[conf. Sang]Un dragon au jardin, un phénix dans le ciel.

Dans le jardin du palais princier du Sang, un être nouveau se tenait là, couché au milieu des fleurs. Cet être naquit non loin de là, il n'y avait même pas une journée entière. Cette créature était immense et devait l'être encore plus toute son envergure déployée dans le ciel lorsqu'elle volait entre les nuages. C'était une créature sombre peinte de noir sur tout son corps, ce qui contrastait joliment avec les fleurs de couleurs vives qui parsemaient le sol : jonquilles, roses de toutes les couleurs, alizées, belles-de-nuit, campanules d'Algalvalz, des ancolies, des ambrietas, des fleurs du patio, des capucines, des campanules géantes, des clématites du Prince, des cosmos étoilées, des haies du jardin, des Gloires d'Or-les-ans, des jacinthes, des iris, des chèvrefeuilles, des géraniums, des hémérocalles de la Damétoiles, des crocus, des genêts, des corbeilles d'or, des lupins roses, blanc, mauves, bleus, oranges. Toutes les couleurs semblaient ici réunies. Et sans compter des fleurs que les arbres fruitiers accompagnaient : noyers, pommiers, poiriers, citronniers, pruniers, cerisiers, marronniers. Des arbres de différentes tailles : des grands, des moyens, des plus petits.
Cet espace était magnifique, profus. Une douce odeur le parfumait, mélangeant les fruits, les fleurs et les feuilles.
La créature, paisible, avait reposé sa tête sur ses deux pattes avant. Son souffle colossal émettait un petit bruit perceptible. Le dragon d'ébène s'était posé alors qu'il avait effectué son premier vol. Les muscles de ses ailes, son poitrail, ses jambes avaient été tendus jusqu'à leur maximum et cet exercice avait épuisé la bête. Elle s'était posée là, attirée par un champ de couleurs mêlées de part le ciel, ainsi qu'il les voyait.

Le dragon sentit un de ses semblables, un volatile percer le ciel. Il volait rapidement, tel un éclair silencieux. Sa vitesse gommait ses traits précis et seule la silhouette était discernable. Un volatile fait de couleur lui aussi, comme le jardin du Sang.
L'oiseau de couleurs disparut puis, quelques instants plus tard il apparut de nouveau dans le ciel. Il s'était rapproché et se posa - de façon supposée - dans la forêt à la lisière du grand Jardin.
Quelques minutes plus tard, un enfant ressorti du côté où s'était glissé l'oiseau. Il avait les pieds nus, portait une simple tunique beige et dirigea vers le grand dragon.
Arrivé jusqu'à lui, il le salua de la tête et s'exprima :

- Je sais que tu as souffert et que tu as été fort. L'oiseau le sait aussi, Lumeï.

Le dragon souffla un peu plus fort de ses naseaux comme s'ils cherchaient à comprendre qui lui parlait.

- Moi ? Je suis Miel. Je connais bien le Phénix. Je suis son ami en quelques sortes mais ce n'est pas très important.

L'enfant de sept ans s'approcha plus du dragon, curieux qu'il n'aie aucune crainte. Aucune peur n'émanait de lui. Il était aussi tranquille que les eaux d'un étang.
Peut-être était-ce les enfants au final qui ont le moins peur du monde ?
En tous les cas, il s'approcha avec assurance et posa sa petite main sur la croupe du dragon.

- Pour voler, tu devras t'exercer chaque jour plusieurs fois en de petits temps. Inutile d'aller trop vite en besogne. Tu serais fatigué pour rien et progresserais moins vite.

L'enfant était jeune mais semblait avoir en sa possession des savoirs immémoriaux.

- Je vais t'aider et plus tard, quand tu sauras voler sans trop te fatiguer, il faudra que je te confie quelque chose d'important pour le Phénix.

Soudain, une forme apparut d'entre les pattes du Dragon. Miel ne l'avait pas vu car il était bien emmitouflé mais Lis pointa le bout de son nez en baillant, le dragon releva la tête pour le laisser s'étirer et sortir d'entre ses pattes.

- Tu es un peu pédant, tu ne crois pas ? lui rit-il au nez. Quel âge as-tu donc ?

- Mon corps ou mon âme ? sourit-il.

L'odeur et les milliers de couleurs donnaient un mal de tête terrible à Lis, l'envie de vomir le prenait même un instant. Il fixait longuement Fëantury, se demandant pourquoi il l'avait amené ici. Fixant l'enfant qu'il venait d'apercevoir, il lui dit d'un air presque moqueur :

"Tu es un peu pédant, tu ne crois pas ? Quel âge as-tu donc ?"

L'enfant lui répondait, mais il ne l'écoutait pas. Le Sang bouillonnait en lui, comme un signal de détresse, une sorte de mise en garde. Il devait se méfier de cet Être qui prenait la forme d'un jeune enfant, sa puissance était titanesque, il le savait. Les plis de sont visages se durcirent, ce que l'enfant n'avait pas manqué de remarquer.

- Qui a-t-il Homme ? Est-ce ma présence qui te met mal à l'aise ?

Lis ne voulait pas répondre, cette créature n'était pas commune. Ce déguisement était peut-être une ruse pour le tromper, il ne savait. Et puis, soudainement, les paroles de l'enfant lui revinrent à l'esprit tel un coup de fouet "Je connais bien le Phénix". Qui était-ce Phénix dont il semblait si fier de connaître ? Était-ce un dieu, ou ce qui s'en rapprochait le plus ? À chacune de ses questions, le Sang lui envoyait des impulsions qu'il interprétait tel un langage secret que lui seul pouvait comprendre. Il arrivait à en décrypter quelque parties, mais certaines restaient trop floues, parfois même incompréhensibles. Il savait pourtant ce qu'il devait faire, mais il n'osait. Il ne pouvait. Les coups qu'il recevaient devenaient de plus en plus fort, de plus en plus répétés.

Alors instinctivement, sous une impulsion plus forte que les autres du Sang, l'Homme se mit à genoux devant l'enfant et cueillit une capucine. Les traits de sont visage c'étaient durcies encore un peu. D'un geste solennel, il lui tendit la fleur et dit :

- Toi, Être déguisé, accepte cette modeste offrande en signe de respect. Si tu es si puissant que tu l'es, pourquoi te cacher ? Laisse-moi voir ton vrai visage, ou connaît la force de ma colère. Ce jardin de pureté ne doit pas être souillé par la tromperie et le mensonge.

L'enfant-phénix observa longuement la fleur, puis l'homme dont les traits prenaient étrange allure, causée par la douleur qui semblait provenir de ses chairs mais tout autant de son âme. Il tendit la main pour attraper la fleur tendue en bas, vers sa tête. Fleur qu'il s'empressa de rapprocher de son visage, sous son nez pour en sentir l'effluve. Elle était douce et très parfumée.
L'enfant regarda l'homme.

- Mon corps a 8 ans, répondit-il franchement. Te dire celui de mon âme est plus compliqué...

Il ne répondit d'ailleurs pas. Miel n'était pas tellement sûr de son âge. Son âme avait l'âge de Mielle et celle que Kalegos avait mêlée avec. Au final, Phénix était un entremêlement de Mielle, Kalegos. Le Phénix était en quelque sorte la forme de leur union et sous forme humaine, cela donnait Miel, le petit enfant de 8 ans.
Comment pouvait-il expliquer cela à un humain ? Il n'était probablement pas encore temps. LIS devait déjà apprendre à connaître Miel avant que le Phénix ne se présente à lui. Mais cela, il ne le savait pas. Le Phénix procèderait probablement de façon identique que lorsque la Damétoile voulut le rencontrer.

Miel coinça la fleur derrière son oreille pour décorer son visage. Les couleurs dans les tons rosées des pétales faisaient ressortir ses yeux ambre, rouge, vert, bleu, orange.
LIS savait à ses yeux, que cet enfant connaissait le Phénix.

- Tu le rencontreras en temps voulu, ne t'inquiète pas, lui dit l'enfant-phénix. Il marqua une pause. Il faut d'abord me rencontrer et m'apprendre. Ensuite, seulement, tu le pourras.

Au regard étonné et déçu de l'homme, Miel s'empressa de pronconcer :

- Tu sais, le phénix est prudent à cause des Humains mais il le fait avec tout le monde. Il se confronte à eux, quand c'est nécessaire. Moi, je suis là pour savoir quand, pourquoi, pour qui.

Ces explications semblèrent en tout cas apaiser sa frustration. Les raisons étaient compréhensible. L'univers des Humains profanaient la paix, l'amour, l'amitié, toutes ces valeurs d'humanité qui faisaient les Hommes êtres Hommes. Valeurs crées par eux mais totalement détruites par leurs pieds écrasant avec soin et parfois avec perversion.
Cet univers-là était bien étrange et confus.

Les paroles de l'enfant avaient répondu à quelques questions qu'il se posait, et il se sentait bizarrement apaisé. L'atmosphère du lieu dégageait quelque chose de bon, et bien qu'il soit doté d'une vision que nul n'avait, Lis n'arrivait pas à voir ce qui lui faisait tant de bien. Pour la première fois de sa jeune vie, il ressentait autre chose que la peur, la haine et la douleur. Ce vent qui lui caressait le visage était doux et tiède, lui rapportant mille odeurs différentes formant un parfum de rêve. En regardent à l'horizon, il ne voyait que de tendres visions que sont regard dévorait avec passion, encore et encore.

- Je reste perplexe face à tant de beautés. Je me sens faible ici, et j'ai presque envie de voir brûler ce lieu. Il me fait du bien, et mon esprit le prend pour une menace. Cette force qui coule dans mes veines me rend agressif, et j'ai parfois peur. Je ne sais pas pourquoi je t'en parle Miel, ce lieu est vraiment étrange. Je crois qu'il faut que je parte...

Avant que l'enfant ait eus le temps de lui répondre, l'Homme de Sang commença à marcher en direction de son dragon.

- Je ne veux pas rester une minute de plus en ce lieu, pourquoi perdrais-je mon temps à écouter les sottises d'un enfant d'à peine 8 ans ? Cet endroit m'exaspère et toi aussi d'ailleurs. Tu me parles sans arrêt du Phénix, et je n'en vois pas une seule plume. D'ailleurs, qu'ai-je à gagner de lui parler ? Je suis le Sang lui-même, et tu devrais me parler plus de crainte et de respect ! Mais j'y pense... Pourquoi devrais-je partir ? C'est à toi que revient la peine de quitter ce lieu avant moi ! QUI ES-TU POUR ME PARLER SUR CE TON ?! BRÛLER...TOUT DOIT BRÛLER... AHHHH !!

Impuissante, Miel ne comprenait pas le mal qui rongeait la chair de l'Homme. Comme fou, il hurlait maintenant dans une langue qui lui était inconnue. Certains mots lui faisaient ressentir une douleur au niveau du cœur, mais elle faisait comme si elle n'était que de passage en elle. Certaines fleurs se fanaient, l'eau devenait rouge sang. Les doux parfums n'étaient plus, comme si autre chose les aspirés dans un endroit ou le bonheur et le plaisir n'avait pas lieu d'être. Et puis soudain, du Sang jailli de Lis et vain percuter l'enfant sans lui causer la moindre douleur. Tout était redevenu comme avant, et l'Homme de Sang la regardait avec un regard de feu.

- J'ai vu en ton âme, et je sais.

L'homme se mit en colère contre lui-même et il la retourna contre le petit enfant. Celui-ci fût déçu et sa mine se grisa. Il baissa la tête, touchant du menton son frêle torse et regarda le sol tapi d'herbe bien verte.
Il murmura :

- Tu montres toi-même que tu n'es pas prêt pour rencontrer le phénix.

Miel releva la tête et regarda droit dans les yeux celui qui lui faisait face, et malgré le Dragon qui surveillait les moindre faits et gestes de l'enfant, celui-là même n'avait nullement peur :

- Comment oses-tu t'énerver contre des personnes qui ne t'ont rien fait ? le questionna-t-il. Être en colère contre les choses que tu n'arrives pas à comprendre est compréhensible mais tu n'agis pas de la façon la plus idéale pour toi comme celui en face de toi ! Déjà, commence par essayer de comprendre en posant des questions, en observant au lieu de t'enfuir en courant avec des mots perçants d'ire et de feu.

Les sourcils de l'enfant et de l'adulte étaient froncés.

- Mais... tenta-t-il.

- Merci ! Tu viendras me parler lorsque tu seras calmé.

Miel avait lancé le mot, à la volée. Puis, sans annoncer outre mesure sa prise de congé, l'enfant se dirigea à petits pas vers la fontaine un peu plus loin et s'assit sur son rebord, les pieds ballants à un rythme régulier.

En regardant l'enfant s'éloigner, Lis était quelque peu surpris par ce qu'il venait de se passer.

"Se faire clouer le bec, par un enfant qui plus est... Quel idiot je suis !"

Le dragon le fixait d'un air malicieux, presque moqueur, mais avant qu'il ait le temps de lui dire quoi que ce soit, il alla ce coucher un peu plus loin dans l'herbe, écrasant des milliers de fleurs.

- Hé ! Toi là-bas !

L'enfant le regarda du coin de l'œil et, tout en relevant la tête comme un enfant boudant, lui tourna le dos sans même prendre la peine de répondre. Cette situation avait le don d'agacer l'homme de Sang qui se dirigeait vers l'enfant à grand pas. Au loin, le dragon de Lis observait la scène, et se moquait d'une telle situation. Ses pensées, liées à l'homme, eurent pour effet d'exciter un peu plus la colère de Lis.

"On croirait un père en conflit avec sa fille"
"Ferme là idiot !"

Dans le ciel, les nuages semblaient être au ralenti, comme si le vent n'était qu'une simple caresse pas assez brutale pour faire bouger les doux coussins blancs. L'environnement semblait venir d'un autre monde, comme si les ondes négatives avaient quitté ce lieu. L'eau de la fontaine brillait avec le reflet du soleil, et Lis avait très soif après ce long voyage. Ses traits s'étaient adoucis.

- Bonjour jeune enfant, puis-je te parler ?

Sans aucune réponse, l'enfant se tournait soigneusement pour éviter d'avoir à le regarder. L'homme s'assit à côté de Miel avec prestance.

- Je puis comprendre que tu ais peur d'un inconnu, je serais assurément tout aussi méfiant. Je suis un voyageur et j'aimerais beaucoup pouvoir me ressourcer et si tu pouvais seulement m'offrir un peu de ton eau, je serais ravi et pourrais poursuivre ma route sans causer le moindre problème. Tu peux bien évidemment refuser, mais pour ça, il faudrait déjà que tu arrives à dénouer cette langue dans ta petite bouche. Quelle est ta réponse ?

Les sourcils de l'enfant étaient toujours froncés. Même s'il ne parlait pas, l'homme crut entendre, à se méprendre, une sorte de marmonnement discret et lointain.

L'enfant planta son regard dans ses yeux puis se mit à rire. L'homme qui n'était pas tout à fait humain ne se sentait pas tranquille : devait-il rire ou s'abstenir ?
Miel se releva en sautillant sur ses deux pieds nus et frêles pour se baisser et fouiller dans la besace qui était prostrée à la base de la fontaine, au milieu de l'herbe bien verte. Il en ressortit une gourde en cuire abîmé, blanchi par endroits. Puis, il la lui tendit avec un sourire amical.

- C'est ma gourde personnelle !

Miel était fier de la lui présenter. Ses yeux brillaient de joie. Il avait légèrement gonflés sa poitrine.

- Je l'ai remplie avec l'eau de la fontaine, lui expliqua-t-il. Parce qu'elle est fraîche. Elle vient d'un point d'eau qui prend sa source non loin d'ici. Cette eau est pure. Nul homme ne l'a encore salie.

En effet, Lis agrippa la gourde tendue et dévissa minutieusement le bouchon d'acier avant d'avaler l'eau qui lui glaça l’œsophage. Il la sentit même couler à l'intérieur de son corps. Étrange et apaisante sensation qui sembla glacer également toute la colère qui le poignait avant qu'il ne découvre ce lieu merveilleux. Pendant qu'il buvait, sa respiration se fit moins rapide, plus régulière, plus tranquille.

- Tu peux te balader dans le jardin, je pense que tu as le droit.

Songeur, Miel avait levé les yeux au ciel, dans une position de réflexion. Il n'en était pas tout à fait sûr.

- De toute façon, lui affirma-t-il. Je me porte ton garant, sois-en certain.

Lis explosa de rire.
Le petit enfant, garant de lui ! Il avait un toupet extraordinaire mais celui-là était bien amusant.

- D'accord, lui répondit-il donc.

Les yeux de Lis lui sourirent.
Miel pointa du doigt le dragon qui avait déposé ici le grand homme. Car tout homme était grand aux yeux de l'enfant qui avait une petite taille. Ce qui semblait assez évident à comprendre.

- Lui.

Pause.

- Lui, il peut boire directement dans la fontaine s'il a soif.

Ses yeux se plissèrent et il marmonna plus pour lui-même et assez bas :

- Grand Dragon ne m'a toujours pas dit son nom...

Miel semblait fasciné et songeur.

Lis, toujours aussi surpris, mais vidé de toutes haine regardait en clignant avec insistance des yeux, l'enfant qui parlait à sont dragon. Comme un intime. Le géant d'écailles ne semblait, quand à lui, absolument pas pris au dépourvu. Avec un immense respect, le dragon s'était incliné, et tout en gardant tête baissé il dit :

- Que votre Grâce m'autorise à vous parler et j'entamerais, non sans un grand honneur, une discution des plus enrichissante.
- Allons, tu n'as pas besoin de mon accord pour parler. Tu es drôle !

Le dragon avait relevé la tête, et après une grande inspiration il reprit :

- Merci votre Grandeur. Je me nomme Fëanturi, protecteur, jusque dans les enfers, de Lis, l'Homme de Sang.
- Enchanté petit dragon, c'est un plaisir que de faire ta connaissance. Veux-tu boire dans la fontaine ? Elle est fraîche, et le voyage a dû te fatiguer.
- Non merci. Que fais votre délicieuse personne en ce lieu ? Vous êtes vous perdu ? Je puis vous aider à retrouver votre chemin si ma compagnie n'est pas trop dérangeante.
- Tu es tellement drôle ! Je ne suis pas perdu, mon coeur me disait qu'il allait ce passer quelque chose ici, je suis donc venue et...
- Hé ! Je pourrais avoir un peu d'attention s'il vous plaît ? Je n'ai pas envie de perdre mon temps ici. Notre rencontre n'est pas dû au hasard, je le sent. Dois-tu me donner quelque chose, ou me dire quelque chose ? J'ai besoin d'avancer.

L'enfant avait toujours son air amusé de malice au coin des mots et chatouillant l'âme du dragon puis de LIS.

- Oh ! Sûrement... Vous savez, on a toujours quelque chose à se donner ou se dire même si parfois les humains se rencontrent, se mêlent et se démêlent en l'oubliant.

Le dragon soupira.
LIS haussa les épaules.

- Tiens, puisque vous êtes par-là... puis-je vous demander un service ?

Le dragon renifla ce qui semblait être une forme acquiescement.
LIS leva les bras au ciel.

Toujours quelque chose à se donner ou se dire même si parfois les humains se rencontrent, se mêlent et se démêlent en l'oubliant. N'oubliez pas !

- Que Diable, avec plaisir ! s'exclama-t-il.

- Hey !

Le dragon lui donna un coup d'aile léger.

- Euh... que Sanz, toutes mes excuses, se rattrapa-t-il.

L'enfant s'assit sur le rebord de la fontaine et plongea ses jeunes mains en puits pour récupérer de l'eau et boire dans le creux de celles-ci. L'eau était fraîche à tendance glacée. Ce qui faisait grandement du bien en cette agréable chaleur.
Quelques gouttes perlèrent et glissèrent le long de son menton puis s'écrasèrent contre le sol.
Il invita les deux êtres à s'asseoir.

- J'ai besoin d'ingrédients pour une recherche particulière.

L'enfant toussota.

- Je voudrais créer une espèce de fleurs magiques mais il me manque certaines choses.

Le soleil commençait à décliner, ses rayons devenaient, à chaque minute qui passait, de moins en moins puissants. Le vent était, quant à lui, de plus en plus chaud, tel une couverture de laine douce et protectrice. Sa caresse était étonnement relaxante. Les plantes semblaient commencer à s'allumer comme des torches, mais Lis n'y prêta guère d'attention. Dans un avenir proche la nuit sera.

- S'est étonnant à quel point tu es étonnement étonnant petit. Ça ne m'étonnerait pas que tu me concoctes encore une de tes étonnanteries, mais l'entièreté de mes pensées sont tournées vers toi ! Ce qui, je ne te l'apprend pas, m'agace mais aussi me plaît, et, je risque de d'étonner, ta présence m'enchante malgré tout...

L'Homme prit une grande inspiration et repris.

- Je ne suis évidemment pas spécialiste dans la création de plantes magiques, mais je ferais tout mon possible pour aider ta petite personne. Et je pense même que...

- Trêve de bavardages Homme de Sang ! Que pouvons-nous faire pour vous aider, votre Grâce ?

L'enfant était tout joyeux. L'homme le plus triste du monde venait d'accepter de l'aider, le premier pas vers l'aventure et la surprise et donc l'engouement et la joie pour enlever cette part morne de sa personnalité. Fabuleux !

Miel était satisfait.

- [...] Que pouvons-nous faire pour vous aider, votre Grâce ?

L'enfant toussota :

- Déjà, par ne pas m'appeler Grâce car je n'en suis pas une. Juste Miel car c'est mon petit prénom et qu'il me convient très bien Grand Dragon ! le supplia-t-il.

En effet, dès qu'on l'appelait par de grands noms, Miel était tout de suite très mal à l'aise et se tortillait dans tous les sens. En somme, il n'aimait pas vraiment qu'on le rapproche à un titre quelconque.
Le Dragon ressentit toutes les émotions qui accompagnaient sa demande et il haussa de sa grosse et grande tête, tout en accord.
Ceci passé, Miel reporta son attention sur la question plus vaste et plus précise des herbes nécessaires pour créer la plante.

- Alors, pour mon espèce de fleurs, j'ai fait une liste et je voudrais vous la donner. Il faudrait que vous me suiviez tous les deux jusque dans le cabanon caché dans le jardin du Sang.

Au mot caché, l'enfant avait parlé moins fort et les deux oreilles du Dragon comme de LIS s'allongèrent, piquées de curiosité.
Il y en avait donc deux ?

- Caché par les buissons qui le recouvrent. Il faudra par contre accepter de passer entre les deux troncs et ramper un peu sur la terre, LIS. Il se peut que ça tâche un peu vos habits mais j'ai l'habitude et ça part quand on les lave, ne vous inquiétez pas.

Il se tourna vers le Dragon.

- Je suis désolée, vous ne pourrez pas rentrer mais nous ferons vite. Vous monterez la garde. Si vous voyez quelqu'un approcher, crachez des flammes dans le ciel. Je saurais alors que l'alerte est lancée.

Puis :

- Nous entrons par la petite porte, récupérons la liste, prenons un autre sac en plus car celui-ci, désigna-t-il du doigt, pendu à son épaule, ne suffira pas. Une petite marmite de voyage et de quoi se nourrir quelques jours... Ah oui, je ne vous ai pas dit ? Il faudra que nous allions dans la prochaine ville et ensuite dans le premier bois après cette ville pour récupérer les plantes dont j'ai besoin. Il faut donc compter une bonne semaine de voyage, tout au plus... J'espère que ça ne vous posera pas de problème ?

L'enfant ne leur laissa pas le temps de répondre car il leur emboîta le pas directement.
Le Dragon et LIS le suivirent donc sans fioriture et par peur qu'il ne les sème. Ainsi, les pas se firent rapides, réguliers jusqu'à un espèce de monticule immense de buissons qui semblaient broussailles mais dont l'immensité et la profusion cachaient l'intérieur de cette masse verte couverte de fleurs bleues et blanches. Leurs pas se ralentirent, la cadence en point d'orgue prit alors fin. Tous s'arrêtèrent pour contempler l'étrange coin du Jardin. Une petite fontaine qui faisait du bruit sur le côté attira l'attention du Dragon qui regarda Miel.

- Oui, tu peux aussi boire dans cette fontaine, bien sûr ! lui confirma-t-il.

Le Dragon cligna des yeux en signe de satisfaction.
LIS regardait toujours le monticule sans parvenir à déceler l'entrée. Son regard ébahi et soucieux rencontra celui de l'enfant.

- Regarde, là.

Il montra du doigt un espace minime laissé entre le sol et les feuillages, fleurs profus.

- OH !

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