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 PHRaSÉViSueL [Archives]...2009

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MessageSujet: PHRaSÉViSueL [Archives]...2009   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 17 Mar - 20:22

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I1004136_Intro




Image cliquable, chaque nom d'équipe vous emmène sur leurs travaux.

Attention pour les petites connexions, il y a beaucoup d'images. Trois par post: une image d'entête, une image de pied de page et l'image de l'équipe.


Dernière édition par AsPhArOtH le Mer 28 Juil - 1:01, édité 22 fois
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MessageSujet: Tour 1 - Rock&Pampers   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 17 Mar - 20:57

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I927411_headerRockPampers

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Finishcj

Tahir rentrait de son travail, il arrivait comme à son habitude au village où il avait déposé tôt ce matin ses enfants à l'école. Lorsque derrière lui, plusieurs détonations sonnèrent l'arrivée d'un convoi composée de deux jeeps et d'un camion sur lesquels se tassaient nombres de rebelles armés, arborant des sourires d'une victoire déjà acquise et criant leur joie du butin occasionné. Un courant de panique gagna rapidement tout le village. Les cris de terreurs se mélangeait aux hurlements de fureur victorieuse tandis que les vrombissements des moteurs sonnaient la charge, emballée par les coups de feu. Tahir ne se retourna pas et couru avec les ailes de la peur pour arriver devant l'école. Il rentra dans l'unique salle de classe où ses enfant l'attendaient parmi d'autres, la peur dans le regard. Il prit la main des deux plus jeunes et leur ordonna à tous de courir puis sortirent au moment même où les jeunes du Revolutionary United Front, posèrent pied à terre et commencèrent leur jeu de massacre, chacun tirant selon ses envies viciées.

L'un d'entre eux l'aperçu et se dirigea vers lui d'un pas rapide, il interpela Tahir qui ne se retourna pas. L'enfant armé lui cria dessus, l'ordonnant de s'arrêter, entre deux insultes, ce qu'il ne fit pas. Plusieurs coups partirent, Nansi, la cadette s'écroula après avoir lâchée la main de son père Tahir qui s'immobilisa et se pencha sur sa fille sans vie. Il cria son nom comme un damné et finit par se tourner vers son meurtrier, le regard plein de haine. Il eut un moment d'hésitation, qui lui fut fatal. L'enfant brandit son arme vers lui et tira sans pitié, juste un sourire aux lèvres, un rire dérangé en coin. Le père s'écroula lui aussi, laissant deux orphelins qui furent absorbés par ce déchainement de violence. Le meurtrier les regarda avec un sourire cruel, il saisit le bras du plus vieux afin qu'il soit enrôlé et devenir son frère, et laissa l'autre, trop jeune, assommé et laissé pour mort. Leur convoi reprit alors sa route et se dirigea vers le prochain village. Un de ses compagnons d'arme l'appela par son nom, Sans Peur, et il grimpa dans le camion qui ne mit guère longtemps à faire le trajet.

Et le même schéma se répéta, les cris de jubilation et de terreur associés aux métaux hurlants et aux ronronnements mécaniques proposant ainsi une mélopée cacophonique. Plus tard viendrait le crépitement des flammes, l'odeur du sang, de la chair brûlée et de la désolation. Sans Peur n'y faisait presque plus attention, et sauta du camion lorsque celui-ci fut à l'arrêt. Il leva les yeux vers ces nuages noirs qui semaient le trouble dans cet océan azur, le temps se prêtait à leur jeu avec son humeur de plus en plus électrique. Autour de lui, ses compagnons poursuivaient les fuyards avec une jouissance perverse sous le regard de leur chef, des pleurs d'enfants déchiraient la scène, mêlés aux cris des femmes. Tout recommençait, une fois de plus, encore et encore. Sans Peur tira sur un vieillard qu'il croisa dans son jardin, puis sur plusieurs villageois, entrant dans une transe frénétique. Le besoin de tuer l'absorba dans son cercle vicieux.

Il se retrouva devant une jeune femme le visage marqué par la peur et l'étonnement lorsqu'elle le vit. Elle se précipita sur lui en criant quelque chose, Sans Peur tressaillit puis tira une salve mortelle dans un réflexe animal. La jeune femme recula sous les impacts se heurtant à une vieille voiture rouillée. Elle le regarda d'un air désolée, voulu prononcer un mot, mais s'affala au sol avec pour dernier aveux, un doux sourire. Elle ne se releva pas, de sa propre terre, plus jamais. Il est dit que sa couleur pourpre est imbibée de leur sang. On raconte également qu'elle retrouve toujours quiconque est née sous son regard. La gueule de son canon encore fumante, il ne bougea pas, paralysé. Quelques perles écarlates se marièrent harmonieusement sur le sol poussiéreux. Ils redeviendraient poussière et retourneraient à la terre qui les a vu naître, et il en a toujours été ainsi.

La légère brise étouffante qui les accompagnaient depuis l'aube s'amusait à soulever la poussière rouge ce qui créait une fine brume de rouille souillant tout sur son passage. Chaque grain virevoltait dans les airs tel la vie qui avait animé chacun de ses frères et ancêtres,. Toutes ces particules se répandirent au gré des mouvements qu'offrait le chaos environnant et tentaient de le prévenir du sort qui lui était réservé. Il n'en avait heureusement pas conscience, son innocence brisée s'était tant bien que mal reconstruite de manière superficielle pour lui voiler le regard d'un ruban de violence irrecevable mais acceptée. Son fil noir était maculé de sang, nectar infecte enraciné jusqu'aux tréfonds de son être ne pouvant désormais plus le quitter, au mieux le guider d'un doigt autoritaire et sans compassion.

Il la regarda, il l'avait connu un temps, mais ses souvenirs ne lui dévoilèrent que des images mouchetées de rouille lui donnant la migraine. Certaines d'entre elles lui revinrent brutalement à l'esprit jusqu'à l'abasourdir, il sortit sans aveux d'un rêve éveillé. Une balle perdue esquinta sa joue alors qu'il venait de réaliser l'ampleur de son propre désastre. Il avait mal, des goutes de sang perlèrent de sa joue tandis que ses larmes symbolisaient sa détresse. Ces deux sources de douleur se joignirent et finirent par s'éclater au sol. Son corps céda et il tomba à genou lâchant son arme qui tomba dans la flaque poisseuse et poussiéreuse tandis que les premières gouttes de pluie percutèrent le sol.

Saeisha fut sa sentence. Ce nom lui donna la nausée, et l'odeur de corps brûlé fut de trop, il vomit les restes d'un maigre repas et de la bile lui brûla la gorge. Il réalisa que ce corps, était celui de Saeisha, sa grande soeur qu'il n'avait pas vu depuis plus d'un an. Il serra les poings jusqu'au sang, rongé par une douleur intérieure insoutenable. Tout ce semblant de rêve militant, ces bonnes grâces que lui avait donné le commandant des rebelles, ces belles illusions de lutte révolutionnaire contre le gouvernement, ces bons souvenirs avec ses frères d'arme, tout vola en éclat pour n'être plus que tristesse et rancoeur. Toutes ces promesses devinrent les causes de son mal être grandissant, il hurla de toute ses forces, demandant au ciel « pourquoi ».

Il se souvenait de ce village, c'est ici que venait travailler sa grande soeur, il y allait souvent, avant. Sa voix douce et chaleureuse murmura dans sa tête, juste avant qu'il ne tire, Samsalu, c'était son vrai nom. Cette voiture appartenait à l'un de ses grands frères, triste témoin de l'ironie de son sort. Ce vieillard, le jardinier chez qui elle travaillait. Des chansons, des cris de joies, de la tendresse, de l'amour. Tout ces souvenirs toujours plus nombreux défilèrent dans sa tête et se mélangèrent dans un tourbillon infernal qu'il manqua de perdre conscience. Tout ceci, n'est plus, c'était avant. Avant d'être emmené comme le garçon prit de panique qui passa derrière lui, son âme implorant son innocence brisée et perdue d'avance.

L'un de ses aînés l'attrapa par le bras et l'obligea à se relever. Il lui intima de poursuivre le travail comme les autres, mais Sans Peur, ou plutôt Samsalu n'obéit pas, en proie à une déchirante confusion, dorénavant anéanti. Plusieurs coups le firent chuter dans la boue jusqu'à ce que le chef vienne lui même à son chevet. Il ordonna à l'aîné de poursuivre son travail et aida Sans Peur à se relever. Il eut droit à tout un sermon.


- Tu pleures ?

Il hocha fébrilement par la négative et reçu moult encouragements, félicitations et quelques tapes dans le dos. Sa chance tournait, il allait avoir l'honneur d'être capitaine. Il pourrait diriger une petite troupe de cinq confrères qu'il enverrait commettre un massacre pour lui. Et ce soir, la fête serait en partie pour lui. Il avait de la chance, ce soir, il sera vraiment un homme important pour ses compagnons.

Il demanda si c'était finit pour aujourd'hui, le chef lui répondit qu'il avait encore un village à visiter. Il s'en retourna vers la jeep alors que les hommes du villages pouvant servir aux mines diamantifères furent molestés et emmenés dans les camions, ainsi que les jeunes recrues. Sans Peur regardait sa soeur et ce village, il venait d'ouvrir les yeux. Il leur demanda pardon, à elle, à sa terre, à sa famille toute entière, à son village. Ses yeux inondés de larmes se fermèrent, il héla le chef qui se tourna vers lui.


- Oui.

Samsalu lui adressa un sourire serein et soulagé contrastant avec son regard plein de haine. L'illusion s'estompa, le rêve se dissipa, il ne lui restait qu'une chose. Il pressa la détente...

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MessageSujet: Tour 1 - Les Coucous From Hell   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 17 Mar - 21:06

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PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Phrasvisuel2009copy



J’entends Maman qui demande à Papa où je suis. Il lui répond que je suis dehors ; elle va m’appeler, c’est sûr. Jack. Jack. Jack.

« Jackal ! s’exclame-t-elle en défonçant presque la porte. J’émerge de ma cachette derrière l’arbre solitaire de la cour. T’as du pain sur la planche, alors amène-toi.

Je m’élance vers la maison mais elle a déjà refermé derrière elle. J’entre et me presse pour la rejoindre. Elle m’attend devant une fenêtre de la cuisine avec un savon et du papier journal. Elle ne prend même pas la peine de m’expliquer, même si je sais ce que je dois faire. Je grimpe péniblement sur l’évier, sous son regard pénétrant et fais couler un peu d’eau dedans. J’attrape délicatement le journal, le savonne et le trempe dans l’eau, avant de me retourner vers elle.

« Maman, pourquoi c’est toujours moi qui doit nettoyer les vitres ?
- Appelle-moi par mon prénom. Parce que chacun a sa corvée ici et que c’est à toi de faire ça.
- Mais Thomas n’a qu’à porter à manger aux chevaux, lui !
- Ne discute pas ! Thomas est plus jeune que toi, voila tout. Et dépêche toi de faire ces vitres, j’ai besoin de la place pour préparer à manger !

Elle tourne les talons et disparait dans une pièce voisine.
Plus jeune que moi. Il a un an de moins. Je frotte durement les vitres avec le papier, bouillonnant de rage. Je dois me retenir de ne pas m’énerver, sinon je risque de jeûner quelques jours, comme la dernière fois.
De mauvaise grâce, je fini ma longue et pénible besogne et file dehors. En sortant je jette le journal de toutes mes forces, mais je constate avec dépit que le vent le fait atterrir à mes pieds. Je le ramasse pour éviter encore une insupportable brimade et vais me terrer derrière l’arbre.
La vie est une injustice, me dis-je en pensée. Je ne suis ni l’aîné ni le dernier de ma
fratrie, et pourtant c’est moi qui écope des tâches les plus ingrates. J’obéis, je fais quelques bêtises, d’accord, mais je travaille correctement à l’école, et je n’embête pas mes frères et sœurs. Alors pourquoi ?

Après deux heures à ruminer contre l’arbre, les gargouillis de mon estomac finissent par m’arracher à mes réflexions et je rentre à la maison, dépité. Je trouve ma
mère en train de faire la vaisselle. Elle se retourne brièvement sans s’interrompre.

« Nous t’avons appelé plusieurs fois mais tu n’as pas répondu, alors nous avons commencé le repas. Tu n’avais qu’à venir, c’est tant pis pour toi. »

Comme foudroyé, je me fige et serre les poings. Son petit ton détaché me propulse au summum de la colère, et je dois me retenir de ne pas lui jeter quelque chose à la figure. Au bout de quelques secondes, je fais volte-face et sors à nouveau, cette fois sans ménager la porte d’entrée qui se referme dans un vacarme de tous les diables. Je traverse la cour en déversant ma rage, en oubliant tous les regrets que je risque d’avoir en rentrant. J’évince même de mon esprit la simple idée de rentrer un jour à la maison. Je dépasse l’arbre et sors de l’enceinte du ranch. C’est là, à quelques mètres du chemin, que se trouve l’endroit où mon père mets tout ce qu’il abandonne. D’antiques engins pour cultiver la terre, des morceaux de clôture en bois mangés par les termites, et même une vieille camionnette rouillée jusqu’au moteur. C’est un vrai cimetière, le cimetière des objets perdus, des choses oubliées, méprisées, abandonnées. Dans le fond… J’y trouve très bien ma place. Moi que mon père ignore, que ma mère persécute, que même mes frères et sœurs méprisent. Je suis comme le sable de ce désert, au mieux j’indiffère les personnes, au pire je les agace, je deviens une contrainte, un fardeau.
Je sens mes yeux qui me piquent. Mon
père m’a dit un jour qu’il n’y avait que les fillettes qui pleuraient. Qu’il aille au diable, j’abandonne la lutte et laisse couler les larmes sur mon visage ; ça me soulage un peu, même si ça ne change rien. Je m’étends à l’ombre d’un tas de débris ; j’espère peut-être me fondre à tout cela. Le ciel d’un bleu très pur est parsemé de nuages, allongés. Je sens le soleil et la chaleur qui m’assomment peu à peu, je ferme les yeux pour ne pas être aveuglé. J’imagine que je deviens un de ces nuages, que je ne suis plus rien, plus personne. Je me sens partir, quand soudain…

« Jackal ! me hurle ma mère, bientôt rejointe par mon père. Jackal, où que tu sois, viens vite par ici ! »

Je contracte fermement les paupières comme pour me transporter ailleurs. Mais ils continuent de m’appeler. « Jackal ! ». J’ai horreur de ce surnom moqueur qu’ils me donnent. A croire qu’ils le devinent d’ailleurs, car ils changent bientôt de ton. « Jack ! Jack, viens par ici ! ». Je rampe sous la camionnette pour ne pas qu’ils me remarquent. Et puis j’attends. J’attends de devenir cette chose insignifiante que je suis dans leur esprit, lorsqu’ils n’ont pas besoin de moi. Quelques minutes après, je les entends rentrer dans la maison. Je m’abandonne complètement sous la camionnette et m’endors sans tarder.

Le vent frais de la nuit qui tombe lentement, me réveille. Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, mais plusieurs heures apparemment. J’ouvre les paupières juste à temps pour ne pas me cogner le front dans la plaque de métal qui me couvre. C’est alors que je me fige en entendant la voix de mes parents. Ils parlent à voix basse, mais je parviens à comprendre ce qu’ils disent.

« Qu’est-ce qu’on va faire de ce gosse ? demande ma mère d’une voix grave.
- J’en sais rien. Quelle idée aussi tu as eu de vouloir en adopter un comme ça.
- C’est toi qui en voulais un ! réplique-t-elle en haussant la voix.
- On n’arrivait plus à en avoir, j'voulais un autre fils pour m’aider au ranch. J’ai jamais dit que j'voulais un nègre. »

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MessageSujet: Tour 1 - Grat Grat   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 17 Mar - 21:15

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I927424_headerGratGrat

S'il en est un pays où la pluie fait l'édredon de la population, c'est bien la vieille Angleterre. Humide par ses journées et torrentielle par ses nuits, nul habitant n'aurait vu le soleil ou la Voie Lactée, par delà les nuages. Car seuls venaient à leur rendre visite les oiseaux noirs du nord.


Alexander Hope était né dans la Londres des manières et du thé à l'hôpital Many Grace, aux premières grisailles de l'aube. Fils de buandière et de ferronnier, il entra dans le berceau entouré de bras chaleureux aux odeurs de métal chaud et de lavande. Il faisait bon humer pour le petit Hope, silencieux dès son début.
Son enfance se passa au milieu de la banlieue de briques rouges, il avait deux passions, la propreté et la mécanique. Deux choses qu'il avait hérité de ses parents et qui faisaient leur fierté, la reconnaissance fidèle d'un fils pour ses valeurs originelles. Sauf qu'il est un fait malheureux que de mêler la main douce de l'éponge à celle brune de l'écrou, car nulle autre association ne saurait mieux donner fil à retordre que celle-ci. Lorsque que le jeune Hope nettoyait méticuleusement le sol de sa chambre voilà qu'il se prenait à huiler sa grosse montre et tout tacher de gouttes grasses.

Mais rien ne put le décourager. Impitoyable envers la crasse il apprit à manier les balais et laver les vitres en moins de temps et au meilleur effet que quiconque, tandis que son talent pour la soudure et la forge enchantaient son père. Aussi, il parut naturel pour Alexander de s'inscrire comme Laveur-maréchal-ferrant sur les listes de demande d'emploi de son quartier.

Malheureusement, après un mois d'attente impatiente, ce fut la réponse négative d'un responsable administratif qui lui parvint par lettre. Ce dernier, amer, jugeait la demande tout à fait inapte à être reçue et donc rejetée des listes, un tel métier n'existait pas et qu'« Il n'était pas besoin d'être diplômé de Harvard pour comprendre que le travail était quelque chose de sérieux et impropre à la versatilité ». Les parents Hope furent beaucoup déçus quand ils apprirent la nouvelle et pleurèrent à chaudes larmes pour leur petit. Alexander pour sa part accueillit la foudre du responsable avec stoïcisme et resta longtemps à réfléchir sur son sort allongé dans l'herbe.

Il resta ainsi pendant un jour et une nuit, à contempler le ciel nuageux tout en se demandant ce qu'il ferait de son avenir. Et à la fin de ce temps là il se releva et sembla avoir décidé ce la manière dont il mènerait sa vie. Sans en souffler mot ni à ses parents, ni à ses amis il prit la décision qui fut le tournant de sa vie.
C'est comme cela que Mr Hope se lança dans une entreprise incompréhensible pour tous ses proches, il commença à construire une énorme et étrange machine dans son jardin. Réquisitionnant tout ce que les gens n'utilisaient pas, ses voisins le croisaient parfois dans les rues alors qu'il quêtait des objets laissés à l'abandon. Le moindre écrou, la moindre planche passait entre ses mains précautionneuse alors qu'il les ramassait fébrilement ces fragments de son grand projet.

Au fil des années qui passaient, l'appareil devenait toujours plus grand. Il faut dire que Mr Hope avait entièrement démonté sa propre maison pour la greffer dessus, transformant sa machine en une construction excentrique aux tuiles apparentes et aux briques rouges. Et comme un projet de cette envergure ne pouvait passer inaperçu, les grandes instances ne tardèrent pas à venir rendre visite à ce curieux architecte. D'abord ce furent les journalistes qui pointèrent le bout de leurs caméras et voulurent interviewer Mr Hope, mais il resta silencieux sur les bobines, imperturbable à la tâche. Mais les journaux ne se formalisèrent pas de ce mutisme et bientôt la nouvelle se propagea dans le pays à propos de cet homme et de son appareil extraordinaire, émouvant portrait.

Ensuite ce furent les investisseurs qui vinrent proposer leurs budgets en échange d'une part sur les éventuels bénéfices produits. Mais ils se retrouvèrent eux aussi face à un mur de silence, malgré les offres toujours plus juteuses qu'ils proposaient. Enfin, ce sont les militaires qui débarquèrent dans le jardin encombré de Mr Hope, voulant lui imposer de leur confier les plans de son oeuvre pour qu'ils puissent les analyser et quantifier le danger potentiel qu'il pouvait représenter. Mais ils durent se faire à l'idée que la composition anarchique n'avait aucune règle apparente, ni aucun code écrit quelque part. Il semblait que tout tenait par un heureux hasard.

Tout le monde finit par se désintéresser d'Alexander, la presse l'oublia, les investisseurs passèrent à des projets plus intéressants et l'armée s'embarqua pour le Moyen Orient. Et le temps passa. Et Mr Hope devint vieux. Toujours actif dans son jardin chaque jour plus encombré, il ajoutait les pièces à fur et à mesure que les rides envahissaient son visage sérieux. La construction se ralentit jusqu'à ce qu'il pose l'ultime engrenage d'une main fragile.

Alors, son regard se posa sur le ciel gris et s'éclaira pour la première fois depuis très longtemps, Mr Hope activa la machine qui, dans un hurlement sourd, commença son oeuvre. Le grincement et les bruits alertèrent les voisins qui descendirent dans la rue en une petite foule inquiète et caquetante. Au bout d'un instant, sortit de l'appareil gargantuesque un long sifflement ressemblant à celui d'une bouilloire surchauffée et une tout aussi gargantuesque bourrasque s'échappa de son ventre pour se diriger vers les cieux. Le vent mécanique souffla comme un coup de balai furieux les nuages obstruant le ciel, révélant le soleil, jusque là confiné, aux yeux des habitants de la ville.

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I807161_phras

L'astre solaire prodigua sa chaleur paternelle aux hommes qui clignèrent des paupières, éberlués face à un tel prodige. Et chacun sourit, heureux de sa bonne fortune, et ils chantèrent tous pour célébrer l'évènement. Toute la journée, ils firent la fête sans plus se préoccuper de rien, tels des aveugles à qui on aurait rendu la vue.

Mais lorsque la nuit pointa, les voisins de Mr Hope qui récupérèrent leurs esprits et vinrent lui rendre visite le découvrirent mort à côté de sa machine, un sourire béat aux lèvres. Cet homme avait passé sa vie à créer, contre les attentes de chacun, un formidable appareil pour rendre le sourire au gens et leur donnant le ciel bleu qui tapissait sa tête. Une belle stèle commémorative fut dressée devant sa machine, dans son jardin quelques jours plus tard.


« A la mémoire de l'inventeur du ciel bleu. Merci. »

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I927423_footerGratGrat
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MessageSujet: Tour 1 - Roses roses   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 17 Mar - 21:21

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I927427_headerRosesRoses

Sur la falaise


Tout était transparent. Le souffle d'un homme me collait le canon d'un revolver entre les omoplates, produisant un léger plissement orangé-clair et les incessants passagers m'oppressaient tels une prison transparente. J'étais noyé sous les flots de cette mer de murmures.
Chaque personne possède un souffle différent, qui en dit plus que de longs discours sur lui-même, immuable dans sa forme primale.
Alors que l'on descendait du grondement aux nuances marrons, une voix sans couleur, celle du souffle orangé-clair, vint me secourir ; elle désirait nos crissements de papier et nos tintements de nickel ; peu leur importait la couleur. Je trouve pourtant si jolis ceux qui produisent une douce harmonie de jaunes et de verts, virevoltant en vagues incertaines.
Plus loin, je voyais les incertitudes des animaux, le froissement de la terre, la caresse d'une brise sur le rouge-vif d'un oiseau. C'est dans cet ensemble de sons si différents de la peur transparente ou de l'empressement incolore que nous nous étions arrêtés. Sur une falaise.
Soudain, il m'interpela : "Eh toi, l'aveugle, viens par ici."


PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Gnagna2


Sa voix avait légèrement changé de teinte. Elle demeurait sans couleur, mais brillait très légèrement, comme vernie au milieu des arabesques colorées des phonèmes.
Mes pas produisaient un léger crissement verdâtre et sinueux, rejoignant peu à peu le claquement mécanique et terne des chaussures de l'un de nos ravisseurs. Je suis une Aspi légère et j'ai une voix chantante bleue turquoise-brillante, ce qui sembla surprendre le souffle orangé-clair qui devint l'espace d'un instant légèrement plus foncé et plus épais dans la mosaïque de mes couleurs.
"Pourquoi tu souris comme un demeuré, l'aveugle ?"
"Ce n'est pas parce que je ne vois pas comme vous voyez que je suis aveugle. Voyez-vous ce bruissement bleu d'un arbre caressé par la brise, au loin ? Il est beau, n'est ce pas ? Ce bleu est magnifique. Il se découpe en de grandes circonvolutions étincelantes, naviguant tel un prince au milieu de la forêt. A quoi vous fait-il penser, vous ? Moi c'est à l'eau. Pas à cause de la fausse couleur que vous lui prêtez, non, pas l'eau de la mer, qui est d'un blanc fade presque transparent, mais bien celle de la rivière, qui ruissèle et virevolte comme cet arbre au milieu de l'harmonie paisible d'une forêt multicolore."
Le souffle était devenu plus brillant, attentif à ma musique bleutée.
"Suis-je donc aveugle ?"
Il n'avait pas parlé, mais j'avais à l'évidence exprimé ce que lui-même, pour d'autres raisons, était en train de se demander.
"Je ne vois pas votre arbre" trancha-t-il, faussement dur.
Les phonèmes de sa phrase semblaient me supplier de lui parler encore de l'arbre, de m'en dire plus sur notre mosaïque de sons colorés. Loin de me croire folle, il essayait de distinguer l'arbre au bleu merveilleux ; je l'entendais tourner la tête, crisser des paupières, produire son souffle orangé-clair qui prenait des teintes violettes à ses bordures.
"C'est un hêtre. Les hêtres sont souvent bleus. Mais celui-ci semble avoir chanté si longtemps son bleu qu'il en est devenu brillant, imposant son être au reste du monde. Il est pourtant si sombre. C'est ça qui fait sa beauté.
- Comment peut-il briller en étant sombre à la fois ?
- Je ne sais comment vous faire partager ceci. Sa couleur est sombre, mais il brille à la fois. De derrière lui surgit, telle ce que vous nommeriez une auréole ou un aura, une lumière qui illumine la nuit de son bleu. Mais la synesthésie est ineffable. Comment vous décrire la mosaïque de couleur que je perçois par les sons ? En cet instant, le hêtre prend une place dominante dans cette peinture musicale. Il encercle, s'immisce et enlace tous les autres bruits de la forêt."
Alors que je lui donnais mes derniers tintements, le souffle était devenu entièrement violet, teinté de bleu.


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MessageSujet: Tour 1 - Lez'Oies Pintur0phages   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 17 Mar - 21:38

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I927436_headerLezOies

« Vu d’ici, la lune ressemble à un œil. Un œil gigantesque. Le regard d’un monstre. Une créature, couchée dans l’obscurité, prête à bondir sur la Terre. Camouflé par l’ombre, camouflé par l’espace. Semblant ne pas être. Et pourtant, omniprésente.
Tu me ressembles tellement, petite planète. Ce château semble hanté. Un monstre rode à l’intérieur. À chaque pas, je sens sa présence. À chaque pas, il rampe derrière moi. Où que j’aille, il parvient à me suivre. Au plus profond de cette demeure, son souffle transperce les murs. Mais il n’attaque jamais. Il se joue de moi. Il joue avec moi. Je ne suis qu’une marionnette à ses yeux. Viendra un jour où le monstre se lassera. Un jour où il me tuera. Chaque matin, je me lève, sachant que le moment approche. Je ne vois aucun moyen d’entraver sa route… J’ai peur. »



PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Phrasa13

La petite fille se tenait assise sur la balustrade, Ses yeux tournés vers la lune. L’astre trônait haut dans le ciel. Ciel pur. Ciel noir. Quelques audacieux nuages vagabondaient dans cette obscurité. Seules les étoiles se présentaient, ci et là, piquetant la voute céleste de quelques diamants. Une nuit comme les autres. Seul un élément différait des soirs habituels. La Lune brulait. D’innombrables rayons écarlates jaillissaient du satellite, plongeant la campagne dans un brasier sanglant. La gamine regardait l’astre, la lèvre tremblante, le visage pétrifié. Terrorisée.

« Le mon… monstre est en colère… Il va bondir. Son œil brille de haine. Le mien pense t-il pareil ? Mon ennemi attaquerait t-il ce soir ? Pitié… Pas ce soir… J’ai tant de choses à faire… »

Mïwéna était un enfant comme les autres. Empli de craintes. De croyances. De fantômes. De rêves. Elle ne pouvait s’empêcher de sortir la nuit. Tous les soirs, elle se glissait hors de l’abri, trompant la vigilance de ses proches. Défiant le monstre. Elle-même ne pouvait expliquer ses actes. Une pulsion incontrôlable. Voulait-elle observer la lune ? Voir la créature ? La combattre ? Folies.
À la nuit tombante, la jeune fille jouait avec sa vie. Elle filait, aussi vite que possible, au sommet de la plus haute tour du château. Ce n’est qu’une fois là haut que la peur la prenait. Elle lui tordait les entrailles, lui broyait le cœur. Pourtant, il fallait repartir. Retourner en bas. Dans sa chambre. Mais aussi, repasser dans SON territoire. Chaque nuit, elle survivait. Chaque nuit, elle recommençait.

« Sera-t-il la ? M’attend-il ? Tapi dans un coin, les crocs sanguinolents, les sens à l’affut, attendant l’instant propice… Humant mon odeur, préparant l’assaut… Je ne peux rester jusqu'à l’aube… L’autre œil va venir, et lui, lui me verra… ».


L’enfant descendit de son promontoire. L’immense porte en chêne se tenait devant elle. La pousser équivaudrait à revenir sur SES terres. Elle ne connaissait que deux refuges. Le toit. L’abri. Dehors, c’était l’antre des monstres de la forêt. Infranchissable. Mïwéna ne se faisait point d’illusions. Ce château était une prison. Le geôlier, un tueur.

« Une chose est sure. Il est immense : Je les ai vus, les couloirs gigantesques. Les portes titanesques. Les marques sur le bois. Chaque entaille faisait ma taille... ».


Elle n’était qu’une lilliputienne dans la demeure des géants.
Un dernier regard. Un soupir. Un frisson. La jeune fille se glissa dans l’escalier.

~

« J’ai faim… » Deux yeux dans le noir. « Ou est tu? ». Crocs acérés. Griffes écarlates. « Mon jouet ? J’ai besoin de toi ! ». Pupilles ensanglantés. « Viens voir papa, petite fille… » Lui. Tapi dans la nuit, le monstre chantonnait. Il avançait lentement, cherchant une proie. Soudain, il se dressa. Huma l’air. « Je te sens… ».

Il disparut, laissant quelques poils derrière lui. En un battement de cœur, il avait eu le temps de s’élancer dans le couloir. Le vent sifflait à ses oreilles. Il savait ou elle était. Il lui fallut peu de temps pour rejoindre l’escalier. Quelques marches plus haut, une forme indistincte descendait les marches. Le monstre sourit, dévoilant une superbe rangée de crocs. La chasse commençait.

~

Mïwéna le vit immédiatement. Des dents étincelantes. Un regard rouge, au bas des marches. Un regard parfaitement compréhensible. Le regard qu’a un loup pour une brebis égarée. Il n’y aurait pas de pourparlers, de négociation, de compromis. Elle finirait en steak, un point c’est tout. Pas de stade intermédiaire. Elle le savait. On ne négocie pas avec la mort. Seule la fuite semblait être une option plausible, quoi qu’incertaine. Néanmoins, il fallait surprendre la bête…

Mïwéna s’accroupit sur le sol, rassemblant toute son énergie dans ses jambes. Quelques secondes filèrent. Nonobstant la taille du monstre, sa condition physique, la taille de ses crocs, Elle lui bondit dessus. Lequel fut légèrement surpris. C’est le genre de stratégie de auquel l’on ne s’attend pas. Hésitation. Réaction. La griffe siffla dans les airs. Trancha le vide. Mïwéna avait eu le temps de se rétablir. Puis de ficher le camp. Il sourit. En fin de compte, la poursuite promettait d’être amusante.

« La galerie des glaces. Je suis encore loin de l’abri. Il faut trouver un moyen. Se cacher. »


Quelques minutes s’étaient écoulées depuis la passe de l’escalier. À multiples reprises, elle lui avait échappé de justesse.Il courrait encore derrière elle. Elle devait s’abriter. Une idée jaillit. La jeune fille se plaqua contre l’un des innombrables miroirs qui recouvrait le couloir. Les quelques torches accrochés aux murs émettaient assez de lumière pour démultiplier son image. Il y avait à présent des milliers de Mïwéna dans la salle. Le monstre s’arrêta à quelques pas d’elle. L’univers se figea.

~

« Tu as oublié ton odeur… »
Une griffe fusa. S’enfonça dans la chair.

~

Elle ne se souvenait plus. Elle lui avait échappé. Mais comment ? Et à quel prix... ? Une large entaille déchirait son abdomen. L’un de ses membres avait fichu le camp en route. Une rivière d’hémoglobine s’écoulait de son moignon. L’enfant gémit. Avec son sang, c’est sa vie qui partait. Sa robe blanche prenait la couleur de la mort. Son visage palissait. Un voile obscurcissait ses yeux. La vie elle-même devenait rouge.
Un feulement de rage retentit. Le monstre griffait les murs, cherchant sa proie. Elle avait découvert un passage. Une voie entre les parois… La jeune fille s’arrêta un instant. Ses pensées se perdaient. Il lui fallait parler pour se comprendre. Tout en crachotant du sang, Mïwéna entama un long murmure, discutant une dernière fois, avec elle-même.

« Kof, kof… C’est bête, hein ? Le passage tant… Recherché, juste là. Et je ne le… Trouve que le jour de ma mort. C’est rageant… Au moins j’ai une consolation. Il ne me mangera… Pas. Il ne me trouvera jamais… Ici. Mes derniers instants… Dans un lieu inconnu… De tous. Mes proches ne seront… Jamais ce que… Je suis devenu… »

La jeune fille observa les alentours… Du noir. Du rouge. Une touche de blanc. Lumière. Elle se traina vers cet endroit. Lentement. Laissant un flot de sang sous ses pas. Encore un peu. Quelques pas pour y arriver. Elle tendit la main. Et chut. Le vide. Une descente interminable. Choc. Craquement. Plusieurs cotes cédèrent. Un bras se brisa. Cri. Gémissements. Dans un éclair de lucidité, Mïwéna regarda autour d’elle. La lune illuminait le sol. Un jardin gigantesque. Des arbres d’automnes. Rouge. Orange. Ecarlate. Marron. Brun. Des brins d’or l’entouraient. Les étoiles l’observaient...

« Est-ce cela, le paradis… ? »

Dernier soupir. Ses yeux se fermèrent. Le corps lacéré gisait au milieu du jardin, petite tache blanche au cœur des arbres. Ce qu’il advient de l’esprit, nul ne le sait. Pour le corps, c’est une toute autre histoire. Le monstre s’avança. Plus quelques pas. Hélas, un obstacle restait. Un mur de glace. Il ne pouvait passer cette baie vitrée. Elle restait hors de portée. Tant pis. Il ne mangerait pas de souris ce soir…

« Miaou ? »

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MessageSujet: Tour 1 - Les Plumes Libres   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 17 Mar - 21:53

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PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Sans-t10

Citation :
La Nuit Rouge.


21h18.

Tu t'avances dans la galerie, le bas de ta longue robe rouge glissant silencieusement sur le marbre. Tu tiens un livre à la main, La Nuit Rouge, d'Isham Praveitz. Absorbée par ce qui semble être un livre d'amour, tu es déjà arrivée à la vingt-troisième page, et tu marches sans prêter attention à ton reflet dans les glaces tapissant les murs : C'est dommage, tu pourrais ainsi voir l'intérêt éclairer tes grands yeux noirs habituellement si sombres. Tu pourrais voir ta respiration faire tressauter ta poitrine de temps en temps, et tes longs cheveux roux clair suivre le mouvement.
Il était une fois – parce que tous les livres commencent de cette manière – une jeune femme. Une jeune femme un peu comme toi, qui vit passionnément ses histoires et ses sentiments. Une demoiselle qui vit dans un château comme le tien. Seule. Perdue.


23h07.

Page 154. Tu t'es dirigée vers le parc, pour lire les lignes de ton roman à la lumière du lampadaire qui éclaire les saules pleureurs. Tu aimes énormément cet endroit, qui te rappelle tellement de souvenirs. Les baisers de Paul, ses bras, son rire. Ses larmes, sa souffrance. Parallèlement, tu découvres l'endroit préféré de Cassandre, ton héroïne : Un lac, entouré de saules pleureurs. Le lieu où plus que tout elle aime passer ses soirées à se rappeler Antoine. Le héros.
Etrange, cette façon qu'ont les deux histoires de se recouper et de se mélanger. Tu poses le livre sur tes genoux et regardes la couverture rouge sang sans la voir. Tu réfléchis : Quand tu lis Cassandre, tu te vois, toi. Antoine commence de plus en plus à ressembler à Paul dans ton esprit embrumé, passionné par cette histoire qui te touche profondément. Paul … Ses yeux gris te manquent, mais déjà leur forme commence à s'effacer, tellement le souvenir s'éloigne. Il est parti depuis si longtemps ! Comme Antoine, d'ailleurs. Tu vois la ressemblance ? Cassandre et toi vivez les mêmes peines, à des époques différentes. Cette femme …
Mais tu reprends ta lecture.


01h54.

Page 404. Tu ne peux plus détacher tes yeux des lignes imprimées. Ces mots sont ta drogue, ta seule raison de vivre. Tu oses à peine cligner des paupières, et les larmes coulent sur tes joues. Un mélange de fatigue, de rêve et d'espoirs perdus. Paul, Antoine, Cassandre, tout s'intervertit dans ta tête. Cassandre, c'est toi. Cette histoire, c'est la tienne. Tu vis dans son château, avec Antoine – Paul, et vous filez un amour parfait. Vous vivez les mêmes choses : Le mariage dans le parc, Nathan, le bébé, mort à huit mois de la grippe espagnole, et Antoine qui l'attrape peu après. Même chronologie, mêmes faits, même chute. Tu sens arriver la déchéance comme si tu avais écrit le livre toi-même. Tu pleures pour Cassandre qui ne pressent pas encore la fin qui se profile. Tu voudrais fermer le livre pour ne pas lire ce qui va arriver, et imaginer Antoine toujours en vie, mais tu ne peux pas. Ce dénouement que tu n'aurais souhaité à personne, le voilà qui arrive, gravé noir sur blanc et à jamais.


06h45.

Tu refermes le livre, le visage inondé de ces larmes qui n'arrêtent pas de couler. Tu pleures Antoine, Paul, Nathan et ton propre enfant perdu trop tôt. Comme si tu avais revécu toutes ces souffrances, enduré à nouveau le désespoir, la maladie et la mort. Tu sens revenir l'odeur du cognac que tu buvais tous les soirs pendant que ton mari gardait le lit. Cassandre était au Porto, mais au final ça reste un détail. Les lignes directrices sont conservées, jusqu'à la grippe espagnole et la mort de l'enfant à huit mois.

Tu as passé la nuit sur ce livre. La Nuit Rouge, voilà un titre parfaitement trouvé. Cet ouvrage, c'est Paul qui te l'avait offert, la veille de sa mort. Il aurait aussi bien pu s'appeler Prophétie que c'eût été la même chose. Machinalement, tu ouvres à nouveau le roman, et poses tes yeux sur la troisième de couverture. Les yeux embrouillés, tu parviens tout de même à distinguer une ligne manuscrite, en bas à droite, que tu n'avais pas vue avant.

'Justine, après la nuit, apparaît l'aube.'

Phrase stupide. Ca fait maintenant deux ans que ta nuit à toi ne s'est pas éclairée.

Alors tu refermes le livre, calmement. Et tu le jettes dans la mare devant toi.
Il est temps maintenant d'avancer.

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MessageSujet: Tour 1 - Wolong   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeDim 9 Mai - 19:58

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PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Phrasevisuel2

Madame Nerbas, de loin elle avait bien l’allure d’une personne âgée: le dos courbé, les cheveux blancs attachés en chignon.Mais elle n'était pas banale. Pour moi, elle était une mine de découvertes, d'aventures. Un réceptacle d'histoires. Un livre grand ouvert qui vous fait passer par toutes les émotions.
La grand-mère rêvée, boule de douceur et de gentillesse. Bien qu’elle n’en ait pas le statut, elle était pour moi comme une grand-mère.

Ce qui la distinguait de toutes les autres c'était surtout son habillement.
Toujours vêtue de vert. Toute la palette, du très clair anis au sombre forêt. C'est-ce qui m’avait frappé chez elle. C'est-ce qui m’avait intrigué. C'est-ce qui m’avait attiré.

Je me rappellerai toujours de ce long manteau et de cette écharpe en laine verte.

Tel un animal sauvage, je me faisais apprivoiser. Je l'observais tout d’abord du coin de l'œil. Cette dame nature. Elle serait toujours plus vieille et sage que moi.
Même petit, elle était déjà ainsi.
Elle portait sur son visage les stigmates de son age mais cela ne la rendait pas hideuse. Au contraire, c’était comme un livre, un parchemin parsemé d’écritures marquant l’histoire.
Avec le temps et devant ses multiples attentions je m’enhardis. Chaque matin en passant devant ma maison, elle s’arrêtait un bref instant et me faisait un salut de la main lorsque je l’observai au coin de la fenêtre me cachant à moitié derrière le rideau. Petit à petit je lui renvoya son salut. Je la croisais lors de sa promenade habituelle. Ma maison était une de ces étapes, ensuite elle se lançait corps et âme dans le chemin du verger.

Au début, je me mis tout simplement à la suivre discrètement, me cachant derrière les buissons puis je me mis à sa hauteur et l'accompagna durant ces ballades. Je devins son compagnon. Au départ je me comportai comme un chien fou puis m’adapta à son rythme, jusqu’à marcher à son allure, à ses cotés.
J'étais une seconde canne, celle qui soutenait sa solitude. L’autre canne l’aidait à marcher. Certes elle était amoindrie mais on pouvait toujours déceler en elle une vitalité inassouvie. Son regard pétillait de jeunesse et en même temps on pouvait y lire tout son passé.

Ses grands yeux verts sombres exprimaient ses émotions : ses yeux brillaient de milles éclats lorsqu’elle riait. Pendant que nous discutions, je lisais ses expressions à travers ses regards. Je pouvais y découvrir ses regrets, une tristesse passée malgré toute la joie qu’elle essayait de me transmettre chaque jour.
Je l’appelais Dame Rainette. Quand je lui avais dit la première fois elle avait réagi par un grand éclat de rire. Je lui expliquai qu’elle me faisait penser à une grenouille, avec sa panoplie verte.

Plus tard quand l’adolescence fut venue, je ne manquais aucun de ses rendez-vous, malgré les moqueries de mes amis. Je gardais cette habitude, j’aimais ce moment consacré à la promenade avec elle. J’y voyais toujours une occasion d’apprendre, de m’émouvoir.

La question était toujours d’actualité. Pourquoi toujours en vert? Pourquoi cette couleur? Il n’y a pas que moi qui me posait la question. C’était l’attraction du village.
La devinette éternelle. La sempiternelle question. Mais à chaque fois qu’on l’interrogeait. Elle éludait la question en riant comme une enfant.

Je l’accompagnais toujours, ces promenades devinrent avec le temps moins longues.
Puis je partis, faire ma vie. Mais je revenais toujours à la saison blanche, et dédiais un jour avec elle. On refaisait une promenade tous deux, l’un à côté de l’autre. Son habit verdure contrastant avec la neige recouvrant toute la nature. Elle était comme une rebelle, comme la réponse de la nature à l’étouffement.

Par la suite je venais toujours la chercher. Je récupérais la clef caché sous le pot de la fougère. Je frappais deux coups, tournais la clé puis entrais. Elle était toujours prête. Même quand je ne précisais pas l’heure à laquelle je devais venir la chercher. Déjà préparée, revêtue de son manteau vert pomme. Il ne manquait plus que la fameuse écharpe tricotée, accrochée au porte manteau. Au début c'était elle qui la mettait. Désormais elle ne portait plus l’écharpe verte, elle la prenait a chaque fois en sortant mais me la tendait pour que je l’enroule autour de mon coup. Je protestais. Elle allait prendre froid, ce n’était pas raisonnable ! Elle me faisait taire d’un geste de la main et me couvrait le nez avec le haut de l’écharpe en laine. C’était devenu un nouveau rituel. A chaque promenade, je la portais.
Mais à chaque retour, je me faisais un devoir de lui redonner avec respect, elle récupérait l’écharpe et l’accrochait au porte manteau et me disait a bientôt.

Ce matin, le rituel fut brisé. Elle ne répondit pas à mon appel. Je me suis interrogé, inquiété. Je suis allé enquêter auprès du voisinage c’est là que j’ai appris la lourde vérité. Elle était morte il y a un mois. De la belle mort me dirent-ils. Chez elle. Une crise cardiaque, elle n’avait rien senti. La famille n’était pas encore revenu dans le pays pour récupérer ses affaires.
Je ne comprenais pas. Elle avait une famille, c'était la première fois que j’en entendais parler. Durant toutes les discussions que nous avions eu il n’en avait jamais été question.

Et elle n'était plus là, qui allait verdir le paysage désormais?

Je me précipitai dans le sentier menant à la maison, plus d’une fois parcouru. Je saisis la clef fébrilement, ouvris la porte et me confronta à un mur de silence. Rien ne bougeait. J'appelai Rainette. Aucune réponse.

Son manteau n'était pas posé, il n'y avait que l’écharpe, dernière trace de son existence. Elle était là posé tel une offrande, avec un post-it vert anis collé dessus.
Elle avait laissé un mot, des mots écrits comme à l'école : "C'est le moment. Je suis arrivée à maturation. Je n'en ai plus besoin. Elle est à toi."

Je pris l'écharpe. Elle avait disparu, toute de verte vêtue. Je repris le chemin du sentier, refaisant la ballade habituelle.
Et je m’arrêtai sur ce banc, ou nous nous étions tant assis.
Verte. Pas encore mure , c’était donc ça le mystère.
Au souvenir de ses prunelles émeraudes, un sourire s'étira sur son visage baigné de larmes.

Finalement elle avait été cueilli et maintenant c’est lui qui se sentait vieilli.


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Dernière édition par AsPhArOtH le Dim 9 Mai - 21:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Tour 1 - Sphyrène   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeDim 9 Mai - 21:07

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Headersphyrne
SALE REUNION


L’année : 2022
L’endroit : New York
La population : 40 000 000

Meadows relisait le rapport du vice-directeur Simonson.

Il le connaissait pratiquement par cœur pour l’avoir lu en long et en large ces dix derniers jours. Cependant il n’arrivait toujours pas à se remettre du choc.

C’était impensable. Et pourtant les faits étaient là. Alignés en colonnes et en schémas dans les quelques huit cent pages des annexes de l’Observatoire Océanographique : les océans étaient morts, terrassés par la pollution de dizaine de milliards d’humains.

Meadows soupira bruyamment. « Le pouvoir est un jeu solitaire ». Il se rappelait les cours de management de Yale. Mais aucun livre, aucun enseignement, aussi excellent soit-il, n’aurait pu le préparer à tant de solitude.
D’ici quelques minutes, il devrait présenter au conseil d’administration de la Compagnie, leur nouveau produit commercial : un composé nutritif riche en protéines et oligo-éléments, issu du plancton.

La campagne publicitaire était d’ailleurs fin prête et les premières affiches pourraient être placardées dans les rues de New York d’ici quelques jours. La mégapole américaine avait été choisie pour servir de test à ce nouveau produit.

Meadows, sentait un creux au fond de son ventre. Il n’avait jamais été aussi stressé, pourtant ça ne serait pas son premier exposé devant le gotha. Depuis qu’il était cadre chez Soylent, il avait pris l’habitude des mondanités et des réunions de travail. Son boulot faisait de lui un nanti, un dieu parmi les hommes. Pourtant aujourd’hui, il craignait de céder sous le poids de la responsabilité.

Il prit un fruit dans la corbeille posée dans un coin de la pièce. Il l’examina un instant. C’était une poire. Il avait toujours trouvé naturel de manger des fruits quand bon lui semblait. C’était tout le paradoxe de sa situation : les fabriquants de substituts nutritionnels, mangeaient eux, de vrais aliments.

Il reposa le fruit, mal à l’aise, pour ensuite se diriger vers la console de rétroprojection.

Il tapota la commande et fit défiler le programme « mortuaire ». Il arrêta l’image sur un ciel rouge flamboyant. Les couleurs lui paraissaient surnaturelles. Il n’avait jamais vu un ciel comme celui-là. C’était un crépuscule comme le Monde n’en avait pas vu depuis des décennies. On aurait dit que les nuages étaient en feu. Le contraste entre le rougeoiement des nuages, l’azur et la fraîcheur des arbres encore bien verts le fascinait.

Il sortit à grand peine de sa rêverie lorsqu’un téléphone tinta sur la table de réunion. Meadows décrocha et écouta. Une secrétaire lui annonçait que les membres du Conseil d’administration étaient arrivés et qu’ils s’apprêtaient à venir le rejoindre.

Le jeune homme raccrocha laconiquement. Il resserra le nœud de sa cravate et prit un instant pour bien observer la salle. Le mobilier ultra-moderne était confortable et affichait très ostensiblement le goût de la société pour le luxe. Des fenêtres, filtrait la lumière verdâtre de l’atmosphère polluée de la ville. A cette hauteur, ils dominaient toute l’île de Manhattan, autrement dit le Monde entier.

Meadows respira lentement pour faire baisser sa tension.

La grande porte s’ouvrit et les premiers administrateurs entrèrent.

La réunion pouvait commencer.

Très vite il se rendit compte que son auditoire était conquis d’avance. Tous étaient très enthousiastes et excités par ce projet. Meadows se demandait d’ailleurs s’ils en avaient bien compris les réels tenants et aboutissants. Mais il se laissa vite gagner par l’euphorie et l’ambiance surréaliste.

Il présenta le rapport Simonson dans ses grandes lignes : le Soylent Vert serait le troisième produit de la gamme Soylent. Il serait distribué tout d’abord une fois par semaine, le mardi, à la population urbaine. La propagande commerciale annoncerait l’arrivée sur le marché de ce produit miracle, à grand renfort de spots et de slogans, vantant les bienfaits du plancton marin.

Pas un seul des administrés ne douta qu’aucun lien ne serait fait entre le produit fini et la chaîne de production.

Pour finir, Meadows annonça l’ouverture prochaine dans le pays, de trois nouveaux « Foyers », les centres funéraires où étaient collectées les protéines des vieillards volontaires à l’euthanasie. Beaucoup d’anciens usés par la vie, adoptaient cette solution : ils préféraient mourir en se rappelant le Monde de leur jeunesse, plutôt que de faire face aux réalités de la modernité.

On discuta des modalités de reversement des primes décès aux ayants-droits et à un éventuel système d’allègement fiscal, lequel serait discuté avec l’administration fédérale.

La dernière partie de la réunion consista à visionner le film mortuaire projeté auxdits vieillards. Le Conseil d’administration le trouva très bien élaboré, et admirèrent les images d’archives d’une nature qui n’était plus ; tous félicitèrent Meadows pour ses excellentes initiatives avant de quitter la salle de réunion.

Quand tous furent repartis, celui-ci s’accorda un soupir de soulagement extrême. Aucun membre ne s’était inquiété de la question qui terrifiait Meadows : personne ne demanda pourquoi il était plus facile de recycler les morts que de filtrer le plancton.

Le rapport Simonson et les études de l’observatoire océanographique Soylent pourraient dès lors prendre la poussière sur une étagère quelconque…

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 I805929_essaiv1pv1

(librement inspiré du film « Soleil Vert » de Richard Fleisher)


PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Footersphyrne


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MessageSujet: Tour 1 - Cortexte Coloriphage   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeDim 9 Mai - 21:18

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Lactaire Ictérique

PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Lapeurjaune

Les chats, même s’ils n’aiment pas l’eau, se réfugient auprès des mourants.

Depuis Murano et son phare blanc, Alma contemple le fin littoral. Il fait doux malgré l’hiver. Adagio miaule dans ses bras ; il se nourrit des trompettes du carnaval, peu soucieux des nuages qui étendent leur voile d’ombre sur Venise.

Plus bas, une petite embarcation, solidement amarrée aux quais bariolés, se charge de caisses capitonnées. Les reflets brûlants du crépuscule embrasent les eaux ténébreuses. On l’appelle. Alma ajuste son masque, engloutit la volée de marches qui la sépare de l’appontement. Adagio vient lester la barque.

Le verrier est paré pour la livraison, plus au sud, dans la Venise festive. Après avoir ajusté la forcole, il met tout son poids sur la rame. Alors, péniblement, l’embarcadère s’éloigne. Murano disparaît dans les affres du coucher ; embrasée, la cité des Doges absorbe toute lumière.

A mesure que Venise grossit gonfle le mal-être d’une ville angoissée. Vision de bâtiments enflés, gagnés par la moisissure grivoise, des quais boursouflés aux boiseries grasses. Adagio ronronne à l’intention des Vénitiens. Un cruel appétit s’étend d’une rive à l’autre. Alma n’aime pas ces rumeurs de caves gorgées de champignons soufrés, de lueurs rampantes à la surface des ondes. Même si le Doge étudie sérieusement l’affaire, la ville souffre et les spores se mêlent aux réjouissances.

Partout, des volutes irisés s’emparent des canaux, des ponts. A mesure que le cœur de la ville s’ouvre aux bateliers, là où les festins abondent, les terribles assauts hépatiques exposent leurs méfaits. Ce sont des corps dansants, couverts de marques galopantes, frénétiques jusqu’à l’épuisement. Les chiens grondent, les colombes conquièrent les toits, et les miaulements désignent les victimes suivantes.

Les mycètes crémeux encouragent l’effroi. De curieuses vapeurs jaunâtres emplissent les brumes. Pourtant, le bateau avance encore, malgré les alarmes animales. Alma essaie d’ignorer la maladie. Sous son masque, elle redoute l’eau, elle tremble aux mélodies joviales qui parcourent la cité. Il y a des hurlements de plaisir, des rires grassouillets, des costumes flamboyants liés dans la pénombre.

Une faible secousse, des voix étouffées, puis des cordes s’envolent. Adagio quitte le navire, paré pour la grande chasse. Et Alma le suit, trop pressée de se dégourdir les jambes. Les imprécations du verrier résonnent dans une chape silencieuse. La fièvre de sucreries élance la fillette indocile ; la vague multicolore l’enlace au-dessus des eaux hivernales. Parmi les masques crochus, les voiles envoûtants et les dentelles écarlates, Alma oublie.

Les noceurs sereins ne dissimulent aucune ardeur, ils se consument en une confusion d’extases. Alma retrouve son chat au cœur de la grande place. Adagio s’est épris d’une harmonie de fifres, il observe les pigments se teinter de chaleur. Les colonnes entourent le palais des Doges, stoïques malgré le faste et les paillettes. Leurs pieds s’enorgueillissent de lactaires doucereux.

Et les gens dansent au rythme des éclosions, douchés par les explosions sporulées ; ils déambulent, avinés, ensorcelés par les germinations successives. Alma retient son souffle, elle ne quitte plus Adagio du regard, à présent horrifiée par les inflammations grotesques et les foies en rébellion.

Venise poursuit son incroyable métamorphose, ses volumes fluctuent, ses palais s’inondent d’espaces et d’humides contenances. C’est un feu d’artifices, Alma sent des larmes obstruer sa vision et renforcer cet univers improbable. La basilique roule vers elle en une menaçante reptation. Alma ramasse son chat, puis elle tourne les talons. Des petits pas pressés en une course effrayée. Sous le masque, l’air s’alourdit.

Des matrones joufflues lui bloquent l’accès aux appontements, les loups accusateurs s’apprêtent à dévorer ses espoirs innocents. Mais Alma lutte et protège son matou. Adagio peste, une marée fongique détourne l’attention des diffamateurs éméchés et Alma se faufile hors de leur putride portée.

Le navire l’attend, entouré de verreries ruisselantes d’éclats. Alma manque tomber à l’eau mais le verrier l’attrape par la manche. Les nuages éclatent enfin, ternissant le carnaval d’une averse pittoresque. L’eau ruisselle des tricornes en rigoles amusantes. Les rames propulsent l’embarcation parmi les gondoles tachetées, meurtries par les avaries.

Lorsque la brume se lève, les chants ont cessé.

Alma sursaute. Le réveil est brutal, avec ces masques d’oiseaux goguenards. Un grand duc l’observe à travers une vasque en verre. Une chouette glousse sur sa droite. Et le fou rame de plus belle. Alma se lève, malgré les vertiges. Murano n’est plus très loin, on peut voir son géant protecteur et son apaisante flamme. Adagio minaude pour glaner quelques câlins.

Le jour se lève. Alma s’en veut d’avoir manqué le carnaval, trop épuisée pour se maintenir éveillée. Son chat la nargue. Il se montre prévoyant, affectueux. Au loin, Venise resplendit, bien loin de ses mauvais rêves. L’île des verriers se pare de somptueux reflets ; les souffleries régulent sa respiration. Pourtant, Alma se fige, effarée. Une sourde terreur lui fait tomber le masque. Un flocon soufré s'est posé sur sa main.

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MessageSujet: Tour 1 - Les Sushis Kikoup'   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeDim 9 Mai - 21:24

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J’ai chaud et suis ruisselant de sueur. Là ça ne se voit pas mais je suis tellement anxieux que j’en suis presque à me retenir de me faire dessus. Jamais je ne crois m’être senti aussi tendu que je ne le suis actuellement devant cette porte. Mais je n’ai pas le choix, j’ai promis que je tenterais le coup. Patrick est là à m’attendre dehors, tranquillement installé dans la voiture et je lui ai juré que je ne sortirais pas avant de l’avoir fait. Et il n’est pas le seul à attendre : le videur commence à me regarder un peu trop fixement derrière ses lunettes teintées, du genre « Décide toi, rentre ou ressort mais reste pas planté là comme un con, tu vas gêner les autres ! ».
Je respire un grand coup, serre très fort le petit sachet en plastique qui est dans ma poche et remet en place le masque que l’on m’a donné au guichet, un joli masque vénitien, rouge et blanc, avec des plumes sur le dessus. Et puis, je pousse la porte et je rentre.

J’avoue que je ne m’attendais pas trop à ça. Pas que je m’attendais à quelque chose en particulier, mais pas vraiment ça quoi… Les gens discutent sur les nombreux canapés ou boivent un verre au bar. La musique est discrète mais ne passe pas inaperçue non plus. Les lumières sans cesse en mouvements se reflètent sur les murs et les clients, jouant avec mes perceptions, donnant à cette grande salle des dimensions changeantes, aux couleurs éphémère. Je m’avance un peu plus loin et décide de me poser sur le premier canapé venu. De là, je peux enfin apercevoir distinctement les innombrables portes qui parsèment les murs en plus de celle par laquelle je suis arrivé. Elles s’ouvrent et se referment selon un rythme affolant, laissant entrer et sortir des groupes de deux à trois personnes, rarement plus.

Plus les secondes passent et plus je me détends. J’arrive même à trouver l’ambiance agréable, malgré l’appréhension. Je regarde les couples qui se font et se défont, passant devant moi caché par leurs masques vénitiens.
Et puis c’est mon tour. Après moins de dix minutes, une jeune femme s’assoie à côté de moi. Elle porte un masque blanc et noir et arbore une jolie chevelure rouge. J’aime bien le rouge. C’est peut-être bête mais j’ai l’impression que ça me met en confiance. Je commence à me laisser faire : elle dirige la conversation, m’offre un verre, devient plus entreprenante au fil des minutes. Puis elle me demande enfin si je suis intéressé : une des chambres, elle et moi. Personne pour juger puisque personne pour nous reconnaître. Juste un peu de plaisir.

Je me laisse entraîner lorsqu’elle me prend la main et m’emmène en direction d’une chambre libre. Plus je la regarde et plus je me dis que ça va peut-être marcher. Elle a de l’élégance. Elle a un caractère attirant. Et elle a un joli cul, je dois bien l’avouer maintenant que je marche derrière elle.
On rentre dans la chambre. J’ai un petit moment de battement, le temps que mes yeux se réhabituent à un éclairage plus conventionnel. Elle, elle se dirige vers un canapé à l’ancienne, style Louis XV ou un truc dans le genre. Toute la pièce est décorée dans la même idée d’opulence : tablette, chaises, lit à baldaquin ainsi qu’une multitude de reproduction, posés sur les meubles ou cloué sur ce mur jaune vif. J’aime pas le jaune. Des voiles d’un jaune presque canari sont étendues depuis le plafond jusqu’aux angles de la pièce. Je n’aime vraiment pas le jaune. Miroirs et objet polis, entre leurs cadres dorés, reflètent tous ce même ton, ce dégradé oppressant qui me donne l’impression d’être tombé dans une pièce surexposée, à l’éclairage aveuglant. Je déteste ce jaune.
Toute ma certitude ainsi que mon calme commencent à fuirent très loin au fur et à mesure que je reste à contempler ce mur. Les questions que j’avais éludés me reviennent quant à elle au grand galop : est-ce que j’ai le droit ? Est-ce que ce n’est pas une trahison ? Patrick me dit que non, mais moi c’est comme ça que je le vois : coucher avec cette fille que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam c’est de l’infidélité, quoi qu’il en dise !
Mais j’ai promis et c’est là le problème. Je me le suis promis que j’allais essayer, comme lui. Mais c’est pas pareil ! Et tout ce jaune, merde à la fin, j’en n’arrive même plus à penser correctement ! Un léger toussotement me rappel à la réalité. Allez, on se ressaisit. On respire un grand coup et c’est bon.
Je me retourne vers ma compagne d’un soir. Elle est assise, ses jolis yeux noisette me fixant avec attention. Et dans ses bras elle tient un chat. Un chat ? Mais que fout un chat dans un endroit comme celui-là ? Putain, dans quoi je suis tombé ? Ou plutôt sur qui ?

Merde, j’ai vraiment l’impression que tout fout le camp. Bon, on fait abstraction de la boule de poil. On se concentre sur la fille. Elle a des yeux superbes, maintenant que j’y regarde de plus près. C’est ce qui me plait le plus chez les autres d’habitude. Je m’approche d’elle avec mon plus beau sourire. Une main dans la poche et l’autre qui s’apprête à lui caresser le visage. Le chat ne semble pas réagir. Son visage conserve la même attitude un peu provocante, avec un « je ne sais quoi » qui me plait bien. Je retourne sur ses yeux. Ils sont magnifiques. Je peux y voir mon reflet qui avance doucement. J’y vois toute la pièce qui se reflète dans deux gigantesques miroirs. Les meubles, les tentures, le mur, les décorations, le mur jaune, ma main, ce putain de mur jaune…

Tout chavire. Ma peur saute sur l’occasion et s’en prend à ce qui la maintenait au loin jusqu’à présent.
En un instant c’est comme si la pièce venait de se trouver plongé dans le noir et que seul ses yeux arrivaient à capter la lumière, à projeter une image en couleur. Je ne vois plus que deux cercles d’un jaune irradiant qui me fixent, deux soleils qui me brûlent ! C’est pas un jaune or, non : c’est une affreuse nuance pisseuse, deux points noir entourés de pus immonde.
Je perds toute retenue et je pousse une sorte de cri étouffé, du genre de ceux qui vous valent les moqueries lorsqu’ils sont fait en publique. Mais là elle ne se moque pas : ses grands yeux jaunes m’interrogent. Qu’est-ce qui ne va pas ? Mais je ne lui réponds même pas.

Je m’éloigne d’elle en courant, tente d’ouvrir la porte en baragouinant un truc du genre « désolé c’est pas toi c’est moi je vais pas bien ». Je sors en courant de la pièce pour replonger le temps de quelques secondes dans la grande salle encombrée de dizaines de personnes enlacées. Le chat en profite lui aussi pour se faire la malle.
Je passe par la porte par laquelle je suis rentré la première fois. Toujours en courant, je balance le masque dans les mains d’un videur plutôt surpris, révélant un visage affolé. A l’instant où je sors dans la rue, j’entends une vague insulte de sa part concernant la taille de mon attribut masculin mais je m’en fous. Je fonce vers la voiture dans laquelle Patrick boit tranquillement un café, en lisant le premier journal qui lui est tombé sous la main.

Je monte comme un fou dans la voiture, il en reverse presque son gobelet. Et je me calme enfin. La tête plongée dans mes mains, je recommence à respirer normalement. Lui me demande ce qui ne va pas, pourquoi je suis sortit dans cet état ? Je lui explique tout : j’ai craqué, j’ai pas pu le faire, même si c’est lui qui me l’avait proposé, parce que justement c’est lui que j’aime. Je me sentais sale rien que d’avoir penser à le tromper et j’ai craqué devant cette fille. Il sourit, soupir légèrement et me prend dans ses bras.
C’est pas grave qu’il me dit. C’était peut-être pas non plus la meilleure façon pour essayer… Mais c’est pas grave, c’était déjà courageux de vouloir essayer, et puis y’aura d’autres occasions. Et on peut parfaitement préférer les mecs même si on n’a jamais essayé les filles, c’est normal…

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MessageSujet: Tour 1 - A48   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeDim 9 Mai - 21:37

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Couchée sur le lit, elle regarde le plafond blanc. La douleur lui martèle la tête, lui rappelant sans ménagement pourquoi elle est là. Un soupir las résonne dans la pièce mais personne n'est là pour s'en inquiéter. Le silence règne. Imprégné de solitude. De souffrance. De désespoir. Dans le couloir, elle entend des pas pressés, murmures angoissés, peuplés de peurs et d'espoirs. Des pleurs aussi. Pour certains il est trop tard. Comme pour elle.

Les draps émettent un froissement sonore quand elle se retourne, cherchant à échapper à ses pensées. Seulement, il n'y a rien dans cette chambre trop propre qui puisse la détourner de son marasme. L'empêcher de sentir la masse compacte qui pousse sur son cerveau. De revoir le médecin et ses yeux emplis de pitié. Un instant, la colère flambe dans ses pupilles, avant de s'éteindre, aussi brusquement. A quoi bon. Dans quelques semaines, deux mois tout au plus, tout sera réglé. Définitivement.

Quelques coups légers sur la porte. La poignée qui tourne, une tête qui dépasse puis disparaît. Un murmure apeuré.

« Pardon, je me suis trompé. »

Évidemment. Les seuls visites qu'elle reçoit sont celles des infirmières et du médecin. Et encore. Elle devra partir demain et pourra tranquillement réintégrer son appartement. Ou tout du moins ce qui lui en tient lieu. Un studio ridiculement petit, sombre et à peine salubre. Encombré de cartons. La seule chose à laquelle elle tienne. Et même ça lui sera bientôt retiré. Elle ne peut plus payer. Les examens ont fini de la mettre sur la paille. Pour quel résultat? Un abîme. Le vide. La mort.
Machinalement, sa main se porte à son pendentif. Ses yeux d'eau se ferment. Fuite dans le sommeil.

Le vent soulève ses cheveux blonds, mordant sa peau délicate. Elle a les joues rouges et les yeux qui pétillent. Elle tourne la tête. Et s'enfuit en courant. Criant. Riant. Ses bottes crissent sur la neige alors que derrière elle son frère la poursuit avec des grimaces, faisant le monstre des glaces pour sa plus grande terreur et son plus grand bonheur. Les cristaux jaillissent sous ses pieds, miroitant dans le soleil. Elle va vite. Très vite, du haut de ses 4 ans. Mais le monstre la rattrape, la soulève et la roule dans le coton froid et humide. Elle se débat et rigole, profite d'un relâchement pour reprendre la course, vers ses parents cette fois, se cachant derrière les jambes de son père. Une main chaude et protectrice sur sa tête, un regard confiant.
Joie.
Insouciance.
Innocence.
Blanc.
Noir. Sombre et violent, comme le cœur d'un dément.
Rouge. Ce sang gluant qui se répand.
Peur.
Souffrance.
Vide.
Blanc.
Tout autour d'elle est blanc, encore une fois, mais la douleur irradie. Ses paupières battent, tachant de sortir de la brume son cerveau malmené. Une main touche son visage, humide. Elle se redresse. Seule dans sa chambre. Seule dans sa peine. Seule, depuis que la vie s'est enfuie avec sa famille. Et aujourd'hui, elle n'a plus rien, pas même sa vie. Alors elle se raccroche à ce souvenir fugace, d'un temps meilleur où elle courait dans la neige.

Une énergie nouvelle coule en elle. Prenant ses affaires dans l'armoire, elle sort de la chambre, traverse l'immense couloir blanc et sort. Nul ne l'a retenue, elle n'existe déjà plus. Il lui faut plus d'une heure pour rejoindre son antre où elle fouille fébrilement dans un carton. Elle en retire un album, qu'elle feuillette avec mélancolie. De temps en temps un sourire éclaire son jeune visage. Du doigt, elle suit les contours des silhouettes sur le papier glacé. Sa décision s'affermit. Elle ira là-bas, revivre ces moments avant de rendre son dernier souffle. Dans la neige. Il lui faut trouver un moyen d'aller sur place, de louer un endroit où dormir pour environ 2 mois. Novembre débute à peine, ce doit être réalisable encore. Mais avec quel argent? Elle inspecte ses comptes minutieusement, évalue ce qu'elle peut vendre... Même pas assez pour le voyage. Encore moins pour y rester.
Dans les jours qui suivent, elle est prise de frénésie, courant d'agences en banques. Mais qui donnerait de l'argent à quelqu'un qui va mourir? Qui embaucherait une morte-vivante? Elle sait alors qu'elle n'a plus le choix. Cet argent il faudra le prendre. Par la force. Elle n'a plus rien à perdre, tout lui a déjà été pris. Elle souhaite un dernier instant de félicité, se baigner dans ses souvenirs et s'y endormir.
A nouveau, elle fouille dans les cartons. Papa était dans l'armée, il avait des armes personnelles. Elle les a toujours gardées, se disant que ça pourrait lui être utile un jour. En vérité, ce sont des reliques dont elle ne peut se séparer. Religieusement, elle contemple le fusil, luisant sous la lumière crue de la lampe. Il est bien entretenu et, comme beaucoup de jeunes femmes, elle a appris à se servir d'une arme à feu. Plongeant plus loin dans la boîte, elle en retire des cartouches. Sous ses doigts, elle sent quelque chose rouler. Une grenade. Un sourire désabusé passe sur ses lèvres fines. Efficace pour faire peur.
Alors qu'elle se demande où attaquer, comment, quand, et que sa résolution commence à faiblir, la douleur qui lui hante le crâne explose, la jetant, haletante, sur le lino défraichi et à moitié moisi. De longues minutes, elle reste ainsi, prostrée, gémissant en continue sans même s'en rendre compte. Le monde est devenu gris. La crainte de devenir aveugle l'étreint. Les heures passent. Petit à petit, la souffrance redevient tolérable et sa vision s'éclaircit. Un anévrisme certainement. Le médecin l'avait prévenue. Le temps lui est compté. Elle bouge enfin, lentement, précautionneusement, comme si sa tête allait se briser au moindre mouvement. Rampe sur son matelas. Demain, il sera temps.

Elle contemple la vitrine derrière le rideau de pluie. Cachés sous son ciré, fusil et grenade attendent leur heure. Elle hésite. Il n'y a plus qu'une personne dedans. Il est 16h43. Elle entre, dégoulinante. La femme au guichet lui jette à peine un regard, tout comme le vigile. Elle n'existe pas. L'autre s'en va. Elle s'avance, c'est son tour. Le canon du fusil se retrouve sur le comptoir et cette fois la femme écarquille les yeux. Elle murmure un montant et la femme s'empresse d'acquiescer, coopérante. La scène est discrète, mais une lumière rouge avertit le vigile qui s'approche doucement. Au moment où la femme revient, son regard accroche le mouvement, révélant sa présence. Elle se retourne brusquement, menaçante. Une détonation retentit. La seconde rugit. La femme hulule, l'homme s'effondre. Les yeux agrandis par l'effroi, elle s'empare du sac que lui tend la femme. L'instinct a pris le pas. Au loin, une sirène hurle. Elle s'enfuit. Poursuivie. Elle a abattu un homme.

Armée. Dangereuse. Ils n'auront aucune pitié. Perdue, éperdue, elle court, dérape, pleure et saigne de désespoir. C'est un puits dont on ne voit jamais le fond. Ses pas la portent vers la gare. Son destin l'arrête sur un pont. Ils l'ont rejoint. Elle voit la neige dans sa tête; la pluie devant ses yeux. Le son cotonneux des pas sur le manteau blanc imprègne ses tympans; les sirènes hurlent. Le lac gelé; l'eau sous le pont. Ses parents qui lui sourient; les fusils pointés sur elle. Elle tire la goupille. Rejoint sa famille.

Blanc.
Le craquement de la neige sous les pas.
Blanc.
Le rire d'une enfant.
Blanc.

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MessageSujet: Tour 1 - Tournesols Grillés   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeDim 9 Mai - 21:56

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Ballonnée dans la moiteur ambiante, la boursouflure enfle et se gonfle d'une liqueur délirante. Naissance d'une obèse à l'essence sensuelle...
L’écran grésilla. « Flash info. Nous rappelons à tous les téléspectateurs l’information principale de ce mardi : de violentes précipitations sont attendues. Méfiance donc demain sur les routes de la moitié Nord de l’hexagone, nous vous conseillons de limiter vos déplacements. » La mâchoire de Lili s’en décrocha. Ça allait déchirer sa grand-mère en slip de bain ! De la pluie, encore et encore, la croulante coulant sur son visage, elle se rappelait. De l’eau à perte de vue, de l’eau comme il n'existait plus. L’eau de la mer était devenue pire que l’eau des chiottes de la mère Suzie, sa voisine de pallier. L’eau du lavabo désinfectait la bouche plus efficacement que la lotion hydro alcoolique mise en vente contre la grippe A. L’eau des lacs, des rivières et des fleuves sentait plus fort que le crottin de cheval, et ne parlons pas de sa couleur douteuse, qui en feraient verdir plus d’un. Mais l’eau de la pluie, c’était un délice, un concentré de bonheur, un bouillon de fraîcheur ! A embrasser la pluie, on se sentait vivant. Chair de poule et peau glaciale s’entremêlaient dans l’émulsion tonique. Un fortifiant 3 en 1.

Telle une pile électrique, Lili bondissait dans le salon, poussait des cris de yukuléra - un charnu glouton de la forêt de Yukulélie - d’une voix stridente, tapait des pieds et des mains tout en tournant autour du poste de télévision. La danse de la pluie revisitée. Un peu plus et l’on aurait dit qu’une tribu indienne s’était donnée rendez-vous au 4, allée des tulipes. Prise de frénésie, une joie malsaine se répandit dans ses veines, lui monta à la tête. Les photos. Scotchées au mur blanc, elles étaient des tourments imprimés sur papier, un calice où se mélangeait différents personnages, aux parfaits yeux d'inquisiteurs. Elles glissèrent délicatement sur la faïence immaculée du lavabo. Une à une, dans un goutte à goutte étudié.

L’eau battue en neige moussait, écumait. Sous le voile blanchâtre, des visages délavés s’effaçaient. La grand-mère, aux vêtements sponsorisés par le magasin des pompes funèbres, épinglait de son regard le photographe. Lili se souvenait. Le photographe, c’était elle. La grand-mère n’avait pas digéré ce flagrant délit à sa vie privée. Et flanqué à sa petite-fille une paire de claques dont les joues de celle-ci se souvenaient.
-" Ce soir, c’est moi qui rit, mamie ! S’exalta la jeune fille, malaxant pour mieux la détruire les restes informes de son aînée. Enfonce-toi dans la fange…"
L’eau bouillonnante ramena à la surface les débris pelucheux d’une chevelure brune. Maman… Ton travail comptait donc plus que ta propre fille ? Il faut croire que oui, pour que tu l’envoies à l’autre bout de la France sans autre explication. Et juste à côté, flottant sur les eaux blanchâtres, papa tentait d’excuser une fois encore les paroles dures de sa femme. "C’est dans sa nature, tu sais, les féministes…" Faiblard. Geignard, poltron, qui s’aplatissait plus qu’un tapis, s’excusait trois fois en une minute, le tout garanti 100% invisible ! Son père avait battu tous les records. Lili jubilait de plaisir en les voyant tournoyer dans le siphon du lavabo, happés par le liquide laiteux. Colère noire, rage verte, peur bleue, les couleurs dégorgeaient et se confondirent une à une, avant de disparaître. Ne resta que du blanc.
L’appel de la Terre l’invite à s’allonger. Elle lévite et coule voluptueusement vers le bas du cumulus, ogive lascive.

4h18. Lili se redressa en sursaut. Les cheveux hirsutes, les mains flageolantes, les yeux exorbités à la limite de rouler dans leur orbite. Le cerveau à l’envers. La raison de ce désordre intérieur était simple : un cauchemar à faire pâlir un abominable monstre haut de dix étages. Et si la pluie ne venait pas ? La jeune fille sauta de son lit, le cœur battant la chamade. Elle ouvrit la fenêtre. Le canal Saint-Martin dormait encore, eau paisible bordée d’arbres centenaires. Mais l’air suintait de ce parfum humide aux fragrances poussiéreuses, promesse d‘une ondée aux airs de gorgone. Terrifiante. Cela rasséréna Lili qui emplit ses poumons de cet oxygène vivifiant, plongeant son regard tout là haut. Les étoiles scintillaient, accrochées à la toile d’encre que les écharpes de nuages voilaient par endroits. Petits points lumineux qu’on voudrait cueillir du bout des doigts, délicatement. Le souffle de Lili se calma, ses yeux s’adoucirent.

Hilare, elle déboule du nuage gonflé d’eau. Le vol l’enivre et la fait trembler. Elle est la première, celle qui annonce l'ondée salvatrice. Au-dessus d'elle, ses soeurs frétillent d'enthousiasme. L'heure de la rencontre est proche...
08h00. Il faisait sombre ce matin. Les feuilles des arbres frémissaient sous la caresse de la brise. Une feuille mordorée se détacha, emportée par la soudaine excitation du vent. C'était le signal de l'ouverture du bal. L’averse entama sa danse endiablée avec le macadam.
Un vernis brillant recouvrait déjà le bitume lorsque Lili mit les pieds dehors. De sa main, elle cueillit les gouttes, perles diaphanes au reflet opalin. Et l’on disait que l’eau était bleue… oui, dans les films pour enfants. Elle en voulait des colliers, pour les enfiler mille fois et mille fois se transformer. La courbure de son cou appelait les caresses, ses bras de danseuse accompagnaient le ballet ruisselant. Les gouttes résonnaient et chantaient le bonheur sur fond de bourrasque. Elle s’abandonnèrent, tourbillonnèrent pour heurter le gris de sa vie, l’illuminant.

Aux premières loges du spectacle, les habitants de l’immeuble étaient stupéfiés. Ils regardaient évoluer l'ingénue au rire éclatant, que les éléments malmenaient comme un fétu de paille. Il fait trop froid, murmura une mère abasourdie. Elle va se tuer ! pensa la mère Suzie, voyant le niveau du canal s'élever. Que fait cette folle ? se demandaient-ils tous, dissertant ensuite d'un ton entendu sur les ravages du suicide dans la population adolescente. Ils ne virent pas que le ballet de la tempête esquissait des silhouettes, qu’il redessinait des visages aimants pour une fillette euphorique. Elle tendait les mains pour les effleurer, toucher leurs contours rendus flous par le rideau de pluie.

Quatres heures plus tard. L'eau a rendu un corps désarticulé, étendu sur la chaussée. Il est trempé, malgré l'imperméable qui le protège. Un tressaillement le parcourt. Un bras remue, deux yeux clignent. Il se relève doucement, agité de tremblements. Tâtonne, hésite, puis avance. Marche. Un pas devant l’autre. Il lève les yeux. La mère Suzie est toujours devant sa fenêtre. De ses lèvres craquelées, un son sort :
- Vous vous attendiez à quoi ?

Au bord du gouffre, elle hésite, avant de se jeter à corps perdu dans le velouté de sa joue. Elle avale et dévale les centimètres tel un félin affolé. Une goutte, au son de la félicité.

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MessageSujet: Tour 2   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeJeu 15 Juil - 23:53


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MessageSujet: A48   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeVen 16 Juil - 0:14

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MessageSujet: Les Plumes Libres   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeVen 16 Juil - 0:24

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MessageSujet: Grat Grat   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeVen 16 Juil - 0:42

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MessageSujet: Les Coucous From Hell   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeVen 16 Juil - 1:41

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MessageSujet: Cortexte Coloriphage   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeVen 16 Juil - 2:04

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MessageSujet: Sphyrène   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeVen 16 Juil - 2:26

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MessageSujet: Finale   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeSam 17 Juil - 0:23



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MessageSujet: Sphyrène   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeSam 17 Juil - 1:16

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MessageSujet: A48   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeSam 17 Juil - 1:18

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MessageSujet: Re: PHRaSÉViSueL [Archives]...2009   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeDim 18 Juil - 2:31

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MessageSujet: Re: PHRaSÉViSueL [Archives]...2009   PHRaSÉViSueL [Archives]...2009 Icon_minitimeMer 28 Juil - 1:00

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