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 Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]

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Cassiopée
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeVen 7 Oct - 1:33

Cassiopée faisait corps avec Issac, unifiant ses pensées aux siennes et sa peau lisse et blanche à celle rugueuse et écailleuse du dragon. Tout en elle s’activait pour retrouver en lui la force des cieux et l’énergie indispensable pour la suite des évènements. La gardienne harmonique plongeait dans ses propres origines pour fixer à jamais les raisons de son être.
Les enfants de l’Unique avait installé leur campement et Cassiopée maudit un court instant le Primat incapable de respecter les conventions établies entre eux.
Ces hérétiques fervents admirateurs de l’unique s’étalaient sans scrupules et faisaient festin sans se soucier des temps à venir.
Cassiopée sentit la colère la gagner et elle laissa Issac sortir les griffes et cracher un long souffle enflammé au moment où il atterrit au beau milieu des troupes. L’atterrissage d’Issac éparpilla de tous côtés les gardes qui cherchaient à éviter le contact avec le dragon qui paraissait bien plus grand et haut qu’à l’accoutumé.
Il projetait de tout coté sa queue alourdie de grands pics acérés avec l’arrogance des maîtres.
A longues enjambées il rejoignit les tentes du quartier général et Cassiopée, dressée, presque debout sur le dos du dragon, laissa sa colère la déborder.

- Poussez-vous bande de flemmards !

Elle sauta au bas de sa monture qui leva son cou, puis le rabattit avec violence en soufflant.

- Il n’est plus temps d’en perdre ! Partons sur le champ. La gardienne est entre les mains d’un fou et vous dégustez des petits fours !

Elle claqua des mains et quatre femmes étranges, aux traits parfaitement lisses recouverts d’un dessin sophistiqué apparurent comme par magie à ses côtés.
Elle doubla le golem et vint se placer près de Sanz.

- Partons. Il est presque trop tard.

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Grendelor
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Oct - 13:51

Grendelor ne sursauta pas quand Teysa, accompagné d'une jeune femme que la guérisseuse connaissait bien en vérité, surgit du néant. Elle l'avait senti bouger, senti le déplacement des aspects quand l'ange déchu passait d'une région à l'autre.

Bonjour Teysa, fit-elle en se détournant de son établi. Et bonjour Talys, il y avait bien longtemps que je ne t'avais vue. Il faut dire que la dernière fois, tu échappais tout juste à la mort. Mais tu as l'air d'aller bien mieux aujourd'hui, même si tu ne parais pas vraiment ravie d'être ici.

Montrant du doigt les caisses de potions qu'elle avait préparées, Grendelor ajouta pour Teysa

Ceci est à garder pour l'assaut final. Soins, mais aussi poisons et autres réjouissances. Des potions puissantes, suffisamment pour me remplacer.

Elle leva les yeux vers l'ange noir, tout à coup curieuse.

Mais qu'est-ce qui t'amène ici d'ailleurs, il est bien rare de te voir?


Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Lathie10

Lùthien en avait assez entendu et sa proie était repartie avec son maître dans leur campement si... frustre. Les rassemblements l'avaient toujours dérangée, mais une telle concentration de gens de l'Unique lui donnait des frissons. L'elfe hésita un instant sur ce qu'elle allait faire à présent. Une sensation désagréable de surveillance la décida : cette partie là n'était pas pour elle. A la chasse, il faut savoir faire des pauses. Surtout quand on traque plusieurs gibiers. C'est donc à grandes enjambées chaloupées que la Chasseuse rejoignit les bois. Quelques heures plus tard, on entendait le moteur de sa moto sur la route de Galvorn.
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeMar 1 Nov - 16:08

Teysa fit un geste d'ennuie dédaigneux

- Arf... juste une réunion assommante avec des gens sans interêt. Puis-je savoir qui est cette dame et comment la tu connue ? Et surtout, Pourquoi je suis toujours le dernier au courant ?

Teysa avait une mine d'enfant véxée qui tranchait avec l'aura de puissance qui s'écoulait habituellement en sa présence, allégeant l'ambiance du palais en état de siège, le fais de voir le primera d'une humeur enjouée et rieuse troublait certe sa prisonnière mais apportait une bonne humeur ambiante entre les trois interlocuteur.

- je t'aide a porter les caisses nous allons nous déplacer vers la salle du trone. Talys peut-porter celle-ci s'il te plait ?
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Grendelor
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeMar 1 Nov - 23:00

Grendelor éclata de rire devant la mine chafouine de Teysa.

Tu es le dernier au courant car tu passes trop de temps dans les rêves! Posant un index sur le torse de l'ange elle ajouta. Tu as les moyens de t'informer, mais si tu ne te retrouves pas face à face avec la réalité, comme pour Sargas, tu ne la vois pas. La jeune femme se hissa sur la pointe des pieds et déposa un tendre baiser sur la joue de Teysa. Je t'aime comme tu es, Teysa, mais tes absences répétée nous nuirons plus, à terme, que mes envies meurtrières. Lui tournant résolument le dos et attrapant une caisse, elle finit. Quant à ma rencontre avec Talys, je la laisse te répondre si elle le souhaite.
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De Vaanne
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeMer 2 Nov - 2:00

Témoin de l'arrivée en fanfare de la Protectrice du Sang, même Exodus cessa de mâcher son repas pendant quelques instants. Le primat, lui, manqua s'en étrangler.

- Les Frères sont prêts ? demanda le troisième au second quand la première eut fini de faire trembler les verres.

- Fatigués, comme nous. Ils grommelleront comme seul un Frère peut le faire, surtout que leur tambouille est quand même moins bonne que celle-ci.

Pour ajouter plus de poids à ses paroles, le répurgateur enfourna un morceau de pain sur lequel un dragons se serait étouffé. il sembla soudain avoir une idée. De Vaann lui coupa la parole avant de se faire postillonner à mort.

- Finis ta bouchée, puis, oui, tu iras les avertir... Moi, je vais me tenir au courant au haut-bout de la table.

Ce qui était plus facile à dire qu'à faire : avec la confusion amenée par Cassiopée, il fallait éviter plats et chaises renversés à terre, sans compter le fait que De Vaanne essayait le moins possible de toucher ces monuments de mauvais goût qu'étaient les meubles en os... Il s'inclina en arrivant devant la Protectrice du Sang.

- Dame Cassiopée. Savez-vous qu'avec votre prestance, il n'était nul besoin de faire une apparition aussi... mélodramatique ?
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Talys

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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Nov - 21:06

Chez les Lunaires.


Talys regardait avec intérêt l’ensemble des caisses rassemblées à ses pieds. Pendant que ses deux compagnons d’infortune tergiversaient gentiment, elle se demandait ce qu’elles pouvaient bien contenir… Cela n’annonçait rien de bon, notamment lorsque leur mystérieux contenu pouvait aussi bien faciliter la victoire que précipiter la défaite de ses chers confrères.
La jeune fille avait également du mal à comprendre ce que le primera attendait d’elle. Elle refusait de lui accorder sa confiance et ne parvenait pas, malgré tous ses efforts, à deviner la moindre de ses intentions. La présence de Grendelor suffisait cependant à apaiser quelque peu les tensions. Les deux femmes avaient effectivement eu l’occasion de se rencontrer en d’autres circonstances et la revoir, même dans ces conditions, constituait une agréable surprise.

Cela fait bien longtemps, Grendelor, il est vrai.

Détachant les yeux du sol, elle croisa le regard ahuri de Teysa et ne put s’empêcher de pouffer.

Ne faites pas cette tête-là, Sir, vos airs menaçants en prennent un coup.

Elle s’assit précautionneusement sur l’un des coffres, croisa les jambes et rejeta ses cheveux en arrière.

Tellement longtemps, à vrai dire, que ces évènements relèvent d’une toute autre existence. Je n’ai plus grand-chose à voir avec celle que j’étais à l’époque. Et cette histoire est bien plus sombre et compliquée qu’il n’y parait. Je sais que mon Maître a rencontré cette Talys, qui errait encore dans les limbes de son inconscient, pendant que vous essayiez, vous-même et Dame Cassiopée, de l’en extirper. Je crois, d’ailleurs, que vous n’avez jamais eu le temps d’y parvenir… Quoi qu’il en soit, Shyon s’est pris d’amour pour cette pauvre enfant et a conservé en son cœur des bribes de sa mémoire disloquée. Lors de ma création, il m’a donné ses traits et son nom et m’a insufflé ces quelques souvenirs. C’est pourquoi je me souviens de vous, sans pour autant être restée celle que vous avez connue.

Elle jeta un coup d’œil à Teysa, dont la perplexité ne semblait pas vouloir décroitre.

Je suis navrée d’éclairer si peu votre lanterne, mon Prince, mais cela n’a plus guère d’importance aujourd’hui.

Se tournant vers la guérisseuse, Talys se leva, lui sourit et glissa :

Je suis, malgré tout, très contente d’avoir eu l’occasion de vous rencontrer à nouveau.

Elle empoigna finalement la petite caisse que lui avait désignée Teysa, quelques minutes plus tôt. Elle la jaugea de manière soupçonneuse avant de la soupeser à bout de bras.

Je vous préviens, si ce truc m’explose à la figure, ça va très mal se passer entre nous.

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Grendelor
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Nov - 23:15

Ce fut Grendelor qui éclata... de rire.

Ne t'en fais pas, tu ne risques rien, il faut encore quelques manipulations avant que ça ne puisse arriver, sinon je ne prendrais jamais le risque de les transporter ainsi.

Un grand sourire aux lèvres, la jeune femme remarqua tout de même :

Ainsi tu es Talys sans l'être... Remarque il y a une certaine logique à cela. Il est bon de savoir que sa mémoire n'est pas totalement perdue.

Se tournant vers un Teysa totalement médusé, Grendelor ajouta d'un air mi-agacé mi-amusé :

Tu nous ouvres le chemin ou la galanterie se perd aussi chez les anges?
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Sanz
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeVen 4 Nov - 14:56

Prenant le temps d'observer le visage du Primate avec un léger rictus de dédain, répondit lentement comme si le temps perdait emprise sur lui à mesure que se rapprochait l'heure d'en finir avec l'engeance qui l'avait provoqué. Il voulut ajouter quelque chose, une réplique ou quelque termes bien sentis mais face au regard en fureur de Cassiopée il se contenta de tourner le dos et prenant sa forme d'envol, se projeta dans le ciel. Les ailes grandes ouvertes, voilant le soleil jusqu'à plonger dans l'ombre le camps avancé, il fit sortir de sa gorge le cri rauque et violent du Dragon qui siège en lui. Lui répondirent de la même façon les Dragons impatients qui attendaient autour. C'était le cri de départ. Chacun prit son arme et rejoint son contingent. De toute part ce qui avait semblait être un chaos sans nom devint une armée disciplinée qui ne répondait qu'à des ordres mentaux rapides et efficaces. Au milieu de ce ballet, il sembla que l'Unique sembla un peu désordonné avant de se mettre lui aussi en route, suivant les armées au sol.

Ce fut à ce moment que, déchirant le ciel par une fenêtre béante jetée sur le néant, apparut les Douzes. Les yeux se tournèrent vers ce flot de puissance qui se dégageait brusquement et assombrissait l'ombre, fixant les armées de leur pupilles violettes. Se plaçant dans le sillon du Prince, ils en formèrent une garde rapprochée qui l'isola du reste des armées. Ce fut alors une nuit sombre qui s'avança vers les palais lunaires. Sous son ombre les armées au sol pressentaient à chaque pas les murmures du Sang qui résonnaient de poitrine en poitrine et alimentaient leur volonté. De l'autre côté, légèrement en retrait, les condisciples de l'Unique avaient parfois ces regards inquiets qu'on les apostats face à une croix. Leur marche était solide, portée par la foi, mais leur pensée confronté à un environnement oppressant et généralement inconnu les portaient à reconsidérer le réel qu'ils avaient en face d'eux : au dessus d'eux des bêtes géantes couvraient le ciel, au devant d'eux ce qui ressemblait a de l'humain quantifiable était perdu, nimbé dans l'ombre épaisse qui s'épaississait au fur et à mesure qu'ils approchaient. Parfois ils pouvaient se sentir seul, ou largués. Parfois, dans un rayon de lumière ils redécouvraient le paysage dans un trait fugitif.

Jusqu'à ce qu'au détour d'un sillon, le palais lunaire fut enfin à portée, à quelque lieux de la, palais immobiles dans les flancs rocheux. Ses longues murailles tenaient, droite comme des frontières. Au milieu d'elles, les grandes portes étaient ouvertes. Le Prince fondit au sol avant de retrouver une apparence humaine. Son arme brillait faiblement dans sa main gauche, tendue vers le sol. Avançant à pied il s’arrêta au seuil pour se tourner vers ses armées. Elles étaient peu nombreuses, immobilisées dans une configuration d'attente. Les Hauts Seigneurs descendirent chacun de leur monture et se placèrent près du jeune Prince. Cassiopée descendit la dernière de sa monture pour aider la garde rouge à déposer lentement au sol le golem porté par des Wyrmes de combat; Quand le rocher vivant toucha le sol, il y eut un grand bruit, puis de nouveau le silence. Enfin Sanz rompit le silence en s'emportant dans un grand rire dont le Primat entendit seulement une raillerie cinglante :

" Vous ne voulez pas approcher, Primat, vous craignez qu'on vous attaque? Voyons, on nous attend, les portes nous sont gracieusement ouvertes!"


Puis dans un élan, ils passèrent la large grille ouverte, pénétrant dans les Palais Lunaires.
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Teysa le sombre

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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeDim 6 Nov - 21:27

La salle du trône, une grande pièce ovale, dallée de marbre, une mosaïque de croissant de lune au centre. Cerclée de haute colonne de pierre sombre se dressant vertigineusement le long du puits, le plafond céleste laissait passé un rayon de lune sur le funeste trône de Teysa. Un imposant trône d'obsidienne posé sur une estrade de marbre blanc, les accoudoirs se fondait en deux tête de phalène qui paraissait vous sourire, le dossier partait dans les hauteur pour surplomber la salle du symbole de la nouvelle lune, cerclée elle même du cycle lunaire au grand complet. Une lourde chaine de plomb accrocher aux accoudoirs entravait une silhouette pâle. C'était fylgja, nue le corps zébrée de fine plaie rougeoyante, prostrée en elle même, enfermée dans sa douleur.
Arrivée dans la salle, le regard de Teysa s'assombrit de manière pesante et menaçante, son visage se durcit, plus un seul trait ne marquait l'insouciance habituelle du primera, une aura lourde emplie la pièce, puis le palais dans son entier. L'atmosphère n'était plus que menace; violence et destruction. Teysa se retourna vers ses deux invitées, son regard noire, glaçait le sang.


- Ça commence !

Un énorme nuage bleuté enveloppa Grendelor et les caisses qui se retrouvèrent dans la cour des miracles de Galvorn. Il se tourna ensuite vers Talys, tendit qu'une brume violacée s'écoulait sur le sol et les murs, donnant un aspect des plus glauque aux palais.

- Quand a vous jeune gueuse vos maîtres arrive, il va être temps de ravaler votre fierté. La guerre vient de commencer ! Essayer donc de ne pas mourir par des propos déplacé.

Il alla ensuite s'installer sur son trône, surplombant la salle de tout son dédain. Il leva la main et des petite boule de feu bleuté s'allumèrent devant la délégation jusqu'à la salle du trône pour leur indiquer le chemin.

- Maintenant que la Guerre commence, vient danser avec la mort petit prince...
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De Vaanne
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeMer 23 Nov - 20:54

- Je vais peut-être étonner quelqu'un, mais il commence à m'énerver sérieusement, je vais finir par lui voler dans les plumes... dit De Vaanne sotto voce en serrant les poings.

- Du calme ô primat, répondit Exodus sur le même ton, nous en aurons l'occasion plus tard, mais en attendant, notre infériorité numérique nous force à la plus extrême prudence.

- Pas de diplomatie ? A la brèche, alors !

Il éperonna son cheval et passa sous le nez d’une wyrm médusée pour entrer dans le Palais lunaire à la suite du Prince du Sang. Celui-ci l’attendait sur le perron en tapant du pied, un air de suprême ennui sur le visage. Le primat vit rouge.

- Vous n’êtes donc plus capable de faire un pas sans moi ? Vous êtes l’organisateur de tout ce bazar dans ce palais de pacotille. Je n’en connais pas les plans et je n’ai pas envie d’y traîner plus longtemps que le strict nécessaire. Alors mettez-y du vôtre et commencez à investir la place !

Il contourna Sanz et entra dans le palais en dégainant sa zweihânder. Quelques instants après, on l’entendit depuis l’intérieur.

- Il n’y a absolument personne là-dedans ! Ils ont du être effrayés par le mauvais goût très sûr des peintures murales.

Curieux, Exodus passa la tête à travers la porte.

- C’est fou comme l’allanthropie démultiplie les positions possibles, fit-il remarquer.

- Sans commentaires. Prince, aurez-vous enfin l’obligeance de mener le chemin jusqu’à l’endroit où quelqu’un doit nous attendre, comme vous en êtes persuadé ?
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeJeu 19 Jan - 16:47

C'est là-bas.

Sanz l'avait dit sans hâte et sans même indiquer un quelconque endroit. Il reprit lentement sa marche, s'engageant sous les voûtes géantes qui soutenaient la salle du trône ou appellée aussi Salle de réception. Sur les colonnade, de faibles lueurs s'échappaient des torches mais le lieu restait sombre, sombre d'une ombre qui n'était rien de naturelle. Pourtant ils avancèrent, persuadés qu'il fallait avancer sans précaution, l'un par arrogance l'autre par ignorance. Derrière eux le carré des hauts seigneurs des deux confréries suivaient docilement. Enfin tandis que la silhouette du trône s'annonçait ils purent distinguer celle du Prince sombre de la Confrérie des Lunaire et à coté, dans une position prostrée celle de la seule raison de leur venue. Il émit un léger rictus de mépris avant de s'adresser lentement à Teysa.

Nous y voilà donc. Les prophéties font leur chemin, n'est ce pas? Je vois que vous respectez votre contrat.

Autour de Sanz, les hauts Seigneurs s'étaient placés en cercle et de leur bague au doigt brillait cette lumière sombre qui semblait vaciller en attendant l'ordre. Le Prince fixa à nouveau son attention sur ce qu'il était venu chercher : cette femme enchaînée au trône.

Si petite chose pour de si grandes destinés. Les dieux font parfois d'étranges choix. Enlevez lui ses chaînes qu'elle vienne donc. Elle sait quel est sa route.
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Teysa le sombre

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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeDim 29 Jan - 18:37

Teysa souriait sur son trône en voyant arriver ses invités. Il se leva doucement, chacun de ses gestes était empli de grâce et de menace. Attrapant la pauvre créature au pied de son trône il la souleva par la gorge et l'observa avec intérêt.

- Ainsi c'est cette chose misérable que vous êtes venu cueillir.

Il sourit alors découvrant ses crocs sadiques, et en un instant sans que personne ne comprenne vraiment se qu'il s'était passé, les yeux de Fylgja s'agrandirent de souffrance, un mince filet rouge s'écoula de ses lèvres pâles, plus bas on pouvait voir l'espadon de Teysa transpercer de par en par le corps de la pauvre créature. Sa langue passa doucement sur le filet de sang.

- Ton sang a le goût de la peur. Dit-il à Fylgja, puis se tournant vers l'assemblée, il la jeta au pied de Sanz. Elle est encore enie au moment de la transaction, ce que vous en faites maintenant ne me regarde plus j'ai rempli ma part du marché, je vous souhaite bien le bonsoir.

Et tandis qu'il disparaissait dans un nuage violacé, des filets de brumes s'échappèrent pour se diriger aux quatre coins du palais. Une personne qui aurait regardé le palais à ce moment là aurait pu voir une magnifique colonne de flamme englober l'édifice, tandis que celui si s'écroulait sur ses fondations, lentement, comme une grâce qui se coucherait après une trop longue journée, en un instant les palais lunaires venait de passer de êtres a ne pas êtres.
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Sanz
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeMar 31 Jan - 20:38

L'attitude du Maître des lunes arraché un sourire de mépris aux lèvres du Prince. Tandis qu'autour de lui les palais s'effondraient, il ne bougeait pas. Sur son visage, les arabesques s'étaient mues en serpents qui se mouvaient lentement, ondulant leur couleur noire sur ses joues et sous ses yeux. Derrière lui, les airs effarés des uniques résonnaient aux visages calme et attentifs des hauts Seigneurs. Ils attendaient cette heure, chacun prêt a obéir aux échos harmoniques. Et il ne fallut pas longtemps avant que le prince ne leva la main, faisant briller la bague qu'il avait au doigt. Dans un seul éclat triomphant les autres bagues de chaque Seigneur du Sang s'allumèrent, emportant dans son explosion la visage des armées présentes dans le palais. Une bulle protectrice et lumineuse les entoura chacun soutenant son energie pure contre l'effondrement qui s'accéléraient. Ils restèrent quelque secondes, immobile sous l'amas de pierre qui grêlait autour d'eux jusqu'à ce que Sanz s'exprime d'une voix grave

Vous vous moquez de nous, Primat, et méprisez notre peuple, mais aujourd'hui je viens de sauver vos vies. Ou peut être qu'il n'est pas encore l'heure pour vous de mourir. Aidez moi, tendez moi votre main.

L'ordre fut difficilement avalé par le Chevalier de l'Unique, qui la tendit comment. Le Prince ferma alors les yeux et serrant les doigts de De Vaanne jusqu'à lui bruler la chair imprima dans son esprit des coordonnées erratiques qui semblaient n'être que des chiffres et des lettres sans que ni tête. Une seconde plus tard, la bulle explosa et tout le monde se retrouva à terre dans une clairière tenue par des dragons géants. L'expression heureuse de Cassiopée accompgna sa parole.

Le portail qui devait les entrainer à la guerre se retrouvait face à eux, immense.
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Fév - 5:50

Cassiopée retenait son souffle, surveillant d’un œil le corps de Fylgja déchiré et meurtri dans les bras d’un des douze.
Si peu de vie persistait dans le corps de la gardienne qu’elle n’arrivait même pas à lui apporter son aide. Toute son énergie était déployée vers un autre objectif, celui de la fuite.
Le prince du Sang Sombre leur avait livré un palais en ruine et une gardienne aux portes de la mort et surtout inutile dans l’état où elle se trouvait.
Un profond pli d’amertume barrait son front et froissait ses lèvres, mais au fond d’elle-même, elle savait que jamais elle n’avait fait confiance à ce Prince fou, totalement lunaire.

Alors que le portail apparaissait instantanément devant eux, elle précéda les premiers pas des hommes qui se trouvaient à ses cotés et glissa une recommandation au garde noir qui portait Fylgja.

-Laissez Tàranis prendre soin d’elle dès que vous aurez retrouvé sa trace.

Levant le bras gauche en l’air, elle arrêta la progression des hommes et pénétra seule sur l’immense disque gravé d’un dragon et d’une femme emmêlé tels le Ying et le yang épousés.
Elle se dirigea vers le centre du cercle et baissa un genou au sol afin de poser sa main bien à plat sur le front serti du dragon tracé.
Le disque minéral sur lequel elle se tenait se mit à luire d’une lumière bleue, presque violette.
Le dessin sur la pierre cracha ses contours éclatants.

Elle se redressa et se tourna vers Sanz.

-Le portail est ouvert, il faut aller vite maintenant. Bientôt les portes seront fermées. Tous vos hommes sont-ils là De Vaanne ?

Comme elle posait la question, les membres de l’Unique semblèrent se resserrer autour de leur Primat comme pour former un bouclier humain.

Les hommes destinés au passage étaient nombreux, trop nombreux pour un portail commun et Cassiopée avait du user des pierres serties pour permettre leur transport. Elle n’aimait pas servir l’Hérétique ainsi.

-Placez-vous au centre du portail.

L’ordre formel qu’elle venait de donner aux armées Unique et à leurs maîtres n’attendait aucun assentiment, juste un acte, et celui-ci fut effectué sans heurt et restriction.
Pas un murmure ne sortit des rangs inquisiteurs.

Les corps qui pénétraient dans l’aire renvoyaient l’éclat électrique et bleu du portail. L’air paraissait vibrer à leur contact. Mais seules les mines tendues des hommes laissaient présager de la crainte que leur infligeait l’entrée dans un lieu dont la magie suintait de chaque molécule.

Quand le dernier homme prit place. Sanz entra, taillant un cercle bien trop grand pour lui. Sa présence seule incitait les hommes à reculer de quelques pas prudents.




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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeJeu 8 Mar - 9:51

Les évènements s'étaient enchainé un peu trop vite pour la majorité des Enfants, qui s'étaient retrouvés de la condition d'assiégeant d'un château abandonné à celle de fuyards du-dit château, mais par un procédé hautement hérétique et surtout très désagréable. La majorité des troupes se trouvait encore sous le choc de la téléportation forcée et on pouvait en voir un ou deux à l'estomac fragile retirer leur casque pour vomir en toute discrétion, de préférence aux pieds d'un dragon.

- Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis surpris outre mesure de l'évolution de la situation, maugréa un DeVaanne qui regardait autour de lui avec une surprise teintée de fureur.

- Tu veux dire en dehors du fait que nous soyons encore vivant malgré l'éboulement et la magie allanthrope ? Suggéra Exodus, légèrement nauséeux.

- Ça oui, à la limite, concéda le Primat. Mais c'est plutôt le caractère lunatique, la lâcheté et les coups tordus de nos alliés et ennemies qui ne me surprennent plus. C'en est dérangeant, presque déprimant.

- Il faut croire que l'on s’habitue à tout, philosopha Teclis dans son dos. Je sais pour ma part que c'est au troisième elfe disséqué que j'ai arrêter de m'étonner à leur sujet. Et de beaucoup d'autre choses.

- Alors rien ne doit plus t'étonner depuis longtemps, vu que tu as certainement démonté pièce par pièce tout ce qui existait d'organique dans ce monde, et ce au moins deux fois. Maintenant, sujet clos, dit-il en se retournant pour contempler ses troupes.

Les Jurés s'étaient mis instinctivement en position, et après quelques ratés formèrent un carré parfait derrière DeVaanne et les Enfants. Les chariots et les chevaux, apparemment amené sur les lieux juste avant le début de l'assaut, se tenaient derrière les hommes, près à suivre la marche.

- Les hommes sont près à vous suivre sur votre ordre, Primat, annonça Mike d'une voix claire en s'approchant de son supérieur. Toutefois, rajouta-t-il à voix basse, ils sont nerveux. La situation semble les inquiéter et je crains pour leur moral.

- Il faut reconnaître que les dernières minutes ont été... intenses, précisa Sharah'In. Entre l’exécution de la jeune fille devant le trône, la disparition du lunaire et ce qui s'en suivit, je crois qu'on peut dire que le quota d'étrangeté a été atteint pour aujourd'hui. Et ca ne vas pas aller en s'arrangeant, fit-elle en levant la tête vers l'immense portail que Cassiopée venait d'activer.

Le portail occupait la quasi-totalité de la clairière, brillant d'une lueur bleue que les Enfants trouvaient à la fois superbe et malsaine et parcouru de vagues violines. Sa surface semblait essayer d'échapper à la dimension auquel sa créatrice l'avait assujetti et son ombre cachait la lumière naturelle sur une centaine de mètres.
DeVaanne contempla le portail pendant quelques instants, silencieux devant l’œuvre sanguine.


- Trop de magie, siffla Tear entre ses dents. Je suis sûr qu'il y a autre moyen...

- Pour atteindre Galvorn ? Des dizaines. Pour atteindre Galvorn avant nos "amis", aucun. DeVaanne fit face à ses subordonnés, leur imprimant à chacun d'entre eux son regard entre les deux yeux. Maintenant écoutez et mémoriser chacune de mes syllabes, gravez les vous au fond du crâne et faites passer le mot : derrière se portail se trouve une de Ses armée en renforts, prête à nous aider dans notre assaut de cette poubelle allanthrope qu'est Galvorn. Cette chose n'est qu'un moyen de transport, il ne leur fera subir aucune influence pernicieuse du moment qu'ils gardent leur foi inébranlable. Et si malgré cela certains craignent pour la pureté de leur âme, rappelez-leur que la guerre qui les attends, et le massacre de cette population hérétique et déviante est la meilleure repentance qu'ils pourront présenter à l'Unique. Enfin, pour les derniers récalcitrant s'il en est, reprit-il d'une voix à la fois calme et inquiétante, qu'ils sachent que je m'occuperais personnellement des confessions, au moment de leur choix.

Les paroles du Primat (en particulier les dernières) firent donc le tour des trois cents Jurés à la vitesse de la lumière. En moins de temps qu'il n'en fallait à Exodus pour vider un bol de cacahuète, les hommes se tenaient tous droit comme un piquet et arborait un air de détermination farouche qu’effritait à peine la terreur que pouvait leur inspirer la colère de leur chef (DeVaanne avait depuis longtemps fait sien le credo affirmant qu'un soldat n'aurait peur d'aucun ennemi si l'on s'arrangeait pour être encore plus à craindre à ses yeux). Sa prêche était suffisamment efficace pour faire pleurer le plus éloquent des prélats. C'est à se moment que Cassiopée revint à leur hauteur.

-Le portail est ouvert, il faut aller vite maintenant. Bientôt les portes seront fermées. Tous vos hommes sont-ils là De Vaanne ?

- Tous sont là, Dame Cassiopée, en partie grâce à vous, concéda-t-il de mauvais cœur alors que les Enfants se ressaieraient autour de leur Primat avec une coordination qui aurait pu lui faire venir la larme à l’œil en d'autre circonstance. Quel est la suite du plan?

-Placez-vous au centre du portail.

DeVaanne ne se retourna même pas vers ses troupes, confiant dans leur discipline, et avança d'un pas décidé, talonné de près par les sept Enfants. Les Frères Jurés se mirent en marche à leur tour, leurs pas résonnant au son d'un rythme parfait sur le sol vitrifié de clairière. Ils allèrent ainsi jusqu'au centre du cercle, accompagné par les ondulations que leur mouvements semblaient provoquer dans tout le périmètre du portail, la lumière bleu se reflétant sur leur couleurs et masquant en partie l'or et rouge de leurs uniformes. Mais même une fois le centre atteint, l'espace restant paraissait capable d’accueillir encore autant de troupe.

- Cette chose est gigantesque, murmura Laylay au casque de son Primat, et bien trop dangereuse pour leur en laisser l'usage. Il m'a prévenu. Il faudra la détruire si-tôt notre accord... suspendu.

DeVaanne se contenta de hocher imperceptiblement la tête. Sa décision était déjà prise depuis longtemps en ce qui concernait se portail.
Sanz fit son apparition à cet instant, pénétrant dans le cercle pour venir se placer près des Enfants, lesquels reculèrent d’instinct, leur chair réagissant d'elle même à la présence du mal ancien.
Les dragonniers suivirent, se posant jusqu'à remplir le cercle, les douze seigneurs encadrant leur maitre impie. Le portail fût alors entièrement recouvert par les troupes des deux camps, lesquels tentaient le miracle de se tenir aussi serrés que possible tout en étant loin de leurs alliés. C'est alors que Cassiopée saisit un large cristal et le brandi aussi dessus de sa tête.
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Sanz
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeVen 9 Mar - 8:55

Quand on emprunte un portai, la question repose toujours sur le calcul des coordonnées et la fiabilité de ces calculs pour espérer arriver à bon port. Dans le sang, il n'y avait pas ce genre de préoccupation. Les Dragons, Souverains du ciel pouvaient mentalement cartographier n'importe quelle zone dans leur long voyage et la précision de leur mémoire défiait tout instrument humain ou même divin. C'était la leur avantage sur le reste du vivant. Ils savaient voyager, choisir les bonnes fenêtres au bon moment, et ne se trompaient jamais. Mais la magie nécessaire pour transporter autant d'âme exigeait d'autres conditions. Il devait restituer particule par particule, essence par essence, le lot d'une armée entière et de sa suite. Tandis que Cassiopée élevait un cristal de résonance, les flots d'énergie liés aux Dragons de Pierre, Gardien du Portail, se concentrèrent en un point puis dans une sorte de nova violette explosa, emportant dans sa violence tous ceux qui étaient au centre du Portail.

Au début il n'y eut rien. Puis l'erratique présence d'une centaine d'âmes confrontées à l'approche du néant. Au loin, dans un écho lointain de lumière, une fenêtre brillait. C'était la frontière entre le néant et ce qui existait. la Puissance du Cristal avait formé une bulle protectrice qui semblait s'effritait lentement dans des nervures instables. La voix du Prince ne s'exprima qu'une seule fois dans toutes les âmes à la fois :

Ne vous approchez pas du bord.


Ils étaient au delà du temps, au delà du réel ; dans un flux d’énergie pure ou les sens se disloquaient. S'ils voyaient, s'ils éprouvaient, ce n'était plus que dans une forme de rêve abstrait où le décor était insaisissable, le sol invisible donnant sur un trou noir et béant. Était ce noir d'ailleurs ce gouffre insondable qui paraissait être autant sombre que livrer multitude de couleurs irréelles? Il se passa cette seconde de fascination ou les néophytes semblaient attiréd par ce gouffre, déstabilisés par le non-lieu, jusqu'à ce que leur espace se rétrécisse brusquement et explose à nouveau.

Dans une clairière baignée par des flots de sang qui coulaient lentement en fleuve, cernant le Portail immense, au centre de la cohorte Cassiopée s'était effondrée, le cristal brisé lui tailladant les mains. Dans les ténèbres, le Prince semblait une ombre géante entourées d'autres silhouettes de Dragons. Déçu ou inquiet de ne pas reconnaitre l'endroit le Primate cria:

- Où Sommes nous? Je ne reconnais pas...

La voix du Prince l'interrompit dans un grondement sourd:

- Dans un portail de transition, les pierres serties n'ont pas tenu. Le cristal a rompu. Et quelque un de vos jurés ont sauté dans le gouffre.


Autour d'eux, le petit monde observait au sol des corps tronqués dont il ne restait plus que le tronc, ou même un main crachant son sang dans les mares pourpres qui l'entouraient.

- Les erreurs ne pardonnent pas. Nous allons devoir nous séparer ici pour éviter que la suite ne ressemble à ceci. Cassiopée continuera le trajet avec vous.

Alors sa voix enfla encore d'un degré pour devenir un ordre brutal:

- RELEVE TOI, FILLE d'ISSAC.


Cassiopa sembla lever la tête et montrer ses yeux livides ou plus un ciel ne brillait mais des pupilles ensanglantées par l'énergie qu'elle devait fournir pour se redresser. Autour d'eux l'onde rouge sembla bouillir, répondant à la voix dans une effervescence menaçante. Alors la bague de la Protectrice brilla et la voix reprit:

- Finis ton travail.

Puis dans un souffle comme l'ombre d'une parole qui s'insinue dans la conscience de Cassiopée, murmurait la sentence que le Prince lui destina : " Tu as voulu les sauver, il faut désormais assumer".

Alors elle se remit debout, éleva de nouveau le cristal dont les fragments se réorganisèrent en une orbe parfaite pour briller de nouveau et absorber la cohorte,abandonnant dans l'espace de transition les Dragons et leur Maître.
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeSam 10 Mar - 7:05

Il lui avait strictement interdit d’intervenir, quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, elle ne devait pas agir. L’ordre paraissait simple, et elle avait accepté sans broncher la condition à sa venue. Elle ne voulait pas rester à l’écart alors qu’ils seraient en danger.

Le voyage en dragon avait été grisant, tout comme observer cette masse d’hommes prête à l’affrontement. L’ordre avait été suivi sans difficulté, elle était restée cachée sans un bruit sans un mouvement, alors qu’ils entraient dans le palais lunaire.

Les difficultés avaient commencé au moment où la jeune femme avait été jetée au pied du Prince. Nayima ne pouvait rester immobile alors qu’elle voyait la vie s’écouler de cet être. Alors qu’elle commençait à remuer, elle sentit le poing de Prince se serrer, ses muscles tendus. C’était un avertissement, elle ne devait agir.
Frustrée, elle serra son emprise autour du bras de Sanz, une manière de se contenir, mais aussi d’exprimer son désaccord. Pourtant elle obéissait, allant contre ses instincts qui lui ordonnaient de se précipiter vers la victime. Une fois de plus elle était étonnée du contrôle du Prince sur sa personne, de sa capacité à obtenir d’elle l’obéissance. Probablement était-elle déjà trop marquée par les conséquences de chacune de ses rebellions.

Le palais s’effondrant, le véritable voyage débutait. L’emprise du portail lui donnait toujours ce sentiment d’inconfort, de malaise ; la certitude de ne pas être à sa place ; la sensation d’une discordance dans son être physique. Elle réagit en s’enroulant davantage autour du bras du Prince, la brûlure de sa peau agissant comme un doux réconfort sur ses écailles d’obsidienne. Sa langue dardait à un rythme effréné, cherchant l’ouverture de la manche, cherchant à sortir de cet endroit étouffant.
Il y avait un problème dans le déroulement du voyage par le portail. Lentement, elle sortit sa petite tête triangulaire de la manche pour observer les alentours. Elle vit Cassiopée à terre et lentement se relever pour obéir à l’ordre du Prince, pour sauver les soldats.
N’y tenant plus, le petit serpent noir d’obsidienne commençant à descendre du bras du Prince ; Nayima irait soutenir Cassiopée, elle ne risquait rien maintenant qu’ils avaient quitté le palais.

Alors que la moitié de son corps s’échapper dorénavant de la manche, un poing brûlant l’attrapa à la base de sa tête. Instinctivement, elle tenta de mordre l’attaquant ; mais elle était piégée adroitement par la poigne de fer. Lentement le bras se releva, et le regard du Prince croisa les yeux rouges de Nayima qui cessa de se débattre. Le serpent semblait sans vie dans cette main, le long corps noir ne bougeant plus. Seule sa langue continuait de dardait lentement alors que sa gueule restait ouverte sous la pression effectuait par le Prince. Elle avait désobéi, elle s’était montrée.
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Sanz
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Mar - 19:59

Tenant fermement dans sa poigne le Serpent plein d'audace, il fixa les yeux ardents du reptile comme pour mieux lui monter sur son visage impassible une forme de colère contenue. Ce ne fut que lorsque l'ombre derrière lui lui murmura de la relâcher qu'il desserra l'étreinte. Il murmura lentement :


Ton rôle n'est pas de sauver ceux qui font des erreurs. Et il existait des ordres clairs quand à tes interventions, Ashka*. Je pensais pouvoir te faire confiance. Désormais je sais.


Sortant de sa longue veste ample une bague finement taillée, ornée de symboles draconiens et obligeant le serpent a plier sous sa main il enfila l'anneau qui aussi pénétra ses fins crocs dans la chair et fit corps avec Nayima. Ses yeux devinrent pourpre brusquement avant qu'un d'un coup de queue elle se dégagea et mettant une distance entre le Pince et lui l'observa avec un accès de rage subit:

Maintenant il va falloir obéir. Va à Galvorne et traque la présence de Grendelor. Ne reviens que si tu as des pistes sérieuses. Pas avant.

Puis il se retourna et se mêlant dans les ombres qui dessinaient l'horizon murmura :

Il est l'heure de s'envoler, Chevaliers. La Fin nous attend là-bas.

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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeSam 31 Mar - 18:24

Si le regard de Cassiopée semblait inexpressif, si son corps était devenu pantin sans vie, sa conscience demeurait.
Elle se savait mise à disposition d’une cause qui dépassait un simple passage, via le Néant, vers une destination portuaire.
Les doigts ensanglantés, elle avait ramassé un à un les morceaux de cristal que l’explosion avait éparpillés autour d’eux. La marque lumineuse qui marquait son doigt à la place de l’anneau pulsait sur sa peau. Elle répondait à l’appel de Sanz et agissait tel qu’il l’exigeait. Elle ne cherchait pas un autre choix.
Les cristaux rassemblés au creux des ses deux mains s’étaient naturellement amalgamés pour former un globe dont s’échappait une lumière qui s’étendit rapidement pour envelopper l’ensemble des survivants de la Confrérie de l’Unique.
Il n’était pas question, cette fois, que la charge soit trop forte et Cassiopée appela en renfort la puissance mentale de ses sœurs de la nuit. Les astres inertes demeuraient seuls points d’attache à sa raison et pouvaient l’aider à canaliser les bouleversements qu’occasionnait un Eveil prématuré.
Lorsque le dernier des hommes fut cerné par le voile, l’énergie déployée par la sphère s’intensifia et chacun put se sentir soulevé jusqu’à en perdre pied.
Le pouvoir du cristal avait laissé Sanz et ses hommes sur le portail de transition, mais ceux de l’Unique purent concevoir, en cet instant, ce qu’était le chaos.
Tous ses repères perdus, Cassiopée enserrait l’orbe de ses deux mains, gardant ainsi son équilibre dans une verticale qui n’avait plus de valeur.
Autour d’elle, les hommes, désarticulés par le vide qui les environnaient, ne formaient qu’un amas humain.

Pourtant, le transport fut de courte durée et la bulle put éclore dans l’espace d’une pré-conscience qui rendit aux hommes le pouvoir d’ouvrir leurs poumons à l’air froid et coupant qui sifflait autour d’eux. Ils pouvaient enfin se sentir d’aplomb sur leurs pieds.
La voix sourde de Cassiopée parut sortir de nulle part quand elle interpela le Primat :

- Nous sommes aux portes de Galvorn.

Alors qu’elle parlait, la lumière du jour illumina la sphère, révélant la grisaille de la pierre et des murs bétonnés de Galvorn que chacun pouvait apercevoir au loin.
Un énorme soupir, sans doute expulsé par des centaines de poitrines à la fois, retentit à cette vue.

- Nous ne sommes pas visibles aux yeux des hommes, notre arrivée est seulement imminente.


C’est alors que le Primat, qui avait retrouvé toute son assurance s’exclama :

- Mais que faisons-nous à Galvorn ? N’était-il pas convenu que vous deviez nous laisser à Port-Liberté !


Cassiopée tourna vers lui son regard cramoisi et sans vie qui l’incita à pincer les lèvres en redressant le torse.

- Je vous ai mené là où il m’était demandé de vous mener.
Mais si telle est votre désir …


Son geste fut brusque et surprit les guerriers qui se resserrèrent instinctivement les uns contre les autres quand l’orbe grésilla.
D’un seul geste, ils se protégèrent les yeux quand l’orbe les rendit aveugle l’espace d’un instant lorsqu’il émit un éclat violet d’une violence rare.

Lorsqu’ils virent à nouveau, la bulle dans laquelle ils se trouvaient semblait posée sur l’océan, et leurs pieds effleuraient l’eau sans la toucher.
La sphère glissait sur l’onde comme l’œil circule sur une image et vint se placer sur une plage de sable parfaitement blanc.
L’enveloppe qui les cernait un moment plus tôt se dématérialisa d’un coup et le sable prit matière. Ils pouvaient sentir le moelleux des grains qui crissaient sous leur pied et humer l’air frais, presque chaud, qui venait éveiller leurs narines et leurs sens.

- Port-Liberté est à quelques kilomètres à l'Ouest.
Je vous laisse ici, Primat.


Cassiopée tenait toujours le cristal dans ses mains écorchées. Mais celui-ci devenu terne, n’émettait plus une lueur.

Au-dessus d’eux, un dragon de taille assez exceptionnelle descendaient en une longue spirale légère. Lorsque son ombre les fit frissonner de froid autant que de la crainte qu’il inspirait à chacun, Cassiopée s’écarta du groupe et le rejoignit sur le promontoire rocheux sur lequel il s’était posé.

Alors que la garde rattachée de l’Unique se dirigeait vers Port-Liberté en tournant la tête pour apercevoir une dernière fois le couple qu’elle laissait sur la plage, les guerriers prenaient possession de la moindre sensation physique les rassurant sur le bienfondé d’un monde matériel. Cassiopée les regarda un moment s’éloigner puis grimpa sur les flancs de la majestueuse silhouette et enfourcha son col et le dragon prit son envol.
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Mai - 0:48

- Merci dame Cassiopée, répondit froidement le Primat. nous nous retrouverons à Galvorn dans quelques jours. Entre temps, essayez de ne pas vous faire massacrer.

Tournant ostensiblement le dos à son interlocutrice, il se dirigea vers Exodus qui était très occupé à avoir précisément l'air occupé. Un raclement de gorge impérieux lui fit adopter une position un peu plus réglementaire et, surtout, lui fit regarder dans la bonne direction, c'est à dire celle de son chef.

- Fais-moi un rapport. Qui s'en est sorti ?

- Eh bien, ce n'est pas particulièrement brillant... Une grosse moitié des chevaux est partie en pièces détachées, ce qui fait qu'il nous en reste une trentaine. Pour les hommes, nous en sommes à 25 frères jurés ou cavaliers morts, sur le point de l'être ou incapables de se battre temporairement ou définitivement.

- Ils me payeront ça, je te le jure. Un dixième sur le carreau, sans combattre... terrifiant. Bon, fais monter la confrérie sur les chevaux, et autant de cavaliers que possible. Ah, et amène moi le frère sergent des jurés.

Quelques minutes plus tard, les chevaux étaient prêts à partir en haut de la dune, piaffant d'impatience devant leur matérialité retrouvée. A leurs pieds, les cavaliers qui n'avaient pas de monture regardaient haineusement leurs camarades plus chanceux qui avaient le bon goût d'en paraître désolé. De Vanne, lui, donnait ses ordres.

- Sergent, je vous donne le commandement de la troupe. Votre position est entre Galvorn et Port-Liberté. Retranchez-vous près de la route et attendez-nous. A priori, les Lunaires sont retranchés dans leur cloaque mais faites attention tout de même. Des questions ?

- Aucune, Primat. Bon voyage.

***

Les trente cavaliers faisaient trembler la route qui menait à Port-Liberté. Le Primat était décidément tenaillé par l'urgence, et la troupe avait mené un train d'enfer sur la distance, heureusement courte, qui séparait leur point d'arrivée et le camp retranché de l'Unique. Finalement, les remparts tant attendus se découpèrent sur l'horizon au détour d'une boucle de la route et De Vaanne fit enfin passer, pour la première fois, d'un galop déchaîné à un simple trot soutenu.
Ils entrèrent dans la ville qui pavoisait désormais aux couleurs de l’Unique, gardée par ces soldats étrangers débarqués des multiples navires dont les mâts, dans la rade, faisaient comme une forêt blanche. Sans s’arrêter un seul instant au guet qui avait eu l’intelligence de reconnaître des gens pressés avec ce qui avait à leur tête toutes les chances d'être le seul Primat de Ter Aelis, et s’était écarté promptement, le groupe continua jusqu’au quai du Xupimada. Le fier navire, avec sa coque haute et ses mâts surélevés, écrasait de sa masse les bâtiments proches et crasseux qui faisaient office de quartier général.
Alertés par le bruit, les différents commandants sortirent précipitamment d’une taverne pour recevoir leurs ordres, que De Vaanne commençait à beugler à tout va. Entre le changement de chevaux, l’inévitable désorganisation d’une armée restée dans le même cantonnement trop longtemps, la recherche d’Exodus parti en quête d’un plat chaud à manger et la gueulante corrélative, le sauvetage de Teclis des mains de Von Lenhart quand il avait déclaré avoir une « idée pour améliorer l’efficacité des frégates », et la formation d’une colonne de marche, quelques heures s’étaient écoulées. Pas un si mauvais score, donc.

- Vous restez sur la route de la côte, et je vous accompagne sur mer.

- Exactement. N’hésitez pas à brûler tout navire pirate que vous rencontrerez, mais évitez de traumatiser le commerce.

- Toujours des restrictions… dit l’archimandrite en montant à l’échelle de coupée.

- Cette terre n’est pas encore irrémédiablement païenne, Von Lenhart. Il en reste peut-être quelque chose à sauver, mais ce ne sera pas à Galvorn !

- Nous essaierons d’en laisser deux ou trois pierres debout pour que vos troupiers s’amusent !

- Ben voyons, ricana De Vaanne en tournant le dos au quai pour retourner vers la colonne qui s’était formée.

Derrière lui, des craquements de bois qui travaille laissaient entendre clairement que toute la flotte du Culte était en train de lever l’ancre pour sortir de la baie. Devant lui, dans un calme tout relatif, l’armée, et ses officiers en tête, attendait les ordres. Dragowyn, qui attendait, entouré de son état-major, de monter en selle, fit un pas en avant.

- Les troupes sont prêtes et attendent vos ordres, primat.

- A vous le soin, pour le moment, ethnarque. Je ne rajouterai que quelques directives.

- Merci, primat, répondit Dragowyn, et de se retourner pour élever la façon à ce que tous dans un rayon raisonnable entendent les ordres. Je veux cent tirailleurs en avant de la colonne pour servir d’éclaireurs ! Qu’ils me rapportent tout ce qu’ils voient, même le détail le plus insignifiant : nous sommes en territoire hostile ! Lanciers et chevaliers en double colonne pour protéger les fantassins, tirailleurs au milieu pour intervenir ! Primat ?

- J’ajouterai deux choses : vous verrez d’abord que ce territoire n’est pas comme celui de nos terres sacrées. La flore n’est pas la même, ainsi que la faune. Vous verrez des choses bizarres et vous en aurez peur, mais n’oubliez pas que ce que vous devez craindre d’abord et avant tout, c’est l’allanthrope. Méfiez-vous si vous en voyez, ne leur adressez pas la parole sauf cas de force majeure. Pour autant, ne les tuez pas ni ne les molestez à moins d’en recevoir l’ordre. Certains seront nos alliés. Pour le moment, du moins...

Un murmure parcourut les rangs. Il était rare d’entendre un officier déclamer crûment ce genre de choses s’il souhaitait survivre aussi longtemps que la moyenne.

- Contentez-vous d’obéir aux ordres. Nous avons nos raisons, et elles sont bonnes. Rappelez-vous enfin que celui qui oublie ces directives aura de très bonnes raisons d’avoir peur, car alors il m’aura mis sérieusement de mauvaise humeur. Et tout le monde sait que la colère d’un primat s’évite comme la peste, surtout la mienne!
Deuxième chose : que ceux d’entre vous qui ont de bons yeux scrutent également le ciel et qu’ils me rapportent tout ce qu’ils ont vu qui dépasserait la taille d’un oiseau. En attendant, marche !


La colonne s’ébranla lourdement, les premiers rangs commençant à avancer alors que les derniers ne le feraient que de longues minutes après. Les tirailleurs exaltés lâchèrent la bride à leurs chevaux et partirent au galop en avant de la colonne dans un nuage de poussière, excités par l’idée d’échapper à la pesanteur du regard des chefs. Les autres cavaliers prirent plus dignement leurs places assignées en échangeant, pour certains, bons mots et quolibets aux troupes à côté de qui ils voyageraient.
Tous se turent cependant quand le véritable signal de la marche se fit entendre. Les troupes du Culte, hors des grandes occasions, ne se caractérisaient pas par une débauche d’instruments car le rôle principal des soldats devait être la guerre, et non la musique. Un seul instrument avait particulièrement droit de cité : un tuba étrange, issu des premières années de la révolte contre les Princes Esclaves, alors que les soldats n’avaient encore guère de moyens. Produit rapidement, mal dégrossi, il donnait un son tellement grave qu’il faisait vibrer les cages thoraciques des personnes à proximité. Son impact psychologique, lorsque plusieurs exemplaires chacun unique par sa production hasardeuse étaient utilisés, fut remarqué et apprécié. Le péan des hommes, désormais, annonçait la présence du Culte sur tous les champs de bataille, et il glaçait le cœur des ennemis comme il remplissait celui des croyants d’une froide détermination.
Pour la première fois, et pas la dernière, il s’attaqua au cœur des Aelissiens.
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Aoû - 17:12

Les troupes du Culte de l'Unique quittèrent leurs quartiers de Port-Liberté avec une discipline exemplaire, suivant à la lettre les ordre beuglés par leurs officiers. L'avant de la gigantesque colonne adopta rapidement un rythme de marche soutenu, le Primat ayant insisté pour que le trajet se fasse le plus vite possible tout en laissant les hommes capables de livrer bataille par la suite. La formation était structuré autour des troupes régulières Croisées, composées de près de 2000 hommes marchant par rang de dix, lances et boucliers sortis, leur Jarl en tête. Les 800 archers de métiers étaient quand à eux dispersés par groupe d'une centaine d'individus à l'intérieur de la colonne de fantassins, leur officier principal naviguant d'un groupe à l'autre au gré de la marche. Ca et là au sein de la colonne apparaissaient des tricornes noires, apanage exclusif des Francs-tireurs, lesquels, s'ils n'étaient pas placés en éclaireurs, se séparaient par escouade au sein des troupes régulière selon un schéma connu de leur officier et de lui seul.
Sur le flanc gauche, tel un greffon maladroit, marchaient les Engagés fervent, à peut près 800 civils ayant rejeté une vie monotone mais simple pour le privilège de Le servir le temps d'une campagne, chantant les envois les plus connus du Cultes pour se donner du cœur et essayant désespérément de rester au niveau des soldats de métiers. Il étaient secondés dans leur position par le restant des Tirailleurs qui n'avaient pas été envoyé à l'avant de la marche et ces derniers ne cessaient de se faire agresser de questions par des civils impressionnés et quelques peut jaloux de leurs montures. Ils s'agissaient des troupes les plus légères de l'ost en marche, généralement peut efficace pour tenir cette position, mais ce côté de la colonne était exposé durant presque toute la marche à la mer, limitant grandement les risque d'assaut en provenance de cette direction.
Le flanc droit était lui occupé par les Lanciers du Culte, force mobile et polyvalente qui pourrait réagir à la vitesse de l'éclair en cas d'attaque, et par les Chevaliers de l'Ordre, véritables forteresses mobiles dont la puissance compensait largement le manque de vitesse. Qu'un ennemi ose s'approcher et ce serait pas moins de 500 cavaliers qui les chargeraient en sonnant du cor.
La colonne était fermés par une dizaine de lourds chariots supportant de larges grilles de fers et recouverts de toiles écarlates, et dont s'échappaient des gémissement à chaque secousse un peu violente. Les Repentis étaient en phase de privation et une pesante odeur d'encens s'échappait de leur cage, cachant en partit les effluves d'excréments et de pourriture que produisait la vingtaine de sujet que transportait chacun des véhicule. Un onzième chariot, situé un peu plus haut, contenait la totalité de l'équipement nécessaire à transformer ces rebuts en machine à tuer à usage unique. Il se trouvait à hauteur de cinq autres chariots, cette fois couverts par un drap d'un blanc immaculé frappé du sceau de l'Unique et qui transportaient les lourdes armures destinés aux Hallebardiers Templiers. Ceux ne pouvaient en effet porter leur armures sur le dos pendant la totalité du trajet et espérer pouvoir se battre par la suite, aussi étaient-ils simplement vêtus d'une robe de lin épaisse et rêche. Toutefois ils portaient à la main leurs lances et boucliers, le Jarl en charge des hommes jugeant qu'ils devaient être prêt à défendre la queue de la colonne en toute occasion.
D'autre chariots apparaissaient sur une bonne moitié de la colonne, tous frappé d'une couleur différente. Ingénieurs Archivistes, Mages Dévots, réserves de munition, forgerons de campagne, hôpital roulant, intendance... Tout ceux qui n'entraient pas dans la formation de la colonne s'y trouvaient, mais chacun pouvait répondre à l'appel en cas d'attaque, les bâches marquées par l'ordre des Archivistes pouvant se relever pour laisser apparaitre les innombrables inventions et armes à feux qu'ils développaient avec amour, dans l'objectif tout assumé d'abattre leur prochain de la manière la plus efficace qui soit.
Enfin, placés au centre de la colonne, le Primat DeVaanne et l'Ethnarque Dragowyn, escortés par la vingtaine de Frère Juré que le chef des Enfants avait gardé avec lui, établissaient les tactiques à mettre en vigueur lors de l'assaut de la ville grouillante et anarchique qu'était Galvorn, communiquant avec les forces navales qui les suivaient le long du littoral par miroir, voir par oiseaux. Les Enfants restaient pour l'instant autour de leurs chef, en attente d'ordre. Toutefois, tout accaparé qu'était celui-ci par les discussions avec l'Ethnarque, chacun finit plus ou moins par se disperser, se mêlant aux troupiers au gré du hasard.

L'armée du Culte de l'Unique de Ter Aelis, première force de conquête arrivé dans le pays depuis plusieurs siècles, traversa ainsi sa première journée, s'enfonçant un peu plus en avant dans ce qui serait son futur territoire.

Lorsque vint la nuit, l'ost forma rapidement un cercle de tentes structuré autour des chariots, attachèrent les chevaux et formèrent un ordre de patrouille. Après un court office, les hommes purent enfin se coucher et se reposer en vue de leur future bataille.


* * *

Le lendemain matin se fit entendre plusieurs minutes avant le lever du soleil, au son de puissant cors qui réveillèrent sans faute le campement. En moins d'une heure les troupes furent nourries, équipés et la colonne fut reformée. La marche fut annoncé au même son que la veille et l'armée s'engagea dans son deuxième jour de progression dans le territoire ennemi.

- Encore une fois DeVaanne, pouvez-vous indiquer si l'ennemi pourra nous opposer des remparts et des fortifications dignes de ce nom? demanda Dragowin. Depuis hier vous me décrivez Galvorn comme un amoncèlement hétéroclite de bâtisses pourries, vaguement structuré autour d'un port, mais qu'en est-il des défenses auxquelles nous seront confrontés? Nous n'avons pas pris avec nous d'équipement de siège, et le construire sur place serait fort couteux en temps.
- Et en hommes, souligna Torgalov, le Prélat adjoint à l'Ethnarque en tant que conseiller religieux. D'après les cartes que vous nous avez confié, Primat, l'estuaire du grand fleuve est un vrai bourbier et Galvorn se retrouve encerclée par de nombreuses zones marécageuses. Un séjour prolongé au sein de ce cloaque humide et ce sera l'épidémie. Une fièvre peut décimer une armée aussi surement que les lames adverses, Primat. N'est-ce pas ce que l'on enseigne aux inquisiteurs?
DeVaanne se passa la main dans les cheveux en soupirant, réfléchissant à la manière la plus simple d'étrangler Torgalov sans que toute l'armée ne s'en aperçoive, sans résultat. Je pourrais demander à Tear de brûler discrètement sa tente cette nuit, songea-t-il...
- Merci de votre avertissement, Prélat Torgalov, parvint-il à dire le plus agréablement possible, mais soyez sans crainte, la formation inquisitorial est des plus complètes et l'inconvénient du terrain ne m'a pas échappé. Il serait en effet suicidaire de rester camper plus d'une nuit sur une telle tourbière, à plus forte raison qu'elle se trouve à côté de Galvorn. Reniflez sa puanteur et vous comprendrez de quoi je parle. Pour ce qui est des défenses Dragowin, je ne peux hélas pas donner de meilleurs réponses que celle d'hier: l'architecture de cette ville est telle que si un jour elle a connu une enceinte, celle-ci peut très bien avoir disparu sous l'empilement des habitations comme elle peut servir de ceinture intérieure. Mes rares visites à Galvorn ne m'on laissé que de vagues souvenirs de brumes, et ces maudits Lunaires sont doués pour repérer et faire taire les espions. Ma seule certitude est que les faubourgs ne sont protégés dans le meilleurs des cas que par des enclos de jardins, ce qui à mon humble avis ne demande pas de bélier. Après, si cela peut vous rassurer, nous pourrons demander à l'Archimandrite Von Lenhart de pointer ses canons sur les potagers des banlieues avant l'assaut, qu'en dites-vous?
- Qu'ils auront bien assez de travail comme ça pour qu'on ne les dérange pas pour rien, répondit Dragowin avec humour. Nous arriverons bien à bout de quelques légumes, avec la grâce de l'Unique.
- Parfait, donc nous restons sur notre plan de base: attaquer par le sud-est, soutenue par la flotte qui longera la côte. Nous investissons les faubourgs, prenons d'assaut les potentielles défenses et poussons jusqu'aux docks où se trouvent leurs principaux entrepôts, tandis que nos... alliés Sanguins lancent l'assaut depuis les plaines du nord-est, visant la place centrale.
- Une telle ville comprend de nombreuses ruelles et passages entre les bâtiments, remarqua alors Torgalov. Comment comptez-vous éviter les contre-attaques dans cette situation?
Ou alors lui conseiller d'aller assister à une expérience de Teclis, ça passera pour un accident de terrain...
- Prélat Torgalov, intervint l'Ethnarque d'un ton conciliant, vous êtes un homme de bon conseil et j'irais même jusqu'à dire un ami, mais sachez que le Primat et moi-même avons suffisamment d'expérience dans le domaine de la guerre pour nous rendre compte par nous même des inconvénients d'une bataille urbaine. Les tactiques à appliquer sont déjà établis et les officiers avertis des dangers auxquels ils seront confrontés. Cela étant, nous ne pourrons éviter les mauvaises surprises et il est évident que nous perdrons des hommes. A nous de nous assurer que l'ennemi en perde plus.
- Inutile de me redéfinir le but d'une bataille, Ethnarque, je vous accompagne depuis assez longtemps pour l'avoir appris par moi-même, et je ne suis pas encore gâteux. Mais vous ne pouvez me reprocher de me soucier des âmes de ceux qui tomberons dans ce conflit. Chaque vie perdue face à l'hérétique est une défaite en soi, et mon rôle est de ne pas vous le faire oublier, à vous comme à notre Primat.
- Je suis fort touché de vos inquiétudes Prélat, répondit DeVaanne d'une voix mielleuse, mais rappelez-vous de votre côté qu'il n'y a pas d'acte de foi plus grand que de Lui donner sa vie, et qu'un tel exemple de piété ne saurait qu'encourager la diffusion de Sa parole. Et c'est là tout ce qui compte. De plus, sachez que je jouis d'une excellente mémoire, et que l'on peut dire sans se tromper que je n'oublie rien, absolument rien.
Et tu risques de t'en rendre compte à tes dépends, lorsque Laylay viendra glisser sa lame entre tes côtes, songea le Primat. Qu'il rabâche ce genre de poncif aux soldats passe encore, mais qu'il ai l'orgueil de faire la leçon à un Primat... La réputation de l'Inquisition allait devoir être renforcée à l'avenir.
D'un autre côté on ne pouvait pas dire qu'il avait tort: la bataille allait être sanglante, et la configuration chaotique de la ville n'allait pas les aider. Par les Saints, ils n'avaient même pas réussit à obtenir une carte complète de la Cité, même en s'adressant aux contrebandiers ou à l'économie souterraine! Ils devait exister un nombre infini de ruelles et venelles sans nom, connus uniquement des quelques habitants y résidant. Remarque, avec un peu de chance l'ennemi lui même ne les connaissait pas toutes. DeVaanne se débarrassa rapidement de cette idée: ces derniers temps, sa chance semblait se résumer à se réveiller chaque matin dans un bâtiment plus ou moins intacte malgré la proximité des allumés qui lui servaient de commanderie.

- Si je puis faire une remarque...
DeVaanne et Dragowin se tournèrent en direction de leur second compagnon de route, jusqu'à présent resté silencieux, au contraire de Torgalov. Le Frère-Jarl Rudiger, Chevalier de l'Ordre de l'Unique et responsable de la cavalerie pour cette armée, s'était pour l'instant contenté d'écouter avec attention le plan de bataille, hochant la tête pour signaler son approbation et souriant aux allusions. Qu'il prenne la parole avait suffit à faire taire les trois autres cavaliers.
- Concernant l'architecture de cette ville, il y a un petit détail à régler. Je ne compte pas épiloguer sur les dangers qu'encours les troupes à pieds - après tout l'infanterie est là pour ça, dit-il sans se soucier du regard outré de Torgalov - mais je me pose des questions quant au rôle qu'elle laissera à nos forces montés. C'est presque un sixième de cette armée qui est concerné et vu les conditions que vous nous présentez, ses actions risquent fort de se limiter à la poursuite des fuyards en dehors de la ville. Je ne vous ferais pas l'affront de préciser qu'une charge dans une ruelle étroite et tortueuse est contre l'idée d'origine.
DeVaanne se permit un sourire à cette réflexion. Le problème de l'usage de la cavalerie s'était également posé à lui pendant la première journée de leur voyage.
- Ce serait effectivement un gâchis que de cantonner des soldats tels que vous à rôle d'arrière garde. Or cela tombe bien car j'ai justement là une mission qui, je pense, vous plaira. Il sortit une carte roulée qu'il essaya d'aplatir le mieux possible contre sa cuisse. Regardez ce plan: même si l'on ne voit pas le détail des lacets reliant les quartiers, on y voit en revanche clairement les quatre grands axes qui relient les docks aux portes, en passant par plusieurs grandes places. Contrairement au reste de la cité, elles sont assez large pour permettre le passage d'au moins six chevaux de front, et entièrement pavés, pour votre plus grand confort. Aussi votre rôle sera le suivant: procéder régulièrement à des allez retours charge-retraire le long de ces axes pour enfoncer les défenses adverses et couper les groupes ennemis de leurs renforts. En cas de barricades, les dragonniers du sang devraient pouvoir se charger de vous faire une ouverture, et dans le pire des cas il suffira d'attendre l'intervention de l'infanterie. Mais votre véritable objectif est au-delà: dès qu'un passage sans risque aura été identifié, Lanciers et Chevaliers fileront à bride abattue au niveau de docks pour capturer les entrepôts et priver l'ennemie de la majorité de ses ressources, ainsi que faciliter le débarquement de renforts en provenance de la flotte, si celle-ci a réussi à se rendre maître du port. Eliminez les défenseurs et tenez aussi longtemps que possible face aux vagues de renforts jusqu'à ce que notre propre infanterie vous ai rejoint. Je vous préviens, la tâche sera périlleuse et le timing devra être parfait pour ne pas vous éloignez trop longtemps du gros des forces. Les combats les plus violents se tiendront sans doute à cette endroit. Qu'en dite vous?
Rudiger regarda encore la carte quelques secondes avant de relever les yeux vers le Primat et de lui répondre d'un air enjouée.
- Moi qui avait peur de m'ennuyer dans cette guerre, je crois que mes prières ont été exaucées de la plus belle manière qui soit! Quand arrivons-nous?


Bien plus loin dans la colonne, au niveau des chariots de l'intendance, l'Archiviste Teclis se prenait un bol d'air urgent en passant la tête hors de son laboratoire roulant. Une étrange fumée orange en profita pour filtrer elle aussi, assommant net un oiseau passant par hasard au dessus de la colonne, lequel rebondit sur le toit en tôle du labo dans l'indifférence totale.
- J'ai... j'ai peut-être un peu trop insisté sur... le concentré de munster... et la farine de souffre, finit-il par dire entre deux grande inspirations.
- Vous nous concoctez un gaz contre les atlanthropes, Seigneurs Archiviste? lui demanda alors une voix.
Teclis leva la tête et vit l'homme qui conduisait l'attelage derrière son labo lui faire un salut de la main.

- Je... Quoi?
- Votre expérience, là, réitéra l'homme, ça doit être du sérieux, non? Ca fait trois heures que vous êtes enfermés là-dedans et qu'on vous entend farfouiller avec vos fioles et vos tubes. C'est un sacré exploit que vous faite, d'ailleurs: j'en ai réussi à oublier tout le reste du bruit que fait cette armée depuis ce matin, finit-il par dire, hilare. Alors, vous contez nous tuer qui avec ça? Hérétique, allanthropes? Les deux?
- Et bien, euh... pour être honnête, je me penche actuellement sur un breuvage destiné à décupler le courage et la force de celui qui irait le boire. "Un peu de foi en bouteille", comme j'aime le dire. Malheureusement, je crains que mes dosages ne soient un peu... erroné. Le liquide s'obstine à reprendre son état gazeux fort peu commode, et l'effet obtenue se rapproche moins de la ferveur guerrière que de la catatonie soudaine. Vous n'avez qu'à voir le commis à qui j'ai demandé de rester pour gouter et... D'ailleurs, vous m'excuserez quelques secondes.
Teclis disparus de nouveau dans son laboratoire sous le regard amusé du conducteur voisin, qui entendis un "hum-hum" fort scientifique avant de revoir apparaitre la tête de l'Archiviste, légèrement déçu.
- Comme je le pensais, sa température confirme l'échec de l'expérience.
- Vous voulez-dire... il est mort? Froid comme la glace? demanda alors l'homme, soudainement plus sérieux.
- Hein? Non, non il est brûlant au contraire. Et un peu rouge, sur les périphéries. Mais bon l'intendance a des stocks de glace, j'irais leur en emprunter. D'ici une heure ou deux. Et puis un torchon aussi, il a de la... mousse au bord des lèvres, c'est dégoutant. Et ça commence à attaquer le bois, aussi. Mais a part ça il respire la santé, je vous l'assure. Enfin quand il respire.
- Ho, bien, bien... dit alors l'homme d'un ton diplomatique. Ce sont des recherches très sérieuses, dites-moi?
- Quoi, ça? fit Teclis en pointant du doigt vers l'intérieur de son labo et l'infortuné cobaye. Non, c'est juste pour m'occuper. Une sorte de récréation. Non, vous voyez, j'ai déjà planché sur presque tout ce qui allait servir pour la bataille, tout est déjà empaqueté, étiqueté et prêt à l'emploi. Là je passe juste le temps. D'ailleurs, dit-il en consultant sa clepsydre, je vais devoir y retourner, ma troisième décoction devrait arriver à ébullition.
- Euh, juste une petite chose, Seigneur, fit l'homme tandis que Teclis disparaissait dans son labo. Ce dernier inversa son mouvement et refit face au conducteur. Loin de moi l'idée de vouloir vous apprendre votre métier, mais pour votre petite expérience, essayez donc de piler un brin de sauge-prune à la place du souffre. Et oubliez le munster.
Teclis s'arrêta de respirer pendant un bref instant, notant dans son crâne les conseil tout en se demandant si l'impudent n'allait pas finir à la place du jeune commis.
- Seriez-vous savant, monsieur, pour vous y connaitre dans le domaine des décoctions? Un collègue incognito, peut-être, dit-il sur un ton moqueur.
- Oh, jamais de la vie je n'aurais cette prétention, dit l'homme en levant les mains au ciel. Je m'y connais juste un peu en ce qui concerne les effets de certaines plantes. Rapport à ma fonction, voyez.
- Et qui est... demanda un Teclis un brin soupçonneux tout en détaillant plus en avant le personnage.
Un peu âgé et le visage creux, les joues dévorées par d'impressionnantes rouflaquette, il arborait une robe de prélat élimée et décolorée sur laquelle on voyait malgré tout les restes d'une broderie d'argent représentant deux lames croisées sur un visage masqué.

- Je suis le responsable des Repentis, dit le prélat avec un grand sourire. Prélat-Jarl Reichert, pour vous servir. Ne vous laisser pas berner par le titre pompeux, il signifie juste que si jamais il y a une plainte concernant mes protégés, c'est moi qui écope.
- Les Repentis... Teclis regarda avec une avidité non dissimulée la lourde bâche qui couvrait l'arrière du chariot de Reichert. Je vous avoues que je n'en ai jamais vu, c'est tout juste si j'ai pus mettre la main sur un rapport décent les concernant.
- Ho, ça c'est normal. Le Culte prend soin de ne pas trop laisser filtrer d'information à leur sujet, rapport à l'image vous voyez. Raconter leurs exploits, comme quoi ils ont héroïquement contribué à la victoire par leur sacrifice, préférant la mort à la défaite, ça oui, on peut le dire. Préciser le reste n'est pas utile. Je pensais que vous saviez ça.
- Et bien mes recherches m'ont souvent tenus éloignés des rapports de batailles, et j'admet que la politique interne de nos Ministres ne m'intéresse que bien peu, mais là... vous éveillez ma curiosité. Si mes souvenirs sont bons, il s'agit d'hérétiques capturés ou qui se sont rendus. Comment donc faire en sorte qu'ils se battent avec tant de ferveur?
- Bah c'est là que j'interviens votre seigneurie. Vous voyez, ce sont mes petits protégés, je prend soin d'eux durant leur... repentir, je leur donne mes petites potions et leurs lis les Textes touts les soirs. On pourrait presque dire que ce sont mes enfants, finit-il par dire en riant fortement. Et puis un peu avant le combat, je réduis peu à peu les doses, jusqu'à la privation totale, comme en ce moment. C'est pour ça qu'il sont si calme d'ailleurs, parce que sinon je vous jure qu'ils braillent plus qu'un agneau à l'abattoir.
Teclis écoutait son interlocuteur avec une attention morbide. Les Repentis étaient une arme connue du Culte mais peu de détails filtraient à leur sujet. Surtout en ce qui concernait les drogues employés par leurs "formateurs". Si seulement il parvenait à faire cracher le morceau au prélat...
- Alors bien sûr j'en perd deux ou trois pendant la privation, continua Reichert, les plus fragiles. Mais après, au moment de la bataille, je leur donne double ration et après, vous les verriez décamper! De vrais balles de fusils, enragés et plus meurtriers qu'une charge de cavalerie, insensibles à la douleur et hurlant à la face des hérétiques. C'est juste dommage qu'aucun n'en revienne, vu que les rares qui meurent pas par l'épée ou la flèche, ils tombent raides mort au bout d'une heure. J'ai pas encore réussi à les rendre réutilisable, et honnêtement je crois pas que c'est ce que les Ministres veulent.
- C'est très impressionnant ce que vous me racontez là, dite-moi. Et vous dites qu'ils ne sentent pas la douleur? Ca pourrait me servir, ce genre de chose... Voyez, j'ai essayé l'implantation de membres ou sections artificiels sur les corps et les résultats ne sont pas des plus concluent, notamment en raison d'un manque de... résistance de la part des sujets. Si vous pouviez me communiquer les formules de vos décoctions, je pourrais sans doute...
- Ah ça je suis bien désolé mais je peux pas vous fournir la totale, le coupa Reichert d'un ton désolé, c'est un précepte chez les formateurs. Rapport aux dangers que ça représente, voyez? Mais bon, puisque c'est vous, je peux bien vous donner au moins les indications pour le tue-nerf, si vous avez besoin que d'ça. Surtout si en échange vous me chuchotez le dosage de votre petit gaz à assommer, là, ça me serait bien utile contre les fortes têtes qu'on a parfois.
- Je vous en serai fort reconnaissant, et croyez bien que je vais vous communiquer mes propres notes dès ce soir, lui assura Teclis, d'autant plus que cela lui évitait d'avoir à commander une réquisition à l'encontre du vieux prélat et risquer de se mettre sa hiérarchie à dos. Toutefois, une petite chose me chiffonne par rapport à ce que vous avez dit tout à l'heure. Vous parlez d'eux comme de vos protégés, voir vos enfants. Mais il s'agit d'hérétiques. Je ne formalise moi-même pas pour si peu mais il en est qui pourrait être choqué, ne croyez-vous pas?
- Pensez-vous! Je défis quiconque de ne pas adhérer à ma visions après les avoir vu. Tenez, regardez.
Saisissant un pan de la toile lesté, le vieux prélat souleva une partie de celle-ci, révélant une lourde grille aux barreaux resserrés, laissant apercevoir un visage pâle et agité, les cheveux crasseux en masquant une partie. La créature recula vivement en réponse à l'agression du soleil et poussa de faibles gémissements, déviant le regard autant que possible. Une seconde avait néanmoins suffit à Teclis pour apercevoir les yeux de la bête: les pupilles dilatés à l'extrême, bordés du rouges des vaisseaux éclatés, ils étaient ceux d'un animal, pas d'un humain. Un animal effrayé et dérangé. Reichert laissa retomber la toile, mettant fin au gémissement ainsi qu'à la forte odeur d'excréments.
- Vous avez vu, oui? Ils sont perdus. Ils ont pris le mauvais chemin à un moment, et ils se sont perdus. Mais moi je les ai retrouvé, tous, et je leur montre le bon chemin maintenant. Je leur apprend à faire quelque chose de bien. C'est pas le rôle d'un père, ça, dites-moi?
- Effectivement, répondis un Teclis convaincu. Ils semblent bien en avoir besoin. Et sinon, dites-moi... Les corps, après la bataille, vous en faite quoi?

***

Il y eu un brève pause vers sur le coup des 13h, la colonne s'arrêtant au plein milieu de la route et sans rompre la formation. Les hommes eurent le temps de sortir un repas froid de leur paquetage, les cavaliers pour beaucoup en profitèrent pour se dégourdir les jambes après la longue chevauché. Les équipes d'éclaireurs furent remplacés et les rapports compilés par les Jarls avant d'être transmit à l'état-major. DeVaanne fut ainsi ravi d'apprendre qu'ils atteindraient le groupe des Frère Jurés cantonnés plus haut sur la route en début de soirée, ce qui l'incita à ordonner le départ avec dix minutes d'avance. Les soldats reprirent donc la route après vingt minutes d'arrêt, sous le soleil de ce début d'après midi.

Exodus chantonnait dans sa barbe tandis que la colonne avançait. De par son rang il avait eu droit à une monture, une jument docile, et le balancement lent et régulier de celle-ci avait tendance à l'endormir. Combiné au puissant soleil, dont la chaleur était à peine adoucie par la brise marine, il commençait à doucement somnoler sur sa selle.

- Une goutte, Seigneur?
Il ouvrit les yeux et tourna lentement la tête vers sa gauche, apercevant une grande bouteille de terre flotter à quelques centimètres de sa main. En poussant un peu il pouvait apercevoir la main qui la tendait, attaché au torse d'un grand homme habillé d'un cache-poussière et d'un tricorne noir.
- Pourquoi pas, dit-il en s'emparant de la bouteille et en la portant à ses lèvres. C'est fort aimable à vous.
Il bu une gorgée et regretta aussitôt de ne pas avoir renifler le contenu préalablement. L'alcool des Marches de Rhéan lui incendia littéralement le gosier avant de s'en prendre à son ventre, et tout son corps se réveilla face à cette agression caractérisée à l'encontre de son estomac. A grand renfort de concentration il se retint de recracher le contenu et de hurler la damnation immédiate de tout des possesseurs d'alambique que les Marches accueillaient, préférant afficher un sourire ravi tout en écrasant une larme qui coulait depuis son œil droit.
- Alors, ça réveille, non?
- Pfff, effectivement, concéda Exodus. Je pense même ne plus pouvoir m'endormir pour trois jours avec ce breuvage. Un Rhéan vieillit, non? Disons... au moins dix ans?
- Même pas, soupira l'homme au tricorne, à peine huit mois. On n'a pas eu le temps de récupérer quoique ce soit de potable avant de partir, alors on fait avec ce qu'on a.
- Demil, pourquoi tu n' avoues pas au Seigneur que pour compenser l'âge tu y a mis trois piments à mariner? demanda alors une femme juste derrière l'intéressé, tout en révélant au Répurgateur la raison de la fonte subite de sa cire d'oreille. Et passe donc la bouteille, vous n'êtes pas seuls à avoir soif ici.
Exodus examina plus en avant le groupe qui avait progressé dans la colonne jusqu'à son niveau. Portant tous d'amples cache-poussières sombres et un tricorne assortit, ainsi qu'un foulard rouge bordeaux autour du cou, ils étaient armés de lourdes arbalètes à système de rechargement rapide et d'un sabre pendant à leur anche. Il s'agissait d'une des escouades de Franc-tireur du Culte, adepte du combat derrière les lignes et de la désorganisation des chaînes de commandement ennemies. Leurs armes étaient la discrétion, la rapidité et une tendance appréciée à mettre le chaos partout où ils passaient. Et apparemment les alcools forts.
- Franc-Tireur, n'est-ce pas ?
- Le sens de l'observation de mon Seigneur m'épate, répondit la femme avec ironie. Quatrième groupe des Tireurs des Marches, fraîchement revenue de Talhaab. Caporal Wolkar, à votre service, mon Seigneur. Et je préfère vous prévenir tout de suite, en cas de plainte nous concernant faudra vous adresser à notre supérieur, le Jarl Jorderyn, fit-elle en pointant le doigt plus loin dans la marche. Cherchez le type qui porte deux brassards argents et qui hurle sur les groupes tout le long de la colonne, vous pouvez pas le louper. Hésitez pas surtout, il sera ravis qu'on lui donne de nos nouvelles, dit-elle en provoquant l'hilarité de son groupe.
- Et bien ravis de vous rencontrer messieurs, madame. Exodus, Enfant de l'Unique, Répurgateur et certainement pas votre Seigneur, pour vous servir. Même si c'est plutôt le contraire qui se produit. Si vous cherchez mon supérieur, c'est le monsieur à cheval en armure doré, sans doute occupé à hurler sur votre supérieur. Remarquez, je ne vous dis pas ça pour que vous puissiez vous plaindre, vous n'en avez pas le droit, mais plutôt pour vous mettre en garde: si vous le voyez qui approche, partez dans l'autre direction, vous éviterez peut-être le plus gros de la tempête.
Les soldats restèrent quelques secondes silencieux, ne sachant comment prendre la présentation de l'Enfant. Même le caporal Wolkar hésitait à répondre avec son ironie habituelle: les inquisiteurs avaient la réputation d'avoir un humour bien à eux, dont riait parfois ceux qui y survivaient, et les Enfants avaient eux la réputation de regrouper les éléments les plus fervent mais aussi les plus instables de l'Inquisition.
- Je suis désolé, finit par dire Exodus lorsqu'il se rendit compte du silence, je ne voulais pas vous faire peur. Enfin pas à ce point. Je vous promet que la compagnie de notre Primat DeVaanne est tout ce qu'il y a de plus plaisant le reste du temps. Il fait toutes ses prières et guide dans la Foi toute personne le lui demandant. Et même celle qui ne lui demande rien. Un puits de science qui plus est. Et il joue formidablement bien au jeu des Rois. Par contre ne lui parlez jamais de canards.
- Vous êtes un peu... différent, si vous me pardonnez l'expression, finit par dire prudemment le caporal. Je veux dire, vos paroles ne sont pas vraiment celles que l'on attend d'un membre de notre Sainte Inquisition, sauf votre respect.
- Oh, si vous voulez, je peux essayer de faire mieux, fit Exodus en haussant les épaules. Soyez certains, par exemple, que toute accusation à votre encontre d'une quelconque et supposée aide ou pitié envers un allanthrope ou un hérétique déclaré sera suffisante pour justifier votre exécution par le membre de l'Inquisition le plus haut gradé sur place et ce dans les délais les plus brefs. Et que le premier qui sera surpris à emmètre des réserves quand au ordres pieux de notre Primat vénéré ou de n'importe quel Enfant se verra, premièrement, condamné au tourment des traitres, ici et dans Son royaume, et deuxièmement subira l'introduction par votre serviteur de son arme au travers de la gorge, en passant par le chemin le plus long. Me suis-je bien fait comprendre? demanda-t-il en conservant la voix posée et le sourire figé qu'il avait usé lors de sa tirade.
Les soldats le regardaient maintenant avec des yeux grands ouverts, semblable à celui de l'homme qui serait mis en joue par une arbalétrier nerveux atteint de tremblote.
- Vous voyez, lâcha Exodus avec un soupir, je n'y arrive pas très bien. C'est le ton, je crois, ça ne vient pas comme il faut, spontanément. Peut-être qu'en m'entrainant devant un miroir... Enfin. Mais à part ça, rajouta-t-il en souriant, je suis plutôt du genre compréhensif, alors ne vous inquiétez pas plus que ça.
Les Francs-tireurs osèrent un ou deux sourires nerveux à l'annonce de l'Enfant mais l'ambiance avait définitivement été refroidi. Exodus, quand à lui, avait choisi de ne pas faire attention à cette évolution et continua donc la discussion.
- Au fait, vous avez bien dit Quatrième groupe tout à l'heure, non? Vous devez être des soldats d'exception.
- Pas plus que nécessaire, répondit Wolkar. D'où nous viendrait cette réputation?
- Et bien, vous êtes un groupe des Marches, et si je me souviens bien, les régiments levés là-bas sont numéroté depuis leur ancienneté, ce qui signifie que pour avoir un chiffre si bas, votre groupe remonte à au moins un siècle. Vous devez avoir une longue tradition militaire
en héritage, des compétences d'élites, des recrues triées sur le volet, ce genre de chose...

- Et bien pour ce qui est de l'héritage, je crois que tout ce qu'on a est un recette de biscuit militaire à base de terre, qu'on a retrouvé dans une vielle gamelle, une fois, dit Demil tout en se curant consciencieusement une narine. Après niveau tradition et compétences, je crois que le terme "survivre" résume assez bien l'ensemble. On se débrouille pour faire mieux que le précédent Quatrième, et c'est tout.
- Et pour ce qui des recrues triées sur le volet, fit Wolkar en englobant ses hommes d'un mouvement du bras, vous n'avez qu'à voir: ils ont bien étés triés, mais pas vraiment selon le bon critère.
Cette dernière remarque lui apporta des huées, mêlées aux rires de son groupe.
- Dame, caporal, comme je vous comprend et vous plaint, répondit Exodus d'un ton compatissant poussé à l'extrême. Toutefois, vous avez mentionné l'ancien Quatrième groupe. Comment...
- Ils se sont fait tués, jusqu'au dernier, il y a environ trois ans. Alors comme le notre a été formé au même moment, les huiles nous ont refilé le numéro, expliqua Demil. Les groupes ne meurent jamais, monsieur, contrairement aux hommes qui les composent. Une sorte d'immortalité garantie.
- Je comprend, dit Exodus. Cela doit en plus jouer sur le moral à l'arrière: jamais de régiment d'anéanti lors des batailles. Une bonne tactique, à condition que ça ne s'ébruite pas.
- Au fait, maitre Répurgateur, intervint alors un autre soldat, cette ville qu'on va prendre, elle ressemble à quoi?
- Galvorn? Imaginez le cloaque le plus anarchique possible, rajoutez-y les éléments les plus bizarres d'un pays, mettez le tout dans une boite bien sombre, secouez, rajouter des puces et vous aurez ce qui ce rapproche le plus de cette ville. La seule partie structurée est le port et les avenues qui en partent. Le reste n'est qu'un empilement hasardeux de masures. Et bizarrement, c'est là qu'on peut parfois trouver les choses les plus intéressantes et les plus surprenantes de ce pays. Boutiques, marchés, maisons de passes et tant d'autre, la citée en est tellement remplie qu'on s'attendrait à ce qu'elle en vomisse. La seule chose qui l'empêche de s'autodétruire est la richesse considérable qu'elle apporte à tout les contrebandiers, trafiquants, maffieux et autres honnêtes commerçants. Ils alternent régulièrement entre statut quo et guerres d'influence, mais quelque chose me dit que lorsque l'on arrivera, ils auront bien réussi à se mettre d'accord pour nous mettre sur la gueule en toute camaraderie. Bref, mis à part tout ces désagréments mineurs, elle reste une grande citée, vous devriez y être à votre aise. Les Francs-tireurs sont bien des professionnels des terrains urbains, non?
- Certes, mon Seigneur, lui répondit Wolkar, mais le fait est que le front de Talhaab nous a maintenu éloigné des villes pendant un certain temps. J'en suis parfois à remuer ma mémoire pour me souvenir ce que sont toit et fenêtres sur une maison!
- Malheureusement pour vous, je ne sais pas si l'on peut qualifier de maison les taudis de Galvorn... Mais j'avoue être surpris: les affrontements contre Talhaab ne visent-ils pas justement à la prise de leurs forteresses et villes fortifiées le long des Côtes Vertes, pour garantir un accès maritimes en toute saison?
- Oui, le front principal. Un beau bourbier d'ailleurs. Enfin, le truc est qu'il y a neuf mois, les Ethnarques ont décidés de tenter d'ouvrir une voie terrestre vers la fédération Talhaab, dans le but d'envoyer nos troupes sur leurs flanc. Ils ont donc fait une percée en plein territoire ennemie, au pied des monts Griseux, et lancé un assaut conjoint depuis cette position et depuis les Marches de Rhéan, pour les prendre entre deux feux et empêcher leurs renforts d'atteindre les forts situés dans les Haut-cols. Le problème c'est qu'ils sont aussi bien aménagé dans les montagnes que nous de notre côté, et en plus ces salauds ont des Wiirmes, qui les aident à ravitailler leurs places-fortes.
- Des Wyrmes? Vous voulez dire que Tahlaab possède également des lézards volants? Il n'en a jamais été question dans les rapports du front maritime.
- Normal, ils ne pouvaient pas les utiliser avant. Bizarrement, elles ne supportent que les climats froids des Monts Griseux, et elles sont trop frêles pour agir au cours d'une grande bataille. Par contre elle volent vite, et leur peaux est suffisamment solide pour passer les petits barrages d'archer. C'est pour ça qu'on y a été envoyé, comme de nombreux Francs-tireurs, pour traquer les ravitailleurs volants. Ca a plutôt bien marché du reste: quand on a été relevé, seulement une Wiirme sur six réussissait à passer. A ce jour, ils doivent déjà être au bord de la famine.
- Une petite seconde, l'interrompit Exodus d'un théâtrale mouvement de doigt, il y a un détail qui me titille. Vous avez dit que ces "Wiirmes" avaient la peau épaisse et donc résistaient plutôt bien aux flèches et aux carreaux. Alors comment faisiez-vous pour les arrêter? Je vous vois mal transporter une baliste dans les montagnes!
- Pas la peine, lui répondit Demil, on a bien mieux. Gouros, vient par là et montre ton jouet au Seigneur.
A l'appel de son camarade, un tirailleur de haute taille s'avança depuis l'arrière du groupe et se plaça juste à côté du Répurgateur. L'homme avait la peau sombre et le visage barré d'une large balafre le long du nez, et dont la pâleur contrastait avec son teint. Il ramena sa bandoulière et sortit de son étui un long fusil, surmonté d'un long et fin tube de cuivre. Il le présenta à l'Enfant avec révérence et un luxe de délicatesse.
- Voyez, Seigneur, dit-il d'une voix étonnement douce, avec ça on ne peut pas louper une cible. Un seul tir et c'est fini. De plus, fit-il en lui montrant le chien de l'arme, c'est l'un des derniers model: trois balles pouvant être tirée à la suite, avec un système de recharge bien plus proche de la gâchette et surtout plus rapide.
- Gouros est notre chasse-tête attitré, commenta Wolkar. A lui tout seul il a cumulé plus de onze Wiirmes, dont trois en une seule sortie! Et je vous parle pas des officiers. Une fois, il...
Exodus n'écoutait déjà plus le caporal, émerveillé qu'il était par l'exposé que lui faisait le chasse-tête. Cette arme devait être la dernière évolution des fusils que les Archivistes du Culte avaient mis au point, et à laquelle Teclis était presque parvenue à lui seul (nouvelle preuve à la fois de son génie et de son penchant suicidaire non-conscient). A côté de ce bijou, ses propres pistolets pouvaient tout aussi bien dater de la préhistoire malgré les améliorations du génie cité plus haut. La première chose que ferait Exodus lorsque cette histoire se terminerait serait de mettre la main sur un de ses petits instrument de mort. Ou plutôt la seconde chose, la première étant d'empêcher Teclis de mettre la main dessus avant lui, sans quoi on assisterait à la plus horrible profanation de l'Histoire du Culte de l'Unique depuis l'affaire du Chat de Marbre (une sombre histoire de pillage concernant le tombeau du chat de compagnie préféré de Xupimada, haut lieu de pèlerinage jusqu'il y a peu).
- Je vois je vois, finit par dire l'Enfant. J'admire, même. Il faudra que vous m'en trouviez un... En tout cas, reprit-il d'un voix plus forte, j'ai bien l'impression d'être tombé sur une sacré bande de rigolard avec vous, non? Peut-être trop même. A croire que le titre de Franc-tireur a légèrement déteint sur vous.
- Voyons, Seigneurs, nous ne somme que d'humbles soldats, volontaires et toujours à l'heure pour nos prières.
- Oui, des prières d'aciers bien pointues, je m'en doute. Et bien soldats, se fût une joie de parler avec vous. Maintenant, si vous voulez bien m'excusez, je doit m'en aller parler avec votre Jarl. Je suis sûr qu'il sera ravi que je vienne lui parler de vous. Il fit faire demi-tour à sa monture sous le regard ahuri des Francs-tireurs.
- Euh... Vous voulez dire qu'il faut qu'on s'attende à un blâme?
Exodus se retourna sur sa selle, un air stupéfait.
- Evidement, à quoi vous attendiez-vous? Insubordination, délation et calomnies sur supérieur en présence d'un Inquisiteur, divulgation d'information et de plan de bataille réservé aux hauts gradés et usage d'arme sans présence de l'ennemie. Et j'en oublie. Aussi vais-je aller de ce pas voir le Jarl Jorderyn, et lui rappeler l'un des règles de l'Inquisition et plus particulièrement des Enfants concernant les simples soldats. Vous voulez savoir laquelle? Je cite: "Il est autorisé à tout Enfant de prendre sous son service personnel et pour toute la durée d'un conflit le contrôle entier d'un groupe ou formation de son choix, sans restriction de corps ou de galon". Félicitations, vous venez d'être réquisitionné.
Il partit alors, laissant le quatrième groupe à ses réflexions. Lui-même ne savait pas si, à leur place, il verrait la chose comme une chance ou comme une punition.



Dernière édition par Exodus (...) le Ven 17 Aoû - 17:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Aoû - 17:13

Spoiler:

Plus en avant de la colonne, pour ne pas dire en avant-garde, trois autres Enfants ruminaient leurs pensées et partageaient leurs conclusions concernant un sujet des plus graves.
- Et moi je persiste: s'il y a bien une chose qui mériterai de rester debout, ce sont les Hautes Galeries d'Atalantë. Certes, il faudra la purger des œuvres dont l'origine ne peut être certifiée humaine, mais le bâtiment ainsi que des nombreuses toiles n'ont pu être inspiré que par l'Unique.
- Laylay, je comprend ton attachement à l'art, mais permet moi de protester sur un point: les tableaux sont éphémères, fragiles, difficilement reproductibles et surtout élitistes. Vouloir les sauver en priorité, c'est se brider dans la création futur. Qu'ils brûlent, tu nous en fera de plus beaux! Mais l'écrit, vois-tu, est inestimable. La Bibliothèque de Wilwarim, voilà une chose à préserver. A quelques exceptions près. Tout en essayant de convaincre son collègue, Mike faisait dans sa tête l'inventaires des rares ouvrages qui connaitraient une fin tragique en tombant trop près de la cheminée. Mais s'il y en a bien un, c'est...
- Vous n'êtes pas un peu fatigué de débattre sur ce que l'on gardera des autres Cités? les interrompit Sharah'In. Nous n'avons pas encore rasé Galvorn que déjà vous vous voyez marcher fièrement sur toutes les autres grandes villes. Argumentez sur ce qui est plus proches: que faudrait-il garder de Galvorn par exemple?
Les deux Enfants se regardèrent alors avec incrédulité.
- Garder quelque chose de ce tat de boue?
- Hum... Le port, peut-être?
- Avec notre flotte mieux vaut ne pas compter dessus. Et je ne parle même pas des bâtiments administratifs.
- Alors que reste-t-il à cette ville? La boue?
- L'odeur?
- Les égouts?
- Eh, les marais?
- Non, haha, plutôt les rats!
Tandis que les deux compères énuméraient, hilares, les innombrables défauts que tout citoyen de Galvorn considérerait comme de menus détails, Sharah'In se désolait en son fort intérieur. Au moins Exodus n'avait-il pas assisté à la discussion, les dispensant ainsi de la liste exhaustive des deux-cent-quarante-trois restaurants et demi dignes d'intérêt en ville (et demi car la salle du "Au Paradis du Hamster" était en travaux suite au scandale qu'avait fait un parrain local en trouvant une gerbille dans son assiette).
Elle voyait très bien quels lieux épargner au court de l'assaut. Des bouibouis anonymes, aux clients sans histoire et au patron blasé, établissement dans lesquels ont pouvait se poser dans un angle, sortir un instrument et jouer juste pour soit, s'offrant à un public qui restait uniquement car se lever aurait été trop fatiguant, qu'il restait encore plus de la moitié de la pinte et que, à bien tendre l'oreille, il sonnait pas si mal sont crincrin à la jeune fille. Des bars ou s'exposer revenait à disparaitre, devenir l'ombre du fond, celle qui n'importe pas plus que la musique d'ambiance ou les tâches sur le comptoir. L'endroit idéal pour s'oublier.
Le problème était que ce genre de petits établissement étaient situés à côté de ceux dont la combustion plus ou moins spontanée étaient son vœu le plus cher. Des demeures de prestiges, diamant brillant autant que faire se peut au milieu de la fange. Des manoirs de lignées immortelles dont le nom était plus long qu'une vache de prière. L'habitat de ceux qui regardaient les autres comme cette chose dans laquelle on évite de marcher dans la rue, juste parce qu'ils n'ont pas la grâce innée de l'espèce, ni le maintient, la noblesse et toutes ces conneries qui vont apparemment de paire avec les oreilles difformes ou les corps anémiques. Mais à défaut de grâce, elle pouvait toujours les regarder brûler dans leur propre graisse. Eux, et toutes leur prétention génétique, pourtant tout aussi rouge et liquide que celle de n'importe qui quand on coupait au bon endroit. La musicienne savourait à l'avance l'assaut, car elle y trouverait bien une occasion de se ménager un moment d'intimité avec ces juges, pour disserter entre autre de la prétendue science du bon gout inhérente au statut. La perte d'un ou deux cabaret, ma foi, n'était pas si cher payé.

- Là! s'exclama soudain Mike. C'est le troisième en une heure. Ils se cachent avec le soleil et passent d'un nuage à l'autre pour qu'on ne les voit pas, mais celui-là est moins doué que les autres.
Tout le monde regarda en l'air, mais rien n'était visible. Pourtant personne ne remettait en doute la vue du Fremen, qui plus d'une fois avait prouvé de quoi il était capable. Un bref instant, Sharah'In parvint à apercevoir une ombre entre deux nuages cotonneux mais une fraction de seconde plus tard, elle avait disparue.
- Toi, va rejoindre le Primat, intima Mike à l'un des cavaliers de l'avant garde. Dis-lui que notre escorte est bien là et que nos alliés nous gardent à l'œil. Allez!
L'homme parti sans demander son reste, tandis que le reste de la troupe continuait à fixer le ciel.
- Saloperie de lézard, maugréa Laylay en se massant une épaule rendue douloureuse par un mauvais souvenir. L'Unique seul sait si on ne fait pas une grosse bêtise dans cette histoire.
- Pas de questions à ce sujet, lui rappela Mike. Le doute n'est pas permis, il mène vers des chemins dangereux. Jusqu'à l'ordre contraire, les dragons sont nos alliés. Et qu'ils rôtissent quelques Lunaires n'est au final pas pour me déplaire.
- Peut-être, mais cet ordre contraire pourrait bien tomber au beau milieu de la bataille, répondit Laylay avec un sourire satisfait. Mes carnets ne mentent jamais, et Sa parole s'y inscrit même dans mes rêves. Les dragons vont payer le prix fort dans cette guerre, et c'est le Divin qui va le prélever, il n'y a pas d'erreur possible. Aussi je serais toi, je Lui ferais une confiance aveugle et ne laisserais pas un seul instant un Sanguin couvrir mes arrières.
- Tu cite là le bon sens, répondit Mike. Mais en attendant, il faudra suivre le plan et les instruction du Primat. Nous avons une tâche spécifique: traquer leurs champions, les empêcher de nuire à nos troupes et de ralentir l'avancé. Les dragons viendront après cela, si jamais ils viennent.
Sharah'In sourit en pensant à ses propres ordres. C'était le Primat lui-même, à la veille du départ, qui l'avait pris à part pour lui donner ses consignes. Tu n'es pas une foudre de guerre, lui avait-il dit, pas comme les autres qui ont passé leur temps à s'entrainer à tuer. Mais tu as la haine de l'allantrhope, ce qui compense largement. Aussi ta mission sera la suivante: fait ce que tu sais faire le mieux. Pince tes cordes, lui avait-il dit avec un sourire sadique, va d'un combat à l'autre et amène la folie partout où tu passeras.

***


La journée continua son cours, la colonne de l'armée du Culte faisant entendre sa progression à des kilomètres. La route était déserte: des nouvelles comme celle d'une ost en marche faisait souvent cet effet.
DeVaanne apprit la nouvelle de l'observation Sanguine avec un franc désintérêt. Evidemment qu'ils les surveillaient, lui-même ferait de-même. La seule différence était que lui ne disposait pas d'espion volant (et ce malgré les nombreuses promesses et expériences de Teclis, fumeuses à plus d'un titre). De toute manière, cela les servait pour l'instant: savoir où en était chaque armée permettait de mieux coordonner la progression.
Puis vint la fin de journée, laquelle voyait le soleil disparaitre le long des côtes et le vent marin gagner en intensité, projetant une forte odeur d'algue sur toute la région. C'est alors que les Tirailleurs allèrent informer le Primat que la tête de la colonne avait rejoint les éclaireurs Jurés. Le Primat lança sa monture au galop, impatient d'entendre le rapport des Jurés concernant la Cité et remonta la colonne à bride abattue.


L'éclair doré passa à toute vitesse entre des troupiers, avertissant de sa venue souvent au dernier moment. Les Engagés qui constituaient le flanc gauche se dépêchèrent de s'éloigner le plus possible du trajet, impressionnés au plus au point, mais les Réguliers firent à peine un effort, tant ils étaient habitués au passages d'éclaireur arrivant à grande vitesse.
Pour sa part, Tear ne remarqua le passage du Primat qu'après quelques secondes, un reflet sur l'armure de ce dernier lui attirant l'œil. Il songea pendant un cours instant que, en temps normal, il aurait du être à ses côtés depuis le début de la marche, un panache rouge à la suite de son mentor, poussant sa propre monture à suivre le rythme du Primat. Au lieu de ça, il voyageait seul dans l'avant de la file, marchant à côté de son cheval pour se dégourdir les jambes. Dispater l'accompagnait aujourd'hui, nouvelle preuve de l'intelligence du loup et de sa capacité à esquiver son maitre Teclis quand celui-ci avait en tête des potions de courage, des explosifs concentrés ou même une nouvelle formule de savon adoucissant.
Depuis quelques temps, l'Enfant avait eu du mal à rester calmement auprès du Primat. Il pensait trop pour cela.
Depuis son premier jour en tant que protégé puis disciple de DeVaanne, le jeune pyromancien avait toujours considéré son Primat comme un pilier inaltérable et sans tâche. Même ses crises de colères ou ses lassitudes chroniques contribuaient à renforcer cette image: Tear en avait tiré des leçons, apprenant de tout les exemples de foi du Primat, même les plus extrêmes. La plus pure des colères pouvait ainsi devenir la plus forte des prières. Et il avait alors comprit ce qui faisait de son mentor l'un des inquisiteurs le plus efficace de son temps: une force d'âme sans égal alliée à la conviction justifiée que sa mission était la seule qui importe. Ses accès d'humeur n'étaient qu'un découlement logique dont il gardait parfaitement le contrôle, quoi qu'en dise certain.
Or depuis leur arrivée dans ce pays, il y avait eu du changement. Et Tear détestait ça.

- Eh, c'est pas le Primat qu'est passé? demanda un troupier à l'un de ses frères d'arme, deux mètres devant l'Enfant.
- Si, pourquoi?
- Tss, j'aimerai bien savoir ce qu'il a, à foncer comme ça. D'après le Jarl on est censé arriver que demain.
- Des choses de Primat à faire sans doute. T'occupe pas de ce genre de chose, c'est trop haut pour nous.
- Mouais... N'empêche, moi ce Primat je le trouve...
Bizarre. Etrange. Pire: différent. C'était le ressenti au bout de quelques mois dans ce pays. Une conduite pourtant similaire à celle précédant leur arrivée, à un ou deux détail près. Des détails, certes, mais qui comptaient pour qui y prenait garde, pour qui s'en souciait: des changements d'humeur moins calculés mais plutôt instinctifs, des permissions accordés trop facilement, voire même un certain détachement quand aux nouvelles du Culte en provenance du continent. Mais ça encore ce n'était rien, comparé à ce qui devait suivre.
- J'veux dire, t'as bien entendu ce qu'il a dit non? On va se mêler avec des salopard d'étrangers.
- Bah, c'est pas la première fois que l'armée va faire appel à des mercenaires, si? Rappel toi la campagne de la Faute du Nord: y'avait des clans de montagnes avec nous, et ça t'a pas empêcher de dormir.
- Mais là c'est pas pareil! Et pis les clans c'étaient des croyants comme nous. Là c'est des salauds de païens et de non-humains. J'ai écouté les gars dans le bateau, ceux qu'avaient entendus des histoires de marin sur c'pays. Parait que c'est des sorciers, tous. Qu'ils changent de forme pour te séduire et t'emmener directement en Enfer, où ils te boivent le sang, comme ça - slurp! - jusqu'à la dernière goutte! Et même qu'ils forniquent avec des dragons le reste du temps. Des putains de dragons! L'homme cracha par terre pour souligner son dégout. J'ai trop de cauchemar de Talhaab pour trouver ça normal.
- Ouais mais... là c'est pas pareil, c'est des alliés et puis... c'est l'Inquisition quoi! tenta de répondre son camarade qui était à court d'argument et commençait à trouver la discussion dangereuse. Avoir ne serais-ce que l'idée de contester un Inquisiteur, pour ce qu'il en savait, valait tout aussi bien que de se jeter du haut d'un pont. Et un Primat, c'était un Inquisiteur avec les pleins pouvoirs, ou presque. Et puis c'était une idée ou bien il faisait plus chaud d'un seul coup?
- Moi j'te l'dis, lui marmonna le mécontent à l'oreille, si ça se trouve, c'est nous les...
Des marionnettes. Il avait finalement transformé cette commanderie en un groupe de pantins. Le résultat de longues réflexions et de solides décisions d'après lui. Mais des décisions se rapprochant trop de compromis. Résultats de connivences avec des personnes extérieures au Culte, à l'Humanité. Et surtout, dans quel but? Pas la libération de pays, même si le terme purge serait plus adapté, ni la destruction des impies Lunaires, non, tout cela n'était que des à-côtés. Des "petits bonus" liés à l'objectif premier du Primat, à savoir la garde d'un bâtard allanthrope pour quelques jours par mois. Le sacrifice de centaines de fidèles croyants par la faute d'un sale gamin trop vite grandi et soit disant "dangereux". En une flamme, Tear aurait vite montré à son Primat ô combien son jugement était hâtif. Il lui aurait prouvé qu'il s'était trompé, qu'ils n'avaient pas besoin de ce Sargas, ni des Sanguins, ni d'aucun accord d'aucune sorte. Et en lui montrant son erreur, songea amèrement Tear, peut-être n'y aurait-il plus eu de doutes.
- Chut, t'es fou dis pas ça! Et s'ils entendaient?
Le doute est interdit. Il n'a pas sa place dans le Culte de l'Unique, et encore moins dans l'Inquisition. C'est un sujet de moquerie et de dédain, et celui qui l'éprouve est déjà condamné en soit.
- Rien à foutre, je suis pas le seul à penser comme ça!
[/i]Mais quand c'est l'inaltérable qui soudain montre une faiblesse, qu'est censé penser celui qui marche déjà au bord du gouffre? Celui dont le talent lui fait miroiter chaque seconde la plus belle déchéance et qui ne tient que par les leçons d'une figure parfaite? [/i]
- Et puis d'abord ses hommes sont peut-être dans le coup aussi, non?
Le doute ronge lentement, précautionneusement. Il s'attaque à ce que l'on croit être le plus solide et y murmure son fiel: es-tu sûr? Crois-tu en toi? Et si non, alors en qui crois-tu?
- D'accord, si tu veux, mais maintenant tais-toi, pour l'amour de l'Unique!
Le doute est horrible, il est plus douloureux qu'une lame, brûle plus fort que les flamme.
Mais le doute est interdit.

- Bon, d'accord, j'arrête, pas la peine de pleurer. Mais n'empêche...
Et ce qui est interdit est condamné.
- ... j'ai pas confiance en ce type.
Avant de connaitre DeVaanne, Tear avait eu peur. Au moment de leur rencontre, il avait encore eu peur, même s'il l'avait plus ou moins bien caché. Même après, la peur l'avait accompagné au début. Et puis le Primat lui avait inculqué une première leçon, sans doute la meilleure: la colère donnait de meilleurs résultats. Et ce qu'il y avait de merveilleux avec la colère, c'était à quelle point il était facile de la nourrir: par une haine longuement cultivée contre l'allanthrope, par la douleur du souvenir d'une main claquant violemment sur sa joue, par la dégout qu'il ressentait envers sa faiblesse.
Tear n'était jamais aussi précis que quand il était en colère, et il se sentait maintenant d'humeur à être très, très précis.
Il remit sa capuche en place, redressa sa croix et laissa sa monture accélérer un peu, s'accrochant à la bride, jusqu'à dépasser les deux hommes qui se figèrent à la vue de son manteau écarlate bordé d'or. Il avança sans se soucier d'eux. Le contestataire jeta un regard à son camarade, qui lui n'osait pas quitter le manteau des yeux.

- C'est bon je crois que -
Il n'eu pas le temps de finir qu'une étoile sembla naitre dans sa bouche. Commença un horrible hurlement de douleur qui se mua en un longe plainte lorsque la chair de sa bouche se mit à fondre et à boucher le gosier. Tous les hommes et femme à porté stoppèrent net, contemplant l'horrible spectacle.
La langue du soldat n'était plus qu'un lingot ardent qui se mit alors à couler le long de son menton en emportant dents et barbe, touchant le sol avec un bruit répugnant avant de se changer en cendre. L'homme était à genoux, essayant désespérément de hurler sa douleur. Une affreuse odeur de brûlé flottait maintenant dans l'air, ce qui attira grandement l'attention de Dispater.
Tear ne s'était quant à lui même pas retourné. Il jouait avec ses doigts comme devant un piano, touchant du bout des ongles son petit médaillon d'électrum. Doser la flamme était étonnement facile. Il ne cherchait pas à le tuer, juste à le faire souffrir le plus possible. La minuscule flammèche qui ravageait la bouche du pauvre homme commençait à lentement s'attaquer à ses joues lorsque Tear l'éteignit d'une pensée. Il se retourna pour faire face au fautif, lequel se trouvait autour d'un cercle de plus en plus large, abandonné même par son comparse. Sa voix résonna comme un coup de canon au milieu du silence, interrompu uniquement par les sanglots de l'homme qui maintenant était recroquevillé à même la terre.

- Maudit soit celui qui remet en question l'Ordre de l'Unique, car celui-là je vous le dit se verra précipité dans les Enfers. Honnit soit celui qui ose contester Sa parole, qu'Il daigne transmettre par la voix claire et forte du Culte, car pour celui-là je vous le dit l'Enfer lui serra infligé par ses pairs! Et surtout mes frères et sœurs, punit soit celui qui s'élève contre l'Inquisition, car elle incarne Sa colère la plus juste, et celui-là je vous le dit regrettera l'Enfer face à la juste condamnation qui l'attend!
Tout en prêchant, Tear avançait en direction de l'homme effondré, tournant son regard vers les spectateurs de cette messe morbide, défiant la contestation née de la compassion, levant les mains au ciel pour attirer l'attention. Il finit par se tenir au niveau de sa victime, lui tournant le dos pour prêcher le reste des troupes. Tout doucement, le soldat releva la tête et distingua au travers des larmes le manteau de l'Enfant. Fixant ses yeux rouges sur son dos, il se redressa en tremblant, respirant comme il le pouvait, sa main cherchant le poignard à son ceinturon. La douleur était affreuse, le faisant retomber plusieurs fois, mais la colère était encore plus forte. Il finit par se remettre à genou, juste assez haut pour pouvoir planter une lame dans les côtes de l'Enfant, juste derrière son énorme croix. Tear finissait quant à lui son discours.
- Mais plus que tout, dit-il sur un ton étonnement triste, que disparaisse celui qui doute de Lui. C'est le néant qui l'attend, car il ne croit alors plus en rien, et à son tour il ne représente plus rien aux yeux de Celui qui avait eu la pitié de croire en lui.
Dans un long meuglement, le soldat sortit son couteau et plongea la lame vers le flanc de l'Enfant. Tear ferma brusquement les poings. La peau du soldat se craquela de toute part, laissant passer un la lueur des flammes, puis explosa. Il ne resta de lui que quelques cendres qui flottèrent au grès de l'air chaud. Tear se retourna vers ses ouailles, qui toussent mirent genoux à terre et firent le signe de l'Unique.
- Ainsi parle l'Inquisition, mes frères et sœurs. Retenez cette leçon: le doute n'existe pas. Il n'y a que Son œuvre, en toute chose.
Il repartit en direction de son cheval et de Dispater. Il se remit en selle et fit quelques mètres avant de s'arrêter net.
- Une dernière chose, toutefois. Il n'y a pas de rémission possible pour le coupable, seul le châtiment peut être toléré. Celui qui s'y essaye − ou pire le laisse aller − est tout aussi coupable.
Sur ces mots, un nouveaux hurlement se fit entendre des rangs. Le compagnon du pêcheur venait de voir son visage prendre feu soudainement, les flammes remontant jusqu'à ses cheveux en une fraction de seconde. Une seconde plus tard, les flammes étaient éteintes et l'homme gémissait en se tenant le visage, tendit que d'autre soldats venait lui apporter des soins.
- Tâchez de ne pas l'oublier, dit Tear en repartant vers l'avant de la colonne.
La leçon avait porté ses fruit: il avait désormais l'esprit plus clair et voyait plus loin que ses pensées premières. Le Primat était le Primat. Toute autre considération était sans valeur. Et si un jour, un jour terrible et ô combien improbable, cela-allait sans dire, son mentor venait à faire la faute qui ferait chavirer ses certitudes sans compromis... Et bien la suite était toute tracée. Pas de doute. Pas de rémission.
Il respira un grand coup et rabaissa son capuchon sur ses épaule. Dispater, légèrement déçu qu'il ne reste rien de cette viande qui sentait si bon, trottinait à côté de sa monture. Le soleil n'allait pas tarder à disparaitre derrière les falaises abruptes et le vent charriait de nouvelles fragrances.
Tear se permit un sourire. Les choses allaient déjà mieux de son point de vue: l'odeur infecte de la marée avait cédé là place à celle de la chair brûlée.



Le Frère-Jarl Medelcuilli était ce que l'on pouvait appeler un professionnel. Il gérait les Frères Jurés comme personne et ne rendait de compte qu'au Primat lui même, auquel il obéissait sans hésitation ni prise d'initiative inconsidérée. Pas que l'homme soit dénué d'imagination, au contraire. Mais il pensait juste que si le Primat l'avait ordonnée ainsi, c'était sans doute parce que c'était là la meilleure façon de procéder et ne voyait rien à rajouter. En cela, DeVaanne l'appréciait énormément et trouvait sa présence extrêmement reposante. A cela s'ajoutait un humour pince sans rire efficace qui arrivait parfois à décrocher un sourire au Primat et un calme à toute épreuve. Le seul inconvénient du Frère-Jarl Medelcuilli était sa maudite habitude d'allumer une cigarette dès que le temps s'y prêtait, comme par exemple lorsque la précédente venait de s'éteindre. Mais malgré les toussotements dût au tabac bon marché de ses infâmes roulées, DeVaanne considérait l'homme comme l'un rare bijou de sa commanderie. Mais un bijou un brin enfumé.
- *Kof* Et donc... que vous disiez-vous à propos des mouvements de population?
- Que si on pouvait faire rentrer ne serait-ce qu'un dixième de tout ceux qui fuient Galvorn depuis trois jours dans une église du Culte, vous auriez remplie votre quota de conversion jusqu'à votre retraite, Seigneur Primat.
Les deux hommes marchaient d'un pas vif en direction d'une colline, à un kilomètre du campement établit par l'ost pour la nuit. La dite-colline avait servi aux Jurés de point d'observation depuis ces trois jours car elle dominait à la fois la route, les marais qui encadraient l'estuaire et par extension la Cité de Galvorn elle-même. Le seul inconvénient était la pente abrupte de la colline, un brun ardue pour quiconque portait plus de trente kilos d'armure sur le dos, comme le Primat s'en rendait compte en ce moment même.
- Mais ce n'est pas ce qui en sort qui est le plus intéressant, c'est ce qui y rentre. Vous allez voir.
Ils arrivèrent enfin au sommet, d'où DeVaanne put contempler les feux de la ville. Elle se trouvait à moins de dix kilomètre, ce qui signifiait que l'armée pourrait se mettre en position en fin de mâtiné le lendemain si elle forçait légèrement le rythme. Le Frère Jarl lui passa une longue-vue de campagne et lui indiqua les points intéressants.
- La lune est caché cette nuit mais si vous regardez bien, vous pourrez distinguer la porte Est et les redoutes qu'ils y ont placé à la hâte. Juste du bois et un peut de pierre de base si vous voulez mon avis, elle ne devraient pas ralentir trop longtemps nos fantassins.
- Hum... Elles risquent pourtant de tenir suffisamment longtemps pour créer un bouchon et rendre nos hommes vulnérables à une riposte depuis des positions en hauteur. Il faudra en parler à nos Archivistes. Et pour ce qui est des "fuites" dont vous parliez?
- Remontez plein nord, vers la seconde porte. Je crois qu'une colonne de civil tient à se faire porter pâle pour la journée de demain.
- Oui, on dirait bien. Une bonne centaine, avec meubles et grands-parents dans la charrette.
- Tant mieux, ça fait toujours ça en moins. On sera rentré à temps pour la cérémonie de fin de semaine si ça continue.
- La nouvelle de l'assaut a du secouer cette ville comme jamais pour qu'ils fuient ainsi.
[color:72f9=color=#66cc99]- Je ne pense pas qu'il y n'ai que ça, Seigneur. Si le soleil était encore là, vous pourriez admirer les corps pendus au dessus des portes. Des corps bien portant et bien vêtus, si vous voyez ce que je veux dire. Très élégants si on met le sang de côté.
- Des responsables locaux? suggéra le Primat. Il y aurait eu une petite révolte donc. Sans doute les Lunaires qui ont voulus supprimer les intermédiaires dans la chaînes de commandement.
- Et au passage gagner une décoration avant-gardiste. Mais maintenant je vais vous conseiller de regarder plutôt du côté du port.
- Voyons voir ça... Par l'Unique!
- Je vous l'avait dit: le plus intéressant, c'est ce qu'ils ont fait entrer en ville. En l'occurrence, une belle petite flotte.
- Je dirais presque une armada. Sans doute des pirates ou des contrebandiers. Pas solide, mais nombreux. Nos marins vont avoir du travail. Et ce modèle là... On distingue mal mais je suis quasiment sûr que c'est une galère. Décidemment les hérétiques me surprendront toujours. En plus d'être païens, ils sont archaïques. Et ne connaissent rien à la construction navale! Non mais regardez moi celui-là: même d'ici je vois les paratonnerres. Bon sang, si tout nos adversaires pouvaient être aussi bêtes, nous serions au chômage depuis longtemps.
- Prenez garde toutefois, Seigneur. Une armée d'abrutis reste une armée.
- Oui, j'en sais deux ou trois choses... Envoyez un oiseau d'alarme à la flotte dès notre retour. Et je ne veux pas entendre dire qu'ils dorment, sinon je vous y envois personnellement à la nage.
[color:72f9=color=#66cc99]- Bah, on trouvera bien une chouette ou un truc du genre.
- Bon, si ce sont là tout leur renfort, l'assaut terrestre n'a pas trop à s'inquiéter je suppose. A moins qu'ils n'aient reçu du monde depuis l'intérieur également?
- Du peu que j'en ai vu, quelques gros groupes de mercenaires, mais rien de bien inquiétant. Après, nous ne somme là que depuis peu. Ils ont très bien pu faire rentrer plus de monde avant que l'on arrive. En revanche ils ne manqueront pas de musique.
- Comment ça? demanda un DeVaanne soupçonneux.
- Les seuls civils que l'on a vu renter dans la ville étaient presque tous des bardes itinérant, seul ou par deux. Je dirais une bonne cinquantaine depuis qu'on est en poste. Avec un peu de chance certains connaissent deux ou trois cantiques potables.
- Musiciens... Ca me rappel deux ou trois rapports, je vérifierais ça au camp.
- Bon ou mauvais, mon Primat?
- De quoi?
- Les rapports.
- Vous connaissez des bon rapports vous?
- Quelques uns, mais rarement couché sur du papier, il est vrai. Sauf quand ça vaut vraiment le coup.
- Oui, bref... Descendons, avant que l'odeur de tabac n'avertisse tout le marécage de notre présence.
- Une dernière chose, mon Primat: regardez la plaine au bord des marais, au nord-est.
- Ah, oui... On dirait que nos "alliés" sont arrivés eux aussi. Depuis combien de temps sont-ils là?
- Ca fait deux jours que je les ai repéré. Mais ils sont peut-être là depuis plus longtemps, je ne saurait dire.
- Des mouvements à signaler de leur côté?
- Calme plat, mon Primat. Hormis quelques lézards en patrouille dans les terres et une petite frayeur causé à une colonne de civil. Un de leur dégénéré, sur un gros dragon noir, a trouvé très drôle de passer en rase motte au dessus du convoi. Eux n'étaient pas de cet avis, ils ont tout abandonné sur place et couru aussi vite que possible.
- Rien de trop surprenant de leur part donc. Il faudra mettre en place le plan d'attaque conjoint dès demain matin. Venez, nous allons rejoindre le camp.
Les deux hommes descendirent la colline avec la prudence liée à l'obscurité. Le maigre croissant de lune était caché par les nuages et la roches traitresse n'attendait que la première occasion pour faire chuter l'imprudent.
- Je pense que je vais déjà leur envoyer un messager avec les premières demandes, dit DeVaanne à voix haute, que l'on puisse régler les détails aussi vite que possible.
- Comme vous le désirez mon Primat. Je peux détacher un Frère auprès d'une estafette, il lui indiquera le chemin le plus court jusqu'au camp sanguin. Le tout est de savoir s'ils crachent les flammes à vue.
- Ils ont beau être des hérétiques, ils restent des guerriers, et je pense que même eux sont capable de reconnaitre un messager hurlant son arrivé quand ils en voient un. Quel soldat serait assez bête pour tirer sur un allié qui se présente?
- Honnêtement, monseigneur, je crois que vu la nature de nos alliés, je serais le premier à tirer un carreaux entre les yeux de leurs messager. Annonce ou pas.
- Et bien, lui répondit DeVaanne avec un sourire satisfait, c'est une chance que vous soyez chez nous. Mais le cas échéant, sachez que je ne vous en tiendrais pas rigueur. Après tout, la guerre est un aléa remplie d'accidents.

***

Le camp était monté depuis maintenant plus de deux heures. Le soleil quant à lui les avait définitivement abandonné depuis une heure et demie. Les lieux étaient calmes et silencieux, rarement troublés par le hennissement d'un cheval ou par le passage éclair d'une estafette. Les patrouilles patrouillaient les ombres, les cuisiniers cuisinaient pour les patrouilles, les archivistes archivaient les évènement important de la journée* et tout les autres ronflaient avec application, satisfait de n'être ni de patrouille, ni maitre-coq et encore moins archiviste.
A quelques exceptions toutefois.
Il serait une erreur de voir les Enfants de l'Unique comme une congrégation de frères d'arme, où règne une entente fraternelle véritable, et où chaque membre jure de protéger la vie de son frère au péril de la sienne. Ils sont certes liés par leur foi sans borne envers l'Unique et par un ou deux serment prononcés lors de l'intégration mais rien n'oblige à la franche camaraderie. En vérité il s'agit plus d'une relation amour/Haine dans le meilleur des cas, voire haine/haine le reste du temps. Et pour ce qui est de la protection mutuelle, la philosophie appliquée est fort simple: quiconque parvient à accéder à un rang à part dans l'Inquisition est capable de se défendre tout seul. Si l'un venait à mourir en mission, alors c'était la Sa volonté, pas la peine d'épiloguer.
Bref, les Enfants développaient plus souvent une tolérance vis à vis de leur camarade qu'une relation cordiale.
Pourtant, en cette soirée les habitudes semblaient avoir laissé place à un certain rapprochement. En effet on pouvait apercevoir autour d'un maigre feu de bois la totalité des membres de la commanderie, à l'exception du Primat, réunis en un cercle de manteaux écarlates, partageant un moment de silence qui ne se rompit qu'au passage d'une nouvelle estafette traversant le camp à bride abattue.

- Je ne sais pas ce qu'il s'échangent comme message, mais c'est urgent, commenta Exodus. Adossé à un empilement de sac et à moitié roulé dans son manteau rouge d'Enfant, il semblait à moitié endormi. C'est le cinquième qui passe en une heure.
- Sans doute les ordres de bataille et les demandes d'assistance pour demain, fit remarquer Mike, installé à côté de lui sur une souche. Il grattait distraitement les oreilles de Dispater, lequel était couché à ses pieds, appréciant la faible chaleur du foyer.
- En tout cas, celui-là sentait le brûlé, dit Laylay, resté debout un peu à l'extérieur du cercle. Ces maudits dragonniers on du vouloir lui faire peur.
- A moins qu'ils ne réagissent au mot "soutient" comme notre Primat réagit au mot "subvention", [i]maugréa Teclis, installé sur une tonneau vide.
J'ai gagné au moins cinq nouvelles cicatrices la semaine dernière. Qui me grattent encore, d'ailleurs.
- Au moins il sentait meilleure que celui qui le précédait. Celui-là devait avoir oublié comment contrôler une vessie.
- Tu es prié de garder ce genre de détail pour toi, merci, [i"> fit remarquer Sharah'In.
Nous ne sommes peut-être pas doté de ton nez mais nous nous en portons très bien sans que tu nous fasse un rapport sur chaque nouvelle fragrance. [/front]
- Bah, avec un peu d'encens, on masque tout. Par contre une nouvelle bûche ne serait pas de trop, ce feu est aussi anémique qu'un...
A peine Teclis eut-il le temps de parler que le foyer se vit noyer dans une effrayante flamme montante qui sécha instantanément les environs et envoya Teclis basculer cul par dessus tête.
- Merci Tear.
- ...
Les Enfants se replongèrent dans le silence, au milieu duquel ne résonnait que le claquement du bois en train de brûler. Tous regardaient les flammes, y voyant se tortiller les silhouettes de leur choix.
- La journée de demain sera éprouvante, fit remarquer Laylay. Peut-être devrions nous aller dormir.
Chacun approuva en hochant la tête ou en maugréant son approbation mais personne, lui compris, ne fit mine de se lever. Le silence s'installa à nouveau.
- Peut-être... Peut-être une petite prière? proposa Exodus.
Le silence s'épaissit encore plus, nourrit du mutisme né de la surprise. L'Enfant regarda tour à tour les visage immobile de ses camarades.
- Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'ai émis l'hypothèse que...
- On a entendus, le coupa Mike. C'est juste que c'est un peu, comment dire... étonnant que cette idée vienne de toi.
- Et pourquoi ça je vous pris? J'ai fait mes sacrements comme tout les monde et l'Unique sait combien je suis pieu!
- Oui, avant chaque repas, fit remarquer Sharah'In, ce qui inscrit un sourire moqueur sur le visage des autres Enfants.
- Ha-ha, très drôle madame "je sècherais la messe si le Primat n'avait autorisé à ce que l'orgue soit accompagnée à la guitare".
- Elle au moins joue-t-elle les antiennes quand toi tu les ronfles, persifla Mike. On y gagne en musicalité.
- Bon, j'ai compris, ronchonna Exodus devant les rires de ses compagnons. Je ne dirais plus rien d'intelligent à partir de maintenant. Je me contenterais de dormir et de prononcer un "gigot" de temps à autre, histoire de coller à la réputation.
- Grace soit rendu à l'Unique, nos prières sont exaucées! fit Laylay en montant les bras au ciel dans un mouvement théâtrale savamment étudié.
- Va brûler!
- Moi l'idée de la prière me plait bien.
Le silence s'installa à nouveau, rompu par un Exodus un brin gêné.
- Euh, tu sais c'est gentil Tear, mais c'est bon, pas la peine de faire semblant de me soutenir, hein.
- Je ne te soutiens pas, fit remarquer le cadet des Enfant, je fais juste remarquer que même l'esprit le moins dédié, et sans doute le plus aéré, peut être parfois suffisamment ouvert à Ses paroles.
-... Faux-frère.
- Bref, une prière n'est jamais une mauvaise idée, maudit soit celui qui oserait l'insinuer. Vu la journée de demain, c'est sans doute même la meilleur chose à faire.
Aucun Enfant n'osa prétendre le contraire, d'un côté parce qu'aucun croyant digne de ce nom ne pouvait décemment rejeter un appel à la prière, et de l'autre parce que les nouvelles comme celles du "bûcher sauvage" de Tear circulaient vite, même dans un corps armée de cette taille.
Le jeune pyromancien se mit debout devant la foyer, bascula la tête et monta les avant bras vers le ciel nocturne. Les flammes prirent alors la forme du symbole du Culte, petit artifice qu'Exodus trouva un peu trop théâtral à son gout mais ô combien efficace dans ces circonstances. Les cours de démagogie ne s'étaient pas perdus pour tout le monde.

- Ô Unique nous te prions, commença Tear d'une voix forte. Nous nous tournons vers Toi en cette nuit, à la veille de la bataille que nous livrerons en Ton nom, pour te demander de porter vers nous Ton amour pour l'humanité, que nous savons infini. Nous nous tournons vers Toi, nous t'ouvrons nos cœurs et nos âmes purs de toutes souillures, emplie seulement de ton affection et de la haine justifiée envers ceux qui ose te voir et malgré tout te rejeter. Nourris Toi de l'image que nous formons en notre esprit, et reconnais-y la forme de la déchéance et de la jalousie à l'encontre des hommes et femmes de Ton peuple, des dangers que nous sommes près à affronter pour libérer les pauvres esclaves du joug des tyrans allanthropes. Qu'ils soient la cible de Ta puissante justice, et qu'à travers nous se déversent les flots de Ton indomptable colère, châtiment mérité à l'encontre des blasphémateur.
Tout les Enfants avaient maintenant le visage et les mains levé, répétant à voix basse les imprécations de leur cadet, emportés qu'ils étaient par sa ferveur.
- Ô Unique, nous te prions, nous qui demain allons tout donner en Ton nom et pour notre race. Protège Tes serviteurs, nous t'en supplions, pour que toujours plus loin nous puissions semer Ta parole, germes féconde de notre libération. Que notre foi soit notre armure et notre arme et que celui qui reste pur survive à la bataille à venir. Et si il est écrit que nous sommes destiné à mourir pour servir Ton projet, alors qu'il en soit ainsi: nous ne craignons pas la mort car nous savons que Tu nous accueillera, comme tu l'a fait pour chacun de tes Enfants. Tu es l'Unique et nous te donnons tout notre amour et notre confiance, car Tu es celui qui nous as montré que tous ont une place à tes côtés.
- Car tu es celui qui nous a appris que l'humanité est une seule force.
- Car tu es celui qui nous a appris que l'Homme peut se relever.
- Car tu es celui qui nous a appris que l'Homme n'est en dessous de personne.
- Car tu es celui qui nous a appris que l'Homme n'est jamais seul.
- Car tu es celui qui nous a appris que l'Homme ne connait pas de limite à la grandeur que lui nous accorde.
- Aussi si nous devons mourir demain, que cela soit, nous accueillerons Ton jugement avec bonheur, et c'est dans un merveilleux rêve que nous attendrons l'ultime appel des défunts. Ainsi soit-il.
- Et si je suis déjà mort et que le rêve est sous mes yeux, alors que grâce te soit rendu car la vérité est encore plus belle, et ce que je vois est le plus beau des songes.
Tous se retournèrent lorsqu'ils entendirent la voix de DeVaanne, lequel se tenait deux mètres derrière le cercle. Il avança à pas mesuré jusqu'au feu où il contempla ses Enfant, le visage fatigué mais plus calme que d'habitude.
- Belle prière, ma foi. Mais la journée de demain risque de durer longtemps. Allez dormir, je vous veux frais pour la bataille.
Les Enfant opinèrent et se levèrent en douceur avant de rejoindre leur tente respective. DeVaanne s'installa alors sur la souche que venait de libérer Mike, laissa échapper un long soupir de fatigue et de tension accumulé et se pris à contempler les flammes à son tour.
- C'est valable aussi pour toi tu sais? dit-il après plusieurs longue secondes.
- Je sais, lui répondis Exodus. Mais tu t'étonneras pas si je suis un peu long à la détente.
- Non, j'ai l'habitude. Il se passa lentement une main dans les cheveux, massant sa tête qui avait été si douloureuse ces dernières heures. [/i] Tu sais, c'est plutôt rare comme instant, mais il y des moments ou j'éprouve de la fierté à vous avoir sous mon commandement, va savoir pourquoi.
- Hum, on se demande bien pourquoi.
- Heureusement que tu es là pour me rappeler cette rareté.
- Je t'en pris, je suis là pour ça.
- Vrai. Alors qu'attend-tu pour partir maintenant que ce rappel est fait?
- Un peu de solitude. A vrai dire j'étais d'abord venu m'installer près du feu pour me cuire une dernière saucisse avant de dormir, dit-il en sortant de sa manche deux long bâtonnets sur lesquels étaient piquées deux fines saucisses, mais les autres sont arrivés avant que j'ai pu les sortir, et je n'avais pas le cœur à les manger devant eux. Tu veux la deuxième? Je ne la mangerais pas.
- Tu es désespérant, j'espère au moins que tu le sais.
- Ce qui ne répond pas à ma question.
- ... Pourquoi pas.
- Parfait, fit Exodus en mettant les deux bâtonnets au dessus du feu. Comme je le dis, "si je dois arriver devant l'Unique...
- "... que ce soit le ventre plein". Ca va, tu le répètes assez souvent.
- Et bien, à croire que je vais finir par réussir à t'apprendre quelque chose!
- Tais-toi et fait cuire.
- Oui mon Primat.
- La bataille de demain sera horrible, finit par dire DeVaanne après un long silence.
- Comme toute les batailles.
- Certes, mais les dragons et les magiciens vont mettre les nerfs des hommes à l'épreuve, et les combats de rue sont les plus violents et sanglants qui soient. Honnêtement, je crains que le plus dure à faire sera de maintenir le moral des troupes. L'affrontement durera sans doute jusqu'à la nuit, voire même jusqu'au lendemain.
- A nous de la raccourcir autant que faire se peut.
- J'y compte bien. Traquez nos ennemis. Eliminez les chefs et supprimez les renforts. Ainsi parviendrons nous peut-être à sauver plus de vie que prévus. Ce n'est pas avec une armée en lambeaux que l'on gardera le territoire après la victoire.
- Tu regarde déjà loin, lui fit remarquer Exodus.
- Il faut bien que quelqu'un le fasse, répondit froidement DeVaanne. Et crois moi, malgré tout mes efforts, plus je regarde et moins j'aime ce que je vois.
- Bah, dans ce cas là regarde moins loin, des choses plus sympathiques.
- Ah oui? Je n'ai pas l'impression de voir quoi que ce soit de plus agréable dans le futur proche.
- Et bien moi je vois déjà une chose, dit alors Exodus en lui mettant sous le nez une saucisse cuite à point.
Et pour la première fois depuis plusieurs jours, DeVaanne s'autorisa un vrai sourire.


***


Au lendemain, vers le milieux de la matinée, les habitants de Galvorn eurent droit à un spectacle à la foi fabuleux et effrayant.
L'ost du Culte de l'Unique en Ter Aelis était rassemblé dans toute sa grandeur, en formation devant la large route qui passait les marais au sud-est. Les rares rayons que laissaient passer les lourds nuages se reflétaient sur les armures et les boucliers des soldats comme un millier d'étoiles, et le vent du sud faisait claquer les étendards aux couleurs vives des différents bataillons. Au centre de l'armée, juste devant un grand pavillon dressé à la hâte se trouvait un étendard gigantesque aux couleurs du Culte, la croix doré de l'Unique ressortant telle une lame sur le fond rouge bordé d'or. Les cors avaient été placés à l'avant des lignes, n'attendant qu'un signal pour débuter leur discordante symphonie et annoncer à tous que Sa colère était en marche et qu'il serait alors trop tard pour implorer le pardon.
Plus loin, longeant le littoral, la flotte attendait elle aussi ses ordres, prête à fondre sur l'armada mercenaire avec tout le zèle qu'on lui connaissait. Les marins vérifiaient que chaque pièce étaient prête à faire feux et qu'aucun projectile chanceux ne pouvait toucher les stock de poudre ou de feu éternel. Les mandrites, exhortant leurs équipages, étaient confiants, le vent de sud facilitant sans doute l'assaut à venir.
L'armée du Culte de l'Unique était prête à livrer sa première guerre sur le territoire de Ter Aelis, et n'attendait plus qu'un seul ordre pour commencer la libération.




*Archiviste Teclis, Deuxième jours de marche depuis Port-Liberté, rapport de fin de soirée. Encore du gruau d'avoine et du lard au menu ce soir. Ai trouvé un rat cuit dans mon gruau. M'a coupé l'appétit. Penser à dénoncer le cuisinier de campagne pour hérésie et empoisonnement. Penser à l'avenir à rester près d'Exodus à l'heure des repas.
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Sanz
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeLun 20 Aoû - 17:32

Sur une colline dans un ordre parfait, l'arme attendait calmement. Les flancs des archers de sang formaient de longues ailes élégantes tandis que la tête semblait tendre comme une pointe acérée vers un point de l'horizon : la Cité de Galvorn. Au dessus d'eux dans la confusion des nuages et de la lumière des jeunes dragons sillonaient l'espace en recherche du moindre indice de déplacement. Ainsi toute la région était quadrillée sans laisser l'espace à la moindre surprise. Même leur éventuels alliés que représentait l'Unique et sa clique étaient régulièrement survolés par des pistards. Parfois certains d'entre eux s'amusaient a descendre en flèche sur des cohortes pour effleurer le casques, provoquant quelque frayeurs et quelque abandons de poste mais sans jamais aller au delà qu'un simple avertissement qui se voulait clair : " Vous êtes avec nous, mais nous sommes au dessus de vous".

Malgré la connivence qui s'était installée entre le Primat et les Hauts seigneurs par le biais du tutorat de Sargas et de divers événements, la méfiance restait ancrée dans la char comme le souvenirs de batailles sanglantes et de révolutions antiques. Les Dragons plus particulièrement, ayant une vie plus ancienne que les hommes avaient en mémoire le lourd héritage qui liait les deux confréries et n'étaient clairement pas prêt à laisser une marge de manoeuvre à ces adorateurs d'un culte étrange. Leur surveillance semblait donc naturelle et méticuleuse et leur brèves intervention une façon de rappeler que leur alliés pouvaient aussi bien se retourner contre eux à tout moment et ce pour quelque raison qui soit, justifiée ou non.

Dans le courant d'un des dragons, une ombre noire apparut, discrète présence. Elle n'avait ni nom ni forme mais d'aucun savaient que c'était une âme du prince qui cheminait de bataillon en bataillon pour recueillir les informations et laisser à son Maître l'occasion de déduire la marche à suivre. Semblant satisfaite , elle se laissa déporter par le vent pour atterrir dans une clairière sombre ou dominait un Portail encore faiblement ouvert. A côté Cassiopée attendait, les mains et le front encore légèrement ensanglantés. Quand une explosion pourpre provoqua une levée de vent et le Prince entouré des Seigneurs du Chaos firent leur apparition. Dans la Main de Sanz brillait l'arme tachée du sang de victimes récentes. Devant le regard interrogatif il marmonna vaguement :

" Faim quelque chevaliers de l'Unique en retard. Repas bon"


Puis il s'effondra brusquement, et resta inanimé dans l'étendue verte qui entourait le Portail. Les yeux des hommes autour s'agrandirent tandis qu'un rugissement troubla l'espace. Anwen sortait de l'orée de la forée en furie telle un animal aux yeux rougeoyant de colère. Sur l'épaule du fauve de longues blessures suintaient encore. Se jetant sur le corps de son maître elle commença a se laper consciencieusement tandis que les hommes restaient immobiles autour d'eux. Ce fut la Reine Vampyre qui brisa le silence :

- Dans la Vallée d'Anan'z... Des traqueurs Immor* . On ignore ce qu'ils faisaient ici. Un Dragon de Fek est... mort.

La fin de la phrase résonna comme un coup de massue. les Dragons de Fek étaient censés être les plus robustes des Dragons. Leur corps de pierre ne craignaient aucune attaque physique, et leur puissance ancienne savaient les préserver de nombre de sorts. Ce n'étaient pas des traqueurs anodins qui auraient pu surmonter la force d'un Dragon de Fek. L'ennemi semblait encore désordonné ou loin mais il semblait s'organiser de mieux et en mieux et ses interventions de plus en plus violente. Eyr s'approcha de la lionne. Sa haute stature impressionnante et son calme imperturbable apaisé l'animal qui le regarda de ses yeux brûlants. Il tendit sa main vers la plaie béante et murmura :

- Ces plaies ne guériront pas d'elle même... Sar'en* ...il te faudra une guérisseuse...Où est Fek?

- je l'ai quitté tremblant de rage dans les palais... Il devrait bientôt...

Elle n'eut pas le temps de terminer, une vague de poussière et de vent les heurta de plein fouet tandis que la nuit survint brusquement. Le soleil avait été avalé par l'ombre gigantesque qui s'était emparée de la clairière. Au dessus d'eux l'Eternel dominait de son ramage et ses frères dans sa course formaient une barrière sombre et impénétrable dans le ciel. D'un sursaut rageur Fek détruisit brusquement le portail d'un coup de queue rageur. les pierres volèrent et la magie s'envola dans l'air dans en se dispersant rapidement. Cassiopée leva les yeux tandis que les Dragons de pierre encerclèrent l'espace. Il y avait tant de rage et de souffrance dans leurs yeux qu'elle savait qu'elle n'aurai pas assez de force pour les apaiser et les faire patienter. Pourtant elle s'essaya de quelque mots , consciente qu'il n'y aura aucun d'engagement de l'armée du Sang tant que le Prince était perdu dans son coma.


- Je connais votre douleur et je la vis avec vous... mais il va falloir patienter et espérer qu'ils ne tentent rien de plus avant que nous n'ayons fini avec ces lunaires. Au moins peux t'on espérer qu'ils n'en savent rien de ces guerres à venir, du moins le croyons nous... .


Eyr l'interrompit brutalement tout en aidant Anwen à se relever.

- Nous devions être depuis deux heures au point de rassemblement. Notre absence, en particulier celle du Prince risque de sembler suspecte, il va falloir trouver rapidement... une alternative à tout cela. Sans lui, nos armées ne s'engageront pas mais si nous traînons trop l'Unique risque de se douter de quelque chose. Et vu les circonstances on ne peut pas encore se permettre de nous les mettre à dos.

Un silence s'installa dans la clairière tandis que le Sanz restait au sol inerte. Anwen glissa sa tête sur sa poitrine et s'allongea comme pour veiller sur son corps tandis que dans l'esprit des membre du Sang un doute s'installait sur la marche à suivre. Il allait falloir jouer de ruse pour prétendre que le Prince continuait de commander ses armée tout en retardant autant que possible l'affrontement. D'un claquement de pied Cassiopée réveilla tout le monde en ordonnant sèchement :

- Partons.

Eyr écarta doucement Anwen puis souleva le prince afin de le porter sur son dos et tandis que Feyk plongea son cou vers le sol il le déposa délicatement sur le dos de l'Eternel. Enfin il se transforma en sa forme naturelle de Dragon d'Eyr et s'envola avec les Généraux vers le Camps du Sang, au nord est de Galvorn qui les attendaient depuis longtemps déjà.

Sur leur route, ils virent marcher d'un rythme lent l'armée de l'Unique. A l'arrivée du mur de poussière et de vent, et de l'extinction progressive du soleil en plein jour il y eut comme un effet de panique dans les rangs des soldats. Peu à peu ce fut une véritable tempête qui les désorganisa temporairement tandis que descendait tel un faucon aux ailes multicolores, brillant comme un astre, vers la tête du Primat. La voix de la bête somptueuse résonna dans l'esprit du Chef comme une parole douce et captivante :

- Notre armée rejoint lentement le point de réunion comme convenu. Vous pouvez admirez l'envol de nos Dragons éternels au dessus de vous quoique nous soyons navré du vent et de la poussière que cela entraîne... . Sous deux jours, nous devrions être prêt a guerroyer joyeusement à vos côtés. Quelque contre temps nous ont forcé à retarder notre arrivée mais... je suis persuadé que les Dragons Agiles veillent sur vous constamment... pour votre sécurité bien sur.

Enfin, sur ces derniers mots il remonta dans l'ombre noir des Dragons et disparut dans la nuit. Peu à peu, les bataillons arrières retrouvèrent la lumière, d'abord timidement puis de façon éclatante et le nuage de poussière retomba jusqu'à laisser une belle journée ensoleillée et brûlante accueillir de nouveau l'Unique et son lot soldats sans chapeau, griffés a la joue par quelque grains de sable.

-----

Immör* : Dragons liés par le Serment qui ont juré de détruire les Dragons du Sang. L'affrontement évoqué est situé en parallèle des histoires racontées ici.
Sar'en: Fille du Sang, en langage de dragon.
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeJeu 23 Aoû - 13:09

Une gardienne harmonique pouvait-elle devenir chef de guerre ? Cette question revenait de manière lancinante au fil de la réflexion de Cassiopée.
Elle avait mené les pourparlers diplomatiques avec le Primat afin de convaincre Les Uniques d’attaquer les Lunaires en échange d’une part de l’éducation de Sargas. Le représentant allié lui reconnaissait la légitime place de Dame du Sang, mais qu’en serait-il des dragons ?
La Confrérie du Sang était si liée à son Héritage que le pouvoir du Prince Sanz lui garantissait la mainmise sur les armées. Il en était le maître et les dragons attendaient son commandement.
Les rôles de chacun étaient cruciaux.
Le Prince, Chef de guerre, attaquait et menait les troupes, la Protectrice et Gardienne Harmonique défendait jusqu’à tuer s’il le fallait. Les rôles étaient immuables.
Il était donc crucial que l’état de santé de Sanz s’améliore dans des délais très brefs car dans deux jours les combats commenceraient et l’état major de L’Unique était peu patient.

-Pourquoi t’inquiéter ? Lui disait la voix profonde d’Issac dans son esprit. Au pire, L’Unique se retournera contre le Sang. Alors, les dragons mordront pour protéger et suivront les yeux fermés leur Dame.

-Mais que deviendrait le Sang sans son Prince ? Il est le porteur des âmes sacrifiées et l’Harmonie se joue autour du flux qui en découle.

-La peau qu’il porte n’est pas suffisante.

-Que veux-tu dire par là ?

-Un dragon de Fek est mort aujourd’hui.

La phrase prononcée sans qu’aucun son ne soit émis, tétanisa Cassiopée. Les dragons de Fek ne pouvaient mourir… De mémoire, elle ne se souvenait d’aucune disparition d’un dragon de pierre. La perte impliquait des ennemis devenus trop puissants. L’attaque avait dû être rapide mais lourde à la fois et sans doute sur plusieurs fronts.

Sur le dos d’Issac, Cassiopée survolait maintenant les troupes de l’Unique. Autour d’elle, quatre fées d’Orh montaient quelques dragons agiles sélectionnés par Melaka elle-même.
Au sol, les troupes alliées avançaient en rangs serrés et disciplinés sur des kilomètres de poussière. Vue du ciel, elles ressemblaient à un immense bulldozer en action.
Cassiopée rejoignait l’Etat major des Armées Unique. La formation piqua vers un petit groupe que la Dame reconnaissait pour être les représentants de la Confrérie alliée.

Cependant, l’arrivée d’une délégation aérienne composée de dragons n’était jamais vécue avec insouciance pour les inquisiteurs. Très vite, l’ombre portée sur le sol fut telle que, hommes et bêtes s’écartèrent en fuyant l’espace comme si le ciel allait leur tomber dessus.
Seuls demeuraient les incontournables chefs et leurs gardes personnelles.
Glissant sur le cou qu’Issac tendait vers le sol pour lui faciliter la tâche, Cassiopée gagna le cercle dans lequel elle trouva De Vaanne et son air revêche :

-Faites un sourire, cher Primat, me voici !
Dit-elle moqueuse. Vos troupes avancent bien lentement.




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Méli
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MessageSujet: Re: Les dés en sont jetés [Guerre des confréries]   Les dés en sont jetés [Guerre des confréries] - Page 2 Icon_minitimeMer 29 Aoû - 1:50

La rage s’était emparée de Nayima quand l’anneau l’avait contrainte. Elle avait décuplé quand la sanction du Prince était tombée. Elle lui en voulait, elle souhaitait quitter la Confrérie, ce tyran; et cette rancune ne l’abandonnait pas malgré le temps passé à la poursuite de Grendelor.

Pourtant, quand ce lien qui avait déchiré sa peau délicate quelques années auparavant se mit à brûler avec une intensité telle que la jeune femme vacilla pour finalement tomber à genoux pliée de douleur, toute cette rage s’envola pour laisser place à la peur. Une peur profonde et paralysante, celle-là même qui grandit quand la certitude que des forces insurmontables se sont mis en oeuvre et vous menacent.

Cette chaîne lui apprenait que le Prince était en danger, les défenses qui contrôlaient les âmes étaient peu à peu anéanties. Les esprits enfin libérés ne pouvaient cependant que suivre ce lien, et se dirigeaient droit vers l’elfe.
La terreur qui tenait Nayima se manifestait par les images de son dernier combat contre les âmes, lorsqu’elle avait cru mourir encerclée par la noirceur des esprits.

Une fois encore, Iolar et Firith furent la force de protection qui protégea l’elfe. L’âme aigle Iolar, ancien chevalier du Sang, avait acquis de la force depuis qu’il “hantait” la jeune guérisseuse. Cependant, la puissance acquise ne suffirait pas longtemps si le Prince ne reprenait pas le contrôle des défenses.

Cette certitude sortit Nayima de sa torpeur, glacée par la peur d’échouer, consciente que relâcher les
anciennes âmes signerait la mort de milliers d’êtres, elle laissa la Furie prendre la contrôle et foncer vers le Sang, vers le tyran oublieux de ses devoirs.



La Furie volait vite, sans se préoccuper de se reposer ou même se nourrir. Nayima voyait les paysages défiler dans une sorte de fièvre, sans véritablement les discerner. Elle se détourna du combat interne entre les âmes et ses protecteurs que lorsqu’elle réalisa que la Furie avait trouvé l’armée de l’Unique.
Nayima prit alors conscience qu’elle stagnait dans les airs non loin d’un groupe de dragons et vit s’avancer Dame Cassiopée vers le cercle de commandants des troupes de l’Unique.

La jeune femme s’attendait à trouver le Sang en panique au lieu de quoi la Dame conversait avec leur allié d’un temps comme si tous ne courraient pas un danger mortel immédiat. Alors que Nayima suivait du regard Cassiopée, cherchant le moindre signe d’inquiétude, elle ne remarqua pas que sa forme étrange attirait l’attention autour d’elle.
Si le Sang reconnaissait ses membres malgré la forme prise par ceux-ci, la Furie ne pouvait manquer de surprendre, corps de jeune femme recouvert de feuilles dorées aussi coupantes que la plus fine des lames, aux yeux rouges sang, à la chevelure de feu et aux longues ailes d’un blanc pure. Un être étrange si loin de la forme de la fragile elfe Nayima.

Une créature potentiellement dangereuse débarquant au milieu d’une armée alliée au Sang par nécessité et dont les soldats étaient inquiets de l’imminence des combats. La présence trop proche des êtres monstrueux que pouvaient sembler être les puissants dragons apportaient également une tension palpable.

Nul doute que Nayima aurait dû davantage s’inquiéter du danger proche et immédiat composé par ces hommes déjà bien trop fatigués par les évènements inhabituels et contrariants de ce périples vers la guerre.
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