J'ai eu une vision.

J'ai eu une vision.

Dans le soir de mes yeux clos, je l'ai vu violer mon envie.
Quémander mes lèvres pour mieux forcer mes mains.
Dans les siennes. Et moi pantin de bois, sous ses assauts,
Je soupirais doucement.



J'ai eu une vision.

J'ai vu un ciel d'or et de pourpre chatoyant.
Le rouge du sang fatigué, mélé aux nuages de bronze.
J'ai vu son sourire envahir et noyer tout.
Et moi avec.



J'ai eu une vision.

Comme un fouet qui claque et un poing dans la face.
J'ai su les intentions perdues et les désirs qui passent.
Et mon corps heurté à ces vérités ne s'est pas affaissé.
J'ai vu mes jambes tenir bon, ancrées dans la terre;
Et mon dos plier sous la bourrasque imprévue.



J'ai eu une vision.

C'est un monde nu que nous devons essayer. Nu de nous.
C'est un monde foudroyant et clair.
Celui des plaies sanglantes mais indolores.


J'ai eu une vision.
La mer était calme.

Ce texte est très mystérieux ... Mais mon dieu qu'il me plaît ! Je ne saurai pas trop quoi te dire de plus, si ce n'est que j'aime les images qu'il m'apporte, le rythme que tu donnes aux mots. Il est vif et perturbant, comme une vision peut l'être je pense.

Bouah. Lilith. Chuis soufflée.

J'ai cru, à la première lecture - déformation martiale du moment - que ton texte parlait du viol. Mais en fait, c'est pas du tout ça. À la deuxième lecture, j'y ai vu la complexité des désirs humains. Ouais. Rien que ça. Pis d'autres trucs aussi.

De toute manière, je n'aime pas m'étendre sur ce que je comprends d'une œuvre. Saches simplement que tu m'as bouleversée, avec ce texte. Je commence tout juste à respirer à nouveau.

Merci.

J'ai aussi bien aimé ton texte. Il transpire la vérité (si ce n'est pas le cas, c'est d'autant plus fort) avec un accent poétique, pour moi, relativement neuf. Je ne parle pas du ciel d'or et des nuages de bronze, bien que ce passage soit bien écrit, mais plutôt de la première strophe. Ce qui est intéressant, c'est qu'on ne se rend pas tout de suite compte qu'il s'agit d'une image ; on te prend d'abord au mot, pensant au viol. En lisant la suite, l'image apparaît (enfin, m' a apparu / j'espère que c'est bien une image, sinon j'ai pas tout compris !). La description si classique du viol illustre avec efficacité ton sentiment sur votre rencontre.

Le leitmotiv me plaît moins. Je trouve le verbe "avoir" un peu plat pour être autant appuyer. sans compter l'indélicatesse du manque de liaison qu'il provoque phonétiquement parlant.
Le verbe quémander me parait un peu poussif (avis très personnel)

Les jambes ancrées dans la terre et le dos qui plie sous le vent, c'est beaucoup moins neuf, mais ça a le mérite d'être efficace. La "morale", qui contribue sans doute à ce climat mystérieux dont parle Melaka, me travaille : qui vise ce "nous". Est-ce l'ancien couple, est-ce l'auteur et le lecteur ? Si voulue, l'ambiguité est très réussie. "Nu de nous" fait penser que tu parle à celui dont tu parles (j'me comprends). Aussi, pourquoi ce revirement ? Pourquoi nous parler de lui tout le texte pour ensuite lui parler directement ? Weird.

En tout cas ton texte me plaît !

Merci pour vos commentaires.

@Rei: il n'y a pas de changement dans la personne à qui s'adresse le poème. Je m'adresse à tous et à personne. Jamais à une "moitié" de couple. Si je m'adresse à quelqu'un directement c'est au lecteur. Du moins j'ai essayé

J'ai eu une vision. Un texte qui m'a interpellé.
J'ai eu une vision. Un texte qui m'a parlé.

J'ai apprécié le texte filigrané d'airain,
J'ai aimé le monde décrit de ta main.
J'ai adoré le mystère distillé dans cet écrit,
J'ai tenté de l'exprimer dans ce débris
J'ai tourné vainement en rond pour dire une chose simple.

J'ai trouvé ton texte en me promenant dans ces couloirs multiples
Et j'ai grave kiffé, sa maman.

J’ai eu une vision.

J’ai vu l’attente éclore au matin
Et l’ambre des jours sans un mot se faner.
J’ai senti le souffle d’une main sur ma peau
Griffer ma vertu et battre mes maux.


J’ai eu une vision.

J’ai senti la mort du temps dans un éclat inachevé,
Ensevelir courages et corps abimés. Et doucement
Embrasser mes lèvres sèches, d’avoir trop prié.


J’ai eu une vision.

Dans la nuit vespérale, l’appel a jaillit
Et le sang de mes veines a soupiré d’ennuis.
La chaleur du Rouge sur ta bouche pale,
Est une offrande à mes amours batardes.
Ne me reviens pas, je t'aime mieux loin de moi.


J’ai eu une vision.

C’est un été libre que nous devons vivre, libre de nous.
L’amour distant et secret.
Les étreintes dispersées ont des charmes inavoués.


J’ai eu une vision.
Ta main sur ma joue.

En tout cas, c'est un très jolie texte.

j'ai bien aimé.

J'enchaine ton texte après avoir parcouru la mise à jour de Gara... j'ai eu un lapsus et j'ai lu "J’ai senti le gouffre d’une main sur ma peau". C'était bien aussi ^^

ça se lit doucement et tendrement. J'apprécie

Je viens de lire les deux l'un après l'autre.

J'aime cette distance (temporelle) et ce qui y a germé (dans la distance sentimentale).

Oui, c'ets agréable comme ces amertumes estivales, fraiches et pleine d'une lumière déclinante, lancinante.

Saisir l'ambiance, la couleur, la lumière et le sentiment... tout à la fois dans ces quelques lignes.

Pas mal !

Merci pour vos avis.
Gren c'est vrai que gouffre, ça passe bien aussi

C'est vrai aussi que le temps à passé entre les deux poèmes et que d'une certaine manière j'ai changé.
Je pensais faire une série, mais ça risque de vite devenir monotone. Donc je vais m'arréter là je pense