Juste pour revenir sur le complexe d'Oedipe. Les psychologues interculturels ont cherché à savoir si c'était universel. (c'est le dada de la psychologie interculturelle l'universalité et les différences culturelles dans les comportements psychologiques).
La recherche a été menée à l'aide d'anthropologues dans une trentaine de tribus à travers le monde (Amérindiens, Tribus africaines, du sud-ouest de l'Asie, Aborigènes australiens, tribus des îles du pacifiques, inuit, tribus sud-américaines ainsi qu'un groupe de Tzigane et un groupe de Manouche). Bref, ils ont ratissé large.
La méthodologie se basait sur les rêves, les cauchemars et les dires de jeunes enfants (moins de 6 ans).
Ils sont parvenus à des résultats qu'ils n'attendaient pas... A savoir que dans toutes les populations, ils ont des notions d'oedipe, dans le sens où la majorité des enfants ont, à un moment ou à un autre, évoqué la possibilité de tuer une figure et d'épouser une autre. MAIS (et c'est là que ça devient marrant) :
ce
n'est pas toujours le parent de sexe opposé qui est "victime fantasmique"... C'est en fait une
figure d'autorité...
3 exemples sympathiques :
- chez les Masaïs, le noyau dans lequel le jeune sera élevé est la famille étendu, comprenant les grands-parents, les parents, les oncles/tantes. La "victime fantasmique" est... l'oncle maternel. Traditionnellement, les enfants sont choyés et protégés par leurs deux parents et l'autorité vient toujours des oncles maternels.
- chez les Tziganes, il s'agit du patriarche du groupe, qui est l'autorité ultime du noyau d'éducation. (les enfants étaient élevés par les groupes au complet)
- Dans une peuplade d'Asie du Sud-Ouest (chais plus le nom), c'est... la mère qui est la "victime fantasmique", y compris chez les garçons. La raison ? C'est une tribu matriarcale où les femmes détiennent l'autorité.
Des études récentes faits dans des populations souffrant d'un manque de contrôle sur leurs enfants dans les cités parisiennes... ont montré que la "victime fantasmique" est au choix : l'enseignant ou un policier s'il y en a un de particulièrement marquant.
Dans les familles mono-parentales, c'est l'unique parent qui est la "victime fantasmique".
D'autres recherches, au niveau neuro-psychologie ce coup-ci, ont fait un rapprochement avec la multiplication des connexions synaptiques dans le lobe frontal et le complexe d'oedipe. C'est en effet, vers l'âge de l'oedipe, que les enfants développent leurs normes sociales (contenus dans le lobe frontal, voire Phineas Gage par exemple ainsi que de nombreux cas de traumatismes du lobe frontal).
Les théories actuelles penchent plutôt vers :
- le complexe d'oedipe/electre existe. Mais il agit sur le représentant de l'autorité (ce qui explique que dans le complexe d'Electre, la fille assassine bien le père).
- Le complexe d'Oedipe ne sert pas à construire la sexualité (qui s'établit plus tard)
- Le complexe d'Oedipe à défaut de représentant proche de l'autorité trouve une autre cible.
- Le complexe d'Oedipe sert à la construction du sur-moi et des normes sociales ainsi que du rapport à l'autorité.
Notons au passage, qu'un complexe d'Oedipe mal-résolu formerait surtout des gens rétifs à l'autorité ^^ (et non pas des tanguy amoureux de leur maman qui serait un autre problème, plus proche de la sur-protection des mères)
A partir de là, les pédo-psychiatre qui sortent Oedipe de son tiroir dans le débat contre l'homosexualité... bah lol quoi^^ Faudrait qu'ils pensent à évoluer, ils se basent sur des théories qui ont plus d'un siècle...
Un peu comme si on restait sur les théories de Muscovici (1950) pour la gestion de groupe... ah oui c'est vrai, les psychologues ne jurent que par ça en France
Non, c'est un peu comme si, on restait sur les théories de Platon pour les atomes ou qu'on codait en assembleur quoi