Aillas Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 3785 Age : 35 Localisation : Utopie flagrante des Arts. Date d'inscription : 23/12/2007
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| Sujet: [Article] Le développement scénique Mer 3 Sep - 18:17 | |
| Le développement scénique
Dans chaque écrit de type récit l’auteur est amené à raconter les évènements et par ce faire à les développer. Cette facette de l’écriture est la plus fastidieuse et pour nombre de personnes elle reste la plus rebutante. Malgré tout, mis à part certains styles axés sur le synthétisme, le développement est le plus important d’un texte. Noyez une carcasse bien faite de mauvaise chair et le résultat sera loupé et le lecteur aura sans doute quitté le texte avant le point final.
Nous essayerons donc de trouver les manières de développer au mieux les situations auxquelles nous confrontent les récits.
- L’analyse de la situation
La première étape pour bien développer un passage de récit c’est l’analyse de ce passage. Car cette masse de mots que vous allez apporter à ce passage va ajouter au texte un sens propre qui lui donnera une identité et une direction. Aussi, il faut que vous définissiez à l’avance où sur le moment la direction que vous souhaitez donner à ce passage.
Pour ce faire il faudra noter le point de départ du passage, son ancrage et son but.
Le point de départ est, comme dit, l’état du décor au commencement de la scène. Il peut être au néant ou extrêmement complexe. Dans chacun des cas, il faudra respecter cet état de fait et faire avec. C’est une complicité tacite avec le lecteur, si jamais vous ne respectez pas les critères de départ vous allez perdre le lecteur aussi sec. A moins que ce ne soit votre but, il n’est pas conseillé de le faire. Exemples de points de départ : « Une chaise renversée, un couple se dispute » ou encore « Vous commencez l’histoire, le titre annonce Parodie de Victor Hugo ». Dans le premier cas, il faudra garder ce couple et faire avec lui. Dans le second cas, il faudra faire une parodie de Victor Hugo. Cela parait stupide mais c’est juste parce que c’est élémentaire en écriture.
L’ancrage découle simplement de votre main et de votre plume -ou votre clavier- car c’est votre style et le registre que vous souhaitez utiliser. C’est important de le cerner dès le début de l’écriture car il permet de ne pas jongler entre les rafistolages que provoquent généralement les changements majeurs. Commencer en dramatique nécessite de continuer en dramatique. Sauf effet de style bien entendu. Exemples d’ancrages (cas du dessus) : Vaudeville, comédie, drame pour le premier cas. Humoristique, tragicomique, burlesque, vulgaire pour le second cas.
Le plus important reste généralement le but. Car c’est lui qui décide de ce que vous allez mettre dans votre passage. Le but est le point de visée, il représente la situation telle que vous souhaitez la voir à la fin de la scène. Qu’importe les moyens pour arriver à cette fin. Ne demandez pas des objectifs trop complexes à votre plume pour des passages courts. Il faut parfois laisser le temps au temps. Le lecteur doit pouvoir voir le but se dévoiler au fur et à mesure de la scène sans pour autant bondir dessus dès la première ligne. Le tout étant d’amener le but de manière limpide -ou pas, d’ailleurs-.
Voilà. Ne jamais oublier ces trois points là avant de commencer l’écriture et le développement d’un passage ou d’un récit quel qu’il soit...
- La comparaison au réel
Malgré tout ce que l’on pourra dire, les textes que nous produisons ont une attache au monde réel. Simplement parce que nous en faisons partie et que notre esprit se borne souvent à le moduler plutôt qu’à le réinventer.
En plus simple. Il est fortement conseillé de comparer la chair que nous injectons à la carcasse avec celle que nous voyons chaque jour sur les bovins de nos cours. C’est le meilleur moyen de vérifier si le développement suit la route ou pas. Une discussion bancale trouve immédiatement sa faille lorsqu’elle est récitée à voix haute ou en dialogue avec une autre personne. Prenez des bouts de votre vie pour agrémenter vos textes, n’hésitez pas à refourguer vos propres anecdotes à vos lecteurs en les enrobant de belle façon.
/!\ Attention aussi, développer ne signifie en aucun cas paraphraser. Il ne faut pas confondre la broderie et la basse couture. Le développement apporte des indications scéniques, émotionnelles, intentionnelles, et spatio-temporelles. C’est un peu comme le ciment qui allie les parpaings d’un mur que l’on veut solide. Sans le développement les parpaings tombent et un mauvais ciment le rendra branlant.
Il existe un moyen assez fiable de voir si la scène est développée de manière rationnelle –et ce même dans l’irrationnel- c’est de l’imaginer de manière cinématographique. Si ça ne colle pas. Basta, réécrivez.
- Le choix des armes
Lorsque l’on choisi de développer son récit, il est important de voir quels aspects nous allons mettre en avant et quels autres seront au choix du lecteur. Sachant que donner toutes les informations n’est pas du ressort de l’écriture, il faut apprendre à gérer les savoirs et les non-savoirs. Voici quelques types d’informations que vous pouvez utiliser comme chair à carcasse.
- Le positionnement spatio-temporel est un des points de développement le plus important. En effet, c’est celui qui permet de situer rationnellement une situation que cela soit par les mouvements que nous allons décrire, le temps que nous allons décompter ou la position des objets et membres de la scène. Exemple: « Dounette se trouvait à présent au centre de la pièce, l’horloge indiquait 22h22. ».
- Les pensées du narrateur ou du personnage focal sont aussi un bon départ pour développer. Cela permet aussi au lecteur de faire un recoupement avec ses propres schémas de pensée et implique dès lors une identification. C’est une démarche importante dans une majeure partie de récits. On peut dès lors ajouter du cynisme, du comique, du tragique ou d’autres barquettes de viandes. Attention cependant à ne pas perdre le lecteur dans une narration trop bilatérale avec d’un côté l’histoire et de l’autre le narrateur avec son identité propre. A moins que cela ne fasse partie des buts, il vaut mieux éviter la noyade de la scène dans la mélasse d’un esprit vagabond. Exemple : « Elle détestait attendre, ça lui donnait l’impression d’avoir des mycoses au bout des pieds. Et ça n’avait rien de bien ragoutant quand on patiente pour un dîner aux chandelles. »
- Les données complémentaires sur les objets manipulés, les Backgrounds des personnages, les rappels antérieurs. Bref, tout ce qui peut agir passivement ou activement sur la scène sans pour autant que cela n’en change le sens brut. Cependant, c’est cette démarche de donner ces petites informations croustillantes qui fait tout le sel d’un texte. On arrive dès lors à une définition de l’univers que souhaite mettre en place l’auteur. Avec ces compléments d’information, on peut s’imaginer avec davantage de facilité. Une bouteille de vin sera du fort Vauban ou de la piquette, le journal sera Le monde diplomatique ou Direct soir.
Enfin, les non-sus sont aussi importants pour former l’imaginaire du lecteur. Sachant que tout n’est pas explicable dans un récit, il faut se former à éluder les questions et les points que vous avez jugés de peu d’intérêt. A savoir que commencer à expliquer que le personnage ne porte que des Nike en pleine scène de combat aquatique risque de faire une levée de sourcils chez vos lecteurs. Donc voilà. Je finis là. Si vous avez des remarques à faire ou des commentaires sur ce cours, je vous en prie.
Dernière édition par Aillas le Mer 2 Mai - 0:10, édité 1 fois | |
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Teclis Rôliste
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| Sujet: Re: [Article] Le développement scénique Ven 5 Sep - 3:26 | |
| Je trouve ce cour assez intéressant ; on y aborde quelque chose d'assez simple, mais qui au fond, n'est pas tout à fait maitrisé. Même des vieux briscards peuvent se perdre dans les chemins tortueux et méandres de notre belle langue.
On se sent lésé facilement, on a l'impression de ne pas tout mettre, et pourtant. Il faut savoir, lorsque l'on fait un texte, être capable et de rationaliser, et d'étayer son écrit.
Je recommande donc de suivre, pour les débutants, ce petit guide de poche made in Aillas. Il n'est jamais mauvais d'avoir à l'esprit que notre travail forme un tout global, donc la fin et le début, malgré exception, sont et doivent être des parties cohérentes et imbriquées par détours, les unes dans les autres. | |
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