Enfin, elle avait trouvé son chemin

Cela faisait quelque temps qu’elle voulait partir à l’aventure. Pendant des mois, elle avait hésité. Beaucoup de ses amis lui racontaient les expériences fabuleuses qu’ils avaient vécu, et tout cela lui faisait tellement envie… Mais passer le cap est, comme on le sait, bien difficile… Malgré cela, l’envie se faisait pressante, et plus le temps passait, plus elle se mettait à rêver, à imaginer qu’elle aussi pourrait vivre de telles expériences…
Elle regardait souvent le plus loin possible, par les nuits claires, le fond du ciel avec son télescope, mais cela ne lui suffisait plus.
Elle décida un jour que cette attente devenait insupportable, et que, 20 ans étant le plus bel âge, il n’en était pas de meilleur pour se lancer. Allons-y, donc !
Elle rassembla son équipement, indispensable à une telle expédition. Se fournit le matériel indispensable.
Et, un beau jour, se trouva prête à partir. Calée au fond de son siège, matelassé (ne lésinons pas sur l’essentiel), elle regardait le ciel, interminable. Il ne restait qu’un seul levier, avant le grand saut.
Elle hésita.
En avait-elle vraiment envie ?
En avait-elle vraiment besoin ?
Tout-à-coup, tout ce à quoi elle avait rêvé lui semblait accessoire. Etait-ce ce qu’elle voulait, ce qu’elle désirait ? Aller, voler, vers cet inconnu, si immense, si gris, si froid… Si effrayant ! Elle doutait maintenant des histoires de ses amis. Comment avaient-ils pu vivre de belles expériences dans cet espace, vide, désolé ?
D’un coup, toutes ses belles résolutions, toutes ses envies ne semblaient que du vent.
Elle se demanda si cela en valait la peine.
Plus elle regardait le ciel, sans profondeur, plus elle sentait la peur grandir. L’envahir, des extrémités de ses orteils au bout de ses oreilles. Et à la pointe de ses cheveux. Et le bout des doigts. Partout. Elle s’engourdissait. Elle voyait encore ce ciel, qui la narguait et la mettait au défi, et cela la paralysait. Elle n’avait jamais aimé les défis. Mais devant de telles expériences à venir, comment aurait-elle pu résister ?
Le suivant sur la piste d’élancement commençait à s’impatienter, elle le savait. Il faudrait qu’elle prenne une décision rapidement, partir… Ou rester. Envieuse. Dépitée. Frustrée.
Ca lui mit un coup de pied où vous savez, et elle appuya de toutes ses forces sur ce levier. Elle aurait bien le temps d’avoir peur plus tard, n’est-ce pas ?

La voici élancée, dans cet espace.
Tant de possibilités s’offraient à elle à présent. C’étaient ces choix qui l’avaient effrayé, plus que le vide, elle s’en apercevait.
Elle commença à vagabonder, au fil de ses envies. N’osant s’éloigner, elle commença par aller du côté d’Alpha du Centaure. Il s’avéra qu’il n’y avait rien qui ne l’intéressa beaucoup de ce côté. Elle se demanda où aller, et n’osant repartir, y resta quelque temps. Mais cela ne lui suffisait pas. Elle n’aurait rien à raconter en rentrant ! Et qu’aurait-elle vécu, au final ? Tout ça pour ça ? S’arrêter à à peine 13 000 unités astronomiques ? Ridicule, devant l’immensité qui lui était offerte !
Malgré tout, elle y resta longtemps, errant entre les trois étoiles et leurs satellites. Elle commençait à perdre espoir. Elle se voyait déjà rentrant bredouille de belles histoires.

Mais elle reçut un conseil providentiel.
Un ami lui conseilla d’aller à mi-chemin entre Zeta Pegasi et Alpha Pegasi, de la constellation de Pegase. Elle y trouverait une sympathique petite planète, colonisée depuis quelques années par terriens – et non-terriens – très sympathiques. Lui-même y passait, à l’occasion, et passait toujours de bons moments.

Enfin, elle avait trouvé son chemin.

Ce petit être était la première impression qu'elle garderait de son séjour sur Ter Aelis, et elle tenait à ce que ce soit un bon souvenir. Elle décida de trouver son air grognon attendrissant, et de, surtout, quelles que soient les circonstances, et toutes les remarques qu'il serait susceptible de lui faire, à lui ou son aTERrissage, désastreux il faut l'admettre.
En même temps, cet individu l'intimidait, comme toute cette planète. Cette peur de l'inconnue, toujours la même... Elle se demandait encore comment elle ne s'y était pas déjà habituée. Cependant, elle prit son courage à deux mains, et se précipita l'aider à se débarrasser de la neige qui restait sur son manteau.

Ow... Je suis tellement désolée ! Je maîtrise encore très mal cet engin, normalement il aTERrit tout seul, mais là, je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé...
Mais vous êtes trempé, attendez une minute, j'ai une couverture juste dans la cabine, elle pourra vous réchauffer... Puis-je faire quelque chose pour vous ? Vous accompagner jusqu'à un endroit où vous pourriez vous réchauffer ou vous changer ?

Le voir sec et habillé chaudement la rassura, mais son humeur massacrante n'avait visiblement pas évolué.

Elle faillit se vexer, mais se souvint de sa promesse : elle était de bonne humeur, et rien de ce que pouvait dire ce gnome ne l'entamerait.

Quand bien même seriez-vous capable de le réparer, je pense rester ici quelque temps... J'ai très envie d'explorer un peu cet endroit, et rassurez-vous, à moins que vous ne soyez la seule personne - ou le seul être vivant - sur cette planète, vous n'aurez pas à supporter ma présence très longtemps, puisqu'elle est si difficile pour vous.

Le gobelin en eut le souffle coupé, et puisque cette enfant la traitait de cette façon, décida de la laisser sur le bord du chemin et de poursuivre sa route.

Elle se retrouvait de nouveau seule. Et c'est vrai qu'il commençait à faire froid...
Elle fit un tour sur elle-même, et vit un bâtiment à l'horizon. Elle prit un sac de son appareil et, pleine de résolution, avança à grands pas dans la neige.

Tout en avançant, elle réfléchit à ce qui venait de se passer. Elle s'en voulait d'avoir fait fuir le petit gobelin. Etait-ce une façon de se comporter ? Il est vrai qu'elle n'avait jamais aimé les premières rencontres, elle enchaînait gaffe sur gaffe, et il lui fallait toujours un certain temps pour se sentir à l'aise.
Mais d'un côté, lui non plus n'avait pas été très tendre...
Elle ne savait plus que penser, et se dit que c'était surtout dû à la désagréable douche froide qu'il avait reçue, et que somme toute il avait des raisons d'être de mauvais poil. Elle se dit que s'ils se rencontraient de nouveau, cela devrait mieux se passer - elle l'espérait, en tout cas.
Dans la mesure où il serait sec.

Anxieuse, elle approchait de la ville, et la foule et le dédale de rues et de bâtimets qu'elle devinait commençait déjà à l'angoisser.

Elle ne chercha pas longtemps d'où venait cette voix aux accents exotiques, et s'adressa au chat - par ailleurs *trooop choupinouu* - qui se tenait près d'elle.
C'était la première fois qu'elle rencontrait un chat depuis son départ, et cela lui faisait vraiment plaisir, d'autant plus que le chat qu'elle avait laissé sur sa planète d'origine commençait à lui manquer. Cependant, elle ne doutait pas que celui qu'elle venait de rencontrer aurait une conversation bien plus intéressante, et cela la ravit d'autant plus.

Chat... Ca va bien, je vous remercie. Je viens tout juste d'arriver, en effet. Cependant, j'ai eu un petit souci d'aTERrissage, et je me demande comment je pourrai régler ça, enfin ce n'est qu'un souci secondaire.

Elle se décala car elle s'aperçut qu'elle lui faisait de l'ombre, et quand le soleil était absend, le fond de l'air se rafraîchissait rapidement.

Comment vous appelez-vous ? Je viens de faire la connaissance de Notfallspür, et il n'était pas de très bonne humeur... J'en suis désolée, si c'était par ma faute. Mais je vois que vous avez l'air de meilleure humeur, et je suis très heureuse de vous rencontrer !

Un jeune homme à l'air endormi portant son polochon sur son épaule apparu, comme venu de nulle part.

- Tiens, salut ... Une nouvelle en ces terres ? Mouais... Carpe Noctu ma soeur. Que notre mère la Lune te bénisse. lança d'une voix douce et claire mais ensommeillée le semi-elfe aux cheveux noirs de jais. Ah et ... Je m'appelle Erlidann...

Jettant un oeil à droite, puis à gauche, le dénommé Erlidann fit un geste de la main vers la nouvelle venue et avisant un arbre, alla s'allonger dans ses branches pour faire un somme.

Il est vrai que les temps sont difficiles... Mais il y a un moment où c'est maintenant ou jamais !
Il faut savoir oser se lancer, et je ne regrette pas de le faire, même si ça pourrait demander un certain investissement, étant donné que je ne suis pas forcément une adepte sans conditions d'internet (j'y passe pas ma vie, quoi ^^').
Mais néanmoins, j'espère que je vais persévérer, et profiter de toutes les opportunités que m'offrent cette nouvelle planète !