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 [Aëringor] {Retravaillée} Dans mes bras. [Tragique]

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Green Partizan
Littéraire et rôliste
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Green Partizan


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MessageSujet: [Aëringor] {Retravaillée} Dans mes bras. [Tragique]   [Aëringor] {Retravaillée} Dans mes bras. [Tragique] Icon_minitimeSam 26 Jan - 1:38

Elle est morte dans mes bras.

La gamine avait pris une balle perdue, peut-être venait-elle de notre coté, peut-être venait-elle même de mon fusil. A vrai dire, j'étais dans la mêlée quand ça s'est passé. Les séparatistes sont apparus au coin de la rue, nos armes se sont alors mis à cracher leur projectiles mortels. J'étais tellement en colère que j'ai vidé toutes mes cartouches, sur ceux que l'on m'a appris à désigner comme "ces enfants de salauds". La gamine a traversé la route à ce moment précis, tandis que les séparatistes commençaient à reculer. Une balle dans les côtes, elle a trébuché, et s'est étalée par terre, dans la neige. Personne ne s'en souciait, et les miens sont passés à coté sans la regarder... Moi j'ai pris une balle dans le bras me croyant pourtant intouchable ! Je suis tombé, un genoux à terre, en hurlant ma douleur, en tenant mon membre meurtri.

Elle est morte dans mes bras.

C'est la que je l'ai remarquée, qui gisait par terre, en sanglotant. Je me suis approché doucement, j'ai essayé de l'asseoir, et elle s'est arrêtée. Elle m'a regardé tristement, elle m'a demandé qui étais-je. Je me suis tut, pour ne pas lui répondre que j'étais sans doute son bourreau. Je lui ai demandé ce qu'elle faisait encore chez elle, tandis que la ville était déserte depuis une semaine au moins. Elle m'a dit qu'elle se cachait, en attendant que ses parents viennent la chercher. Elle m'a dit qu'elle allait mourir. Son flanc saignait abondamment... Je lui ai dit qu'elle allait rejoindre la déesse protectrice, et que celle-ci la rendrait heureuse, en lui offrant des bonbons, des glaces et du chocolat à longueur de journée. Je lui ai aussi dit qu'elle y resterait en attendant que ses parents viennent la rejoindre, pour toujours...

Elle est morte dans mes bras.

Elle m'a dit que ce n'était pas la peine de lui raconter des histoires pour la rassurer. Elle disait que sa maman lui avait appris à ne jamais mentir, que "c'était les gens idiots qui mentaient". Elle disait qu'elle allait affronter la mort. Dix ans, et résignée à mourir ! Je pleurais à chaudes larmes, sous l'effet de la tristesse, et sans doute aussi de ma douleur lancinante dans le bras. Je ne savais plus quoi dire, le froid intense me pétrifiait... Puis ses yeux se sont voilés, et ses paupières se sont fermées. Je l'ai serrée très fort contre moi, jusqu'à ce que son petit corps devienne plus froid que mes mains gêlées. Je l'ai tenue encore...

Elle est morte dans mes bras.

J'ai hurlé ma douleur et ma colère contre cette guerre ! J'ai braillé des injures jusqu'à m'époumoner, j'ai vomis ma haine, jusqu'à ce que ma voix se brise ! J'ai pleuré, jusqu'à me déshydrater... Je serrais toujours le corps glacé et inanimé de la gamine. Je n'ai pas non plus voulu bouger, quand un brancardier a posé sa main sur mon épaule, et m'a rappelé que j'avais perdu beaucoup de sang. Je suis resté dans cette neige, à genoux, la gamine dans les bras, jusqu'à ce que mes membres s'engourdissent, et que je m'allonge tant bien que mal à terre. Alors ils m'ont emmené, sans que je lâche le corps de la fillette. Ils m'ont soigné, sans que je lâche le corps de la fillette. Ils m'ont laissé m'en aller, sans que je lâche le corps de la fillette... Avec ce qu'il me restait d'énergie, je suis allé l'enterrer au pied d'un antique chêne que la guerre avait miraculeusement épargné, dépouillé de son feuillage par l'hiver fatal. Je l'ai enveloppée dans la couverture de survie que j'avais caché dans ma veste, au cas où je devrais rester longtemps dans la neige. Quand enfin, j'eus fini de lui donner une sépulture honorable, je me suis agenouillé devant le chêne, et j'ai saisi mon révolver. Le courage m'a manqué...

Cette journée est restée gravée dans ma mémoire. Et toutes les semaines, je suis venu déposer des fleurs sur la tombe de la gamine, toutes les semaines car elles fanaient continuellement.

Aujourd'hui, et bien des mois depuis la fin de la guerre, bien loin de toute son horreur, de son terrible jaillissement sanglant, du dégoût qu'elle m'inspira, je n'ai plus le goût à rien. Je mange peu, je ne dors plus vraiment, je ne vois plus personne. Je ne suis plus qu'une ombre dans ce triste monde, une âme perdue. D'une certaine manière, on peut dire que ce jour là...

Je suis mort dans ses bras...
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