IN NOMINE PATRIS [RP concerté]

Au moment même où Cassiopée allait tenter de répondre à Egorann qui se demandait tout comme elle ce que faisait cette gigantesque fresque au fond de ce sillon digne d’une descente aux enfers, elle sentit la présence latente du Sang s’imposer à son propre être. Elle répondait intérieurement à la venue de son tout nouveau confrère comme si sentir son existence se juxtaposer à la sienne était un phénomène de tous temps connu. Elle connaissait son arrivée proche avant de le voir apparaître dans le cercle de flamme. De même, elle sentait au travers du Sang la menace qui pesait sur le groupe d’explorateurs qu’ils formaient.
Sans dire un mot, elle observait le manège qui s’opérait entre Teysa le Sombre et le Prince. Il lui semblait que la menace ne provenait pas directement de Sanz, mais qu’il en était seulement le porteur.
Teysa ne se déparait pas de son sourire goguenard malgré les propos provocateurs de son confrère et il s’arma d’un sourire carnassier pour le provoquer à son tour en le tenant par le menton comme on s’empare d’un enfant :

-Maintenant petite ombre parle moi !

Cassiopée posa délicatement sa main sur l’épaule de Teysa tout en souriant à Sanz :

-Depuis quand l’Ombre éclaire-t-elle de ses lumières plus sombre qu’elle ?

Nombre de messages : 2050 Age : 27 Date d'inscription : 07/02/2008

Egorann ne voyait rien d'autre que les éclats de glace qui filaient vers elle. Tétanisée, elle restait immobile. Soudainement, elle fut projetée sur le côté, comme serrée par un étau de bras invisibles. Elle roula pour finir sur le dos. Elle se redressa aussitôt, s'apercevant que la glace l'avait suivie mais qu'a présent elle ne paraissait plus dangereuse. Au contraire, elle restait bien sagement derrière la jeune elfe. Celle-ci, incertaine, la contempla quelques instant avant de hausser les épaules, habituée qu'elle était depuis le début de l'aventure aux bizarreries. Au bout d'un court instant, elle se mit à chercher celui ou celle qui l'avait sauvée. Seuls ceux qui l'accompagnaient et le nouveau venu étaient dans la pièce. Tous étaient entourés de de glace ou, pour Teysa, de lave.

Fronçant les sourcils, Egorann continua de chercher du regard celui qui l'avait sauvée.

Astriel effleura la fresque. Une sensation étrange le parcouru et un frisson fit son chemin. Il ne su expliquer ce phénomène. La question de son compagnon déchu lui posa une colle. Et avant qu'il ne puisse répondre, un ombre fit son apparition et défia allègrement Taysa. Lui ne se départit pas de son assurance, bien au contraire. Et le jeu auquel ils se prêtaient pouvait parfaitement finir en queue de poisson carbonisé.

L'ange félidé soupira et ne dit aucun mot, écoutant leur discussion pendant que cette question toute simple le taraudait plus qu'il ne l'aurait voulu. Pourquoi six ailes noires ? Noir voulait dire tant de choses. La couleur des ailes représente l'âme, et aussi la vie vécue, le caractère du personnage. Les zébrures, les tâches, les plumes baladeuses et rebelles, les marques et les blessures caractérisaient chaque ange et en disaient bien plus long que n'importe quel histoire pour qui savait observer avec justesse et connaissance. L'histoire de son père n'avait pas été une partie de plaisir, et il était tombé dans la déchéance tout comme son fils. Il se demandait si Teysa était né avec les ailes noirs, où si elles le sont devenues plus tard. Si elles se sont assombris ou non au fil des centuries. Et de lourds souvenirs lui vinrent en pensant à son chez soi. Il ne l'avait jamais dit à l'ange déchu pour l'instant, mais son enfance, il l'avait passé très loin d'un monde peuplé d'ange. Lui et sa mère étaient traités en paria et furent chassés continuellement jusqu'à trouver un nouveau refuge pour un peu de répit. Cela n'avais pas tout le temps été ainsi. Mais sa planète natale avait été anéantie peu après sa naissance, et il gardait peu de souvenirs du temps passé à bord d'un des vaisseau-colons. Seulement du vide, un vide pesant et sous-entendant de sombres vérités auxquels il ne voulait pas être confronté. Il n'aurait su que répondre de toute manière, il n'aurait pas voulu répondre tant la question était lourde d'à côtés.

Pendant qu'il cogitait des effluves glaciales s'emparèrent de ce lieu alors que l'ange déchu bouillonnait de part son aura aiguisée. Astriel fit fondre les dépots et couches de glaces qui se posaient sur lui d'une même manière, libérant un léger flux d'essence qui brûlait la morsure gelée pour la réduire en vapeur d'eau fraîche. Il remarqua la mésaventure étonnante d'Egorann qui cherchait à comprendre ce qui lui arrivait. Lui aussi aimerait bien savoir ce qui s'était passé. Il fit dérivé un peu de son essence vers elle pour l'envelopper d'un halo de chaleur bienfaitrice et fit fondre les éclats de glace jugés potentiellement dangereux. Il chercha son regard et lui adressa un hochement de tête accompagné d'un sourire confiant.

Il retourna son attention au tête-à-tête qui se déroulait devant eux. L'ombre semblait en savoir bien long, et il comprenait son confrère ailé. Rencontrer quelqu'un qui en sait plus sur vous que vous même et qui en joue a de quoi vous faire cogiter. Et à trop cogiter, tout finit par déborder, en mal la plupart du temps. Personne n'aime être contraint, et encore moins quand cela vous concerne à ce point.

Sanz tourna lentement autour du Prince, comme si de sa course lente les vérités étranges devaient se révéler. Mais rien, pas même souffle de supposition n'arriva. Seul la voix de l'Etranger perça une nouvelle fois l'ambiance lourde et grave.

Six ailes, ce n'est rien, sais-tu? On les arrachera toujours deux par deux, comme on a toujours fait. Quelque Archanges s'en firent spécialistes et leur vie se résumait à arracher des ailes à longueur de journée. Il y en a tellement des images tel que celles-là qui coulent dans mes veines. J'en sens encore qui hurle dans ma tête.

D'un geste il envoya comme un flux vers la fresque qui sous le choc commença à se mouvoir. Des personnages se formèrent et prirent forme, la pierre vivait.

Regarde donc.

Dans le coin du mur un Ange couvrait son corps de ses six longues ailes soyeuses. Ses mains et ses pieds crucifiés sur une croix qui faisait deux fois sa taille. Et tout autour de lui des anges volaient frénétiquement. Jusqu'à ce qu'un autre Ange plus grand que les autres s'approche et s'adressant à celui enchaîné lui cria:

Ta vie ne nous intéresse qu'en moindre mesure, Gaël. Notre Père aurait préféré te voir mort déjà mais il parait que tu en sais bien plus que tu ne le prétend. il paraît même... que tu sais ou se trouve Ariel et que vous n'êtes pas ignorant non plus du nom de son fils... Alors Parle!

Un silence s'imposa dans la salle, puis celui aux six ailes murmura d'une voix brisée:

]Ne crois pas que nous sachons où il est, où il va, et même si j'ai pu le savoir, ne crois pas que tu sauras. Achève moi plutôt avant que je ne crache sur Lui jusqu'à t'en arracher les oreilles.

Une claque sourde se fit entendre et l'Archange reprit:

Mourir... prenons un peu de bon temps avant.

Sortant sa longue épée du fourreau, la lame fine et brillante vint aveugler la pièce tandis qu'elle résonna d'un hurlement. Du mur qu'on discernait à peine, un filet de sang coulait. Quand les spectateurs purent voir à nouveau l'Archange tenait deux des ailes de Gaël dans sa main.

Qu'en penses-tu...? Il t'en reste encore quatre, ô joie... . Parleras-tu?

Des larmes coulait sur les joues de l'ange enchaîné tandis qu'il cracha en direction du bourreau

Parler de celui qui commande au ciel de massacrer des peuples entiers, qui donne a l'humanité assez d'armes pour se tuer elle-même et qui offre ses propres anges au suicide au nom d'une certaine emprise sur le réel? Que nous crois tu naïfs. Tu ne sauras rien.

L'Archange ne répondit pas il releva son arme et une seconde fois l'enchaîna hurla, cette fois si fort et si douloureusement que les murs tremblèrent et qu'on sentit trembler les lèvres de Teysa. L'Etranger s'approcha de la fresque et essuyant le sang qui coulait rendit une vue meilleure et donc plus atroce à la scène.

La voix de l'Archange s'éleva tel un honneur :

Comment se nomme son fils ? Où est-il ! Répond! Répond ! Répond ou tes deux dernières ailes me serviront de nouvelle coiffe au Prochain Conseil.

Il n'y eut rien sinon la voix de l'Etranger qui répondit.

Son fils est parti croiser son destin, sur la branche de très vieilles prophéties. Son Père, qui est-il, que veut-il, où va t'il? On l'ignore. On dit qu'il se nomme Ariel, et que l'Unique veut sa mort. Qu'il veut la mort de tous les Primera. On dit que son combat est semblable à d'autres enfants de quelque dieux anciens mais que nul ne le sait encore. Son fils aurait...

l'Etranger sortit son arme et d'un geste violent sembla imiter l'Archange qui arrachaient les dernières ailes du Prisonnier. Cette fois ci, la pièce resta vide dans un silence ou n'affleurèrent que la voix grave et murmurante:

Six longues ailes noires. Veux tu mourir, Teysa, comme eux tous? Dis moi... veux tu perdre tes belles ailes? Ou veux-tu vivre... et venger ta famille?

Teysa était tombé à genoux, devant les images atroces qui défilaient dans sa tête, et dans le tumulte de sa souffrance soufflait la voie du prince de sang. Il ne remarqua pas lentement le temps qui se figeait dans le froid et la forme qui se matérialisait entre lui et le prince noir. Et en instant tout était figé dans la salle, sauf la forme qui venait d’apparaître et l’ombre étrangère.

« Ne t’ai-je pas remis à ta place antan, pauvre petite âme désabusé… je te le redis une dernière fois ne touche pas a mon fils… »

Lentement, Ariel leva la main vers le prince noir, et dans murmure il laissa s’échapper « pour gaël » avant de bannir l’étranger. Puis il disparue lentement dans une brume colorer au teinte bleuté.

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