Départ d'un colon

La prunelle d’airain. Biche aux yeux merveilleux, forme amende mignards et querelleurs. Le pur éclat d’un simple regard rusé. Juvénile et angélique, doux comme celui des agneaux, matois comme celui des chats. Ce visage… Mon Dieu, ce visage. L’effigie d’Aphrodite. Intangible et impalpable. Nul n’ose la toucher de peur de la briser.

Cette frimousse fabuleuse, suave et sucrée, la perfection d’un idéal. Elle se trémousse sur les tables de bar aux heures où les grands font la sieste. Elle rit à gorge déployée, offre des sourires en cadeau et danse en cadence, sur les rythmes des îles.

Elle a deux ans.

A la genèse de mon imaginaire.

Il a de la chance d’être papa.


Moi je ne suis pas Papa. Je ne suis papa de rien et je ne crée ni ne produis. Ter Aelis ne me convient pas, Ter Aelis manque cruellement de maturité, la bulle Internet elle-même manque cruellement de vie. C’est un piège chronophage qui nuit à mon épanouissement personnel. Je ne me retrouve plus dans le fait de me coincer derrière une machine pour dialoguer avec des présences que je ne côtoie pas. Je suis sur Internet depuis 1998 ; cela fait donc bientôt 12 ans que je pratique ce média et force est de constater qu’à l’aube d’un changement de décennie, je change. J’en ai tout simplement ma claque de discuter sur Internet, de passer du temps derrière de l’outillage qui ne révèle que partiellement la nature humaine. On grossit son ego ou on l’efface, on grandit ses défauts ou ses qualités : c’est grossier, vulgaire et trop banal. Je prends bien plus de plaisir à rencontrer des hommes et des femmes les yeux dans les yeux, à partager et discourir derrière une bière, un café ou une glace. C’est le printemps sans doute… Non… C’est la vie. Mes projets et mon avenir sont devant moi, mes passions ne sont pas assouvies pleinement. Je vais prendre l’air, le vrai, celui de dehors, comme quand j’étais petit, à courir dans les châteaux, à grimper dans les arbres et m’amuser comme un dingue ; sans conscience de toute la merde qui déroule sur le tapis à ma gauche et à ma droite. Je me suis même surpris à ne pas voter alors que j’ai été un étudiant très engagé. J’en ai ma claque de tout ce qui gravite autour de moi, d’Internet qui m’a bouffé un temps fou ; certes pour me faire découvrir des gens parfois très bien, mais qui m’a fait rater ce que j’appellerais la vraie vie.

J’ai trop de passions, trop d’envies et de désir pour m’enfermer dans des endroits qui ne me conviennent plus. Ter Aelis ne me convient plus. Le départ de Goldmund, seule personne qui avait pour moi la fibre littéraire, ne me laisse guère de choix que d’aller ailleurs, trouver ce que je cherche : des articles de qualité dans tous les domaines, de la culture, et de la critique, du débat et de l’argumentation. Si c’est pour lire une fois par mois un article musical, un article cinématographique et cinquante trucs puérils entre les deux, je n’y ai aucun intérêt. La production et la création sont d’importance pour moi. Bref je reste honnête, je ne me sens plus à ma place parmi vous.

J’ai besoin de créer, d’être papa de quelque chose, de vivre mes projets dans la réalité. J’ai donc besoin d’ouverture d’esprit, de partage complexe et compliqué, d’une culture élitiste et ambitieuse, d’un peu de professionnalisme dans l’amateurisme, et de bien d’autres choses.

Je tenais donc à remercier quand même des personnes avec qui j’ai noué des contacts particuliers : Golmund (qui a sans doute peur de me voir), Xupipute (qui a aussi la trouille de me voir avec ma voix d’Alexandre Astier), Franz (mon esclave, qui a peur de me voir aussi), puis Dounette (pour m’avoir fait ronronner et parce que c’est évidemment la plus belle femme de Ter Aelis) et Cassi (raisons d’ordre privé). Une spéciale pour Aligby qui m’a supporté une soirée presque complète dans une taverne médiévale et qui pourra attester qu’on ne devrait pas avoir peur de moi.

Bonne continuation. Amusez vous bien ici.

Hasta la vista.

Je vais conquérir de nouveaux horizons, en bon colon que j'ai été.

PS : Vous me recroiserez peut être en Août. Peut être dans une fête médiévale cette été. Peut être au printemps des poètes ou ailleurs, dans un musée, dans un festival de musique extrème, dans une tente en camping, dans un caniveau, à courir pour rien, sur un terrain de rugby. Bref, on ne sait jamais de quoi demain est fait. Sur ces belles paroles, je m'en retourne bosser et bronzer.

The last, but not least.

1/ Je n'ai jamais prétendu que je partais pour un autre forum. Je pars principalement pour assouvir ma passion et je ne reviendrais pas sur ma parole. Ter Aelis, en matière littéraire ne contient pas suffisamment à mon goût de personnes ayant la fibre littéraire et la cultivant à un degré qui pourrait m'apporter. C'est aussi bête que ça. J'ai besoin de dialoguer avec des Goldmund et principalement autour d'un bon café, d'une bonne bière à une terrasse plutôt que derrière un écran.

2/ Passionés ? Sur Ter Aelis ? Nous n'avons pas du tout la même définition du mot passion alors. Je vis pour le débat, je vis les mots, les phrases, chaque seconde, chaque minute, chaque heure et chaque jour de ma vie. Il ne se passe pas une journée sans que je crée quelques griffonades sur papier, sans que j'ai ce besoin irrépressible de coucher des émotions sur du papelard. Ici je n'ai rencontré personne ayant ce désir réel à en crever. Écrire c'est la seule chose que je ne m'arrête jamais de faire, ça me prend les tripes et la gorge quand j'argumente, quand je réfléchis à une histoire, quand je donne de ma personne. Ça me bouffe quotidiennement de ne pas avoir le temps et la force nécessaire de réaliser mes projets personnels, car oui j'ai de nombreux projets dans ce domaine. A force de faire autre chose, je perds mon temps, mon énergie et je ne peux pas contenter tous ceux qui m'entourent malgré la parole que je donne. Alors j'élague d'une manière égoïste.

3/ Puéril. Oui et je réitère même ma réponse. Je me contrefiche de la maturité des gens dans un domaine : écriture ou peinture, littérature, façon d'écrire sur Internet. Par exemple, Egorann écrit comme quelqu'un de son âge, comme tous les enfants devraient savoir écrire à son âge. Ça n'a rien de fantastique. Elle a peut être plus de capacités que les autres dans ce domaine mais elle reste une fillette de 12 ans dans ses mots, dans sa façon de voir les choses et dans son approche du monde. Vous pouvez penser ce que vous voulez, moi le premier, je n'ai pas l'expérience d'un bonhomme de 40 ans et je ne prétendrais jamais l'avoir avant de la vivre. Certains d'entre vous ont 20 ans, et aussi intelligents soient-ils, ils ont 20 ans. Vous n'avez pas mon vécu, je n'ai pas le vôtre mais je sais percevoir les Hommes (avec un grand H) qui ont de l'expérience et qui peuvent apporter de ceux qui se construisent encore.

4/ Aigri ? Non pas le moins du monde. Je suis heureux en ce moment car je m'adonne à mes différentes passions pleinement. J'écris quotidiennement, je me bats avec de grandes épées pour faire peur aux gamins et je m'investis professionnellement. Je n'ai pas de temps pour le reste. Je suis encore moins amer que vous semblez le croire, ça reste pourtant simple. Je cherche de la densité, de la profondeur, du mot et de la culture bien plus étoffée qu'un message par jour dans les domaines artistiques (pour ça j'ai les blogs qui me font des articles parfois sensationnels). Je cherche du travail, de l'analyse, de l'oeil critique, du décortiquer . De la stimulation sans devoir chaque jour me battre pour faire réagir les gens, ludiquement ou non. Et je n'en trouve tout simplement pas. Je me tourne donc "normalement" ailleurs, auprès de gens que je considère comme passionné et qui font de l'écriture, leur vie. Ces gens là font partie de maison d'édition, écrivent des manuscrits, travaillent une page pendant huit heures d'affilié, bref, un degré de perfectionnisme qui me sied beaucoup mieux. A dire qu'un pécor était capable de raconter sa vie aussi joliment qu'un Proust ou qu'un Balzac, pourquoi pas, je m'en contrefous. Ce qui m'importe c'est le "travail" et le "boulot". Les génies ne sont pas légions. Et ce travail n'est pas pratiqué sur Ter Aelis. Il nécessite un investissement minimal qu'une ou deux personnes maximum est capable d'avoir. A partir de là, les gens favorisent leurs études, l'irl, leurs potes etc. Ce n'est pas une critique, c'est juste que je pense totalement différemment. C'est avec la certitude que j'affirme qu'ils ne sont pas passionnés. Ecrire passe chez moi avant mon boulot, avant mes potes et avant même les femmes avec qui j'étais. Va falloir vous mettre ça dans le crâne. Donc oui, je vais voir ailleurs si j'y suis, si je trouve des gens qui ont cette même idée que moi d'une passion. Je considère qu'ils pourront m'apporter une vision différente de leurs travaux. Je me plante peut être, ça ne sera pas la première fois dans ma vie, mais j'ai besoin d'avoir un regard matûre, professionnel, plein de contenu sur ce que je réalise, plutôt que de simples impressions qui sont d'ailleurs trop rares. La finesse de l'analyse manque.

4/ Je ne cherche plus à changer ce lieu, ce serait vouloir y changer les gens; je ne suis pas de ceux qui cherchent à changer les gens. Et je ne vois pas en quoi je blesserais des gens. J'ai le droit à ma liberté d'opinion. Vous avez le droit de penser autrement, de dire que je suis aigri, de dire que l'écriture c'est pas ça, bref, ça m'importe peu vu que je suis tétu comme une mule. Je dis simplement que l'organisation de Ter Aelis n'est pas faite pour de la littérature. Je dis simplement que si l'on regarde les 100 derniers messages de Ter Aelis on y voit 98 dans le brigand grivois, ou dans le divan. Je dis simplement que le contenu ne me va pas. C'est aussi bête et méchant que ça.

Et pour conclure, je vais être très honnète, j'ai des hémoroïdes et je ne peux pas rester plus de 5 minutes sur ma chaise pour écrire ce putain de message.

Aïe.

Bonne continuation, définitivement.

Merci Ram, de fermer à la suite, j'aurais comme ça le mot de la fin.

PS : Désolé je ne peux pas répondre à tout le monde en pv, je reprendrais demain quand j'aurais moins mal au cul. Et on ne rigole pas !