Ligne de vie.

C'est l'histoire d'un homme.
Ni plus ni moins. Un homme qui naîtra, vivra et mourra. Il connaîtra des choses, il apprendra, il verra et écoutera, il s'émerveillera, il détestera ou il aimera peut-être.

Il avancera certainement dans la vie comme il marche dans la rue. D'un pas monotone, mais ferme. Il suivra sa ligne de vie sans se retourner. Il regardera un peu partout. Il ne voudra pas rater un miette du temps qui lui est accordé. Il sera peut-être imparfait, mais il aura sûrement le mérite de ne pas être stupide. Il saura que tout ceci n'est pas éternel, qu'il y aura inévitablement une fin. Il en sera certain et ça le terrifiera. Durant ses jeunes années, il se demandera s'il y a un après, il se dira souvent, avant de sombrer dans un sommeil sans rêve, que la mort n'est pas une fin. Que ça ne peut pas être vrai, ce serait bien trop simple. Puis il oubliera et continuera son chemin.
Il étudiera beaucoup de chose, les sciences, la littérature, les langues, les mathématiques, l'astrophysique peut-être, ou bien la géologie et les équations complexes... Il voudra tout savoir, mais n'y arrivera pas. Il s'intéressera au monde, à la politique et aux penseurs, il accordera trop d'importance au beaux-parleurs. Puis il se consacrera à l'économie, ce sera sa passion. Il deviendra adulte avec le temps.

Il aimera sans doute sa femme et ses enfants, il mènera une entreprise de maçonnerie ou alors il deviendra économiste, ou écrivain. Il lira certainement le journal le matin, en buvant un cappuccino, et en disant que le monde est merdique et qu'il n'est rien d'autre qu'une "victime de la société". Il insultera les mauvais conducteurs lorsqu'il sera coincé dans les bouchons, il écoutera la radio en prenant sa douche, il lira des biographies de politiciens, il regardera des émissions de débat comme des télé-réalités. Il ne cherchera pas à devenir un grand homme, il pensera qu'être un homme tout court, ce n'est déjà pas si mal. Il ne connaîtra pas l'ambition, la passion dévorante de l'amour, le nirvana ni la perfection. Mais il s'en fichera. Après tout, une vie rangée et tranquille est tout ce qu'on pourrait espérer pour un homme comme lui.

Il vieillira et mourra. Car ainsi va la vie. Sur son lit de mort, il cherchera probablement des réponses aux questions qu'il s'est toujours posé. Est-il réellement victime de la société ? Non, parce qu'il réalisera que la société, c'est lui. Personne d'autre. Il aura fait ses propres choix, vécu sa propre existence, il sera temps d'assumer. Ce n'est pas la faute des autres.
Y a-t-il quelque chose après la fin ? Oui. Ou non. Au point ou il en sera, il s'en fichera. A quoi bon vivre ainsi, dans un corps vieux et avec un cerveau fatigué ? Il se dira que c'est mieux comme ça.

Car ce n'est rien d'autre qu'un homme, modeste et aimant, curieux et peureux. Un humain comme tant d'autre.
Peut-être deviendra-t-il ainsi. Ou pas.

Car après tout, pour l'instant, ce n'est qu'un bébé.

Merci beaucoup d'avoir commenté et je suis sincèrement ravie de voir que vous l'avez apprécié !

Erlidann : C'est vrai que la répétition du mot télé (et même l'utilisation de cette abréviation d'ailleurs) fait un peu tâche. Je vais corriger ça, merci !
Quant au fatalisme, je pense que là où je vois du réalisme, toi tu vois du fatalisme. Ca dépend des points de vue et personnalités, peut-être suis-je pessimiste de nature après tout, qui sait ? Ce n'est pas impossible, et je comprend donc ton point de vue !

Mike001 : Oui, j'ai retenu la leçon : sauter des lignes, c'est le bien.

Encore merci à tous d'avoir pris le temps de commenter, je prends tout en note !