Ce texte aurait du être plus long mais j'ai été obligé d'abandonner. Pour le coup, j'ai la nette impression d'avoir essayer une technique qui me dépasse un peu. Et plus prosaïquement, je me suis arrêté pour dormir et le lendemain j'avais perdu l'inspiration...Je le continuerai peut être si une muse vient me rendre visite. Mais il y a assez pour voir ce que vous en pensez.
La ville semble infini, nord, sud, est, ouest, les lumières urbaines s'étendent à perte de vue. De temps à autres, des piques élancés vers le ciel, Babel des temps modernes, brisent la monotonie horizontale du paysage. Sur les immenses artères zébrant la vue, des lumières vont et viennent d'une direction à l'autre. Pour Nir, c'était le sang de la ville, chaque lumière, autant de globules rouges ou blancs, de virus mortels, de protéines charmeuses. Il y a dix ans de cela, la ville n'arrivait pas jusqu'ici; les immenses autoroutes à dix voies n'avaient pas encore ouvert le chemin. Et les hommes avaient suivies, l'eau liquide prend le chemin de moindre résistance, le sang aussi. Petite maison blanche disposée avec la régularité d'un métronome, commerces standardisés, usines, autour des artères noirs pétrole, les cellules s'agglutinaient. Et chaque année, la ville faisait un pas de plus à travers le désert. Rien ne semble pouvoir ralentir sa croissance. Nir le sentait, comme ses patients, la ville était malade. Ses cellules étaient devenus folles, l'autorégulation ne fonctionne plus. C'est un cancer, la cité se meurt. Elle meurt sous les tours dressés à la gloire de la cupidité, elle meurt dans la douleur indicible d'une croissance infinie, elle crache sa multitude aliénée, criminalisée, dépressive.
Tout cela, Nir le sentait comme si c'était ses propres membres, son propre sang. La ville souffre. Sa ville est à l'agonie. Et avec elle, une part de lui même se meurt. Le désert n'est pas toujours là où on le croit. Dans sa jeunesse, Nir avait craint les immenses mers de sables brûlant s'évanouissant au soleil levant. La mort se chargeait vite des imprudents. Même aux abords de la ville, un serpent pouvait frapper. La peur du désert avait fait de lui un médecin luttant contre cette terre hostile. Il était une cellule de la ville, il avait son rôle, et derrière lui, la civilisation suivait. Jusqu'au jour où Nir se sentit en meilleur compagnie dans ce désert brûlant que dans la ville tant aimée.