[Conf. Sang ]L'Eveil des dragons

Les dragons sont des êtres à part, adulés des hommes qui les méconnaissent totalement.
Mais qui pourrait connaître des êtres qui ne sont issus que de la magie des temps, qui ne s’attachent qu’exceptionnellement à l’homme et d’une manière propre à chacun ?
Aucun dragon n’est semblable à un autre. Les seuls dragons qui se ressemblent sont les dragons d’élevage.

Dans la confrérie du Sang, les dragons d’élevage n’avaient pas le rang des hauts confrères. Tout comme les confrères n’étaient pas tous de même lignée.
Seuls les confrères attachés à leur dragon par les marques du temps et celles de leur propre fin, dirigeaient la confrérie. Ceux qui chevauchaient un dragon qu’ils avaient nourri depuis leur enfance et vu grandir à leur coté ne sauraient jamais combien étaient grande la différence qui les séparaient de leurs maîtres.
Pourtant, dans la confrérie du Sang, des armées de dragonniers se précipitaient pour entendre l’appel que Cassiopée, enfourchant Issac, leur lançait :

Confrères ! Il est temps pour vous de faire connaître les valeurs de notre confrérie et de crier à nos ennemis : Fierté, Honneur, Excellence !
Il est temps de parfaire notre sang et d’aiguiser nos armes. Les temps des combats viennent et nous devons nous y préparer.
Soyez le bras de la délivrance ! Entrainez-vous !

Puis, levant ses deux mains vers le ciel, elle appela :

Et toi dragonnier de l’au-delà, mon confrère dans le sang, seras-tu là lorsque le combat viendra ?

Et d’une voix grave et sourde prononça les mots qui blessaient son propre cœur.

Seras-tu là pour préserver l’humanité de notre Sang et aller chercher chez ceux qui nous tuent celle qui pourra nous guider par le seul fil reliant encore Sanz à son humanité ? Nous avons besoin de ta force…

Sanz marchait dans la fureur et les grondements des dragons de combat qui pressentaient déjà leur devoir dans l'accent de Cassiopée. Il s'arrêta à la fin de son discours devant Shyon venu se poser devant lui.

Il est temps pour nous de nous sentir... vivant.

Caressant l'échine de l'aspect, sa voix s'éleva comme une prophétique mémoire

Il est temps pour nous d'aller chasser ceux qui nous ont violés, et qui dorment tranquillement dans leur maison, repu de leur crimes comme des ventres rassasiés. Nous...nous avons toujours faim. Ne laissez rien debout... A quoi sert de laisser une tour dans un désert? Je veux que tout tombe, et que ne reste que la raison qui nous pousse à venir.

Son ton se durcit alors qu'il monta sur Shyon et le laissant décoller brusquement sa voix se fit entendre dans les hauteurs comme un tonnerre.

Chevalier du Sang, levez vos armes, levez vos âmes ; Armées sombres, formez vous. Envolez vous ! C'est l'heure du Sang!

L’incorruptible silence faisait de son voile un manteau sur les Epaules du Conteur. Ancré dans la brume, couvert par les tempêtes de neiges qui, des mois durant, l’avaient frappé de toute leur vigueur, il gardait ses yeux plongés dans les reflets de l’Arme. L’Epée de son maitre, son ami, son père. L’arme d’un homme qu’il avait lui-même conduit à la mort. Ce trésor, ramené de l’après vie par les griffes de son éternelle compagne. Aë, Altan. Pas un mot ne pouvait exprimer les sentiments qu’il éprouvait à l’égard de cette légende… De ce souvenir ancré dans sa mémoire, barrage aux autres sentiments de son existence. C’est ses songes, ce voyage dans le passé, qui l’immobilisait sur cette crête acérée. Mais cette obscurité touchait à sa fin. L’heure n’était plus aux tristesses d’Antan. Révolues, elles demeureraient à jamais dans ses rêves, quoiqu’il advienne. Venait l’Instant de brandir l’Aelkam d’Argent, combattre pour les principes de son père, combattre pour ceux de la Confrérie du Sang. Et si jamais les deux s’opposaient, alors, Advienne que pourra. Dans son esprit naquit la voix trop longtemps éteinte de sa Compagne.

« Il est temps, Dragonnier du Sang… »
« Nous n’avons que trop dormi, ma Dame. »

Se redressant lentement, s’extrayant du nuage de glace, Drystan Hayarn saisit l’Aelkam, lame de son défunt peuple. S’illuminant de milles feux, la Claymore devint brasier, brulant de la fureur inspirée par son porteur. Durant des siècles, lui s’était battu sans trop savoir pourquoi, tentant de contenir une menace fumant en ses entrailles, évitant de blesser tout autre que lui. En ce jour enfin, il avait une cause. En ce jour enfin, son âme se dresserait pour autrui… Dans son dos, les arabesques d’obscurité se lancèrent dans une danse magique. Surgissant des mondes d’essence par le corps de son Compagnon, Aë se glissa dans l’univers des mortels.

« Allons. Les Confrères nous appellent. »

Rugissant d’un cri terrible, La Dragonne à son tour s’ébroua. Grimpant délicatement sur son dos, Le Conteur s’installa, liant l’Aelkam à son dos, laissant les « autres » demeurer dans l’obscurité, jusqu'à que le temps vienne. Les gigantesques ailes brassèrent l’immensité, et la Déesse s’envola. Franchissant le Col de l’Orgueil, les deux Compagnons transpercèrent les nuages, volant là ou nul humain peut survivre. Restant dans les Hautes strates, ils survolèrent la colonne des Dragons. Et, une seconde fois, Aë poussa son plus terrible cri, avertissant les mortels de sa colère enfin éveillée. Eux deux seraient du combat. Et quiconque oserait se dresser face à leurs principes verraient leur existence disparaitre dans les Limbes de l’Oubli…

[Je tiens à préciser que les noms s’adaptent toujours au BG en cours. Altan est l’équivalent de Josh. De plus, la répétition de certains noms, en l’occurrence la Lame sont le résultat d’une indécision ont ne peut plus constante…]

Un mouvement brusque de courant d'air attira Drystan près du Dragon Vent d'Ombre. On distinguait à l'encolure la forme indistincte de Sanz. Ses yeux brillaient d'un feu polaire qui fixaient son confrère.

Lumière ombreuse. Ne laisse rien debout Drystan, n'épargne rien. Par le Sang.

Sa main droite se tendit vers lui dans les courants furieux et une goutte de sang perla jusque dans la paume du conteur pour s'évaporer comme si sa chair l'avait bu. Puis reprenant des distances, terriblement à l'aise dans l'orage qui les entraînait vers les Palais lunaires il murmura:

Que ton Ame porte notre Fierté dans toutes les horizons.

Nous serons fier de toi Aë .

C'est l'heure...

Tranquillement allongée dans l'herbe, les yeux perdus dans le vague de ses pensées, Tàranis n'entendit que d'une oreille distraite la voix de la dragonne. Celle-ci, habituellement d'un calme placide, ne tenait pas en place. Mais si ses mots n'avaient su provoquer la moindre réaction chez la jeune fille, l'appel qui émanait de Cassiopée eut un effet nettement plus efficace. A l'instant où elle le perçut, elle se mit sur pieds et un sourire s'installa sur son visage tandis qu'elle posait les yeux sur Sirona grondant d'impatience.

L'Appel du Sang, hein... Oui, c'est l'heure.

Elle prit tout son temps pour rassembler ses affaires éparpillées, plaça sa flûte à sa ceinture et harnacha dans son dos deux longs sabres fins. Elle grimpa enfin sur le dos frémissant d'excitation de la bête et s'installa à genoux entre ses ailes. Et dans un murmure elle souffla:

Rejoignons les. Ne reste plus qu'à tuer...

Les mots sortirent à peine que Sirona avait prit un envol joyeux. Elles eurent tôt fait de rejoindre leurs Confrères déjà assemblés et se placèrent à leurs côtés, le cœur plein d'une même envie de tuer tout ceux qui oseraient aller à l'encontre du Sang.

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