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 Distorsion [Science Fiction]

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Cocoon
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeSam 21 Avr - 12:53

Sur l'instant, je ne saurais vous dire si ce qui me terrifiait le plus était de savoir que le monstre pouvait remonter, ou bien descendre dans le complexe. Dans les deux cas de figure, je m'attendais au pire. Qu'allait-il faire? Lorr devait bien faire dans les quatre ou cinq tonnes désormais, il lui serait difficile de s'évader par la porte.... Alors que faisait-il? Les vibrations et le bruit du métal, voir même des étages défoncés ne me rassuraient pas le moins du monde. Il fallait sortir d'ici au plus vite. Rejoindre l'astroport, quitter cette maudite planète.

L'équipe était figée, nous étions à l'étage -16, ou -15 peut être bien, et nous attendions dans la crainte. Il fallait détruire cette aberration, mais comment se débarrasser d'une bio expérimentation belliqueuse de plus de 4T, avec quelques grenades et une poignée de chargeurs ? Velta s'affolait sur les données qu'il avait volé un peu plus bas.

-Ça a l'air de descendre, non? Plaça Tiirs d'un air se voulant rassurant.

-Mh...ça s'éloigne. Pour le moment. Velta, t'en es où? Y'a quoi en bas?

Joris essayait de garder son sang froid, scrutant les environs, tendant l'oreille, gardant son gros index calleux sur la gâchette de son fusil. Tout le monde était sur le qui-vive. Pour ma part, je ne comprenais pas pourquoi nous n'étions pas déjà en train de courir vers la sortie, fuyant pour nos vies. Mais je dois bien admettre, pour l'avoir testé moi-même sur une autre planète, que s'enfuir en regardant un plan tout en en élaborant un n'est pas forcément la solution la plus simple à appliquer (même si parfois, c'est la seule qui marche).

-Si il descend vraiment, il va atteindre les réacteurs et les réserves énergétiques du complexe. A mon avis, il va faire le plein...

Cette dernière remarque a eut comme effet d'un coup de griffe dans les tripes de toute la troupe. Un silence de mort s'imposa dans le couloir. Le "plein"?! Avec le recul, ça me parait logique, mais j'avoue avoir eut du mal sur le moment à comprendre comment un parasite géant, ayant le culot de sortir de son bocal pouvait de surcroit jouer les mal nourris... La bestiole devait bien pomper le tiers de l'activité de la planète en terme d'énergie, si ce n'est la moitié. Et elle voulait encore un casse croûte après ça ?!!

-Bon, alors on va profiter que Lorr se fasse les dents sur les réacteurs pour se tirer d'ici. On fonce jusqu'au niveau -12, si l'ascenseur marche encore, on court au vaisseau et adieu Aria IV, maintenant!

Pour être honnête avec vous, je dois bien avouer que la suite des évènements me parut incroyablement courte. Emporté dans la panique générale, nous n'avions pas échangé grand chose, si ce n'est des coups de feu avec les créatures qui barraient notre chemin. Elles étaient plus nombreuses, plus agressives, plus rapides. Et ce ne fut que 2heures plus tard que je compris que la source de fatigue et les picotements dans mon flanc n'étaient pas dus qu'à l'effort ou un éventuel point de côté. Le fait que j'avais une entaille profonde au niveau sub thoracique ne me vint à l'esprit que lorsque mon genou s'écrasa de lui même sur le sol. En signe de protestation. Après une compresse et un rapide bandage, je reçu l'aide bienvenue de Gonagan pour m'aider à avancer.

Les étages, de ce que je me rappelle de notre fuite éperdue, étaient plus accessibles que les précédents. Non pas parce que les escaliers se faisaient plus nombreux, mais parce que les parois était détruites, fondues par endroits, ou tout simplement réduites en (larges et épaisses) miettes par des moyens connus et inconnus. Des trous béants se dévoilaient parfois au détour d'un couloir, donnant directement sur les 4 étages au dessus, ou sur ceux d'en dessous. Le complexe d'Aria IV était devenu en peu de temps un gruyère de 25 étages, et je salue la prouesse des architectes, qui avait construit un joyau en terme de structure, car le site ne s'effondrait pas, et il n'y eut à déplorer que quelques chutes de pierre seulement sur notre passage. Venant d'un traître plafond ou d'un plancher dérobant, à l'occasion.

Ainsi, nous pûmes escalader des tas de gravas pour grimper d'un étage ou deux, et faciliter ainsi notre remontée dans les différents niveaux. L'opération ne nous prit, en tout et pour tout, qu'une trentaine de minutes, en comptant les combats avec les corrompus, le jeu de cache cache avec l'un de leurs plus massifs représentants, et l'escalade en elle-même. Étrangement, le fait que les monstres se multiplient était rassurant dans un sens. Car je préfère de loin un bon combat et voir l'ennemi tomber, bien qu'il ne soit qu'un parmi des milliers d'autres, plutôt que rester seul, dans l'attente d'en voir débarquer un. Plus les monstres tombaient sous les tirs de mon escorte, plus je me sentais rassuré. Le mal avait un visage, et il pouvait saigner. Deux faits ô combien rassurants quand on démarre une exploration souterraine dans une salle d'interrogatoire, après une coupure générale de courant, et des hurlements en fond sonore.

Avec la progression vers le niveau -12, je me voyais donc plus rassuré, tout en gardant en tête que Lorr pouvait se manifester d'une seconde à l'autre.

-A droite à la prochaine, objectif dans 20 mètres. S'écria Marcus, qui avait décidé de servir de co-pilote à notre débandade. Tandis que le pauvre Velta essayait tant bien que mal de planifier la suite de notre itinéraire, une fois sortis de là.

Le couloir où nous étions indiquait le fameux niveau après lequel nous courrions depuis tout à l'heure, mais l'entaille que j'avais pris pour un point de côté très persistant absorbait une partie de ma concentration, et je suivais plus le groupe par instinct de survie que par une volonté clairement planifiée, toujours aidé par mon ange gardien en tenue kaki. L'éclairage y était pour une bonne part. Un noir total, bercé par d'agressives lumières rouges, projetées par les gyrophares d'alerte. Autant dire qu'y voir dans ce chaos relevait du défi, et le fait que Velta et Marcus aient réussis à nous guider dans cette course souterraine, et qu'ils m'aient permis d'en sortir vivant notamment, y sont pour une grande part du respect qui leur fut attribué une fois la mission achevée. Quant aux autres, je me demande encore comment ont-ils put abattre autant de corrompus, avec une précision somme toute remarquable quand on regarde le contexte effréné de notre fuite.

Le couloir tournait à droite, et nous vîmes enfin une vaste double porte en acier, qui tenait lieu d'accès à l'ascenseur. Plusieurs corps, humains ou non, s'étendaient dans la zone, à moitié déchiquetés. Une preuve, s'il en fallait une, que nous n'étions pas les seuls à fuir, et encore moins à combattre pour notre survie. Les portes étaient fermées, et avec la coupure générale de courant, difficile d'envisager qu'elles s'ouvriraient en appuyant sur le bouton d'appel...

Et tandis que les hommes s'affairaient à trouver un pied-de-biche, ou quelque chose d'approchant pour ouvrir ces larges portes, une chose attira mon attention. Quelque chose qui me glaça le sang au moins, si ce n'est plus efficacement qu'une série de hurlements lointains.

-Joris! M'exclamais-je.

-Quoi encore ?!

-Ecoutez...!

-...

Bien que Gonagan et Tiirs s'efforçaient d'ouvrir les larges portes de l'ascenseur, tandis que Velta et Marcus essayaient de trouver une parade pour renvoyer de l'énergie dans notre voie de sortie, Joris tendait l'oreille et mit du temps à comprendre ce qui clochait.

-Alors quoi?! J'entends rien, là!

Mon regard se fit plus insistant. Et ce ne fut qu'après une longue minute que le sien s'écarquilla d'horreur.

Justement, Joris...Il n'y avait plus aucun bruit dans la base...

Velta leva son nez du panneau de commande de l’ascenseur, suivis de Marcus, et enfin des deux autres. En effet, il n'y avait plus le martèlement lointain de Lorr contre le métal. Il s'était arrêté.
Même les corrompus avaient arrêté leurs cris, leurs déplacements, leur partie de traque dans le complexe. C'était comme si le temps s'était figé, tout simplement. Quelques minutes où tout pouvait se produire. Où le réel n'avait plus repères concrets. Où un impossible devenait concevable...

Puis, comme pour briser cet arbre des possibles, imposer un nouvel ordre, affirmer son existence, la voix de Lorr résonna dans tout le complexe. Du plus profond des niveaux inférieurs, hurlant, vomissant, invoquant de son timbre blasphématoire, hérétique, et inhumain: un seul mot. Un seul nom. Dans tout ce que cette atrocité incarne de contre nature, dans ce mélange de génomes, de paradoxes, et de curiosité scientifiques, régnant sur cette nouvelle race qui avait été créé dans les souterrains d'Aria IV, j'y voyais le nouveau roi de cette espèce prédatrice. A présent rassasié, il venait de faire retentir dans l'air son premier mot, écoeurant car empreint d'une humanité toujours présente dans ce corps torturé:

"Reness"


Dernière édition par Cocoon le Dim 6 Mai - 18:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeVen 4 Mai - 22:01

Concernant ce que je vais décrire plus loin, je vous demanderai, amis lecteurs, lectrices, de me croire sur parole, et de faire preuve d'imagination. Soyons clairs, moi-même ne suis sûr de tout ce que j'ai réellement vu ou non dans cet ascenseur, et à la surface. Une partie de ce que je vais vous écrire ici sera peut-être due au délire, à la peur, à ma fuite, et je soupçonne qu'une certaine partie de ce que je me souviens n'est qu'une production de mon cortex pour me préserver un semblant de raison, et rassurer mes yeux de ce qu'ils ont vu. Entre nous, je ne vais pas lui en vouloir pour cette initiative.

Quand Lorr avait enfin terminé avec les réserves d'énergie et les réacteurs à double fission, et une fois son cri avalé par les étages supérieurs, nous fûmes tous pris par une sensation de vertige, comme si nos corps flottaient en apesanteur. Le sol se déroba sous nos pieds, pour nous laisser en suspension dans les airs. D'un rouge violent qui nous vrillait les rétines, chassant par intervalles les ténèbres du complexe, notre environnement tira lentement vers le bordeaux, puis sur une nuance fushia du violet, pour finir sur un rose profond veiné d'améthyste. L'espace d'un instant, je fus plongé dans une mer infinie de joyaux, sans limites ni confins, lové dans une dimension étrange dans laquelle ni la raison ni la science n'avaient place. Des vrilles de lumières filaient dans d'étranges canaux transparents, comme si la texture même de cette réalité était faite de cette matière étrange qui composait les parasites. Nous étions dans une tapisserie gigantesque, dont ces vives lueurs passaient d'un extrême à l'autre en quelques secondes à peine. La chorégraphie de dizaines d'entre elles me donnèrent rapidement mal au crâne, tandis que je tentais désespérément de localiser mes compères. Mais la seule présence que je détecta, dans tout ce marasme gravitique, était la volonté de Lorr. De toute sa puissance, de toute sa haine, il fit résonner sa dimension jusqu'à moi. Me percutant avec violence d'images et de pensées obscures.

Je ne compris que peu de choses à vrai dire, de ce qu'il me murmura à cet instant. Je vis des images de batailles, d'explosions, des flots de tristesse et de désir de vengeance me gagnaient, et s'imprégnaient en moi comme s'ils étaient miens. C'était comme si mon être se mélangeait à d'autres volontés, à d'autres esprits. Aussi bien que je ne parvins plus à distinguer ce qui relevait de moi, ou d'un corps étranger. Ma raison déchirée entre ces innombrables éléments, et toutes ces émotions, laissa s'échapper un hurlement de folie. Je ne supportais plus cette intrusion massive dans mon cerveau, ce martelage de pensées, de mots, d'images. Lorr semblait jouir de sa toute puissance face à ma faiblesse, et s'amusait de me transformer en kaléidoscope mental.


Sans raison apparente, le cauchemar prit fin. Le silence s'imposa, et mes yeux perdirent tout contact avec le monde extérieur. A cet instant, j'avais toujours une horrible sensation d'apesanteur qui me remuait les entrailles. Signe que la dimension créée par Lorr était toujours là. Tentant veinement de nager, par un sombre instinct de survie, j'essayais de reprendre un semblant de contrôle sur mes dérives. Je ne savais pas si je progressais vers l'avant, les côtés, ou dans quelque autre direction. A bout de forces après plusieurs minutes, j'abandonnais une magnifique nage en papillon, après un crawl digne du plus sportif des bureaucrates. Restant en tailleur, au beau milieu de nulle part (et je vous assure que cette expression n'a jamais été employé aussi littéralement qu'ici), je décidais d'attendre la suite des évènements, et de tendre l'oreille.

Etais-je donc condamné? Lorr avait-il remporté la partie? Je tournais et retournais mille questions dans ma tête, tandis que mes yeux tentaient désespérément de retrouver un support visuel. M'en voulant de ne pas avoir put faire mes adieux aux miens. La peur, l'angoisse de l'inconnu, du sort que nous réservait notre kidnappeur; Des pensées (les miennes, cette fois-ci), remuaient à toute vitesse dans mon esprit. Où était la réalité? Qu'était devenu l'univers que j'avais connu? Comment Lorr avait-il put changer tout cela en un instant? Comme ses fils, il était doué de pouvoirs extraordinaires. Les corrompus entraient alors dans ce monde lors de leurs "bonds"?

Comment tout cette dimension avait-elle put s'effondrer en un claquement de doigts? Où était passée la tapisserie aux milles éclats? Les couleurs criardes, presque irréelles...Pourtant aucune douleur ne me vrillait les yeux, c'était donc Lorr qui nous jouait une nouvelle farce.

Où étaient mes compagnons? Où étais-je, moi?

Etait-ce une prison? Etions-nous enfermés ici à jamais?

...
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Mai - 14:43

Soudain, pour une raison que j'ignore encore, je sentis que l'emprise de Lorr sur moi commençait à lâcher prise. Dans son jeu pervers, il s'était emballé, trop pressé de savoir sa victoire, de me faire souffrir, et son contrôle perdait peu à peu en puissance. Je sentais sa panique, il savait que je lui échappait. De quelle manière, je ne saurai le dire. A cet instant je n'étais que son pantin, son jouet, sa chose. Il était libre de me manipuler à loisir, mais quelque chose avait glissé entre ses doigts. Un élément que je ne connaitrai sans doute jamais, mais qui libéra ma conscience de cette immonde créature. Mon corps se mit à chuter dans le vide. Traversant ces épais boyaux translucides qui semblaient composer l'intégralité de ce plan d'existence. Alors que je perdais tout repère, isolé dans un monde sans limites, j'essayais de me rattraper à un bord, une poignée, une racine, ou tout autre élément familier et salvateur qui m'aurait sauvé la vie. Aucune trace de ces supports tant attendus. Pendant ma chute, le fil de mes pensées prit enfin en compte ces immenses tubes, et les lueurs qui les traversaient. Cette seule pensée s'ouvrit pour moi comme un sésame, et me fit basculer dans un tout autre univers.

L'écran de rose veiné d'améthyste disparut enfin. Mais bien que mon séjour dans la dimension Lorr fut très court, et que j'écris ces lignes presque trente années après ces évènements, ces quelques instants passés là-bas me dégoutèrent totalement de cette couleur pourtant agréable. Et d'une façon bien plus pernicieuse et profonde que je ne m'y attendais. A titre d'exemple, lorsque Selenya, ma fille, me présenta un jour sa robe rose teintée de vermeil et de violet pour le bal des Officiers de Terra II, ce qui donnait il est vrai un effet des plus somptueux, je la lui arracha des mains pour la brûler stoïquement dix minutes plus tard.

Bref, poursuivons.

Je me vis alors transporté dans ce que je pense l'un des "fils de la réalité". Je ne saurai vous expliquer réellement comment, et c'est là que je vous demanderai de me croire sur parole, et de mobiliser toute votre imagination. A partir du moment où, de ce que ma mémoire a bien voulu garder, je suis "rentré" dans l'un de ces tubes, j'ai alors perdu toute présence physique. Par un procédé que personne mis à part Lorr lui-même ne saurait expliquer, mon corps se décomposa, et disparut tout simplement. Je me souviens avoir gardé ma conscience, mon esprit était semble-t-il toujours entier, bien que très sérieusement amoché, et je me rappelle quelques bribes de mon voyage. Pour faire au plus simple, partons du principe que je suis devenu un "fait". Si la chose que j'ai traversé était bien l'un des fils de la réalité, comme dans une immense tapisserie qui composerait notre univers, je suis devenu l'espace de quelques instants l'une des lois absolues et universelles de la création. La représentation la plus simple que je pus en faire, lors de mes nombreuses conférences auprès de cercles scientifiques de tous bords, et à mes 458 chroniqueurs et bio-graphistes, fut que j'étais plongé dans un fleuve aux composants innombrables et incroyablement complexes, dans lequel étaient plantés des centaines de roseaux. Roseaux étant la représentation mentale que je ressentais des lois de l'univers. Ces roseaux se pliaient, se tordaient dans des sens physiquement impossibles, et se croisaient parfois, ou naissaient tout simplement du vide. Si vous voulez, la seule variable que je reconnaissais à peu de choses près, était le fleuve. Probablement la source d'énergie ultime, la théorie des cordes pour certains, mais ceci est d'un tout autre débat. Pour les roseaux, et bien disons qu'ils étaient aussi normaux et familiers qu'un triangle en forme de cercle. Je n'eus ce jour là qu'une infime partie du torrent, et ne peut donc dire si cette représentation est à titre général (bien que j'ai ma petite idée sur la question...). Là où commencent mes crises d'angoisse, c'est lorsque ma mémoire se décide à libérer quelques miettes de souvenirs supplémentaires. Cette première image de l'univers m'ayant causé des maux de tête abominables, car cachant des vérités diaboliquement plus complexes, parfois je me souviens qu'il n'y avait pas que le fleuve et les roseaux, mais des centaines d'autres couches et éléments que je ne fut pas capable de voir, ou que mon esprit se refusait à regarder.

Chers lecteurs, lectrices. Je sais que certain(e)s d'entre vous, après avoir lu ce passage, me traiterons de fou, crierons à la calomnie, au blasphème contre la Tercera, dogme en vigueur encore aujourd'hui, et peut être que dans un avenir plus ou moins proche chaque exemplaire de ce témoignage sera détruit, par crainte de l'inconnu; Un réflexe si cruellement commun à chaque homme. Mais sachez ceci, vous qui me lisez: quel que soit ce que j'ai réellement vu, ou ressenti, je vous donne ici une description des plus sincères, et des plus honnêtes que je puisse vous faire. Pardonnez la mémoire affaiblie d'un diplomate à la retraite, je vous le redit: ce récit n'est que ce que ma mémoire a bien voulut garder pour protéger ma raison. Mais comprenez que je m'estime déjà miraculé d'en être ressortit, et de pouvoir aujourd'hui vous écrire ces quelques lignes en héritage de ce que j'ai vécu.

Quoi qu'il en soit, après cette entrée en matière, je me souviens avoir traversé ce fleuve, cherchant désespérément à rejoindre mes compagnons perdus. Mon âme défila à toute vitesse au travers des mondes,des différentes couches de réalité, de matière et de temps, guidé par la seule volonté de retrouver les miens. Et alors que je zig zigzaguais entre les majestueux roseaux aux formes inconcevables, je me retrouva aspiré entre deux feuilles d'une eau vaseuse, me faufilant comme l'air dans une minuscule fente d'une fenêtre mal isolée. Mon corps retrouva toute sa consistance, et mon flanc me signala que ma blessure était revenue, elle aussi, m'arrachant un gémissement de douleur.
Mes yeux physiques ne s'ouvrirent que plusieurs minutes plus tard. Ce que j'avais "vu" me brûlait encore l'esprit, le cerveau essayant désespérément de comprendre les informations qu'il venait tout juste de recevoir. Ma mémoire fondait pour effacer les éléments les plus dramatiques de mon périple extra planaire, et un mal de crâne titanesque me vrillait le cerveau. J'entendis des voix à travers mes cris, des voix d'une familiarité utopique. J'avais retrouvé mon escorte: j'étais en sécurité.

Des bras me portèrent, des voix essoufflées s'échangèrent des bouts de phrases, quelques explosions retentirent, mettant fin à des beuglements irritants, que mes oreilles ne supportaient plus. Ni ça, ni le reste. Trop de bruits, trop de lumière, trop de contact. Le temps de faire le tri et que mon coeur se calme, mes gardiens traversèrent le reste du complexe en me défendant bec et ongles (ou plutôt grenades et balles perforantes). De ce qui me fut rapporté, la double porte qui barrait l'entrée de l'ascenceur fut démembrée, comme beaucoup d'autres éléments de cette planète. Avec l'activité de tous les corrompus dans le centre, ainsi qu'à la surface (car ces maudites bêtes étaient parvenues à s'enfuir), la gravité ambiante avait été proprement massacrée. Certes, Aria IV émettait toujours son propre champ gravitationnel, dut au coeur de la planète, mais les failles planaires et les téléportations des créatures avaient provoqué un dérèglement complet, provoquant des "singularité physico-spatiales" selon l'intelligencia Terrane. C'est d'ailleurs l'une des raisons majeures de la quarantaine permanente d'Aria IV. Chose amusante, c'est que la situation fut justifiée par des "problèmes politiques internes" selon les principaux médias galactiques. Et que ce mensonge éhonté fut maintenu jusqu'en 1202 après le premier Empereur, année à laquelle Thy'kha Mdll, le grand agitateur à la voix d'argent, dévoila l'affaire publiquement, ainsi qu'une trentaine d'autres dossiers très houleux. Ce qui lui valut d'ailleurs une chasse à l'homme qui dura jusqu'à la mort naturelle de Thy'kha, dont on connait l'emplacement de sa tombe sur la planète Naftali-C, du système Trantorius.

(Note: Pour les amateurs de tourisme galactique, sachez qu'un magnifique temple en style Retro-Chergh de soixante mètre de haut lui est consacré, il loge d'ailleurs des archives historiques si jalousées de Trantorius.)
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Mai - 18:06

Certains diront peut être que ce dernier acte n'est que pur fantasme, délire halluciné, ou divagations d'un vieux bureaucrate. A ceux-là je réponds: KRAGHN! (les initiés et amateurs des plateformes interconnectées transculturelles et autre systèmes de partage/traduction inter-espèces comprendront). Certes, je n'ai malheureusement pour seule preuve de mes dires qu'une malheureuse photo d'Aria IV, celle prise dans les chaînes de production du complexe du secteur C. Oui, je l'avoue, j'ai moi-même détruit l'enregistrement vidéo de notre fuite, dernier réflexe semi conscient de mon esprit alors abattu.Comme je l'ai déjà dit: libre à chacun de croire ce qu'il veut. La dimension Lorr n'était peut être qu'un rêve éveillé, mais ce que moi et mon escorte avons vu ce jour là, et les images que mon enregistrement avait prit lors de mon inconscience...ça, n'est pas inventé.

Pourquoi ai-je détruit ces images? Pour plusieurs bonnes raisons. De "garder ma santé mentale" à "éviter d'inspirer d'autres assoiffés de pouvoir"...Les causes ne manquent pas. Ainsi, alors que j'avais prévu de joindre la vidéo à ce document, je vous fait confiance, lecteur(ice), pour user de toute votre imagination, et de bien vouloir me croire sur parole.

Après avoir perdu connaissance, c'est à dire peu avant d'avoir atteint l'étroite échelle encastrée dans la cage ascenseur, mon escorte dut se charger de me porter à travers une réalité disséquée à l'épée tronçonneuse. L'échelle que nous empruntâmes fut certes relativement droite, malgré les quelques distorsions en fin de course, et de légères ondulations de l'acier, rarement cela dit. La lumière était toujours bombardée par des néons agressifs, du moins pour ceux qui marchaient encore, et les beuglements des corrompus s'étendaient maintenant dans toutes les directions.

-Bon, les gars, encore 12 putain d'étages et on décolle d'ici. S'exclama Joris. On lambine pas, ALLEZ!

Sans tarder, chacun grimpa à l'échelle sur une cadence soutenue, tous pressés (comprenons les) de voir la lumière du jour. La caméra m'indiqua que j'étais sur l'épaule de Gonagan, le plus robuste de tous mis à par le capitaine. Mon porteur prit la troisième position, après le chef d'escouade et Velta qui suivait de près. Marcus et Tiirs étaient derrière, mais impossible de savoir dans quel ordre. Notre joyeuse file grimpa donc au travers des étages plongés dans une mer d'encre, striée de quelques rares bandes lumineuses. Ce fut le vrombissement percutant d'un moteur de classe 6 qui mit fin à cette retraite misérable. Il ne s'était pas encore manifesté jusque là, mais au vu du gruyère qu'était devenu le complexe, je m'étonne encore que le son ne nous soit pas parvenu avant.

Pour vous faire une description plus complète, le bruit qui résonna contre les murs de l'ascenseur aurait put provenir d'un Traqueur de Nyorn, dont le bruit des moteurs aurait été enregistré à plein régime, et rediffusé par à-coups. Pour ainsi dire, les rares vétérans à qui je confia la vidéo crurent tout d'abord que l'engin était déjà à l'intérieur du bâtiment. Le bruit était le résultat sonore d'une aspiration très violente de l'air, distordu dans un tri-catalyseur, et renvoyé sous forme d'onde de choc. On entendait ainsi comme un craquement dans l'air, mêlé à un sifflement à la fois très aigu et très grave, puis à une détonation aérienne. Ce vacarme très désagréable pour les auditeurs sans casque adapté résonnait dans les interminables couloirs qui s'étendaient sous nos pas.

-Qu'est ce que c'est que ça? S'enquit la voix de Marcus, derrière moi.

-On dirait de la machinerie, ça peut pas être "eux", si?

-Avance, on discutera après j'vous rappelle que j'porte le Sieur, moi! Grinça Gonagan

Tiirs ne sembla pas noter la remarque de son camarade, ou s'il le prit mal, la caméra ne put me le faire voir, étant axée face à l'échelle. Le bruit retentit plusieurs fois d'affilée, se rapprochant d'une façon alarmante. Cela ne semblait pas se diriger droit sur nous, d'autant plus que l'origine nous était inconnue, mais en tout cas "ça" remontait vers la surface. Et en même temps que nous. La panique l'emporta donc sur la prudence, malgré le tempérament trempé de ces hommes qui en avaient déjà vu beaucoup, et l'empressement accéléra la cadence d'escalade. La crainte s'entendait dans leur respiration, leur mouvement, les coups nets de la caméra qui virevoltait avec l'épaule de Gonagan. Il faut bien avouer qu'une attaque surprise dans cette situation les mettrait clairement en désavantage.
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Mai - 15:11

Ce serait mentir de prétendre que le visionnage de ce passage ne m'a pas affecté. Pour être franc, ce sont bien plus les bruits, les craquements et les grognements qui m'effraient encore que les images en elles-même. Ma tête branlant sur l'épaule de Gonagan, la majorité de la bande ne me montra que les barreaux de l'échelle, et le mur fissuré ou partiellement détruit qui passait devant nous. Pour rester euphémique: l'ambiance était angoissante. Imaginez nous tous dans une semi pénombre, plongé dans l'inconnu, le chaos et la mort. En pleine fuite pour nos propres vies. Les mains moites de peur, la respiration saccadée des autres qui vous parvient aux oreilles, votre coeur qui bondit dans votre poitrine, et les bruits. Ces bruits. Tout d'abord, on entendit des éboulements lointains, des bruits d'étages qui cèdent, de murs qui plient sous la douleur et les fissures. Ce ne sont que des bruits de pierre, puis des bruits de pas. Quelque chose de lourd, mais de maladroit. Une salve de tirs, puis deux autres. Un hurlement bestial. Des cris d'effroi. Le silence pendant quelques secondes.

Et là vous vous rendez compte que vous êtes bien plus proche de cette chose que ce que vous n'imaginiez. L'angoisse de se dire qu'on est le suivant sur la liste. La peur de voir la mort surgir d'un éclat de mur, et qui vous emporte dans les pires souffrances possibles. Un nouveau bruit d'air mutilé, puis celui d'une masse molle encastrée dans la pierre. Le craquement des os, l'explosion de la chair. Non loin. Un peu plus haut, vous voyez un rai de lumière: une porte d’ascenseur ouverte en large, défoncée. Nouvel effondrement de mur. Cette fois il est diablement plus proche. Vous entendez des bruits de course sur le sol, quelque chose qui se plante dans la chaire. Un nouveau bruit de siphon, et enfin les échos d'une giclée de sang sur le sol.

La file s'arrête. Laissant ma tête pencher sur le côté droit, presque dans l'axe de la porte. L'image me montre un bout de couloir en contre plongée. Et cette courte vision me pétrifia d'horreur, c'était les appartements des habitants du complexe. Les pauvres devaient être sur leur cycle de repos quand la catastrophe s'était déclenchée dans les étages inférieurs. Les monstres étaient arrivés, et ne leur avaient laissé aucune chance. Moi et Velta fûmes les deux seuls à vomir sur le coup. Le reste de l'équipe ne se laissa aller que bien plus tard, en sécurité. Des cadavres plantés dans le béton, je reconnaissais les affreux pics d'ambre ensanglantés qui avaient servis à bombarder Nest dans la salle de contrôle. Pour certains, ils étaient tout simplement démembrés, ou écervelés. Il y en avait même un dont le contenu crânien s'étalait sur cinq bons mètres. La matière grise et le sang s'écoulaient encore au sol, au fond du couloir. Ce devait être la dernière victime que nous avions entendu.

Rien.

Pas de traces de corrompus, mis à part ceux déjà disséqués par balles. Le silence était revenu, et c'est en comprenant cela que je sus pourquoi Joris nous avait arrêté net. Nous n'étions plus seuls.

Chacun sortit son arme et se préparait à tirer. Nous nous attendions tous à voir sortir la créature dans un bond, et les canons étaient pointés vers l'entrée défoncée de l'ascenceur. L'attente dura un bon moment. Le temps pour nous d'entendre qu'à l'extérieur, tout ne faisait qu'empirer, et semblait totalement hors de contrôle. La planète était condamnée. Qu'en était-il de son peuple? S'ils avaient connu le même destin que ces pauvres hommes, qu'ils n'avaient pas eut le temps de s'échapper devant la menace... Empereur. Valait-il mieux réellement sortir? Si c'était pour contempler une telle horreur?

Un tremblement de terre mit fin à mes interrogations. Tandis que l'escouade était toujours aux aguets, le complexe entier fut prit de secousses. Fait étrange, ce sont celles-ci qui réussirent à me tirer de mon état; J'ouvris les yeux avec peine, découvrant un tunnel sombre, à peine éclairé, perché sur de massives épaules, et des bruits tonitruants m'encerclaient. Nous dûmes nous accrocher de toutes nos forces, car le phénomène dura plusieurs minutes, mais tout le monde tint le choc, nous évitant une chute de plusieurs étages. Les murs pourtant renforcés subissaient les derniers outrages. Tandis que je me réjouissais intérieurement de voir notre équipe proche de la sortie, d'après les cris étouffés de Velta.Je constatais au travers du couloir qui s'étendait derrière nous que la super structure s'effondrait sur elle même, comme des sables mouvants. Des avalanches de pierres s'écroulaient vers le coeur de l'enfer tandis que certaines d'entre elles se faisaient repousser, éjecter à la surface à la façon de poissons nageant à contre courant. Un vacarme colossal nous parvint aux oreilles, comme si le complexe se retournait sur lui même, que son coeur même cherchait à atteindre la surface. Un léviathan qui se ruait vers la sortie. Un monstre sortit des ténèbres abyssales.

-Empereur tout puissant, ayez pitié de nous....

Je murmurais ces mots à moi même, en proie à un mal de tête naissant; je le chuchotais aux dieux qui voudraient l'entendre. Car à cet instant précis, le seigneur d'Aria IV, le tyran galactique, l'abérration vivante: Lorr le sanguinaire, avait achevé son repas, et se dirigeait maintenant à la surface de la planète libéré de sa prison de pierre.

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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeJeu 21 Juin - 17:49

Durant l’ascension de l’aberration vivante qu'était devenue notre tyran, je peinais à m'accrocher aussi fort que possible au cou de mon porteur. Celui-ci dut le remarquer (sans doute l'arrivage plus ardu d'oxygène), car il agrippa le bras et desserra lui-même mon étreinte tout en me tenant fermement.

-Je crois que le Sieur est réveillé, cria-t-il. Faites lui de la place, il commence à être lourd, le bestiau!

Ravalant mon orgueil, pourtant fier de mon physique entretenu, j'acceptais la place qui m'était offerte sur l'échelle, et profita des secousses décroissantes pour vérifier que la mini caméra disposée sur l'oreille était toujours en place.

-QU'EST CE QU'ON FAIT, CHEF? Hurla Tiirs pour couvrir la cacophonie qui régnait encore malgré les secousses en baisse.

Gonagan, qui était derrière moi maintenant, me fit passer la demande, que je retransmis à mon tour.
Fallait-il attendre sagement que le calme revienne? Ou tenter une sortie à l'arrachée, brute, et désespérée? Nous ne savions même pas ce qui nous attendait à l'extérieur, et à vrai dire, personne ne voulait vraiment le savoir... Seulement voilà. Au vu de ce qu'on percevait de la surface, le chaos était partout. La planète se faisait malmener, d'une façon ou d'une autre, et nous n'avions clairement pas intérêt à rester sur place longtemps. Déjà car Lorr et ses sbires finiraient bien par nous trouver (si nous n'étions pas morts avant), et parce qu'un vaisseau de classe Valhalla nous attendait à l'extérieur. Et je n'avais pas envie de perdre mon ticket de retour vers une vie de cour, de soirées mondaines et de petits fours.

-ON FERAIT MIEUX D'AVANCER! LORR FINIRA PAR NOUS RETROUVER! Tentais-je.

Certes, c'était une idée remarquablement teintée de couardise, mais je n'avais pas les qualités martiales pour tenir face à cette xeno-armée, ni l'envie d'ailleurs. Cependant, un nouvel évènement vint confirmer mon opinion: Le bruit du traqueur de Nyorn avait grimpé dans les étages, suivant son maître, et semblait s'être déchainé une fois arrivé à l'air libre. Une fois, deux fois, puis une troisième qui dura un long moment; On aurait dit que la chose à l'origine de ce bruit s'était lancée dans une rage frénétique, et détruisait tout sur son passage.

Encore une fois, je regrette ici d'avoir supprimé la vidéo témoin. A vrai dire, c'eut été très enrichissant pour vous, et beaucoup moins complexe pour moi pour vous le décrire...
A partir de cet instant, tandis que le vacarme de destruction se rapprochait de plus en plus au dessus de nos têtes, les premiers blocs de béton chutèrent du plafond de la cage d’ascenseur. Des pans de murs s'étaient déjà fissurés autour de nous, défoncés, ou étaient même tombés au fond de la cage, mais bien que ceux-ci ne nous atteignaient pas car étant pour la plupart sous nos pieds, nous avions ici nos premières menaces venues d'en haut.

Quand Joris le remarqua, il hurla à tout le monde d'utiliser son paquetage comme bouclier de fortune contre les roches, et d'avancer coûte que coûte pour se dépêcher. Pour ma part, j'étais à l'abri entre deux soldats protégés, et je pouvais donc plus aisément lancer le champ de ma caméra vers la direction du danger. Esquivant l'ombre des deux hommes me précédant, j'assistais à un nouveau et terrifiant spectacle:

Si la matière peut être comparé à de la poussière agglutinée et soudée à elle même, imaginez qu'un aspirateur doté d'une force d'aspiration démentielle qui peut décomposer des blocs de poussière entiers en particules. Que le résultat donne une sorte de nuage sombre à haute vélocité qui se dirige vers ce qui tient du trou noir, mais qui peut rendre son état initial à toute matière prise dans ce siphon dès que l'aspiration se coupe.
Pour les adeptes de la vulgarisation, disons que le résultat concret se résume aux premiers jets d'une téléportation encore instable, ou ce que serait, selon les amateurs de science fiction, un début d'entrée en hyper espace (bien que je réfute totalement ce concept, soit dit en passant. Remonter le temps, compresser l'espace et défrayer toutes les lois les plus basiques du déplacement spatial, je trouve ça totalement ridicule! ).

Je vis donc des blocs de pierre arrachés, décomposés, et aspirés vers une source encore inconnue. Imaginez l'angoisse de découvrir cet énième danger qui nous attendait à la surface! Mais nous n'avions plus vraiment le choix, il fallait accélérer, et sortir de là. Et je n'étais pas le seul à le penser:

-A tous les membres de l'équipe au sol: répondez! Répondez bon sang! Par l'Empereur! Vous m'entendez? Répondez!

La course de notre petit groupe s'arrêta net. Le volume à fond, la radio de Joris se mit à vomir des appels tonitruants sans discontinuer. Visiblement, l'équipage du Valhalla s'inquiétait pour nous.
Le capitaine s'empara de son appareil redevenu opérationnel avec l'arrachage du plafond, redonnant contact avec les ondes hertziennes, et vociféra lui aussi dans le commutateur:

-Valhalla, ici Joris! Je répète: ici Joris! A vous!

-Bon sang! Joris, espèce d'abruti, 'pouviez pas répondre avant non? On a eut une peur bleue ici. Terra soit louée, vous allez bien?

-On a connut mieux, on a perdu Meneras, Boyle et Yorg sont avec vous?

-Négatif. J'espère que ces rats ont trouvé un coin où se terrer. Vous en êtes où?

-Presque sortis du trou, un toit en moins nous a permit de vous capter. Comment c'est à la surface?

-C'est l'enfer. Je sais pas où vous avez fourré votre sale groin, mais des saloperies sont sorties de partout, et ont commencé à foutre un bordel pas possible sur tout Aria IV. Bon sang mais vous avez foutu quoi ?!

-Pas maintenant, vous pouvez nous récupérer ou pas?

-Avec le vaisseau?! Tu rigoles! Je descends pas en bas, on va se faire dépecer. Pour l'instant on a mit le Valhalla en orbite, ces choses ont pas l'air de savoir nager dans l'espace. Mais on peut vous envoyer un Raptor si vous voulez.

(Pour les non-initiés aux différentes classes de vaisseau spatiaux, les raptors sont des vaisseaux de chasse très répandus dans les zones où le furtif et la rapidité l'emportent sur la force de frappe. Ils sont très rapides, disposent d'un châssis pouvant réfracter la lumière. Ces bijoux remplis de capteurs en tout genres sont surtout utilisés pour les missions de reconnaissance en milieu hostile, ou pour les récupération en urgence. Seul inconvénient de ces merveilles de l'aérospatiale: ils coûtent un prix exorbitant. Une rumeur dans l'armée impériale dit que le pilote qui ramène un de ces vaisseaux en mauvais état se fait dégrader, subit de nombreuses peines et amendes, et passe sur la liste noire du monde du pilotage. Certains disent qu'il vaut mieux mourir avec son vaisseau que revenir avec une aile en moins. C'est dire...)

Joris laissa un soupire lui échapper:

-Très bien, vous nous avez localisé?
-On est en train. Je vous envoi le chasseur dès qu'on vous a repéré. Tenez bon jusque là. Terminé.

Raccrochant sa radio au ceinturon, Joris cria pour que ceux de derrière entendent:

-Les gars de la carcasse nous envoie leur raptor. Le but du jeu c'est de vivre jusque là, comprit? On sort de ce trou, on dézingue tout ce qui passe, ils nous choppent, et on se tire. ALLEZ ON Y VA !

Forçant le rythme de la marche, nous nous mîmes en route pour gravir les derniers étage de ce maudit ascenseur. Lorr était à la surface maintenant, et vu les bruits qui nous parvenaient, il devait refaçonner son royaume à son nouveau statut. Enfin arrivés à la dernière porte de notre ascension, Joris enfonça cette dernière qui donnait sur un ultime couloir à l'autre bout éventré, vomissant une lumière crue qui nous brûla les rétines. De ce que j'en percevais, nous traversions, sans un regard en arrière, les restes de la voie de service qui démarrait au hall principal d'accueil du super complexe. Mais avec la sortie fulgurante de Lorr, les locaux étaient quelque peu... dévastés. En effet le cadre de la porte avait à moitié été arraché, l'ancien hall ne possédait plus que des vestiges de murs, le reste n'étant que gravas, flots de papiers et de matériel informatique dispersés et émiettes aux quatre vents. Quelques cadavres de malchanceux pendaient maladroitement aux armoires, restes de murs et autres obstacles contre lesquels ils avaient été propulsés. Et je me demandais si Lorr savait reconnaître les siens, ou si ses sbires se livraient déjà à une guerre interne. Car les cadavres de corrompus n'étaient pas dans un état...humainement infligeable, dirons nous.

Ainsi donc, un énorme trou béant perforait le hall ainsi que les bâtiments plus lointains, trouant la surface du monde tel un ver sortant d'une pomme pourrie. Courant nous mettre dans un abri relatif pour faire une rapide analyse de la situation, nous ne mîmes pas longtemps à contempler notre tyran dans sa forme définitive. Visiblement, Lorr avait finalement forcé la cadence pour se nourrir au plus vite, quitte à y perdre son précieux complexe.

La chose était quinze fois plus grosse que ce que nous avions observé dans la cuve principale. Elle dépassait à vue d'oeil les 100-120 tonnes, faisait des kilomètres cube de large et de long, et le spectacle n'en était que plus insupportable. Entouré d'une armée de créatures absurdes, celles-ci s'attaquant au tissu de la réalité. Sautant, tordant, se phasant et modifiant la matière comme l'impalpable à leur disposition, Aria IV était devenue un gigantesque terrain d'expérimentation pour ces monstruosités. Et trônant au milieu de cette danse folle, scrutant avec mépris ce monde qui n'était plus à son goût, Lorr libéra par des moyens qui me sont inconnus un torrent de la matière sombre qui le composait. Je crus tout d'abord qu'il vomissait, ou qu'il était blessé par son entrée dans l'atmosphère d'Aria, mais c'est un instinct glaçant qui me suggéra qu'il pouvait créer sa propre matière. Sous les cris de sa horde, que mes compagnons jugèrent cris de joie, la liqueur sombre se déversa comme une marée sur le monde, le recouvrant de sa corruption la plus sinistre.

-En hauteur, vite!
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Juin - 22:05

Marcus fit preuve de l'esprit avisé d'un habitué de la chasse et de la survie. Comprenant que le monde serait bien vite submergé devant les quantités incroyables que le monstre engendrait, il devenait évident qu'un abri en hauteur allait bien vite s'imposer. Mais les réflexes et la rapidité d'action de Marcus, je dois bien l'avouer, nous sauva tous. S'élançant vers les décombres et la plaie béante qui devait certainement être les restes de l'entrée principale du hall, Marcus partit en éclaireur , son sac à dos basculant vers sa main. Évitant les quelques poutres d'acier, les pans de murs ainsi que le cadavre de l'immense oculus de verre qui faisait office de plafond à la salle, l'homme se plaqua contre l'un des murs d'encadrement de la sortie agonisante. Plongeant sa main dans son paquetage, je le vis sortir un instrument à la croisée du monocle et de la longue vue, il s'équipa de l'objet avec précaution à l'aide d'une sangle, et toucha sa tempe gauche de deux doigts. En plissant les yeux, j'arrivais à percevoir qu'un angle de la mécanique recouvrait celle-ci, et que la manœuvre consistait sans doute à quelque réglage qui m'était inconnu.

-Jumelles? Criais-je timidement, n'osant faire trop de bruit de peur d'être repéré dans un vacarme de fin du monde.

Tiirs, qui était contre moi, acquiesça de la tête et m'expliqua rapidement que ces petites merveilles sont utilisées pour la plupart des missions de reconnaissance de l'armée terrane. Dans un soucis pratique, ces appareils ne recouvrent qu'un seul oeil. Les caméras multi philtres disposées à l'intérieur permettent en temps réel de disposer d'un mode film, photo, d'une analyse thermique, spatiale, et d'un service d'identification via une base de donnée pharamineuse (de mémoire, cela vous reconnait tout type d'armements, d'équipements ou de structures connues, et dans de plus rares cas de bâtiments standardisés peuvent même vous afficher le plan du lieu. Un avantage beaucoup moins pratique quand vous partez en mission sur une planète rebelle aux confins de l'empire...).

Ah, et j'oubliais, de zoom aussi, bien évidement.

En bref, Marcus scrutait les environs pour nous trouver une bonne planque. Et ce fut il me semble la seule nouvelle réconfortante de ces 120 dernières minutes que j'entendais lorsqu'il tourna la tête vers nous, levant son pouce droit en l'air d'un air de celui qui sait avoir mérité son repas du soir. Toute l'équipe accourut donc en suivant le même chemin escarpé, et s'accroupit pour entendre quel serait le prochain objectif. J'en profitais donc pour observer ce qui provoquait tant de bruits dehors, en plus de notre cher ami cracheur de mélasse. Pour vous faire une comparaison relative, Aria IV ressemblait à ce moment précis à un mauvais cross over entre un film catastrophe, et l'autobiographie du célèbre personnage de pseudo fiction d'Abraham Vinis, appelé ironiquement "Galhad le Sobre".
Au sol, des débris de toutes tailles et de tous matériaux trainaient et s'écroulaient à intervalles régulières. Des blocs de bétons, de taule, d'étagères en bois synthétique pour les plus riches, ou en métal pour les autres. Je crus discerner, comme nous n'avions pas encore quitter les quartiers les plus actifs de la planète, quelques restes d'objets en marbre ajusté (un terme bien élogieux pour de la camelote luisante recyclée vendue à bon prix sur les marchés faits de prétentieux auto baptisés "nouveaux riches"). Le paradis des récolteurs de babioles et des revendeurs de matériaux en somme. Le sol valait désormais des milliers de cellules...

(Pour les férus de culture générale, sachez que le terme "cellule" pour la monnaie terrane est un néologisme accepté à contre coeur par l'empire, car accepté et utilisé par l'ensemble de la classe populaire de la galaxie.A l'origine, après la dernière guerre de la fédération de 4552 calendrier de la deuxième ère spatiale, c'est à dire juste à la transition vers l'an 1 du calendrier actuel, le premier empereur, Protak Zugul, surnommé de son vivant "Le Grand", décida de forger une monnaie unique pour commémorer la fédération des terrans de toute la galaxie sous son seul étendard.
La monnaie en question, après des semaines de débat pour trouver un nom communément admit, fut décrétée comme "Monnaie Terrane Galactique", soit le sigle MTG. Quand la nouvelle fut répandue, les citoyens du glorieux empire trouvèrent ça pour le moins ridicule, surtout au vu du temps de débat complètement absurde qui avait été consacré à cette décision. Au final, quelques mois après l'instauration de cette nouvelle unité de monnaie globale, il est apparut que la valeur de l'argent s'était alignée sur celle d'une cellule d'énergie solaire. Ce que nos ancêtres appelaient "pile", ces unités provisoires, toxiques et non rechargeables, et qui est aujourd'hui l'unité énergétique de base de notre société, est devenue la référence en terme de monnaie. 1 MTG valant par conséquent 1 cellule énergétique, la masse populaire adopta donc le terme de "cellule" pour qualifier la monnaie galactique, au grand damne de Protak le Grand, et de son conseil terran...)
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Juin - 21:12

Des milliers de cellules étalés au sol. De tout. Pierre, métaux, pierreries, souvenirs. Un monde entier était éparpillé au sol. Bien que beaucoup de choses soient dissimulées sous des tas de taules en tous genres. Mais qu'en était-il des airs? Et bien une fois que le regard se lève, escaladant les restes démembrés d'immeubles bétonnés et autres cadavres d'habitations, la vue se voit déjà perturbée par le passage de quelques créatures. La plupart dont les effets ne nous sont que trop familiers, et certains encore dont nous ne connaissons rien. Mais la chose qui m'horrifiait le plus, était que les hordes de monstres que je voyais se déverser sur Aria IV sortaient de toutes parts d'un énorme cratère. En me retournant pour observer d'où venait cette cohorte qui nous survolait, mes yeux furent arrêtés par un vestige de paroi, à l'autre bout de la pièce. Frustré de devoir rester près de mon escorte, je fis part à Marcus de mon observation, et lui aussi remarqua qu'un flot de monstre sortait de derrière nous. Fixant avec son appareil ce que je pensais être l'origine de l'invasion, son visage se durcit et il confirma ce que je pensais.

-On dirait que notre ami a fait un sacré trou pour sortir du complexe. Je ne sais pas combien de gars il y avait à l'intérieur, mais y'en a un paquet qui en sortent maintenant.

Je ne préférais pas demander à voir de mes yeux, croyant Marcus sur parole.

-C'est pas tout ça, mais on devait pas chercher un coin à l'abri? Demanda Gonagan.

-Oui, et c'est ce que je voulais vous dire avant que M'sieur Navi ne me fasse sa remarque.

Il toussa.

-J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle...

-La mauvaise, vite. Trancha Joris.

-C'est loin.

-Et la bonne?

-C'est sûr.

Quelques grommellements semi approbateurs s'élevèrent dans le groupe, mais il fallait bien avouer que nous n'avions pas beaucoup de temps pour débattre. Après rapide analyse de la situation, et une concertation assez expéditive, la décision fut prise.

-Tu nous guides, on vous couvre toi et l'ambassadeur. Messieurs, on tire dans l'tas, on rate rien, et on touche pas les p'tits copains, compris?

-Affirmatif! Clamèrent les autres.

Nous nous engageâmes donc dans la large avenue qui conduisait à la sortie du secteur C. Anciennement place forte de premier ordre, je contemplais avec une crainte mêlée d'admiration ce désastre provoqué par quelques centaines d'hommes. Des corps, du matériel, des véhicules abandonnés, et beaucoup...beaucoup de décombres. Voilà ce qu'il restait du secteur C, classé niveau de sécurité 8. Un champ de bataille en ruines. L'odeur de la poussière et de la fumée m'emplirent les narines, je sentais le crissement de la pierre sous mes pas, les bruits assourdissants de Lorr dévastant son propre monde et des hurlements de son armée de monstre me terrorisaient, mais il fallait avancer. Courant pour sauver nos propres vies, dans l'espoir de voir apparaître un raptor au dessus de nos têtes, arborant fièrement le symbôle de l'Empereur, nous foncions tête baissée vers un abri connut de Marcus seul.
-C'est à combien de kilomètres d'ici? Demandais-je.

-Vingt cinq, peut être trente.

-Et vous pensez vraiment qu'on y arrivera sous peu?!

-Pour l'instant, il faut s'éloigner de cet endroit, ensuite on cherchera un moyen de transport encore en état de marche.

-Les navettes marchent peut-être encore...suggérait Gonagan, mon éternel ange gardien qui restait coûte que coûte près de moi.

-Bien sûr, à condition que Lorr et ses potes aient pris soin de ne toucher ni aux rames, ni au réseau électrique, ni à aucun équipement fournissant ou traitant de l'énergie.

-Et un camion militaire, ça compte? Lança Joris, fier de lui.

S'écartant de la trajectoire du groupe, celui-ci se dirigeait vers un véhicule aux couleurs gris et boue typique d'Aria IV dont le moteur tournait encore. Arme à la main, le capitaine de l'escorte fouilla soigneusement l'arrière du véhicule, ouvrant ses double portes blindées, puis vérifia l'avant en passant par le côté passager. De là où nous étions, l'avions perdu de vue. En effet bien qu'encore en état de marche, ou du moins visiblement, une bâtisse en taule s'était partiellement effondrée sur le camion qui était garé sur son flanc. Bien que celui-ci ne semblait pas avoir subit de lourds dégâts, Joris avait dut se faufiler entre plusieurs pans de métal pour contourner le camion. De là où nous nous étions arrêtés, nous avions en visuel le coin arrière gauche, impossible donc de voir ce que devenait notre chef d'escouade.
Ce furent deux coups de feu qui provoquèrent la ruée vers le véhicule ainsi que des appels apeurés envers Joris. Qu'avait-il trouvé? De qui provenait cette détonation? Du capitaine ou de ce qu'il avait trouvé dans le camion? Encore quelques mètres...

-TOUS AUTOUR! Qu'importe ce que c'est, ENCERCLEZ-LE! Hurla Marcus, manœuvrant encore les opérations d'un oeil stratégique.

Chacun se disposa en demi cercle, arme pointée, tandis que je rejoignais Velta qui gardait ses distances depuis notre sortie de l’ascenseur.

-CAPITAINE?

Pour toute réponse, le tas de ferraille qui recouvrait le camion s'affaissa au sol lorsque ce dernier recula brutalement en arrière, la pédale d’accélération brutalisée et plaquée au plancher. Le moteur vrombit et les roues crissèrent sur le sol, tandis que notre ticket de sortie faisait une belle manoeuvre de dérapage pour se poster face à l'accès du secteur C. Joris posa son coude gauche là où se tenait certainement une vitre quelques temps plus tôt, la main droite fermement ancrée sur le volant, le regard nous narguant pour cette petite frayeur improvisée.

-Allez mes demoiselles, en voiture!

Sans se faire prier, je me dirigeais en premier vers le fourgon, suivis de très peu par le reste de l'équipe, pas encore tout à fait rassurée. Une fois tout le monde en place, et Velta à à la place passager pour guider notre fuite, Marcus demanda à travers la fenêtre qui communiquait avec l'avant:

-Capitaine, c'était quoi ces coups de feu?

-Un pauv' gars qui était pas décidé à rejoindre l'armée de choses, il avait un bout de bestiole coincé dans le front, comme Meneras. J'ai préféré l'achever, et placer une balle dans la tête de l'autre, histoire d'être sûr. Velta?

-A vos ordes!

-Je mets les gazs, donc il va falloir être aux taquet question itinéraire.

-Compris.

C'est étonnant de remarquer à quel point les rapports entre Joris et ses hommes changeait selon les situations. Parfois, le militaire s'imposait, alors qu'à d'autres c'était le vieux frère d'armes qui refaisait surface, assouplissant ou non les échanges. Mais j'imagine que dans des moments tendus comme celui-ci, il est normal de voir de vieux réflexes militaires revenir à la charge...Et ce malgré vingt ou trente années de bons et loyaux services côte à côte.

Enfonçant à nouveau la pédale d'accélération, le camion démarra à vive allure vers la sortie du secteur C, laissant derrière nous un amont d'horreurs et de choses dont le souvenir aurait mieux fait d'y rester également. Abandonnant le complexe à son triste sort, notre équipe passa en trombe l'entrée anciennement gardée pour retrouver avec un certain réconfort les ruelles d'Aria IV. Et tandis que Velta s'acharnait à donner des instructions via sa tablette numérique et les plans récoltés plus tôt dans la journée de façon plus ou moins légale. Des ordres brefs fusaient à l'avant, dignes du plus antipathique et du plus misanthrope des guides électroniques. "Gauche", "droite à deux cent mètres", "contourne à droite", "accélère", le tout débité à une vitesse proportionnelle à celle qu'affichait le compteur de vitesse que j'avais arrêté de fixer à travers la fenêtre pour m'éviter une frayeur.

-Combien de temps encore? Gronda Joris.

-Environ...DROITE...2 minutes...ATTENTION!

Pilage sec de la pédale de frein, dérapage, contrôle, accélération. Mon estomac commençait à réellement m'en vouloir de l'avoir entraîné là dedans, mais il fallait bien subir la conduite effrénée de Joris pour espérer un jour remplir à nouveau le-dit estomac.
Profitant enfin d'un moment de court répit à l'arrière du camion, je remarquais alors trois choses dans cet abri relatif et temporaire:

-Mon coeur s'acharnait à battre de toutes ses forces après notre fuite désespérée et ma frayeur constante

-J'avais horriblement faim, et je regrettais amèrement le repas de Reness proposé le matin même

-Nous étions au crépuscule

Ce détail m’intrigua plus que tout autre, car on m'avait dit que la fin du jour ne venait qu'avait l'absence de lumière sur Aria IV. Et que du lever au coucher du soleil, rien ne permettait de distinguer l'heure exacte à cause des épaisses couches de nuages toxiques et de leurs variations de densité. Je jetais alors un oeil intrigué au ciel de cette planète, qui normalement ne devait pas être teinté d'orange et de vermeil comme il l'était ce soir là.

En y regardant de plus près, j'observais avec intérêt un coin de ciel lorsque les ruines croulantes me le permettaient. Sans savoir comment, mais en devinant son origine, j'observais de vastes griffes en lieu et place de la couche nuageuse. Des distorsions spatiales, des puits de gravité comme l'ont vulgarisé quelques contacts ahuris lorsque je leur ai montré la vidéo qui tournait toujours, grâce à la caméra bien accroché à mon oreille. S'en suivit les innombrables phases et téléportation qu'utilisaient ces monstres, provoquant ainsi des perturbations météorologiques, qui allaient provoquer quelques heures plus tard le plus vaste cataclysme que la planète aurait jamais connut.

"Le calme avant l'apocalypse", le creux de la vague.

Ainsi, pour la première fois depuis sans doute des centaines d'années, la surface d'Aria IV baignait dans une magnifique lueur cuivre, faisant luire de pleins feux tel un embrasement gigantesque les milliards d'éclats de métaux, de verre et autres matériaux répandus sur la ville-monde. Ajouté à cela les brasiers et colonnes de flammes par centaines, le spectacle en lui même était réellement magnifique, malgré ce qu'il laissait clairement suggérer.
Entamant la pente d'une colline menant à notre dernière ligne droite, nous pûmes alors graver quelques souvenirs d'un monde en flammes, arrivé au dernier acte d'une pièce digne de la plus triste et de la plus divine comédie. Car c'était bien un dieu qui menait ce monde à sa perte. Par dessus les ruines et les cendres, mesurant des centaines de mètres de haut, Lorr, nouvelle puissance née de la science des hommes, déversait sa rage et son pouvoir sur le monde. Son armée partant à la conquête de son nouveau royaume, on entendait ses cris, ses grognements, et ce bruit infâme qu'émanait de son ventre continuellement en déversant ce fiel épais et sombre sur Aria IV.

-La mort d'une planète. Triste, hein m'sieur le diplomate?

-Pardon?

-Regardez, poursuivis Tiirs. Vous reverrez pas ça de sitôt. Avec les dégâts qu'a provoqué Lorr dans le complexe, je serai pas étonné si la fumée là bas vienne des réacteurs qui lui servaient de biberon. Ils exploseront bientôt, et toute la géologie de la planète va en souffrir. Le coeur ne supportera pas, et soit la planète deviendra un chaos de lave et de séismes, soit...

Il joignit les mains et fit un geste décrivant une explosion.

-Et les habitants? Où sont-ils? Je pensais entendre bien plus de bruits de lutte. Ne me dites pas qu'ils sont TOUS devenus comme eux?

-J'avoue que ça...je n'en sais rien. Espérons...

-Z'en faites pas, Sieur, renchérit Marcus. Connaissant ces gus, ils ont dut ressortir tous leurs vieux vaisseaux et se faire la malle dès qu'ils ont comprit que ça allait mal du côté d'une zone de niveau 8. Ou alors ils se sont planqués en sous sol, dans des bunkers fortifiés, mais entre nous, c'est une très mauvaise idée.

-Vous avez assisté à combien de fins de planète, comme celle-ci? Demandais-je à Gonagan, toujours assit près de moi.

-Assisté ou fuit?

-Et bien... Comme maintenant. La fuir.

Je vis le regard de mon compagnon s'assombrir, les yeux se teintant d'une tristesse qu'aujourd'hui encore je n'ai moi même connu. Sa gorge sembla se nouer, et je voyais presque des souvenirs défiler devant lui.

-Trop.

Un silence lourd et respectueux s'imposa dans notre petit groupe. J'aurais bien voulu demander ce qui différenciait réellement une fuite d'un simple visionnage à distance (mis à part le danger potentiel d'y rester), mais visiblement la précédente question était déjà de trop. Gonagan, d'ailleurs, ne voulut jamais me parler de ce qui avait assombrit ses yeux, même des années après cet épisode.

-...st lui?! Mais qu'est ce qu'il...

-ACCROCHEZ VOUS!

Trop accaparés par notre discussion, nous n'avions pas fait attention à ce qu'il se passait à l'avant, et nous n'entendîmes au final que l'ordre brut craché par Velta. Par réflexe, nous nous agrippâmes aux poignées d'acier fixées aux parois intérieures prévues pour de violentes secousses, mais Empereur ce qu'elles nous furent inutiles...
Le blindé, pour une raison parfaitement inconnue, se mit à quitter la pente (en tout cas, c'était une pente aux dernières nouvelles, et difficile de décrire l'inclinaison de celle-ci sur l'enregistrement vidéo). Le camion fut brutalement propulsé dans les airs, comme si une main géante nous catapultait vers les airs, créant une sorte de tremplin parfaitement indésirable. Et notre bolide fonça tête baissée vers l'inconscience collective, à grand renforts de cris de ma part.
Pendant ces quelques secondes de vide, propulsés dans l'inconnu, je me demandais ce qui avait bien put "encore" nous arriver. Mais avant que je finisse par trouver un nombre satisfaisant d'hypothèses, un mur vint mettre un terme à ma réflexion, et la paroi avant du fourgon suivit peu après pour me faire quelques politesses faciales.
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Juin - 21:14

-...o.is!

...

-Joris! ...ar l'Empereur, ...i?

...

-... toute la journée ici! ...EPONDEZ! ...or!

Les mots crachés péniblement par la radio recroquevillée dans un coin du camion me parvinrent très lentement aux oreilles. Je saignais abondamment de la tête, le choc m'avait assommé plusieurs minutes et je peinais à me rappeler où j'étais, ce que j'y faisais, et par Terra qui était cet abruti qui hurlait dans l’appareil cabossé.

Les secondes passaient et je faisais de mon mieux pour rassembler toutes les informations que je pouvais. Il y avait urgence. Et il FALLAIT me rappeler. Surmonter le choc. Venir en aide. Mais à qui?

Je scrutais autour de moi, tentant de comprendre, et je revoyais des corps familiers autour de moi; Certains étaient dans le même état hagard, d'autres encore dans l'inconscience.

-Joris...Ve...Velta.

Mes mains tremblaient, et mon corps se dirigea tout seul à l'arrière du camion, évitant les corps endoloris. La caméra me servait d'yeux et de mémoire, car je dois bien avouer que je ne garde aucun souvenir de ce moment précis.Choc traumatique peut être bien. Quand bien même, ma tête se leva assez pour que l'oeil de l'objectif filme ce qu'il se passait dehors. Je découvris notre co-pilote affalé au sol, du sang coulant de ses mains et de son visage, et notre capitaine la tête agrippée dans les serres d'une créature grosse, informe et balafrée. Des restes de vêtements calcinés et déchirés pendaient lamentablement à ses bourlets, une gueule béate et satisfaite, gavée à la matière noire de Lorr, bavait le précieux liquide qui semblait l'avoir nourrit généreusement.
La voix pâteuse peinait à prononcer des mots humains, et il s'entendait que sa morphologie n'avait plus vraiment grand chose en commun avec notre espèce.

-Aglor, khapitaine...

Serrant à la gorge notre ami, il le levait avec une aisance ridicule, et plantait son oeil restant, dépourvu de paupière vers notre chef.

-Ne vous avais-gh pas dit qu'il vayait mieux krester en sékh...sékhurité chez moi?

La fin de sa phrase prit une pointe suraiguë, comme aspirée, de la même manière que son très cher maître.

-Sssi Seulement vous m'aviez éklouté...

Il articulait avec peine, et n'arrivait même plus à prononcer correctement les mots sans les déformer de façon anarchique, comme si son esprit même perdait pied avec ce qu'il fut auparavant.

-Reness...mon gros, tu nous avais manqué! Crachota Joris. Ça t'as plus de jouer à cache cache avec nous? Tu nous avais caché que tu savais faire ce genre de crasses...mon salaud!

Il luttait pour respirer, et toussait à de multiples reprises sous l'étreinte du premier maire. Et tout en regardant ce passage, bien à l'abri dans mes quartiers de Terra, la macabre découverte me donna frissons et cauchemars. Joris avait tenu à ce que je regarde mon propre enregistrement avant de discuter de quoi que ce soit sur la mission. Il avait gardé un silence de marbre trois semaines après notre retour sur le Valhalla. Et j'avais que j'eus du mal à ne pas en faire autant, d'autant que je n'avais pas vécus cette scène moi-même, ou du moins pas consciemment.

-Fais le malin, la voix de Reness reprenait un semblant d'humanité, en attendant, je me ferai un plaisir d'offrir ta chaiiiir et celle des tiens à notre nouveau m...maîtrrre.

Considérant sa phrase, il semblait scruter son adversaire et vouloir se réserver une part du butin.

-Mais je vais peut être faire une exception.
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Juil - 23:57

Le grognement se changea en quelque chose de familier. Une vibration très aiguë se fit entendre, me forçant à boucher mes oreilles. Des vibrations s'étirèrent et partaient en un large tube qui traversait le crâne de notre capitaine.Le bruit à s'y méprendre d'un chasseur de Nyorn reprit, on entendit à nouveau ce sifflement d'air qui se craquelle, mais Joris réagit avant la seconde phase d'aspiration. Dégainant son couteau de combat, il agrippa dans une main le poignet de Reness et trancha celui-ci de l'autre, laissant un moignon noircit parfaitement découpé.

(Pour les amateurs d'armes, et les néophytes en la matière: sachez que les couteaux de certaines unités de combat ont été, en plus des amélioration d'alliage, et de tranchant homologuées, modifiées de façon à rajouter un peu plus "d'efficacité". Ainsi, selon les secteurs de la galaxie, on retrouve plus ou moins fréquemment de la marchandise de contre bande, fruit direct des productions des-dits groupuscules. Pour vous donner quelques exemples, dans le secteur minier de Kryfonte A, l'armée locale a fait fortune en revendant aux ouvriers des couteaux à lame-tronçonneuse, dotée d'une chaine de dents extrêmement solides pour les aider dans leurs travaux. Redoutable sur de la chair humaine.

Les "Crocs", disponibles dans le sous secteur des Hérophantes, très réputés pour leurs réseaux d'assassins, fournissent nombre de dagues équipées d'une charge du poison de votre choix. Celui-ci est automatiquement diffusé sur la lame en cas de choc, et chaque blessure devient un aller rapide pour l'au-delà.

Sans parler des innombrables armes jugées "très expérimentales" par la haute cour de l'armement, forgées avec des matériaux toxiques, disposant d'attaques à distance de toute sorte, avec option "lame télescopique" et autres fantaisies. Des modèles de toutes qualités et au potentiel très relatif circulent donc partout sur les marchés terrans.

En l’occurrence, le modèle que tenait Joris dans ses mains faisait partie de ces objets dangereux bricolés au fond d'un atelier. Lorsqu'il fut stabilisé officiellement, c'est à dire passé sous la barre des 1 modèle dysfonctionnant sur 20 selon les ingénieurs du Valhalla II, il fut distribué en masse et baptisé "Aurore". Pour résumer rapidement, il s'agissait d'une large lame de vingt centimètres, anciennement à double tranchant, dont un côté avait été creusé en rectangle du manche jusqu'à une quinzaine de centimètres. Une tige de métal était installée d'un bout à l'autre, pouvant être chauffée à blanc à une vitesse hallucinante. L'avantage était que cette râpe à fromage tranchait la chair de façon très nette, et cicatrisait instantanément la plaie. L'Aurore dut en partie son large succès au corpus médical, les infirmiers combattants l'utilisant pour des amputations rapides, permettant des greffes mécaniques tout aussi instantanées. Une révolution sanitaire à laquelle Joris ne s'était certainement pas attendu, mais qui le rendit avec son équipe infiniment riche.)

Arrachant un hurlement de rage à notre ennemi commun, le capitaine fit trois bonds en arrière, dégainant cette fois son pistolet de l'autre main. Les gouttes de sang éclaboussées sur son visage atteignirent ses lèvres, provoquant un crachat virulent sur le sol, suivit d'un air méprisant:

-Et ben gros lard? Lorr t'a pas apprit à repousser? J'vais pouvoir de trancher du gras tranquillement alors! Allez viens par ici qu'on rigole!

Regardant son moignon carbonisé, la créature beugla un nouveau cri et lança son attaque. Cette fois, l'aspiration mit beaucoup moins de temps à venir, et je vis de mes yeux ce qui avait arraché le toit de l’ascenseur. La réalité même semblait se décomposer en particules, puis comme fondue par une chaleur brûlante se déversa vers Reness qui semblait ragaillardit de pouvoir déchaîner sa colère.
Après quelques secondes d'observation béate, je comprenais que la vague grisâtre qui avait traversé le flux était un reste du mur bétonné devant lequel se trouvait Joris, quelques instants avant qu'il n'esquive. Le résultat était un trou énorme arraché à la pierre, les marques sur les ruines restantes donnaient l'impression qu'il s'était tout simplement liquéfié dans l'appel d'air de Reness. La matière avait été aspirée dans le tube, et disparut à travers la matière caoutchouteuse qu'était devenu le corps grassouillet du monstre.
Pendant un instant, Joris inspectait le résultat, et perdit quelques degrés de couleur. S'il se loupait, c'était finit.

-On ne se repose pas! Vociféra l'ennemi.

Un flox inverse propulsa des pierres expulsées du corps fonça en ligne droite vers sa cible. Une nouvelle esquive provoqua une demi brèche, qui mordait sur la précédente. La dévastation n'en n'était pas moins impressionnante. Tirant une salve de balles, Reness la reçut sans bouger, se contentant d'une aspiration moindre qui fit disparaître la menace.

-A mon tour...

Par instinct de survie, Joris sauta dans le fourgon encore encastré dans une paroi de la pièce (ou de ce qu'il en restait) pour éviter son propre tir revenu à lui.

-Putain, il triche ce con... Grommela-t-il. Ça va, Sieur?

Acquiesçant timidement, je n'osais me faire remarquer de peur d'être le suivant. Un mouvement à l'arrière du camion m'indiqua que je n'étais plus le seul à avoir reprit connaissance. Un bras jaillit par dessus moi, et jetta quelque chose à Joris.

-La dernière!
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeSam 7 Juil - 18:16

La voix faible et encore étourdie de Marcus montrait qu'il utilisait ses dernières forces conscientes pour sauver son capitaine. L'objet en lui même, un disque plat et rond, s'envola comme une assiette et s'étala sur le béton de l'appartement. Mais bien que mon esprit peu à peu plus clair parvint à reconnaître la clé de notre salut, Reness, lui, n'en avait absolument pas conscience.
Sautant sur l'occasion, l'homme fonça sur l'arme dont j'avais été témoin de la puissance dévastatrice; Agrippant d'une main la grenade, il n'eut même pas le temps de la lancer qu'une tempête instantanée emporta le tout, arrachant la main, et un cri au capitaine de l'escouade. Sous mes yeux, je vis un tube d'une précision et d'une force sidérantes, qui fit glisser un flot vermeille, bien vite engloutit par Reness qui riait à gorge déployée.

-Tu croyais que ce jouet allait m'arrêter? Tu croyais que votre pathétique troupe allait m'arrêter?!

Serrant contre lui son poignet dévoré, un sourire se traçait lentement sur les lèvres du capitaine.

-Crétin...Dit il en toussotant. Tu sais ce que t'as avalé?

Joris était-il devenu fou? Avait-il seulement enclenché le mécanisme? A mes yeux, j'étais persuadé que non. Je voyais sa main dégouliner de son propre sang, ses yeux bestiaux assassiner Reness, alors qu'il était allongé au sol, cloué par la douleur. Au loin, Lorr affirmait son triomphe de nouveaux beuglements bestiaux. C'est d'ailleurs à ce moment là que je prenais conscience du monde extérieur.
Car par delà l'étrange ruine où notre camion s'était...stationné, Aria était toujours en pleine apocalypse. En me trainant un peu sur le bord de la remorque, je découvris que notre course avait quelque peu été modifiée, ce qui expliquait le choc, et le fait d'avoir été brutalement expulsés de nos sièges. En regardant partout, je remarquais que nous avions défoncé l'un des murs du bâtiment que nous visions pour nous mettre à l'abri. Par je ne sais quel moyen, un tremplin ou quelque chose de similaire s'était dressé devant nous, et nous avait catapulté droit dans la structure. Nous avions donc défoncé un étage entier, ce qui expliquait une partie des éboulements, et la course s'était terminée tête la première sur un pilier de soutien, en plein milieu d'une salle servant initialement de salle à manger. Derrière nous,j’apercevais la trouée que nous avions provoqué dans la bâtisse, et en scrutant encore j’observais des restes de meubles cossus, appartement probablement à un dignitaire local. Les fenêtres finement ouvragées donnaient une impression de vieux Renouveau gothique, un mouvement pluricentenaire dont les origines se perdent dans les confins de l'Histoire, et donnaient paradoxalement une vue splendide sur les restes de ce qui fut une civilisation minière.

Au loin,j’apercevais la masse noire et immonde du maître de cette nouvelle race, qui répandait encore son affreux liquide tout en prenant soin de secréter ce qui semblait être des anomalies spatiales, car l'air semblait de mon point de vue se distordre de manière assez particulière. Mais après tout ce que j'avais vu depuis le réveil, je décidais de ne pas chercher à y comprendre quoi que ce soit. Les tremblements d'Aria commençaient à secouer toute la planète, signe des séquelles laissés par l'évasion de Lorr, et c'est à ce moment là que je repris conscience du duel qui avait lieu juste sous mon nez.

-Tu entends? Notre maître est en train de recréer notre monde. Nous allons nous étendre, et bientôt de notre planète mère tout vôtre stupide et méprisable empire tombera sous notre armée. Et je pourrai enfin...

Le discours qui s'annonçait ennuyeux à mourir et digne des pires monologue de grand méchant romanesque s'arrêta net. Interrompu par un évènement invisible, la face tailladée et boursoufflée de Reness se tordit dans un rictus de douleur, suivit du corps entier qui bientôt tomba au sol.
Dans un cri libérateur, la créature se débarrassa de ce qui lui rongeait les entrailles. Un éclair jaune jaillit de sa gueule et s'étendit comme une langue épaisse sur quatre mètres de long, bien assez pour éventrer encore un peu ce qu'il restait du plafond de la salle. La langue avala tout sur son passage, et semblait aspirer débris, pierres, métal, et même lumière. Sans comprendre comment, la luminosité devenait de moins en moins forte. J'avais sous les yeux une version figée et longiligne de ce qu'était comme on l'appelle communément un trou noir. Trou qui rejoignit par de plus en plus de nuances sa couleur éponyme, nous faisant vivre un crépuscule local très accéléré. Je n'en croyais pas mes yeux. Joris avait activé sa grenade tout en y sacrifiant sa main, elle avait implosé en lui et il l'a tenait désormais dans sa distorsion spatiale, comme un membre supplémentaire. Reness avait réussit à contenir et maîtriser un trou noir... Rien que ça!

Comprenant son nouvel avantage dans son duel avec Joris, celui-ci repartit à l'assaut. Bien décidé à ne pas lâcher sa prise sur son nouveau jouet, il s'en servit comme un fouet qui dévasta la salle et ses fondements. Un nouvel éboulement nous annonça que la gravité l'emportait sur l'immeuble et que sa partie supérieure penchait de trop. En regardant l'endroit où se trouvait jadis le plancher de l'étage supérieur, j’aperçus qu'elle penchait à l'ouest, s'écroulant bien peu de temps après en contrebas. Au temps de percussion avec le sol, je dirais que nous étions au 5/6 ème étage. Au moins l'objectif était fixé: nous étions parvenus au plus haut de la structure...

Une étrange vague d'aspiration m'arracha de mon perchoir ainsi que le corps inconscient de Gonagan, contre lequel je m'étais amortit pendant notre atterrissage par camion, et me fit tomber au sol. Mes yeux retrouvèrent la scène de lutte, et je constatais avec étonnement qu'un bout de viande noirâtre était écrasée à deux mètres de Joris, désespérément agrippé aux restes tordus d'un pilier d'acier. Il avait l'air affolé, les yeux terrorisés comme s'il avait échappé à une mort imminente, ce qui était le cas, et mis cinq bonnes minutes à lâcher prise. Les éclaboussures de sang sur son visage ne semblaient définitivement pas les siennes, leur couleur encre aidant sans doute, et je cherchais désespérément à comprendre ce qu'il s'était passé pendant que mon regard se baladait sur la chute de notre tour.

Un crachotement dans la radio du capitaine me donna quelques éléments de réponse:

-Vous en êtes pas passé loin, on dirait. Tout va bien au sol? Annonça une voix pleine de confiance et légèrement narquoise.

J'étais halluciné. Qui était notre sauveur? Où était-il? La logique reprenant le pas sur l'ahurissement, je ne mis pas longtemps à percevoir le bruit des moteurs du chasseur sur lequel étaient perchés un pilote, et un soldat équipé d'un fusil sniper, nous saluant fièrement. Ils étaient enfin là. Soudain, la brusque fin de Reness me paraissait beaucoup moins mystérieuse, et je me doutais que le trou noir avait dut se retourner contre son maître une fois celui-ci avec une balle dans la tête. Ce qui expliquait les quelques bouts de chair au sol, et l'étrange position du pilier sur lequel était accroché Joris. La voix du pilote reprit:

-Dites pas merci surtout! Vous avez des blessés?

Le capitaine décrocha ses bras de son abri de fortune pour répondre à l'appel:

-Des gars sont inconscients, on a deux qui tiennent un peu debout, le reste faudra les soigner à la maison. Dit-il d'une voix encore bafouillante.

-Ok, pas le temps de trainer. Je m'aligne contre la paroi, Chris vient vous filer un coup de main pour ramasser les autres, magnez vous!

Posant son arme, le second homme attendit que le chasseur soit assez près pour sauter directement par notre "voie d'accès" et nous rejoindre. Vérifiant que nous n'avions aucun séquelle majeur, il nous aida à porter Tiirs, Gonagan, et Velta, et ne put s'empêcher de demander tout en indiquant les restes de notre adversaire:

-C'était quoi ce truc?

-Un vieil ami...Ironisa Marcus.

Une fois attachés aux sièges arrières, notre pilote s'écarta de l'immeuble désormais décapité et s'envola pour rejoindre le Valhalla II, et nous mettre en sécurité.

-Je sais pas ce que vous avez trafiqué en bas, nous cria Chris pour couvrir le bruit des moteurs, mais vous avez foutu un beau bordel. Toute la planète est sans dessus dessous!

Souriant à la remarque, je répondis:

-Nous n'étions pas très en accord avec leur politique de recherche. Les négociations se sont mal passées.

Chris me fixait comme étonné que je sois encore vivant. Il se doutait que les absents du groupe étaient perdus, mais il avait dut me prévoir parmi les premières pertes, à son grand étonnement.

-Et le titan, là bas! C'est quoi?!

-Je vous présente Lorr, l'actuel dirigeant d'Aria IV!

-Quoi CA c'est leur chef?! Mais par l'Empereur qu'est ce que vous avez foutu?

-Longue histoire. Je vous ferai un rapport.

Je me mis à rire nerveusement, à peine certain de m'en être sortit vivant jusque là, tandis que Chris continuait à scruter le demi-dieu qui s'était à présent mit en marche.

C'est à ce moment là qu'un mal de crâne pire que tous ceux que je connus de ma vie me broya la tête dans un étau clouté. Instantanément, je sentis la présence écrasante de Lorr dans mon esprit, comme s'il venait de visser ses doigts, ou plutôt sa volonté dans la mienne. Pris de spasmes violents, j'étais désormais la proie d'un prédateur affamé.

-Pathétique gratte papier, tu croyais t'en sortir comme ça? Vous ne quitterez pas cette planète aussi facilement. Je vais vous corrompre toi et tes chiens, de la plus douloureuse et la plus lente façon qui soit. Vous allez souffrir pendant des semaines avant de rejoindre mes forces, puis vous irez corrompre l'empire pour moi. Mais avant je m'assurerai moi même de détruire vos foyers sous vos yeux, un par un.

Une peur terrible envahit mon esprit, alimentée par le pouvoir de Lorr, qui désormais pressait sa marche. Car désormais il se dirigeait vers notre vaisseau, qui quittait à peine les hauteurs de la cité monde. La masse titanesque parcourait des kilomètres en quelques pas seulement, et s'approchait de plus en plus dangereusement de nous.

Dans le tourbillon de douleur dans lequel Lorr me plongeait, je percevais quelques bouts de phrases paniquée de mes compagnons, je ressentais leur propre peur, mais aussi la faim dévorante de notre ennemi. Une faim mêlée d'une haine si profondément enracinée qu'elle en devenait essence de son hôte. Sa présence destructrice se rapprochait, alors que le vaisseau prenait de plus en plus d'altitude et de vitesse. L'appareil fut prit de secousses, subit quelques chocs qui renforcèrent mon désespoir et ma détresse, mon esprit n'était plus qu'un fétus de paille balloté par la tempête. Une tempête qui me hurlait:

-Tu ne t'échapperas pas. Ton histoire se termine ici. C'est sans espoir.

Des paroles empoisonnées qui me firent entrer dans une transe délirante, et Chris devait certainement se féliciter de m'avoir solidement attaché pour notre fuite.
Je nous sentais quitter l'atmosphère de par les cris que nous envoyait le pilote, la pression ambiante, la résistance de l'air, et le fait que j'étais de plus en plus plaqué sur mon siège, ce qui avait le mérite d'amoindrir mes spasmes.

-ON Y EST PRESQUE! Nous hurla le cockpit.
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeSam 7 Juil - 19:40

Un silence de marbre s'installa. Sans annonce. Sans préavis. Sans note de service. Le calme et le silence. La présence de Lorr avait disparut, le vaisseau aussi avait disparut, ne restait que moi, assit sur un siège du chasseur, au milieu de nulle part. Mon esprit libéré des griffes de l'horrible présence de la créature assoiffée de pouvoir, je reprenais peu à peu conscience (et contrôle) de mes divers sens.

-Vous allez bien, Sieur? Me dit une voix caverneuse.
-Sieur? Qui est là? Répondis-je, balbutiant.

-Vous êtes sauf. Vous vous en remettez, Sieur? Insistait la voix.

-Mais qui êtes vous à la fin?!

Mon interlocuteur m'énervait aussi facilement que si je venais de sortir du lit après une mauvaise nuit.

-Vous ne vous souvenez pas de moi? Je vous ai pourtant aidé à descendre, quand on est rentrés dans le complexe. Je pourrai me vexer, vous savez?

Un visage brut aux traits pourtant amicaux me revint à l'esprit. Comment s'appelait-il déjà?

-Y...Yorg? Tentais-je.

-Quand même! Vous en avez mit du temps!

-Où suis-je?

Mes yeux se perdaient dans un infini de douces nuances cyan et violettes

-Le lieu n'est pas important...Répondit-il tout en baladant son regard aux alentours, sans vraiment s'accrocher quelque pat. Vous êtes en sécurité, c'est le plus important,non? C'est mon travail, vous savez?

La discussion devenait de plus en plus étrange. Était-ce le vrai Yorg que j'avais sous les yeux? Son fantôme?

-J'avais besoin de discuter un peu avec vous. Il y a...quelques points à voir avec vous, avant que vous ne partiez.

-Partir où? Je suis mort? Lorr nous a eut?

Ma voix devenait de plus en plus paniquée. Tout cet inconnu me faisait stresser de façon spectaculaire, et malgré l'ambiance calme et rassurante, n'avoir aucun contrôle sur la situation ne faisait rien pour me calmer. Encore plus quand je ne savais pas si j'étais mort ou non.

-Lorr n'a pas résisté à son entrée dans l'espace. Pour une raison que nous ignorons encore, nous ne pouvons pas sortir de l'atmosphère d'Aria IV, mais ce sera un problème bien vite corriger. Mes frères et soeurs fouillent en ce moment des milliards de plans d'existence pour trouver lequel nous permettra de passer outre ce..."problème".

-Vos...attendez...ne me dites pas que vous...

D'un sourire navré, le soldat Boyle souleva la manche droite de sa veste militaire, aux couleurs de l'empire, et la remonta jusqu'à son coude. Je constatais avec tristesse qu'il était fait de la même matière dont était fait Reness avant sa mort.

-Mes excuses. Les hommes de Lorr nous ont balancé avec Meneras et Boyle dans leurs labos. Nous étions parmi les premiers à être..."corrompus", comme vous appelez ça. Boyle était le premier, il n'a pas survécut à l'implantation. Quant à Meneras...Je crois que vous savez ce qu'il en est.
Consterné par le destin de ces trois pauvres âmes, je baissais le regard, honteux d'avoir en quelque sorte provoqué tout cela.

-Ne vous en faites pas, ils sont en sécurité, eux aussi.

Devant mes yeux interloqués, et avant que je puisse dire quoi que ce soit, il leva la main en signe de silence.

-Lorr est mort désormais. Notre...Il hésitait à trouver le bon terme. "Peuple", va vivre quelques temps sur Aria IV, le temps de trouver une solution, et un nouveau foyer. La planète ne risque plus grand chose tant que nous sommes là, mais elle finira par exploser un jour, Lorr a provoqué trop de dégâts je le crains.

-Et où irez-vous?

-Je vous l'ai dit: nous cherchons. Un autre plan, une faille, une vraie planète pourquoi pas? Mais ce n'est plus votre problème désormais.

-Alors pourquoi suis-je là?

-Pour mettre Aria IV en quarantaine. Personne ne pourra nous arrêter. Et encore moins nous détruire. Vous avez bien vu ce dont nous sommes capables.

Les souvenirs au fer rouge de notre fuite du complexe me revinrent douloureusement en tête. Il poursuivit:

-Nous nous en iront bientôt. Mais d'ici là il vaut mieux pour tout le monde que personne ne nous dérange dans nos recherches.

-Et pour les habitants d'Aria?

-Certains nous ont rejoint, beaucoup s'étaient soit enfuis, soient terrés dans des cachettes souterraines. Lorsque Lorr s'est jeté hors de l'atmosphère de la planète, sa mort a provoqué la libération de nos esprits. Pour faire simple, il avait le plein contrôle sur notre réseau de conscience. A sa mort, j'ai prit la liberté d'exiler les survivants dans un lieu plus adéquat.

-C'est à dire?

-...

-QUE VONT-ILS DEVENIR? M'emportais-je.

Les traits de mon ancien compagnon devinrent d'un sérieux presque glacial. Nous abordions donc le sujet principal de la discussion.

-C'est sur ce point dont nous devions discuter. Voyez-vous, nous sommes parfaitement conscients qu'une fois les derniers évènements dévoilés aux oreilles de l'empire, d'autres Lorr feront leur apparition. Que ce soit pour l'argent, la puissance, ou la gloire. Il y aura forcément des fouineurs pour venir chercher les restes des travaux de notre "créateur". Et cela ne doit pas arriver. Cela ne doit PLUS arriver.

Le mot "plus", vous vous en doutez, avait été prononcé d'un ton parfaitement tranchant et inébranlable.

-Nous nous en irons bientôt, mais nous garderons toujours un oeil sur vous. Ce qui s'est passé sur Aria ne doit plus se reproduire. Notre peuple a la chance de disposer de ses racines humaines. La pitié, la compassion, nous les connaissons encore. Mais nous ne sommes pas aveugles, d'autres voudront nous exploiter. Et c'est là que vous intervenez.

-Empêcher l'espèce humaine d'assouvir ses penchants pour la cupidité? A moi tout seul? Ironisais-je.

-Non. Pour être notre...ambassadeur.

-Pardon?

-C'est à vous que revient la charge de mettre Aria IV sous bonne garde, jusqu'à ce que nous puissions nous en aller et trouver notre propre terre d'accueil. Et c'est à vous qu'il revient de prévenir toute nouvelle tentative de ce genre. En parlant à l'Empereur, en jouant de vos relations. Après les derniers évènement, croyez moi qu'ils vous donneront une attention toute particulière. A vous de l'exploiter au mieux.

-Et si je n'y arrive pas?

-Alors ce sera à vous d'expliquer pourquoi le tiers de l'empire aura brûlé en l'espace de quatre jours.

La voix de Yorg était alors devenue aussi glaciale qu'un hiver sur une planète-glaçon, comme l'appellent certains commerçant. Ces types de planètes tellement isolées de leur soleil que seule la technologie permet d'y vivre et d'y exploiter les ressources à l'aide de foreuses géantes et de chauffages poussés à un régime outrancier.
D'un coup, le quota sympathie de mon interlocuteur avait nettement chuté. Mais sa menace prophétique avait de solides raisons d'être énoncée. La race humaine est ce qu'elle est. Et Yorg avait de bonnes bases en la matière, après des années en tant que militaire de l'Empereur. Reprenant plus doucement, un nouveau rictus amical se dessinait sur les lèvres de mon ami.

-Mais nous avons confiance en vous. Au moins parce que vous serez le plus qualifié pour retarder et empêcher au maximum ce genre d'évènement fâcheux. C'est pour cette raison qu'en signe de bonne volonté, nous vous rendons les habitants d'Aria IV. Il vous suffira d'envoyer des transporteurs lourds pour faire le minimum de navettes possible, puis vous devrez quitter cet endroit pour toujours. Êtes-vous d'accord, monsieur l'ambassadeur?

Yorg avança de deux pas vers moi, et me tendit une main boursoufflée et mêlée de cette étrange mais désormais si familière matière. Elle était étrangement chaude, mais il me faisait l'honneur de me tendre sa véritable main. Signe de l'accord entre l'ancienne et la nouvelle race.

-Je ne peux pas vraiment refuser, de toute façon...?

Nouveau sourire navré.

-Je le crains, Sieur, il va falloir assumer cette charge. Mais vous ne serez pas tout seul, rassurez vous.

-Comment ça?

Sentant ses doigts resserrer leur étreinte et capturer ma main, il plaqua son autre paume sur moi et un contact brûlant remonta tout le long de mon bras droit, du bout jusqu'à l'épaule. La torture dura quelques instants jusqu'à ce que mon geôlier me libère, me permettant de récupérer mon membre.

-"Ceci" vous servira de trophée de guerre. C'est le symbôle de notre peuple désormais. Ne l'oubliez jamais. Nous vous serons redevables dès que vous rejoindrez les vôtres. Mais gardez en tête ce que vous devez faire. Car si nous devons agir, la sentence sera bien plus lourde qu'une seule planète en ruines.

Regardant ma brûlure, sur le dos de ma main, je découvris ce qui ressemblait à un homme prisonnier dans un tube, les bras levés. Mais un détail attira mon attention. La silhouette de l'homme, bras et jambes en X, avait une deuxième tête à l'opposé de son corps, comme s'il y avait deux hommes pour un seul corps. Voulant demander à Yorg le sens du symbôle, il me coupa:

-L'homme qui chute en voulant s'élever. Nous sommes nés des mains d'un homme qui est mort en voulant devenir Dieu. Cela servira d'avertissement à ceux qui nous poursuivront.

J'avais mal, mais je m’efforçais d'écouter le discours de l'ex-soldat.

-Un peu fataliste, comme symbôle, non?

-Peut être. Il est temps pour vous de partir désormais. Nous nous reverrons peut-être un jour, en de meilleures circonstances je l'espère.

Sentant l'univers autour de moi perdre de son éclat, je voyais le visage de Yorg reprendre peu à peu sa vraie forme, et disparaître dans une étrange brume qui floutait ma vision. C'était comme sortir d'un rêve profond. J'avais envie de rester, d'en apprendre plus, mais une partie de moi savait qu'il était temps d'affronter mes nouveaux devoirs. Le dernier souvenir que j'ai de Yorg fut une phrase. Un bout de voix arraché aux songes, un fragment de phrase venant compléter une devise:

-Mais l'homme déchu peut surmonter bien des choses s'il cherche la rédemption...
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MessageSujet: Re: Distorsion [Science Fiction]   Distorsion [Science Fiction] - Page 2 Icon_minitimeDim 16 Déc - 14:30

Une fois revenu à moi, je découvris les murs familiers de mes appartements privés, sur Terra. J'étais revenu sur notre planète mère. Mon cerveau me faisait encore horriblement mal, mais c'était bien loin de ce que Lorr m'avait infligé lorsque nous étions face à l’ascenseur. L'odeur si familière de ma chambre m'embaumait, emplissait mes poumons. Je retrouvais avec joie ces notes de thym, de musc de mon encens favoris. Le délicat parfum d'un bouquet de fleurs fraichement déposées dans un vase, une note de thé noir, et le bruit du vent qui traversait ma fenêtre pour rafraîchir l'air ambiant.J'étais désormais bien loin des fumées toxiques d'Aria IV, des pluies acides, des bruits de remorqueurs fous, et de toute machine scientifique.

Je n'avais aucune conscience de l'heure. Peu importait à vrai dire. Le soleil filtrait à travers mes rideaux de soie émeraude, et il faisait bon. Qui m'avait emmené ici ? Depuis combien de temps étais-je revenu ? Je m'en moquais éperdument. Mais le son d'une quinte de toux me rappela à ma fonction. La mission n'était pas tout à fait terminée.

-Bonjour, monsieur Navi.

C'était une voix qui m'était inconnue. Elle était posée, détendue, mais je sentais dans le ton que son propriétaire était quelqu'un de haute instance. Je ne pus retenir un soupir, tout en serrant contre moi la douceur réconfortante de mes draps.

-Allons, vous devriez savoir que dans le domaine des relations intergalactiques, on n'est jamais vraiment en repos. Non ?

Je tournais la tête pour apercevoir l'importun qui venait troubler un repos plus que mérité. Sa veste alourdie par les nombreuses plaques honorifiques m'indiquèrent que l'homme faisait partie des proches de l'empereur en personne. Balhuin avait décidé de m'envoyer un de ses valets personnels. L'homme en lui-même était blanc de peau. Une trentaine d'années, les mains fines et délicates. Il n'avait pas l'apparence d'un haut général, ni même le physique de Yorg, au contraire. Il faisait jeune, et si les plaques honorifiques n'avaient pas été là pour l'attester, j'aurais juré qu'il ne travaillait pas pour l'empereur. Un détail stupide me frappa: son costume beige lui allait superbement bien.
M'appuyant sur mon coude droit pour faire face à mon visiteur, je rassemblais assez de force pour entamer une discussion bilatérale.

-Pardon de vous demander ça, mais...

-Qui je suis ?

Un rire franc s'échappa de l'homme.

-Ne vous inquiétez pas, je ne le prendrai pas mal. A vrai dire, je m'étonne moi-même d'avoir autant de récompenses d'un coup. Je suis Kirgan Beeth, le nouveau directeur principal du pôle de recherche et développement terran. Mais vu votre état je vous dispense de me serrer la main.

-Le nouveau directeur...?

Une mimique de gêne passa sur son visages et agita ses mains.

-Et bien, après les derniers évènements qui se sont déroulés sur Aria IV, ce bon vieux Balhuin a décidé de condamner mon prédécesseur pour "expériences dangereuses et contre nature sur l'espèce humaine". En théorie, on permet pas mal de choses aux avant-gardistes qui veulent réinventer le monde, ça fait tourner le commerce, et puis ça permet d'avoir ce genre de gadgets à la maison. Très beaux spécimens au passage.

Il pointa du menton ma collection de plantes rares entreposées dans des globes d'auto suffisance biologique. Des merveilles sphériques permettant de conserver n'importe quel organisme dans des conditions d'humidité, d'ensoleillement artificiel et d'aération optimales. Alors que je bredouillais quelques remerciements hâtifs.

-Cependant, certaines tentatives sortent du cadre habituel et s'aventurent sur des chemins disons...particuliers; celles-là demandent une approbation tout aussi particulière. Et il se trouve que Lorr avait organisé tout ceci avec l'accord secret de l'ancien directeur, après le refus du Haut conseil scientifique.

-Je comprends... Mais vous n'êtes pas venu recevoir mes félicitations j'imagine ?

-Non, je suis là pour votre rapport. Le plus complet possible, qui me sera adressé personnellement dès que vous serez remis. Avec ceci l'enregistrement complet que vous avez avec votre caméra portative. Vous passerez également au laboratoire du grand palais, une équipe vous y attend pour effectuer quelques tests, et quelques clichés de votre...

Il tapota son cou, faisant allusion à ma cicatrice. Puis se releva de sa chaise, réajustant son costume officiel. Il s'éclaircit la gorge, puis poursuivit:

-Bon, et bien je pense que je vais vous laisser à votre repos. Profitez en bien, il vous est gracieusement offert par Balhuin en personne, avec ses meilleurs vœux de rétablissement. Prenez votre mois, vous le méritez bien. Et ça vous laissera le temps de taper votre rapport. Vous connaissez la procédure. Allez, on se revoit au palais !

Kirgan attrapa son long manteau et tout en l'enfilant se dirigeait vers la porte. La porte de ma chambre s'ouvrit devant lui, puis notre homme s'arrêta un instant.

-Oh....j'oubliais ! Félicitations pour votre promotion !

-Qu....? Quelle promotion ?

-Et bien, vous êtes désormais le trait d'union entre deux nouvelles races. Balhiun a insisté pour vous avoir auprès de lui, après recommandation expresse de tout l'équipage du Valhalla II, et des habitants d'Aria IV. Vous avez fait une sacré impression là-bas ! Allez, à plus tard !
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