'est ce que j'ai entendu une fois. Le seul problème me direz vous, c'est qu'on ne peut pas en boire une goutte, à moins d'aimer le sel pur avec un léger goût d'eau derrière. Et bien figurez vous que ce n'est pas par hasard si la mer est salée. Et c'est même à cause de moi que c'est ainsi.

C'est l'un des souvenirs les plus gênants que j'eus au 17ème siècle je crois bien. Vous savez, avec leur manie de faire des coques en bois pour aller patauger dans la mare, et bien figurez vous que ces idiots m'ont découvert en arrachant quelques arbres sous prétexte de faire avancer le progrès...m'enfin. Quoi qu'il en soit, une troupe de soudards avinés tituba dans ma direction pour abattre Jerry, l'un de mes plus anciens compagnons de bavardage, et ne comprit qu'après quinze bonnes minutes de travail que quelque chose ne collait pas au folklore local. Et oui bonhomme, un puits en pierre de deux mètres de diamètres caché dans un bosquet de palmiers en plein milieu d'une île du pacifique, tu trouves pas qu'il y a quelque chose qui cloche ? Ces colonisateurs... Espagnols je crois, avec leur fâcheuse tendance à s'habiller avec des parachutes. Ridicule.En quoi un froufou grotesque fait de vous un fier aventurier ? Je n'ai jamais compris le principe. Ce qui ne les empêchait pas de boire et de vomir en cycles bien coordonnés du réveil au coucher (voir plus en temps de fête, c'est à dire souvent).

Bref, l'une de ces petites barriques à rhum venait donc de comprendre que j'étais là et s'arrêta dans sa "marche vers le progrès"pour me reluquer un peu. Il n'avait rien d'un coeur pur, mais je m'amusais à penser ce qu'il pouvait bien avoir à souhaiter celui là, hormis plus de rhum, de femmes, et d'accordéons, bien entendu. Voulant tester l'expérience avec mon premier "cobaye" de ce genre, je lui sorti mon accroche habituelle. Je crois bien que jamais je n'ai vu un homme regarder sa bouteille avec autant d'inquiétude depuis ma rencontre avec robinson, qui était un charmant personnage soit dit en passant, bien qu'un peu lunatique.

Le sac à rhum s'approcha donc de moi et me reluquait avec le même regard d'incompréhension que moi lors du lancement de la roue de la fortune dans les années 2000. Il y a de ces choses comme ça dans l'univers que l'esprit d'un puits ne peut physiquement pas concevoir ni même comprendre...que voulez-vous. Le guaillard s'accouda sur mon rebord et tenta de communiquer en patois:

-c'toi ki m'parle l'tas d'cayou ?

Hum... quel étrange dialecte, l'espagnol. Une langue que je n'ai jamais aimé, trop compliquée. J'eus moins de mal en apprenant l'esperanto, c'est dire.

-Oui, en effet, je suis un puits à souhait, et je t'accorde un voeu, choisis le bien.

A sa trogne, il se croyait dans un rêve, qu'à cela ne tienne, j'entretins l'onirique.

-Tu peux avoir tout ce que tu désires, il suffit de le demander.

Mentalement, je lançais ma roue de la fortune personnelle, laissant mon aiguille mentale se balader sur les trois grosses cases "RHUM" "FEMMES" et " OR", sautillant quelques fois sur le mince trait que consistait la case "AUTRES". Et bien croyez moi croyez moi pas, l'outre à pinard me cracha ceci:

-Du sel !

De QUOI ? Comment ça du sel ???

-On mank de sèlle avec no gars, alonzo y a tout renversé, l'est foutu maint'nan. Faut du sel pour cons...cons...cons

Oui, vous m'avez l'air d'une sacrée bande de...

-conserver le poisson.

Ah... Oui, vu comme ça... Je peux comprendre.
A cet instant, j'avais presque de l'affection pour la créature. Le brave homme pensait à sa troupe plutôt qu'à son fond de bouteille, et j'étais prêt à lui accorder son voeu... Mais je découvrit à ce moment là ce qu'on appelle dans le jargon la "galette". Spécialité traditionnelle du milieu de la pirat...de la conquête des mers, aux parfums variés fonction de ce que le cuisinier a en stock sur le moment, c'est un plat rapide, très nutritif, légèrement acidulé, et pour le moins "impulsif". Bref, une magnifique trainée orangeâtre s'échappa de sa gorge pour venir s'étaler sur mes parois intérieures, et dégouliner sur mes rebords... Je mis quelques secondes à percevoir l'odeur...et c'est l'un des actes majeurs qui me firent détester à jamais le peuple hispanique. Christophe Colomb m'en est témoin...

Il voulait du sel? Soit... Ce cristal rare qui se trouvait à l'époque après extraction minutieuse dans d'anciennes roches des côtes océaniques allait devenir sa malédiction. Concentrant toutes mes forces dans un acte de colère autant que de dégoût absolu, je fit apparaître l'équivalent d'une bonne Terra-tonne juste au dessus du navire de conquistadors qui mouillait à quelques kilomètres des côtes.

-Livraison à domicile, j'vous le facture pas hein, cadeau de la maison...

Je doute qu'il reste quoi que ce soit du bateau aujourd'hui, et le bloc de sel resta une bonne centaine d'années avant de vraiment se dissoudre dans l'océan. Mais je ne regrette pas. J'ai peut-être modifié un tout petit peu l'éco système et le principe de l'évolution, mais me vomir dessus, ça, je supporte pas. Et puis c'est tellement jouissif de pouvoir reluquer le trophée de sa victoire pendant une petite centaine d'années, là, juste à côté de vous...

On parlait de quoi déjà ? Ah, oui, agréable ce petit vent iodé, mh?

Les contes des mille et une nuits ? Oui...charmantes histoires. Mais voyez-vous je suis toujours un peu gêné en écoutant l'histoire de la lampe magique. Vous savez ? Ce truc là avec le génie et les trois voeux. Ben c'est une bourde. En fait, elle aurait jamais dut exister. Et croyez-moi bien je regrette amèrement cette erreur.

Je me souviens, c'était au IVème siècle, en orient. J'étais parti rendre visite à un autre confrère dans le désert du Sâl-Takhin, enfin c'était son nom à l'époque. Il habitait une oasis avec des touaregs ma foi très serviables, et généreux comme tout. Ils vous servent un de ces thés à la menthe... Enfin bon, je m'égare. J'étais parti voir Saïd-el-puits (le nom qu'il se donnait, soit disant que ça faisait "local"...), nous ne nous étions pas revu depuis l'académie du souhait, et nous avions finalement un créneau de libre en commun. Je passa donc mes vacances au soleil, à siroter du thé et quelques autres breuvages traditionnels.

Je dois admettre, pour ma défense, que cette petite crème de pêche était excellente. Nous étions donc, Saïd et moi, complètement pleins (au deux sens du terme) après quelques seaux. Ce qui se passe ce soir là est d'autant plus gênant que nous n'avons personne sur qui reporter notre mauvaise foi, nous étions seuls, et ce qui s'est passé ce soir là fut uniquement de notre faute. Me plaignant sur la difficulté et l'ingratitude de l'emploi, je confiais à Saïd mes projets de reconversion. On m'avait déjà parlé de certains puits à souhaits qui s'étaient recyclés dans des films, des romans ou même s'étaient refondu dans la sculpture ou la maçonnerie, ce n'était pas le choix qui manquait ! Cependant Saïd me proposa sur le ton de l'humour de "déléguer" un peu mes responsabilités. Pourquoi pas confier la tâche à un larbin le temps de prendre quelques vacances ?

L'idée fut adoptée, par la grâce de l'Alcool. Pour nous venger de notre condition de puits, nous créâmes ce soir là un être qui exaucerait tout les voeux possibles, mais qui resterait à jamais enfermé dans le premier objet qui nous tomba sous la main cette nuit là: Une lampe à huile. Pour fêter cette "nouvelle ère", nous reprîmes quelques seaux et l'oubli emporta le reste de mes souvenirs.

Au réveil, je me rappelle vaguement avoir entendu rire, et crier des mots comme: khalife, serai, pouvoir, et "mouhahaha". Une fois désaoûlés, la lampe avait malheureusement disparut. Il nous fallut bien 25 ans pour nous apercevoir de l'impact qu'avait provoqué cette nuit de beuverie, donnant naissance aux contes qui plus tard seraient rassemblés par un auteur qui resta anonyme (et sincèrement, ça vaut mieux pour son compte... Si j'avais pus savoir qui était l'enflure...). Quoi qu'il en soit, la lampe a aujourd'hui disparut dans les sables de l'orient, et ce n'est pas plus mal ainsi. J'espère sincèrement ne jamais avoir de nouveau affaire à cette petite "bourde" du passé. Mais l'erreur est faite, et l'histoire du génie de la lampe s'est répandue sur le monde entier... Remarque, ça a inspiré des studios de dessin animés, donc ce n'est peut être pas plus mal finalement.

Mais pour vous, ce sera UN voeu, pas un de plus, alors, ce sera quoi pour la ptite dame ?

J'adore les parties de cartes, pas vous ? Ah non, pas la belotte et ces autres jeux aussi soporifiques que sans intérêts. Nous on avait de VRAIS bons jeux, bien marrants. J'ai été initié par Saïd-el-puits avant qu'il ne parte pour l'Orient. C'était il y a un moment, vous ne devez pas connaître, votre race n'était même pas encore au stade amphibien. Il n'y avait pas grand chose à faire à cette époque. Mis à part terroriser les insectes ou bidouiller l'évolution des plantes, on passait le temps comme on pouvait vous savez.

Il fallait que l'histoire se fasse.

Mais un jour, Saïd vint me voir tout heureux et m'invita à une partie avec des collègues de boulot. Le principe était simple, 5 cartes en seau par joueur, une pioche par tour de jeu, et le but était d'être la dernière race à survivre. Nous avions commencé petit: combats de planctons contre micro-organismes. Bon, il faut bien l'admettre, on s'amusait plus à une représentation de Chopin... Un jeune garçon plein d'avenir, mais quel dépressif...

Enfin bon, afin de pimenter le jeu, Sle'kne, un puits en terre cuite du genre bon vivant, nous proposa d'améliorer les cartes, de créer des "monstres" plus puissants histoire qu'on s'amuse vraiment. La course était lancée, chacun dans son coin, les 5 autres puits et moi-même nous mîmes au travail. Chacun travaillait sur ses petites expériences, ajoutant des membres, des écailles, des poils, des griffes, des crocs... En fonction de ce qu'on arrivait à découvrir chez les autres (Oui, c'est de la triche...et alors ? J'vous parle de vos goûts vestimentaires moi ?) nous améliorions nos propres rejetons. Des coins de la Terre se virent donc peupler de toutes sortes de monstres étranges, puis de plus en plus démesurés et agressifs. Lorsque nous fûmes satisfaits, la partie reprit tranquillement. Enfin des combats intéressants, imaginez:

"J'ajoute la carte (griffes acérées +5) et je combine avec (croissance titanesque) pour former (Tyranausore contre nature), et VLAN !"
"Je contre avec la capacité (formation en quinconce) de mon (Troupeau de tricératops)"
"Moi je lance (Pénurie de stock), toutes vos créatures type (carnivore) perdent 13 points de viande"

Bon, faut l'admettre, ça avait de la gueule, on s'amusait bien, et puis ça passait le temps. Le problème, c'est qu'après quelques milliers de parties, j'ai l'idée de faire nos parties en réel. Nous avions toutes nos créations en chair et en os, sur les continents, pourquoi ne pas organiser de "vraies" parties ? Après tout, nous étions des puits à souhaits, ce n'était pas comme si c'était irréalisable...

Sur le coup, ça m'a parut une bonne ide, et les autres étaient tout aussi d'accord. Mais en fait pas tant que ça. Au bout d'un moment, les cartes (fléaux) devinrent de plus en plus puissantes, elles rajoutaient une dose de hasard et de piquant là où il en fallait. Mais lors d'une partie très serrée entre moi et Sle'Kne, nous n'étions plus que deux à jouer l'un contre l'autre. Il me restait 3 spécimens, et lui 2, la dernière limite avant l'extinction de la race. Le dernier point avant la défaite. Mais la partie durait depuis quelques siècles, et nous commencions tout deux à avoir une féroce envie de mettre fin à la lutte, et plus encore de gagner cette fichue partie qui s'éternisait.

C'est après avoir joué (Vie grouillante), et donc pioché 2 cartes supplémentaires que je pus jouer enfin LA carte ultime, LA clé de la victoire. je me souviens encore de la puissance de mon cri lorsqu'enfin j'étalais devant Sle'Kne la carte qui allait me permettre de remporter cette victoire duement méritée:

-METEORE EXTERMINATEUR ! MOUAHAHAHAHAHA !!! DANS TA GUEULE !!! ALLEZ, BOUFFE !

Oui...oui...je sais, c'était stupide. Mais au bout de quelques siècles, vous finissez par oublier que vous jouez pour de vrais, même si c'est au travers des cartes. Le météore est bel et bien tombé, et mit réellement fin à notre partie de cartes... Il fallut des milliers d'années avant de rebâtir un éco-système viable. Je vous raconte pas l'engueulade auprès du grand patron... Pour ma part, j'ai réussi à m'en sortir avec une peine de 4 millénaires à passer sur une île paumée du pacifique. Mutation punitive, voyez?

Enfin bon, tout ça pour dire, quand je vous vois jouer avec vos petites cartes colorées, franchement, vous les humains, vous me ferez toujours bien marrer.