Tr0n
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Personnages RP Pseudo: Sucedebout Pseudo : Grocube Pseudo : Tron
| Sujet: Exemple de travaux actuels Mar 22 Mai - 15:50 | |
| Apparemment, plusieurs aimeraient à savoir comment je travaille l'écriture. J'ai donc pris la peine de recopier complètement quelques extraits d'une nouvelle sur laquelle je bosse depuis quelques temps. Je vous livre donc ici pêle-mêle, quatre ou cinq éléments en cours, qui ont déjà subi plusieurs refontes et relectures.
Date : mercredi 11 janvier 2012 Version : 1.0.0
Date : lundi 14 mai 2012 Version : 1.0.1
Ne pas oublier en point de mire : Regard Odeur Bruits Environnement Personnage Froid Douleur Blanc
*** SCÈNE HIVERNALE (EXTRAIT) V0.4 Présence : - Jëroslav Cszeravas
Les neiges hivernales de l’Est.
La morsure du vent sur son visage ; ses lèvres gercées, écaillées par le froid, il marche. Ses pieds s’enfoncent dans la poudreuse jusqu’aux chevilles et rendent difficile le moindre de ses pas. Sa vie, happée par la gelée et la brise matinale, s’échappe au rythme des battements désormais faibles de son cœur. Ce martèlement dans ses oreilles, ce bourdonnement, cette mesure angoissante avant l’apothéose du martyr : la mort.
Sa démarche efflanquée révèle son inconsciente agonie. Dans cette forêt, un linceul d’une blancheur immaculée recouvre la végétation. Son visage diaphane… Son regard hagard, nébuleux, porté vers le vide. Ses pommettes décharnées, affamées par des jours d’errance. Ses guêtres déchirées par les affres du voyage. L’œil perdu, égaré. L’absence de conscience, la disparition de sa raison, progressive. Une douce et lente agonie dans les forêts du Voïvoda. La douleur et la souffrance apportent l’existence, dit-on, mais la neige, froide, elle, annonce avec flegme, la fin, sa fin. Les craquements incessants des branchages sous ses chausses de marche arrachées par les ronces, accompagnés des bruissements de sapins bardés de glace, rompent parfois cet assourdissant silence. La brise sinistre porte les hurlements lointains des loups ; elle vocifère, inquiétante. Les sifflements deviennent oppressants.
Mais…
Ses sens s’effacent toujours peu à peu cédant machinalement place à cet inquiétant rien. Aucune odeur, plus un bruit. Seule la meurtrissure de la glace sur son corps, bientôt, oui, bientôt, il ne sera plus qu’un cadavre
Malingre, il se prénomme Jëroslav.
La mort est proche au Nord.
*** PROSE FIN SCENE 2 V0.2
Le silence de ses yeux jaillit comme un torrent et tranche. Tel l’acier, il débite en minuscules rondelles chaque parcelle de mon courage. Ma bravoure s’évade malgré mes deux mains. Une goutte de sueur, un frissonnement… Un frémissement qui se meut en tremblotements. Non je ne le crains pas, non il ne me fait pas peur : il me terrifie…
*** SCÈNE DANS LE CHÂTEAU DU BARON ALMSLAV V0.3 Présence : - La danseuse Csilla Cszeravas (L’empoisonneuse) - Kristóf Llemàs (Le moine) - Baron Paszkal Von Mlevof
Elle danse. Lascive. Ses hanches galbes. Elle danse. Elle danse en cadence, en rythme sur des notes enivrantes. Elle danse. Son corps voluptueux, ses formes sensuelles, aux gestes serpentins, révèlent une exquise beauté. Hypnotisante égérie. Ses bras minces ondulent dans les airs avec mesure, dans une harmonie subtile, presque angélique. Ensorcelante, comme les sylphides gauloises. Délicate. Ses mouvements graciles sont un délice pour la pupille. Elle fascine, elle subjugue, et d’un regard louvoyant, fuyant, elle saisit de sa paume le votre, et dérobe votre cœur. Elle ne s’imprègne pas de la musique : elle est la musique. Ses sons enjôleurs, cajoleurs provenant de derrière une tenture, sont une tendre et douce mélodie ; elle navigue sur des arpèges, vogue sur une clé d’ut. Elle offre ainsi un ballet qui caresse les silences de la mélodie, qui frôle les dièses et les bémols. Elle éblouit d’un battement de cils, presque impudique. De cette chorégraphie ponctuée de postures envoûtantes, un visage, son visage stimule les fantasmes. Des mimiques séductrices, une attitude aguicheuse, une tonalité affriolante comme les voiles transparents qui révèle sa nudité. D’une œillade provocatrice, d’un mouvement de doigt sur ses lèvres qui intime à se taire, d’une main dans sa chevelure, elle incite aux chimères. Sa nuque divine exhorte à l’amour. Elle m’appelle ; cette poitrine qui berce mes prunelles. Pantoise face à l’enchantement, ma langue pendrait presque d’un désir charnel inassouvi.
Une lumière pourpre et vermeille s’allume, vacillante et fugace.
Une dissonance apparaît, presque imperceptible. La finesse se métamorphose. C’est d’abord subtil. La grâce s’efface, les rythmes se ralentissent. Puis, les tonalités se meuvent en tumulte. Les ondulations de son corps, de cette beauté, deviennent rudes, durs et archaïques. La souplesse devient raideur comme happer brusquement par la peur. Les arabesques musicales se transforment en carrés. Les entrelacs se changent en rectangle rectilignes ; les sons : primitifs. De l’élégance naît le grossier. Un bruit brut, discordant qui harcèle l’oreille. La douceur devient obsession. La mélodie suave et limpide n’est plus que contraste et cacophonie. Tout est désassemblé, irrégulier.
Les ombres chancellent et la lumière révèle les tourmentés.
Dans un coin de la pièce, deux corps dans une position libidineuse, presque lubrique. La chorégraphie de la danseuse n’est plus qu’une impulsion erratique de gestes biscornus : une asymétrie presque monstrueuse, un changement brutal. La fureur ? Non… La démence la guette. Dans un coin de la pièce, deux corps dans ? Non… Deux cadavres désarticulés comme des poupées de cire, disloqués dans une disposition suggestive et immonde. L’illumination dévoile la scène infâme. Des ossements disposés sur le sol, des fémurs brisés, des crânes fendus, des thorax éventrés. Abject théâtre issu d’un esprit malade, dégénérescent. De sombres tâches écarlates coulent entre les pierres mal agencées du sol. Coagulé, écailleux, le rouge domine même les voiles qui, disparates, ornent les murs. Ces diptyques de velours, tant diaboliques qu’effrayants, représentent l’opposition de l’orgueilleux face au Père. Cette splendeur aux couleurs chaudes achève ainsi de rendre le lieu sordide et glauque. Une décadence digne des plus beaux jours de Sodome et Gomorrhe.
Un relent nauséeux s’empare de moi.
Dans un recoin, vautré sur une curule d’ivoire, deux yeux ternes observent avec délectation.
*** PROLOGUE (EXTRAIT V0.2 Présence : - La danseuse Csilla Cszeravas (L’empoisonneuse) - Le vieux Cszeravas - Kristóf Llemàs (Le moine)
L’eau vive coule sur la roche. Elle saute de pierres en pierres éclaboussant les cyprès qui bordent le ruisseau. Nous sommes en le début de l’hiver 1170 à quelques lieux de la Vltava. La neige recouvre la plaine du pays Magyar, et le froid s’est abattu aussi brusquement que Turul . Le soleil n’est déjà plus qu’un lointain souvenir et des hautes montagnes de la région de Voïvodine soufflent ce vent du Nord qui gèle toutes les récoltes de la vallée. Un climat rude, une vie difficile.
Il marche, d’un pas lent et assuré. Vêtu d’une longue pèlerine de laine, de hauts de chausses noires et d’un tabard en lin, il marche. Une épée de piètre qualité à sa ceinture, un vieux bouclier de bois à l’héraldique perdue d’une famille disparue. Un mont de haillons recouvre le tout pour éviter les engelures des vents de la contrée. Traînant par la bride un cheval de trait, il suit l’allée de cyprès en direction d’une maison en pierre, au toit de chaume d’où s’échappe de la fumée. Trois longs jours qu’il cherche la demeure de son ami.
Trois longues journées que je cherche le foyer des Cszeravas dans ce froid glacial en remontant la rivière. Et face à moi se dresse cette statue : mi faucon, mi aigle, ce fameux Turul des Magyars, l’oiseau messager des Dieux de l’Arbre du monde Vilàgfa ; une légende païenne de plus ; d’autres fétichistes prosélytes qui finiront par se soumettre à l’Eglise. Vivement que l’évêque de Magdebourg s’occupe de cette région et ces campagnes environnantes ; les idolâtres sont une insulte au divin Père. Ce froid…
Il remonte cette allée de pavée mal engoncés et surtout glissant. Il marche. Il boitille.
La terre alentours est meurtrie par le gel. L’herbe n’est plus, et seules quelques brindilles parsèment le sol. Pas la moindre trace de verdure, pas une feuille, même mourante sur la neige. A perte de vue la forêt, de hêtres et de chênes, se dresse et dans l’horizon toujours ces éminences pointues des Carpates. Glacial. Pas seulement l’air mais la nature elle-même. Terne.
Lâchant la bride de son cheval, il approche de la porte. Deux fenêtres sont bloquées par des pans usés de bois et de l’argile pour garder la chaleur. La pierre s’effrite, rongée par l’érosion. L’ardoise du toit se désagrège, et quelques trous apparaissent ci et là, bouchés par la paille et la glaise.
« Par Magor et Ildikó ! »
Un bonhomme, la bedaine pendante et le sourire béat, l’allure débonnaire, vient de m’ouvrir. Dentition repoussante, mélange de noir et de jaune, l’haleine fétide. C’est bien lui. Poilu comme un homme des bois, le regard malicieux : Ervin Cszeravas, le grand père. Un fumet délicieux agresse brusquement mes narines. Trois longues journées que je cherche ce foyer. Mon estomac se tord, j’ai faim. Du mouton. Du mouton ? Je n’ai pas vu le moindre animal depuis mon départ de Prague. D’où sort-il ?
« Ervin mon ami ! Comment vas-tu ? Que fais-tu si loin de Rome ? »
Une accolade fraternelle. Je suis heureux de retrouver le scribe que j’ai connu. Il n’a pas changé, toujours enjoué par la vie malgré les stigmates du temps. Sa mine se renfrogne au nom de la grande cité. Je sais.
« Relativement bien malgré le temps maussade. »
Froncement de sourcils puis haussement. Les fragrances de la nourriture au fond de la marmite font frétiller mes papilles. Un coup de vent, l’odeur disparaît. Ma jambe encore ankylosée me fait atrocement mal.
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Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
Personnages RP Pseudo: Sucedebout Pseudo : Grocube Pseudo : Tron
| Sujet: Re: Exemple de travaux actuels Mar 22 Mai - 17:05 | |
| Vous pourrez constater par vous même de plusieurs anomalies : fautes d'orthographe à corriger mais surtout le passage de la danse qui est loin encore du résultat final que je souhaite obtenir. Il me faut beaucoup plus de transition, étendre avec douceur le champ lexical du son et de la danse, pour lisser les paragraphes. La coupure vers la discordance doit se faire beaucoup plus progressivement. Au sujet de la première description, autre exemple, le premier paragraphe a une conclusion trop "en dehors de la réalité de l'écriture". Le martyr de la mort c'est chouette, mais dans un espace descriptif c'est hors de propos. Bref, certaines phrases sont encore à déconstruire, à retravailler et à remettre en place, voir même - étendre.
Chacun peut se faire son avis. Le Vx.y indique : x est une incorporation globale à l'ensemble de la nouvelle (à 0 celà veut dire que les paragraphes sont décorellés), y indique le nombre de relectures et de transformations successives. Dès que j'ai effectué les nouvelles versions, je montre, à vous d'en voir les différences (je n'ai guère le temps de montrer tout ce que je peux transformer, ça va du simple pronom, à la tournure de la phrase, à une unité sonore ou à un correctif d'inexactitude).
Cordialement,
Bisous ! | |
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Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
Personnages RP Pseudo: Sucedebout Pseudo : Grocube Pseudo : Tron
| Sujet: Re: Exemple de travaux actuels Lun 2 Juil - 21:03 | |
| J'en profite je cherche un co-autrice pour travailler sur cette nouvelle précise. | |
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Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
Personnages RP Pseudo: Sucedebout Pseudo : Grocube Pseudo : Tron
| Sujet: Re: Exemple de travaux actuels Dim 8 Juil - 5:08 | |
| Personne ? Je fais peur :-(
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Grendelor Rôliste
Nombre de messages : 3940 Age : 44 Localisation : Dans son coeur Date d'inscription : 25/12/2007
Personnages RP Pseudo: Grendelor Pseudo : Lùthien Pseudo : Pr. Lim
| Sujet: Re: Exemple de travaux actuels Lun 9 Juil - 21:13 | |
| Je ne sais pour les autres mais, effectivement, tu me fais peur (d'un point de vue d'écriture, hein, je n'ai pas peur de te rencontrer un jour). Le défi est intéressant mais je n'ai ni le temps ni le niveau pour suivre ta création. Cela deviendrait très certainement très vite une corvée. Je décline l'offre.
A voir si d'autres sont plus courageuses que moi ^^ | |
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Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
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| Sujet: Re: Exemple de travaux actuels Lun 9 Juil - 21:24 | |
| Ce n'est pas une question de niveau (sinon je ne proposerais qu'en privé aux gens que je juge digne - moi le vil gredin supérieur xD), c'est juste une question de travail et de partage. Je suis loin d'avoir un excellent niveau, et j'ai justement aussi besoin de sortir de certains carcans et de m'imposer d'autres façons de voir les choses. C'est toujours bon pour l'évolution, de temps en temps. | |
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