Candide rature de Teclis [Mentor]

"Teclis rentra sur la pointe des pieds. Le vestibule était grand, et bien éclairé. Une lumière éclatante pénétrait dans la pièce, à travers les vitres du dôme en verre qui servait de plafond.
A l'extérieur de l'énorme globe, l'elfe admira plusieurs dirigeables évoluer lentement entre les nuages. Parfois, les énormes ballons rouges vifs s'abordaient les uns, les autres à l'aide de grandes passerelles.
Les occupants se croisaient alors, au-dessus du vide, pour rejoindre le transport aérien qui les mènerait à leur destination. En effet, Wilwarin s'apparentait à ce qui se rapprochait le plus d'un aéroport en Ter Aelis. Un important trafic de dirigeables ne cessait d'importuner les aigles et oiseaux au-dessus de la cité.
Teclis devait cependant se concentrer. Aujourd'hui était un jour important, et difficile en perspective. Il tenta de ramener ses pensées sur terre, ou à défaut, à l'endroit où il patientait en ce moment même. Avec une certaine raideur, il s'avança vers le milieu du hall en évitant quelques habitants et écrivains. La plupart portait de grosses sacoches tachées d'encre, à moitié trouées par la pointe de dizaines de plumes affutées.
L'elfe vit un professeur s'asseoir quelques secondes sur son propre sac avant de se relever précipitamment. Alors que le malchanceux se massait la fesse gauche, un petit appareil volant s'approcha du mage. Il lui tendit un mess..."

*BAM* Le poing s'abatit avec fracas sur le bureau en chêne.

- Il suffit, on t'a pas demandé de faire un Rp si tôt !

- Glups.

La pièce était sombre et exigüe. L'examinateur jaugeait d'un regard méfiant Teclis, recroquevillé sur une chaise en bois dur. Le mentor se saisit d'une feuille en papier, puis jeta un bref coup d'œil à son interlocuteur.

- Pour l'instant, on en est aux préliminaires. Réponds à mes questions. Nom ? Prénoms ? Numéro de sécurité sociale ?

- Heu... Teclis... Jefferson pour les amis. Teclissounet pour les amies...

L'elfe risqua un brève sourire mais en voyant le visage de marbre de l'homme en face de lui, il renonça à exprimer une quelconque marque de sympathie.

- Tu fais quoi dans la vie ? Quel âge ?

- Heu. Etudiant en droit, en première année, bientôt deuxième ; je sors de ES. J'ai dix-neuf ans depuis cinq mois, presque six. J'habite à Rouen-elis. Une lointaine contrée dans laquelle il y a plus de vaches que d'habitants, et plus de pluie que de vaches.
J'étais en prépa cachan au début de l'année scolaire, mais j'ai du arrêter pour...

- Pas besoin de me raconter ta vie. Autres questions. Tu lis quoi ? Tu écris quoi ? Tu as mangé quoi le matin du 10 février 2003 ?

- Hahum. Je lis des livres, j'écris des textes et... Je n'ai pas souvenir de ce que j'ai consommé le 10 février 2003 dans l'heure qui précède le déjeuner.

L'autre ouvrit un petit calepin et griffonna à l'intérieur. Puis grogna.

- Aucune organisation manifeste... Bon, mis à part ça, c'est bien beau, mais on est pas là pour plaisanter. Donc : quels livres lis-tu ? Quels types de texte écris-tu ?

Teclis jeta un regard anxieux au carnet sur le bureau, puis poursuivit.

- J'aime lire des livres de science-fiction et de fantastique. L'intégral de Tolkien par exemple, Maupassant, Zola. Je dois avouer que j'apprécie peu d'auteurs de notre temps. Je plonge aussi dans quelques bouquins d'actualité : analyses économiques ou sociologiques de pays en voie de développement par exemple.
Enfin, j'adore la littérature chinoise traitant de faits antiques. J'ai lu cinq des sept tomes des Trois Royaumes relatant...

- Parfait ! Et tu écris quoi... Note : on-doit-lui-répéter-trois-fois-une-question-pour-qu'il-consente-à-répondre.

- Gloups. Bah... J'adore écrire du fantastique, mais je tente de me diversifier. J'écris de la poésie rarement, et de la mauvaise. Quelques nouvelles traitant de divers thèmes : voir à travers la peau d'un E.T ou d'un asticot. Un ou deux policiers aussi. Mais peut-on qualifier de "policier" un texte qui n'atteint pas les deux pages word ?
J'ai commencé il y a peu un énorme récit de SF non publié encore. J'espère aussi revoir mes textes de fantastique : je tiens quelque chose, mais mal exploité. Je les ai écrit il y a plus de huit mois maintenant.
On me dit souvent que mes deux points forts sont la narration de grandes batailles, que j'aime. Cela permet de mêler héroïsme et pragmatisme, tout ceci avec une pointe de dramatique. L'humour, pour finir, est une de mes spécialités.

- Hum. Et de quelle manière aimez-vous écrire ?

- Assis de préférence, devant mon ordinateur, un verre de jus d'ananas à portée de main.

L'examinateur siffla entre des dents.

- D'accord, mais usez-vous du passé simple, d'un narrateur omniscient...

- Ha ? Je m'exerce à écrire au présent, à la première personne. C'est pour moi ce qui donne le plus de vie à un récit. Cette narration est très contraignante, et a pour effet de rendre des pans entiers de texte lourds s'il n'y a aucune action. Mais je tente d'y pallier.
De plus, j'adore changer de point de vue en plein récit, et de faire des retours en arrière ou des bonds dans le futur. Ca permet d'influencer le lecteur sur sa façon de voir les choses. Il croît connaitre la suite d'un récit, pense connaitre les personnages, alors qu'il n'en est rien !
La surprise, c'est pour moi l'élément principal qui fait d'un écrit une bonne production. Voilà !

- ...

- Monsieur ?

- ZZZzzzZZZzzzZZZzzzZZZzzzZZZzzzZZZzzzZZZzzzZZZzzz.

- Heu, Monsieur, vous avez d'autres questions ?

\o/

Je lève les bras de contentement, et parce que je suis un otage. Mais le mieux reste d'être un otage à l'essai. Il se passe quoi si je me loupe ? On me descend ?

Parfait, je vais prendre un élève alors. Heureux d'être ici et de pénétrer dans le sanctuaire de l'Académie.