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| TROPHEE ASIMOV | |
| | Auteur | Message |
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dale cooper
Nombre de messages : 7649 Age : 46 Date d'inscription : 08/09/2008
Personnages RP Pseudo: Pseudo : ▲ Pseudo :
| Sujet: TROPHEE ASIMOV Jeu 2 Jan - 20:04 | |
| Amateurs de Science-Fiction dans tous ses états, à vos plumes ! Ici vous combattrez à l'aide de toutes les ressources de la SF : cyberpunk, anticipation, space opera, uchronies, steampunk et autre dieselpunk. Vous pensez que vos écrits méritent de recevoir le trophée Asimov ? Seuls les aelissiens en seront juges. Les votes sanctionnant vos duels auront lieu sur ce topic.Pour lancer un duel : - Citation :
Moi, XXXX(nom du challenger) Je défie XXXXX (nom du champion). Le trophée Asimov doit me revenir.
Je le défie d'écrire un texte sur le thème XXXX Il aura pour contrainte : XXXX Nos textes devront être remis à l'arbitre avant XXXX(date) S'il refuse mon défi, je deviendrai détenteur du trophée!! Pour voter : - Citation :
- Il vous suffit d'indiquer dans votre réponse à quel texte va votre préférence.
Vous pouvez bien entendu développer votre vote et l'accompagner d'un commentaire pour mettre en valeur les qualités et défauts du texte au niveau stylistique, lexique, orthographique ou en fonction de son originalité, son respect des contraintes et du thème demandés.
Jusqu'ici les duels qui ont lieu pour le Trophée Asimov ont vu s'opposer :
mars 2014 ouverture du trophée Drystan vs Grendelor vs Mike001 vs Lilith victoire de Lilith
octobre 2014 Lilith vs Nicolas vs dvb victoire de Nicolas
Dernière édition par q^p le Sam 29 Mar - 11:42, édité 3 fois | |
| | | dale cooper
Nombre de messages : 7649 Age : 46 Date d'inscription : 08/09/2008
Personnages RP Pseudo: Pseudo : ▲ Pseudo :
| Sujet: Re: TROPHEE ASIMOV Sam 29 Mar - 11:37 | |
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Quatre concurrents ont répondu à l'appel du Trophée Asimov pour tenter de remporter un accès à la bêta-test de Ter Aelis. Exceptionnellement, pour l'ouverture du Trophée Asimov, il n'y avait pas de limite de participants.
Ils devaient composer un récit de science-fiction autour du thème de la clef sans autre contrainte
Vous trouverez ci-dessous leur joli trousseau de clefs. Mais laquelle ouvrira les portes de Ter Aelis 2.0 ?
Drystan n'a obtenu aucun vote - Spoiler:
Ascension
- Le Silence. Tel est le son qui s'élève alors que naît cette histoire. Il se répand dans une immense Caverne, si colossale que nul ne pourrait en percevoir les limites. D'immenses armatures d'acier transpercent ces ténèbres, fondations autrefois glorieuses d'un royaume inconnu. Elles sont là, rouillées par les âges, les tourmentes et les eaux. Prosternées à leurs pieds se tiennent des robots à l'esprit perdu dans une nuit mécanique. Nul éclat ne brille dans leurs yeux. Le Silence les traverse.
Des carcasses de vaisseau reposent là où se tinrent les allées d'antan, sans que la végétation ne trouve la force d'y pousser. Se dressent à leur cotés des tours vides, où résonne encore un écho lointain ; Celui des joies passées et des sentiments défunts. Quel chaos fut à l'origine d'une telle déliquescence ? Nul ne le sait. Nous n'en voyons plus que les reflets, en ces landes d'obscurité. Fichée telle une lance dans le corps d'un défunt, se dresse une Citadelle, mastodonte métallique qui, délaissée par sa gloire passée, n'a, pour unique parure, qu'un manteau de rouille. Loin, sur la voûte de cette caverne, miroitent d'inconstantes lumières, lesquelles dessinent quelques ombres sur le sol.
De leur écrin, elles enveloppent une silhouette agenouillée. Son aspect est celui d'un homme, rongé, amoindri, image terrible de la chute d'une Civilisation. Sa peau est aussi claire que l'écume au sortir de la source et, croisant en deçà de son épiderme, des rivières au sang noir suivent leur chemin. Dans son regard embué de larmes, règnent des pupilles immenses, pour lesquelles les rais du Soleil ne sont plus qu'un mythe lointain. Il n'y a plus de cheveux ou de pilosité sur ce corps blessé, nu. Seul demeure un cœur brisé. Car devant lui se tient un tertre fraîchement érigé, d'où s'échappe l'odeur d'une terre nouvelle. Et celle, plus subtile, d'une mort récente. Que sait-on du défunt, si ce n'est qu'il fut cher à son être ? Amour d'antan, compagnon d'autrefois, il fut tout cela et bien plus encore. Mais aujourd'hui, il n'est plus. De cet ami, il ne reste qu'une lettre. Écrite d'une plume maladroite, tenue par une main peu habituée à la calligraphie, les mots s'embrassent et s'emmêlent, oubliant lignes et structures pour que ne former qu'un message. Les voici, ces paroles, que recouvrent les pleurs d'un esprit lacéré :
"Nous avons eu peur. Nous chûmes. Nous sommes restés, là. Ces lieux défunts furent notre demeure. Nous n'avons pas osé les quitter. Nous n'avons pas cherché à grandir. Tel fut mon choix, je l'admets. Garder le bonheur d'un instant. Ne pas nous tourner vers l'avenir. Rester seuls dans la nuit. Nous y avons gagné quelques joies et elles furent de toute beauté. Mais bien solitaires. Privation, larmes, souffrances. Tels furent nos credos. Et je ne veux pas que seul, tu t'infliges les mêmes fardeaux. Oublie mes conseils, oublie mes actes. Oublie ma lâcheté. Cette clé que nous vîmes au cœur des ténèbres, prends-là. Ouvre toi un passage vers la Surface. Et contemple les enfin. Cela faudra mieux que tout ce que j'aurais pu t'offrir. Que tout ce que ce monde mort pourra t'offrir. Vis pleinement. Empare toi d'un cristal de rêve et délaisse l'obscurité... "
Dans cet endroit oublié du temps, en ce lieu à l'éclat et aux lumières immobiles, l'Homme reste prostré. De folles pensées tournoient sous son crane, échos contradictoires des sentiments, des rêves et des visions. Il se projette sur les sentiers de l'avenir, essayant d'y entrevoir le plus judicieux de tous. Et quelque soit l'endroit où son regard se pose, il n'y voit que la marque des ombres. Qu'une voie sans issue. Exception faite d'une étincelle naviguant en ce chaotique océan, déposant sur cette toile une clarté nouvelle. D'un rêve abandonné au profit d'une existence plus précaire, mais plus sure. D'un souffle de renouveau venu balayer les profondeurs de la Caverne. Alors, il comprend. Perdu dans les méandres inconsistants d'un esprit torturé, en ces terres où se mélangent projections du futur et du passé, il le voit enfin. En cet Univers changeant, au-delà de ces landes sans splendeur ni douceur, se cache un devenir. Arrachant de ses entrailles une ultime once de courage, il délaisse son recueillement au profit d'une sombre bataille. Et se lève. - L'ascenseur descend lentement dans le giron de la terre. L'homme, recroquevillé contre l'une des parois, contemple les colonnades d'acier s'élever jusqu'à la voute de son monde. Plus il descend, plus il se rapproche des Ombres. Ses pères lui ont dit, autrefois, qu'elles étaient les enfants de la Folie et du Désespoir. Cristallisées par leur abondance, ces émotions avaient pris l'aspect de monstres rodant dans les profondeurs. Du vivant de son amour, il n'avait franchi ce passage qu'une seule fois. Et son esprit en avait été à jamais balafré. Tant par ces Démons que par la Clef.
Pourquoi ne pas l'avoir prise, lors de son précédent voyage ? Pourquoi ne pas s'être saisi de cette promesse d'un renouveau fugace ? Par peur. Parce que si la Clef avait été entre ses mains, il aurait eu la chance d'accomplir son rêve et de bouleverser, à jamais, le cours de son existence. Il aurait pu agir. Il aurait pu grandir. Il aurait pu renaitre. Et cela, il n'avait su s'y résoudre. Il avait préféré fuir le chaos et ses nocturnes attributs, pour errer à nouveau dans le giron de la Caverne, jusqu'à que la vie s'achève et que naissent les larmes. Ces mêmes larmes qui, à présent, le poussent à revenir.
Il continue son chemin. Les grincements des anciennes mécaniques retentissent à chaque instant. Sur les murs courent des serpents d'azur aux arcs électriques, bondissant d'une colonne à l'autre en une gerbe de bluettes vagabondes. Il ne sait pas d'où vient l'énergie qui, aujourd'hui encore, alimente la Caverne. "De la matière", disait-on autrefois, répétant ces mots sans en comprendre le sens mais en en saisissant la grandeur. Mais, lorsqu'il posait son regard sur une pierre en écoutant les anciens prodiguer leur sagesse, il ne voyait point comment un simple caillou pouvait produire de si belles choses. Et eux non plus, sût-il plus tard.
Les bruits des systèmes torturés s'éteignent lentement. La machine ralentit. Il s'avance à présent sous l'égide de la noirceur. L'éclat qui consume sa torche révèle des Ombres dansant par delà la lumière. Il les ressent, prêtes à s'emparer de son âme dès que l'obscurité viendra. Il sait que les flammes les ont attirées. Mais avait-il le choix ? Pas un pas ne s'écoule sans qu'il ne trébuche, sentant leurs griffes balayer l'air au dessus de lui. Dès qu'il se retourne, il les sent disparaitre, fuir, pour revenir, au combien plus puissantes. La peur noue ses entrailles, déchirant les derniers fragments d'un être démuni face à la nuit. Il exsude la frayeur, repaissant l'ennemi de ses émotions. En ces bas-fonds intemporels, il ne voit d'échappatoire que dans cette clarté lointaine où, il le sait, il trouvera la clef. Et, alors que les Démons se font plus puissants, plus présents, dévorant chaque parcelle d'albâtre pour n'y laisser que nuit, il reprend force. Pour son rêve. Et marche, court, triomphe du mal qui hante ces couloirs. La terreur demeure. Mais quelque chose de plus grand la domine, la dompte et l'asservit. Elle servira l'espoir, un trésor d'illusion et d'avenir.
Un portail coulisse devant lui. Il le franchit et, sous des lampes jaunies, que les années auront rendues vacillantes et incertaines, il continue. Ce bâtiment revêt le voile bureaucratique dont s'enorgueillissent bien des administrations, corridors rectilignes que séparent des bureaux tout aussi structurés. Mais la mort et le chaos auront superposé leur art à cette création de l'homme. Des cadavres desséchés reposent sur le sol, recouverts par un linceul de feuilles et de documents. Ceux-ci crissent sous ses pas, alors qu'il scrute chaque pièce afin d'y découvrir l'objet de sa quête. Ce n'est qu'au bout de quelques heures qu'il la trouve enfin, posée sur l'une des innombrables tables de ces locaux. Une clef, sur laquelle sont dessinés des entrelacs d'azur et d'immaculé, formant un motif complexe mais aisément reconnaissable. Car il l'aura vu, gravé sur le flanc d'un ascenseur. Le seul qui, d'entre tous, ne va point vers les profondeurs. Le seul qui lui permettra d'atteindre les cieux. - L'épopée qui le ramena dans les allées "bienveillantes" de la Caverne fut à l'égal de celle qui l'emporta dans les profondeurs et, ainsi, il ne nous appartient pas de la conter. Cette histoire reprend à l'instant où il s'avance vers ce sentier qui le mènera jusqu'aux astres. Sa volonté s'est affermie. Son souffle est lent, tempéré. Alors qu'il se tourne vers sa destinée, ses forces se rassemblent, enveloppant cette silhouette dévasté d'une étrange aura. Et même s'il sait ce qu'il l'attend à la Surface, il ne renonce pas. Le sacrifice qu'il s'apprête à accomplir ne sera qu'un juste tribut dédié à son idéal. La clef est déposée sur le cadran principal de l'ascenseur et, dans une gerbe d'étincelles, mille lignes d'or se tracent sur les parois, se croisant, s'entremêlant, pour finalement dessiner une flèche en direction du sommet. L'homme rentre dans la machine et, alors qu'il s'élève vers l'infini, il se remémore tous ces instants passés dans la Caverne. Sa naissance, au sein des ténèbres. Son éducation dans un monde dépourvu de véritable savoir, fonctionnant selon les antiques principes d'une civilisation défunte. La fin de ses pairs, emportés un a un par une peste venue des profondeurs. Son immunité. La rencontre et l'amour qui en naquit. Leur immunité. Puis la mort, à nouveau. Une mort qui s'érigea simplement sous le joug de la souffrance, de la fatigue et de ces autres fléaux qui accompagnent le crépuscule.
Et enfin, son Ascension. Les ruines des plus hautes tours s'élèvent sous ses pieds. La Caverne y repose en son ensemble. Une brume tenace s'étend sur la périphérie de la Cité, y noyant son ancienne demeure et le tertre de son compagnon. Mais lui ne regarde déjà plus. Son être tout entier est tourné vers les cieux. Vers l'avenir.
Et lorsque l'ascenseur débouche finalement à la surface, il est prêt. - Sa vie s'envolera d'ici quelques instants. Il le sait. L'air qui emplit ses poumons n'est plus qu'un fragment sur le voile de l'infini. Il n'est plus d'atmosphère à la surface de ce monde endormi. Alors qu'il s'avance entre les sables d'un désert assassin, que l'air s'échappe du passage qu'il n'aura point scellé, ses yeux se posent sur les Etoiles. Il contemple cette immensité piqueté d'or, d'azur et de lumières. Arpenter des landes depuis trop longtemps souillées par la Fin ne lui importe plus. Car son regard tout entier s'embrase d'amour devant la splendeur de cet océan d'étincelles. Une planète vide et morte, sans espoir ni avenir que plus un être n'habite. Lui s'égare et s'éteint, choit pour ne plus se relever. De sa main, lentement, la clef s'échappe. Elle qui, plus qu'une porte, lui ouvrit la voie du renouveau, par delà les étoiles. Et sur ce splendide paysage aux allures d'apocalypse, que seul éclaire la douceur des nébuleuses, disparût le dernier des hommes.
Son corps demeure, éternel, cristallisé par les vents célestes. Quant à son âme, elle aura emprunté le sentier des astres pour en devenir un, plus beau et plus grand encore... -
Grendelor obtient deux voix - Spoiler:
Indi et le Beta Graal : la Clé de l'Immortalité C'était la quête récurrente : tous les dix, vingt, trente ans, un groupe de jeunes bercés d'illusion partait à sa recherche. Dans quel but ? Eux-mêmes ne le savaient pas véritablement la plupart du temps. Mais trouver le Beta Graal c'était un but en soi. Que feraient-ils de la Clé de l'Immortalité ? Ils s'en serviraient, bien sûr, comme les gamins qu'ils étaient. Et ils mettraient un bordel terrible dans le Réseau Global d'Intelligence Cybernétique. Ce serait l'écroulement de la stabilité mondiale, qui avait été si difficile à atteindre. Evidemment, nous savions tous que c'était fort peu probable. D'abord, personne n'était vraiment sûr qu'elle existait. Depuis 250 ans qu'on la cherchait, aucun indice sérieux n'avait été trouvé. Certains prétendaient que c'était à cause des disciples de La Croix de Vie. Un groupe de soi-disant disciple de Chris Gates qui garderaient le secret du Beta Graal afin de préserver le RGIC. Préserver. Pfff. S'il y a vraiment une menace, il faut la détruire, c'est tout. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai décidé de la chercher. La trouver. La réduire en miette. Ainsi, plus de problème. Et l'Immortalité, me direz-vous ? Rien à faire, ça m'intéresse pas. La vie n'est vibrante que si elle a une fin. Devenir une entité libre du Réseau, très peu pour moi. Moi ce que j'aime, c'est parcourir le monde, an chair et en os. Toucher, sentir, goûter, voir toutes les merveilles dont regorge l'univers. Pour ça, pas trente-six mille façons : il faut être avoir un corps. La cybernétique, c'est bien joli, mais on doit vite tourner en rond. Et ça manque de jolies filles. Ce que j'écris là n'est pas exactement ce que j'ai pensé lorsque j'ai pris cette étrange décision, à 33 ans, l'âge de la mort de Chris Gates, ce qui peut être une coincidence. Se lancer dans une telle quête pouvait sembler futile, pourtant, j'y croyais. J'ai donc commencé par passer énormément de temps sur le Réseau à collecter des informations. Bien vite, je me suis apperçu que je n'y trouvais rien de plus que le résumé de la vie de Chris Gates, les lignes administratives de base. Et une masse considérable de rumeurs, sites de fans/disciples/chercheurs qui rapportaient tout et n'importe quoi. J'ai alors fait quelque chose que ne se faisait plus depuis l'année 3063 quasiment : j'ai été faire des recherche dans des livres. Mais pourquoi donc, me demanderez-vous ? Chris Gates était né dans cette époque cybernétique où les écrits faisaient déjà figures de peintures rupestres. Ma réflexion était que si des informations cachées existaient, elles l'étaient sur un support auquel on ne penserait jamais : le papier. J'ai fouillé, remué des tonnes de poussière, me suis entaillé les mains sur ces feuilles à l'apparence innocente. J'ai parcouru le monde entier, de téléport en téléport, pour visiter tous les lieux où était passé notre messie, Chris. De miette en miette, j'ai réussi à me faire une idée assez précise de sa vie, de ses pensées. Une ou deux fois, j'ai relevé des allusions à la fameuse Clé de l'Immortalité. Naïf, je n'ai jamais caché ce que je faisais.
C'est là où j'ai vraiment manqué d'intelligence. Malgré ma belle gueule de jeune aventurier, j'aimais à croire que je savais réfléchir, et d'ailleurs, le fait de trouver ces indices le prouvait bien. Toutefois, je n'ai jamais pensé que mes recherches pouvaient me mettre en danger. Ou qu'elles pouvaient intéresser quelqu'un d'autre. Pourtant, j'aurai du y penser. Avec le recul, cela semble évident. Je sortais d'un temple (un temple, je ne savais même pas que ça existait encore à notre époque!) dédié à la Sainte Famille Gates quand eut lieu la première attaque. Le téléporteur n'était qu'à une centaine de mètres de l'entrée et je marchais tête baissée, plongé dans mes réflexions pour savoir quelle serait ma prochaine destination. Je sentais que j'approchais du but, la route menant au lieu où était caché le Beta Graal n'était plus très longue, j'en étais sûr. Je ne me suis même pas apperçu que quelqu'un me bousculait, ce n'est qu'après que je m'en suis rappelé. Par contre, je me suis tout de suite rendu compte que mes réseaux internes étaient attaqués. Ma vision se flouta pour redevenir celle d'un non-connecté, les réseaux surveillant mes fonctions vitales s'affolèrent et commencèrent à délivrer des informations contradictoires, déversant nombres d'hormones et de chimiokines, je perdis la connexion au RGIC et m'effondrait sur le sol, secoué de convulsions. A ce moment-là, je savais que j'étais mort. Sauf qu'un ange m'a sauvé. Enfin, c'est ce que j'ai pensé sur le coup. En vérité, je me suis fait entubé comme un bleu. Et faut bien dire que j'avais beau me prendre pour un cador, moi Indi Jones Junior, j'étais qu'un aventurier en herbes. Un jeunot qui avait la vie facile et qui s'était lancé dans une croisade parce qu'il s'ennuyait sévère. Et qu'il se croyait plus intelligent que tout le monde. Sur ce coup-là, je pouvais repasser. L'ange s'appelait Jude et m'injecta un anti-virus qui me sauva. Blonde, ses yeux noisettes me regardaient d'un air inquiet pendant que mon corps reprenait le cours normal de sa vie. Elle m'expliqua être infirmière cybernétique et, qu'en me voyant tomber ainsi, elle avait tout de suite compris ce qu'il se passait. Elle était gracieuse et sa voix était du miel. Je l'invitais à un café pour la remercier. Je vous passe le topo : moi qui essayais de la séduire, elle qui me tirait les vers du nez tout en douceur. Elle s'enthousiasma pour ma quête, voulu m'aider et moi, pauvre homme en admiration, je dis oui. Classique et pathétique. On parla de l'attaque et elle m'avoua avoir vu un homme portant un blouson noir avec une croix rouge dessus qui m'avait bousculé juste avant que je ne m'effondre. Me revint alors à l'esprit toutes ces histoires sur les disciples de la Croix de Vie.
Je vous laisse imaginer avec quelle conviction elle a joué les effrayées, comment je l'ai convaincue qu'avec ses compétences on ne risquait rien et que dorénavant je serai bien plus prudent et bla bla bla. Elle a très bien su faire la grouppie émerveillée et rassurée par sa star, moi. Evidemment, à force de consolation, de conspiration, de passion partagée pour ce qui était devenu notre quête, elle a fini dans mon lit. Jude. Rien que le nom aurait du m'inquiéter. ça fait dix ans maintenant et je suis toujours aussi écoeuré par la banalité de cette histoire. Elle ressemble à un vieux film d'aventures où tout est si cousu de blanc qu'on se demande comment le héros peut se laisser avoir. A croire qu'il n'a pas lu le scénario. Ben je confirme, j'avais pas lu le scénario et je me suis fait avoir dans les grandes largeurs.
Nous avons donc continué à chercher. J'avais fini par acquérir la conviction que le Beta Graal était caché dans un lieu tout bête : la maison d'enfance de Chris Gates. C'était d'une merveilleuse simplicité. Nous avons fait croire à ceux de la Croix de Vie que nous avions arrêté nos recherches pour roucouler béatement sur les plages de la Californie. Nous y sommes restés deux semaines pleines afin de mettre au point notre plan de disparition. Deux semaines idylliques j'avoue. Jude a parfaitement bien joué son rôle de groupie amoureuse et j'en ai largement profité.
A la fin de ces quinze jours, nous avons pris la direction de Newport et là, nous avons disparu de la circulation habituelle : nous avons marché. Il y avait près d'une centaine de kilomètres pour atteindre la maison de Chris, un exploit pour des gens qui ne faisaient pas plus de deux cent mètres avec leurs pieds dans une journée. Notre société cybernétique nous avait permis de totalement nous passer de cette fonction archaïque et les progrès médicaux et alimentaires compensaient la diminution de notre activité. Mais nos deux semaines en Californie nous avaient entraîné : nous avions fait de longues marches le long de la mer et à la fin nous étions capables de faire près de dix kilomètres en une journée. Ce qui nous laissait dix jours pour atteindre notre objectif.
Le fait de marcher nous cachait, mais nous avions poussé le vice jusqu'à nous déconnecter du Réseau. C'était tellement étrange. J'avais l'impression d'être nu et fragile, seul au monde. Avec Jude, nous parlions beaucoup afin de remplir ce vide qui nous emplissait. Chaque jour me faisait le trouver encore plus merveilleuse et à la fin je me serai jeter dans le vide pour elle. Elle manœuvrait bien. Heureusement pour moi, en arrivant à notre but, sa véritable nature s'est révélée. Ce n'était pas un ange mais un démon.
Devant la maison de Chris Gates, un groupe de dix personnes nous attendaient, armés. Habillés de noir, ils ne portaient aucune marque distinctive. Au lieu de reculer comme je le faisais dès que je les avais vus, Jude se jeta dans le tas, attrapa l'un des gars par le cou... et l'embrassa joyeusement. J'en suis resté sur le cul, ce qui a permis aux autres de me cueillir tranquillement. Le monde venait de s'écrouler. En quelques mots, Jude déchira mon cœur et mes croyances, me mit au pied du mur : soit je les accompagnais pour finir la quête, soit ils me tuaient directement, après tout, j'avais tout appris à Jude et nous avions fait le plus dur d'après eux : trouver le lieu où était caché le Beta Graal. En réalité, je n'ai pas hésité longtemps. A croire que je savais déjà la vérité avant. Aussi, je rentrais dans la maison en premier. Pour atteindre le garage où avait travaillé Chris pendant toutes ces années, il fallait traverser l'ensemble de l'habitation, la pièce ayant été condamnée par ses parents, Jo et Mary, quand ils avaient compris le genre de génie qu'était leur fils. Je poussais donc la porte d'entrée, qui s'ouvrit sans offrir de résistance, à mon plus grand étonnement. Je m'attendais encore à trouver des membres de la Croix de Vie partout. Les autres assuraient avoir « nettoyé » le coin pourtant je n'étais pas tranquille. C'est une fois dans l'entrée que les difficultés ont commencé à apparaître. Le premier piège était largement visible, comme une première sommation : laser coupait la route menant à la cuisine. Que déclenchait-il ? Une simple alarme ? Un gaz paralysant ? Je n'en avais aucune idée. Ce qui m'intriguait, c'était qu'il était tout à fait simple de l'éviter, il suffisait de passer dessous, où il y avait un bon mètre d'espace. Je m'accroupissais pour examiner le sol devant quand l'un des sbires en noir voulu jouer au plus con : il se baissa et franchit le laser. La réplique ne se fit pas attendre : une lame sortit du sol et le trancha en deux. Choc.
Et là, c'est parti en live dans mon dos : et pourquoi t'as rien fait ? C'est quoi cette maison ? Tatati et tatata. Comme si j'y étais pour quelque chose. J'ai haussé les épaules et je leur ai dit que si je m'étais arrêté c'était peut-être pas juste pour admirer la déco. Silence. Ça leur en a boucher un coin aux malabars. Du coup, sont restés sagement derrière moi. Même Jude m'a regardé bizarrement comme si pour la première fois elle me voyait, moi, Indi Jones Junior. Mais j'en avais rien à battre dorénavant. J'étais revenu à mon plan de départ : trouver la clé et la détruire. Fallait donc que les autres guignols me laissent devant pour que je la prenne en premier. C'était tout ce qui comptait. J'aurai encore préféré la donner à un p'tit merdeux qu'aurait fait des conneries dans le Réseau plutôt qu'à ces gars qui allaient sûrement pas faire des trucs sympas.
Du coup, je fais carburer mon cerveau. Il doit falloir désactiver ce satané laser. Je cherche la source. Tout le monde me regarde faire sans bouger. Et je trouve : là, sous l'évier. Je grimpe par dessus les meubles et je me tiens comme maman qui fait la vaisselle. Le bouton me saute alors aux yeux. Une pression et paf, premier piège passé. Tout le monde rentre dans la cuisine. Il faut maintenant enfiler le couloir qui dessert les quatre chambres et qui s'ouvre sur le bureau au bout. Là, je me méfie encore. Rien de visible mais le sol me semble bizarre, mou. Je fouille mes poches, trouve un stylo et le jette dessus. On attend. Rien ne bouge. Je m'accroupis à nouveau. C'est quand même étrange ce truc. J'ose pas y mettre la main. Alors je retourne dans la cuisine, je fouille les placards et ramène une grosse gamelle en fonte. Je la pose à l'entrée. Cette fois, ça rate pas. Des murs sortent des rayons qui transpercent la pauvre gamelle comme si c'était du beurre.
Cette fois, ça devient plus coton. Après quelques tests, je comprends que le sol est un capteur de pression géant. Il est calibré. Reste à savoir sur quoi. Le truc semblant faire tout le couloir, peu de chance qu'il ait été installé d'origine pendant que toute la famille vivait là. Donc, ce sont les disciples de la Croix de Vie qui l'ont mis. Sur quoi se sont-ils basés ? Le poids de Chris à sa mort me paraît la bonne réponse. Encore faut-il trouver cette information. Pour ça, il faut avoir accès au dossier médical du messie cybernétique. Là, pour une fois, les méchants se trouvent utiles. Deux-trois magouilles plus tard, on a le résultat : 65,3 kg. Evidemment, personne dans le groupe qui fasse ce poids là. Trop simple. Nous, les mecs, on est tous au-dessus. Reste la Jude. 61 kg. On la leste jusqu'à ce que ses capteurs biométriques nous indiquent 65,3 kg. Vas-y ma grande, fonce maintenant. Elle fait moins sa fière tout à coup et ses jambes tremblent quand elle pose le premier pied sur le sol du couloir. Tout le monde retient son souffle. Second pas. Troisième. Ça marche. Elle traverse. Et ensuite ?
Ensuite, faut désactiver le truc parce que sinon je suis marron. Et je leur explique que c'est pas fini, qu'il y a sûrement d'autres pièges encore, vu qu'il faut traverser le bureau avant de rentrer dans le garage et que même là, on sait pas ce qui nous attend. Roule ma poule, la minette cherche un boîtier de contrôle. Fini par le repérer dans la paroi du mur. Nouveau défi : trouver le code. J'avoue que ça commence à grandement me gonfler. Les aventures, finalement, c'est pas la joie. Quelques essais et on trouve : la date de naissance de la petite sœur. On rejoint la princesse qui se fait largement bécoter par l'autre grand brun. Je les laisse à leurs histoires et j'inspecte la porte du bureau. Rien de visible. Par mesure de précaution, j'ouvre à distance avec une ficelle. Pas d'explosion ni de couperet, la voie est libre.
La pièce est intact, comme si elle attendait encore que le père vienne s'asseoir sur son fauteuil et trie les papiers étalés sur la bureau. Je jette un coup d’œil rapide mais aucun signal d'alarme ne retentit dans mon crâne en surchauffe. J'avance vers la porte en face, pourtant bien cachée en trompe l’œil. Pas de poignée, pas de serrure. Encore un satané code à trouver. La fouille commence, on retourne tout, le moindre livre, le moindre tableau. Un clampin finit par repérer un bouton sous le bureau, comme les alarmes des banques. Il appuie. Miracle, il se fait pas découper et la porte s'ouvre. Passage prudent. C'est bien le garage de l'autre côté. Un bric-à-brac pas possible de trucs électroniques. Ça va être marrant de trouver la Clé de l'Immortalité là-dedans. On y va. Comme on pouvait s'en douter, une fois-là on est relativement tranquille. Faut juste trouver ce qu'on veut. Et y'a même un vieux computer qui trône en attendant sagement qu'on charge la Clé dedans et nous avec. En ouvrant un tiroir, je sais que j'ai trouvé. Des dizaines et des dizaines de clés usb sont en vrac. C'est évident que le Beta Graal est là. Mais lequel est-ce ? Je sors tout mais au moment où je vais me mettre à trier, l'autre empaffé en noir me vire et me garder par ses sbires, armes pointées sur moi. Raté. Lui et sa copine traîtresse se penchent avec avidité sur le tas. Ils oublient ma présence et même mon existence. Ils sont sûrs d'eux, ils connaissent le Messie. La Clé, c'est celle-ci : ils tiennent religieusement une clé dorée, sertie de diamants. Pour l'Immortalité, quel meilleur écrin ? Les cons. Le mec se reconnecte au Réseau puis se met la clé en direct sur son implant. Là encore, ça rate. Il s'effondre en bavant, convulse et crève. Jude ne flippe pas alors que les costauds eux reculent. Pour elle, rien d'étonnant, la Clé doit permettre de télécharger tout le contenu sur le Réseau, donc le corps n'y survit par. Logique. Reste à vérifier si son chéri est bien sur le Réseau. Elle se reconnecte aussi, cherche, arpente, crie mais rien ne lui répond. Elle pète un plomb. C'est qu'elle l'aimait vraiment son gonz'. Jude se souvient de mon existence. Menaces, secouage de puces via les gros moches. Je me fais prier mais c'est pour mieux la berner. Je trie le lot de clés. Résonne mec, faut trouver la bonne. Qu'est-ce qu'on sait de Chris, de sa famille ? Une clé attire mon regard. Simple, entourée d'un étui en bois. Jo. Oui, bien sûr, Jo, le père, il dirigeait une entreprise de menuiserie. En plus, c'est pour lui qu'il voulait la faire, cette fichue clé, lui qui s'est pendu quelques jours avant que son fils ne finisse son œuvre ultime. Jo. Atteint d'un cancer encore incurable à cette époque.
Je prends la clé. Jude me l'arrache des mains et se précipite sur le cadavre de son mec. Elle pense encore pouvoir le sauver, c'est tout récent cette mort, son esprit est sûrement encore là. Elle divague mais son cerveau n'a pas perdu toute méfiance. Alors qu'elle va brancher la clé, elle se retourne vers moi et va pour me la faire tester. Comme si j'avais envie d'être télécharger. Les malabars ont un peu les boules. Ils se disent que si c'est la bonne, je serai bien capable d'aller me venger en direct via leur connexion. Jude arrête son geste. Pas con comme réflexion, à croire qu'ils ont un cerveau finalement. La voilà face à un dilemme. Les sbires commencent à en avoir marre, après tout, celui qui les paie est déjà mort. Jude hésite encore. Ils se barrent. Nous sommes tous les deux à présent. Je saisis ma chance. Tout en lui parlant, je m'approche du cadavre. Il faut que je récupère l'autre clé. Je lui dis que plus elle attend, moins y'a de chance que ça marche, qu'elle devrait savoir que j'ai raison et blablabla. Je lui prépare même le terrain : regarde chérie, j'enlève la première clé, tu peux lui mettre la bonne, vas-y, sauve-le ! Elle s'avance. Je fonce, un bon coup de tête dans le sternum. Elle s'effondre, lâche le Beta Graal. Je saute. Et l'écrase d'un bon coup de talon. Ça fait un crac assez satisfaisant. Jude, elle est encore sonnée. J'en profite et je me tire en lui laissant la clé tueuse à portée de main. Qu'elle aille le rejoindre son Roméo. Je ne sais pas ce qu'elle a fait au final. Moi, je suis rentré pépère chez moi, en téléport. Des disciples de la Croix de Vie sont venus me voir quelques jours après. Même pas peur. En vérité, ils m'ont remercié d'avoir fait un truc qu'ils n'osaient pas faire depuis si longtemps. La vache, ça m'a scotché. Ils m'ont filé un paquet de fric en plus, comme si j'en avais besoin, en me demandant de ne rien dire de tout ça. Je vous laisse juger de ce que j'en ai pensé. Bon, j'ai quand même attendu un peu avant de publier ça mais principalement parce que j'avais autre chose à faire : moi, Indi Jones Junior, je me suis reconverti en véritable aventurier. Je cherche diverses reliques dites perdues et je les trouve. Ou pas. Mais au moins, je ne m'ennuie jamais !
Mike récolte un vote - Spoiler:
Le Carouble Dereel Lank pénétra dans la salle de réception à grand pas. Dereel était élancé et sec, le corps sculpté par la faible gravité, et exempt de toute trace d'une alimentation trop grasse et abondante en eau. Sa peau albâtre témoignait du quart de siècle passé cloîtré dans une immense carcasse métallique sans avoir pu sentir la chaleur des rayons du soleil et les douces caresses du vent. Cela lui manquait. Il refréna sa tristesse, et la larme qui suivait généralement, pour se rappeler qu'il s'était porté volontaire. Sa peine devait être le combustible de sa hargne et le pousser à garder espoir. Le Carouble irait jusqu'au bout ; il le fallait. La pièce était éclairée avec goût, contrairement au reste du vaisseau qui, pour des raisons pratiques et énergétiques, devait se contenter de néons jaunâtres. Un lustre de verre scintillait de mille éclats et couronnait la massive table faite en palissandre, tandis que des abats-jour placés sur de petits coffrets encadraient la salle ; le rendu était chatoyant et rassurant. Un point d'ancrage familier. La cuisine, séparée par des portes battantes, en était contiguë ; Dereel y mettait rarement les pieds puisque R. Gabriel se chargeait des repas. Dereel s'installa en bout de table, tournant ainsi même dos à la cuisine. Devant lui une assiette de porcelaine vide, un verre de cristal et des couverts en argent lui rendaient son reflet ; à sa droite, sur le mur, un écran de bonne taille faisait office de fenêtre sur l'espace et affichait ce que les puissants télescopes captaient de plus intéressants. Dereel n'y prêta pas attention. Par contre, il inclina légèrement la tête sur le côté quand les portes grincèrent et qu'un délicieux fumet parvint jusqu'à ses narines. R. Gabriel apparut alors à sa gauche, torchon immaculé sur le bras et une assiette remplie sur la paume. Il substitua la vide par la pleine et s'en fut en cuisine. Il revint quelques secondes plus tard, une bouteille de vin rouge en main. Il versa le liquide rubicond et tourna habilement la bouteille afin que la dernière goutte tombe dans le verre. Son service accomplit, R. Gabriel posa le frontignan et s'attabla, bien qu'aucun met ne l'attende. « C'est un Bordeaux, il faudra finir la bouteille, dit le robot. — Naturellement. » Dereel resta un long moment à contempler son plat. Un steak tartare partageait la vaisselle avec des asperges et de l'avocat. « C'est déjà aujourd'hui ? demanda Dereel. — Oui. — Vingt-cinq ans... » R. Gabriel ne pipa mot, son visage inexpressif se contentait de regarder son compagnon humain. Dereel leva son verre, portant seul un toast. « À eux et à la Terre. — À nous, compléta R. Gabriel. — À nous. » Lank prit une gorgée de vin et en apprécia le goût, les yeux fermés. Ensuite il débuta son repas, lentement et en silence. Quand son verre était vide, Gabriel le remplissait de nouveau, calquant la vitesse de ses mouvements sur ceux de l'humain. « C'était succulent, Gabriel. Merci. — Je devais être un chef dans une autre vie, annonça l'androïde, espiègle. — Sûrement. » Dereel poussa légèrement son assiette, signe qu'il était repus et se tapota délicatement les lèvres de sa serviette. Du coin de l'œil il nota l'hésitation de Gabriel à prendre la parole ; le robot avait beau avoir la capacité de maîtriser parfaitement les expressions de son corps, Dereel soupçonnait que le temps contribuait à la diminuer. Gabriel adoptait de plus en plus un comportement humain, fruit d'une durable accointance avec l'unique représentant éveillé de cette race. « Parle, Gabriel. Si nous commençons à être avares de parole, je peux tout aussi bien aller me cryo dans la soute en compagnie des autres. » L'intéressé acquiesça et réfléchit à ce qu'il allait dire tout en contemplant la nébuleuse enluminée et polychrome révélée par le moniteur. « As-tu des regrets ? — Des regrets ? répéta Dereel, surpris. — Oui, regrettes-tu tes choix passés, ceux qui ont conditionné ton existence, qui ont tracé ton futur ? — Tu es d'humeur philosophe ce soir ? — Ne détourne pas le sujet en répondant par une question, rétorqua l'androïde avec un sourire. — Quelques uns, assurément. Mais pas les plus importants. — Pourquoi ? — Ce n'est pas comme si on avait la possibilité de faire autrement à l'époque. Rappelle-toi le bordel qu'il y avait. Ce fut un miracle que le Carouble et le Rossignol aient pu prendre le large. Je me rappelle encore du Clef de voûte, du Crochet, du Pivot et du Passe-muraille vaporisés sans avoir pu quitter le radoub. Leurs cales étaient complètes, tellement d'humains ont péri ce jour-là. — Quatre-vingt dix-neuf pour cent de l'espèce, précisa Gabriel. — Oui, nous avons commis notre propre ethnocide à ce moment. Enfin presque... — Pour revenir à ce que je te demandais : tu ne manifestes pas d'amertumes pour t'être porté volontaire, et par conséquent être resté debout alors que tes frères et sœurs dorment paisiblement dans leurs cuves, dans l'attente de la découverte d'un nouveau monde habitable ? — Non. Enfin, je ne crois pas... C'est que tu ne serais pas loin de me faire douter si tu continues à remuer le couteau dans la plaie, dit Lank en faisant la grimace. — Je comprends, désolé. Mais j'ai besoin d'en parler je pense, et de connaître ta pensée sur ce sujet. — Ah oui ? — Oui. — Dans ce cas voici ce que j'en pense : vivre plus de deux décennies sur un vaisseau spatial silencieux, enfermé tant physiquement que mentalement car c'est une même routine qui se répète à l'infini, a de quoi foutre le moral dans les chaussettes. Toutefois, il fallait quelqu'un pour le faire et je ne suis pas du genre à laisser le boulot ingrat aux autres. En plus, je ne suis pas tout seul puisque tu es là, ce qui m'a permis de garder la tête hors de l'eau. » R. Gabriel se mit soudainement à rire. Sa joie démonstrative était artificielle et sonnait faux ; Dereel sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine. « Qu'ai-je dit de si drôle ? — Oh, il n'y a pas que toi. Je me fais rire également. C'est une farce hilarante qui se joue. — J'aimerais la connaître, si tu n'en vois pas l'inconvénient. — Pas du tout, même si je doute que tu l'apprécies à sa juste valeur. — Essaye toujours. » Le robot opina du chef et reprit son visage inanimé. « Tu dis ne pas laisser la tâche ingrate pourtant c'est moi qui m'occupe de l'entretien du vaisseau, de son pilotage, de la cuisine, de la vaisselle depuis vingt-cinq ans. Je fais tout à bord, toi, tu te contentes de glisser les pieds sous la table en te frottant le ventre. » Je ris de moi car je me montre impatient, avide de te mettre face à la vérité. Je ris car je suis devenu humain. — Si tu pensais que je te traitais comme un serviteur il fallait me le dire, plutôt que de traîner pareilles casseroles entre nous. — La vérité n'est pas celle-ci. La vérité c'est que l'humanité va s'effacer définitivement. Tu en es le dernier membre. — Qu'est-ce que tu racontes ? — Pendant que tu mangeais le délicieux plat que je t'avais préparé j'inversai le système de cryogénisation. Les cinquante mille passagers ont rôti, révéla Gabriel sur un ton morne. » Dereel Lank resta coi. Une peur grandissante s'empara de lui et lui retourna l'estomac ; il faillit régurgiter son repas. La confession impassible de Gabriel le convainquit immédiatement de son caractère véridique. « Mais... mais... pourquoi ? — L'humanité ne méritait plus de vivre tout simplement. Quand vous vous êtes entre-tués et avez détruit la Terre, nous, androïdes, vos fils, devions réagir et prévoir une punition à la hauteur de notre désespoir et déception. Le Carouble n'a jamais fait route vers de possibles terres d'accueils, il file tout droit vers le trou noir supermassif au centre de notre galaxie. Tu aurais pu t'en apercevoir si tu t'étais intéressé à l'astronomie. Tu as un écran géant ici qui affiche ce que tu désires. En outre, un carouble est une fausse clef ; le vaisseau est une tromperie qui vous était destinée. — Il devait être la clef de notre survie ! Lui et les autres vaisseaux ! Le Rossignol a connu le même sort funeste, tous les humains ont été assassinés par des robots fous ? — Tu fais bien d'y venir. Le Rossignol est la clef de la survie des androïdes, il porte le chant des êtres synthétiques. Il n'est pas peuplé d'humains, mais des meilleurs cuisiniers de tous les temps. Ce sont eux qui coloniseront, et pas un groupe de dégénérés émotifs et sanguinaires. » Dereel s'accouda à la table et se prit la tête entre les mains. Il s'arracha quelques touffes de cheveux en essayant de se contenir. Gabriel désigna ce geste et dit : « Tu vois, tu confirmes mes propos. En tout cas nous restons pragmatiques. Ce voyage en direction du trou noir permettra de confirmer une bonne fois pour toute les diverses théories des physiciens, comme quoi, il faut rester optimiste. Il y a toujours quelque chose à tirer d'un malheur. » Dereel Lank craqua. Il attrapa la bouteille de vin et l'éclata contre R. Gabriel. Des bouts de verre volèrent et Lank poursuivit son attaque. Il lacéra furieusement le visage du robot ; un liquide ivoire s'écoula des plaies. Quand Dereel n'eut plus la force de lever son arme de fortune et qu'il s'éloigna de Gabriel, ce dernier se leva. Il ne paraissait pas déconcerté. « Tellement prévisible. Tellement humain. — N'avais-tu pas dit plus tôt que tu étais devenu humain ? mentionna Lank, essoufflé. — Si, bien sûr. Et c'est pour cela que je suis ici, à cause de mon humanité. Je suis porteur de mauvais « gênes » – si je puis dire –, je ne devais pas participer à la colonisation. Je mourrai. Ainsi mon destin ne sera pas différent du tien, Dereel Lank. À moins qu'un trou noir m'amène à l'autre bout de l'univers, mais je dois t'avouer que je ne suis pas un partisan de ce postulat. M'est avis que nous serons compressés en un amas d'atomes épais de quelques nanomètres. Ceci dit, il serait plus agréable de le découvrir avec toi. Comme lors de notre départ du système solaire, tu n'as maintenant pas le choix. » Dereel examina la situation pendant de maintes minutes. Toute vengeance serait veine et tout espoir avait disparu. L'homme svelte était tenté de porter sa décision vers une action agressive et destructrice, mais il n'avait pas envie de mourir pour autant. Alors il préféra prendre la main tendue de son compagnon d'antan. La relation ne serait certainement plus la même mais elle pourrait poursuivre sous une certaine forme. « D'accord, à la condition que tu continues de cuisiner pour moi ». R. Gabirel sourit. Ses traits et muscles déchirés lui permirent d'exprimer sa première expression faciale amicale et heureuse.
Lilith remporte la victoire avec quatre voix - Spoiler:
L'écho des rêves. 1.Tom se réveilla en sursaut, le souffle court, les yeux grands ouverts dans le noir. Il tata fébrilement sa poitrine nue, s’attendant presque à y trouver un trou béant et poisseux de sang. Mais sa peau était lisse sous ses doigts, sans aucune marque. Avec un soupir soulagé il se laissa retomber sur son oreiller. Sa respiration était toujours saccadée quand la porte de sa chambre s’ouvrit. Le robot s’approcha du lit et la veilleuse éclaira son visage translucide. Il s’assit près du jeune homme avec une étonnante douceur et posa sa main de verre sur le torse imberbe. - J’ai senti votre cœur accélérer brutalement. Est-ce que tout va bien Monsieur Tom ? - Oui ne t’inquiète pas EKO, répondit Tom dans un bâillement. C’était juste un cauchemar. - Qu’est-ce que c’est un cauchemar, Monsieur Tom ? - Et bien c’est comme un rêve mais qui ne serait pas agréable. Tu sais ce que c’est un rêve ? - « Production chimérique survenant pendant le sommeil, et pouvant être partiellement mémorisée », récita le robot d’une voix égale. Mais vos rêves sont contrôlés par mon interface. Vous ne devriez pas faire vos cauchemars comme vous les appelez. Je ne comprends pas. - J’ai désactivé cette fonction de contrôle la semaine dernière EKO. Tout va bien, je vais me rendormir maintenant. - Bien, Monsieur Tom, dit le robot en se levant. Le jeune homme regarda la machine lisser rapidement les draps avant de sortir de la chambre sans un bruit. Sa famille avait acquis l’EKONOMIK-6.1 le jour de ses sept ans. Neuf ans après, le robot continuait de remplir son office et de veiller sur lui, malgré le système d’exploitation un peu ancien dont il était pourvu. Tom éprouvait une tendresse particulière pour l’androïde qui avait soigné ses petites blessures d’enfant et continuait de surveiller ses nuits agitées. EKO était un modèle déjà considéré comme vieillot lors de son achat. Il ne possédait pas les attributs humanoïdes développés des versions les plus récentes. Son squelette d’acier et sa robotique interne étaient visibles à travers son enveloppe en verre renforcée. Il aurait pu paraitre fragile mais ces premiers modèles domestiques avaient pour eux une solidité à toute épreuve là où leur manquait l’humanité. Tom croisa ses mains derrière sa tête et essaya de se remémorer son rêve. Il y était question de sang et de bataille, mais rien d’autre dans ce rêve ne lui était familier. Les protagonistes, dont il faisait partie, s’écharpaient avec ce qui ressemblait à de longs couteaux de cuisine alors qu’un laser-gun aurait beaucoup mieux fait l’affaire. Inexorablement, le sommeil le reprit dans ses filets et sous les paupières agitées de l’adolescent, un nouveau rêve prit forme. Depuis la cuisine, EKO attendait que le jour se lève. La nuit était pour lui un moment paisible où peu de taches lui incombaient. Il maitrisait les rêves de ses maitres, en leur envoyant des stimuli positifs afin de les encourager à dormir d’un sommeil réparateur et surveillait la maison et ses alentours. Ce soir, comme tous les soirs, il observait les pensées nocturnes du plus jeune de ses propriétaires. Il comprenait à présent pourquoi, depuis plusieurs jours, les images qu’il envoyait à l’interface neuronale du jeune garçon semblaient sans effet sur son sommeil. Avec curiosité face à un phénomène qui lui échappait, il s’engagea lui-même dans l’interface pour visualiser le nouveau rêve qui s‘amorçait. S’il avait pu expérimenter l’étonnement, EKO serait resté interdit face aux images qui se déroulaient devant lui, mais ce sentiment ne faisait pas partie de la gamme préenregistrée dans son système. Aussi se contenta-t-il de regarder. Un étrange paysage se dressait autour de lui, autour de Tom plus exactement. Il y avait des arbres immenses pointant vers le ciel et de l’herbe verte recouvrait le sol. EKO savait que c’était des arbres car les étranges végétaux étaient classifiés dans sa base de données interne, il en avait même des photographies. Tom semblait émerveillé et le robot se dit que cela devait être la première fois que le jeune homme en voyait. Il intégra cette information à son système : les rêves permettent de voir des choses disparues. Le rêve se poursuivit et il observa son maitre se promener dans des jardins verdoyants. Le soleil chauffait la peau du rêveur, qui prenait plaisir à cette sensation. Nouvelle information stockée : le rêve permet de sentir des choses qui ne sont pas réelles. On ne sentait jamais le soleil à travers le dôme qui recouvrait la Ville. Puis tout s’accéléra et devint flou. Les nuages obscurcirent la lumière du ciel et le jardin se transforma en labyrinthe sombre et gris. Une analyse de l’environnement onirique apprit au robot que la configuration du dédale ressemblait fortement à la Ville où avait toujours vécu Tom. Il l’observa se perdre et tourner en rond. Un oiseau passa dans leur champ de vision commun que l’androïde identifia comme une mésange, espèce disparue figurant également dans ses données internes de l’âge d’or disparu, aux coté des arbres, des lapins et de ce que les hommes avaient autrefois appelé forêts. L’intelligence artificielle resta circonspecte devant l’ardeur que déploya son maitre à poursuivre et retrouver le volatile éteint. Le labyrinthe suintait des ombres et des fumées peu amènes et semblait se refermer sur eux. EKO leva les yeux vers le ciel et vit que le dôme de verre avait retrouvé sa place au-dessus d’eux. Le pouls de Tom s’accéléra et le robot regarda avec encore plus d’attention. Il avait repéré depuis un moment déjà la silhouette qui suivait le rêveur, tapie dans les recoins de pénombre. Tom eut un sursaut, l’homme venait de lancer quelque chose, une flèche l’informa son système central, qui passa à ras de la joue du garçon pour se ficher dans un mur. L’adolescent tomba à genoux en voyant la petite mésange épinglée par le trait rudimentaire au mur de béton. Le rêve prit fin subitement. EKO se déconnecta des pensées de son maitre et rassembla les données recueillies. Il serait intéressant de rêver. Il serait intéressant de vérifier ces données sur le terrain. La machine fouilla dans son réseau à la recherche d’un programme lui permettant de dormir. Tout ce qu’il trouva fut un algorithme de mise en veille. Plusieurs nuits passèrent dans l’observation attentive de la psyché de Tom. EKO rassemblait des données sans savoir qu’en faire, mais son IA interne lui disait de collecter ces informations malgré tout. Un matin enfin il se décida à poser une question. - Monsieur Tom, cela fait-il mal de faire des cauchemars ? - Eh bien, je ne sais pas trop, répondit celui-ci interloqué. Disons que ce n’est pas agréable comme je t’ai dit. Mais je ne me souviens pas beaucoup de ces rêves. - Je n’ai pas de programme de sommeil. Cela signifie-t-il que je ne peux pas rêver ? - Non tu ne peux pas. Tu es une machine et tu ne peux pas dormir. - Puis-je apprendre à dormir ? - Pourquoi ? Tu veux rêver ? - C’est une donnée qui m’est inconnue, je dois l’expérimenter pour l’acquérir. - Le gouvernement n’autorise pas ce genre de programme d’intelligence artificielle trop développé. Ils ont eu des soucis avec des versions antérieures douées d’un système d’apprentissage autonome. Le robot ne dit rien, et versa un verre de jus d’orange au jeune homme. Tom le regarda d’un œil inquisiteur, à la fois inquiet et ravi. 2.Le robot entra dans la petite chambre blanche et se dirigea vers le lit. L’infirmière eut un sursaut effrayé en le voyant. Il ne restait plus beaucoup d’androïde qui ne ressemblait pas entièrement à des humains de nos jours. Allongé et intubé, un vieil homme tendit la main vers la machine qui s’assit à ses côtés. - J’ai senti votre cœur battre de façon anormale, Monsieur Tom, j’ai appelé l’hôpital. - Tu as bien fait EKO, tu as bien fait. - De quoi avez-vous rêvé Monsieur ? - J’ai rêvé que le dôme éclatait au-dessus de nous. - Vous avez toujours voulu quitter la Ville. - Oui, tu as raison, répondit le vieil homme. As-tu trouvé la clef usb dont je t’ai parlé ? Le robot décrocha la chaine qui pendait autour de son cou et la tendit à son maitre. Tom s’en empara d’une main sèche et veinée de bleue, un peu tremblante. D’un geste, il signifia à l’infirmière de sortir. Celle-ci s’exécuta à contre cœur, visiblement peu rassurée par l’apparence archaïque du robot qui attendait patiemment. Lorsqu’ils furent seuls, Tom essaya de se redresser en position assise sur son lit de malade. L’effort le fit tousser et il cracha un peu de sang au creux de sa main, lâchant la tablette translucide qu’il tenait dans l’autre. EKO la rattrapa in extrémis et la déposa sur la table de chevet. - Vous travaillez sur un nouveau roman, Monsieur ? - Oui, un nouveau rêve à raconter. Mais je n’aurais certainement pas le temps de le finir, déplora-t-il en essuyant sa main tachée sur les draps immaculés. Mais toi tu pourras peut être. - Je ne comprends pas, avoua le robot. Je ne peux pas inventer des choses qui n’existent pas, cela ne fait pas partie de mes fonctionnalités. - Approche. Tu vois, cette clef est spéciale. Je l’ai faite pour toi. Depuis que tu m’as dit, un jour, cela fait longtemps maintenant, que tu voulais rêver comme moi, j’ai construit ça. Prends-la. C’est mon cadeau pour toi. - Qu’est-ce que c’est ? - C’est une base de données, comme tu en as plein à l’intérieur de tes circuits. J’y ai stocké soixante-dix années de rêves et de cauchemars. Toute la matière de mes livres. Un jour peut-être, les robots comme toi auront le droit de dormir. En attendant, j’ai rêvé pour toi, expliqua le vieil homme avec un sourire joyeux. Le robot reprit la petite clef, à peine plus grosse qu’un ongle au bout de sa chaine en acier. Il leva sa main droite au niveau de son visage et une encoche s’ouvrit au centre de celle-ci. Il connecta la clef à son interface et chargea les données qu’elle contenait. Il y avait là des Téra et des téraoctets de pensées et de fantaisies imaginées. EKO replaça la chaine autour de son cou et s’installa confortablement sur le lit auprès de son maitre. Tom prit la main de verre de l’androïde dans sa sienne pendant que celui-ci ouvrait le premier fichier et le projetait devant eux. L’image apparut. Un jardin éclatant sous un soleil lumineux. Le robot et l’homme regardèrent ensemble leur premier rêve. Tom finit par s’endormir, une dernière fois, la tête sur l’épaule de la fidèle machine, qui faisait défiler le temps tel qu’il l’avait rêvé depuis ses seize ans.
Merci à eux pour avoir relevé le défi.
Le trophée Asimov est donc remporté pour la toute première fois, par Lilith.
Qui sera le suivant à s'en emparer ?
Vous pouvez provoquer en duel l'heureuse détentrice dès maintenant pour vous en emparer à votre tour ! | |
| | | Mike001 Coordonnateur Littéraire
Nombre de messages : 2662 Age : 23 Localisation : West Coast ; Phare Ouest Date d'inscription : 26/09/2010
Personnages RP Pseudo: Mike le Fremen Pseudo : Hannibal Smith Pseudo : Davy et Mickey
| Sujet: Re: TROPHEE ASIMOV Sam 18 Oct - 16:14 | |
| Début septembre, un Nicolas inspiré a défié Lilith, détentrice du trophée. dvb, ayant vu de la lumière est entré et s'est présenté en troisième homme. Seuls dvb et Nicolas ont envoyé leur texte.
Le thème était : « Les envahisseurs de la Terre sont des débiles. »
Les contraintes : ne jamais prendre le point de vue ou d'exprimer l'opinion des humains et interdiction de mentionner les poulpes. Nicolas remporte le duel. Son texte, le n°1 a rassemblé 9 voix. - Citation :
REU-NO-TREUKS'
À la guerre, ce n'est pas le plus fort qui gagne, mais celui qui a la conscience d'être le plus fort. Or nous nous savons les plus forts. Nous avons donc gagné.
Dudu-traxian III, Réfléchir simple
Il y eut une période agitée pour les Prussians, sous le règne d'Euphraggus Ombilis et de ses clones, où la quintessence du luxe consistait à arborer dans ses quartiers, lorsque l'on appartenait aux plus hautes fractions nobiliaires, des dejjekes, statuettes érotiques d'inspiration prénatale en fulthium, alliage précieux d'elrikium et de sulfure de plomb. Une certaine émulation au sein des élites poussa à la démultiplication de ces œuvres d'art, pourtant unanimement reconnues comme repoussantes, émulation devenue escarmouches quand le sulfure vint à manquer, escarmouches devenues guerre civile quand la pénurie fut totale. Ainsi commencèrent les grandes manœuvres expansionnistes d'une race jusqu'ici renfermée sur son système mais orgueilleuse, à la conquête du plomb de l'Univers. Et voici maintenant l'histoire du conflit particulier qui se joua au beau milieu de la galaxie t-Vulp. 9 (Voie Lactée) entre une division lourde de Prussians dévoués au seigneur Dufrogg et des autochtones défendant chèrement leurs composés saturnins.
Jusqu'ici la technique consistant à saper la force vitale des plus grands organismes d'une planète avait conduit les Prussians de victoire en victoire. Ils avaient ainsi attendu en vol stationnaire autour de la « Terre » (ictiaea Ww30.1) que leur poison génétique fasse effet sur les plus grandes colonies de populi tremuloides (peupliers-trembles) et d'armillariae solidipes (champignons canadiens d'une biomasse inégalée). Ce poison mutatif était redoutable mais prenait un certain temps à faire effet et c'est dix générations de Prussians qui se succédèrent avant un bilan mitigé de la situation. Si les populi tremuloides avaient fini par s'affaisser jusqu'à pousser à l'horizontale, le zindium (781ème formule) avait été accueilli avec gourmandise par armillaria solidipes qui avait mutée d'une façon plus qu'agressive en croissant exponentiellement et en absorbant toute autre forme de vie dans la majeure partie du secteur êct-8.8 (Amérique du Nord). Cet adversaire de taille restait inflexible face à toutes les tentatives de négociations : on lui avait pourtant offert en tribut la moitié du yullium disponible à bord de la division et il l'avait goulûment absorbé, mais le champignon faisait mine d'ignorer la possibilité d'un arrangement. On convint de lui laisser le contrôle total du secteur et de préparer la conquête du reste de la planète.
L'incident eut lieu peu de temps avant le débarquement programmé. Un projectile à très faible vitesse heurta le point le plus vulnérable du vaisseau cardinal d'amirauté et la conflagration initiale provoqua une réaction en chaîne. Cette série d'explosion qui se propagea de vaisseaux-fils en vaisseaux-petits-fils n'était pas due au carburant utilisé, qui se trouvait être le yullium et dont les Prussians commençaient à manquer, mais au caractère hautement inflammable du gel dont leurs gonades étaient pleines. En temps normal, ils résolvaient ce problème d'instabilité en soulageant leurs ardeurs sur des êtres autochtones qu'ils soumettaient à l'état d'esclaves sexuels, mais ils s'étaient montré assez peu satisfaits des scolopendrae giganteae capturés, êtres à première vue très aguicheurs mais assez froids dans leurs rapports. Le mystérieux projectile qui avait percé à jour le camouflage des Prussians et détruit 68% de leur flotte (coup de maître de la part des autochtones que d'avoir prévu si longtemps à l'avance la trajectoire parfaite de cet antique reliquat de satellite ictian, admettra plus tard l'historien Dudu-traxian IV dans une étude fractionnée – et controversée – du règne des Ombilis) révéla après de minutieuses analyses une menace jusqu'ici sous-estimée : homo sapiens sapiens.
Lors de l'étude préalable des systèmes biologiques présents sur ictiaea Ww30.1, cette espèce avait pourtant créé l'hilarité parmi les Prussians par l'acharnement qu'elle semblait déployer à s'auto-détruire et avait de fait été diagnostiquée comme inoffensive. Arrivés au sommet de la chaîne alimentaire, elle était devenue son propre prédateur et certains de ses membres désévoluaient de leur propre chef vers des régimes sans ingestion d'animal, sapant la base élémentaire de l'absorption vitale. Homo sapiens sapiens s'était scindé en colonies rivales aux fonctionnements erratiques (la seule à trouver une maigre grâce aux yeux des Prussians était celle du sous-secteur nu-7.5.5 (Corée du Nord)), tuait ses enfants en toute connaissance de cause par la consommation de dérivés de solanaceae juss, (alcaloïdes nicotineux) et, ce qui le rendait vraiment hilarant, ne semblait avoir aucune notion de reproduction. Les membres d'équipage avaient récupéré une documentation visuelle inégalée sur ce sujet et se repaissaient des erreurs évidentes des autochtones ictians quant à la procréation : ingestion de composés inhibant totalement le fonctionnement des gonades, rapports entre individus homogénétiquement sexués (et/ou avec ovis aries), combinaisons incroyables mais stériles d'embouts et d'orifices, etc. Ils étaient fascinés par cette vidéo où une femelle sapientesque déployait par son organe de mastication une membrane imperméable sur l'agent turgescent du mâle, rendait inopérante la saillie qui s'ensuivait : le pauvre ne semblait même pas réaliser la trahison de sa partenaire et s'activait dans une inutile frénésie que les Prussians s'amusaient à singer sur les appareils de bord.
La rupture de la chaîne logistique et la réduction drastique de leurs capacités guerrières contraignirent les Prussians à une approche basée sur l'infiltration et la subtilité, heureusement deux grandes de leurs forces. À peine avaient-ils décodé quelques-uns des innombrables langages des autochtones (encore une aberrance organisationnelle) que, par un extraordinaire coup de chance, le souverain d'homo sapiens sapiens se révélait-il de lui-même lors de la captation d'un échange verbal avec un trottoir : « le gr-gr-gros champignon en Amérique, c'est pas-c'est pas-c'est pas un coup d'Poutine junior, comme on dit, t'sais ! Moi je-je-je sais qui c'est, hin hin ! Et j'ai pas peur de l'dire, naon ! C'est les egst-zegs-eggzdra-sexta... les zaliens ! Et c'est moi qu'i' cherchent, les zaliens, pazque ch'uis l'empereur du monde, moi ! Mais chhhhhht... » La ruse consistant à camoufler leur suzerain au cœur d'un sous-sous-secteur peu peuplé et peu fortifié, tût-6.6.0.1 (Haute-Saône), avait été éventée rapidement et l'individu discrètement exfiltré ; afin de ne pas attirer l'attention, le vaisseau l'ayant récupéré diffusait un assortiment des cris caractéristiques des espèces animales régionales.
Une fois à bord, l'empereur du monde Renault Trucks (son nom était tissé sur sa couronne) fut présenté à l'amiral Leragg, ancien clone en second de l'amiral Sizi-Traxian, ce dernier ayant été réduit à l'état de mousse végétative lors de l'attaque sur la flotte prussiane. L'entretien avait pour but de faire prendre conscience au représentant ictian des abyssaux retards technologique et mnémonique de son espèce et de le pousser à une reddition de sa planète. Comment un être si chétif et pourvu d'un squelette – l'antémiral Villiong imite à la perfection la démarche symétrique d'homo sapiens sapiens, à se crever l'andémose de rire – pouvait-il régner sur une planète si riche ? multi-songea Leragg. Soyons sérieux – oh la drôle de petite excroissance de la face ! – et respectons les usages protocolaires. Renault Trucks se présenta de façon non-verbale mais en humidifiant son vêtement antérieur à l'aide d'un liquide très odorifère, ce en quoi il fut imité par l'amiral. Pour comprendre la scène qui s'ensuivit, il faut savoir que les Prussians expriment leur respect mutuel en s'échangeant un unule pris dans leur cavité turhénienne et en le déposant dans la cavité de leur vis-à-vis. Leragg était ennuyé, son unule au bout du palpe, cherchant où la cavité en question pouvait se situer dans l'enveloppe de l'empereur. Il prit le parti d'aller au plus simple et écarta doucement l'orifice double de cette fascinante excroissance faciale entre les yeux, ce à quoi Renault Trucks répondit par un chant – AAAAAaaAAAAAAAAHHH – et différents craquements. L'unule avait besoin d'un peu de lubrification et Leragg le porta au bec avant de le plonger plus en avant dans le visage sapientesque, qui se scinda un peu. Les présentations étaient achevées mais l'empereur tut toute parole et tout chant et s'étala mollement sur l'estrade d'amirauté ; il fut à nouveau imité par l'amiral qui espérait entrer dans le vif du sujet une fois ce rite tribal arrivé à son terme. On conclut plus tard que le souverain ictian était mort de causes inconnues. Les réserves en yullium tendaient à s'épuiser dangereusement et l'invasion de la planète commençait à être remise en question. C'est alors que se polysynthétisa miraculeusement une idée extraordinaire dans l'esprit de l'amiral Leragg. Des centaines de volontaires prussians débarquèrent ainsi selon une habile répartition sur ictiaea Ww30.1 après un passage en salles d'imprimerie. Tous revêtaient l'apparence et la tenue du défunt empereur Renault Trucks. Fort de cet habile camouflage d'autorité suprême, les infiltrés devaient prendre le contrôle de chaque colonie d'homo sapiens sapiens et contraindre les autochtones à la livraison de tout leur plomb. Étrangement, le succès ne fut pas au rendez-vous. Les ictians dans le meilleur des cas moquaient et la plupart du temps fuyaient la figure de leur empereur au lieu de lui obéir. Dans certains secteurs septentrionaux, les Prussians sous couverture étaient même taillés en pièces par des sapientesques ne souhaitant pas se soumettre à l'autorité. Des documents vidéo partagés sur le réseau électro-informatique des autochtones révélaient la déficience de communication à laquelle les infiltrés étaient confrontés, comme celui dont voici une retranscription des échanges, intitulé Pti délire a paris avec jul et jc. « Ch'uis l'empereur du monde, moi ! Toi donneras plomb ! Et j'ai pas peur de l'dire, naon ! _ Hé mais va t'faire foutre ! J'te donne rien, sale clodo ! _ Plomb pour à les egst-zegs-eggzdra-sexta... les zaliens ! _ Tu veux qu'j'te casse la gueule ? Elle est déjà toute cassée, ta gueule ! _ Mais chhhhhht... »
En parallèle de ce demi-échec, les ictians continuaient candidement d'ignorer la menace qui planait sur eux, un organe d'information aussi pointu que le Nouveau Détective étant délaissé au profit de ceux traitant des sujets triviaux, comme l'instabilité de leurs équipements à énergie nucléaire. Pourtant, dans le numéro 1810 de ce précieux document, l'action prussiane était savamment disséquée : Secret d'actualité : le champignon qui a envahi l'Amérique serait d'origine extraterrestre ! Impossible : un vagabond au visage balafré photographié aux quatre coins du monde la même journée ! Témoignage choc : j'ai vu une soucoupe qui meuglait !
Peut-être avons-nous été dupés par homo sapiens sapiens – ces scolopendrae gigantae ont des muqueuses si rugeuses ! – et que Renault Trucks n'était qu'un leurre, poly-médita Leragg. Je n'avais pas pensé – rhakakakaka ! – qu'ils pourraient être si fourbes. Ces animaux adorent communiquer – Sizi-Traxian aurait-il été contre un copulage dans son avant-mousse ? –, c'est incroyable la déperdition d'énergie qu'ils y mettent. L'amiral tenait en palpes et visionnait avec lassitude deux télétranscopies prises au hasard dans la masse des innombrables données récupérées aux sapientesques : « Смешной, говорящий котёнок - позитив на весь день =) », extrait vidéo de l'étude d'une espèce endogène, et « Réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU à Londres : Vladimir Poutine junior fera-t-il obstacle à Kenrick Obama qui souhaite former un nouvel état américain en Cisjordanie ? », obscur bulletin relatant le rassemblement de... les plus grands chefs de la planète ?! Plus question d'être trompé, cette fois-ci – tutunut, hihihi –, c'est notre dernière chance d'arracher la victoire aux sapientesques !
L'information était sûre et les trois infiltrés du secteur rêra-9.8.2 étaient accompagnés pour cette mission de la dernière chance des deux meilleurs espions de la flotte, eux-aussi en tenue de faux-empereur (seul modèle ictian disponible). La délégation sapientesque était protégée très rudimentairement et il suffisait d'actionner l'épaississeur de temporage Sis II pour agir au sus des gardes, qui laissaient poindre des signes d'inquiétude face aux déguisements pourtant parfaits de la fine équipe prussiane. Néanmoins, l'appareil était gourmand en yullium et une unique utilisation était permise ; il faudrait choisir judicieusement quel dirigeant ictian exfiltrer et ramener devant Leragg. L'un deux possédait forcément l'autorité sur l'ensemble des colonies autochtones – une pyramide n'a qu'un sommet, Dudu-Traxian III, Pensées –, il suffisait de l'identifier. Une vision transversale de leurs fluides révélaient que les synapsions d'une majorité des membres du conseil étaient focalisés sur l'idée de reproduction avec l'un des leurs. L'arrière de ses membres antérieurs étaient relevés par des ustensiles à dessous rouges et le haut de son encrânage débordait d'une riche pilosité dorée, des signes extérieurs qui ne pouvaient pas tromper quant à sa dominance. Les Prussians agirent avec rapidité et efficacité et un vaisseau récupéra l'escouade et son captif au-dessus de la grande colonie sapientesque de Londres, tout en diffusant de très esthétiques cris de colomba palumbus.
Le leader ictian mouilla son vêtement antérieur une fois en face de l'amiral, qui commençait à être familier et amusé de ces rites, et il fit de même. Son nom était indiqué sur l'étrange couronne rectangulaire que la femelle portait à son torse : Marion Maréchal Le Pen. Son unule au palpe, Leragg allait procéder aux présentations.
dvb, qui a obtenu 5 voix, se voit donc contraint de s'incliner. - Citation :
Franne, le 28 janvier
« Cheffe ! Cheffe ! Le rapport de nos éclaireurs vient d'arriver ! - Faites-moi voir ça immédiatement, Gnarl 212 ! « Considérant que... blablabla... Dans la mesure où.... Ok, d'accord... Attendu que... Et subséquemment... Ah tiens ? Ils ont des missiles thermonucléaires aussi, bon ben on fera avec... En conclusion nous recommandons une attaque farouche et massive immédiate. ». Bon ben c'est parfait les enfants ! Nous allons enfin pouvoir nous venger de nos ennemis Zuliptioniens ! - Cheffe ? - Qu'est-ce qu'il y a, Gnarl 202 ? - J'émets une autre recommandation à votre Belligérante Altesse : nous devrions adapter dès à présent notre vocabulaire aux us et coutumes locales. Sans quoi nous risquons de nous perdre en tracasseries administratives et les Zuptiloniens risquent de ne pas comprendre les tenants et aboutissants de nos velléités belliqueuses. - C'est quoi encore ces conneries ? - En fait, nous ne pouvons pas nous présenter en tant que Frannais sur Zuptilon. - Pourquoi ça ? - Déjà parce que l'une de leurs tribus s'appellent les « Français » et que ça risque de créer la confusion au sein même de leurs peuples primitifs, ensuite parce qu'ils ne connaissent pas les noms officiels des planètes du système zerraire. - Ils sont abrutis à ce point ? - Oh oui ! - Bon, ben, on doit dire quoi alors ? - Eux se sont des « Terriens », ils vivent sur « la Terre ». Nous, nous sommes des « martiens », nous vivons sur « Mars ». - Quels noms ridicules ! - Je ne vous le fais pas dire, Cheffe. - D'accord. Bon, de toute manière, on y va, on leur pète les bouches, on leur dit de plus jamais recommencer, sinon on va sévir et puis on revient et on se fait un gueuleton. - Cheffe ? - Oui, Gnarl 122 ? - J'ai entendu dire qu'ils mangeaient des trucs super bons. Genre de la bouillie d'avoine et des saucisses d'oeufs de morue. On pourra en ramener pour le gueuleton ? - Je sais pas, Gnarl 122. Si ça te fait plaisir, pourquoi pas. - Ouais ! Super ! - Bon, on peut y aller là ? Tout le monde est prêt à faire la guerre ? - Ouais ! - Ouais ! - Ouais ! - Ouais ! - Ouais ! - … - Ouais ! - Ouais ! - Gnarl 112 ? - Oui, Cheffe ? - T'as pas répondu : tu es prêt à faire la guerre ? - Oui, oui. - Quel enthousiasme. - C'est juste que... - Que quoi, Gnarl 112 ? - Ben je me dis qu'on devrait peut-être attendre quatre ou cinq semaines avant d'y aller. - Petit enfoiré ! - Cheffe ? Non ! C'est pas ce que vous croyez ! - Oh mais si ! C'est parfaitement ce que je crois ! - Je vous assure que non ! - Gnarl 201 ! - Oui, Cheffe ? - Grille des programmes ! - Tout de suite, Cheffe. - Fais une recherche sur les émissions récurrentes qui se terminent dans quatre semaines. - C'est inutile, Cheffe ; je peux tout vous expliquer. Hier j'ai rencontré cette femelle sympa dans un bar et on s'est embrassé sur la bouche. - Han ! Comme les Zuptilonines ! Dégueulasse ! - « Terriens », Cheffe. - Terriens, oui. Merci, Gnarl 102. - De rien, Cheffe. - Et donc, sale petit zuptilophile, tu l'as embrassé sur la bouche. Et... ? - Et je crains que je l'ai inséminé par erreur, Cheffe. Et donc d'ici quatre ou cinq semaines elle devrait pondre, Cheffe. C'est ma première portée, comprenez-moi. - Imbécile, 112 ! Tu crois que je vais déglutir tes algues ? - Cheffe : grille des programmes dans cinq semaines : finale de The Voice. - Tu es démasqué, 112 ! - Non, c'est faux ! - Cheffe, je l'ai vu l'autre jour essayer d'envoyer un vote par sms avec une antenne parabolique trafiquée. - Traître ! - En plus c'était pour voter pour Quentin. - Gnarl 120 ? - Euh, je crois... je suis pas sûr, je regarde pas ça, moi. - Tu parles que tu regardes pas ça, 120 ! T'es juste jaloux parce que Noémie n'a pas été sélectionnée avant hier ! - LES ENFANTS ! Les enfants ! Du calme, reprenez-vous. Prenez-vous par les pseudopodes et faites cercle autour de moi. De toute évidence, vos esprits ont été corrompus par la pollution hertzienne de Zupti... de la Terre. Ne voyez-vous pas que notre cause est juste ? Depuis lus d'un siècle, nous subissons les assauts répétés de leurs attaques ondulatoires. Depuis trop longtemps ils essaient de nous détruire en déversant sur tout le système zerrien... - On dit « système solaire », Cheffe. - … leurs émissions de radio et de télévision. Cette situation ne peut plus durer. C'est pourquoi nous devons aller chez eux et détruire leurs antennes et leur bouclier de satellites ! - Mais pourquoi avoir attendu si longtemps, Cheffe ? - C'est parce qu'ils ont arrêtés Plus Belle La Vie, Cheffe ? - ÇA SUFFIT ! Tous à vos postes ! On décolle immédiatement ! - OUI, CHEFFE ! »
Orbite zuptil... terrienne, le 29 janvier
« Gnarl 333, viens par là ! - Oui, Cheffe ! - Dis-moi, mon petit, tu le sais que tu es mon préféré ? Je sais pas pourquoi, je trouve que tu as toujours été différent de tous les autres. - Merci, Cheffe. - Est-ce que tu as préparé le petit discours d'invasion que je t'ai demandé ? - Bien sûr, Cheffe. Le voici, Cheffe. - C'est parfait. Tu peux retourner manger ta glace aux papillons. Gnarl 202 ? - Oui ? - Ouvre un canal pour que je puisse faire mon allocution guerrière à l'attention des Terriens. - Lequel, Cheffe ? - Je sais pas... un truc qu'ils écoutent souvent et qui diffuse des messages de propagandes 24 h 37 sur 24 h 37. - D'accord. BMF TV alors. Vous êtes à l'antenne dans 5, 4, 3, …, …, ... ! - Modestes habitants de la Terre. Je suis Cheffe, la cheftaine belligérante du Royaume usurier de Mars ! (sérieusement ? « usurier »?). Ahem ! Nous venons en guerre pour détruire vos moyens de télécommunications longue distance. Nous venons en guerre pour rétablir l'équilibre dans le système solaire. Depuis trop longtemps vous vous êtes montrés injustes et méchants (c'est peu de le dire). Depuis trop longtemps nous subissons les assauts répétés de vos téléréalités désinvoltes, de vos séries américaines stupides – sauf Magnum et l'Agence Tous Risques - de vos rubriques de sports idiots auxquels on ne comprend rien, même pas l'escrime. Nous venons aujourd'hui, non pas pour vous menacer mais pour agir. Nous venons aujourd'hui (mais c'est quoi cette syntaxe de merde ? Ils parlent vraiment comme ça sur leur planète à la con ?). D'ici quelques instants nous allons procéder à la destruction systématique de vos satellites de communication, de vos studios de télévision et de radio, ainsi que de vos usines de productions de missiles thermonucléaires, juste au cas où vous essayeriez de nous bombarder en représailles. D'ici quelques instants... rhoo merde à la fin ! Y'en a marre de ces anaphores ! 333 ? C'est quoi ce discours de merde ? - Cheffe, vous êtes toujours à l'antenne. - Ben coupe alors ! Imbécile ! »
Orbite terrienne, le 30 janvier
« Cheffe ? Les terriens nous ont adressé leur réponse. - Ah... - Ils disent, je cite : « … - Non, ça m'intéresse pas vraiment. J'ai plus envie. - De quoi, Cheffe ? - Ça suffit. On a merdé. On arrête ! - Oh... - Faut vous resaisir, Cheffe. C'est pas parce qu'ils ont renvoyé un stagiaire et rediffuser l'intégrale de Benny Hill pensant que votre message était un canular qu'il faut se laisser abattre comme ça. Je suis sûr qu'on peut leur faire entendre raison. - Ou bien leur faire tomber des squames de pseudopodes sur la tête. - Ou bien les forcer à écouter John Cage pendant 24 h 37 d'affilée. - Ou bien faire un nouveau discours encore plus stylistiquement raffiné. - Ou bien détruire la Maison Blanche, la Tour Eiffel, la Grande Muraille de Chine, la Tour de Pise et... et... et... la Fondation du Doute de Blois. - Ou bien les réduire en esclavage et les importer pour les manger. - Ou bien faire exploser un drapeau américain sur la Lune. - Ou bien modifier génétiquement des singes et des lézards géants pour qu'ils les écrabouillent. - Ou bien nous déguiser en lézards mutants pour les envahir, les réduire en esclavage, les tuer et les manger. - J'ai faim ! - Ou bien les enlever, les disséquer et leurs mettre des sondes dans le c.. - TAISEZ-VOUS ! J'arrive plus à réfléchir. - Cheffe ? - Oui, 102 ? - On vient de recevoir un sms sur l'écran. - Ça dit quoi ? - Je sais pas trop. Je crois que c'est une promo : pendant la durée de l'invasion martienne, pour deux pizzas achetées, une offerte. On fait quoi, Cheffe ? On se fait livrer ou on prend à emporter ? - Y'en aux algues ? - Moi je veux une aux saucisses d'oeufs de morue. - Et moi à la confiture ! - Et moi au kouign aman ! - C'est quoi ? - C'est un genre de pudding japonais. J'ai vu ça dans un manga. - Gnarl, 333 ? - Oui, Cheffe ? - J'ai envie de t'embrasser dans la bouche ! - D'accord, Cheffe. Moi aussi je vous aime, Cheffe. »
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