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| Grand Oral ; Thème 1 ; Sujet 1 ; | |
| | Auteur | Message |
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rei Journaliste
Nombre de messages : 403 Age : 40 Date d'inscription : 09/02/2008
| Sujet: Grand Oral ; Thème 1 ; Sujet 1 ; Jeu 13 Mar - 21:57 | |
| Une adaptation libre du premier sujet.
« Dix ans. Dix ans, je me suis prélassé dans cette relation foireuse. Ça ne pouvait pas marcher. Et le pire, c’est que j’en étais conscient... Tout avait si bien commencé. Je vous passe la rencontre, d’un banal affligeant, comme le reste, d’ailleurs ; l’entente parfaite, les yeux illuminés pendant toute une conversation. Idem pour la -puis les- suivante. C’était comme si on se retrouvait après des années de séparation, Sauf qu’on ne se connaissait pas jusque là, bien sûr. Elle m’adorait, je l’adorais, point. C’était aussi clair que ça. Une belle amitié, et nous en profitions plus que de raison. Toujours fichés ensemble. A la fac, comme deux mièvres inséparables, nous choisissions les mêmes options. Nous révisions ensemble, nous mangions ensemble, nous sortions ensemble... A ce rythme-là, le hic n’a pas tardé à s’immiscer. Le grand hic, avec un grand «A». L’Amour. Qu’est-ce qu’il a pu foutre comme bordel, celui-là ! Bon, c’est moi qui ai merdé le premier. C’est vrai, je l’avoue. Ses jambes interminables, son sourire ironique, son nez délicat, bref ! J’avais des circonstances atténuantes, quoi ! Je me demande même comment j’ai pu mettre autant de temps à craquer. Mais ce n’est pas le sujet.
Cent fois. Cent fois, j’ai voulu le lui avouer, briser l’omerta que j’installais petit à petit. Mais je n’ai jamais réussi. Et ça n’a fait qu’empirer... C’est pas les occasions qui manquaient, au contraire, mais pour moi c’était pire qu’une mise à nu sur la place publique, j’étais comme acculé à un précipice sans fin. J’ai donc opté, d’abord sans conviction, pour la méthode douce. Lâche, oui. Je n’ai rien changé pour ne pas bousculer notre profonde amitié. Simplement, je glissais quelques allusions sur le ton de la rigolade. Quand j’y repense, elles avaient de bons échos. Mais j’enrayais aussitôt ces semblants d’aveux dans un rire maladroit et bifurquais sans condition vers quelque conversation plus neutre. Plus fade. Je crois que c’est dans cette relation désincarnée que je l’ai perdu. Plus je me taisais, plus elle s’éloignait. On se voyait toujours aussi souvent, mais j’étais à chaque fois tellement obsédé par mon secret que j’étais finalement une sorte de spectateur. Pourtant je continuais, me complaisant dans cet arrangement qui ne me mènerais nulle part. Ça me rassurait.
Je vous avais prévenu que mon histoire était d’un banal affligeant. Moi, j’ai tenu dix ans comme ça. Rien de plus, rien de moins ; un flirt platonique figé dans le temps. Et puis un soir, alors qu’on se voyait de moins en moins, je me suis jeté à l’eau. Bon sang, mon cœur battait tellement fort qu’il couvrait ma propre voix. Elle m’écoutait. Et à mesure que le courage déliait ma langue, son visage se décomposait. Je ne voyais rien. Tellement fier de parler enfin. Enfin, je l’avais eu, ce foutu courage ! Un vrai soulagement. Elle s’est levée, essuyant la larme qui coulait sur sa joue. Violemment, sans dire un mot, elle m’a giflé. Puis elle s’est enfuie, me laissant comme un con sur mon fauteuil. Après avoir battu la chamade comme jamais, mon cœur s’est tu.
Mille excuses. Mille excuses se bousculent encore dans ma tête aujourd’hui. Mais je ne l’ai plus jamais revu. Jamais je n’aurai le fin mot de l’histoire. Après tout, ce n'est qu'une vie. Foutu courage... » | |
| | | Nicolas
Nombre de messages : 1504 Age : 38 Localisation : Tentaka Date d'inscription : 25/11/2007
Personnages RP Pseudo: Murène de Virtù Pseudo : Andy de Falque Pseudo : Antoine
| Sujet: Correction : Dayto Jeu 10 Avr - 0:08 | |
| - Citation :
- «
Dix ans. Dix ans, je me suis prélassé dans cette relation foireuse. Ça ne pouvait pas marcher. Et le pire, c’est que j’en étais conscient... Tout avait si bien commencé. Je vous passe la rencontre, d’un banal affligeant, comme le reste, d’ailleurs ; l’entente parfaite, les yeux illuminés pendant toute une conversation. Idem pour la -puis les- suivante. C’était comme si on se retrouvait après des années de séparation, Sauf qu’on ne se connaissait pas jusque là, bien sûr. Elle m’adorait, je l’adorais, point. C’était aussi clair que ça. Une belle amitié, et nous en profitions plus que de raison. Toujours fichés ensemble. A la fac, comme deux mièvres inséparables, nous choisissions les mêmes options. Nous révisions ensemble, nous mangions ensemble, nous sortions ensemble... A ce rythme-là, le hic n’a pas tardé à s’immiscer. Le grand hic, avec un grand «A». L’Amour. Qu’est-ce qu’il a pu foutre comme bordel, celui-là ! Bon, c’est moi qui ai merdé le premier. C’est vrai, je l’avoue. Ses jambes interminables, son sourire ironique, son nez délicat, bref ! J’avais des circonstances atténuantes, quoi ! Je me demande même comment j’ai pu mettre autant de temps à craquer. Mais ce n’est pas le sujet.
Cent fois. Cent fois, j’ai voulu le lui avouer, briser l’omerta que j’installais petit à petit. Mais je n’ai jamais réussi. Et ça n’a fait qu’empirer... C’est pas les occasions qui manquaient, au contraire, mais pour moi c’était pire qu’une mise à nu sur la place publique, j’étais comme acculé à un précipice sans fin. J’ai donc opté, d’abord sans conviction, pour la méthode douce. Lâche, oui. Je n’ai rien changé pour ne pas bousculer notre profonde amitié. Simplement, je glissais quelques allusions sur le ton de la rigolade. Quand j’y repense, elles avaient de bons échos. Mais j’enrayais aussitôt ces semblants d’aveux dans un rire maladroit et bifurquais sans condition vers quelque conversation plus neutre. Plus fade. Je crois que c’est dans cette relation désincarnée que je l’ai perdue. Plus je me taisais, plus elle s’éloignait. On se voyait toujours aussi souvent, mais j’étais à chaque fois tellement obsédé par mon secret que j’étais finalement une sorte de spectateur. Pourtant je continuais, me complaisant dans cet arrangement qui ne me mènerai_ nulle part. Ça me rassurait.
Je vous avais prévenu que mon histoire était d’un banal affligeant. Moi, j’ai tenu dix ans comme ça. Rien de plus, rien de moins ; un flirt platonique figé dans le temps. Et puis un soir, alors qu’on se voyait de moins en moins, je me suis jeté à l’eau. Bon sang, mon cœur battait tellement fort qu’il couvrait ma propre voix. Elle m’écoutait. Et à mesure que le courage déliait ma langue, son visage se décomposait. Je ne voyais rien. Tellement fier de parler enfin. Enfin, je l’avais eu, ce foutu courage ! Un vrai soulagement. Elle s’est levée, essuyant la larme qui coulait sur sa joue. Violemment, sans dire un mot, elle m’a giflé. Puis elle s’est enfuie, me laissant comme un con sur mon fauteuil. Après avoir battu la chamade comme jamais, mon cœur s’est tu.
Mille excuses. Mille excuses se bousculent encore dans ma tête aujourd’hui. Mais je ne l’ai plus jamais revue. Jamais je n’aurai le fin mot de l’histoire. Après tout, ce n'est qu'une vie. Foutu courage... » C'est sans prétention (sans tomber dans l'autoflagellation narcissique) et ça se laisse lire ; j'irai même jusqu'à dire que c'est émouvant, peut-être pas tout à fait juste, peut-être un peu trop théâtralisé (surtout la fin), mais efficace à défaut d'être empreint de lyrisme, d'autant que la sobriété de la formulation laisse libre court à un possible épanchement émotionnel, choix judicieux ("Après avoir battu la chamade comme jamais, mon cœur s’est tu.") Certaines réflexions ont néanmoins une teneur qui m'échappe, notamment quand à la nécessité des excuses, mais le tout fait preuve d'une cohésion forcément liée à l'apparente simplicité du propos, évolution dramatisée des maux d'amour adolescents. Je ne critiquerai pas ce qui pourrait s'apparenter à un manque d'originalité du récit, du fait de la forme du témoignage, sincère et concis, mais trouve dommage l'absence de prise de risque dans l'écriture des évènements. De fait, il y a peu à dire d'un tel texte, juste mais maigre. Le manque d'intérêt confessé est à peine balancé par une forme honnête mais qui ne percute pas plus que ça ; à la relecture, les émotions n'ont afflué que difficilement.
Malheureusement, on va ici plus loin que la simple libre adaptation du sujet : on s'en est vraiment éloigné. Rien ne lie ta prose à la planche proposée et finalement je ne retrouve pas vraiment l'expression de la vacuité dans ton devoir, à moins de considérer au-delà des dix ans le "gâchis" d'une vie entière. Entre une expression sans tache et un début de hors-sujet, je tranche par la moyenne.
9/20. | |
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