Fil de lune

Je pense à la vieille qui a noirci son écuelle de trop de gentillesses,
cette demi portion sans dent et sans raison qui passe pour une ogresse.
Elle ressasse en rétro vision son monde racorni de dérisoires sensations
Sans se douter qu’en riant elle est le fantoche pugnace de ses propres passions.
Je loupe mes marches à grands coups de jardins sans hiver et serpente
en filaments de peur dans le noir profond d’un palais qui me hante.
Je ne veux pas voir grandir au creux de mon épaule le géant de mes nuits
et le cri burlesque qui se moque de tout. Je l'oublie et je m’enfuis
sans songer à plonger dans les boues destructrices au goût de goémon.
En haut des pilotis, pathétiques soutiens pour une pale maison,
je te prends délicatement dans les bras pour bercer tes humeurs
et je ferme les yeux, épuisée, pour laisser sommeiller ton cœur.
Alors, gras et velu, il est à nos pieds prêts à mordre notre chair,
Dans sa gangue d’acier plombé mais déformée par de trop de guerre.
Je peux te défendre mais ne le souhaite pas. Avec toi, je l’attends
Pour te fondre en pathétiques sanglots, bulles d’amour qui sertiront le temps.

hoo j'adore sa fait si spontanée, je ne sait pas comment décrire ce que j'ai ressentie, une certaine brutalité dans des mots emplis de délicatesse, c'est beau, simple, claire, et franchement, géniale.

J'aime beaucoup aussi, même si le sens que j'y appose me chagrine un peu .

Une remarque sur la forme : tu changes un peu trop les pronoms, on ne s'y retrouve plus. Tu commences par un "elle", qui devient ensuite un "je", pareil pour le "il" qui semble se transformer en "tu", etc.

Dans mon esprit, les pronoms ont leur importance je les ai choisis avec application. Ils sont là pour donner un sens tout en perdant un peu le lecteur comme le narrateur lui même se perd. Mais la volonté principale est de donner des degrés différents.
Le passage avec le "elle", ne se situe pas au même niveau de conscience que le "je". De même que le "il" et le "tu".

J'aime vraiment beaucoup ce poème. Tu réussis à transmettre une émotion à la fois de manière triste et forte. Je ressens une certaine nostalgie, une solitude et une lassitude tout au long du texte ... Mais en même temps un amour infini s'en dégage, un peu comme une fatalité, comme quelque chose d'encré.

Pour ma part je trouve le choix des pronoms judicieux, ils me sont bien apparus comme étant choisis volontairement suivant la prise de position du narrateur.