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| L'économie est-elle une science exacte? | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: L'économie est-elle une science exacte? Jeu 3 Déc - 16:55 | |
| « Le premier pas que nous avions à faire vers l’exécution raisonnée et bien entendue d’une Encyclopédie, c’était de former un arbre généalogique de toutes les sciences et de tous les arts ». Cette phrase de Diderot dans le Discours Préliminaire des éditeurs de l’Encyclopédie établit donc que tous les articles traités dans cet (imposant) ouvrage sont nécessairement de nature scientifique ou artistique. Or, on retrouve dans cette Encyclopédie un article de Rousseau, Economie, accordant donc à cette discipline le statut de science à part entière: celle-ci est en effet rattachée à la troisième branche de l’arbre des connaissances, celle de la Raison. L’économie avoisine donc la chimie ou encore la physique puisqu’elle est « le pur produit de la logique». Les Lumières n’établissent donc aucune distinction entre la science économique et la science « dure », comme l’arithmétique.
Néanmoins, la définition proposée dans l’Encyclopédie semble avoir été remise en cause, notamment par Karl Popper, philosophe des sciences, dans l’ouvrage De Vienne à Francfort. La querelle des Sciences Sociales publié en 1979. En effet, Karl Popper y écrit :
« Le développement de l'économie réelle n'a rien à voir avec la science économique. Bien qu'on les enseigne comme s'il s'agissait de mathématiques, les théories économiques n'ont jamais eu la moindre utilité pratique »
Alors, Plutôt Popper('s) ou Diderot? |
| | | Teclis Rôliste
Nombre de messages : 1750 Age : 35 Date d'inscription : 23/12/2007
Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
| Sujet: Re: L'économie est-elle une science exacte? Jeu 3 Déc - 21:40 | |
| A la question non. Les matériaux de mesures utilisés par les économistes sont faussés, inexacts, et découlent d'une dizaine d'autres sciences humaines à leur tour inexactes. ^^ | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'économie est-elle une science exacte? Jeu 3 Déc - 22:14 | |
| Je pense que le problème, c'est qu'on considère l'économie comme une science exacte - ce qui est faux, étant donné qu'elle découle de comportements humains - et surtout une science prédictive. Politiques comme consultants ont érigé l'économie à ce statut, parce qu'elle sert leurs intérêts.
je pense que c'est doublement faux. L'économie est davantage à rapprocher de l'histoire ou de la sociologie, en ce qu'elle explique les évènements passées, qu'elle a donnée lieu à des courants de pensée, des théories - qui sont à prendre comme des outils pour comprendre et réagir.
C'est cependant une science, puisqu'elle a pour but l'évaluation de la richesse, qu'elle permet de réagir aux changements économique. C'est une science de l'argent, produit de l'humanité, c'est une science du comportement, c'est une science humaine.
Le fait qu'entre autre, elle soit régulièrement contredite tient de ce fait. Ses mécanismes étant connus, ses prédictions également, ses résultats sont anticipés ou pris à contrepied selon qu'il plaisent ou effraient et donc rendu caduques, comme un placebo n'a plus d'effet quand il est démasqué. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'économie est-elle une science exacte? Dim 21 Fév - 20:33 | |
| Dans mon esprit la seule science exacte est celle des mathématiques qui est absolue, les autres sont toutes empiriques; donc in-exactes.
Je rejoins Teclis même si le terme faussé me parait toutefois un peu fort, les instruments de mesures sont bien souvent relatifs, à prendre avec des pincettes et surtout nécessitent de garder l'esprit ouvert sur le fait qu'il ne représente qu'un échantillon de ce qu'il se passe réellement et non l'absolu. De fait ils sont imparfaits certes mais nécessaires à la compréhension de phénomènes importants, comme je l'ai dit en se rappelant qu'ils ne sont pas LA vérité mais sur ce qui tend à l'être; les problèmes économiques -ou sociologiques- doivent être donc analysés avec subtilité et non de façon catégorique.
Le système est néanmoins nécessaire, (et c'est là que l'on rejoint la pensée de Kindy) l'économie est une science humaine (et j'te rappelle au passage ma biche que la socio' c'est pas nécessairement une étude des évènements passés), qui dit science humaine implique des raisonnements complexes, alambiqués, compliqués... appelez ça comme vous voulez mais en tout cas trop pointus pour que notre cerveau analyse toute les données de façon à produire une règle stricte et claire. Les outils imparfaits aident alors à la compréhension des phénomènes (ou du moins quelque chose qui s'en approche) chose qui serait impossible sans.
Pour ma part, je pense qu'à l'heure actuelle les phénomènes sociaux-économiques sont si compliqués et fins que pour faire simple on essaye de démonter un réacteur nucléaire avec une paire de silex.
- Et oui science prédictive face de rectum, mais à nuancer, certaines choses peuvent être faciles à expliquer d'autres non, t'es trop réducteur.- :tongue:
EDIT: à la masse complet, j'avais pas vu que le sujet était si vieux .. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'économie est-elle une science exacte? Sam 5 Juin - 14:49 | |
| Bonjour,
Je vais répondre à une question qui n'est pas tout à fait celle posée par l'estimé(e ?) Volodia mais qui s'y rattache de bien des manières. Cette question est la suivante : l'économie financière repose-t-elle sur des fondements sociologiques suffisamment déterminés pour s'apparenter, même de fort loin, à une science ?
Vous le savez probablement, mais aujourd'hui, l'essentiel de la circulation de capitaux se fait via ce qu'on appelle les "marchés", c'est-à-dire les bourses (les flux de l'économie réelle, à savoir investissements, consommation et autres ne représentant pas dix pour cent des capitaux en circulation). Les bourses ont été à l'origine créées pour rendre plus faciles les investissements de particuliers dans les entreprises, qu'elles soient privées ou d'état. En marge des bourses évoluent les établissements financiers, que l'on peut relier grosso-modo à la sphère bancaire, qui se sont imposés comme des genre de carrefours de la circulation des capitaux, au point d'être incontournables à toute opération dont l'envergure dépasse l'achat d'une dizaine d'actions pour initier les petits-enfants aux joies du boursicotage. La logique de la finance diffère en ceci de la logique de l'investissement qu'elle repose sur le curieux concept du profit à court terme. Vue la place prépondérante prise par la finance depuis le milieu du XIXème siècle, ce profit à court terme est devenu l'alpha et l'omega des établissements boursiers, le but de leur existence et le moyens qu'ils ont de subsister. Cependant, il n'échappe à personne que jauger du profit réalisable sur des durées ne dépassant pas le mois est pour le moins aléatoire, car il suffit d'un évènement en apparence bénin tel la dévaluation du Bath ou la faillite d'une fabrique d'acétate de potassium (utile à toute l'industrie métallurgique) pour que, par un enchaînement absolument imprévisible, les cours basculent et qu'une entreprise qui la veille encore affichait des résultats triomphaux se retrouve plongée en plein marasme.
L'esprit humain est ainsi fait que, plutôt que de se résoudre au caractère totalement erratique et aléatoire des cours de bourse (c'est-à-dire des courbes de profit, puisque les uns entraînent les autres, quoique pas de la manière qu'on s'imagine généralement), il préfère chercher quelque signe annonciateur de ces brusques changements. Petit à petit, la logique financière conduit à moins s'intéresser aux éléments empiriquement estimables (tels que la bonne gestion de l'entreprise, la qualité de ses produits, la probités de son administration, le savoir-faire de ses ouvriers, techniciens et ingénieurs, la solvabilité de ses clients, etc.) qu'au reflet (souvent décalé par rapport à la réalité) de ces éléments, dont le symbole par excellence est le cours de l'action (on peut raisonnablement estimer qu'une entreprise bien gérée encadrée par des administrateurs honnêtes produisant des produits de qualité grâce à, son personnel bien formé et expérimenté aura toutes les chances de voir son cours grimper, tandis qu'une boîte conçue comme une faillite ambulante par des technos avides qui réduisent les coûts en rognant sur la main d'œuvre et la qualité des matériaux aura, elle, toute les chances de voir son action chuter au même rythme que son taux de profit). Tant et si bien qu'au fil des décennies 1840-1920, on vit naître des méthodes d'estimation des cours fondée sur la croyance intime qu'un outil mathématique même appliqué de manière hasardeuse fournit plus d'informations fiables qu'un peu de bon sens judicieusement employé.
De là surgirent ce qu'en bourse on nomme les Analyses Techniques. Pour ceux et celles d'entre vous que cela intéresse, ce site présente une fort intéressante page boursière décrivant de manière simple et accessible les mécanismes abscons de la bourse, ainsi qu'une page d'analyse comparée des méthodes empirique et technique, ma foi de toute beauté.
Pour conclure, je raconterais cette anecdote : ayant eu le privilège de faire deux années de prépa, j'ai eu quelques contacts avec des étudiants qui avaient l'honneur d'apprendre l'analyse économique à Polytechnique (il y a même des cours de philo/lettres à Polytechnique, ce qui ne lassera jamais de m'étonner). A l'un d'eux qui cherchait quelque exercice à se mettre sous la dent, j'ai transmit un graphique dont je lui ai dit qu'il s'agissait de l'évolution du cours de bourse sur les cinquante derniers jours de l'action Thompson. Je lui ai demandé d'utiliser quelques-unes de ses méthodes mathématiques pour en prédire le cours à venir, ce qu'il a fait en utilisant bien comme il faut la méthode dite des Courbes de Böllinger. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque je lui révélais qu'il s'agissait en réalité des courbes de pluviométrie dans le Gard en 1990 ! Voilà que ce jeune homme s'est d'un coup aperçu que l'enseignement qu'on lui prodiguait en matière économique ne reposait, en fait, sur rien de concret. Une sacré désillusion, en vérité. Or donc, lorsqu'il fit part à sa professeur (qui enseigne aujourd'hui au Collège de France, je crois, et qui a été nominée aux Médailles Fields, le prix nobel des maths) de son inquiétude à plaquer sur le réel quelque abstraction pataphysique sans début de commencement d'ombre d'once de crédibilité, puisqu'en matière boursicole, même si ce sont des chiffres qui apparaissent sur des écrans, on manipule l'argent des gens, parfois en quantités déraisonnables, ce qui est une affaire pour le moins sérieuse, cette dernière lui répondit très franchement que l'intérêt principal de tout ce charabia amphigourique était de rassurer ses employeurs futurs en leur faisant croire que lui, il s'y connaît, et ses méthodes, c'est du béton, afin de lui assurer un salaire confortable et une position sans grand danger.
N'est-ce point cocasse ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'économie est-elle une science exacte? Lun 7 Juin - 8:09 | |
| Ca l'est. D'ailleurs la dérive est plus intéressante que la fonction originale du sujet. Débat clos car mort-né: l'économie n'est pas une science. Ou alors au même rang que l'alchimie, l'esthétique et la philosophie en moins. |
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| Sujet: Re: L'économie est-elle une science exacte? | |
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