[Conf. Sang ]Convocation ( Taranis)

Sanz fit glisser son arme dans l'encoche de la table du Conseil et s'assit. En silence il dépose ses bras et fixe les reliefs du marbre. Les Titans embrassent les Aspects. Ou peut être n'est ce qu'un Aspect métamorphosé, ou pire même l'Origine. Ses yeux se fendent d'un iris complexe. UN jour, il comprendra : il ne pourra que comprendre. L'évanescence de son corps met à mal sa concentration. Il se reprend doucement en entendant des pas reconnaissables sur les dalles. Alors la voix du Prince des Princes se soulèvent dans un air lent et grave.

Taranis... Tes pas sont aussi léger que le vent. Assied toi je t'en prie, à ta place.

Il la regarde qui assigne sa flute à sa place et continue de la fixer tandis qu'elle s'assoit. UN moment , SAnz laisse trainer un long silence qui ébranle la salle et ses vitraux comme s'il désirait entendre en premier lieu les pulsations du coeur de son interlocutrice puis il reprit sur le même ton.

Sa main trace les sinuosités de la pierre tandis qu'il s'adresse à son Intendante régnante.

AU dehors, dans les plaines vastes jusqu'aux steppes de mers infinies, jusque dans les Cités... le Sang coule et irrigue l'Histoire des Hommes. Il l'innerve, lui fait sentir l'ordonnance des Harmonies. Je sais qu'il s'infiltre lentement et laisse percevoir aux aveugles des portes obscures ou ils croient entendre la réalité que longtemps on leur a caché ; une réalité que nous, du Sang pur et Sacré des Aspects du Néants, nous connaissons intimons et n'avons jamais renié ; celle même qui nous berce et nous a toujours bercé : la Voix Pure de l'Appel.

Quand le dernier nom résonna dans les murs de la salle basse, un frisson parcourut la chair. UN rayon de lumière traça son chemin jusqu'au bout du doigt du Prince qui suivait les contours des dessins inscrits dans le marbre.

S'ils le sentent qui infléchissent leur propre vent, ils l'ignorent encore et s'évertuent, tous autant que leur voisin à décrier leur rêve comme des mensonges, à s'en inspirer pourtant jusqu'à s'en troubler. Ils sentent que leur réalité n'est pas la seule, ils pleurent dans leur salon en subissant le froid brusque et glaçant d'une révélation qui peine à venir. Ils crient au miracle, au scandale, ils voudraient déformer s'approprier cette Prophétie qui ronge leurs veines... . Calfeutrés dans leur prostration ils nous pointent du doigt et dénoncent, calomnient, jurent notre mort. Ils veulent oublier, ils veulent ignorer, ils veulent leur Humanité sans comprendre que bientôt cela ne suffira plus. Le Règne humain n'est qu'une parenthèse, l'expression d'une volonté illégitime. L'ordre reviendra par ce Sang qu'est le nôtre. Taranis...

Sa main se retira de la table et tirant un feuillet de sa poche la fit glisser jusqu'à son confrère. D'étranges hiéroglyphes que seul un Sang pouvait entendre parsemèrent la feuille.

Tu iras. Et tu sauras.

Tàranis devait se rendre dans la salle du Conseil rapidement. Elle s'y dirigea donc en faisant tourner sa flûte entre ses doigts, l'air songeur, réfléchissant à ce qui pouvait justifier cette Convocation. Quand elle poussa la porte, Sanz l'attendait déjà et l'invita à s'asseoir sans quitter des yeux les gravures de la table. Il ne les leva vers elle qu'au moment où elle glissa le morceau de bois à son emplacement, et la fixa tandis qu'elle prenait place. A son tour, l'elfe fixa le Prince et attendit qu'il parle.

Au dehors, dans les plaines vastes jusqu'aux steppes de mers infinies, jusque dans les Cités... le Sang coule et irrigue l'Histoire des Hommes. Il l'innerve, lui fait sentir l'ordonnance des Harmonies. Je sais qu'il s'infiltre lentement et laisse percevoir aux aveugles des portes obscures ou ils croient entendre la réalité que longtemps on leur a caché ; une réalité que nous, du Sang pur et Sacré des Aspects du Néants, nous connaissons intimons et n'avons jamais renié ; celle même qui nous berce et nous a toujours bercé : la Voix Pure de l'Appel.
S'ils le sentent qui infléchissent leur propre vent, ils l'ignorent encore et s'évertuent, tous autant que leur voisin à décrier leur rêve comme des mensonges, à s'en inspirer pourtant jusqu'à s'en troubler. Ils sentent que leur réalité n'est pas la seule, ils pleurent dans leur salon en subissant le froid brusque et glaçant d'une révélation qui peine à venir. Ils crient au miracle, au scandale, ils voudraient déformer s'approprier cette Prophétie qui ronge leurs veines... . Calfeutrés dans leur prostration ils nous pointent du doigt et dénoncent, calomnient, jurent notre mort. Ils veulent oublier, ils veulent ignorer, ils veulent leur Humanité sans comprendre que bientôt cela ne suffira plus. Le Règne humain n'est qu'une parenthèse, l'expression d'une volonté illégitime. L'ordre reviendra par ce Sang qu'est le nôtre. Tàranis...

Tu iras. Et tu sauras.

L'elfe prit le feuillet que son confrère avait fait glisser vers elle et fixa les hiéroglyphes quelques secondes. Enfin, elle se décida à lire ce qu'il contenait. Au début, un léger sourire se dessina sur ses lèvres mais, tandis qu'elle arrivait au bas des inscriptions, ses sourcils se froncèrent. Quand elle reposa la lettre sur la table, ses yeux cherchèrent ceux du Prince, une lueur d'incompréhension mêlée d'étonnement dans le regard. Elle voulu saisir sa flute mais, se rappelant qu'elle était fixée dans son encoche, se contenta de jouer du bout des doigts avec les lacets de sa veste.

Héritière...

Le mot avait été dit dans un souffle, comme échappé. Son regard se détacha un instant de Sanz pour descendre vers la lettre, avant de revenir au Prince et sa voix, plus claire, s'éleva.

J'imagine qu'il ne s'agit pas que d'un titre. Alors, quelles seront mes responsabilités, dans un premier temps?

Sanz laissa un long silence répondre à Taranis. Ses mains suivaient avec lenteur les aspects de la table du Conseil comme s'il voulait deviner au toucher les gravures et s'en faire une image, puis il soupira et sa voix s'éleva grave et autoritaire.

Régner.. c'est choisir. Nous sommes tous confronté au lent déroulement de l'Histoire, qui nous exhorte et nous oblige par le rôle que nous éprouvons au sein de notre réalité a exprimer des choix. J'ai fait ce choix de vous imaginer..après moi.

Le Prince se leva et s'approcha de Taranis glissa sa main dans ses cheveux et s'arrêta sur son épaule. Dans son chemin il avait repris Azräael ; la lame brillait à sa taille comme un feu brûlant.

Des responsabilité... celle de faire des choix au nom du Sang, et de ces choix dépendront ce que tu voudras faire du Sang tel qu'il résonne en toi, non dans tes rêves ou dans ton souffle mais dans ton âme. Et quels qu'ils soient... assumer.

Tirant son arme, la levant jusqu'à frôler la joue de Taranis, il l'inclina vers la table et dans un geste brusque, visant l'encoche dans lequel se tenait la flûte, la fit retomber brusquement. Un bruit sec de brisure résonna dans la salle tandis qu'il ne restait de l'arme de sa confrère plus que des éclats dispersés. Quand à la table, elle ne reçut pas même une rayure. Sanz s'éloigna en silence non sans avoir murmuré.

En attendant, forges toi une âme... inébranlable...

Quand le Prince toucha ses cheveux, le corps de Tàranis se tendit et lorsque l'épée de son confrère brisa la flûte, elle eut un sursaut douloureux, tant pour son corps que pour son âme. Elle resta interdite quelques secondes, fixant l'encoche dans laquelle demeurait un pauvre fragment de bois. Le temps semblait arrêté, libérant en elle l'espace nécessaire au réveil des âmes. Une chaleur douce et rassurante envahie son corps tendu, relâchant les muscles et libérant l'esprit d'un trop grand nombre de questions.

Il n'est pas temps de réfléchir, mais de reconstruire.

Telle était la pensée qui prenait possession de l'elfe. Elle ramassa les éclats de bois disséminés au sol et les rassembla tous sur la table du Conseil. Ce bois qui semblait palpiter et souffrir d'être séparé. Ses doigts reformèrent le puzzle de l'instrument qui reposait à présent, fragile assemblage, mais entier, sur le marbre. Ceci fait, Tàranis se laissa retomber dans son siège, les yeux sur l'instrument brisé, cherchant un moyen de le rendre inébranlable. La chaleur refluait de ses muscles vers son cœur, formant comme une enveloppe protectrice autours de l'organe vital, mais laissant à sa conscience le soin de calmer le cours effréné des pensées.
Elle ferma les paupières, plaqua ses doigts dessus et appuya en prenant une grande inspiration. Elle resta quelques instant ainsi, les doigts sur les yeux, les poumons remplis, interrogeant Sirona, Nolëwen, ces essences qui étaient siennes. La dragonne se contenta d'une effluve encourageante, et le renard de palpiter autours du cœur. Aucun des deux n'agirait à sa place, tout au plus ils la soutiendraient. La jeune fille rouvrit alors les paupières et longea du bout des doigts les brisures du bois, cherchant à ressentir les liaisons brisées. Les reformer serait la première étape.
Quelques picotements dans les mains, les yeux fermés, elle se concentrait sur les molécules, reliant les atomes, reformant les liens fondamentaux. Cela lui prit longtemps, et quand elle rouvrit les yeux, la lumière avait décru avec le soir tombant, plongeant la salle du Conseil dans la pénombre.
Tàranis se leva et ramassa la flûte reconstituée qui n'était pour l'instant qu'un vulgaire et banal instrument de musique auquel il manquait force et personnalité pour devenir l'arme qu'il était. L'elfe laissa ses yeux vagabonder sur les écailles du dragon gravé dans la table jusqu'à son œil, qu'elle fixa quelques secondes. Elle y cherchait une réponse que la gravure ne lui renvoya évidemment pas. Elle tourna la tête et sortie de la pièce d'un pas rapide.

Emmitouflée dans sa cape, c'est sous la lune au milieu des rochers que Tàranis, assise en tailleur, chercha au plus profond de son âme le moyen de libérer une part infime de son essence pour rendre à la flûte son pouvoir. Celle-ci reposait sur ses mains ouvertes vers le ciel. Elle tissait et détissait les liens de son être, oscillant entre un calme propice et efficace et une angoisse qui réduisait à néant ses efforts. Enfin, un sourire éclaira son visage qu'elle leva vers le ciel, et de ses paumes s'échappèrent quelques fragments d'essences qui, s'enroulant autours du tube de bois, prirent la forme de filins dorés. Ils s'incrustaient peu à peu, laissant en surface de fines gravures en forme de volutes. Le phénomène ne dura qu'un instant. Quand l'elfe porta l'instrument à ses lèvres et que les premières notes résonnèrent dans la nuit, une volonté nouvelle les habitait.

» [Conf. Sang] La route du Sang [Histoire du Sang]
» [Conf. Sang]Purification de Melaka [Histoire du Sang]
» [Conf. Sang ]RP des Origines: l'Heritage [ Histoire du Sang ]