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| Anthologie Poétique. | |
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Auteur | Message |
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Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Sam 28 Mai - 19:42 | |
| "Mon âme est malade aujourd’hui, Mon âme est malade d’absences, Mon âme a le mal des silences, Et mes yeux l’éclairent d’ennui.
J’entrevois d’immobiles chasses, Sous les fouets bleus des souvenirs, Et les chiens secrets des désirs, Passent le long des pistes lasses,
A travers de tièdes forêts, Je vois les meutes de mes songes, Et vers les cerfs blancs des mensonges, Les jaunes flèches des regrets.
Mon Dieu, mes désirs hors d’haleine, Les tièdes désirs de mes yeux, Ont voilé de souffles trop bleus La lune dont mon âme est pleine."
Maurice Maeterlinck | |
| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Sam 10 Sep - 2:51 | |
| La mauvaise pensée arrive dans mon âme En tous lieux, à toute heure, au fort de mes travaux, Et j'ai beau m'épurer dans un rigoureux blâme Pour tout ce que le Mal insuffle à nos cerveaux, La mauvaise pensée arrive dans mon âme.
J'écoute malgré moi les notes infernales Qui vibrent dans mon cœur où Satan vient cogner ; Et bien que j'aie horreur des viles saturnales Dont l'ombre seulement suffit pour m'indigner, J'écoute malgré moi les notes infernales.
Mon crâne est un cachot plein d'horribles bouffées ; Le fantôme du crime à travers ma raison Y rôde, pénétrant comme un regard de fées. Faut-il que ma vertu s'abreuve de poison ! Mon crâne est un cachot plein d'horribles bouffées.
Le meurtre, le viol, le vol, le parricide Passent dans mon esprit comme un farouche éclair, Et quoique pour le Bien toujours je me décide, Je frémis en voyant ramper dans mon enfer Le meurtre, le viol, le vol, le parricide.
Et pourtant l'assassin à mes yeux est vipère ; Je fuis le moindre escroc comme un pestiféré Et je maudis le fils qui poignarde son père. Souvent, le meurtre parle à mon cœur effaré, Et pourtant l'assassin à mes yeux est vipère.
Je plains sincèrement la fille violée Et je la vengerais si j'en avais le droit ; Mais par d'impurs désirs mon âme harcelée Pour séduire une enfant cherche un moyen adroit ; Je plains sincèrement la fille violée.
Le Mal frappe sur moi comme un flot sur la grève : Il accourt, lèche et fuit, sans laisser de limon, Mais je conserve hélas ! le souvenir du rêve Où j'ai failli saigner sous l'ongle d'un démon. Le Mal frappe sur moi comme un flot sur la grève.
Satan ! dans la géhenne où tes victimes brûlent, Tu convoites un cœur qui n'est pas né pour toi ; Souverain d'un empire où les peuples pullulent, Qu'as-tu besoin encore d'un juste sous ton toit, Satan, roi des enfers où tous les damnés brûlent ?
Ô toi ! Cause première à qui l'effet remonte, Aux yeux de Lucifer voile mon flanc si nu ! Et dans l'affreux danger qui parfois me démonte, Je me sentirai fort si je suis soutenu Par toi, Cause première à qui l'effet remonte !
L'homme est donc bien pervers, ou le ciel bien féroce ! Pourquoi l'instinct du Mal est-il si fort en nous, Que notre volonté subit son joug atroce À l'heure où la prière écorche nos genoux ?... L'homme est donc bien pervers, ou le ciel bien féroce.
Le Fantôme du Crime de Maurice Rollinat. | |
| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 4 Nov - 1:15 | |
| L’Etrangère de Louis Aragon.
Il existe près des écluses Un bas quartier de bohémiens Dont la belle jeunesse s'use À démêler le tien du mien En bande on s'y rend en voiture, Ordinairement au mois d'août, Ils disent la bonne aventure Pour des piments et du vin doux
On passe la nuit claire à boire On danse en frappant dans ses mains, On n'a pas le temps de le croire Il fait grand jour et c'est demain. On revient d'une seule traite Gais, sans un sou, vaguement gris, Avec des fleurs plein les charrettes Son destin dans la paume écrit.
J'ai pris la main d'une éphémère Qui m'a suivi dans ma maison Elle avait des yeux d'outremer Elle en montrait la déraison. Elle avait la marche légère Et de longues jambes de faon, J'aimais déjà les étrangères Quand j'étais un petit enfant !
Celle-ci parla vite vite De l'odeur des magnolias, Sa robe tomba tout de suite Quand ma hâte la délia. En ce temps-là, j'étais crédule Un mot m'était promission, Et je prenais les campanules Pour des fleurs de la passion
À chaque fois tout recommence Toute musique me saisit, Et la plus banale romance M'est éternelle poésie Nous avions joué de notre âme Un long jour, une courte nuit, Puis au matin : "Bonsoir madame" L'amour s'achève avec la pluie. | |
| | | Melow Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 699 Age : 30 Date d'inscription : 17/07/2011
Personnages RP Pseudo: Vasariah Pseudo : Lirsha Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 4 Nov - 1:35 | |
| TRISTESSE d'Alfred de Musset
J'ai perdu ma force et ma vie, Et mes amis et ma gaîté; J'ai perdu jusqu'à la fierté Qui faisait croire à mon génie.
Quand j'ai connu la Vérité, J'ai cru que c'était une amie; Quand je l'ai comprise et sentie, J'en étais déjà dégoûté.
Et pourtant elle est éternelle Et ceux qui se sont passés d'elle Ici-bas ont tout ignoré.
Dieu parle, il faut qu'on lui réponde. Le seul bien qui me reste au monde Est d'avoir quelquefois pleuré. | |
| | | Melow Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 699 Age : 30 Date d'inscription : 17/07/2011
Personnages RP Pseudo: Vasariah Pseudo : Lirsha Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Sam 5 Nov - 15:18 | |
| Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé, Le prince d'Aquitaine à la tour abolie Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé, Et la treille où le pampre à la rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encor du baiser de la reine ; J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron ; Modulant tout à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Gérard de Nerval, Les Chimères (1854)
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| | | Lilith Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 2638 Age : 35 Localisation : Intermédiaire. Date d'inscription : 04/05/2008
Personnages RP Pseudo: Lilith Pseudo : Erylie Pseudo : Madalyn
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Sam 5 Nov - 17:18 | |
| Apollinaire, Cors de chasse.
Notre histoire est noble et tragique Comme le masque d'un tyran Nul drame hasardeux ou magique Aucun détail indifférent Ne rend notre amour pathétique
Et Thomas de Quincey buvant L'opium poison doux et chaste A sa pauvre Anne allait rêvant Passons passons puisque tout passe Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse Dont meurt le bruit parmi le vent | |
| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 18 Nov - 22:19 | |
| XXIII - La Chevelure
O toison, moutonnant jusque sur l'encolure ! O boucles! O parfum chargé de nonchaloir ! Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique! Comme d'autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.
J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l'ardeur des climats; Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève ! Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts: Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur. Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse Dans ce noir océan où l'autre est enfermé; Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé ! Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m'enivre ardemment des senteurs confondues De l'huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde ! N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire
Je le posterai mille fois si je pouvais. | |
| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Sam 19 Nov - 18:50 | |
| Oui, je sais ; encore ce Maurice Rollinat. Il fait ma joie.
La Pluie
Par ce temps pluvieux qui fait pleurer ma vitre, Mon cœur est morfondu comme le passereau. Que faire ? encor fumer ? j’ai déjà fumé trop. Lire ? je vais bâiller dès le premier chapitre.
En vain tous mes bouquins m’appellent : pas un titre Ne m’allèche. Oh ! le spleen, implacable bourreau ! Par ce temps pluvieux qui fait pleurer ma vitre, Mon cœur est morfondu comme le passereau.
Et, miné par l’ennui rongeur comme le nitre, Je m’accoude en grinçant devant mon vieux bureau ; Mais ma plume se cabre et refuse le trot, Si bien que je m’endors le nez sur mon pupitre, Par ce temps pluvieux qui fait pleurer ma vitre.
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La Pensée
C’est l’ennemi sournois, mais sûr, Sphinx intime, cancer obscur, De ce tas de cendres futur Appelé l’homme. Elle fausse tous ses ressorts, Épuise tous ses réconforts Et chicane tous ses efforts Qu’elle consomme.
Sans doute, elle évoque à ses yeux Maint rêve descendu des cieux Avec le vol délicieux De la colombe, Mais elle nourrit son remord Et le réveille quand il dort Par des chuchotements de mort Et d’outre-tombe.
Hélas ! chacun est l’écheveau Qu’embrouille au fond de son caveau Ce vieux spectre toujours nouveau ; Mauvaise mère Dont les petits qu’elle a couvés, Par elle-même dépravés Deviennent les enfants-trouvés De la Chimère.
En nous elle plombe et tarit L’illusion verte qui rit ; Elle étend sur l’âme et l’esprit Sa glu chancreuse ; Puis, sur eux, tirant ses verrous, Les écrase entre ses écrous, Et, féroce, y creuse des trous Qu’elle recreuse.
Sans cesse elle revient au deuil Comme un flot revient à l’écueil ; Elle grossit en un clin d’œil Ce qui nous froisse ; Tout le jour elle nous a nui, Et l’implacable dans la nuit Nous tricote encor de l’ennui Et de l’angoisse.
Elle glace nos jeux, nos arts Qui lazzaronaient en lézards, Nous prédit les mauvais hasards Des occurrences ; Et dans la nocturne vapeur Elle nous invente la Peur Avec l’éveil ou la stupeur Des apparences.
Ce comptable sec et retors Additionne tous nos torts Et fige dans ses coffres-forts Toutes nos larmes ; C’est le maniaque secret Qui jamais las, jamais distrait, Tourne la meule du regret Et des alarmes.
Nous croyons noyer dans le vin Ce monstre infernal ou divin Pour qui notre moelle est en vain Redépensée ; Le Ciel serait si consolant, Le corps si pur, l’amour si blanc Et le cercueil si peu troublant Sans la pensée !
Mais buvons sans trêve ! Agissons ! Lutte inutile ! nous pensons : Notre chair a tous les frissons De la contrainte, Et malgré notre acharnement Pour exister physiquement, Nous retombons dans le tourment De cette étreinte.
Que l’on veuille croire ou douter, Elle arrive à nous dérouter, Et, si parfois, pour nous tenter, Elle aventure Un Parce que contre un Pourquoi, Bien vite elle oppose à la Foi Le scepticisme qui rit froid Et qui rature.
Sous le chagrin qu’elle épaissit, L’enthousiasme se rancit ; Elle supprime ou raccourcit La confidence, Et dans le danger, qu’elle accroît, Nous fait du courage un adroit Qui suppute, esquive et ne croit Qu’à la prudence.
La Justice et la Vérité Qui nous mènent à la clarté, Elle les jette de côté, Et l’on s’embarque Pour le noir et pour l’incertain Devant ce douanier hautain Qui ne laisse passer l’instinct Qu’avec sa marque.
Elle a le conseil si tortu, Si captieux et si pointu Qu’elle suggère à la Vertu Le goût du crime ; Et pas un homme n’est vainqueur De ce terrible épilogueur, Espèce de crapaud du cœur Qui nous opprime.
Elle use par l’obsession, Par la mystification, Par le fiel et la succion De sa censure Le labeur qu’elle a suscité, Et fournit à l’oisiveté La vénéneuse activité De la luxure.
Et quand par elle on est à bout, Si terminé, si mort à tout, Qu’on n’a pas même le dégoût De la souffrance, Un drap noir croule sur nos jours, Un drap lourd entre les plus lourds, Sans croix ni larmes de velours : L’Indifférence !
Puis elle atteint son but fatal ; Après un voyage final, Elle nous prend au fond du Mal Et nous oublie Par delà l’horrible cloison Qui limite notre horizon : Et c’est la mort de la Raison Dans la Folie.
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| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Jeu 1 Déc - 3:06 | |
| William Wordsworth."I WANDERED LONELY AS A CLOUD"
I WANDERED lonely as a cloud That floats on high o'er vales and hills, When all at once I saw a crowd, A host, of golden daffodils; Beside the lake, beneath the trees, Fluttering and dancing in the breeze.
Continuous as the stars that shine And twinkle on the milky way, They stretched in never-ending line Along the margin of a bay: Ten thousand saw I at a glance, Tossing their heads in sprightly dance.
The waves beside them danced; but they Out-did the sparkling waves in glee: A poet could not but be gay, In such a jocund company: I gazed--and gazed--but little thought What wealth the show to me had brought:
For oft, when on my couch I lie In vacant or in pensive mood, They flash upon that inward eye Which is the bliss of solitude; And then my heart with pleasure fills, And dances with the daffodils.
- Spoiler:
J’errais solitaire comme un nuage Qui flotte au-dessus des vallées et des monts, Quand tout-à-coup je vis une nuée, Une foule de jonquilles dorées ; À côté du lac, sous les branches, Battant des ailes et dansant dans la brise.
Drues comme les étoiles qui brillent Et scintillent sur la Voie lactée, Elles s’étendaient en une ligne sans fin Le long du rivage d’une baie : J’en vis dix mille d’un coup d’œil, Agitant la tête en une danse enjouée.
Les vagues dansaient à leurs côtés ; mais Elles surpassaient les vagues étincelantes en allégresse : Un poète ne pouvait qu’être gai, En une telle compagnie : Je les contemplais, les contemplais mais pensais peu Au présent qu’elles m’apportaient :
Car souvent, quand je m’allonge dans mon lit, L’esprit rêveur ou pensif, Elles viennent illuminer ma vie intérieure Qui est la béatitude de la solitude ; Et mon cœur alors, s’emplit de plaisir Et danse avec les jonquilles.
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| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Lun 5 Déc - 22:34 | |
| Ma Bohème, d'Arthur Rimbaud
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées; Mon paletot aussi devenait idéal; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal; Oh! là! là! que d'amours splendides j'ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou. - Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. - Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques, De mes souliers blessés, un pied* près de mon coeur!"
(Note de Franz : "De mes souliers blessés, une syllabe* près de mon coeur !")
Il y a tant de choses à dire sur ce sonnet particulier, chef-d'oeuvre de la jeunesse de Rimbaud. Un hymne à l'évasion, où il n'hésite pas à se moquer de la licence poétique. Intéressant à scander. | |
| | | Melow Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 699 Age : 30 Date d'inscription : 17/07/2011
Personnages RP Pseudo: Vasariah Pseudo : Lirsha Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Jeu 15 Déc - 18:38 | |
| Spleen (le dernier des quatre Spleen)
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire
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| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Mer 21 Déc - 23:10 | |
| Merci Vasariah, c'est toujours un plaisir de relire ça.
Une chanson dont les paroles méritent d'être affichées ici. Je vais commencer à la connaitre par cœur à force. C'est si beau !
Je Chante Un Baiser d'Alain Souchon
Je chante un baiser Je chante un baiser osé Sur mes lèvres déposé Par une inconnue que j'ai croisée Je chante un baiser
Marchant dans la brume Le cœur démoli par une Sur le chemin des dunes La plage de Malo Bray-Dunes
La mer du Nord en hiver Sortait ses éléphants gris-vert Des Adamo passaient bien couverts Donnant à la plage son caractère Naïf et sincère Le vent de Belgique Transportait de la musique Des flonflons à la française Des fancy-fair à la fraise
Elle s'est avancée Rien n'avait été organisé Autour de moi, elle a mis ses bras croisés Et ses yeux se sont fermés, fermés
Jugez ma fortune Sous l'écharpe les boucles brunes C'est vrai qu'en blonde j'ai des lacunes En blonde j'ai des lacunes
Oh le grand air ! Tournez le vent la dune à l'envers Tournez le ciel et tournez la terre Tournez tournez le grand air La Belgique locale Envoyait son ambiance musicale De flonflons à la française De fancy-fair à la fraise
Toi qui a mis Sur ma langue ta langue amie Et dans mon cœur un décalcomanie Marqué "liberté liberté chérie" Je donne des parts Pour ce moment délicieux hasard Adamo, MC Solaar Oh ! tous les milliards de dollars Le vent de Belgique Envoyait mélancolique Ses flonflons à la française De fancy-fair à la fraise
Si tout est moyen Si la vie est un film de rien Ce passage-là était vraiment bien Ce passage-là était bien
Elle est repartie Un air lassé de reine alanguie Sur la digue un petit point parti Dans l'audi de son mari Ah ! son mari
Je chante un baiser Je chante un baiser osé Sur mes lèvres déposé | |
| | | Melow Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 699 Age : 30 Date d'inscription : 17/07/2011
Personnages RP Pseudo: Vasariah Pseudo : Lirsha Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Lun 2 Jan - 12:01 | |
| Je suis le seul homme sur la Terre et peut-être n'y a-t-il ni Terre ni Homme. Peut-être qu'un dieu me trompe. Peut-être qu'un dieu m'a condamné au temps, cette longue illusion. Je rêve la lune et je rêve mes yeux qui la perçoivent. J'ai rêvé le soir et le matin du premier jour. J'ai rêvé Carthage et les légions qui dévastèrent Carthage. J'ai rêvé Lucain. J'ai rêvé la colline du Golgotha et les croix de Rome. J'ai rêvé la géométrie. J'ai rêvé le point, la ligne, le plan et le volume. J'ai rêvé le jaune, le rouge, le bleu. J'ai rêvé les mappemondes et les royaumes et le deuil à l'aube. J'ai rêvé la douleur inconcevable. J'ai rêvé le doute et la certitude. J'ai la journée d'hier. Mais peut-être n'ai-je pas eu d'hier, peut-être ne suis-je pas né. Je rêve, qui sait, d'avoir rêvé.
Jorge Luis Borges
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| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 13 Jan - 13:04 | |
| J'ai emprunté le recueil Aimance de Abdelkébir Khatibi lorsque je suis allée à l'exposition du "Maroc à travers l'Europe" à la BFM de Limoges. Khatibi est un romancier et sociologue marocain, spécialiste de la Littérature maghrébine francophone.
Voici un bout :
"Je rêve encore un poème Que le matin effaça Venais-tu, note de musique Distraire mon oubli ? Renvoyer ma mémoire A son lever ancestral ? Voici le demi-jour Au creux du ciel J'écris pour les aimants Sur peau-de-gazelle Et si je vous imagine, Lectrice et lecteur, Découper ces feuillets Avec le chiffre d'or Et son double mirage C'est que je vous confie Un traité du toucher." | |
| | | Melow Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 699 Age : 30 Date d'inscription : 17/07/2011
Personnages RP Pseudo: Vasariah Pseudo : Lirsha Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 13 Jan - 16:34 | |
| Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour, Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre Et, te sentant haï sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle, Sans mentir toi-même d'un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois Et si tu peux aimer tous tes amis en frère Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ; Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître, Penser sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu sais être bon, si tu sais être sage Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d'un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront,
Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.
Rudyard Kipling | |
| | | Erlidann
Nombre de messages : 2380 Age : 35 Localisation : Sur Terre Date d'inscription : 24/04/2009
Personnages RP Pseudo: Erlidann Pseudo : Magel Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Sam 14 Jan - 2:22 | |
| L'héautontimorouménos Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher, Comme Moïse le rocher ! Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah, Jaillir les eaux de la souffrance. Mon désir gonflé d'espérance Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large, Et dans mon coeur qu'ils soûleront Tes chers sanglots retentiront Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace Ironie Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde ! C'est tout mon sang, ce poison noir ! Je suis le sinistre miroir Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon coeur le vampire, - Un de ces grands abandonnés Au rire éternel condamnés, Et qui ne peuvent plus sourire ! Excusez ma culture poétique restreinte, je m'attarde sur Baudelaire sans trop élargir mes horizons poétiques. Mais rien que le nom de ce poème me plaît. | |
| | | Melow Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 699 Age : 30 Date d'inscription : 17/07/2011
Personnages RP Pseudo: Vasariah Pseudo : Lirsha Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 9 Mar - 12:41 | |
| Le cimetière marin
Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes; Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée O récompense après une pensée Qu'un long regard sur le calme des dieux!
Quel pur travail de fins éclairs consume Maint diamant d'imperceptible écume, Et quelle paix semble se concevoir! Quand sur l'abîme un soleil se repose, Ouvrages purs d'une éternelle cause, Le temps scintille et le songe est savoir.
Stable trésor, temple simple à Minerve, Masse de calme, et visible réserve, Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi Tant de sommeil sous une voile de flamme, O mon silence! . . . Édifice dans l'âme, Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit!
Temple du Temps, qu'un seul soupir résume, À ce point pur je monte et m'accoutume, Tout entouré de mon regard marin; Et comme aux dieux mon offrande suprême, La scintillation sereine sème Sur l'altitude un dédain souverain.
Comme le fruit se fond en jouissance, Comme en délice il change son absence Dans une bouche où sa forme se meurt, Je hume ici ma future fumée, Et le ciel chante à l'âme consumée Le changement des rives en rumeur.
Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change! Après tant d'orgueil, après tant d'étrange Oisiveté, mais pleine de pouvoir, Je m'abandonne à ce brillant espace, Sur les maisons des morts mon ombre passe Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.
L'âme exposée aux torches du solstice, Je te soutiens, admirable justice De la lumière aux armes sans pitié! Je te tends pure à ta place première, Regarde-toi! . . . Mais rendre la lumière Suppose d'ombre une morne moitié.
O pour moi seul, à moi seul, en moi-même, Auprès d'un coeur, aux sources du poème, Entre le vide et l'événement pur, J'attends l'écho de ma grandeur interne, Amère, sombre, et sonore citerne, Sonnant dans l'âme un creux toujours futur!
Sais-tu, fausse captive des feuillages, Golfe mangeur de ces maigres grillages, Sur mes yeux clos, secrets éblouissants, Quel corps me traîne à sa fin paresseuse, Quel front l'attire à cette terre osseuse? Une étincelle y pense à mes absents.
Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière, Fragment terrestre offert à la lumière, Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux, Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres, Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres; La mer fidèle y dort sur mes tombeaux!
Chienne splendide, écarte l'idolâtre! Quand solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Éloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux!
Ici venu, l'avenir est paresse. L'insecte net gratte la sécheresse; Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air A je ne sais quelle sévère essence . . . La vie est vaste, étant ivre d'absence, Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.
Les morts cachés sont bien dans cette terre Qui les réchauffe et sèche leur mystère. Midi là-haut, Midi sans mouvement En soi se pense et convient à soi-même Tête complète et parfait diadème, Je suis en toi le secret changement.
Tu n'as que moi pour contenir tes craintes! Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes Sont le défaut de ton grand diamant! . . . Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, Un peuple vague aux racines des arbres A pris déjà ton parti lentement.
Ils ont fondu dans une absence épaisse, L'argile rouge a bu la blanche espèce, Le don de vivre a passé dans les fleurs! Où sont des morts les phrases familières, L'art personnel, les âmes singulières? La larve file où se formaient les pleurs.
Les cris aigus des filles chatouillées, Les yeux, les dents, les paupières mouillées, Le sein charmant qui joue avec le feu, Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, Les derniers dons, les doigts qui les défendent, Tout va sous terre et rentre dans le jeu!
Et vous, grande âme, espérez-vous un songe Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici? Chanterez-vous quand serez vaporeuse? Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse, La sainte impatience meurt aussi!
Maigre immortalité noire et dorée, Consolatrice affreusement laurée, Qui de la mort fais un sein maternel, Le beau mensonge et la pieuse ruse! Qui ne connaît, et qui ne les refuse, Ce crâne vide et ce rire éternel!
Pères profonds, têtes inhabitées, Qui sous le poids de tant de pelletées, Êtes la terre et confondez nos pas, Le vrai rongeur, le ver irréfutable N'est point pour vous qui dormez sous la table, Il vit de vie, il ne me quitte pas!
Amour, peut-être, ou de moi-même haine? Sa dent secrète est de moi si prochaine Que tous les noms lui peuvent convenir! Qu'importe! Il voit, il veut, il songe, il touche! Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche, À ce vivant je vis d'appartenir!
Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Êlée! M'as-tu percé de cette flèche ailée Qui vibre, vole, et qui ne vole pas! Le son m'enfante et la flèche me tue! Ah! le soleil . . . Quelle ombre de tortue Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!
Non, non! . . . Debout! Dans l'ère successive! Brisez, mon corps, cette forme pensive! Buvez, mon sein, la naissance du vent! Une fraîcheur, de la mer exhalée, Me rend mon âme . . . O puissance salée! Courons à l'onde en rejaillir vivant.
Oui! grande mer de délires douée, Peau de panthère et chlamyde trouée, De mille et mille idoles du soleil, Hydre absolue, ivre de ta chair bleue, Qui te remords l'étincelante queue Dans un tumulte au silence pareil
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre! L'air immense ouvre et referme mon livre, La vague en poudre ose jaillir des rocs! Envolez-vous, pages tout éblouies! Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies Ce toit tranquille où picoraient des focs!
Paul Valery | |
| | | Andy²
Nombre de messages : 11 Age : 31 Date d'inscription : 02/03/2012
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 9 Mar - 13:50 | |
| Extrait du Partage de Midi, de Paul Claudel.
« Tout est horriblement pur. Entre la lumière et le miroir On se sent horriblement visible, comme un pou entre deux lames de verre. [...] Moi, je comprends, mon bien-aimé, Et je suis comprise, et je suis la raison entre tes bras, et je suis Ysé, ton âme ! Et que nous font les autres ? mais tu es unique et je suis unique. Et j’entends ta voix dans mes entrailles comme un cri qui ne peut être souffert, Et je me lève vers toi avec difficulté comme une chose énorme et massive et aveugle et désirante et taciturne, Mais ce que nous désirons, ce n’est point de créer, mais de détruire, et que ah ! Il n’y ait plus rien d’autre que toi et moi, et en toi que moi, et en moi que ta possession, et la rage, et la tendresse, et de te détruire et de n’être plus gênée Détestablement par ces vêtements de chair, et ces cruelles dents dans mon cœur, Non point cruelles ! Ah, ce n’est point le bonheur que je t’apporte, mais ta mort, et la mienne avec elle, Mais qu’est-ce que cela me fait à moi que je te fasse mourir, Et moi, et tout, et tant pis ! pourvu qu’à ce prix qui est toi et moi, Donnés, jetés, arrachés, lacérés, consumés, Je sente ton âme, un moment qui est toute l’éternité, toucher Prendre La mienne comme la chaux astreint le sable en brûlant et en sifflant ! » | |
| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Ven 4 Mai - 0:56 | |
| Woaw, Andy². J'ai eu quelques cours d'écriture ce semestre avec un écrivain et dramaturge. Il aimait beaucoup nous faire travailler sur Claudel. Je ne connaissais pas ce morceau de Claudel. Ce passage est immense.
J'étais venue pour William Blake. Ma signature est une partie de ce poème :
THE GARDEN OF LOVE
"I went to the Garden of Love, And saw what I never had seen; A Chapel was built in the midst, Where I used to play on the green.
And the gates of this Chapel were shut And "Thou shalt not," writ over the door; So I turned to the Garden of Love That so many sweet flowers bore.
And I saw it was filled with graves, And tombstones where flowers should be; And priests in black gowns were walking their rounds, And binding with briars my joys and desires."
--- Traduction
"Je suis allé au jardin de l’amour Et j’y ai vu ce que je n’avais jamais vu : Une chapelle était construite au milieu, Là où je jouais autrefois sur l’herbe.
Les portes de la chapelle étaient fermées Et “tu ne dois pas” était écrit sur la porte. Alors, je me tournai vers le jardin de l’amour D’où naissaient tant de jolies fleurs.
Et je vis qu’il était envahi de sépultures Et de tombeaux là où il devait y avoir des fleurs. Et des prêtres en robe noire étaient en train de faire leur ronde Et de lier avec des ronces mes joies et mes désirs." | |
| | | Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
Personnages RP Pseudo: Sucedebout Pseudo : Grocube Pseudo : Tron
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Jeu 28 Juin - 2:19 | |
| Le CygneLe vierge, le vivace et le bel aujourd'hui Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre Ce lac dur oublié que hante sous le givre Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui! Un cygne d'autrefois se souvient que c'est lui Magnifique mais qui sans espoir se délivre Pour n'avoir pas chanté la région où vivre Quand du stérile hiver a resplendi l'ennui. Tout son col secouera cette blanche agonie Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie, Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris. Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne, Il s'immobilise au songe froid de mépris Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne. Mallarmé | |
| | | Melow Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 699 Age : 30 Date d'inscription : 17/07/2011
Personnages RP Pseudo: Vasariah Pseudo : Lirsha Pseudo :
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Mar 3 Juil - 2:26 | |
| Le vase brisé
Le vase où meurt cette verveine D'un coup d'éventail fut fêlé ; Le coup dut effleurer à peine : Aucun bruit ne l'a révélé.
Mais la légère meurtrissure, Mordant le cristal chaque jour, D'une marche invisible et sûre En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte, Le suc des fleurs s'est épuisé ; Personne encore ne s'en doute ; N'y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu'on aime, Effleurant le coeur, le meurtrit ; Puis le coeur se fend de lui-même, La fleur de son amour périt ;
Toujours intact aux yeux du monde, Il sent croître et pleurer tout bas Sa blessure fine et profonde ; Il est brisé, n'y touchez pas.
René-François SULLY PRUDHOMME | |
| | | Franz
Nombre de messages : 3379 Age : 33 Localisation : Les Biscuits Roses Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Mer 11 Déc - 10:51 | |
| Un bel anglais, un poème sublime.
I CANNOT GIVE THE REASONS by Mervyn Peake
I cannot give the reasons, I only sing the tunes: the sadness of the seasons the madness of the moons.
I cannot be didactic or lucid, but I can be quite obscure and practic- ally marzipan
In gorgery and gushness and all that's squishified. My voice has all the lushness of what I can't abide
And yet it has a beauty most proud and terrible denied to those whose duty is to be cerebral.
Among the antlered mountains I make my viscous way and watch the sepia mountains throw up their lime-green spray.
___________
Traduction (réalisée par Simon S. et Bertrand R.) :
"Je ne peux en donner les raisons"
Je ne peux en donner les raisons, mais je chante seulement les mélodies : de la tristesse des saisons des lunes et leur folie.
Je ne puis être didactique ou lucide, mais je peux bien être assez obscur et pratique- ment massepain
Dans la gorgerie, la jaillance De tout ce qui est concassuré Ma voix a toute la luxuriance De ce que je ne puis endurer.
Et pourtant elle possède cette beauté surtout fière et cruelle refusée à ceux dont la responsabilité est d'être intellectuels.
Parmi les monts à andouillers Je me fraie un chemin de maraude Je regarde les monts tout mouillés Projeter leur écume émeraude. | |
| | | Lumeï Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 556 Age : 34 Date d'inscription : 06/11/2009
Personnages RP Pseudo: Mielle/Miel Pseudo : Lumeï Pseudo : Mluïe
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Mer 18 Déc - 22:26 | |
|
Alain Bosquet
Vivre est tuer.
- tu lis - un puma dans le cœur - tu vois - un volcan dans les yeux - tu crains - une île sur l'épaule - tu vis - vivre est tuer la terre - tu meurs - mourir est abîmer l'espace.
#
Le fragment
Je suis une virgule : à vous de deviner le texte. Je suis un œil : à vous de décider s(il appartient au reptile, à l'oiseau, au brouillard qui se pend. Je suis le reste de quelque capitale, de quelque théorème qu'il faudra démontrer. Je suis la cendre, je suis l'épi : tout est brûlé, tout va renaître. J'inspire : n'exigez plus de moi d'être inspiré.
| |
| | | Chikoun Coordonnateur Littéraire
Nombre de messages : 4681 Age : 33 Localisation : Dansant sur un fil, une framboise à la bouche. Date d'inscription : 03/01/2008
| Sujet: Re: Anthologie Poétique. Mer 26 Nov - 19:03 | |
| Le portrait - Calogero
Il mélange au fond de sa tasse Du miel Il regarde par le vasistas Le ciel A chaque fois que passe un avion Il se dit que c'est peut-être elle Qui passe au-dessus de sa maison On lui a dit qu'elle était au ciel
Il rêve couché sur un parquet Dans les bras de sa mère Dessinée à la craie Tous les soirs en secret Ce dessin il le fait Trait pour trait À partir d'un portrait
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Perdu au fond de sa classe Il s'emmêle Il se débat avec le coriace Pluriel Puis il explique à sa maitresse
Pourquoi "parent" ne prend pas d'"s" Des câlins il en voudrait tellement Ne serait-ce qu'un par an
Il rêve couché sur un parquet Dans les bras de sa mère Dessinée à la craie Tous les soirs en secret Ce dessin il le fait Trait pour trait À partir d'un portrait
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