Grand Oral : sujet 1

CONSEILS DONNES À AILLAS LORS DE SA NAISSANCE

L’enfant était né depuis quelques heures à peine que déjà il était seul. Seul et différent parmi les hommes. L’enfant fut emporté dans le panthéon pour être présenté à la Déesse. Il fut demandé à Traelis d’insuffler en l’enfant sa force vitale.
Traelis se pencha sur le berceau de l’enfant et le nomma :

Aillas sera ton nom. Issu d’un Dieu, toujours tu te chercheras. Tu marcheras vers la gloire mais toujours tu seras en quête de la reconnaissance des hommes.

Puis Traelis s’attarda pour lui donner conseil :

Petite graine de divin nous t’avons préparé pour devenir un véritable homme. Se transformer en un humain n’est pas aisé. Pourtant, il est en ton pouvoir de réussir.
Pour cela tu devras faire évoluer le petit grain de poussière que tu es aujourd’hui…

Tu chercheras ton chemin parmi ceux qui te paraîtront semblables. Tes hésitations participeront à élaborer ta connaissance.
Avant de comprendre que tu es le maître de ta vie, tu seras placé devant des obstacles que tu te contenteras de contourner.

Quand tu auras suffisamment erré parmi les choix qui s’offriront à toi, tu deviendras apte à considérer ton évolution.
Alors, tu pourras enfin prendre conscience du vide inhérent à ta création.
Tu devras reconnaître ton ignorance des hommes et de toi même. Lorsque tu découvriras que tu ne sais encore rien, tu pourras commencer à te construire et à combler ta non existence comme humain. Tu te verras tel que tu es.
Ainsi tu comprendras le sens de ta vie. Tu connaîtras alors le but final de ton existence.

Tes combats, tes œuvres marqueront ta personnalité. Tu utiliseras de nombreuses armes pour combattre afin de t’imposer et exister.
Tu parviendras à corriger certaines de tes incertitudes et à favoriser certains penchants.
Toute ta vie, le sentiment de ton existence intime et la prise de conscience de tes manques seront interdépendants de tes doutes et de tes espoirs.
Aie toujours conscience de la multitude autour de toi. Elle sera ton guide vers la sagesse.
Les évènements que tu vivras et les rencontres que tu feras constitueront des phénomènes à même de te conduire.
Alors peut-être découvriras-tu ta personnalité intrinsèque. Elle est inhérente à ta faculté de lier les éléments entre eux.

Tes choix te permettront de trouver le sens de ta vie.
Tu pourras alors construire pierre par pierre ta nature d’homme. Tu déposeras en ta conscience des pierres de toutes tailles. Les plus lourdes sembleront combler toute ta vie, mais si tu y regardes de plus près, tu en verras des moyennes et des plus petites pour enfin découvrir une quantité immense de gravillons et de sable. Ne te fie pas au volume de la pierre mais regarde l’ensemble et tu constateras que la place gagnée par les petits grains est comparable à celle occupée par les pièces les plus voyantes. Ainsi, en ira-t-il de tes choix. La moindre de tes actions aura des répercutions sur ta vie.

Tu découvriras que mener la recherche de ta nature propre te procurera de nombreuses joies même si cette recherche restera impermanente.
Ta vie durant, tu glaneras de manière insatiable les expériences nouvelles qui s’amoncelleront, s’enchevêtrant pour réaliser ta personnalité.
Cette prospection inassouvie te fournira allégresse et gratifications.

Soit persévérant, être un homme demande une grosse dépense d’énergie et le temps pour les humains passe lentement. Ces efforts te sembleront parfois insatisfaisants. Mais c’est seulement quand tu auras comblé ton existence de sa propre essence que tu pourras devenir mortel…

A ce dernier mot qui reflétait le fondement même de l’humanité, Traelis posa la main sur le front d’Aillas. Alors, l’enfant ouvrit un œil aussi pur que l’azur. Il se mit à brailler, invectivant le monde, décidé à partir pour sa quête d’être un homme.

Sujet 1 - Cassiopée

Je n’ai pas vu de fautes d’orthographe, le vocabulaire est riche, l’expression correcte, je note quelques irrégularités toutefois sur le plan de la syntaxe - je ne relève que les énoncés agrammaticaux:

Citation :: L’enfant était né depuis quelques heures à peine que déjà il était seul

Il ne faut pas oublier le "ne" explétif en début de phrase ainsi que la conjonction, toutes deux sont obligatoires dans ce type de construction. Deux choix s'offrent donc à toi:
L'enfant n'était né que depuis quelques heures, que déjà il était seul (c'est un peu lourd)
L'enfant était né depuis quelques heures à peine, et déjà, il était seul (bien plus intéressant il me semble)

Citation :: insuffler en l’enfant

insuffler, cela signifie littéralement "souffler dans": il y a donc redondance entre le nom "insuffler" et la préposition "en". L'on dira plutôt "insuffler à".

Citation :: Tes hésitations participeront à élaborer ta connaissance.

Cette construction est agrammaticale. Tes hésitations concourront à élaborer... / participeront de l’élaboration de... / agiront sur l’élaboration de...

Citation :: afin de t’imposer et exister

Il ne faut pas oublier de répéter la préposition: afin de t’imposer et d’exister

J’aurais principalement deux critiques à adresser à ce texte:

Tout d’abord, si le thème de la vacuité est largement développé ici autour de la question de l’existence - ce qui en soi était assez fin - il me semble néanmoins que le sujet 1 a été complètement passé à la trappe. Par delà un abord bonhomme, il fallait bien cerner tout le cynisme, toute l’ironie et toute la cruauté qu’il y avait dans l’histoire de ce joyeux kyrbie, histoire que l’on pourrait aisément rapprocher d’une réécriture de tragédie classique, vectorisée autour de principes tels que le destin, la fatalité, l’inutilité de l’action humaine. Tout cela n’apparaît pas ici.

D’un point de vue formel, je l’ai déjà dit, ton écriture ne souffre pas de grandes incohérences syntaxiques, cependant, tu me donnes l’impression de peiner à exprimer tes idées. Le vocabulaire n’est pas toujours bien choisi - sans qu’il n’y est au demeurant de contresens majeur -, le récit est un peu décousu, pas toujours clair, l’architecture de tes phrases manque globalement de fluidité. Je prends quelques exemples au hasard:

Citation :: Alors peut-être découvriras-tu ta personnalité intrinsèque.

La personnalité intrinsèque, c’est un pléonasme

Citation :: cette recherche restera impermanente.

Ce qui n’est pas permanent, par définition, ne “reste” pas, ici l’on comprends bien ce que tu as cherché à dire, mais l’expression n’est pas très habile. De plus, "impermanent" est un mot un peu technique, je doute qu'il figure sur mon dictionnaire, il détonne avec le reste de ton écrit. Il faut se méfier des brusques changements de niveau de langue.

Citation :: Ces efforts te sembleront parfois insatisfaisants

Maladroit: ne te sembleront pas satisfaisants.

Il me semble que tu gagnerais à adopter un style plus simple, un vocabulaire plus abordable, une syntaxe moins ambitieuse. Tu sembles posséder une certaine culture littéraire, cela me semble indéniable, néanmoins cette culture n’est pas encore tout à fait maîtrisée, n’est pas encore intégrée à ton écriture, et elle souffre de légers flottements qui décrédibilisent ton oeuvre - et c'est dommage.

10/20

Merci Bouche dorée pour cette brillante correction.
Je ne suis pas une littéraire et par tes commentaires, tu m'apprends de nouvelles notions (Comme quoi il n'est jamais trop tard !).
Je ne doute pas que mes compétences soient à parfaire... J'envie le ton libre qu'usent certains. Mais les carcans ne sont pas faciles à défaire...
Par contre, je n'ai pas noté l'obligation de l'ironie et de la cruauté. J'avais conçu mon devoir comme un conseil pouvant être illustré par la bande dessinée (j'avais au départ prévu de placer les différentes portions de la bande dessinée intercalées au sein du texte) et l'ironie n'y figurait pas. Seule persistait l'hésitation puis la persévérance du personnage, jusqu'à sa mort. Je trouve qu'il n'y a rien d'ironique ni de cruel dans cet acte. Seule demeure cette volonté d'aller jusqu'au bout de ses choix.
Je pense qu'il est dommage de n'accepter qu'une seule version de lecture de cette bande dessinée.

Passe pour la cruauté, l'ironie était pourtant l'un des centres d'intérêt majeurs aussi bien de la BD que du texte de Sade: il fallait en tenir compte. Je suis peut-être à côté de la plaque, mais il m'a semblé que ton devoir pour s'attacher au thème de la vacuité négligeait totalement le sujet 1. Ce texte relève du parcours initiatique que doit traverser un nouveau-né pour s'épanouir en tant qu'homme, notre kyrbie lui suivait un processus contraire, dans la mesure où tous ses efforts n'ont abouti finalement qu'à cette ultime révélation: l'inutilité de l'action kyrbiesque. C'est là que repose et l'ironie, et la vacuité. Les kyrbies sont de pauvres prolo exploités par le parti écologiste, qui s'échinent stupidement à bâtir des autoroutes pour qu'un chauffard pété au canabis vienne un jour les renverser. Persévérance, oui, celle du boeuf qui continue de tirer sa charrue sur le chemin de l'équarrisseur.

Le sujet vous donnait une grande liberté d'interprétation, et je crois que cette trop grande liberté vous a perdu, tous.

On pourrait débattre de l'inutilité de la vie que tu sois prolo exploité ou pervers exploiteur. T'es tu un jour demandé à quoi pouvait bien te conduire tous tes choix ?
L'ironie est sans doute dans le fait que l'on peut être content de vivre, tout bêtement.

Ou l'inverse non ?

Yeux au ciel

Cassiopée a écrit:: On pourrait débattre de l'inutilité de la vie que tu sois prolo exploité ou pervers exploiteur. T'es tu un jour demandé à quoi pouvait bien te conduire tous tes choix ?
L'ironie est sans doute dans le fait que l'on peut être content de vivre, tout bêtement.

C'eût été une excellente piste pour traiter ce sujet.

Ainsi soit-il...Je n'insisterai pas tu m'as coupé le sifflet.

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